En 1725 ,lorsqu’il met en scène L’ile des esclaves, cette comédie philosophique, Marivaux a déjà connu le succès au théâtre avec ses comédies sentimentales : La Surprise de l’amour et La double inconstance ; Il y analyse les rouages des relations amoureuses et tente de faire découvrir à ses personnages ce qu’est une relation sincère , qui ne se fonde ni sur les apparences ni sur la vénalité ou l’intérêt mais simplement sur les mouvements et le langage du coeur; Observateur avisé de ses semblables , le dramaturge se lance avec l’Ile des Esclaves, dans une comédie sociale: il s’agit de critiquer la manière dont les aristocrates traitent leurs domestiques et de leur apprendre , grâce à un renversement des rôles, à se montrer plus humains et plus respectueux .
La scène d’exposition nous fait découvrir deux personnages , rescapés d’un terrible naufrage dans lequel ont péri beaucoup de marins . Ces deux hommes se retrouvent seuls sur une île mystérieuse qui pratique d’étranges coutumes. La dimension spectaculaire peut être amenée par la reconstitution du naufrage ou de la tempête qui est la cause de leur situation tragique . Comment le dramaturge parvient -il, à partir de ce drame initial, à nous faire sourire du renversement des rôles dans la relation entre le maitre Iphicrate et son valet Arlequin ? . Nous pouvons distinguer trois mouvements dans cette scène d’exposition : tout d’abord le dramaturge nous donne des informations sur la situation tragique des deux rescapés; ensuite, Marivaux explique ce qu’est l’île aux esclaves et cette révélation amène un changement d’attitude de la part d’Arlequin; Il s’agit du troisième mouvement du texte:
Voilà un exemple d’une fiche de révision pour préparer l’oral
L’île des esclaves, 1725, = comédie philosophique /siècle des lumières. M choisit théâtre pour ns faire réfléchir / avec invention d’un scénario pédagogique pr analyser relations sociales ; scène d’Exposition = 3 buts : mise en place action +présentation personnages et thèmes comédie. Situation : A et Iphicrate ont fait naufrage/ marins tous morts / situation tragique désespoir mais il s’agit d’1 comédie donc invention d’un scénario = ile utopique(définir) où rôles st inversés .Une dispute éclate entre A et Iphicrate qui réalise que son pouvoir est menacé sur cette île alors que pour son valet, c’est l’occasion de reconquérir sa liberté dans cet endroit particulier. Comment la situation tragique devient 1 dispute comique qui montre renversement des rôles maître/valet ?
Mvt 1 désolation / Mvt 2curiosité du valet/exlications /Mvt 3 renversement et impertinence d’Arlequin
–1 – Situation tragique
Tout commence comme une tragédie .. en effet, première didascalie marque soupir = traduit nombreux sentiments ; co désolation ou soulagement d’avoir survécu au naufrage. Arlequin s’adresse à son maître en l’appelant mon patron ...ce qui d’emblée, révèle le lien qui les unit.did « tristement” soupir / consolation avec le vin = commedia dialogue ponctué par questions/avenir funeste envisagé : maigres, étiques , morts ( gradation comique ) / les 2 person forment duo : Marivaux campe situation pathétique / pique curiosité spectateur / in medias res = moyen de faire commencer une action dramtique; Per se questionnent / avenir parait compromis reg pathétique avec évocation sort funeste des marins “ seuls échappés ” / exagération dramatique : hélas: A parait résigné = “avons même commodité ” : présente leur avenir comme détresse ; dramaturge présente dc situation départ / pièce et va donner infos spectateur avec explications / île; Une détresse qui fait peine à voir et pose un horizon d’attente pr le spectateur.
2 La révélation : Iphicrate possède des infos sur l’endroit où ils se trouvent échoués ( on apprend qu’ils vient d’Athènes , nom grec du maître ) +curiosité d’A : l 11 interrogative directe + onomatopée = vif intérêt : qqch a attiré son attention ds paroles d’I : idée d’une menace si je ne me sauve je suis perdu ” effet comique
exposition = donner infos au public ; I explique où ils se trouvent / dépaysement + voyage dans le temps « esclaves Grèce antique + Iphicrate ) et cases + coutume / étrangeté / réaction étonnante d’A “à la bonne heure “ 16 se désolidarise rapidemt décalage gravité des faits et réaction amusée du valet : spectateur perçoit véritable nature de leur relation fondée sur la contrainte pour préparer le parallèle avec esclavage qui commence à être remis en question par les réflexions des Lumières.
– Le sort réservé aux maîtres marqué dans les verbes d’action « tuer » et « jeter », « Et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage ». ton faussement désinvolte ici / effet comique de la bonne humeur du valet / contraste avec le désespoir de leur entrée en scène ( registre comédie )
3 Amorce d’un changement . 17
« mais » traduit nouvelle relation entre le maître et l’esclave, à présent, c’est l’esclave qui est en position de supériorité « mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi »
Arlequin comprend dès lors que sa libération est possible, il se met à l’envisager et espère changement situation concret ; I se répète pour bien matérialiser la menace “danger de perdre la liberté et peut être la vie ” l 20= 2 plans : esclavage et la mort =euphémisme ; on note qu’un sort tragique remplace le précédent: mourir de faim/ mourir tué ; la situation des personnages ne semble pas s’améliorer . « mais » traduit nouvelle relation entre le maître et l’esclave, à présent, c’est l’esclave qui est en position de supériorité « mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi »Le valet compare sa position à celle d’un esclave antique .
