Guillaume APOLLINAIRE. Chant de l’Honneur

Le poète.

Depuis dix jours au fond d’un couloir trop étroit

Dans les éboulements et la boue et le froid

Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture

Anxieux nous gardons la route de Tahure

 

J’ai plus que les trois cœurs des poulpes pour souffrir

Vos cœurs sont tous en moi je sens chaque blessure

O mes soldats souffrants ô blessés à mourir

Cette nuit est si belle où la balle roucoule

Tout un fleuve d’obus sur nos têtes s’écoule

Parfois une fusée illumine la nuit

C’est une fleur qui s’ouvre et puis s’évanouit

La terre se lamente et comme une marée

Monte le flot chantant dans mon abri de craie

Séjour de l’insomnie incertaine maison

De l’alerte la Mort et la Démangeaison.

 

 

Les balles

De nos ruches d’acier sortons à tire d’aile

Abeilles le butin qui sanglant emmielle

Les doux rayons d’un jour qui toujours renouvelle

Provient de ce village exquis l’humanité

Aux fleurs d’intelligence à parfum de beauté (…)

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