Critique du film “Sans toit ni loi”

Sans toit ni loi est un film d’Agnès Varda qui parle des « nouveaux pauvres », les vagabonds, sans-abris qui sont apparus à partir des années 80. Le personnage principal de ce film, Mona, joué par l’actrice Sandrine Bonnaire, à l’époque âgé de 17 ans, est une vagabonde qui erre de villages en villages. Présenté sous forme de documentaire, le film raconte son dernier hivers avant sa mort au travers des différents témoignages des gens qu’elle rencontre sur sa route qui seront tous plus ou moins marqués par elle.

J’ai bien aimé le fait que Mona soit montrée comme une femme forte, courageuse, qui a fait le choix de vivre comme une marginal. Elle ne fait pas pitié malgré le fait qu’elle vive dans une grande misère et Agnès Varda la montre de manière à faire d’elle une héroïne qui va jusqu’à être enviée, comme avec le personnage de Yolande, une femme de ménage qui la verra dans le château de son oncle et qui se mettra à envier sa vie de liberté total. On ne s’attend pas à croiser un personnage comme elle durant notre vie car en général on possède une image négative des routards, des gens sales avec une vie douteuse, souvent alcoolique ou droguer. Malgré ça Mona ressort comme un personnage positif, fier de son mode de vie. Malheureusement sa vie en marge de la société l’expose à de très nombreux risques comme la faim, les hommes qui la prenne pour un objet sexuel, ou encore le froid qui la fera d’ailleurs mourir.

De plus Agnès Varda étant une photographe et peintre en plus d’être cinéaste, les plans de son film sont en général esthétiques et superbement bien filmés malgré les contraintes de devoir réaliser sans décors artificiels, directement dans le paysage naturel.

Comme il est présenté sous forme d’un documentaire j’ai moins aimé la lenteur du film qui s’éternise, le peu d’actions qui s’y déroulent le rendent lent et on se lasse vite au fur et à mesure que l’histoire passe. De plus les plans très travaillés d’Agnès Varda sont parfois tellement subtils qu’on a l’impression que certaines scènes ne servent à rien comme pour l’histoire autour des platanes avec Madame Landier qui était en fait sensé être une métaphore la vie de Mona, ou à la fin avec la scènes représentant les pailhasses (une fête hérité du Moyen Age très peu connue) qui est incompréhensible sans les connaissances nécessaires. Enfin le choix d’Agnès Varda de prendre des amateurs pour jouer les personnages secondaires n’est pas très compréhensible car on s’aperçoit très bien qu’ils ne savent pas jouer et c’est parfois très perturbant en plus de remettre en question la crédibilité de l’histoire.

Donc, Sans toit ni loi est bien un film d’auteur particulier et complexe mais qui reste marquant par son engagement pris envers les routards, les vagabonds et qui expose clairement leur situation.