La Science -fiction est un genre littéraire qu’on qualifie de mineur et qui nous raconte des histoires de futur, de demain et nous permet de voyager dans des mondes et des civilisations différentes des nôtres; Au programme de terminale HLP , la notion de dystopie est l’une des formes que peut prendre la Science- Fiction et en lisant des récits de SF, nous prépare-t-on au pire ? Ne s’agit -il pas de nous tendre un miroir déformant certes mais un miroir qui nous permet de nous observer en regardant l’Autre et d’entrevoir les dangers qui nous menacent : destruction de la planète et de nos ressources, robotisation de la société et déshumanisation du monde du travail, guerres incessantes et menace de destruction massive de l’espèce ne sont que quelques exemples des dangers qui nous cernent et pour beaucoup, se rapprochent dangereusement. Le programme de Première aborde lui la question des relations de l’homme et de l’animal, la question fortement teintée d’actualité, du spécisme et de la protection des espèces vivantes ; Nous allons donc aborder ces deux points à l’aide du roman de Vincent Message. Une bonne manière de vous familiariser avec cette fable philosophique, c’est peut être de découvrir l’entretien qu’a accordé le romancier au magasine littéraire Diacritik , à la sortie de son livre en 2016.
Entrons dans le vif du sujet et découvrons notre conteur et son histoire .
Le chapitre premier s’ouvre sur la panique du narrateur : Malo Claeys, un extra terrestre rentre chez lui, à l’aube , angoissé à l’idée qu’on va tuer sa “femme de compagnie”, Iris . Apparemment il ressemble à un homme mais son portrait physique demeure flou : on sait juste qu’il est doué d’une vision nocturne; Le monde et la ville autour de lui est composé d’immeubles : l’atmosphère semble pesante et polluée : il est question d’emblée de “la grisaille des particules fines ” et les feuilles des arbres sont noirs “de la poussière de mars, si dense si innombrable ” . Le bruit des voitures est accompagné de celui des “filtres à air ” La Ville regorge de violence ” son immense sauvagerie sous des dehors domestiqués , ses gens qui rôdent, cette masse de gens malades d’être si démunis et qui n’attendent qu’une occasion de s’emparer de ce qu’ont les autres ..” Malo habite ce même appartement depuis 20 ans et travaille dans un Ministère. Il se fait couler un bain chaud pour se détendre et pouvoir penser à ce qu’il doit faire. Iris a disparu et il songe d’abord à alerter les autorités mais se ravise ; On sait que parfois elle sortait rejoindre dse graffeurs en ville . Il reçoit alors un appel pour l’informer qu’Iris a été retrouvée, blessée au bord d’une route. Malo traverse la ville pour se rendre sur les lieux de l’accident où il est autorisé à transporter Iris à l’hôpital : il prend place dans l’ambulance. Des souvenirs lui reviennent : ceux de sa rencontre avec Iris ; Leurs promenades au printemps dans la campagne où les oiseaux ont disparu et où il ne reste que quelques chevaux solitaires. L’arrivée aux urgences, pleines à craquer rappelle à Malo que le gouvernement ne consacre que peu de moyens à la santé des humains :ils attendent seuls “ou accompagnés de leurs maîtres ” : c’était le chaos de la vie qui veut vivre mais si grouillante qu’on comprenait pourquoi les équilibres globaux exigeaient que des virus périodiques les déciment au hasard et recréent autour de chacun , par ce moyen toujours contestable qu’est la mort, un peu d’espace pour respirer ” p 22. Iris ne peut pas être opérée et risque même d’être euthanasiée ( piquée ) si elle n’a pas de papiers en règle comme la loi le préconise . en effet, l’euthanasie est devenu un moyen de lutter contre la surpopulation et le gouvernement élimine les humains malades ou handicapés; Cela fait justement partie des attributions de Malo au ministère : il doit réglementer la durée de vie légale de l’espèce humaine ” Jusqu’à quand une vie d’homme mérite-t-elle d’être vécue ? Qui peut savoir cela ? qui a le droit d’en décider ?
