Lorsque Marguerite Duras fait paraitre son texte La Douleur, elle explique qu’il s’agit d’un journal qu’elle a retrouvé dans une armoire et qu’elle ne se souvient pas dans quelles circonstances elle l’a écrit. Pour qualifier son écriture, elle évoque “une chose que je ne sais pas encore nommer et qui m’épouvante quand je la relis“. Elle ajoute , pour conclure sa préface ” la douleur est une des choses les plus importantes de ma vie . Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n’ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m’a fait honte .” C’est donc sous un angle très particulier qu’il faut considérer ici l’écriture de Duras et elle ne souhaite pas qu’on pense qu’il s’agit de littérature car cela pourrait dénaturer cette transcription , par les mots, de la brutalité de l’expérience vécue durant la seconde guerre mondiale ; On retrouve l’une des questions centrales : comment les mots peuvent- ils être les témoins de l’Horreur , de ce désordre de la pensée qui s’empare des êtres atteints par une violence telle qu’elle pourrait les détruire ; quelle place reste-t-il alors pour la sensibilité ? Plus »