Ce roman est basė sur une histoire vraie qui paraît extraordinaire et qui vous fera réfléchir à ce qui fonde notre identité d ‘homme.
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman de Français Garde raconte l’histoire de Narcisse Pelletier, un jeune matelot français de 17 ans, abandonné par l’équipage de son navire sur une plage d’Australie. ” Alors seulement il prit conscience de sa situation et eut peur: abandonné sur une côte sans ressources, environné peut-être de bêtes fauves ou de sauvages anthropophages qui n’attendent que la nuit pour le dévorer. Il n’avait rien à voir ni à manger, rien pour faire du feu.” p 16 .
Sur le point de mourir , il est recueilli par une tribu aborigène qui le soigne et dont il s’efforce , peu à peu, de comprendre les moeurs; “Qu savait-il des Sauvages du Pacifique ? les récits que l’on partageait dans l’entrepont étaient imprécis, contradictoires, parfois incroyables.” (p 63) ” des tribus barbares à la peau noire comme l’enfer, toujours en guerre, défendant pied à pied avec des case-têtes et des sagaies leurs laiderons, leur poulets et leurs légumes.” (p 63) Narcisse va devoir lutter contre ses préjugés et notamment sa hantise du cannibalisme : “la terreur de servir de repas dans une grande fête de sauvages l’envahit.”
Au fil des mois,Narcisse s’intègre à sa nouvelle famille tout en espérant qu’un bateau viendra le rechercher. Il se lie d’abord d’amitié avec un enfant prénommé Waiakh qui lui sert de guide pour apprendre la langue aborigène et qui l’initie aux coutumes australiennes.Vingt ans plus tard, Narcisse est recueilli par des marins australiens et revient en France; Il doit alors réapprendre à être “blanc” et le parcours de cette réadaptation sera douloureux. ” Au fond de ses yeux , j’avais lu une peur absolue, la terreur d’un animal traqué.“(p 52), dira le jeune explorateur français qui prend la décision de le ramener avec lui à Bordeaux.
L’originalité de ce récit repos sur l’alternance des chapitres qui racontent la vie de Narcisse en Australie, rebaptisé Amglo par les membres de la tribu, et ceux qui, sous forme de lettres écrites par Octave de Vallombrun, le protecteur de Narcisse, témoignent de l’incompréhension des Occidentaux, déconcertés par ce Sauvage Blanc qui refuse de parler leur langue .Les lettres évoquent, de manière chronologique, son retour en France ainsi que son installation sur l’île de ré, comme gardien du Phare des baleines;Les iliens le prennent pour un fou parce qu’il pêche au harpon et qu’il passe se journées à observer l’horizon. “Là où les autres voyaient un phénomène de foire ou une source de différend, je commençais à le considérer comme un sujet de pitié.”(p 42) Les scientifiques de la société de géographie, ancêtres des ethnologues, aimeraient que Narcisse leur raconte comment il vivait chez les aborigènes mais ce dernier s’y refuse : “Il avait paru souffrir dès que je l’avais interrogé sur ces deux moments où il avait été contre son gré projeté d’un monde vers l’autre – et plus mes questions se rapprochaient de ce basculement ,plus il semblait éprouvé, déchiré anéanti. Sa mémoire, son corps tout entier refusaient ardemment de se souvenir.” (p 349), précise le narrateur qui a recueilli Narcisse et cherche à comprendre ce qu’il a vécu. Narcisse s’enfuit , Octave meurt en laissant des notes qui attestent qu’il a compris l’âme de Narcisse et le combat intérieur du Sauvage blanc.
Ce qui a commencé sur une plage déserte d’Australie oblige à penser autrement l’Homme (p 335) ; le risque majeur pour le personnage est celui de “Mourir de ne pas pouvoir être en même temps blanc et sauvage.” (p 350) . Un très beau récit qui ne vous laissera pas indifférent et où les Sauvages ne sont pas ceux que l’on pourrait croire.