Dès l’Antiquité, le discours politique et le talent oratoire, comme nous l’indique Cicéron, sont rattachés à la science de gouverner les hommes et plus précisément au genre délibératif . L’orateur doit s’efforcer de persuader le public en utilisant un raisonnement logique ( art de la conviction ) et ses émotions ( art de la persuasion ) . L’homme politique monte à la tribune pour défendre une thèse à laquelle il espère rallier le plus de monde possible . Pour y parvenir , il devra, à la fois utiliser les ressources de l’éloquence ( art de bien parler ) et celles de la rhétorique oratoire ( art de bien construire son discours ) . Un discours éloquent repose donc, à la fois sur les effets produits par la parole du locuteur sur le public mais également sur la construction des procédés oratoires . Ces deux domaines se combinent et il est malaisé de les distinguer;
Petite liste alphabétique des procédés oratoires : allégorie, anaphores , argument d’autorité ( p 72 ) argument ad hominem, ( p 46 ) , antithèses, aphorisme ( p 53 ) énumérations , gradations ,hypotypose ( p 50 ) , métaphores , progression linéaire, thématique ou éclatée ( p 45 ), question oratoire ( rhétorique) syllogisme, ( p 45 )
Les qualités d’un discours éloquent : toujours selon Cicéron, un discours pour être persuasif a besoin d’instruire le public, de lui plaire et de l’émouvoir ; la rhétorique constitue le premier des 7 arts avant la grammaire, la dialectique, la géométrie, l’arithmétique, l’astronomie et la musique. Le professeur de rhétorique se nomme un rhéteur et l’enseignement débute à 14 ans . Le style des orateurs athéniens contraste avec le pathos et l’exagération des discours de leurs adversaires non originaires de l’Attique. L’atticisme est le fait de construire un discours clair, structuré et précis plutôt que de privilégier les grands effets oratoires , et l’émotion . A Moyen-Age et durant la Renaissance, les universités organisent des disputes sur des sujets imposés. Les étudiants y rivalisent d’éloquence et multiplient les effets de style. On reproche alors à la rhétorique d’être devenue une science artificielle et de manquer de simplicité. A l’âge classique, l’homme de cour doit maîtriser la rhétorique qui devient un moyen de briller par son esprit : on y révèle son érudition, sa culture antique notamment et sa science du langage; Les traités de rhétorique se multiplient et on continuer à étudier l’art oratoire à l’école. Peu à peu , le locuteur adopte une parole de plus en plus personnelle mais sa logique se fonde sur des catégories collectives comme le pathos ( art de susciter l’émotion ) , l‘éthos (art de séparer le bien du mal ) et le logos ( art de distinguer ce qui est raisonnable, vrai ou faux )
l’orateur peut puiser dans une série d’expressions comme ..
- pour gagner la confiance du public et créer une lien avec son auditoire : de vous à moi
- Pour gagner du temps et préparer sa réponse : c‘est une excellente question et je vous remercie de l’avoir posée, j’y répondrai tout à l’heure...
- Pour marquer son opposition et changer de sujet habilement ( l’esquive ) : je ne vais pas polémiquer sur ce sujet …
- pour qu’on le pense impartial.. en toute objectivité , il va de soi, vous avez tous pu constater
- pour ne pas avoir à développer un point gênant : je passerai sous silence ..je ne vais pas m’engager davantage, je n’irai pas plus loin, je ne développerai pas ce point .. si l’orateur aborde ce point , il s’agit alors d’une prétérition
- Lorsqu’un orateur est fuyant et évite certaines vérités, on dit qu’il pratique la langue de bois.
Lorsqu’il s’adresse à son public, l’orateur tend à privilégier la fonction conative du langage, celle qui met l’accent sur les auditeurs : par exemple, il va employer le nous au lieu du Je , ou le vous ; A chaque circonstance de la vie politique correspond un type de discours qui comporte des tropes ( figures de style imposées ) comme le discours d’investiture, de commémoration, de célébration, l’oraison funèbre, le réquisitoire, le plaidoyer, le sermon , le discours de remerciement , l’éloge , le discours d’apparat , de réception, la harangue ( discours qui vise à mobiliser un groupe ou une population à l’occasion d’une guerre ou d’une révolution ) , le serment.
Dans le cadre de l’épreuve de spécialité , en littérature , on peut vous poser une question d‘interprétation ou de réflexion ( au choix ) ; Voilà quelques exemples .
Rappel : la question d’interprétation prend la forme d’un commentaire de texte : elle se base sur le texte donné qu’elle analyse en le citant et en le commentant; elle doit révéler votre compréhension de ce dernier et peut être mise en relation avec d’autres textes ou auteurs du programme
La question de réflexion prend la forme d’un essai argumenté et se réfère à un point précis du programme autant au point du programme qu’au texte qui en est simplement l’illustration.
Interprétation : quelle est la stratégie argumentative de l’orateur dans ce discours ? le discours est-il éloquent ? qu’est-ce qui fait la force de ce discours? qu’est-ce qui l’emporte dans ce discours : la conviction ou la persuasion ?de quel type de discours politique s’agit -il et comment agit -il sur le lecteur ?
Réflexion : la parole permet -il à l’homme d’exercer une forme de pouvoir sur autrui ? la politique est -elle toujours un art éloquent ? un bon orateur est -il seulement celui qui parvient à me convaincre ?
Entrainons -nous à partir du discours de Robert Badinter ..