Dans son roman Naissance d’un pont, écrit en 2010, Maylis de Kerangal nous conte l’histoire de la construction d’un pont fantastique entre la ville imaginaire de Coca quelque part en Amérique du Sud , en bordure de la forêt amazonienne et la Jungle dans les profondeurs de laquelle vit une des dernières tribus indiennes . Des travailleurs du monde entier convergent alors vers le chantier pharaonique : ils sont américains, indiens, chinois, français , tous les meilleurs dans leur domaine . Il sont 800 en tout et vont devoir apprendre à travailler ensemble et vont s’efforcer de dompter la Nature . Jacob , lui, est un ethnologue américain qui partage la vie des Indiens et s’alarme de “l’intrusion des routes , la dégradation probable de la forêt et la disparition programmée des Indiens ” . Lorsqu’il apprend la nouvelle de la construction du gigantesque pont , Jacob se sent envahi par ” une fièvre noire issue de la colère, une suffocation de bile ” Dans l’extrait que nous présentons, il a décidé, en pleine nuit de naviguer en pirogue jusqu’à la ville : il lui faudra deux jours pour parvenir à Coca et lorsqu’il découvre le siège de la société de construction, il se jette alors sur le responsable du chantier, un certain Diderot et le traite de salaud ” il y a de la sauvagerie dans ce corps hirsute en proie à la violence “. Alors Jacob sort un couteau : “fulgurance de lame, brûlure au flanc, sang qui gicle, mille chandelles ” et disparait aussitôt. Plus »
Introduction : La poésie à l’origine mêle texte et musique ; au Moyen-Age, les troubadours composent des airs sur lesquels ils improvisent, le plus souvent, des paroles aux motifs traditionnels qui célèbrent les exploits des héros ou l’amour . Dans le domaine musical, comme dans le domaine littéraire, styles et courants se succèdent et chaque artiste cherche à définir sa place soit en perpétuant la tradition ou en s’émancipant des modèles pour créer du nouveau . Grand Corps malade, un slameur, Gaël Faye, plutôt versé dans un rap mélodique et Ben Mazué , auteur-compositeur interprète , qui alterne entre rap léger et pop , ont décidé de collaborer pour créer un album baptisé Éphémère sorti en 2020.Dans la chanson « Tailler la route », morceau composé en vers libres, ils lancent un appel à la liberté . Les troi sinterprètes s’accordent sur cette volonté d’émancipation. La partie écrite par Gaël Faye comporte 16 vers . Comment le poète franco-rwandais met il en mots et en musique son désir d’émancipation ? Le premier mouvement est composé de la strophe 1 : il représente le désir d’évasion et le second mouvement, strophe 2 , montre le sens du voyage du poète.
Mouvement 1 : « Ils ne savent pas que je mords, que ma vie sent le soufre Je passe en météore comme on passera tous » – Dès ces deux premiers vers, GF évoque une existence troublée, un rapport conflictuel aux autres, qu’il inscrit dans le présent d’énonciation. La rupture s’exprime par l’opposition entre « ils » et « je » . L’agressivité du locuteur est marquée par les métaphores « mords , et sentir le soufre ». Rappelons que l’expression sentir le soufre a deux origines : dans le domaine religieux, elle désigne les éléments diaboliques qui font peur et dans le domaine militaire, cela signifie que la situation est explosive et risque rapidement de dégénérer ; dans les 2 cas, la vie du poète est associée soit à un rejet soit à une forme de danger. On peut d’emblée faire le lien avec les difficultés existentielles de Gael Faye, tiraillé entre blanc et noir, et qui a vécu les génocides du Rwanda qu’il a du fuir adolescent. Sa mère appartenait à l’ethnie Tutsie qui a été massacrée par les Hutus . Le poète, ici, s’apparente à un animal, à un marginal, à un être maudit que l’on rejette par mépris ou par peur et qui est rempli de colère comme un chien méchant . On pourra commenter l’effet d’homonymie « soufre / souffre », mettant en évidence le rejet qui engendre la souffrance.
