La compagnie du Furieux-Jeu-Dit est venue ressusciter Voltaire pour notre plus grand plaisir. Sébastien Faure qui joue le rôle du fanatique pénitent blanc de Marseille a imaginé un Voltaire , au saut du lit, interprété avec conviction par Jacqot Martin, un Voltaire donc.. confronté au fanatisme sous la forme d’un religieux prêt à l’assassiner s’il ne lui révèle pas le nom de la bombe qu’il fabrique en lieu sûr.
Et quelle bombe ! parce qu’il faut bien l’avouer, chaque livre de Monsieur François Marie Arouet fit bien l’effet d’une petite bombe , et pas seulement dans le monde des hommes de lettres, ces hommes qui tentaient de vivre de leur plume . Le patriarche de Ferney lui, n’ a pas eu besoin d’écrire pour vivre car sa fortune considérable le mit à l’abri des oeuvres de complaisance , ces louanges écrites au Prince dans l’espoir d’une pension qui permettrait de payer le bois de chauffage et la marmite qu’on posait dans le feu; Et c’est peut être la force de cette pièce : nous montrer l’homme qui se cache sous l’étoffe et l’apparat du lettré et du savant; Voltaire nous touche dans sa robe de nuit, avec son besoin pressant d’uriner dans son pot de chambre et ses grands airs qui ne trompent personne , face à la menace terroriste. Car il n’en mène pas large au final confronté au Mal qui a revêtu l’habit du religieux dogmatique et furieux.voltaire54
Lorsqu’il met en joue l’auteur du Traité sur la Tolérance, ce dernier adresse une très belle prière au hommes qui n’est pas sans rappeler l’attitude d’un certain Don Juan , autre bête du scène, à défaut d’être une bête à bon dieu. Les lycéens ont certes eu raison (merci Gabriel) de demander ce que Voltaire avait finalement proposé en lieu et place de ce qu’il refusait et la liste serait longue de tous les combats qu’il a menés au nom des Lumières et qui se poursuivent aujourd’hui ; le face à face entre les deux hommes nous a permis de réentendre ces meilleurs dialogues philosophiques . Son déisme peut irriter les athées et agacer les croyants pratiquants mais en matière de religion, il a toujours enseigné la tolérance et les querelles de bénitiers l’ont profondément exaspéré . Le mot de la fin au sens propre comme au figuré , a été repris en choeur.” la tolérance n’est que le premier pas vers la reconnaissance de l’autre; d’autres pas sont nécessaires qui aboutissent à l’amour des différences” Répétez après moi ..ce n’est pas Monsieur Jacquard qui nous contredira. Plus de deux siècles après la mort de Voltaire, le combat contre l’infâme continue : il n’en finit pas de ressurgir sous des formes qui nous surprennent encore alors jeunes gens, n’oubliez pas Charlie. A vos plumes..
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