Critique du film : Sans toit ni loi réalisé par Agnès Varda.
Sans toit ni loi est un film français réalisé par Agnès Varda en 1985. Agnès Varda est une scénariste, réalisatrice de cinéma, photographe et plasticienne française. Ce film a reçu ou été nominé pour plusieurs récompenses à l’époque puisqu’il a beaucoup plu et a traité d’un sujet intéressant. Agnès Varda a réalisé ce film pour montrer la pauvreté dans laquelle vivaient et vivent encore aujourd’hui certaines personnes.
Un an après la sortie du film, a eu lieu la création des restos du cœur par Coluche, association de « loi 1901 », c’est à dire à but non lucratif et reconnue d’utilité publique. Son but est de donner des repas aux personnes qui vivent dans la rue et qui en ont vraiment besoin. Cela situe le film dans le contexte des années 1980 ou se sont accrues les inégalités entre les réussites et les dérives. Mais malheureusement ce film aurait pu sortir aujourd’hui encore.
Il y a un jeu de mots dans le titre du film, qui est repris de « sans foi ni lois » ou bien de « sans toi ni loi » ou encore de « sans feu ni lieu ».
Les longs-métrages d’Agnès Varda traitent souvent des sujets tabous comme : la pauvreté, l’amour de deux femmes, le divorce (la séparation), le suicide d’un membre de sa famille.
Parmi ses nombreux films, elle reste très attachée à celui-ci dont elle a écrit l’histoire, le script et organisé tout le tournage : le cadrage, les différentes couleurs, le choix des acteurs, inconnus, ou peu connus du public à l’époque. Elle est à présent très connue et continue encore aujourd’hui le cinéma.
Ce film a été tourné en couleur, en français et nous en avons vu la version originale de 1985. Ce film est un long métrage, il dure 105 minutes et développe un fait d’hiver (fait divers). L’action du film se déroule dans le Sud de la France en hiver. Ce film appartient au registre tragique et dramatique puisque l’histoire porte sur la vie et la mort d’une vagabonde interprétée par Sandrine Bonnaire, dont c’est le premier rôle au cinéma.
Ce film raconte l’histoire d’une clocharde retrouvée morte de froid dans un fossé au début du film. Le film nous raconte les quelques jours avant sa mort et les diverses rencontres qu’elle a faites sous forme de séquences plutôt courtes qui s’enchaînent et s’entrecroisent. Le personnage principal (la vagabonde) s’appelle Simone mais se fait appeler Mona. Dans le film il y a uniquement deux personnages qui savent son prénom, la voix off (Agnès Varda) et Assoun. C’est une jeune femme, à peine majeure. On apprend qu’elle a travaillé après le bac comme secrétaire avant mais qu’elle a démissionné puisqu’elle avait horreur de se faire diriger et qu’on lui donne des ordres. Elle se retrouve alors hors de la société, rebelle, marginale, elle ne veut rien faire, mais ne veut rien non plus. Elle est sale, porte les mêmes vêtements, et dort beaucoup. Elle dit qu’elle ne veut pas travailler mais être libre. Le film retrace son parcours en auto-stop et met en scène les personnes qu’elle a croisées ou qui l’ont conduite. Elle a toute sa vie dans son sac à dos (sa tente, son duvet), et multiplie les petits boulots pour avoir quelques francs ou de quoi se nourrir. Dans le film elle fait à plusieurs reprises du stop. On remarque l’inscription « STOP » sur le dos de son blouson.
Le film commence par la mort de Mona et revient en arrière (flash-back) sur son parcours. Lors de la scène de sa mort nous retrouvons la même musique qu’au début du film, et la couverture qu’elle a autour d’elle nous fait penser à une cape médiévale. Lorsqu’elle tombe on pourrait croire un oiseau qui prend son envol. Ce n’est pas un hasard puisqu’au début du film la voix off nous raconte le fait d’hiver avec comme illustration une plage avec de straces de pattes d’oiseau.
