Les chiffonniers : des pauvres parmi les pauvres

Le parcours De la boue à l’or, associé à la découverte des “Fleurs du Mal ” nous amène à interroger les images de la création poétique afin de comprendre comment le poète tente de faire naître la Beauté à partir de la trivialité du quotidien , de la misère est parfois même de l’Horreur .  Dans l’édition originale  de 1857 , le poème intitulé le Soleil, formé de 2 huitains et d’un quatrain d’alexandrins aux rimes suivies , fut d’abord placé en tête de la section Spleen et Idéal, plus exactement en seconde position, juste après le long poème Bénédiction qui met en image, la naissance du poète . Le Soleil montre comment le travail poétique se  nourrit d’une promenade urbaine et comment le poète, à la manière d’un astre rayonnant, transforme le monde autour de lui . Il s’agit en quelque sorte d’un art poétique qui illustre le travail de création et figure un processus alchimique qui transforme la matière , ici  la boue  de la misère, en or. Plus »

Le recueil Les Fleurs du Mal suit une architecture bien précise : Baudelaire y trace une sorte d’itinéraire spirituel . Dans la première Section Spleen et Idéal, le poète envisage deux moyens pour dépasser la condition humaine: s’élever vers l’Idéal grâce à l’Art ou grâce  à l’Amour mais les deux accès sont périlleux et débouchent le plus souvent sur des impasses . Alors comment échapper  à son triste sort ? Baudelaire envisage alors d’explorer les Paradis artificiels, le vin et la drogue mais le voyage est là encore souvent décevant car la réalité finit toujours par l’emporter. Après avoir tenté de s’adonner au Mal et de se révolter contre Dieu , le poète finit par se résoudre à accepter la Mort , désormais sa seule issue. Dans Le Poison , Baudelaire illustre trois tentatives pour échapper à sa tristesse condition de créature humaine ; les quatre quintils composés de vers irréguliers alexandrins et heptasyllabes décrivent ce parcours ; Le premier quintil explore les effets de l’ivresse , le second ceux de l’opium et les deux derniers décrivent l’alchimie amoureuse.  Plus »

Difficile de présenter Baudelaire et de comprendre son œuvre sans tenter d’abord d’effectuer une plongée dans son époque . Poète maudit, poète moderne, poète sulfureux : on lui a collé un certain nombre d’étiquettes et toutes ne sont pas forcément justifiées ; Pour essayer d’y voir plus clair et pour découvrir, par vous-même, ce poète célèbre , je vous propose de suivre le parcours que je vous ai préparé à travers ce padlet de présentation ; Suivez , de préférence l’ordre des documents et répondez, au fur et à mesure, aux questions posées; ; Bonne découverte .https://padlet.com/profdurupt/ew40cp6y8ogk

Le thème du parcours proposé en complément de l’œuvre est intitulé Alchimie poétique :  la boue et l’or . Pour pouvoir choisir les poèmes qui correspondent à ces thématiques, il convient d’examiner en 1861, l’épilogue de la  seconde édition du recueil Les Fleurs du Mal ; Baudelaire indique “ tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ” ; Plus »

 Lorsque Baudelaire compose , en 1857, son recueil Les Fleurs du Mal, il conçoit une architecture dans laquelle le Spleen, cette mélancolie parfois teintée d’angoisse,  tient une place très  importante; La première section qui porte d’ailleurs  le titre de Spleen et Idéal  compte environ 80 pièces et nous montre justement les tentatives souvent désespérées mais toujours renouvelées  du poète pour rejoindre cet idéal lumineux et aérien auquel il aspire  . Après une série de Spleen , le poète nous monter ici le caractère irrémédiable et fatal de la Chute et ce que l’Homme découvre au fond du gouffre . Le poème est formé de dix quatrains d’octosyllabes aux rimes  embrassées et exprime  donc les étapes d’une curieuse descente aux enfers . Plus »

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En 1861 , Baudelaire a quarante ans et il se remet d’un procès retentissant contre son recueil de poèmes Condamné à livrer au public une version allégée de certaines de ses compositions et à en supprimer d’autres, il décide de remanier son oeuvre . Dans son nouveau recueil intitulé Tableaux Parisiens, il intègre la ville  de Paris et les paysages parisiens  . Parmi les 18 poèmes regroupés dans cette section, 8 figuraient déjà dans la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal en 1857.  La ville y est décrite comme un nouvel espace esthétique et poétique. Il montre à la fois la pauvreté de certains quartiers et la magie urbaine d’une “fourmillante cité, cité pleine de rêves” où ” tout même l’horreur tourne aux enchantements “.

