30. novembre 2021 · Commentaires fermés sur Le parcours de Georges Duroy dans Bel -Ami · Catégories: Seconde · Tags: , , ,

La première apparition du personnage révèle une partie de son passé et un présent qui s’annonce difficile : arrivé depuis six mois à Paris dans le but de faire fortune, Georges n’est pour le moment qu’un modeste employé aux chemins de fer et a bien du mal à joindre les deux bouts ; Souvent il doit choisir entre manger à sa faim ou s’offrir un plaisir : boire une bière . En ce mois de juin, une rencontre providentielle va changer son destin: il croise un ancien soldat avec lequel il a combattu en Algérie quelques années plus tôt et ce dernier va lui donner sa chance; Grâce à Jacques Forestier, Georges fait ses débuts dans le monde :on nomme ce personnage un adjuvant car il est celui qui aide le héros à atteindre ses objectifs. Timide mal à l ‘aise , il se sent ridicule dans son  habit de location mais au fur et à mesure, il prend de l’assurance car il constate qu’il plait aux femmes .  Le lecteur est témoin de ses transformations physiques et même psychologiques . “ En s’apercevant dans la glace , il ne s’était même pas reconnu; il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde, qu’il avait trouvé fort chic, fort bien, au premier coup d’oeil. ” Ce portrait du héros sera suivi de nombreux autres qui mettent en évidence son charme et l’effet qu’il produit sur son entourage .  “Une confiance immodérée en lui -même emplit son âme ” : dès le début du roman, il se sent déjà prêt à réussir . Plus »

18. novembre 2021 · Commentaires fermés sur L’épilogue de Bel-Ami : un mariage triomphal · Catégories: Commentaires littéraires, Première, Seconde · Tags: , ,

Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .

C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans; Bel-Ami,  roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un  héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et  pour terminer, nous montrerons la dimension critique  de ce dénouement.

Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen  de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public  confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions.  ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens .  L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ”  Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne,  (l 23 ) : Maupassant  marque ici, au moyen de cette précision,  son égoïsme et  son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se  voit déjà faire une carrière politique : au moins député et  ensuite  ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés  . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur  remet en cause les rêves du personnage  mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette  gloire.

A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage  prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre”  montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage  . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme  de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.

Le héros  a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale  mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant .  Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29)  comme pour l’acclamer et  le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du  personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.

Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… ) 

En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires  et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi  comme Madeleine  et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs  au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.

13. novembre 2021 · Commentaires fermés sur Bel -Ami : un personnage “réaliste” et un héros ambitieux · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Le réalisme est un courant littéraire du dix-neuvième siècle qui cherche à peindre les réalités de la vie, sans embellissement et tente de donner de son époque une image la plus  complète possible; Les auteurs réalistes reprochent à leurs prédécesseurs de limiter les romans à quelques personnages types , héros souvent vainqueurs, ambitieux et désireux de s’élever socialement . Ils reprochent également aux romans de ne pas montrer certaines catégories sociales  marginales comme les prostituées, les SDF, les criminels. Bref de limiter le champ du roman . De plus, les auteurs réalistes privilégient, dans leurs descriptions du monde, le point de vue interne , celui du personnage plutôt qu’un point de vue omniscient, celui d’un narrateur anonyme. Sous couvert de montrer le monde tel qu’il est, sans le voir tel qu’on le rêverait, ils introduisent néanmoins, à l’intérieur de leurs récits et au sein de leurs descriptions, des opinions et des émotions.  Plus »

10. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Construire un paragraphe argumenté : le travail préparatoire d’un essai · Catégories: Fiches méthode, Seconde · Tags: ,

Le paragraphe argumenté est l’unité qui permet de fabriquer de nombreux exercices de français au lycée ; Il va vous être utile dans les commentaires littéraires, les essais, les dissertations; Voyons quels en sont les différents éléments. Nous partirons de la question suivante: qu’est-ce qu’un héros pour toi aujourd’hui?  La réponse à cette question qu’on nomme un essai  va nécessiter une architecture. 

