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Classé dans (Actes de résistance) par Pauline Jacques le 05-04-2016

21 Septembre 1941

Hier, j’ai fait quelque chose de dangereux, et je sens mon cœur battre à toute vitesse en y repensant.

Avec deux amis, Gontran et Jean-Jacques, nous avons décidé de mettre le feu à la gare.

C’était un projet fou et titanesque, je me demande encore ce qui nous a pris de faire ça.

Nous avions amené plusieurs bidons d’essence et une boîte d’allumettes, avec l’impression de réaliser quelque chose qui changerait les choses. De vrais imbéciles.

Je ne sais pas si c’est parce qu’ils avaient eu un mauvais pressentiment, ou simplement parce que selon eux, une fille ne pouvait pas participer activement à ça, mais il m’avaient demandé de les attendre dehors. Ils m’avaient aussi ordonné de partir si ils n’étaient pas sortis après 10 minutes.

Je les ai écoutés.

Au bout de 5 minutes d’attente, j’ai vu un groupe de soldats allemands arriver. J’ai commencé à avoir peur, parce que je ne voyais toujours pas sortir Gontran et Jean-Jacques.

Alors que j’étais sur le point de descendre de mon vélo pour les rejoindre, j’ai vu Jean-Jacques revenir vers moi en courant aussi vite qu’il le pouvait.

Il m’a crié qu’ils s’étaient fait prendre et que les Boches avaient arrêté Gontran.

J’avais peur, très peur. Je me suis mise à pédaler, de toute mes forces, pour m’éloigner du danger, le cœur battant à tout rompre.

Quelques jours plus tard, Jean-Jacques s’est fait arrêter chez lui.

Je me sens lâche. J’ai l’impression de les avoir abandonnés, mais je sais qu’ils connaissaient les risques, et qu’ils n’avaient pas voulu que je les accompagne jusqu’au bout à cause de cela.