Fév 19

Critique du film “Sans toit ni loi”

Sans toit ni loi est un film français réalisé par Agnes Varda en 1985. Il s’agit du premier film dédié à ceux que l’on appelle communément les “nouveaux pauvres”, le personnage principal est donc une jeune femme du nom de Mona dont on ne ne sait que très peu de choses mis à part sa situation sociale de SDF. Dès le générique nous comprenons qu’il s’agit d’un film simple et sans prétention, les premières images nous montrent un paysage de la campagne française du Sud tout à fait ordinaire. On souligne le fait qu’aucun nom propre affiché de comporte de majuscules, comme si rien n’avait importance et surtout que les êtres humain ne sont pas supérieurs au reste. Le premier plan est très lent, comme une entrée dans un tableau, la musique des instruments à cordes est mélancolique et on retrouve ce manque d’importance des êtres humains par la façon dont ils sont filmés: ils se confondent avec la terre. La mélancolie finit par se transformer en véritable horreur lorsque le corps d’une jeune femme morte de froid est retrouvé dans un fossé, il s’agit de Mona.

J’ai apprécié ce film tout d’abord pour la réalité de l’histoire. En effet, l’héroïne est inspirée d’une femme  SDF qu’Agnes Varda a rencontrée, aidée puis qu’elle finit par laisser sur le bord de la route, ce qu’elle aurait pu se reprocher. Elle a ensuite repris contact avec elle et savoir que celle-ci est présente dans une des dernières scènes du film rajoute en émotion. La réalité est omniprésente et on ne cherche surtout pas à l’enjoliver, même lorsque les issues de certaines scènes sont très peu glorieuses avec l’exemple du viol de Mona dans la forêt. Ensuite, je trouve ce film extrêmement sincère de part la cinécriture d’une réalisatrice photographe mais aussi par le choix d’une héroïne au fort tempérament, qui parle franchement, de manière familière et souvent vulgaire, et ne se laisse par marcher sur les pieds ou manquer de respect, comme lorsqu’elle n’hésite pas à tenir tête à plusieurs hommes tels qu’un garagiste ou un camionneur qui cherchent à abuser d’elle. Le fait de filmer l’histoire sous forme d’interviews puis de flashbacks des différentes scènes mentionnées est original et donne un côté plus intime et convivial. Enfin, j’ai beaucoup apprécié qu’il nous pousse à la réflexion car je pense que l’élément le plus important du film est l’esprit moral dans lequel il nous plonge à travers cette question: Que ferions-nous dans la même situation ?

En revanche, on pourrait reprocher à Sans toit ni loi certains problèmes de compréhension, notamment au début, lors de la première interview où il faut assimiler la façon dont l’histoire va nous être racontée. En effet tous les personnages se connaissent et sont liés de diverses façons, à l’exception de Mona qui n’en sait rien. La partie la plus surprenante et incompréhensible demeure la fin, lorsque Mona arrive dans un village en passant sous une barrière et qu’elle se retrouve en quelque sorte agressée par des habitants déguisés en arbres qui la recouvrent de lie de vin. Cette scène paraît totalement surréaliste et l’on croit à une hallucination de Mona tant que l’on ne connait pas le rituel de la fête des paillasses. Il est aussi important de préciser qu’un grand nombre d’acteurs ne sont pas professionnels, ce qui est bénéfique à la sincérité et à la justesse du scénario mais entraîne aussi un certain désagrément ainsi que quelques longueurs.

Enfin, je pense que ce film a tout à fait sa place dans une sélection de “Lycéens au cinéma” et je le conseille également à des adultes et jeunes adultes afin de pouvoir sensibiliser les gens aux “invisibles” de notre société.

Jan 08

Critique du film “La nuit du chasseur” de Charles Laughton

  Ce film m’a beaucoup plu, car il est passionnant. En effet, c’est par un scénario bien ciselé et une ambiance angoissante qu’il nous tient en haleine et nous effraie. Nous pouvons aussi souligner le travail extraordinaire du chef opérateur qui nous offre de merveilleux jeux de lumière, comme lors de la scène mythique sur la rivière. Ce film est également rempli de références, qu’elles soient bibliques ou littéraires. En effet, les personnages principaux peuvent être assimilés à plusieurs contes, comme celui d’Hansel et Gretel incarnés par les deux enfants avec le faux pasteur dans le rôle de la sorcière. Enfin, on remarque également l’importance des animaux qui, en plus d’être filmés d’une façon surréaliste leur donnant une certaine supériorité, sont également métaphoriques. On note qu’ils renvoient aux éléments vécus par les personnages en apparaissant au fur et à mesure de la chanson de la petite Pearl. Il est également facile d’assimiler le renard à Harry Powel face à l’agneau qui symbolise les enfants.

  Cependant, s’ il y a un reproche à faire, il s’agit de l’existence de certaines longueurs, notamment à la fin. De plus, cette fin n’est pas très explicite, comme lors de la scène de la poursuite pendant laquelle il est difficile de comprendre du premier coup qui est le poursuiveur et qui est le poursuivi.

  Les points positifs étant tout de même plus nombreux que les points négatifs, je conseille évidemment le film “La nuit du chasseur”, aujourd’hui considéré comme un chef-d’oeuvre cinématographique avec une écriture totalement poétique. Je dirais également que l’enjeu le plus important pour le film est de comprendre la volonté du réalisateur de confronter le personnage d’Harry Powel qui incarne l’ancien testament mal compris à celui de Rachel Looper qui est quand à elle le nouveau testament, plus doux, se manifestant par des regards caméra fréquents. Pour finir, comment ne pas se fier à la devise attribuée à Charles Laughton, “Un film, un chef-d’oeuve” ?