Au brouillon, note d’abord les idées qui te viennent sans te préoccuper de les ordonner; Tu risques de trouver pêle-mêle des exemples de héros ( ils vont illustrer tes propos : c’est pourquoi on les nomme des illustrations ) et des qualités que tu juges indispensables aux héros. Note ensuite ,sous la forme de liste, ( sans rédiger )  ces qualités nécessaires , selon toi, pour pouvoir être qualifié de héros. Tu vas sans doute évoquer le courage, la grandeur, le caractère exceptionnel  d’une action ou d’une invention.  Ensuite réfléchis aux liens entre chaque critère ( qu’on va appeler un argument ) ; pars de ce qui te semble le plus important pour terminer par une note personnelle , quelque chose qui te touche et qui va servir de conclusion. Plus »

10. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Héros épique , héros tragique et héros aujourd’hui. · Catégories: Seconde · Tags:

Dans un roman,  le mot héros qui peut désigner un ou plusieurs personnages ,  est sujet à diverses interprétations. Le héros se définit en fait  de deux manières. Il est tout d’abord celui qui se distingue par des qualités et des actions extraordinaires qui font l’objet du récit.  Il est alors  un personnage  hors du  commun; toutefois , le mot héros désigne également  le personnage principal d’une œuvre de fiction. Souvent quand nous évoquons le héros d’un roman, nous parlons en fait du personnage central du récit. Comment cette figure a-t-elle évolué dans la littérature ?

Qui sont les héros au départ ?  Dans l’Antiquité, ce sont des demi-Dieux, issus des amours des Dieux de l’Olympe avec de simples mortels; Ils ont donc un statut particulier et se distinguent des simples humains par leur ascendance divine; Hercule , par exemple , possède une force prodigieuse; Achille , le héros grec a été trempé par sa mère dans un fleuve qui le rend immortel ( sauf s’il est blessé au talon ) . Ce sont des sur-hommes et ils vont donner naissance aux héros épiques d’Homère et des romans de chevalerie du Moyen-Age. Plus »

18. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Une femme fatale : Milady de Winter dans les Trois Mousquetaires · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,

Lorsque le roman -feuilleton qui  pour titre Les Trois Mousquetaires paraît  au cours de l’année 1844 dans le Journal Le Siècle, c’est un succès tel qu’il faut immédiatement  faire imprimer le roman afin de satisfaire un public plus large. Alexandre Dumas y raconte, avec de multiples rebondissements,  les aventures de quatre vaillants  soldats du roi qui défendent l’honneur de la reine Anne d’Autriche qu’un complot du cardinal de Richelieu, alors premier ministre ,  menace de déshonorer. Les mousquetaires doivent se rendre en Angleterre afin de retrouver des bijoux que la reine a offerts à Lord Buckingham, son amant. Pour mener à bien leur mission, ils devront vaincre la redoutable espionne du cardinal, la belle et mystérieuse Milady de Winter qui se nomme en réalité Anne de Breuil . Plus »

26. mai 2019 · Commentaires fermés sur Tyrone en homme déchu : tel père , tel fils ? · Catégories: Première · Tags:

Sorj Chalandon , journaliste de métier et grand reporter en Irlande ,écrit Retour à Killybegs en 2010, après la mort de son ami Denis Donaldson , un Irlandais qui livrait des renseignements aux services secrets britanniques et qui a été assassiné par une branche de l’IRA, l’armée républicaine irlandaise , à laquelle il a appartenu durant des années. Le récit nous plonge dans les pensées du traître et nous fait découvrir le personnage de l’intérieur . Le passage que nous étudions se situe au chapitre 17.  Quelques mois plus tôt , à sa sortie de prison, Tyrone a été approché par trois hommes des services  secrets anglais; Stephen Petrie alias Walder, un agent du Mi 5, et  Franck Congreve, alias Dominik , le flic roux membre de la police royale de l’Ulster  et Willie Wallis de la Spécial Branch. Ces derniers lui ont expliqué qu’il avaient en leur possession l’arme qui a servi à tuer Danny Finley 12 ans plus tôt ( en 1969 ) et ils lui ont proposé un marché: ils gardent le silence  sur ce “crime accidentel ” et il peut rester un héros pour les siens à condition de leur livrer des renseignements sur les activités secrètes de l’IRA. Tyrone devient alors peu à peu un traître. Il décide cependant  de prévenir Mickey un gardien de prison que l’IRA va le tuer. Durant l’interrogatoire qu’il subit au cours de son interpellation,,  sans se méfier, Tyrone donne au MI 5 le véritable nom de l’artificier Popeye, Franck Devlin qui sera alors  arrêté par les britanniques . Abattu, il décide d’aller boire au Mullins et découvre son image dans le miroir au- dessus du bar.