[Mouvement 2] strophe 2 : La 2e strophe opère un changement de rythme, une accélération du tempo comme pour mimer le départ de ce voyage initiatique, comme un moyen d’accéder au déchiffrement du monde
“J’veux faire des milliers de miles, me languir de mille romans” M’arrimer au rythme lent, l’ire en moi la calmer de milliers de mots” – On relèvera tout d’abord les jeux sonores qui rythment cette 2e strophe : de nombreuses allitérations en /m/ et /l/ et assonance en /i/, à travers lesquelles on pourra entendre une célébration de la liberté et de la puissance des mots comme outils de cette émancipation. Les hyperboles « milliers de miles, mille romans » disent cette soif intense d’expériences à travers les distances parcourues et de l’accumulation de connaissances notamment livresque. – De plus, on peut noter que le voyage est tout autant spirituel (« mots, romans ») que physique avec l’indicateur « miles » qui désigne les kilomètres parcourus, notamment en bateau. Le poète n’erre pas sans but : il cherche une terre d’accueil pour s’arrimer, c’est à dire trouver un point d’ancrage, une patrie spirituelle Le parcours doit permettre d’atteindre la stabilité mais également l’apaisement (« l’ire en moi la calmer ») . Le mot ire désigne en ancien français une violente colère , celle du début de la chanson lorsque le poète affirme qu’il mord et on retrouve un jeu de mots avec le verbe lire ; Cette homonymie (« l’ire / lire ») permet de percevoir les mots comme des portes d’accès à la connaissance de soi (« lire en moi ») et à la découverte de son identité . On retrouve cette idée que l’écriture peut mener à la connaissance de soi , un peu à la manière d’une introspection.
Pour conclure : on retrouve dans cet extrait de « Tailler la route », les images d’un poète voyageur qui chante son désir de liberté et d’évasion , de grands espaces, loin des foules. Ce voyage , à la fois matériel et spirituel mène à une forme d’ascèse : le poète s’éloigne des préoccupations de ses semblables et atteint une autre dimension ; Il vide son âme de tout ce qui pourrait l’empêcher de s’émanciper:il doit se débarrasser de la colère qui l’étouffe, de la souffrance ensuite pour ne garder que cette lumière en lui, reflétée par la beauté du Monde. C’est seulement une fois arrivé à ce stade qu’il paut devenir un passeur de lumière . Baudelaire dans Le Voyage et Rimbaud dans Le Bateau ivre ont tous deux exprimé ce voyage spirituel, sous la forme d’un voyage en bateau . A la fin c’est la mort qui attend Baudelaire avec ce « vieux capitaine » qui l’invite à lever l’ancre et l’emporte avec lui et Rimbaud lui , après avoir écumé les mers du monde entier, découvert des archipels sidéraux, désire finalement une eau noire et froide , celle de son enfance et il se revoit , à la fin de son voyage frêle enfant triste qui joue à lancer un petit bateau sur l’eau . Chaque poète à sa manière cherche à tracer sa route et à donner un sens à son parcours. Ce voyage métaphorique, c’est celui de notre propre vie .
