07. février 2023 · Commentaires fermés sur Comment un film peut -il rendre compte de la violence de l’Histoire ? · Catégories: Terminale spécialité HLP · Tags: ,

Vous allez devoir présenter une synthèse orale du film que vous avez visionné : il s’agit avant tout de tenter de comprendre comment les images parviennent-elles à restituer une forme de violence . Pour reformuler , qu’est-ce qui nous fait violence dans les images ? La vision de corps déchiquetés, les gros plans sur les visages des acteurs qui expriment la souffrance, la vue de centaines de corps ensevelis ; Lorsqu’il s’agit de documentaires ou d’images d’archives, qu’est-ce qui est le plus insoutenable ? De croiser le regard de ces enfants décharnés , de contempler la satisfaction de leurs tortionnaires , d’assister, impuissants, aux exécutions  de masse ? 

Les caméras choisissent des angles de vue, des distances pour filmer, et selon, leur position,  les caméras ne nous feront pas ressentir la spectacle de la violence de la même manière . Prenons par exemple l’ouverture du film de Jean Pierre Jeunet : Un long dimanche de fiançailles, que nous avons regardée ensemble et tentons d’analyser de quelles manières le réalisateur expose , à l’écran, la violence de cette première guerre mondiale?  Les premières images montrent d’abord , en panoramique, un champ de bataille sans présence humaine : la terre y apparait meurtrie, ravagée et des cadavres de chevaux notamment ainsi que des restes de soldats, reconnaissables à leurs uniformes , entrent, peu à peu, dans le champ des caméras; Nous suivons ensuite des hommes en mouvement dans les tranchées ; ces soldats encore inconnus se déplacent difficilement en raison de la pluie, de la boue et sans doute de la fatigue qui se lit sur leurs visages tristes ; Ces hommes en marche sont suivis du regard par des soldats terrés au fond des tranchées et nous pouvons ressentir , grâce aux gros plans sur leurs visages, qu’ils souffrent en raison des terribles conditions dans lesquelles ils doivent vivre et livrer bataille. 


Ces hommes qui sont les héros du film  vont être jugés et risquent la cour martiale car ils se sont volontairement mutilés pour échapper à l’horreur des combats au front. En quelques séries de flash- back, nous voyons un résumé de leur vie , de leur bonheur avant la guerre et nous nous attachons ainsi à eux ; On apprend leurs noms et leurs prénoms: ils sortent de l’anonymat pour devenir des personnages familiers  C’est cette identification à la souffrance de ces individus qui est le vecteur principal de nos émotions: plus on voit évoluer un personnage et plus on s’attache à lui et à l’acteur qui incarne cette présence humaine; sa mort nous touchera davantage que celle d’un inconnu , un peu comme dans la vraie vie . Le cinéma fait naître cet attachement aux figures humaines . Maintenant chaque spectateur dispose d’une sensibilité qui lui est propre : certains tourneront  la tête à la vue du sang, d’autres seront sensibles  aux détails réalistes qui imitent les mutilations des corps, par exemple; D’autres enfin s’apitoieront plus volontiers sur des enfants , ou des animaux ou des personnages âgées; Les cris des victimes , les gros plans par exemple, dans les chambres à gaz ou devant les crématoires pourront être considérés comme insoutenables . Jusqu’où un réalisateur peut -il aller lorsqu’il filme la violence et quel but se fixe-t-il ? Il importe, une fois de plus, de séparer le film documentaire de la fiction ; Nuit et brouillard ne cherche pas à remplir les salles alors que Spielberg lorsqu’il réalise la Liste de Schindler , témoigne certes de la violence d’une époque mais doit aussi “amortir’ son long métrage . Comment la fiction devient elle un habit, un camouflage pour la vérité des faits ? 

En stytlisant la violence au moyen d’images choc , en la poétisant ou en tentant de l’imiter , ne risque-t-on pas de succomber  à une sorte de fascination? Filmer notamment la violence des combats en imitant le bruit assourdissant des explosions et les rafales incessantes d’armes à feu comme l’a entrepris Spielberg dans les premières minutes qui montrent le débarquement des troupes alliées sur le plages de Normandie le 6 juin 1944 dans Il faut sauver le soldat Ryan , peut paraitre insoutenable, Le spectateur est plongé dans la violence et cela peut même lui causer une forme de souffrance ou de malaise; cette immersion est-elle le meilleur moyen de nous en faire mesurer l’ampleur ? On a reproché à Francis Ford Coppola d’avoir, par exemple, utilisé, en 1979  la musique de Wagner pour son ballet d’hélicoptères dans Apocalypse Now  et celle des Doors  qui chantent “This is the end” et d’avoir choisi un titre” racoleur ” ; D’autres lui reprochent d’avoir sali l’image des soldats américains mais certains spectateurs ont également dit que le film nous fait ressentir toutes les sensations de cette boucherie  et montre à quel point l’horreur de la guerre nous fait perdre notre humanité et notre morale. D’ailleurs la dernière réplique film c’est :  “l’horreur…l’horreur … ; ” un film sur l’Homme sa violence sa psychologie, sa folie ”  Alors comment votre film “parle-t-il ” montre-t-il” nous fait -il réfléchir à la violence ? 

Autant de questions auxquelles vous devrez tenter de répondre en regardant le film que vous avez choisi; N’oubliez pas de préciser au début de votre présentation :

  • le nom du réalisateur , le titre du film, l’année de tournage 
  • à quelle époque se situe l’action ?
  • de quel type de conflit  s’agit-il ?
  • quel est le point de vue du réalisateur ? dans quel camp se situe le spectateur ? 
  • comment la violence est -elle visible ? en continu ? 
  • que ressent-on en tant que spectateur ?
  • quels sont les passages où la violence vous a semblé la plus forte ?
  • Il est inutile d’illustrer votre travail de présentation mais si vous jugez utile de présenter un  court extrait du film et de l’analyser, vous pouvez le faire 
  • Terminez par une rapide synthèse dans laquelle vous tenterez de définir le niveau de violence du film .