Exemple d’introduction : Le premier roman de Victor Hugo écrit à l’âge de 27 ans témoigne de son engagement contre la peine de mort : il imagine un personnage de condamné à mort qui a pour fonction de sensibiliser les lecteurs sur la souffrance morale des prisonniers dès lors qu’il savent qu’ils vont être exécutés. Au chapitre 5, le romancier justifie l’écriture même du prisonnier . Ce dernier ,en effet , se demande à quoi bon écrire . Tout d’abord, nous verrons que l’écriture lui permet de lutter contre l’ennui. Ensuite, nous montrerons que le journal du condamné a pour but de lutter our l’abolition de la peine capitale. Nous démontrerons enfin qu’écrire lui permet de mieux se comprendre.
Le prisonnier se trouve “pris entre quatre murailles de pierre nue”: il n’a que très peu d’espace et ses déplacements sont limités ; sa seule distraction consiste comme il le précise l 280, à suivre la progression des ombres au fur et à mesure que le jour s’écoule; Pour lutter conter ce désoeuvrement, l’écriture apparaît comme un dérivatif; mais il doute de pouvoir trouver quelque chose qui vaille la peine d’être écrit (287). Il a alors l’idée de noter les mouvements qui se font en lui : cette tempête, cette lutte, cette tragédie ( 290) . Vue sous cet angle, la matière lui parait riche : il a trouvé un sujet d’inspiration et peindre ses états d’âme le “distraira ” et lui permettra d’ailleurs “d’en moins souffrir” . L’écriture va ainsi lui permettre d’oublier que tout autour de lui est “monotone et décoloré” ( 289 ) ; Se consacrer à son monde intérieur semble alléger quelque peu ses souffrances et lui donne ainsi “de quoi user cette plume et tarir cet encrier “
De plus, le condamné envisage que cette autopsie intellectuelle qu’il s’apprête à pratiquer “ne sera peut être pas inutile” : en effet, il pense que le journal de ses souffrances et l’histoire de ses sensations portera avec elle “un grand et profond enseignement ” ( l 307) Ainsi , en prenant connaissance de sa souffrance morale et des tortures liées à son arrêt de mort , ceux qui condamnent auront peut être la main moins légère (ligne 312 ) . Ils pourront se rendre compte qu dans l’homme qui va mourir, il y a une intelligence et surtout “une âme qui n s’est point disposée pour la mort ( l 319 ) . En fait, le prisonnier espère que ses quelques lignes vont servir la cause des abolitionnistes et le romancier plaide , à travers ce personnage, contre la peine de mort qu’il juge inhumaine . Il compte sur sa fiction pour convaincre ses lecteurs du caractère atroce d’une sentence ; Il compte sur l’avenir : ” un jour viendra, et peut -être ces mémoires, derniers confidents d’un misérable, y auront-ils contribué.. ( l 330 )
L’écriture du prisonnier peut également avoir une autre fonction : thérapeutique elle l’aide à moins s’ennuyer, didactique , elle délivre un enseignement et enfin, elle lui permet de mieux se comprendre; elle a ainsi une fonction d’ expliquer ce qu’il ressent; L’écriture intime fixe ainsi les changements qui se font en lui : il s’observe et note ce qu”il “éprouve de violent et d’inconnu” (295) L’écriture donne ainsi un nom à des sentiments confus, les démêle et valide leurs transformations. Ses pensées, en effet, se présentent à lui “à chaque heure, à chaque instant, sous une nouvelle forme ” ( 291). Ecrire donne une forme à des pensées mouvantes .
Voilà un exemple de conclusion : En nous plongeant au coeur des réflexions imaginaires d’un prisonnier condamné à mort, le romancier lui donne ici la possibilité de s’interroger sur le bien- fondé de l’écriture et par là-même, il rappelle l’intérêt et l’utilité de cette opération; Se pencher sur soi-même permet d’y voir plus clair; écrire délivre de l’ennui et permet momentanément d’oublier l’enfermement et enfin , les questions du condamné servent ici la cause de Hugo, fervent défenseur de la suppression de la peine de mort. Il espère toucher un large public et le rallier à sa cause grâce à cette fiction.