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Classé dans (Vie quotidienne) par Pauline Jacques le 04-04-2016

13 Décembre 1941

Je me lève et j’ai froid. L’hiver est terrible cette année, le sol est gelé, notre potager en a subi les conséquences.

Je n’ai pas envie de commencer une nouvelle journée, aussi morne que les précédentes, mais je le dois. Je dois me lever et aider ma famille, elle a besoin de moi.

Je ne supporte plus cette guerre, cette peur. J’aimerais ne pas avoir à m’inquiéter pour mes parents et mon frère chaque jour, n’avoir à me soucier que de mes problèmes d’adolescentes, mais je ne peux pas.

Aujourd’hui encore je vais devoir cacher des armes, ces instruments mortels, aujourd’hui encore je devrais faire face à ces soldats qui se promènent dans mon village.

Pour le moment, je m’habille avec ce que j’ai de plus chaud, je prends les tickets de rationnement de ma famille, j’attrape mon vélo et je pars au village nous approvisionner en pain.

En arrivant sur la place publique, je vois des soldats allemands armés, qui patrouillent.

A la main, j’ai mes tickets et mon panier.

Quand c’est mon tour de recevoir mon pain, je tends mes tickets. La dame qui me sert pèse chaque portion au gramme près : 350 grammes pour mon père et ma mère et 270 grammes pour mon frère et moi. Les tickets nous permettent d’avoir chacun 25g de viande, 17g de sucre, 8g de matière grasse et 6g de fromage, pas de quoi nourrir un régiment !

Ma famille et moi essayons d’économiser un maximum en cas de pénurie totale.

Je sors et reprends mon vélo pour rentrer à la ferme.

Lorsque je vois mon frère me faire des signes je comprends tout de suite qu’un avion anglais approche d’un terrain de parachutage. Je le suis jusqu’au terrain Pintade, on voit se dessiner au loin un avion qui vole lentement pour ne pas se faire détecter par les radars allemands. Lorsqu’il arrive, il parachute trois énormes caisses remplies d’armes et de munitions, mais aussi deux hommes armés et vêtus de l’uniforme anglais. Après cela, nous nous dépêchons de rentrer pour cacher les équipements et les deux anglais dans le sous-sol de la ferme, puis je rentre à la maison et me dis : «aujourd’hui j’ai caché des armes, mais demain, qu’en sera-t-il ?».

31 Janvier 1941

Pierre m’a proposé qu’on aille faire un tour ensemble. Je demanderai à maman de me coiffer, et peut-être qu’il fera assez beau pour que je mette ma robe bleue.

 

Bariteau C., Paillard E. et Jacques P.