 Problématiques possibles : Quel portrait du héros trouve -t-on dans cet extrait ? Comment faire le portrait d’un traitre ? Quelles sont les caractéristiques de ce portrait ? Quelle est l’originalité de ce portrait ? 

Un autoportrait : l’une des premières caractéristiques de ce portrait , c’est que le personnage , à la manière d’un peintre qui se peint lui-même, contemple son reflet dans une glace. Le dispositif renvoie donc à la technique de l’autoportrait .  “je me suis vu dans le miroir au-dessus du bar ” ( l 1) 

Un portrait dévalorisant : les éléments physiques du portrait du personnage qui se regarde dans un miroir ont une dimension péjorative ; Il est comparé à un animal par différents points ; la casquette élément symbolique de son identité d’irlandais est comparée à celle des “éleveurs de mouton ” caractéristiques de la ruralité d’une partie de la population irlandaise;  l’expression qui “fête une  vente “  ( l 3) peut évoquer la trahison du personnage qui comme Judas vient de vendre son ami Franck devlin . Il a d’ailleurs reçu une somme de 30 livres, qui rappelle les 30 pièces d’or de la trahison de Judas . Ses cheveux sont assimilés à la crinière d’un animal avec à la ligne 5 le crin de cheveux et les éléments choisis pour dépeindre son visage : oreilles , yeux tombants , rides de labour, font penser au portrait d’un vieux cheval , usé par le travail des champs ; D’ailleurs l’expression rides de labour renvoie directement à cet univers du travail des bêtes de somme. Quant aux yeux tombants, on peut les interpréter comme le signe qu’il garde la tête basse ou comme un signe de fatigue.  Physiquement , la honte se lit donc à travers le visage du personnage et les détails symboliques de son portrait . 

L’expression  “paysan pitoyable”  avec son allitération en p semble d’ailleurs  traduire le mépris que Tyrone éprouve pour son geste et pour lui-même ; Il se fait pitié à lui-même et le lecteur éprouve de la pitié pour lui ; ses vêtements confirment cette impression : col de veste gondolé , tweed usé ” : deux notation qui font référence à la pauvreté et à l’absence de prestance; par bien des points, le personnage ressemble à quelqu’un qui se néglige et néglige son apparence . L’allure et l’apparence négligées confortent cette dimension pitoyable du personnage. 

La ressemblance avec le père : on peut tout d’abord remarquer les similitudes avec le portrait du père notamment à travers l‘évocation des souvenirs de la figure du père . Le souvenir du père  Patraig Meehan  initialement qualifié de grand  ( 10) est presque aussitôt  associé à l’idée de défaite : ligne 9 . Dans son reflet , Tyrone lit sa “défaite ” et voit le visage de son père en surimpression;  Il est âgé de 56 ans environ et les images du père ” vaincu ” vont venir renforcer celles de la défaite du fils .Dans le miroir, les deux reflets se superposent “je l’ai vu dans le miroir soudain ” ; cette phrase fait écho à l première ligne du portrait “je me suis vu dans le miroir ” Cette reprise anaphorique marque la surimpression des deux figures . Le père fut d’abord un héros avant de devenir un “bastard” alcoolique et violent , redouté par les habitants ; il perdra le respect des siens ce qui est traduit par l’énumération : “silence , respect, gêne ” ; le dernier mot marque l’étape finale de sa perte de considération .

