On n’est pas sérieux quand on a 17 ans . et pourtant …. le récit commence un dimanche de décembre par une scène familiale et une plongée dans le passé du narrateur qui se définit comme “ Eternel gamin inquiet d’être oublié à la sortie de l’école ” A la fin du repas , la mère, âgée de 75 ans, avoue un secret à ses trois fils réunis : elle a abandonné une petite fille à la naissance ; Retour sur le parcours douloureux de cette fille-mère comme on disait à l’époque; Amoureuse d’un jeune étudiant juif , elle doit d’abord partir seule à Nice chez une cousine, dans un village isolé, afin de mettre au monde son premier fils . Lorsqu’elle est à nouveau enceinte, sa famille la force à abandonner l’enfant, une petite fille cette fois, à la naissance et elle se souvient du regard de sa mère ” un bloc de glace n’aurait pas été plus froid ni un couteau plus coupant ” p 22 . Bouleversé par cette révélation,le narrateur décide alors de partir à Nice sur les traces de cette jeune adolescente venue le mettre au monde ; Plus »
Emmanuelle Bayamack-Tam signe ici un roman dérangeant par bien des aspects. Dérangeant d’abord parce qu’il nous plonge dans l’univers des sectes et que le gourou du roman exerce sur ses fidèles une emprise considérable . Dérangeant également car la sexualité et notamment l’homosexualité , y est omniprésente et peinte sans aucun fard sous les couleurs les plus crues . Dérangeant aussi parce que l’héroïne est âgée de 14 ans au point de départ du récit possède un regard naïf et désarmant ; A la différence du Candide imaginé par Voltaire, cette jeune femme es montre elle aussi Candide mais en même temps hyper lucide sur les véritables motivations des êtres qui l’entourent. Dérangeant également car la trame du récit mêle des analyses philosophiques sur le vivre ensemble, les maux de la société de consommation, les dérives du capitalisme , et des analyses sociologiques sur la marginalité, l’acceptation des migrants . La vie dans cette Arcadie est loin d’être paradisiaque et on y trouve pourtant le bonheur sous certaines formes; Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains car il comporte des scènes qui peuvent choquer. Plus »
Pour un écrivain, inventer la vie de personnages imaginaires est souvent une occupation plaisante : ils sont alors libres de se laisser aller et d’imaginer chacun des événements qui compose la biographie des héros; Il n’en va pas de même lorsqu’ un auteur décide de raconter la vie d’un personnage réel. Il doit alors composer entre une nécessaire part d’invention , dans la reconstitution, par exemple, des pensées du personnage, et les données réalistes consignées par les biographies officielles. Plus le personnage est célèbre et moins la marge de liberté paraît possible. Catherine Cusset , en donnant comme titre à son roman : Vie de David Hockney, renseigne le lecteur sur le sujet principal du livre ; Il s’agit, dans ce roman , de reconstituer l’existence et la carrière artistique d’un peintre anglais; si vous voulez tout savoir sur le “vrai” David Hockney et comprendre à partir de quel modèle l’écrivaine a imaginé son personnage,vous pouvez aisément consulter l’adresse suivante : https://www.hockney.com/home
Mais quel est donc l’intérêt d’imaginer une histoire à partir de faits vrais : ” tous les faits sont vrais; J’ai inventé les sentiments, les pensées, les dialogues. Il s’agit plus d’intuition et de déduction que d’invention à proprement parler : j’ai cherché la cohérence et lié les morceaux du puzzle à partir des données que j’ai trouvées dans les nombreux essais, biographies, entretiens, catalogues, articles publiés sur et par David Hockney. je livre un portrait qui est ma vision de sa vie et de sa personne... ” : voilà comment l’écrivaine définit son projet romanesque : livrer sa vision de la vie d’un artiste . Elle complète ses propos en précisant ” j‘ai eu envie de transformer une matière documentaire qui laissait le lecteur à l’extérieur en un récit qui éclairerait son trajet de l’intérieur en s’en tenant aux questions essentielles , celles qui nouent l’amour, la création, la vie et la mort. “ Plus »