Que faut-il retenir de cette pièce de Giraudoux qui revisite la matière antique sous la forme d’un débat autour de la guerre ? peut-on vraiment l’éviter ? de quel type de théâtre s’agit-il ? quel est le sujet exact ? l pièce a-t-elle eu du succès ? autant de questions qu’on peut vous poser à l’oral ..alors révisez bien et complètes si besoin vos notes .
Principales adaptations et mises en scène
Première représentation en 1935 au théâtre de l’Athénée: succès incontestable,. Louis Jouvet et sa troupe de comédiens en sont les interprètes.
En 1962, Jean Vilar monte la pièce au TNP. Les costumes sont « antiques »
Niocolas Brancion en 2006 et Francis Huster en 2013 modernisent la pièce et renoncent oar exemple aux costumes antiques mais optent pour des tenues chics te une robe éclatante pour la beauté d’hélène.
Le renouvellement du théâtre
Tragédie ou comédie de boulevard ? A la lecture de la pièce, le spectateur peut être surpris par les différences de ton, d’un passage à l’autre et par les évolutions des personnages.
LLe sujet; il s’agit de l’arrivée à Troie d’une ambassade grecque venue réclamer Hélène, enlevée par le prince troyen Pâris. L’auteur mélange des éléments comiques qu’il ajoute au mythe homérique et conserve certains aspects tragiques comme par exemple, le caractère inéluctable du conflit.
La signification de la pièce
Dans les années 30/40, le théâtre se renouvelle notamment grâce à l’emploi des mythes antiques qui sont utilisés pour faire référence à des préoccupations actuelles comme , la montée des périls, l’émergence des dictatures en Europe et la menace d’une nouvelle guerre.
La pièce peut suggérer soit la toute puissance de la fatalité qui écrase les actions des hommes de bonne volonté, soit la force d’un humanisme actif qui peut faire changer les choses et peut-être, permettre d’éviter le pire. Homme de la paix, partagé entre la France et l’Allemagne dont il admire la culture, (il a été étudiant à Munich) Giraudoux pourtant n’a pas su prendre la mesure de l’affrontement qui se préparait alors et a accepté de faire partie du gouvernement de Vichy,en tant que délégué du ministre de l’Information.
Les raisons du succès de la pièce : la reprise du mythe avec de nombreux anachronismes qu else spectateurs comprennent , les dialogues vifs et le mélange d’humour à partir de sujets préoccupants.
La tragédie de l’histoire
Dans L’Allemagne vaincue, la violence est en germe. La parti nazi se développe sur fond de crise économique. La France est alors divisée entre nationalistes et pacifistes. En octobre 33, l’Allemagne quitte la SDN et une première tentative d’annexion de l’Autriche échoue en 1934.En janvier 35, Hitler alors chancelier rattache, de force la Sarre à l’Allemagne. On sent monter l’ombre d’un nouveau conflit et de nombreux intellectuels se mobilisent en créant le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et la ligue des droits de l’homme. De nombreux anciens combattants de 14/18 ont peur de voir ressurgir les horreurs qu’ils ont vécues. Hector, lui-même , dans la pièce, est un soldat qui rentre de la guerre.
Les règles : un jeu
Giraudoux respecte l’unité de temps et de lieu. L’action se déroule en une journée, bien remplie ; Hector, de retour d’ une guerre, va devoir empêcher la nouvelle de se déclarer. Toute l’intrigue fonctionne sur une série d’oppositions binaires : portes ouvertes ou fermées, jour de bonheur ou jour de malheur, naissance ou mort d’un enfant. Il n’y a jamais dans la pièce de troisième choix, de dépassement possible des contradictions.
Le poids des choses
Hector est le personnage qui représente le Destin (d’ ailleurs son arrivée se confond au début de la pièce avec celle du Destin ) mais il s’en sépare dans la mesure où le Destin finit par l’emporter. Il garde l’initiative pendant une bonne partie de la pièce mais le rapport de forces s’inverse quand il se retrouve face à son père, aidé par Démokos. Il doit, à chaque fois s’adresser à un nouvel adversaire pour obtenir ce qu’il souhaite: maintenir la paix mais ce combat, lui aussi, semble perdu d’avance.
Hélène est celle qui dit toujours oui: elle est en accord avec l’ordre des choses.
Tout au long de la pièce, l’échéance se rapproche mais le spectateur a toujours l’impression que le plus important a lieu hors scène: ce sont les événements extérieurs qui viennent influencer le cours des choses. Toute la pièce est construite sur un retardement, un système qui tend à maintenir un équilibre à peu près constant, entre le oui et le non, si bien qu’à la fin de la pièce, la question reste posée. Équilibre théorique, car le héros, homme de bonne volonté, a lui-même assez vite , le sentiment d’être insidieusement débordé par l’enchaînement des circonstances. Il garde le souci de combattre mais il est vite conduit à s’interroger sur l’efficacité de son combat. C’est toute l’idéologie des années 30 qui est en cause: en bref, le héros est-il encore sujet de l’histoire?
Giraudoux a dit pour expliquer son passage du roman au théâtre et le choix de son sujet , en 1930, à son retour d’Allemagne:
« la question franco-allemande est la seule question grave de l’univers(..) cet espace incompressible qu’il y a eu cinq ans entre nos tranchées, il est dramatique, au sens technique du mot.;Que les deux peuples où les bienfaits de la paix ont été poussés à leur perfection la plus raffinée et qu’aucune rivalité commerciale ne divise, soient désignés pour lutter en champ clos et trancher par leur duel, les différends des autres, c’est là un sujet qu’il convient de méditer un peu plus en commun, dans ces assemblées générales que sont les théâtres. »
« Ce qui me dégoûte dans la guerre, c’est son imbécillité.” Jean Giono, 1934
« L’honneur est la passion qui fait mourir » Alain, Mars ou la guerre jugée, 1921.