L’évocation des souvenirs liés au  père est nettement dépréciative : “il souriait comme un imbécile ” : la comparaison est cruelle et il est question de l’alcoolisme de ce dernier car l’auteur note qu’il “prenait des poses de sobre ”  (16 ) ; Ici l’expression prendre une pose dénote le caractère artificiel du sourire et de l’attitude du personnage qui souhaite faire croire qu’il n’est pas ivre . Mais personne n’est dupe; en contemplant son reflet dans le miroir, Tyrone devient, en quelque sorte son père et l’image qu’il aperçoit est celle de partait Meehan lorsqu’il allait, enfant, le chercher au pub pour le ramener à la maison . L’expression “paysan pitoyable du début du portrait est rappelée ici avec la phrase “il faisait peine ” . L’auteur énonce ensuite les causes de cette déchéance ; Le renoncement est une étape décisive dans le parcours du père : il est marqué par trois étapes; D’abord le renoncement à la guerre d’Espagne et au combat contre les Blancs du général Franco , dans les rangs des brigades internationales ; face aux craintes de sa femme, Patraig décidera de rester auprès de sa famille mais cette décision le rendra amer; Le second renoncement l’amène à cesser le combat pour la libération de l’Irlande lorsque le pays est divisé en deux Etats: au Sud l’Irlande libre et au Nord, l’Ulster sous domination britannique . Enfin la dernière étape pour le personnage se solde par une tentative de suicide elle aussi raté car par un effet d’ ironie tragique, le personnage meurt de froid avant de réussir à se donner la mort . L’évocation de la figure du père se termine par une série de paradoxes : ” voulait mourir en mer ” contraste avec “mort en bas-côté” ligne 20 . L’image ici du bas-côté fait penser à la mort d’un sans-abri, dans un fossé : ce qui accroit la dimension misérable de la fin du personnage;  On retrouve une seconde opposition entre les mouettes et les corbeaux : les premières , oiseaux blancs   sont les symboles des compagnons et annoncent la présence de la terre , bon présage pour les marins et les seconds, oiseaux noirs, de mauvaise augure , symboles de deuil et de mauvaise nouvelle.  La présence des corbeaux indique également que le cadavre a été exposé . L’image finale du père le réduit à presque rien: “un tas de hardes mêlées au givre ” . Le personnage s’est littéralement volatilisé et a perdu sa dimension humaine : il ne reste de lui que de pauvres vêtements car le mot harde désigne les habits troués des miséreux .

Tel père tel fils ?  :  à la lecture du glissement de ce portrait de la figure du fils à celle du père , on peut se demander quel rôle joue ici la construction de la relation parentale et familiale. Un peu à la manière des écrivains naturalistes de la fin du dix-neuvième siècle pour lesquels les personnages romanesques devaient élucider , en partie, les mystères de l’hérédité, le romancier construit bien plus qu’un personnage: il construit un sytème de personnages et au sein de la famille Meehan, chacun incarne un facette du patriotisme irlandais . Tyrone se définit alors par une formule paradoxale:alors j’ai renoncé à mourir”. Il s’écarte donc de la trajectoire du père. “A vivre aussi ”  (l 14) ; Il se différencie ainsi de la position illustrée par le personnage du  grand frère Seana, qui a choisi l’exil pour justement continuer à vivre, loin de l’Irlande mortifère .  La position de Tyrone semble intenable et la formule “je serais ailleurs , entre ciel et terre, ” par l’emploi du conditionnel, connote ici l’irréel du présent ; Il n’existe aucun endroit pour vivre entre ciel et terre: voilà ce qui est suggéré par la lecture .

Un homme fatigué : dès lors, le portrait de Tyrone se termine avec le leitmotiv de sa fatigue . L’adjectif fatigué est repris sept fois entre les lignes 28 à 32. Le cri de colère symbolisé par l’insulte et la grossièreté de la ligne 15, est très rapidement remplacé par la négation qui reflète l’impuissance du personnage et son incapacité à poursuivre le combat “je n’en pouvais plus ” . Les ennemis et les amis sont alors mis sur le même plan, juxtaposés , au sein de la même phrase : “les Brits, l’IRA, ces donneurs d’ordre ” et comme réunis par leur autorité commune  . Tous deux semblent exercer sur Tyrone une forme d’oppression qui est reflétée par l’emploi de l’adjectif “‘ étouffante ” ligne 28. 

