Le corpus était constitué de 3 textes de Césaire , un écrivain martiniquais , fondateur avec Patrick Chamoiseau et Léopold Sédar Senghor du concept de négritude . Ces trois écrivains critiquent vivement la colonisation et les politiques coloniales qui ont conduit leur pays à être dominés par la France et sa civilisation ; ils l’accusent notamment d’avoir d’abord nié et ensuite dénaturé leur identité d’homme de couleur en imposant l’idée qu’un blanc vaut plus qu’un noir. La particularité des Antilles notamment c’est le mélange des couleurs car tous les métissages y cohabitent et le créole a même inventé des noms précis pour les degrés de ces mélanges entre blanc et noirs. Chamoise a écrit Eloge de la créolité pour prolonger les réflexions de son ami Aimé Césaire .
Césaire défend l’idée d’une hypocrisie des colons qui, sous prétexte de civiliser les peuples colonisés, les asservissent .Il utilise dans son discours de 1950 les mêmes arguments que Clémenecau en 1885. Tous deux dénoncent les mensonges des “maîtres ” et citent leurs ignominies : “tuer, torturer”, odieuses solutions “. Le registre est ici celui du blâme. Il s’efforce de montrer le véritable visage de l’entreprise colonial et précise qu’elle n’est pas justement ce qu’elle prétend être au départ : “évangélisation, entreprise philanthropique, volant ode reculer les frontières de l’ignorance , de la maladie, de la tyrannie“. Il parvient à la conclusion lapidaire que la colonisation est le contraire de l’humanisme, un anti humanisme en quelque sorte. Loin de mettre en contact les populations et de les enrichir du mélange obtenu , elle a fait naître le racisme au nom d’une prétendue supériorité .
Pour affiner ses réflexions, Césaire va fonder un concept philosophique : celui de négritude qu’il s’emploie à définir dans une autre partie de son discours. A ses yeux, c’est une manière de vivre dans l’histoire avec l’ héritage de la colonisation : ses débris de culture assassinées. On retrouve le blâme mais il s’agit surtout de montrer l’importance de ces valeurs humanistes contre le réductionnisme européen; La négritude est un combat contre les préjugés qui voudraient établir une hiérarchie au sein des populations, un combat contre l’inégalité et un refus de l’oppression; C’est pourquoi Césaire la définit comme une véritable “attitude active et offensive de l’esprit ” et une révolte contre une vision du monde injuste et sectaire .
C’est dans ses poèmes en vers libres qu’il avait exprimé en images ce concept de négritude une dizaine d’années plus tôt : il la définit comme un arbre mystérieux qui “plonge dans la terre rouge du sol ” et “plonge dans la chair ardente du ciel ” , une puissance qui prend la forme des différents éléments : étincelle du feu sacré et souffles et qui concentre toutes les forces ancestrales de la nature et de l’esprit ; une idée qui est de l’ordre du mouvement et qui réconcilie l’univers ; ce mouvement vital marque l’écroulement du monde blanc qui, certes a été longtemps vainqueur mais qui désormais sent “ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures ”
Comment opérer la synthèse de ces trois textes ? l’idée de négritude est bien évidemment le point commun; On pouvait organiser un plan qui développe l’idée centrale d’un combat à mener contre les colons, les préjugés et le monde des blancs ; on pouvait également parler d’une force en mouvement qui anime le monde et les esprits ; on pouvait également évoquer la lutte contre la colonisation et la critique des colons et montrer les antagonismes à l’oeuvre dans les textes .
Les thèses défendues sont la critique du colonialisme et de son hypocrisie qui masque une violence illégitime sous de fausses valeurs humanistes (enseigner, éduquer, civiliser ) . La stratégie argumentative consiste à blâmer les Européens et leur réductionnisme et à faire l’éloge du combat et de cette force que représente, à ses yeux, la négritude; Césaire multiplie les tentatives de définition de ce concept : non plus la honte d’être noir ou métis et fils d’esclaves, mais la revendication de la vitalité de la civilisation dont on est originaire , de l’existence d’une identité créole particulière qui résulte d’un métissage et d’un brassage des populations sur ces îles caraïbes.
Le commentaire
Il s’agit d’un discours dont on peut analyser l’art oratoire : un discours éloquent (partie 1 ) qui critique le colonialisme ( partie 2 ) et fait émerger la définition d’une nouvelle façon de penser l’homme (les définitions de la négritude )
Partie 1 : un discours éloquent
a) les anaphores et répétitions : elles rythment le discours et martèlent des propos qui prennent l’allure de vérités
la négritude 1/3/25 je crois ou ne crois pas 9/ 10/13/30 et enfin elle est 26/27/28
b) les questions rhétoriques 7 et et 8 , 29 : elles impliquent les destinataires
c) les marques de subjectivité
à mes yeux 1 , soit dit en passant 15, je n’oublie pas, je choisis
Seconde partie : la critique du colonialisme ; se construire contre
a) le blâme : une attitude de refus
b) le nécessaire héritage : esclavage, domination culturelle, imposition d’une langue
c) le combat contre le monde blanc : la nécessaire révolte
Troisième partie : des tentatives de définition : se construire avec
a) une valeur active de l’orde de l’agir
b) le refus de subir , de la plainte
c) une manière de vivre au monde