Introduction d’un commentaire littéraire 

Composé par Charles Baudelaire, poète français situé au carrefour de trois courants littéraires successifs: le Romantisme, le Parnasse et le symbolisme, Brumes et Pluie est un sonnet formé de deux quatrains et de deux tercets  d’alexandrins aux rimes plates qui , sur un registre lyrique et élégiaque , célèbre le pouvoir du brouillard.  (Problématique)  En quoi peut on dire de ce poème qu’il représente un paysage état d’âme ?  (Annonce de plan ) Dans une première partie, nous montrerons qu’il est formé de différents éléments naturels symboliques et ensuite nous verrons que ces éléments sont mis en correspondance avec des sentiments éprouvés par le poète. 

1. Le paysage : (de quel type de paysage s’agit-il ? ) 

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mes sous-parties vont répondre à cette question  

1. Un paysage “flou” : le poète évoque tout d’abord trois saisons différentes , le printemps, la fin de l’automne et l’hiver , saisons toutes trois qualifiées  d’ “endormeuses “; Cet adjectif peut sembler dériver du verbe endormir et il s’agirait pour le poète de nous faire comprendre que ce temps lui donne envie de dormir ou qu’il endort quelque chose en lui.  Les éléments qui composent le paysage sont assez vagues: “une grande plaine ” au vers 5 , un vent glacial, les longue nuits et une girouette personnifiée ; cette girouette sous l’effet du vent violent fait du bruit et le poète la compare à un homme enroué ce qui n’est guère agréable et rappelle le bruit du frottement des pales de métal sous l’effet du vent . 

2. Un paysage triste et “éteint”: le poème fait préférence , à plusieurs reprises,au froid notamment avec le mot frimas au vers 10 et au vers 5, l‘autan froid ; Il est également question de la nuit, et du côté terne de la lumière avec l’adjectif “blafardes” qui signifie d’une pâleur extrême, presque maladive. 

3. la beauté du Mal ? 

En dépit de ces caractéristiques désagréables, le paysage semble exercer un certain charme sur le poète qui déclare “je vous aime et vous loue” en s’adressant à ces saisons froides. de plus, il évoque leurs effets positifs sur son état d’ âme à la fin du premier quatrain .  Les saisons sont d’ailleurs assimilées à des reines au vers 11 : ce qui les rend  précieuses te contribue à les valoriser . 

En effet, le poète semble apprécier ces conditions climatiques et ces paysages pourtant fantomatiques : pour quelle raison apprécie-t-il ce paysage ? C’est à cette question que nous allons répondre dans cette seconde partie de notre étude . 

II Les sentiments du poète  

1.

Baudelaire invoque les saisons comme s’il s’agissait presque de divinités et on remarque la présence d’un O qui rend hommage à cette atmosphère pourtant sinistre ; ce qui plait au poète c’est avant tout ce “linceul vaporeux “; on peut penser ici qu’il s’agit de la brume ou du brouillard qui enveloppe chaque chose d’un halo de brume et qui brouille notre perception des couleurs , des  formes et des volumes .  Le mot linceul connote la mort car au sens propre, il s’agit du drap blanc dans lequel on place les morts avant de les déposer dans leur cercueil ou sur un bûcher funéraire ; mais l’adjectif vaporeux fait penser à une sorte de brume légère, comme de la vapeur d’eau, à un tissu léger. Les connotations de ces deux mots sont opposées. 

2. Des images morbides

 Cette présence de la mort dans le paysage et dans le tableau est perceptible à d’autres moments; Quand par exemple il est question , au vers 9; “des choses funèbres” et même au vers 12 des “pâles ténèbres ” . On notera ici l‘oxymore pâles ténèbres qui oppose la blancheur à l’obscurité la plus totale ; Cette figure de style retient notre attention car elle rapproche deux lots qui sont habituellement opposés. Elle crée donc un effet de surprise. 

