Qu’y a-t-il de commun entre Danton, Victor Hugo et Churchill ? Rien a priori et pourtant ces trois portraits révèlent trois grands fauves. Hugo Boris, jeune écrivain quadragénaire , signe ici son quatrième roman en 2013.
Il choisit de présenter trois facettes de la vie de ces trois grands hommes, facettes pour le moins inattendues. De Danton, il trace un portrait attachant en peignant les drames de l’enfance du jeune Danton, défiguré par la charge d’un taureau, atteint gravement par la vérole qui lui laisse des cicatrices sur le visage; Rien pourtant ne semble pouvoir l’atteindre et il rejoint Paris a l’âge de 21 ans avec un visage palimpseste ; Remarqué par son tale,t d’orateur,il devient avocat au parlement en 1786. En dépit de sa laideur, il attire les filles et devient un homme célèbre : “le tocsin qu’on va sonner n’ est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de “l’audace,encore de l’audace, et la France est sauvée.” Avril 1794, assis dans sa cellule de la Conciergerie, Danton attend l’issue de son procès . Comment réagira-t- il à l’annonce du verdict ? Autre grand homme et autre parcelle de sa vie; Nous sommes en 1802 : Sophie Hugo met au monde un bébé , son troisième fils, un bébé tout petit et qui semble si fragile. Les années passent et le bébé a grandi; En 1843: Hugo est célèbre lui aussi et voyage avec Juliette Drouet lorsque de retour à Paris place Royale, il apprend la mort de Leopoldine sa fille aînée. Cette blessure le poursuivra . Exilé à Jersey, il devra encore survivre à la folie d’Adèle sa seconde fille et au décès de son autre fils Francois Victor qui a suivi celle de Charles. Il a donc survécu à tous ses enfants comme si sa force les avait anéanti, comme un ogre qui dévorerait ses petits.
Le dernier fauve, c’est le jeune Churchill qui grandit seul, en 1883, dans le château familial de Lord Randolph Marlborough, sans amour et sans attention.Son père est le leader conservateur de la Chambre des Communes et il ne croit pas en son fils. Winston échouera deux fois au concours d’entrée d’ une école de cavalerie ,celle de Sandhurst ,avant de partir guerroyer en Afrique où il s’illustre par son courage. Le jeune homme semble ignorer la peur et tous les hommes se mettent à lui obéir, effrayés par son courage. Il va très vite découvrir que la guère le fascine. Élu député à 26 ans, il marche alors dans les traces de son père . Durant la première guerre, au front, il lance à ses officiers : ” La guerre est un jeu qu’il faut jouer avec le sourire. Si vous êtes incapables de sourire,grimacez. Si vous êtes incapable de grimacer,tenez- vous à l’écart jusqu’à ce que vous en soyez capables.” (p144) Son black dog, c’est ainsi qu’ il appelle l’ombre qui descend sur lui, une ombre dangereuse qui le pousse à boire et à noyer ses humeurs sombres. Un jour de 1945, un sommelier débouchera pour lui et pour fêter la victoire,un flacon inestimable Après avoir lu ces trois portraits, vous comprendrez mieux ce que ces trois fauves ont finalement en commun.