Roman de jeunesse, La peau de chagrin, se veut une réflexion philosophique sur le sens de la vie . Un jeune aristocrate issu d’une famille ruinée , dégradée socialement , rêve de fortune , de réussite et d’amour. Installé pauvrement à Paris , Raphael perd le peu d’argent qui lui reste au jeu et décide d’en finir avec la vie. Alors qu’il s’apprête à se jeter dans la Seine, il découvre un étrange parchemin au fond de la boutique d’un vieil antiquaire qui prétend l’objet magique et surtout dangereux; Ignorant les mises en garde du marchand, notre héros se saisit de la peau de chagrin et commence à voir son destin se transformer . Il est forcé de constater que c’est bien l’objet magique qui réalise ses moindres désirs . Dans le passage que nous allons présenter, alors qu’il désire avoir de l’argent , il apprend qu’il vient de recevoir un énorme héritage d’un parent inconnu, vague cousin de sa mère. Autour de lui, les discussions vont bon train pour savoir ce qu’il va pouvoir réaliser avec cette fortune . Raphael s’aperçoit alors, non sans effroi, que sa peau de chagrin a rétréci et il s’imagine sa Mort prochaine. Le premier mouvement montre la peur du héros , le second les réactions des convives et enfin , dans la dernière partie du texte, le rêve fou d’une existence mécanique et sans désir qui pourrait allonger l’espérance de vie du jeune homme qui se pense condamné. Plus »
Ce vendredi , nous avions une invitée surprise: dans le cadre du printemps des poètes, Valérie Rouzeau était à Surgères et elle a accepté de venir échanger, durant deux heures, avec une classe de seconde du lycée du pays d’Aunis. Les élèves avaient préparé, en son honneur , une émission littéraire où ils jouaient , tour à tour, les rôles de journaliste, présentateur et bien sûr , lecteur et commentateur de son oeuvre. Madame Teissier avait judicieusement réaménagé l’espace du CDI pour cette rencontre. Après le jingle de l’émission “La grande librairie”, Alexis ouvrait de bien belle manière l’émission avant de donner la parole à Lucia pour un portrait très réussi qui mêlait réalité et imagination. Après avoir évoqué la bibliographie de notre invitée et commenté les titres énigmatiques de ses recueiils tels que Neige rien , Vrouz ou Sens Averse, Juliette et Alexis nous offraient une traduction simultanée , en hommage au métier de Valérie Rouzeau qui a traduit, en français , la poètesse américaine Sylvia Plath. La classe avait ensuite préparé des portraits de poètes en drôles de bêtes : chameau, corbeau, crapaud et ver de terre ; Notre poétesse qui vit avec son chat Sacha , nous a avoué que si elle devait choisir un animal: il ne devrait pas être trop beau “plutôt âne que cheval” a-t-elle ajouté et si c’était un chien, ce serait un “corniaud ” . Mailie , Lilou et Léane se sont fait les interprètes de ces drôles de bêtes. Nous avons ensuite dressé , de manière très poétique, une to do list de choses essentielles comme “caresser un arbre ” “manger des sushis dans mon lit ” et des “pâtes à la tomate avec notre poète acrobate “;
Après ce joil florilège, nous avons cherché à confronter nos artistes au monde du travail : comment un poète se présente-t-il chez France Travail ? Flavie, Lauriane, Tyana , David et Mathéo ont lu de manière très expressive leurs portraits de poètes demandeurs d’emplois et Valérie Rouzeau a partagé avec nous , son expérience de VRP , voyageuse représentante placière en encyclopédie Hachette ,avant de reprendre ses études et d’aller à l’université étudier l’anglais . Elle aurait préféré faire des études de lettres mais comme elle bénéficiait d’une allocation versée par l’Etat et qu’elle ne souhaitait pas être enseignante, cette orientation lui a été refusée. Après une pause, nous avons commencé les lectures commentées des poèmes choisis par les élèves : Madame Durupt a débuté cette rubrique par un court poème en hommage à Antoine Emaz, un des poètes préférés de Valérie Rouzeau : Enzo, Naomi et Léa ont ensuite lu un poème très touchant, écrit pour la mort de son père qui commence comme une comptine nostalgique “nous n’irons plus aux champignons le brouillard a tout mangé les chèvres blanches et nos paniers…” ; Chacun s’est ensuite levé à tour de rôle pour lire son texte et c’était un très beau moment d’émotion et de partage .
Merci à Arthur, Claire, Noah, Ronan, Stan, Malo. Valérie Rouzeau a mis fin à cet échange en expliquant les secrets de fabrication de certains de ces textes ; notamment ce qu’on nomme un centon un poésie, une curieuse technique de composition qui consiste à écrire à partir de vers empruntés à d’autres artistes afin de leur rendre hommage . Merci beaucoup, Madame Rouzeau pour vos mots à vous et ce que vous appelez “mes mots des autres “ ; Nous aimons beaucoup ce que vous faites et avons hâte de découvrir, l’an prochain, votre nouveau recueil dans lequel , nous aurons peut-être, une toute petite place.