3. Une sorte d’apaisement 

En dépit de ce froid et de cette tristesse, le poète se sent à l’aise au sein de ce paysage qui est celui qui convient à son âme; En effet, il  sent son âme qui “ouvrira ses ailes de corbeau” . Baudelaire par analogie, associe son âme  un oiseau à la triste réputation et il parait prendre son envol dans cette ambiance ; ce paysage est donc celui qui lui convient car il représente extérieurement ce qu’il ressent intérieurement. Il est donc à l’unisson  avec cette atmosphère.  Et ce brouillard est “doux ” à son coeur car il forme comme un voile protecteur entre lui et la douleur ; 

Le dernier vers construit l’image d’un amour éphémère mais consolateur : “deux à deux” renvoie à l’image du couple ou de la rencontre amoureuse et le “lit hasardeux ” laisse à penser que ce sera un amour sans lendemain ; Seule la rencontre amoureuse est capable de réconforter le poète encore plus fortement que ces paysages nocturnes et vides. Mais cet amour ne dure pas et cela nous ramène au Spleen

En conclusion, ce paysage état d’âme correspond à l’intériorité du poète qui souffre de son spleen ; Seul l’amour semble de taille à combattre ce mal-être existentiel. Cependant Baudelaire se sent accordé à cette mélancolie du paysage et du temps qui parle directement à son âme car elle en est la traduction sous les traits des correspondances symboliques. 

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Questions : ( les exemples seront pris dans le poème ) 

1. Définis un oxymore et donne un exemple 

2. Donne un titre à la première sous-partie de la partie II

3. Explique ce qu’est une correspondance symbolique et donne un exemple

4. Qu’est-ce que la mélancolie ?

5. Quelle était la problématique de ce commentaire ?

6. Quels éléments biographiques sont importants pour comprendre ce poème ? 

7. Que sais tu sur le procès des Fleurs du mal : Baudelaire a t-il gagné ou perdu ? 

8. Quelle différence y at-il entre le registre  lyrique et le registre élégiaque ? 

La fuite du temps est un thème qui a inspiré de nombreux poètes depuis l’Antiquité; Pendant la période romantique,  la fuite du temps apparaît sous différentes formes  souvent associée à la vieillesse et à la perte de l’amour .  Charles Baudelaire , dans son recueil Les Fleurs du Mal , paru en 1857,a consacré un certain nombre de pièces à cette thématique qu’il rapproche très souvent de son Spleen : cet état d’âme mélancolique et angoissé qui lui fait voir la vie en noir. Dans les sept quatrains d’alexandrins aux rimes croisées qui forment ce chant d’automne aux accents élégiaques  ,comment le poète a-t-il choisi de représenter le temps , cet ennemi qui lui ronge la vie et se fortifie du sang que l’homme perd ? Plus »

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Parmi les poèmes qui composent le recueil Les Fleurs du Mal, on distingue différents poèmes qui ont le même titre : Spleen. Quel est cet état étrange que caractérise longuement le poète et qui prend des allures de prison mentale ? Il s’agira dans le cadre de notre étude de l’univers carcéral en poésie, de décrypter les images de l’enfermement qui apparaissent dans la composition du poème baudelairien. 

Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen.Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien σπλήν : splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs, dans le cadre de la théorie des humeurs, pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie.
Le plus souvent, on l’associe à une  tristesse vague, dont on ne connaît pas les causes. Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l’angoisse d’exister. → En fait, Baudelaire donne exactement à son spleen le sens que la psychologie donnera ensuite à la dépression. Plus »

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Ces trois poèmes extraits de la même section des Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, nous renvoient justement à cette notion de Spleen qui hante la poésie baudelairienne. Le poète y décrit le Temps comme un ennemi que l’homme affronte continuellement dans un combat sans merci . Nous verrons que les poèmes nous présentent souvent symboliquement une forme de combat  de l’homme contre le temps avant d’analyser la présence de la souffrance et les représentations personnifiées du Temps. 