25. novembre 2017 · Commentaires fermés sur La notion de héros pour Gide dans Les Faux-Monnayeurs · Catégories: Divers · Tags: ,
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Pour interroger la notion de héros, encore faut-il la définir et définir ses variations . L’un des moyens les plus simples consiste à revenir sur l’histoire littéraire et notamment sur l’histoire de l’évolution des personnages de roman; Alors qu’au Moyen-Age le héros épique se définit par son courage et sa capacité à surmonter les obstacles , dès l’âge classique, la notion d’héroïsme est inséparable de la possession de valeurs morales comme l’honnêteté et l’esprit . Les Philosophes des Lumières définissent le héros comme un homme qui cherche à s’élever dans la société par différents moyens ; Cet idéal se poursuit au siècle suivant: Le courant réaliste multiplie les modèles de héros qui désormais pourront provenir de toutes les couches sociales et ne se limitent plus à un type unique et uniforme; Il faudra attendre le début du siècle suivant pour voir apparaître la notion de anti-héros; Il désigne les personnages qui ne se démarquent plus par leurs actions hors du commun mais qui , au contraire,  se fondent dans la masse des anonymes .

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 Quelques idées et réflexions variées Le roman gidien représente un tournant dans l’évolution du genre ; Les personnages y sont multiples et peu caractérisés par leurs actions et il est bien difficile de déterminer leur héroïsme si l’on se base sur la définition historique du mot; On adoptera donc pour simplifier les analyses la distinction entre le premier sens d’héroïque qui tend à se confondre avec la valeur d’un personnage et le second sens de protagoniste plus ou moins central au sein d’une intrigue.

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Examiner la valeur du héros gidien revient en fait à sonder le statut du personnage. Il était possible de partir des différentes réflexions de Gide dans son Journal autour de la notion même de héros; Lafcadio pouvait représenter l’état initial de la pensée de l’écrivain autour de cette notion. Il considérait ce personnage comme le héros idéal : ” orphelin, fils unique, célibataire et sans enfant ” . Pourtant , ce personnage s’est dédoublé dans le roman et s’est en quelque sorte subdivisé en s’incarnant à la fois en Bernard, le bâtard révolté et en Edouard l’écrivain ; Cette segmentation de Lafcadio témoigne de la volonté de l’auteur de fragmenter et de déconstruire  l’image du héros initial ; cette idée nous conduit à réfléchir à un éparpillement de l’image du héros à travers une multiplicité de personnages : chacun d’eux contiendrait un micro- héros au sein d’une des intrigues secondaires . Cette tendance va de pair avec la fragmentation de la notion même de personnage et la disparition de la notion de héros dans le Nouveau-Roman . Ainsi cet éparpillement nous conduirait à voir de l’héroïsme dans l’attitude de Boris, dans le sacrifice de Rachel et pourquoi pas dans la mort de Bronja, figure de martyre et victime innocente dans le roman; Cependant ces personnages ne sont que des comparse et jouent des rôles restreints dans la trame événementielle : de là à penser que les véritables héros sont souvent des perdants et que le monde moderne condamné l’héroïsme d’autrefois; Pour tenir une place de haut rang, désormais, il faut être cynique comme Robert de Passavant que tout le monde admire alors que c’est le diable incarné, manipulatrice comme lilial Griffith dont la victoire sera de courte durée et que le romancier finit par condamner, victime du démon qui s’est emparé de l’âme du Vincent dès le début du roman; D’ailleurs, dans son Journal, Gide reprend l’idée de donner au démon un rôle de premier plan, voir le premier rôle du récit; On pourrait donc d’une certaine manière dire que le véritable héros du livre, c’est l’esprit diabolique: celui qui pousse Bernard à voler, Vincent à trahir, Edouard à se taire et Olivier à faire les mauvais choix. 

Une possibilité d’organisation 

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 I Un roman où on retrouve des héros aux 3 premières places : 3 héros au lieu d’un ? 

