Critique de film Sans toit ni loi, Agnès Varda

Le film Sans toit ni loi d’Agnès Varda nous a été présenté récemment au cinéma Le Castille à Poitiers, grâce au projet « Lycéens au cinéma ». Ce chef d’œuvre sorti en 1985 a été récompensé et a marqué les esprits en présentant une réalité cachée ; celle de nombreuses personnes qui prennent la route, vivant au jour le jour.

Sans toit ni loi retrace la fin de la vie de Mona, de son vrai prénom Simone, une vagabonde ayant pris la route après avoir quitté tout ce qu’elle avait, y compris son travail de secrétaire, pour changer de vie et devenir routarde. Les premières images nous montrent la découverte du corps inerte de la jeune femme. Puis, la réalisatrice Agnès Varda nous informe que le film va retracer les trois dernières semaines de sa vie, en se basant sur les témoignages des personnes qu’elle a rencontrées sur sa route, jusqu’à sa mort. Le film est donc un retour en arrière de trois semaines qui vont peu à peu s’écouler, nous présentant la vie et les rencontres de la jeune femme de la façon la plus simple qu’il soit, en insistant simplement sur les sentiments et les détails qui peuvent nous paraître inutiles mais qui font toute la différence.

Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce film c’est la dimension sociale qu’il porte, le fait qu’il dénonce un fait à la fois connu et caché de la société : les routards.  Agnès Varda a aussi insisté sur certaines discriminations de la société comme par exemple le racisme, lorsque le gendarme interroge l’homme ayant découvert Mona morte, et cela m’a plu. Chaque détail a été réfléchi et a son importance et sa signification ; rien n’est laissé au hasard, ce qui fait que le film comporte toute une part d’implicite. Cela se retrouve par exemple avec les plans sur les chaussures de Mona qui se détériorent tout au long du film, qui expriment le fait que la santé de la jeune femme  se dégrade également. Les sentiments sont transmis de la manière simple, insistant seulement sur les expressions et les actions des personnages comme lorsque Assoun, filmé en plan demi-rapproché, sent l’odeur de Mona mais ne parle pas. Les registres tragique et pathétique sont aussi présents représentés notamment par la musique mélancolique qui suit Mona, lors des scènes où elle marche, filmées en travelling. J’ai beaucoup aimé la simplicité du film dont le seul but est de montrer une dure réalité.

Cependant, quelques points m’ont déplu, comme la façon de parler de certains personnages. Yolande en est un exemple. Je trouve que cela ne fait pas toujours réaliste et contraste beaucoup trop avec la façon de parler de Mona, même si c’est un choix de la réalisatrice. De plus, je n’ai pas trop apprécié le passage où Mona se retrouve au milieu de la fête médiévale d’un village du Sud, du fait que je ne connaissais pas cette fête et qu’en conséquence, je n’ai pas compris l’utilité de la scène lorsque j’ai vu le film.

Je conseille ce film à tout public excepté les plus jeunes pour qui je pense que le film ne serait pas très adapté du fait qu’il s’adresse tout de même à un public qui connait et comprend la société qui l’entoure. Or pour les jeunes enfants, je pense que cela n’est pas le cas. Hormis cette exception, Sans toit ni loi n’est pas un film réservé à une classe sociale particulière, il touche l’ensemble de la population et c’est aussi grâce à cela, je pense, qu’il a marqué le cinéma et les esprits.