Iphicrate craint pour son sort l 20 Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ? » La modalité interrogative renforcée par le verbe de sentiment « plaindre » montre qu’il tente d’émouvoir son valet/ s’attend à de la sollicitude mais ce dernier ne semble pas affecté/ paraît m amusé de la nouvelle situation/
Ton ironique : « ah ! Je vous plains de tout mon cœur, cela est juste. »22 , antiphrase la didascalie « prenant sa bouteille pour boire » = manque de compassion et son désintérêt. Une nvelle relation se met en place : A devient de +en+ moqueur et de – en – obéissant . Expose clairement ses sentiments partagés : « je vous plains mais je ne saurais m’empêcher d’en rire » 29 / paraît sincère ici
Bcp interrogatives pr marquer incompréhension d Iphicrate qui n’arrive pas, de son côté, à réaliser / Continue à essayer de dominer avec des demandes réitérées comme une sorte de panique qui le gagne « suis-moi donc ? », « que veux-tu dire ? », «as-tu perdu l’esprit ? A quoi penses-tu ? ». Le rire d’Arlequin et l’aparté du maître « le coquin abuse de ma situation » marquent qu’il a conscience des transformations qui sont en train de s’accomplir ;
L’effet comique se renforce avec l’ impertinence du valet = cliché au théâtre / avec les sifflotements / bonne humeur did internes( 24 et 26 ) ; Désintérêt pour le sort tragique de son maître très marqué . Iphicrate tente de ramener Arlequin à la raison mais en vain, «marchons de côté ». L’appellation le « coquin »30 pour le désigner met en évidence l’inquiétude d’I ; Ce dernier ne semble plus contrôler la situation et peine à se faire obéir . Les antiphrases mettent en valeur l’ironie d’Arlequin « comme vous êtes civil et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela ».33 Allusion aux mauvais traitemenst qu’il subissait et au fait que son maître lui parlait mal . I s’est adouci « autoritaire au début de la scène « suis moi » ; il devient plus aimable . « suis moi donc ? » Plus la joie du valet est manifeste et plus la peur d’Iphicrate augmente / contraste avec la situation de départ ; I finit par prier son valet de le suivre mais ce dernier donne une fausse excuse ” jambes si engourdies “ mensonge comique ; Reprend paroles de politesse d’I “je t’en prie, je t’en prie ” : imitation effet comique : se moque ici de son maître en mauvaise posture et sa peur le réjouit : forme de cruauté , de vengeance ..ds le rire
Spectateur curieux de connaître la suite : Une nouvelle épreuve attend les personnages : exposition dynamique
CCL Ainsi, cette scène d’exposition qui illustre une dispute comique est bien annonciatrice d’une réflexion sur la relation dominé/ dominant , calquée sur la relation philosophique maître /esclave.La société du 18ème siècle se sert ici de la comédie pour aborder sujet sérieux de la remise en cause des abus de la classe sociale aristocratique et des inégalités sociales en général. Satire employée comme instrument de correction des moeurs / comédie de mœurs , sociale (version courte )
(version longue ) Pour ouvrir sur d’autres perspectives et replacer cette comédie dans les débats qui vont agiter le siècle des Lumières , L’Île des Esclaves s’inscrit dans une double lignée :celle des textes utopiques d’abord qui choisissent souvent l’île comme lieu d’expérimentation de leurs idées de réformes sociales : Defoe publie Robinson Crusoé en 1719 et Swift publiera ses Voyages de Gulliver en 1726) mais aussi celle des œuvres morales qui s’attachent à présenter des considérations philosophiques dans des fictions moralisatrices . L’époque est à la contestation, la société est en pleine mutation. La classe bourgeoise s’enrichit, a plus d’employés et de domestiques que les nobles ; elle accède à la culture ; les philosophes des Lumières réfléchissent aux fondements de la société, et diffusent de plus en plus largement leurs idées contestataires. Les salons se multiplient (Marivaux fréquente ceux de Madame de Tessin et de Madame Lambert) et sont des lieux de réflexions, d’échanges et de remise en cause. Vont alors émerger dans la société française un certain nombre de revendications comme la fin des traitements inhumains subis par les homme qui vivent dans les colonies, l’abolition de l’esclavage et l’idée de plus en plus présente de l’épanouissement de l’individu…
Pour faire le lien avec Molière , on retrouve dans cette comédie une illustration de la difficulté et des tensions dans la relation maitre domestique . Dans les comédies de Molière comme le Malade imaginaire, par exemple, on trouve des duos qui illustrent des disputes entre les maîtres souvent autoritaires comme Argan , et les valets impertinents , parfois désobéissants ou qui tiennent tête à leurs maîtres comme Toinette . Si l’impertinence est un trait commun , les comédies sociales du siècle des Lumières remettent en cause plus profondément les structures de la société et proposent des amorces de changements. A travers le théâtre, Molière et Marivaux proposent , tous deux, des miroirs à leurs contemporains pour qu’ils puissent se regarder et examiner leurs défauts , pour d’abord en rire , et ensuite pour les corriger .