<p style="text-align: justify;">1; Bernard le héros initial du roman d'apprentissage

 le récit débute avec lui, suit son parcours, montre ses épreuves , ses victoires et ses défaites 

2, Edouard le héros central , l’axe principal du roman

il est un lien avec toutes les intrigues et tous les personnages, une sorte de ciment de l’oeuvre, son Journal en fait un personnage à part 

3, Olivier : le héros idéal, une projection de l’auteur à travers la fiction 

il est tenu à distance mais finit toujours par revenir sur le devant de la scène, il est le lien enter Bernard et Edouard, c’est un coeur pur 

mais aucun ne correspond vraiment aux critères définis par soit l’histoire du roman soit Gide lui-même (Edouard agaçant, Olivier mou et faible, Bernard voleur et menteur) 

II En fait le roman est construit sur a volonté de ne pas placer de héros dans le roman : un roman sans aucun héros 

1. La règle des personnages de céder la place aux autres 

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gide63.jpg, nov. 2017

Gide tient à ce qu’aucun des personnages ne soit au premier plan et il organise leurs apparitions et leurs disparitions : une sorte d’équilibre nouveau du roman kaléidoscope de visions 

2. La construction par micro récits donc micro- héros de certaines séquences (La Pérouse, Armand, Madame Molinier ) 

chaque personnage devient le héros de certaines séquences , d’anecdotes qui tournent autour de lui et de ses aventures : Georges héros du récit de son vol, Armand un héros cynique qui cache un homme blessé…) 

3. le refus des règles du réalisme : pas de description et pas de connaissance complète des personnages : une sorte de héros collectif l’image du gang 

III En fait, des touches d’héroïsme éparpillées dans les différents personnages : l’individualisme cède la place à la déconstruction 

1. les victimes du monde “faux ” : les véritables héros au sens d’autrefois ?

2. des héros négatifs ou des anti-héros peu admirables : la part des noms au profit de l’anonymat des forces collectives (identités masquées et faux -semblants ) 

3. Le diable= le modèle d’organisation ; le seul qui finit toujours par triompher de tout .? 

CCL :  Un roman qui signe l’échec des modèles traditionnel des héros car le monde a changé et le roman se doit d’enregistrer les changements liés à la modernité et au triomphe des fausses valeurs . Dans un monde dévoyé où règne la fausse monnaie et les faux sentiments, les véritables héros disparaissent au profit d’esprits pervers ou diaboliques qui perdent leur humanité mais triomphent justement là où règne l’hypocrisie.  

 

25. mars 2016 · Commentaires fermés sur Echantillons de héros romantiques · Catégories: Première · Tags:
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La question de synthèse consistait à comparer quatre personnages issus de trois romans diférents : Fabrice Del Dongo le héros de La chartreuse de Parme de Stendhal ; Corinne et  Lord Oswlad Nelville, le couple vedette de Corinne ou l’Italie de Madame de Staël et enfin Concetta, la fille du prince Salina dans Le Guépard de Lampedusa

Fabrice n’est encore qu’un adolescent quand le roman commence et il s’apprête à se lancer dans l’aventure napoléonienne mais au mauvais moment. Concetta elle, est au soir de sa vie et en dresse un bilan extrêmement négatif ; demeurée seule, sans amour, célibataire , sa famille a perdu son prestige à cause de la révolution garibaldienne . Les deux héros romantiques sont donc du mauvais côté de l’Histoire.

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Si deux  des romans ont été écrits dans le premier tiers du dix-neuvième siècle, qui correspond à l’essor et à la diffusion des idéaux romantiques, leurs auteurs n’ont pas le même regard sur leurs personnages. Madame de Staël à travers le triomphe de Corinne et son portrait en majesté ,  fait le tableau de la femme parfaite admirée par tous , consciente de sa beauté mais qui se garde d’ en tirer trop d’orgueil : elle parvient à conserver une attitude noble et modeste (l 14); De même , elle est caractérisée par un savant mélange d’ éclat extraordinaire et de naturel . Ce mélange caractérise aussi le héros masculin du même roman : doté d’un ensemble de qualités  hors du commun : figure noble et belle, beaucoup d’esprit, un grand nom , une fortune indépendante ( l 2 et 3) , il  est cependant décrit comme ” timide envers la destinée” (l 25) .  Les deux héros sont donc dse personnages au caractère “mobile et passionné” Corinne fait preuve  en dépit des manifestations d’enthousiasme de la foule, d’un “sentiment de timidité qui se mêlait à sa joie. ” ( l 16) . La délicatesse des sentiments est peut être la marque commune de ces héros qui tentent de ne pas se laisser déborder par leur sensibilité.

