Le lieutenant Rénier est l’un des seuls gradés de ce bataillon et il est envoyé au front , en première ligne dans la tranchée de la Tempête pour relever ceux qui s’y sont battus. (p 29) Il commande la troisième compagnie, deuxième section. Il a pour mission de reprendre le kilomètre perdu au cours des dix dernières heures de combat. Il intervient huit fois au cours des deux premiers chapitres et il est la voix principale qui raconte l’assaut au cours duquel il meurt, après sa huitième intervention, p 63.
Il reçoit ses ordres directement du colonel.Il doit attendre la nuit et avec une dizaine d’hommes dont le caporal Ripoll, il va tenter de reconquérir le terrain perdu (p 31); Inquiet, il observe les hommes de la vieille garde: “on dirait un peuple de boue.;ils ont le regard vide ” des ombres sales et courbées qui ne saluent plus et qui forment un cortège fantôme (p 33) “Ecuyers fatigués de chevalier disparus” les combattants effraient la relève tant ils semblent sales et à peine humains : “ juste la démarche mécanique des chevaux de trait ” “des chiens malades ” pensera-t-il encore; cette tout petite poignée d’hommes qui défile devant eux, ce sont les survivants de l’attaque , les seuls à pouvoir quitter le front “même épuisé et sales” et le lieutenant commence à rêver un jour de leur ressembler. Avant l’assaut, il regarde ces hommes qu’on a lui a confiés : Quentin Ripoll : un roc, fauve, qui parle peu mais un vrai guerrier qui sait devenir chasseur. La relève commandée par le lieutenant Rénier est “accueillie ” par des tirs ennemis, des tirs de nuit qu’il nomment la salve de bienvenue pour déniaiser la relève.
Ces premier obus blessent des hommes de la compagnie et le lieutenant s’est précipité pour s’occuper des blessés : “j‘ai maculé mon uniforme; pour la première fois, dans la poussière et la panique, pour la première fois au milieu de la douleur aigüe des hommes, j’ai pris à bras-le-corps la guerre et elle a dessiné sur mon uniforme son visage convulsé.” (p 37)
Tout le monde tremble te personne n’ose se regarder: chacun affronte sa peur; il a hâte de courir et son rôle d’officier lui tient à coeur; il va montrer l’exemple et devenir un guépard.A l’heure dite, il se lève, emplit d’air ses poumons, enjambe le parapet et court “sans faiblir; sans penser à rien” ..il se sent rapide comme un fauve, se dirige vers les ennemis et tombe : c’est Ripoll qui ira le chercher avec Castellac (p 66) “Il était calme et élégant, avec sur la face une expression que je ne lui avais jamais connue: les yeux et la bouche grands ouverts; Comme s’il essayait de crier ou de boire tout l’air du champ de bataille. Comme si sa gueule affreuse s’ouvrait jusqu’au déchirement pour tenter de respirer encore. Une gueule de gargouille…il avait la gueule déformée de la mort. la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés..Au lieu de cela, il semble crier encore à l’attaque alors qu’il gît dans la boue, que son corps est froid et que plus personne jamais, n’entendra sa voix. La mort s’est jouée de lui. elle l’a pris de plein fouet. Pour sa première charge. C’était un homme et il méritait mieux que cela. ”