25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Portrait naturalistes : l’influence du milieu dans Le ventre de Paris de Zola · Catégories: Seconde · Tags: ,

 Le roman de Zola Le Ventre de Parisa pour cadre le vaste marché des Halles où viennent se ravitailler les Parisiens.  Lisa Macquart ,  la charcutière, Louise Méhudin la poissonnière , La Sarriette, vendeuse de fruits et Mademoiselle Saget , la commère du quartier   sont quatre des personnages féminins qui font plusieurs apparitions et occupent des rôles de premier et de second plan dans Le Ventre de Paris , troisième volume de la série des Rougon-Macquart. Pour décrire ses femmes, Zola utilise les techniques du roman naturaliste et notamment il met les éléments physiques en relation avec le milieu dans lequel ces personnages évoluent.

Le cadre du roman est composé des Halles , le plus grand marché de Paris et ces femmes sont souvent montrées en action, en lien direct avec leur travail et leurs gestes quotidiens; Dans Germinal, Zola montre également les personnages dans la mine, occupés à travailler et en liaison avec leur cadre de vie.

Lisa et Louise, les deux rivales ,  ont une forme de beauté  inquiétante et leurs proportions mettent mal à l’aise le narrateur qui se montre également sensible à leur environnement; Ainsi Lisa se confond avec les plats qu’elle dispose dans la vitrine de la charcuterie et les termes qui sont employés pour la décrire pourraient correspondre à ceux qui qualifient la beauté d’une viande : “ce jour là, elle avait une fraîcheur superbe ”  et Zola évoque même sa “forte encolure “, vocabulaire qui correspond à la description d’un animal, d’une vache ou d’un cheval, par exemple. Lisa est donc au final une belle charcutière et sa poitrine, attribut féminin et sensuel par excellence,  ressemble à un  “ventre “; La comparaison est peu flatteuse et on retient surtout de ce portrait ambivalent l'image de la "reine empâtée” qui sourit. Son “cou gras” à la ligne 17  et ses joues rosées font vraiment penser aux colorations des jambons; ce lien entre le personnage et son cadre de vie  apparaît très fortement également dans le portrait de Louise, la belle Normande. Son métier de poissonnière lui confère un “parfum persistant” (l 12) qui évoque la “fadeur des saumons” “les âcretés des harengs et des raies” (l 16) et cette odeur qui l’imprègne, incommode fortement Florent le héros: “Florent souffrait ; il ne la désirait point; “il la trouvait irritante, trop salée, trop amère, d’une beauté trop large et d’un relent trop fort” ( ligne 22)  Quand Zola décrit ce que ressent ici le personnage, on pourrait penser qu’il décrit la mer et non pas une femme . Dans les deux cas, Florent se montre intimidé et le narrateur ajoute qu’il “ne savait pas regarder les femmes” (ligne 3 ) ou qu’il les traitait “en homme qui n’a point de succès auprès d’elles”  On pourrait presque dire que Florent se sent écrasé, menacé par leur carrure imposante et leur grosseur . Dans le monde des Halles, elles font partie des beautés grasses alors que Florent fait partie du clan des maigres comme Mademoiselle Saget par exemple.

Lorsqu’on compare le portrait de la Saget et celui de la Sarriette, on peut tout d’abord remarquer que l’une éveille le désir et la sensualité alors que l’autre exprime , à la fois la sécheresse du corps et du coeur. La Sarriette est décrite en harmonie avec un verger et les qualités des fruits de son étal, se retrouvent dans ses traits physiques : “à peine mûre et toute frâiche de printemps” ligne 9, on a presque envie de la croquer comme on croque un fruit ; elle évoque clairement  l’idée d’une tentation charnelle : “elle inspirait des envies de maraude “ligne 10 et le mot volupté fait penser à l’amour  qu’elle inspire: “ses ardeurs de belle fille mettait en rut ces fruits de la terre” ; tout, en elle matérialise la sensualité et les fruits caractérisent chaque partie du son corps dans une sorte de correspondances: “les lèvres” font penser aux cerises et à des baisers rouges ; les seins aux pêches et sa peau a la finesse de celle d'une prune . Son sang est même comparé à la groseille (23) . La vieille marchande affreuse  qui travaille à côté d’elle, sert de contrepoint pour faire ressortir la beauté de la Sarriette; cette sensualité s’accompagne d’odeur enivrantes : les arômes des fruits se mélangent pour former un parfum qui est qualifié “d‘arôme  de vie” ligne 28 et les effets de ce parfum sont perceptibles : ils évoquent des “griseries d’odeurs” et cela tourne la tête de la jeune femme.  Aucune sensualité dans le portrait de Mademoiselle Saget bien au contraire  mais un portrait réaliste, lui aussi , qui montre à la fois les détails physiques et le lien avec le milieu. Cette commère détestée par tous, ne vit pas dans un monde de couleurs mais en noir et blanc avec sa “face blanche au fond d’une ombre sournoise”  (ligne 7) ; Ses vêtements sont aussi caractérisés par l’absence d’éclat : “robe déteinte” “cabas noir” jusqu’au chapeau de paille qui lui aussi est noir (ligne 6) ; véritable langue de vipère, Mademoiselle Saget passe son temps à espionner le quartier et les gens la redoutent (ligne 19) ; A son approche, les conversations cessent et Zola la montre constamment en mouvement “tout le long du jour”  (20); Elle rôde à l’affut des moindres rumeurs et semble tout connaître de ses voisins jusqu’aux moindres détails ; “jusqu’à dire le nombre de chemises qu’ils faisaient blanchir par mois” . Le danger que constitue cette faiseuse d’histoires se lit à son ” ombre sournoise” et à son sourire pointu . (lien 9) ; Elle inspire de la défiance et les gens s’interrogent à son entrée alors que la Sarriette inspire du désir et de l’envie.

En résumé, les portraits des  personnages dans les romans réalistes sont toujours en lien avec le milieu dans lequel ils évoluent car les personnages reflètent ainsi un partie du monde qui les entoure; On appelle cette théorie le déterminisme