“Courage” de Paul Eluard (1942)

eluardParis a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieilles
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante

Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient

Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force Idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.

Marseille de Jules Supervielle in Débarcadères (1922)

JulesSupervielleMarseille sortie de la mer, avec ses poissons de roche, ses coquillages et l’iode,
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine,
Le beau rendez vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel,
Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore,
Leurs verres, leurs tasses, leurs seaux à glace et leurs alcools,
Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes.
Ici le soleil pense tout haut, c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation,
Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne,
Il prend les nouveaux venus à partie, les bouscule un peu dans la rue,
Et les pousse sans un mot du coté des jolies filles.
Et la lune est un singe échappé au balluchon d’un marin
Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.
Marseille, écoute moi, je t’en prie, sois attentive,
Je voudrais te prendre dans un coin, te parler avec douceur,
Reste donc un peu tranquille que nous regardions un peu
Ô toi toujours en partance
Et qui ne peut t’en aller,
A cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer.

“Oradour” de Jean Tardieu in les Dieux Etouffés (1944)

tardieuOradour n’a plus de femmes

Oradour n’a plus un homme

Oradour n’a plus de feuilles

Oradour n’a pas plus de pierres

Oradour n’a plus d’église

Oradour n’a plus d’enfants.

plus de fumée plus de rires

plus de toits plus de greniers

plus de meules plus d’amour

plus de vin plus de chansons.

Oradour j’ai peur d’entendre

Oradour je n’ose pas

approcher de tes blessures

de ton sang de tes ruines,

je ne peux, je ne peux pas

voir ni entendre ton nom

 

Oradour je crie et hurle

chaque fois qu’un cœur éclate

sous les coups des assassins

une tête épouvantée

deux yeux larges deux yeux rouges

deux yeux graves deux yeux grands

comme la nuit la folie

deux yeux de petit enfant :

ils ne me quitteront pas.

Oradour je n’ose plus

Lire ou prononcer ton nom

Oradour honte des hommes

Oradour honte éternelle

Nos cœurs ne s’apaiseront

que par la pire vengeance

haine et honte pour toujours.

 

 

Oradour n’a plus de forme

Oradour femmes ni hommes

Oradour n’a plus d’enfants

Oradour n’a plus de feuilles

Oradour n’a plus d’église

plus de fumées plus de filles

plus de soir ni de matins

plus de pleurs ni de chansons.

 

Oradour n’est plus qu’un cri

et c’est bien la pire offense

au village qui vivait

et c’est bien la pire honte

que de n’être plus qu’un cri

nom de la honte des hommes

le nom de notre vengeance

qu’à travers toutes nos terres

on écoute en frissonnant

une bouche sans personne,

qui hurle pour tous les temps.

 

La femme artiste / la représentation de la femme au XX°siècle

Parcours des Lettres dans le Sujet de l’année :

Objets d’étude et Oeuvres en résonance

Sitographie sur l’histoire des droits de la femme.

SÉQUENCE 2 – Dans le cadre de Littératures Européennes de Cognac : deux figures féminines de la création littéraire contemporaine
– Béatrice MASINI : les journaux de lecture / présentation de l’oeuvre/ présentation de l’auteur
– Jeanne BENAMEUR : les journaux de lecture et la présentation de l’auteur et de l’oeuvre

SÉQUENCE 3 – Un texte littéraire et son adaptation cinématographique
– Marjane SATRAPI : Persepolis ( un parcours de femme en Iran- l’engagement)

– Récitation : le discours de Simone Veil lors de la présentation de la loi contre l’avortement

– textes documentaires sur les représentations de la femme : Le Monde des ados

– L’argumentation du personnage féminin dans Persépolis : une femme militante

OBJET D’ETUDE 1

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SÉQUENCE 4 – La femme allégorie de la ville
– retour sur Littératures Européennes de Cognac : “les villes invisibles” d’Italo Calvino et son interprétation photographique
– en liaison avec les sorties à Paris et Madrid : la tradition de l’Allégorie de la ville Diaporama d’oeuvres satellites

– L’allégorie de la République française : histoire du timbre français

– Ecrire la ville en poésie : ” Oradour” de Jean Tardieu- “Marseille” de Jules Supervielle – “Courage” de Paul Eluard
– en liaison avec la sortie à Oradour sur Glane.

=> ‘Le mémorial d’Oradour sur Glane’ d’Apel Les Fenosa : l’Oeuvrenos photos

OBJET D’ETUDE 2

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                                                                                       => l’exposition de Marissa ROTH : Femmes et guerres.

Présentation

Marissa Roth et son exposition

Photos des élèves en recherche et vidéo

=>  Ecrire la ville :  Recueil de poésie des 3°B sur Oradour ” Oradour, j’écris ton nom”

=> Les photos de la sortie à Oradour sur Glane

 

SÉQUENCE 5 – La tragédie antique et contemporaine : la femme héroïne tragique à travers l’étude d’une oeuvre intégrale : Electre de Jean GIRAUDOUX.

 

à suivre…