En effet, l’homme affronte un ennemi puissant et ce combat peut revêtir différents aspects. Dans l’Horloge , le poète se sent menacé et il devient la cible du temps qui lui “plante ” ses aiguilles dans son “coeur plein d’effroi” . Dans L’ ennemi le combat semble déjà avoir eu lieu et s’être soldé par la défaite du poète  car il a été ravagé et il reste en son jardin “bien peu de fruits vermeils” ; Enfin dans Chant d’Automne , le poète sent son esprit “pareil à la tour qui succombe” signe d’une défaite imminente ; Le temps est assimilé à une arme redoutable: “un bélier infatigable et lourd”  . Les dégâts apparaissent sous plusieurs formes : le jardin endommagé est déformé car “l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux” dans L’Ennemi et dans l’horloge l’homme est dévoré et font par mourir au dernier vers .

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Salvador Dali 

La présence du champ lexical de la mort atteste le point culminant de cette souffrance : l’homme est d’abord effrayé; on retrouve le mot “effrayant ” et “effroi” dans L’Horloge; on voit le poète frémir dans Chant d’Automne et être gagné par le froid qui annonce “la tombe avide” mais il semble avoir un sursis et pouvoir goûter un peu de douceur avec la consolation de l’amour qui n’est pas aussi présent dans les autres poèmes, plus sombres. Enfin dans L’Ennemi, la souffrance prend la forme d’un orage dévastateur et s’exprime surtout dans le dernier tercet avec la répétions de Douleur précède d’un O lyrique . Baudelaire y décrit le Temps comme un Vampire qui “nous ronge le coeur et du sang que nous perdons croit et se fortifie” .

Ce paradoxe final annonce une personnification courante du temps en monstre dévorateur et particulièrement sous l’aspect d’une créature vampirique. Ce vampirisme est mêlé à la figure du dieu cruel dans L’Horloge, un dieu dévorateur qui ressemble à un insecte qui “pompe ta vie avec ma trompe immonde” ; vampire et monstre également dans L’Ennemi comme nous l’avons vu avec “le temps mange la vie.”  Seul Chant d’Automne dénote sur ce point avec des images plutôt de pétrification “mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé” et le symbolisme des saisons y est peut être plus utilisé que dans les autres poèmes avec les froides ténèbres qui symbolisent l’approche de l’hiver et de la mort et cette lumière disparue de l’été qui marque la fin de la jeunesse ou du bonheur . 

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Pour représenter la fuite du Temps et le combat de l’homme confronté à son vieillissement et à la peur de la mort, Charles Baudelaire a eu recours à des symboles classiques comme les Saisons ou la personnification du Temps en monstre dévorateur et chacun de ces trois poèmes illustre bien une facette de son Spleen et de sa souffrance existentielle. Chant d’Automne est le plus mélancolique et le registre élégiaque s’y entend de manière feutrée alors qu’on ressent une dimension plus tragique dans l’Ennemi et dans l’Horloge.

 

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Lorsque Baudelaire publie son recueil Les Fleurs Du Mal en 1857, il se situe encore au carrefour de trois influences majeures pour la poésie  au dix-neuvième siècle : le romantisme qui privilégie l’expression personnelle des sentiments, le symbolisme qui s’efforce de révéler le sens caché des choses au moyen des symboles ; l’expression des sentiments devient alors indirecte; et le Parnasse qui accorde une attention particulière à la forme et refuse l’engagement de l’Art ainsi que le préconise Théophile Gautier, son chef de file, dans une formule originale : “il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien” 

L’Horloge clôt la section du recueil intitulée “Spleen et Idéal” et il a pour thème principal le Temps . Comment le poète a-t-il choisi de représenter le Temps  qui passe ?   Plus »

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  Le dix-neuvième siècle est  marqué par la succession de différents mouvements littéraires : le romantisme est contesté par les fondateurs du Parnasse et après eux, les Symbolistes définiront un nouvel art poétique. Charles Baudelaire se trouve  précisément au carrefour de ces trois courants . Son recueil Les Fleurs du Mal qui paraît  1857  fit scandale et lui vaudra un procès retentissant ; Le poète sera contraint de censurer des pièces jugées scandaleuses et de livrer ainsi , au public, une version expurgée de son recueil . Dans la continuité du mouvement romantique, on retrouve  des thématiques communes et notamment l‘expression du  mal de vivre, qui chez Baudelaire, s’amplifie et devient le Spleen . Nous verrons comment Baudelaire, dans « l’Albatros », propose une image du poète en oiseau; Il   oppose l’Idéal au Spleen,  et met en scène une vision pessimiste de la société, dans laquelle le poète ne trouve pas sa place. Plus »