10. avril 2020 · Commentaires fermés sur Le comique de situation : spécial confinement ! Comment écrire pour le théâtre ? · Catégories: Seconde · Tags: ,

Pour aborder l’étude de l’écriture théâtrale, je vous demande d’imaginer une scène de théâtre à partir des éléments suivants : une situation de confinement et la naissance d’une dispute au sein des habitants de la maison ou entre voisins . L’écriture théâtral impose différentes contraintes : passons les en revue en semble et définissons ce qu’il sera possible de faire te ce qu’il faudra éviter ou proscrire . Mettons tout d’abord en place les principaux points de repère de l’écriture théâtrale.

Une scène de théâtre est composée de didascalies ou indications scéniques et des répliques des acteurs qui forment le texte   ; Ces indications scéniques que le spectateur n’entend pas  peuvent être limitées ou très nombreuses; Elles donnent des indications de mise en scène et précisent , à la fois, les éléments de décor, la situation au lever du rideau et tout ce qui peut être utile pour le metteur en scène ou scénographe .Voilà un exemple de didascalies initiales dans une pièce de Ionesco, un auteur du XX e siècle : la pièce raconte l’histoire d’une ville envahie par des troupeaux de rhinocéros , image symbolique de la montée du totalitarisme.

RHINOCEROS – scène d’exposition

Décor

Une place dans une petite ville de province. Au fond, une maison composée d’un rez- de-chaussée et d’un étage. Au rez-de-chaussée, la devanture d’une épicerie. On y entre par une porte vitrée qui surmonte deux ou trois marches. Au-dessus de la devanture est écrit en caractères très visibles le mot : « EPICERIE ». Au premier étage, deux fenêtres qui doivent être celles du logement des épiciers. L’épicerie se trouve donc dans le fond du plateau, mais assez sur la gauche, pas loin des coulisses. On aperçoit, au-dessus de la maison de l’épicerie, le clocher d’une église, dans le lointain. Entre l’épicerie et le côté droit, la perspective d’une petite rue. Sur la droite, légèrement en biais, la devanture d’un café. Au-dessus du café, un étage avec une fenêtre. Devant la terrasse de ce café : plusieurs tables et chaises s’avancent jusque près du milieu du plateau. Un arbre poussiéreux près des chaises de la terrasse. Ciel bleu, lumière crue, murs très blancs. C’est un dimanche, pas loin de midi, en été. Jean et Bérenger iront s’asseoir à une table de la terrasse.

Avant le lever du rideau, on entend carillonner. Le carillon cessera quelques secondes après le lever du rideau. Lorsque le rideau se lève, une femme, portant sous un bras un panier à provisions vide, et sous l’autre un chat, traverse en silence la scène, de droite à gauche. A son passage, l’Epicière ouvre la porte de la boutique et la regarde passer.

L’EPICIERE

Ah ! celle-là ! (A son mari qui est dans la boutique.) Ah ! celle-là, elle est fière. Elle ne veut plus acheter chez nous.

L’Epicière disparaît, plateau vide quelques secondes.

Par la droite, apparaît Jean ; en même temps, par la gauche, apparaît Bérenger. Jean est très soigneusement vêtu : costume marron, cravate rouge, faux col amidonné, chapeau marron. Il est un peu rougeaud de figure. Il a des souliers jaunes, bien cirés ; Bérenger n’est pas rasé, il est tête nue, les cheveux mal peignés, les vêtements chiffonnés ; tout exprime chez lui la négligence, il a l’air fatigué, somnolent ; de temps à autre, il bâille.

JEAN, venant de la droite. Vous voilà tout de même, Bérenger.

BERENGER, venant de la gauche.

Bonjour, Jean.

JEAN

Toujours en retard, évidemment ! (Il regarde sa montre-bracelet.) Nous avions rendez-vous à onze heures trente. Il est bientôt midi.

