Le dernier sujet d’écriture comportait seulement deux consignes précises : le texte devait être poétique et le titre était imposé : Braves petits soldats: avec ou sans ironie. Les élèves devaient donc s’efforcer de rendre leur écriture poétique en privilégiant les sonorités, le rythme et les images . Les textes étudiés en lecture analytique dans la séquence du même nom balayaient un vaste horizon ; Le romancier Céline y dénonçait l’absurdité de la guerre et la manière dont elle abîme la Nature et les hommes; Victor Hugo y célébrait le courage de la garde napoléonienne qui se sacrifie pour l’Empereur et la Patrie. Laurent Gaudé menait une réflexion à plusieurs voix sur l’approche de la mort pour des poilus condamnés et Giraudoux, au théâtre , faisait prononcer au personnage d’Hector, dans un contexte menaçant, un discours d’hommage à la fois aux soldats morts au combat mais surtout un hymne à la vie . Tous ces textes évoquent le comportement de l’homme au coeur de la tempête. Entre peur et héroïsme, renoncement et bravoure , acceptation et combat : chaque soldat doit trouver sa place et sa ligne de conduite. Voilà quelques unes de leurs réalisations …comment évaluez-vous le respect des consignes et le degré de poésie de leurs écritures ?
Je te vois au loin avec ton armure de titane,
dans un nuage qui te protège de toutes balles,
Avec ton sourire et ta foi qui te condamnent,
Au milieu de toutes ces embuscades.
Sur le front tes amis s’éteignent à toutes balles,
Devant toi les ennemis qui s’acharnent,
Au loin des obus menacent ta vie,
Mais pour toi ton seul but est de sauver ta patrie.
La couleur que tu rêves de voir est le blanc,
Mais la seule que tu vois est rouge sang,
Tu attends cette lumière qui vous délivrera tous,
Toute noire, elle n’en est que plus douce.
Les carnages et les victoires sont tes grands amours,
Sans oublier ta foi pour les grands discours,
Elle t’a permis de tenir durant des jours,
Sans la peur de voir le néant pour toujours.
Au pied de ton destin, l’amour d’une mère,
Qui à tout fait pour le bonheur de son fils,
La mort te semble alors le dernier recours,
Qui te traverse l’esprit à chaque bruit sourd.
Tu te bats dans un champs funeste,
Ou les armes chahutent sans cesse,
Et les chacals finissent les restes,
Sans vraiment aucune politesse.
Couchés dans des herbes épaisse,
A l’abri de toutes espèces,
La fatigue rôde et tout le monde s’endort,
Brisés par les rêves affreux créés par la mort.
La rage est un goût qui leur donne la forme,
Pour éviter les larmes qui prennent forme,
Ce remède est pratiqué tous les jours,
Pour que la mort ne soit pas au goût du jour. Ryan
Brave petit soldat
Brave p’tit soldat de toutes nations en guerre,
Dont le doux regard brille d’une ardeur guerrière.
Pour aller combattre la patrie ennemie,
Tu marches vers l’ennemi sans être affaibli.
Brave petit soldat, la folie t’envahit,
Tu vois tes compagnons mourir de maladie.
Couvert de fleurs, vous les enterrez à l’abri
Pour garder foi en l’existence du paradis.
Tes jours sur ce champ de bataille sont comptés,
Le beau rêve fini, le cauchemar recommence.
Tu charges ton arme et commence à tirer,
Parfois sur des hommes d’une grande innocence.
Quand la balle meurtrière vient arrêter tes pas,
Tu comprends alors que tu meurs avec mérite,
Mais que ta mort est inutile pour un combat.
Brave petit soldats, rejoins-nous sous les fleurs. Gauvain
Entendez vous cette silencieuse marche ?
C’est l’ennemi qui, craintivement approche
Compagnons ! Chargez les canons !
Ils sont seuls, et sans peine nous vaincrons
Entendez vous cette pressante foulée ?
C’est l’ennemi qui, sûrement l’avant poste a franchi !
Mes amis ! Alignez vos fusils !
Nous sommes semblables, nous pouvons gagner !
Entendez vous cette foule qui hurle ?
C’est l’ennemi qui, nous assiège !
Mes frères ! Surveillez nos arrières !
Ils sont trop nombreux ! Il nous faut quitter ces terres !
Entendez vous ce puissant bruit fracassant ?
C’est l’ennemi qui nous bombarde !
Seigneur ! Me prenez vous maintenant ?
Je suis seul, sous leur tirs je succombe. Antoine
Seul ou en compagnie tu combats
Dans une confiance aveugle tu te bats
L’ennemi passe puis tu l’abats
Par devant ou avec un coup bas
La souffrance de l’homme enfouie
Sous les cris de vengeance
Est hachée par l’étourdissant bruit
De la mort qui doucement s’avance
Happant le front ligne après ligne
Dans ce trou où tu es acculé
Tu vois tes camarades exploser
Alors toi aussi tu t’alignes
Tu la sens cette terre humide
Qui aspire la vie de tous ces hommes
Elle est froide et avide
Gentiment elle t’assomme
C’est enfin fini mais tu te rappelles
De cette fille, ce soir-là, à Paris
Qui rien que pour toi, a souri dans ce lit
Et tu te dis qu’habillée de noir elle est bien belle. Thomas
Ce poème est à nos pères partis
Pour défendre nos terres au prix de leur vie .
Pour nos mères restées là, qui nous rassurent
Nous protégeant de cette vie de blessure.
Ce poème est pour ces enfants vagabondant
Dans nos rues, délaissés par leurs propres parents
Pour tous ces fils de la guerre, nos envahisseurs
Responsables de la douleur de nos cœurs.
A tous ces gens, je leur chanterai mon histoire.
Celle de nos vies à tout jamais assombries.
Privé de notre liberté, désormais soumis
Mon peuple vit dans ces ruines dépourvu d’espoir.
Ce fut à mon école, où tout a débuté.
Terrés sous nos tables, voyant les murs s’affaisser,
Les corps ensevelis, souvenirs de vie passée.
L’horreur nous fait grandir, inutile de lutter.
J’ai vieilli à en devenir père de mon frère,
Car ce jour là, ma famille me fut arrachée.
Garant de mon sang, il faut que mon nom prospère.
La guerre est là, elle s’est échappée des tranchées.
Menant avec elle ces barbares arrogants,
Armes au poing, tuant comme par passion,
Les nôtres qui autrefois portaient si fidèlement
Cette étoile jaune, signe de notre religion. Nicolas