L’ incipit d’un roman pose un horizon d’attente pour le lecteur et offre des informations sur le cadre, les personnages et l’intrigue; Cette tradition est respectée par Emile Zola qui nous offre avec l’arrivée de son héros Etienne, un aperçu des techniques de description du roman réaliste ; Nous pouvons donc nous demander, par exemple, comment la description est organisée ou quelles techniques réalistes sont ici utilisées au sein de la description et quels points de vue l’organisent. Pour réaliser ce commentaire littéraire, nous avons choisi une problématique centrée sur le personnage du héros; Lisez ci-dessous un exemple d’introduction , le plan détaillé et la fin de la rédaction des parties 2 et 3.
En 1880, Emile Zola, chef de file du courant réaliste et fondateur du naturalisme, publie le treizième volume de sa série les Rougon Macquart , intitulé Germinal. Ce roman dépeint les tristes conditions de vie des mineurs de charbon du nord de la France, contraints de travaillerdurement pour des actionnaires toujours plus avides de s’enrichir , dans un contexte économique difficile de mutations industrielles . Le héros Etienne Lantier, fils de Gervaise arrive ici à Montsou et va découvrir l’univers des mineurs; Comment ce personnage est-il dépeint ? Nous étudierons d’abord son arrivée dans un milieu hostile avant de montrer son dénuement et enfin sa souffrance. ….
Plan détaillé :
L’arrivée en milieu hostile
1. Une obscurité menaçante
2. Solitude et peur de l’inconnu
3. Une perception limitée de son environnement : la dimension réaliste
II Un personnage démuni (suite de la rédaction ) et souffrant
Le personnage d’Etienne , ouvrier sans travail , ne possède que quelques hardes qu’il transporte dans “un petit paquet “l 13 ; De plus, ses vêtements sont décrits comme usés à force d’avoir été portés ; Ainsi le coton de sa veste est présenté comme “amoindri” l 12 ; Usure ou peut -être mauvaise qualité du vêtement : la tenue vestimentaire d’ Etienne n’est pas adaptée à son nouvel environnement ; Le froid le fait vraiment souffrir et la métaphore les “lanières du vent ” à la ligne 17, assimile cet élément du décor à un véritable instrument de torture comme un fouet qui blesse le personnage; Zola évoque ainsi, de manière imagée, la morsure du gel sur le corps ;
Cette souffrance du héros est également rendue visible par ses mains gourdes que le vent fait “saigner” ; à cette souffrance physique s'ajoute une souffrance morale; Sans travail et sans ressources, Etienne paraît bien démuni et condamné à accepter n'importe quelle offre pour survivre dans ce milieu rigoureux; Le lecteur ne peut s'empêcher de trouver le héros pathétique d’autant qu’il est présenté comme craintif : “pris de crainte ” ligne 23 , il hésite à s’approcher de la mine qui est perçue d’instinct, comme dangereuse pour lui ; mais le “besoin douloureux de se chauffer ” est plus fort que ses appréhensions et Zola démontre ainsi que son personnage se laisse guider par des besoins vitaux; Comme tous les romanciers réalistes, Zola motive les actions de son personnage en précisant à chaque fois au lecteur ce qui le fait agir de la sorte.
III. Le personnage: un foyer de perception
La dernière partie du passage se focalise sur la vision du personnage et présente la première apparition de la mine : le narrateur utilise le personnage d’Etienne pour en faire le foyer de perception de la description qui s’organise ainsi , à partir de son point de vue ; Au gré de ses déplacements et de ses mouvements, les bâtiments disparaissent ou réapparaissent; ainsi , par exemple, lorsque le chemin descend : “Tout disparut ” ; Il s’agit d’une technique de description réaliste qui consiste à modifier le champ de vision en suivant les déplacements et les sensations du personnage qui est le foyer principal; Etienne se trouve alors face au Voreux présenté comme “une apparition fantastique ,noyée de nuit et de fumée ” l 39 ; La mine est personnifiée comme l’indique le choix de l’adjectif “tristes “ pour qualifier les “lanternes ” et la cheminée est présentée comme une silhouette ; La fosse semble ainsi vivante et on peut entendre sa respiration (l 40)
Ainsi, ce passage a pour fonctions de présenter le personnage d’Etienne et de peindre longuement le milieu dans lequel le personnage va évoluer , s’adapter et au final se transformer. Le héros apparaît craintif et démuni mais il n’a rien à perdre.