Malo doit trouver une solution pour sauver Iris qu’il a recueillie alors qu’elle était destinée à devenir de la viande de boucherie. Le début du chapitre 2 nous donne plus d’indices sur cette société du futur : les extra-terrestres ont colonisé la Terre progressivement ; Ils ont d’abord observé les humains en restant sur des rivages inhabités et en se lançant dans des explorations aquatiques . Ils ont fait route vers la Terre à bord d’un vaisseau et leur voyage a duré de longues années; Amis avec les animaux marins, ils se nourrissent de varechs et constatent que les animaux sont terrorisé en présence de l’espèce humaine. Ils observent les chalutiers racler le fond des océans et assistent à l’agonie de milliers de poissons et rejetés à demi-morts à la mer. C’est cette nourriture que vont d’ailleurs consommer les extra terrestres ; leurs études les conduisent à penser que l’espèce humaine est bien au sommet de l’échelle alimentaire mais massacre les autres espèces vivantes . Pourquoi cette indifférence à la souffrance des autres pensent-ils ? Les envahisseurs prennent alors leur première leçon d’humanité “les hommes selon eux n’ont tendance à faire de place dans leur esprit que pour les choses proches et visibles . “ils tuaient , chaque année , beaucoup plus d’animaux qu’il n’était mort d’hommes au cours de toutes les guerres depuis le début de leur histoire ” “Confrontés aux visages d’énigmes des animaux, ils avaient l’impression de ne pas pouvoir en être compris, la frustration réciproquement de ne pas saisir ce qui se passait en eux; ” ( p 38 ) Les extra- terrestres décident alors de s’installer durablement sur terre même s’ils craignent pour la pérennité des ressources naturelles ” nous savons que la croissance sans contrôle est ce qui provoque l’effondrement. une espèce qui veut durer doit être une septième économe . La première génération d’envahisseurs a alors du domestiquer les hommes afin d’utiliser leur force de travail . De nomades , les extra- terrestres sont devenus sédentaires.
Le chapitre 3 nous en apprend davantage sur le gouvernement alien : le contrôle des identités est strict car sinon les humains fuiraient leurs régions d’origine pour des climats plus cléments et les exodes de population seraient une source de déséquilibre ; le roman aborde ainsi, de manière indirecte, les questions liées au contrôle des flux migratoires . Malo a d’abord travaillé en tant qu’inspecteur dans le domaine agroalimentaire : désormais, il est chargé du projet de loi sur la fin de vie . Il a besoin d’un ami et se tourne vers un ancien collège : Hakim Dotzer; leur discussion leur fait parcourir la ville que nous découvrons : les insectes sont encore présents ; les automobiles roulent en sous-sol et on y meurt de maladies respiratoires liées à la pollution. Les scientifiques ne contrôlent qu’imparfaitement les nuages et les précipitations Des graffitis de révolte ornent les murs des bains publics et des ruines rappellent un peu partout les traces des guerres : l’ancienne cathédrale n’a pas été rebâtie , signe que les Hommes ne croient plus en Dieu mais il reste sur la colline de gravats, une statue d’ange qui est devenue le symbole de la résistance d’une minorité humaine jusqu’à ce qu’elle disparaisse mystérieusement. Hakim accepte de donner à Malo l’adresse d’un faussaire qui pourra procurer à Iris l’identité d’une humaine de compagnie . Des aliens jouent aux dominos : ils ont des mains mates et couvertes de micro-brûlures, boivent du thé, suent , ressentent la peur , ont un nez, un abdomen et des cartilages ; Bref ils ressemblent beaucoup physiquement aux hommes ; Le repaire dse faussaires est attaqué et Malo se réfugie dans une armoire qui abrite le serveur du système informatique. Il aperçoit un groupe de rôdeurs ; des congénères de son espèce, vêtus de gris, avec une moustache et des yeux rétrécis sous l’effet de leur vigilance. ces rôdeurs craignent que les hommes acquièrent de nouveaux droits et puissent devenir leurs égaux . leur violence est souterraine : maraudes, enlèvements.