Vous remarquerez que les indications sont très nombreuses et qu’elles détaillent à la fois les éléments de décor, les gestes des personnages et leurs déplacements. On y voit également leur tenue vestimentaire ;

Sur le modèle de cette exposition , vous construirez au moins 10 lignes de didascalies qui préciseront elles aussi : le décor avec quelques accessoires , la situation de la journée , la cause de la dispute (l’élément déclencheur ) , la tenue des personnages et leur entrée en scène .

Le texte de la dispute : entrez dans le vif du sujet et dès les premières répliques de vos personnages ( pas plus de 3 personnages ) évoquez le sujet de la dispute ; Pensez à la situation très particulière que nous vivons; Le confinement fait naître des tensions au sein des familles ou du voisinage car nous ne sommes pas habitués à vivre tous ensemble sans pouvoir nous déplacer librement et l’épidémie génère des angoisses que nous partageons tous; ce climat anxiogène favorise les disputes. 

Quelques règles à respecter : plus le motif de départ sera futile, plus la dispute pourra être drôle et vous devez privilégier les effets comiques ; Ces effets peuvent être obtenus de différentes manières mais le plus efficace consiste à conjuguer les 3 types de comiques : le comique de situation , le comique de geste et le comique de langage.

Comique de situation : un objet qui vous appartient a disparu.. vous soupçonnez votre petite soeur et l’interrogez ..elle s’est trahie , nie et finit par avouer

vos voisins sont très bruyants et écoutent la télé fenêtre ouverte : vous leur faites croire que le virus est attiré par les images de la télé

votre mère insiste pour que votre chambre soit rangée tous les jours , un matin elle pousse la porte  de votre chambre et s’arrête stupéfaite …

Comique de geste : il concerne comme son nom l’indique, tous  les gestes  imaginés pour les acteurs ; Il désigne également  leurs attitudes , les déplacements ( chutes, type de démarche, les expressions des acteurs ; ces derniers peuvent faire des signes au public , parler en aparté ( convention théâtrale très importante ) , se moquer de leur interlocuteur en l’imitant ,par exemple ; Soyez imaginatifs et essayez quand vous écrivez de visualiser les gestes des acteurs . Quelques exemples :  bafouiller, toussoter, hésiter, faire semblant de regarder ailleurs, baisser la tête, hausser les épaules , faire la grimace, faire les gros yeux , froncer les sourcils, siffloter .., se frotter les mains  ; La plupart de ces gestes sont codifiés et expriment des émotions avec des attitudes corporelles . Prendre un accent ( marseillais, belge, étranger, africain, anglais, patois, allemand ..)  est à la limite entre le comique de geste et le comique de mots comme bégayer ou bafouiller ou chercher ses mots.

Comique de langage; difficile à manipuler, il s’applique à l’usage des mots , des jeux de mots , du double sens de certains mots mais il concerne également les erreurs de compréhension comme le quiproquo ou le dialogue de sourds : les personnages se parlent mais ne se comprennent pas . On peut aussi imaginer sur scène une conversation téléphonique : le spectateur n’entend que les répliques de l’acteur sur scène et doit imaginer la conversation ..par exemple si l’acteur dit ” tu l’as tuée ..” il peut parler d’une guêpe ou de sa grand-mère.. effet comique souvent garanti .

A éviter : la vulgarité ! pas d’insulte ni de familiarités; Votre dispute ne doit pas dégénérer et conduire à la violence .

Votre texte devra comporter au moins un échange de 30 répliques entrecoupées par des didascalies nombreuses et variées .Ceux qui le souhaitent peuvent travailler en binôme et composer leur texte échangeant par mail ou téléphone ou sms…vous mettrez deux noms sur le travail définitif à renvoyer par mail

L’extrait ci-dessous  d’une pièce de Yasmina Reza intitulée ART vous donne des exemples d’une dispute à propos d’un tableau d’art contemporain,; un des personnages a acheté très cher ( 200 000 euros ) un tableau entièrement blanc d’un  peintre nommé Antrios. Observez les effets de comique de langage ainsi que le comique de geste de ces trois acteurs.

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