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Les poètes se différencient-ils des autres écrivains et qu’ont-ils de particulier ? A priori, si l’on songe à Victor Hugo ou Alfred de Musset, à la fois romanciers, dramaturges et poètes , le poète ne serait qu’une facette de l’artiste ; Toutefois, depuis l’Antiquité, on prête au poètes des pouvoirs magiques , surnaturels et on sépare du reste des hommes comme une sorte de magicien des mots. Les définitions sont nombreuses et toutes, elles tentent de cerner l’essence de ce créateur pas tout à fait comme les autres. Nous allons faire ensemble un inventaire des définitions du poète et tenter de mieux cerner , à travers des poèmes et des essais, la personnalité de cet artiste , orfèvre et sculpteur de mots. Plus »
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Qu’est-ce qu’un poète et à quoi sert la poésie ? Beaucoup d’artistes ont tenté de répondre à cette double question et leurs prises de positions, souvent antagonistes, permettent de dessiner une image du poète selon les époques et les mouvements littéraires. Essayons d’y voir un peu plus clair et examinons les différents arguments qui sont résumés dans les Arts Poétiques célèbres. Commençons par la fin : voilà ce que dit le poète aujourd’hui..
Ce qu’il nous faut, c’est la parole vivante, qui bondit d’une cervelle à l’autre sans coup férir, avec le naturel des oiseaux et des fleurs qui finissent toujours par revenir au poème.
Ce qu’il nous faut, c’est la poésie génitrice qui franchit les biefs et les obstacles, sans perdre ses idées ni ses plumes, les chemins de la sève, les catacombes de la mémoire, la page ciselée polie à la main, le mot-action se propageant comme le feu dans l’universelle conscience. JP Rosnay
Bref, une très haute idée de la poésie..ce qui ne change pas tellement finalement de la conception du poète dans l’Antiquité.
Dans l’Antiquité, les poètes sont considérés comme des envoyés des Dieux: ces derniers parlent par leur bouche et la parole poétique prend un caractère sacré. Orphée et Apollon sont les figures mythiques du poète : le premier est capable de charmer tous les êtres vivants au son de sa musique et le second est le Dieu des Arts du Soleil et il règne sur le Parnasse, domaine des Muses. Voilà ce qu’en dit Platon …en traduction
“Ce n’est pas… par art, mais par inspiration et suggestion divine que tous les grands poètes épiques composent tous ces beaux poèmes; et les grands poètes lyriques de même. Car le poète est chose légère, ailée, sacrée, et il ne peut créer avant de sentir l’inspiration, d’être hors de lui et de perdre l’usage de sa raison. Tant qu’il n’a pas reçu ce don divin, tout homme est incapable de faire des vers et de rendre des oracles.[…] . Et si le dieu leur ôte le sens et les prend pour ministres, comme il fait des prophètes et des devins inspirés, c’est pour que nous qui les écoutons sachions bien que ce n’est pas eux qui disent les choses si admirables, puisqu’ils sont hors de leur bon sens, mais que c’est le dieu même qui les dit et qui nous parle par leur bouche.”
La Renaissance célèbre en Pierre de Ronsard le prince des poètes et la Pléiade remet au goût du jour l’Antiquité; L’influence italienne de Pétrarque nous apporte le sonnet . L’idéal classique célèbre les vertus de la rime , de la versification et prône l’utilisation d’une langue soutenue qui se démarque de la langue commune. La poésie est considérée comme une activité bien plus noble que le roman . Au théâtre Racine et Corneille sont célébrés comme de grands poètes avant d’être considérés comme des dramaturges et on admire avant tout la musique de leurs vers.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin, répondent au milieu ;
Que d’un art délicat les pièces assorties
N’y forment qu’un seul tout de diverses parties,
Que jamais du sujet le discours s’écartant
N’aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Boileau, Art Poétique, 1674
Les Lumières privilégient la littérature d’idées et se méfient de la poésie qu’ils considèrent comme trop éloignée souvent des préoccupations du peuple . Ils cherchent surtout à réformer les moeurs et à diffuser de nouvelles connaissances. La poésie leur paraît dangereuse car elle habille et travestit les idées avec des mots savants ou précieux qui risquent de ne pas être compris par tous. Ils la considèrent comme un art élitiste, ornemental et peu utile pour diffuser les idées essentielles au Progrès; Pourtant Voltaire écrit ses tragédies en vers et se plaint en poésie dans Le Mondain de ceux qui es tournent ver l’âge d’or et refusent ce siècle de fer.