Les scènes font apparaitre Mona deux fois : dans l’action elle-même puis les personnes rencontrées sont mises en scène sur le mode de l’interview ou de l’interrogatoire et s’expriment sur la jeune fille. Les paroles ne sont pas complaisantes mais l’on perçoit que d’avoir croisé Mona ne les laisse pas indifférents. Leurs réflexions semblent néanmoins constituer davantage un regard critique sur leur propre vie plutôt qu’un apitoiement sur le sort de Mona.
Dans l’ordre chronologique des rencontres au cours de son voyage elle rencontre aussi Yolande qui est une femme de ménage qui travail pour une vieille femme, sa patronne, appelée Tante Lydie. Elle rencontre brièvement l’amant de Yolande qui s’appelle Paulo. Elle fait d’autre rencontres mais moins importante comme : le gendarme, le paysan, le camionneur, un motard, le démolisseur, la jeune fille qui l’aide à puiser de l’eau, le garagiste, le fossoyeur, le jeune homme rencontré dans un bar.
Une des premières rencontres est avec Yolande, qui garde la maison d’une vieille dame qu’elle soigne. Yolande surprend Mona et un compagnon de l’instant « squatter » une aile vide de la maison. Alors que Paulo l’amant de Yolande est un « macho » incarné qui l’exploite, Yolande, sentimentale, admire le bonheur amoureux du couple de squatteurs.
Parmi les rencontres, la plus significative (et la durée la plus longue dans le film) est celle de Mme Landier, chercheuse en agronomie sur la maladie des platanes, qui la conduit longuement et lui offre à manger plusieurs fois. Femme seule, Mme Landier s’est attaché à Mona, au point d’en revoir l’image quand elle croit mourir électrocutée, elle a eu des « flashs » et va même jusqu’à regretter de l’avoir laissée partir au lieu de l’héberger, d’ailleurs Mona se fait violer peu après.
Elle s’en confie à son collègue Jean-Pierre qui a aussi rencontré Mona. Celui-ci est aussi subjugué par la jeune fille au point d’en parler à son épouse. Les deux femmes sont opposées dans leur description par le mari et pourtant le couple n’est pas heureux ni matériellement ni affectivement.
Une autre étape marquante du film est l’arrêt dans la bergerie d’un ancien routard comme elle, philosophe, qui travaille la terre et élève chèvres et moutons avec sa compagne et un enfant. Alors que le couple veut l’aider, luit offre un abri dans une caravane et lui propose de cultiver un terrain de terre, le paradoxe qui survient rapidement est que tout les oppose, Mona dort et ne fait rien, la notion de liberté et de marginalité est mise en balance avec la solitude que vit Mona et dont ne voulait plus le berger-philosophe dont les anciens compagnons de route sont morts, alcooliques ou drogués.
Mona rencontre également Assoun, un travailleur saisonnier de la vigne, Tunisien, qui l’héberge, partage son travail, le logement et le couvert. Il est très attentionné avec elle et, contrairement à d’autres rencontres, il est le seul à ne sembler exiger aucune faveur de Mona.
Tout se gâte au retour de ses compagnons de travail, Marocains, qui ne veulent pas d’elle, surtout parce que c’est une femme. Assoun ne sait les convaincre et se fait détester de Mona.
Si le trajet de Mona est linéaire, les scènes du film sont montées de façon imbriquées : à la fin du film on se rend compte des liens qui unissent les personnages rencontrés. Dans le film ils ont tous un lien entre eux mais Mona ne le sait pas. Par exemple : la tante Lydie dont prend soin Yolande est la tante de Jean-Pierre l’ingénieur agronome.
Dans l’intervalle, Mona poursuit son errance, jusqu’à zoner dans une gare, s’échapper d’un squat en flammes et mourir dans un fossé près des vignes. A la fin dans la scène de sa mort Mona est barbouillée de terre comme l’environnement dans lequel elle meurt.