Le dix-septième siècle voit le plus souvent l’amour sous un jour dangereux ; Les trois oeuvres au programme de première cette année: La Princesse de Clèves roman de Madame de La Fayette, Phèdre, tragédie de Jean Racine et Les Fables de La Fontaine délivrent le même avertissement aux lecteurs : il faut savoir raison garder et se méfier de ce que nous dicte notre coeur sous l’emprise des sentiments car l’homme est une faible créature .On qualifie souvent le dix-septième siècle de siècle des moralistes classiques. Essayons d’en savoir plus sur cette époque et les idées dont s’inspirent les écrivains .
Examinons d’un peu plus près le contexte : au dix-septième siècle, période qualifiée de classique dans l’histoire littéraire, les échanges d’idées se multiplient et certaines oeuvres deviennent des témoignages des pensées de leurs auteurs. La morale classique possède une double origine : chrétienne et philosophique . Les vices sont condamnés par la religion mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle un vice . L’amour , par exemple, va être un sujet de débat important. L’opposition qui remonte à l’Antiquité entre les épicuriens et les stoïciens est reprise, sous des angles variés.
En résumé, les partisans de l’épicurisme vont donner naissance au courant libertin qui sera farouchement combattu par les religieux car il va à l’encontre des vérités enseignées par l’Eglise. Les libertins ne sont pas tous athées mais ils entrent en opposition avec les dogmes de la religion . Concentrés dans les cercles mondains, ils comptent dans leurs rangs des auteurs comme La Fontaine, Boileau et Molière. Les libertins accordent une place importante au libre-arbitre des hommes (capacité de se former un jugement soi-même ) , à la liberté des idées et à un certain goût pour les plaisirs de l’esprit et de la chair . En face d’eux, certains intellectuels comme Pascal ou Bossuet se méfient davantage des hommes et s’en remettent à Dieu et aux principes hérités de la religion chrétienne: ils condamnent la folie des passions, défendent un idéal de vie plutôt austère comme leurs modèles antiques les stoïciens ; Ils prennent appui, à la fois sur les idées philosophiques des stoïciens de l’Antiquité et du courant religieux janséniste qui se développe à la Cour et que Racine soutiendra longtemps. Cependant, à la différence des grecs qui ne pensaient pas l’homme corrompu par le péché originel et donc condamné à se racheter, les jansénistes pensent que le bonheur ne peut être atteint que grâce à Dieu et que l’homme n’est jamais libre de ses choix.
Cependant, des divergences sont également perceptibles à l’intérieur même des groupes qui partagent des idées proches. Les religieux , divisés entre jésuites et jansénistes, ne sont pas d’accord sur la notion de salut et les écrivains vont s’inspirer de certaines conceptions du jansénisme , notamment dans l’analyse des passions qui , à leurs yeux, révèlent la faiblesse de la volonté humaine . Madame de La Fayette développe ce thème dans son roman et elle montre également les illusions du libre-arbitre. D’autres divergences apparaissent sur le plan esthétique avec les choix des formes littéraires et des sujets. La Fontaine adapte une forme héritée de l’Antiquité: la fable et Racine s’inspire fortement des tragédies grecques alors que Madame de La Fayette choisi le roman pour sa modernité et place son intrigue à une époque proche de la sienne . L’Histoire littéraire va nommer ces oppositions : la querelle des Anciens (partisans d’une imitation de l’Antiquité ) et des Modernes .
Pour conclure : les oeuvres littéraires témoignent de la diversité des idées de cette époque. Les auteurs tels que La Fontaine, Madame de Lafayette et Racine ont eu de nombreuses sources d’inspiration communes . Approfondissez ce cours en complétant la fiche : étudier un mouvement littéraire .