Au dix-neuvième siècle, deux mouvements vont s’affronter et à travers eux, deux conceptions du poète vont être antagonistes ; il s’agit du romantisme et du Parnasse. Ecoutons Hugo et examinons ses arguments :
Le poète en des jours impies
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Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l’homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C’est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue,
Comme une torche qu’il secoue,
Faire flamboyer l’avenir !
Peuples ! écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n’est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.
On mesure à quel point le rôle du poète est important pour Hugo ; En revanche , Alfred de Musset à qui on demandait pourquoi il était devenu poète, répondit en des termes simples qui excluent toute forme d’engagement moral ou politique .
Faire une perle d’une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Les Parnassiens et les disciples de Théophile Gautier qui a défini un mouvement appelé l’Art pour l’Art , défendent l’idée que la poésie est totalement inutile sur le plan social et politique; elle a comme unique fonction , selon ,eux de créer de la Beauté. Le poète dans l’idéal Parnassien devient alors un artisan habile qui met des rêves en mots. Le travail formel, selon eux, permet au message poétique de devenir pérenne et de résister à l’usure du temps
Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
Baudelaire partage cet avis parnassien même si on le situe plutôt au carrefour de trois courants romantisme, symbolisme et Parnasse : Ainsi, le principe de la poésie est strictement et simplement l’aspiration humaine vers une beauté supérieure […] ; En 1857, Baudelaire représente une étape importante dans l’histoire de l’évolution de la poésie : romantique par sa forme, il partage certaine idées des Parnassiens et découvre le Symbolisme. Verlaine prolongera cette tendance en renonçant à des formes classiques pour expérimenter des mètres impairs et il ira jusqu’à tenter de restituer une musicalité grâce à une langue simple rythmée et répétitive.
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l’Indécis au Précis se joint.
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.
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Verlaine a été marqué par sa rencontre avec Arthur Rimbaud (qui l’a conduit durant un an en prison en 1873pour tentative d’homicide) et ils ont longuement évoqué , à tarer leurs correspondances notamment , leurs conceptions assez voisines mais sensiblement différentes, de la poésie.
Rimbaud dans ses lettres définit avec précision ce que doit être , pour lui, le travail poétique.
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière. Il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend.
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
Donc le poète est vraiment voleur de feu.
Il est chargé de l’humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions. Si ce qu’il rapporte de là-bas a forme, il donne forme ; si c’est informe, il donne de l’informe. Trouver une langue ;
Au vingtième siècle, le surréalisme va modifier durablement la conception de la poésie ; les poètes se lancent alors dans une double direction: la poésie comme jeu gratuit et futile ou la poésie comme activité révolutionnaire ; L’engagement divise les artistes ; certains y voient un déshonneur alors que les autres considèrent cet engagement comme vital ; Un poète peut également évoluer et modifier ses prises de position au fur et à mesure de son parcours artistique comme le feront Breton, Eduard, Aragon, Char . Voilà une définition humoristique du poète proposée par Supervielle
II traduit en langue nette
Nos infinitésimaux,
Ah ! Donnons-lui, pour sa fête,
La casquette d’interprète !
Comme vous l’a montré ce bref voyage en poésie, les poètes ne sont pas tous d’accord sur ce que doit être la poésie, mais ils en parlent tous avec une même passion et prennent leur rôle très au sérieux. .