Malo retrouve Iris à l’hôpital et elle lui apprend qu’elle est devenue une activiste et qu’elle a sans doute été renversée volontairement . Elle lui confie le nom de Léo Ostias, un autre humain résistant. Le narrateur retrace le passé colonial de son espèce : les massacres et la difficulté de transmettre l’Histoire . “est-ce qu’exercer le droit d’inventaire , ne pas accepter que l’héritage fasse bloc, cela s’appelle trahir ? par quel mystère au monde trahir ses ascendants doit il être jugé pire que de faire faux-bond au sentiment du juste qui charpente notre conscience ? Malo se questionne sur son rapport aux générations passées et ne cautionne pas les massacres qu ‘un certain point de vue histoire a enregistrés comme légitimes . La question est difficile car ils ont tué mais parfois sans malignité à cause de virus et de la faune bactérienne dévastateurs pour les autres espèces ; Le choc de la rencontre a été fatal pour les oiseaux : pesticides , déforestation avaient déjà largement contribué à les affaiblir. Avec les homme s, on ignore qui a lancé l’offensive mais ils ne se comprenaient pas , ne parlaient pas la même langue et leurs gestes comme hausser les épaules ou se tourner le dos , n’avaient pas la même signification. De l’incompréhension naissent les malentendus, les premiers corps qui tombent et la colère brute devient volonté de se venger : ” on ne pense pas, la tristesse pousse, la colère troue la peau , on rassemble ses armes, on lance des cris de ralliement, on consent à l’absurde mêlée générale. Les aliens ont été aidés par une pandémie qui a décimé les êtres vivants sur terre? jusqu’alors, ils avaient connu des épidémies mais pas suffisamment pour ralentir leur croissance. Un virus allogène est incriminé “alors que nous venions en paix, nous étions devenus ceux qui tuent , et eux ceux qui se savent condamnés à mourir . ” ( p 76 ) Au rythme où ils détruisaient la planète, Malo pense qu’ils s’étaient déjà condamnés eux-mêmes ; De son point de vue, ils les ont sauvés en créant un vaccin et en prenant le contrôle de la Terre. Ils peuvent ensuite se comparer : les aliens vivent plus longtemps, résistent mieux à la fatigue, ont une force physique supérieure mais sont dotés d’un souffle qui les anime, sont hiérarchisés en groupes, connaissent la famille et l’amour et craignent la mort ; en revanche, ils ne connaissent pas le sentiment d’identité ni la propriété ; être protéiforme et flexible leur a permis de survivre partout où ils ont vécu. Les aliens ont assimilé les sciences et techniques humaines et ont même reproduit certaines erreurs comme le fait de ne pas redonner aux hommes leur liberté . Ils ont poussé l’imitation très loin au point de reprendre , l’usage des noms et de les transmettre de père en fils comme une sorte d’hommage à la mémoire des hommes disparus. Malo note que les hommes ont l’habitude de baptiser toutes leurs découvertes comme s’ils mettaient leur marque sur le monde et étendaient ainsi, symboliquement, leur domination. Nommer les choses est ainsi assimilée à une technique de combat. Le terme extra terrestre paraît d’ailleurs peu approprié pour désigner la génération d’aliens nés sur terre; Parfois les humains les traitent de démons afin d’exorciser leur peur et invoquent les anges pour se protéger .
Le chapitre 5 s’ouvre sur la rencontre avec Léo Ostias : le narrateur raconte le travail en usines, les filets tendus dans les dortoirs des ouvriers pour empêcher les suicides qui feraient baisser la productivité des unités de travail. Les ingénieurs eux, ont conservé des privilèges: ils ont leur propre logement et peuvent choisir une compagne; Ainsi, en divisant les hommes, leurs envahisseurs pensent étouffer dans l’oeuf toute forme de révolte ; cependant , une résistance s’organise et hésite à passer à la lutte armée de peur d’être considérée comme une organisation terroriste . Leo refuse de serrer la main que lui tend Malo mais lui donne le bracelet d’identité qui devrait permettre à Iris d’être opérée.
