Charles Juliet est un écrivain à part dans le paysage littéraire : fortement attiré dès son plus jeune âge par l’écriture, en grande partie autodidacte, il écrit l’histoire de sa vie et donne voix à sa mère biologique ainsi qu’à sa mère adoptive, en leur rendant hommage. Ecriture du souvenir, de la mémoire, mais également écriture thérapeutique, qui tente du soigner les blessures et de refermer les plaies de l’existence, Lambeaux se donne à nous comme un témoignage sincère mais fictif .
Le titre désigne les petits morceaux de la vie que l’autre tente du recoller les uns aux autres , souvenirs auxquels l’écriture s’efforce douloureusement de donner une forme; L’écrivain se heurte à l’impossible envie de tout dire, tout expliquer, tout exhumer de ce passé terrible qui fut avant tout celui de l’abandon. L’écriture met en forme l’informe : elle donne forme au tissu épars des souvenirs de vie. A la fois récit autobiographique et biographie de la mère décédée dont il recrée l’existence avant même sa naissance, le livre surprend par son tutoiement qui implique fortement l’adhésion du lecteur et fait de lui le témoin muet des souffrances passées.
Les souvenirs se succèdent et se ressemblent , à la fois pour la mère et le fils : solitude, sensation d’être incompris, isolé du reste du monde, différent. La dure vie des paysans ne semble guère convenir à ces deux êtres sensibles et fragiles. Le jeune garçon se construit et apprend à surmonter ses peurs : peur de l’abandon, peur du noir, peur de déplaire, d’être rejeté comme avec son père biologique qu’il surnomme “le père de la montagne” , peur de ne pas avoir de valeur à tel point qu’âgé d’ une quinzaine d’années, le narrateur n’ hésite pas à adopter des conduites à risque et notamment à jouer sa vie à pile ou face; très fortement marqué par des événements survenus durant sa petite enfance ou même avant cette dernière, l’auteur utilise l’écriture pour tenter de sortir du brouillard et de faire fuir les ombres qui l’entourent. Il reprend, dans l’épilogue du récit, le modèle qu’a employé Virgile, un auteur latin, pour décrire la sortie des Enfers de son héros Enée.
Récit touchant et auquel on ne reste pas indifférent, lambeaux nous entraîne dans un voyage au coeur de ce qui constitue notre existence individuelle.
Quelques rappels de méthode : pour écrire l’introduction du commentaire composé sur l’épisode de l’accident de vélo, on pouvait procéder de la manière suivante .
On commence par décrire le cadre de publication, l’époque et / ou le mouvement littéraire; ensuite on évoque l’auteur, l’ oeuvre, l’extrait et son thème, sa place au sein du roman; on choisit une problématique qu’on rédige sous forme de question et on termine par annoncer un plan dont chacune des parties répond , à sa manière à la question posée.
Voilà un modèle d’introduction possible pour un commentaire composé qui porterait sur cette partie du roman: l’accident de vélo.
Roman en partie autobiographique composé en 1995 par Charles Juliet , Lambeaux retrace deux vies et rend hommage aux deux mères du narrateur : sa mère adoptive décédée lorsqu’il avait 7 ans et sa mère adoptive qui lui a donné beaucoup d’amour. Alors qu’ il vient de se voir éconduire par son père qu’il ne voit que rarement , le héros décide de ne pas freiner dans une descente à vélo: il pense ainsi voir s’il mérite de vivre. Dans quelle mesure cet épisode déterminant témoigne-t-il d’une souffrance profonde ? Dans un premier temps, nous évoquerons le récit de l’accident avant de montrer que le narrateur éprouve des sentiments ambivalents et nous terminerons en soulignant la souffrance du personnage.