Pourquoi Andromaque est-elle selon vous, une héroïne tragique ?
Qui est Andromaque ? Femme d’Hector et princesse troyenne, elle survivra à la disparition de sa ville et deviendra la prisonnière du fils d’Achille , Pyrrhus; Racine au dix-septième siècle, la choisira pour en faire l’héroïne de la tragédie qui porte son nom et il la fait devenir reine d’Epire; Il a imaginé , en effet, un dénouement tragique plutôt heureux pour elle car victime d’un odieux chantage de la part de Pyrrhus, elle s’en sort saine et sauve et réussit à sauver son fils Astyanax , seul survivant de la famille royale troyenne. Pour Racine, elle représente la femme qui doit faire un choix impossible entre sa fidélité à son mari défunt et le devoir de sauver sa lignée en se sacrifiant. Quant à Jean Giraudoux, dans sa pièce La Guerre de Troie n’aura pas lieu , il en fait une femme valeureuse, enceinte d’Hector et prête à tout pour empêcher la guerre : comparons ces deux univers et ces deux représentations de l’héroïne tragique . Plus »
Pour un dramaturge, l’entrée en scène d’un personnage est toujours un moment important dans une représentation. Particulièrement au cours de la scène d’exposition car il faut donner au public de nombreuses informations à la fois sur les personnages ; le cadre et surtout l’action à venir. Que nous apprend cette exposition ?
Exemples de problématiques : Cette scène remplit-elle les fonctions d’une scène d’exposition ?
Quels éléments traditionnels retrouve-t-on dans cette exposition ? Comment cette scène d’exposition introduit-elle l’univers tragique ?
En introduction : que peut -on évoquer ?
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Introduire le classicisme,
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Dire quelques mots à propos de Racine
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Présenter le récit mythologique qui sert de trame à la pièce : la défaite de Troie et la captivité d’Andromaque, princesse troyenne aimée par un jeune roi grec.
Si le nom d’Olympe de Gouges restera associé dans l’histoire aux combats féministes , en faveur notamment de l’égalité des droits entre les citoyens, indépendamment de leur appartenance à un sexe, on risque d’oublier qu’elle fut également admise dans la société des amis des Noirs; Ce mouvement abolitionniste fut créé en 1788 et défend notamment l’unité des lois et des droits entre métropole et colonies. En effet, combattre pour l’égalité des droits entre les hommes sous l’égide du grand courant intellectuel animé par l’esprit des Lumières , implique de prendre en considération, tous les hommes , indépendamment de leur couleur de peau . Elle va donc s’engager fortement contre l’esclavage et au- delà, contre les préjugés qui feraient de certains hommes des “sous-hommes ” ou des êtres d’une catégorie inférieure : autant d’idées reçues qui font le lit du racisme . Plus »
Le poète selon René Barbier : vers le commentaire littéraire
Qu’est-ce, au juste , qu’un poète et quel rôle peut -il jouer dans la société ? Inlassablement répétée , cette question hante l’histoire de la littérature. Un chercheur en sociologie, René Barbier, présente en 2001 sa réponse, sous forme de vers libres. Le poème que nous nous proposons d’étudier présente, en effet, différentes facettes du poète et ses nombreux pouvoirs. Formé de 36 vers irréguliers (hétérométriques ) , il comporte quelques rimes soit en fin de vers soit à l’intérieur des vers mais sans schéma prédéfini ; caractéristique de la poésie moderne qui s’est affranchie des règles de la prosodie classique instaurées au dix-septième siècle, ce poème présente donc les pouvoirs du poète et tente d’en saisir les différentes métamorphoses. L’anaphore contribue à construire une sorte d’inventaire des formes qu’emprunte la poésie et on aperçoit, dès la première lecture , de nombreux paradoxes , parfois à la limite de l’antithèse. Il nous faudra analyser méthodiquement les images qui le composent. Toutes renvoient aux principales fonctions attribuées aux poètes au cours des siècles : à la fois guide, voyant, extralucide , et capable de changer le monde en le transformant sous nos yeux. Plus »