Le chapitre suivant décrit l’horreur de l’élevage . Jeune ingénieur biologiste, par peur du chômage, Malo décide de se faire embaucher dans l’industrie agro-alimentaire; Les maîtres ont alors séparé les humains en 3 catégories: ceux qu’ils font travailler, ceux qu’ils mangent et ceux qui leur tiennent compagnie . Jamais ils ne mangent par exemple leurs hommes de compagnie car ils reconnaitraient ainsi qu’ils sont eux-mêmes comestibles et que tout être vivant pourrait finir découpé sur une assiette ( p 103) Malo décrit alors les usages des humains en les comparant à leurs coutumes; Les hommes , dit -il, aiment distinguer ce qu’il est permis de manger et ce qui ne l’est pas et ces interdits varient selon la religion, l’éducation. Les aliens les ont imités et ont créé artificiellement trois espèces d’humains qu’ils empêchent de se reproduire ; changer de catégorie est devenu interdit et puni par la loi ; or, Iris était au départ dans la catégorie “humains comestibles ” et Malo en a fait son humaine de compagnie. Depuis , il mange de moins en moins de viande et s’est fixé des limites . La chaîne d’élevage obéit à des principes : séparation des petits de leur mère vers 4 à 5 semaines; Ils sont ensuite élevés dans des couveuses pour accélérer leur croissance. La plupart ; sauf ceux qui sont directement abattus , sont transportés vers des fermes d’élevage où ils attendent d’être tués. Ils grandissent dans des cellules rudimentaires et sont nourris avec des aliments peu chers qui les engraissent rapidement et auxquels on mêle des sédatifs et des antibiotiques. Pour éviter les conflits et les tentatives de révolte, on leur coupe parfois les mains et on castre les petits garçons réputés moins dociles . Malo décrit ensuite l’arrivée des hommes dans les abattoirs et les cris qu’ils poussent avant d’être égorgés, ébouillantés et découpés. Le narrateur précise ensuite que l’élevage coûte très cher et ne se justifie pas sur le plan nutritionnel car nos pourrions nous nourrir de céréales cultivées pour justement nourrir notre bétail. Il en déduit alors que ” manger les hommes était la plus éclatante des manières d’asseoir notre domination . ” Les aliens ont ainsi réintégré les hommes de force dans ce règne animal dont ils cherchaient à sortir : de bourreaux des animaux qu’ils élevaient pour les manger, ils sont devenus victimes de l’espèce dominante. Malo vivait plutôt bien cette situation , persuadé que les humains à viande étaient des êtres inférieurs ..jusqu’au jour où il rencontra Iris onze ans plus tôt.
Malo recueille la jeune fille de 5 ans qui s’est enfuie de sa ferme d’élevage durant son inspection et la ramène chez lui. Sa femme Saskia brûle sa marque d’élevage au laser afin qu’on ne puisse pas retrouver sa provenance et Iris se met à apprendre la langue.
Retour au présent du récit pour ce chapitre 8 : Malo après avoir passé une nuit réparatrice dans l’eau de sa baignoire , se prépare à une journée difficile . D’abord la loi sur la fin de vie des hommes dont le terme est fixé à 60 ans et que Malo souhaite repousser à 70 ans pour les ouvriers et les hommes de compagnie afin de faciliter la transmission de leurs expériences aux générations montantes; Ils auraient ainsi 5 années de retraite financées par les 5 années de travail supplémentaires qu’ils fourniraient; beaucoup d’hommes vivent , en effet, leur assujettissement comme une peine ; Quant aux abattoirs, Malo souhaite les faire réformer car ils sont le coeur noir et sanglant de notre société , affirme le rapporteur aux membres de l’Assemblée. ( 158 ) Son but d’une manière plus générale, est d’atténuer toute forme de souffrance que nous infligeons à d’autres êtres vivants; Martah Vacquet prend la parole à son tour et défend l’idée que la mort de centaines de millions d’humains à 60 ans permet de libérer des emplois, des logements qui vont fournir aux individus jeunes une vie meilleure . D’autre part, prolonger la vie au delà d’un certain âge va permettre à d’anciennes maladies comme les cancers et les problèmes cardiaques de réapparaître . Ils vont donc souffrir davantage et nous n’aurons pas les moyens de réduire leurs souffrances car le système de santé ne le permettra pas . De plus les aliens conduisent une politique de limitation des naissances . ” Pourquoi les hommes auraient-ils dû être les seuls à avoir moins de devoirs que de droits, et à ne pas se limiter ? Ce monde était construit de telle sorte que la mort devait agir chaque jour, prendre toute sa part , pour que ceux qui restaient puissent vivre et le vivant se régénérer. ” Elle poursuit en proposant comme choix raisonnable afin de réduire leur empreinte écologique d’éradiquer l’espèce humaine toute entière ; elle rappelle que les hommes du temps de leur domination ont été incapables de faire des choix judicieux “Pourquoi, conclut-elle, mettrions-nous, à notre propre détriment, un point d’honneur à nous montrer moraux avec cette espèce immorale ? ” ( p 167 ) Hakim prend alors la parole et contredit certains arguments du camp adverse. ” Ce n’est pas , dit il parce que quelqu’un est inférieur qu’il devient soudain légitime de le maltraiter et de l’asservir . ” La préservation de la vie des hommes doit primer sur certains plaisirs de l’ espèce dominante . C’est cette manière d’exercer notre tutelle sur les autres espèces qui marque notre engagement ‘ elle nous rend respectable ou nous disqualifie . Le vote donne raison aux partisans de la dureté avec les hommes et Malo apprend au même moment que l’opération d’iris s’est mal passée : elle va recevoir une injection létale car elle rejette le greffon .
