Dans un roman, le mot héros qui peut désigner un ou plusieurs personnages , est sujet à diverses interprétations. Le héros se définit en fait de deux manières. Il est tout d’abord celui qui se distingue par des qualités et des actions extraordinaires qui font l’objet du récit. Il est alors un personnage hors du commun; toutefois , le mot héros désigne également le personnage principal d’une œuvre de fiction. Souvent quand nous évoquons le héros d’un roman, nous parlons en fait du personnage central du récit. Comment cette figure a-t-elle évolué dans la littérature ?
Qui sont les héros au départ ? Dans l’Antiquité, ce sont des demi-Dieux, issus des amours des Dieux de l’Olympe avec de simples mortels; Ils ont donc un statut particulier et se distinguent des simples humains par leur ascendance divine; Hercule , par exemple , possède une force prodigieuse; Achille , le héros grec a été trempé par sa mère dans un fleuve qui le rend immortel ( sauf s’il est blessé au talon ) . Ce sont des sur-hommes et ils vont donner naissance aux héros épiques d’Homère et des romans de chevalerie du Moyen-Age.
Le héros épique : Comme son nom l’indique, il s’agit avant tout de héros combattants, guerriers. Le héros mythique, tel qu’il apparaît par exemple dans L’Odyssée de Homère, est donc une sorte de sur-homme. Il est membre d’ une lignée reconnue et prospère dont la source est divine. A ce titre il est honoré comme un dieu Mais ce qui distingue également le héros des simples mortels, c’est la gloire qui l’entoure: il se singularise par ses actions héroïques comme au retour de la guerre et particulièrement lorsqu’il y succombe courageusement. Les autres hommes font alors l’éloge du héros en narrant ses exploits.
Descendant des dieux, il garantit le respect des lois divines; héros féroce au combat, il garantit la sécurité de
la cité.
Le héros tragique : le héros tragique naît dans l’histoire de la Grèce antique en même temps que la démocratie, à un moment où le héros du mythe ou de l’épopée devient incompréhensible pour les citoyens.Le héros est désormais celui qui se distingue par sa démesure (ubris) et qui, de ce fait met en danger l’équilibre de la cité. Il se signale par la transgression des lois divines et des lois humaines : il fait souvent preuve d’ orgueil face aux dieux comme Oedipe ou Antigone. Le héros est alors victime d’un destin implacable dont l’issue est la mort ou, ce qui l’égale aux yeux des grecs, l’exclusion hors de la cité . Le héros est banni , ostracisé . A l’ascension fulgurante d’Œdipe tout en haut de la hiérarchie sociale fait pendant sa déchéance sans précédent : réduit à une animalité incestueuse, il devient une victime expiatoire et sera finalement chassé de la cité, abandonné par tous, à l’exception de sa fille qui lui servira de guide car il est devenu aveugle après s’être crevé les yeux .
Les héros des temps modernes
Les chevaliers du Moyen Age et les grands seigneurs aux siècles suivants s’inspirent de ce modèle antique mais se détachent peu à peu des valeurs purement guerrières; Ils sont le plus souvent bien nés, aristocrates et ils incarnent l’ordre et le respect des rites ; défenseurs des faibles , ils s’illustrent par leur bravoure mais également leur générosité .Leur vaillance au combat n’a d’égale que leurs qualités morales . Ce sont des preux chevaliers et des honnêtes hommes , respectés et enviés.
Le héros romantique : proche du héros tragique et au destin souvent malheureux , le héros romantique se révolte ,cette fois, contre les injustices du monde et l’ordre social. Dans de nombreux romans, il apparaît comme un rebelle et n’hésite pas à défier la génération précédente et le pouvoir en place; Il peut agir avec panache ou préférer la solitude à la compagnie de ses semblables; C’est souvent un héros sombre et tourmenté qui incarne le Mal du siècle; Mélancolique, il soutient parfois des causes perdues et cherche à s’élever socialement ; Ambitieux, parfois sans scrupule , il sort rarement vainqueur de ses combats. Ses amours sont également le plus souvent malheureuses : il se sent victime d’un sort funeste mais meurt avec grandeur comme le personnage de Gauvain inventé par Hugo dans son roman 1793 pour évoquer la période historique de la Terreur .
Du super héros à l’anti-héros .
Le héros moderne a changé : il s’est vraiment diversifié dans ses emplois et on distingue désormais différents types de héros. Il est encore parfois doté de super pouvoirs qui rappellent ses origines divines (comme les superhéros des marvels au cinéma) .Dès le romantisme, le héros apparaît plutôt comme poursuivi ,d’une manière implacable par les Dieux qui se dressent contre lui et qui parfois , vont prendre la forme d’événements historiques (révolutions, révoltes). Au siècle suivant , le héros peut sembler moins brillant :il est , peu à peu, rentré dans le rang ; réduit au statut de simple mortel. Il va même en acquérir la banalité, les défauts et perdre, dans certains cas, son côté admirable . Le héros d’un roman peut être aujourd’hui n’importe qui , une sorte de Monsieur tout le monde , avec des défauts mais à qui , il peut ,par exemple, arriver une histoire qui, elle,sera extraordinaire . Le Nouveau Roman, courant littéraire qui apparaît dans les années 1950, juste après la seconde guerre mondiale, a refusé les héros et a mis au centre des récits des personnages dénués de qualités, voir des antihéros, lâches, inconsistants, faibles et parfois détestables. Le héros littéraire reflète l’évolution du monde et les aspirations des hommes .
Les lecteurs peuvent se sentir plus proches de héros ordinaires mais ils admireront davantage les héros qui les font rêver et qui, à leurs yeux , sont toujours des modèles .