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En effet, le héros romantique est souvent caractérisé par une forme de sensibilité exacerbée et beaucoup de larmes sont versées dans ces romans : Fabrice “répandit des larmes ” en faisant ses adieux à sa tante ; Lord Oswald souffre d’une grande tristesse et paraît inconsolable ; le chagrin a dévasté son être mais il semble, lui désormais, au delà des larmes : “quelque chose d’aride s’empara de son coeur ; il n’était plus le maître de verser des larmes quand il souffrait  ” ( l 37)

Cette attitude de refus de l’émotion se retrouve chez Concetta , héroïne tragique, qui au soir de sa vie contemple son existence et n ‘a plus  plus vraiment l’impression de faire partie des vivants  comme si quelque chose en elle était mort avec son passé : “en elle , le vide était complet”  lit-on ligne 17 mais on ressent toutefois une souffrance du personnage qui tente de se débarrasser totalement de ce qui la relie à son passé et à ses souvenirs douloureux.  La situation de ce personnage est bien particulière et la mort aisément perceptible dans cet épilogue.

 

Une  autre caractéristique du héros romantique demeure son aisance à se mouvoir dans un milieu marqué par la mélancolie : au château de Grianta règne une atmosphère de tristesse liée aux bouleversements que connait le pays et qui affecte la famille Del Dongo ; Lord Oswald quitte à regret son pays et va connaître la douleur de l’exil avant d’arriver en Italie et de rencontrer Corinne; le narrateur en commentant le triomphe de l’héroïne fait remarquer que le char de sa victoire “ne coûtait de larmes à personne “  Ce moemnt de bonheur semble bien excpetionnel comme le constate le narrateur :  “nul regret comme comme nulle crainte n’empêchait d’admirer les plus beaux dons de la nature.”  Quant à Concetta, elle vit dans les ruines de la splendeur passée de sa famille.

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Un dernier point qui permet de reconnaître le héros romantique, c’est la richesse de son imagination : Lord Nelville est le personnage qui semble le plus souffrir et , à plusieurs reprises, le texte souligne le rôle de son imagination dans son affliction: ” l’imagination y mêlait ses fantômes “ lit-on ligne 9 et à la ligne 32, on retrouve “la funeste imagination des âmes sensibles ” .  Sa solitude lui paraît insurmontable et il frémit souvent sous l’effet du chagrin. Sa peine contraste avec le bonheur de Corinne mais on retrouve sa sensiblité exacerbée lors de leur rencontre : ” ce beau ciel, ces romains ..et par dessus tout Corinne, électrisaient l’imagination d’Oswald.”  l 29.  Quant à Fabrice, chez ce jeune héros déterminé,  l’ action prend le pas sur l’imagination et le narrateur ne peut s’empêcher de se moquer de son personnage dont il considère les raisons de rejoindre Napoléon “bien plaisantes ” (l 39)

Même s’il n’appartient pas au courant romantique, Lampedusa reprend dans son roman paru au vingtième siècle des thèmes chers au romantisme comme la nostalgie du passé et les regrets d’une vie ratée mais ces thèmes définiront plutôt en France , la seconde génération romantique et ils sont moins exacerbés que dans les ouvrages qui introduiront en France, par l’intermédiaire de Madame de Staël , cette nouvelle forme de sensibilité et d’attention portée à l’expression des sentiments et à leur complexité. Au fur et à mesure que ces nouveaux personnages apparaissent , ils se diversifient et parfois, comme chez Stendhal, on entend une voix , celle du narrateur, qui se moque de leurs excès.