Rentré chez lui, Malo est assailli par les souvenirs . Il repense longuement à la jalousie de Saskia qui découvre qu’il apprécie de plus en plus la compagnie d’iris : les progrès d’iris et la naissance de son art; Elle utilise le langage du dessin pour traduire ses pensées .On découvre alors que cette nouvelle espèce qui a colonisé la terre, lit dans les pensées de ses congénères et ne sait pas faire de musique ni dessiner . Ils sont beaucoup moins sensibles à l’émotion. Au fil du temps, Iris devient membre d’un réseau de résistance et elle dessine sur les murs des grands yeux affolés , mais également regards qui ne cillent pas et qui rappellent aux aliens ce que vit l’espèce qu’ils asservissent. “sa peinture devenait partie prenante d’un combat dont le champ de l’Art n’était qu’un des théâtres d’opération. ( 195 ) Malo s’en veut de ne pas avoir réussi à la protéger mais l’enfermer afin qu’elle ne sorte pas lui avait semblé trop cruel .
Le chapitre 10 débute à l’aube : Malo est résolu à se battre pour sauver Iris mais le médecin fait état de la loi L 124 qui justifie l’euthanasie des hommes quand ils deviennent infirmes . Il organise alors l’enlèvement d’Iris à l’aide de résistants humains et se prépare à la conduire dans un refuge distant de 1000 km dont son fils Yanis lui a indiqué l’existence “ un endroit où on considérait que les hommes et les autres animaux avaient un certain nombre de droits, et notamment aussi étrange que cela paraisse, celui de mener leur vie librement.” En chemin, ils font halte sur une aire d’autoroute et sont abordés par trois aliens qui les suivaient et se font passer pour des policiers afin de se livrer à un simulacre de contrôle d’identité. En réalité , ils souhaitent manger Iris et proposent à Malo de partager sa viande . Ils ligotent ce dernier et emportent Iris. Alors qu’il est délivré par un couple de passants, Malo aperçoit un oiseau dans le ciel et y voit le symbole de la mort d’iris; Il trouve refuge dans la campagne et replonge dans se souvenirs ; Il finit par inscrire le mot défaite et signer . ” Maintenant que je n’ai plus de plaisir à dominer, que j’en éprouve même une forme de honte, je me rends compte que j’ai trop longtemps laissé cette passion là me tenir. On pourrait dire : qui veut être le maître se perd; qui veut par -dessus tout compter au nombre des possesseurs ne se maintiendra qu’en dépossédant tous les jours tous les autres . ( 233 ) Il s’adresse alors à son fils afin qu’il comprenne leurs erreurs et élève, à son tour, ses enfants dans le respect de tous les êtres vivants . Il espère qu’ils sauront forger une autre sensibilité et construire une nouvelle forme de communauté . On espère toujours que les suivants feront mieux mais c’est une manière de se dire qu’on a déjà perdu . Il faut , finit par es dire Malo, ne pas capituler et continuer le combat .Ne pas demeurer spectateur attentiste mais devenir une voix qui s’élève et qui proteste. Est-ce que nous serons assez forts , pense Malo pour que notre sens de l’avenir finisse par l’emporter sur le présent qui nous accapare ? La vie fera valoir ses lois, affirme-t-il, et comme à son habitude, sans prononcer un mot, une sélection muette et naturelle qui nous supprimera tous, pour que subsistent à notre place des espèces moins grandiloquentes, plus fines, plus économes; ” ( p238)
Ce roman aborde de manière intelligente de nombreuses questions philosophiques sur lesquelles nous reviendrons plus en détails . Son titre est tiré d’un ouvrage de René Descartes paru en 1637 intitulé le Discours de la méthode; le philosophe français pense que les progrès des sciences doivent servir au Bien commun et qu’ils nous permettront de ” nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature “
Le roman a été adapté au théâtre en 2016 : voilà le dossier pédagogique de l’adaptation :
https://www.theatre-contemporain.net/images/upload/pdf/f-93c-58ac1fde5d768.pdf
Pour compléter notre lecture, prenez connaissance de cet article : qu’en pensez-vous ? https://comptoir.org/2016/02/29/il-y-aura-des-hommes-dans-les-abattoirs-de-demain-2/