Choquée par la réflexion méprisante d’une de ses collègues à l’égard de ses élèves, une enseignante charentaise nous écrit. Elle met les points sur les i.
«Je suis professeur dans un lycée professionnel de la banlieue d’Angoulême, un lycée professionnel comme beaucoup d’autres lycées professionnels avec des élèves issus de milieux défavorisés, des élèves qui n’ont pas confiance en eux, des élèves qu’il faut aider, encadrer, entourer et tirer vers le haut pour leur faire prendre un nouveau départ.
La tâche n’est pas facile, mais les professeurs de lycée professionnel (même s’ils n’ont pas le même concours que certains de leurs collègues qu’on appelle «certifiés») n’ont pas moins de mérite à tout mettre en œuvre pour aider ces jeunes à trouver le bon chemin qui les mènera vers le bac!
J’avais besoin de ce préambule pour vous expliquer la petite aventure que nous avons vécue, mes élèves et moi-même, jeudi dernier.
Départ vers Paris par TGV pour 35 élèves de première bac professionnel commerce/accueil, relation clients, usagers, avec plusieurs visites. Pour certains ou certaines, première visite de la capitale, première fois qu’ils ou elles prennent le train.
Première visite programmée: l’Assemblée nationale (où, en passant, notre députée Madame Pinville a mené elle-même la visite; un grand merci à cette dame qui a su transmettre sa flamme à nos élèves).
Période de vacances = de nombreux groupes présents et notamment une autre classe un peu plus jeune que nos élèves avec deux professeurs. Visiblement, une classe un peu différente de la mienne, mais la différence a été marquée par la réflexion d’un des professeurs accompagnateurs (pourtant collègue de l’Éducation nationale).
Voyant mes élèves (un peu «black blanc beur» même si je n’aime pas trop l’expression, et probablement moins de marques vêtus), elle a eu la réflexion suivante en s’adressant à ses élèves:
«Vous voyez si vous continuez de ne pas travailler, vous deviendrez comme eux!»
Merci Madame! Merci de nous aider dans notre tâche de reconstruction d’élèves qui ne croient déjà plus beaucoup en eux! Quel dommage que l’on puisse encore avoir des visions comme ça de l’enseignement professionnel auquel je crois et que je me battrai à défendre autant que je le pourrai. Mais que j’aimerais être soutenue par mes collègues qui, même s’ils n’appartiennent pas au même corps comme l’on dit, n’en sont pas moins dans le même bateau!
Voilà, je ne sais pas si ma petite histoire vous interpellera, mais cela m’a mise mal à l’aise vis-à-vis de mes élèves qui ont été absolument géniaux pendant cette journée, qui sont revenus enrichis de tout ce que Madame Pinville leur a transmis! Je n’ai su que leur dire exactement. Si ce n’est que je continuais de croire en eux et que je continuerai d’être avec eux jusqu’au bout parce que je crois en ce que je fais!»