Dans quelle mesure peut-on dire que la figure du traître est centrale dans l’univers romanesque et théâtral ? Voilà la question qui va servir de point de départ à nos cogitations et à laquelle il va falloir répondre sous la forme d’une dissertation . Les méthodes et les modes d’emploi pour apprendre à réaliser cet exercice de réflexion et d’argumentation , ne manquent pas ; mais, si, aujourd’hui, il n’est choisi que par 5% des candidats au bac de français, c’est surtout parce qu’il paraît effrayant pour beaucoup d’élèves. Que signifie au juste disserter au lycée ? Pour certains , il s’agit simplement de discuter , pour d’autres, de vérifier le domaine d’application ou d’extension d’une notion ; pour la plupart, au final, disserter en français se réduit à faire étalage de sa culture et de ses connaissances. La réalité est autre : disserter s’apparente avant tout à une démarche réflexive qui effectue un va- et- vient permanent entre des connaissances, certes, mais surtout la construction d’une réflexion qui met à jour les rouages de la pensée …suivez le guide !
Tout d’abord, disserter dépasse le cadre étroit d’une matière : on disserte en histoire, en économie, en philosophie, et en mathématiques également ainsi qu’ en sciences : l’exercice prend alors le nom et la forme d’une démonstration . Les Anciens ont, d’ailleurs, donné des noms aux différentes étapes de cette démarche au sein de la rhétorique : Inventio avec un I qui désigne l’art d’inventer, de trouver des idées ou arguments , D comme dispositio : l’art de faire des plans , de ranger, d’ordonner les arguments ; L’ Elocution désigne l’art de bien parler et peut être remplacée par la rédaction lorsqu’il s’agit d’écrire . Les orateurs ajoutaient M comme Memoria pour désigner l’art d’apprendre son discours (mémoriser ) , A comme Actio pour désigner les performances des orateurs .
Je vous propose d’employer un moyen mnémotechnique pour vous souvenir des étapes du travail de dissertation.
D comme définir le sujet : prendre le temps de l’analyser, de le comprendre, de le reformuler…
I comme inventorier les idées , des exemples, faire des listes, des tableaux, des cartes mentales , noter des noms, des titres d’oeuvres, des noms de personnages..
S comme synthétiser : regrouper ce qui se ressemble, faire apparaître les idées voisines ou les oppositions , classer, rassembler.
S comme souffler : attendre un peu que les idées lèvent ..l’idéal est de reprendre le lendemain ou plusieurs jours plus tard
E comme élaborer un plan , ordonner, construire , enlever ce qui fait doublon, étoffer , équilibrer
R comme rédiger un plan détaillé , l’armature du travail final dans lequel on fait apparaître les idées, les exemples à la place choisie et les liens entre les parties qu’on nomme
T comme transitions : les jointures indispensables pour un travail solide
E comme écrire enfin sur sa copie
R comme ne pas oublier de se relire !
Pour simplifier la recette finale : définir, inventorier,synthétiser, souffler ,élaborer un plan, rédiger le plan détaillé, transitions, écriture, relecture .
Commençons aujourd’hui par les deux premières étapes
D comme définir le sujet : Dans quelle mesure peut-on dire que la figure du traître est centrale dans l’univers romanesque et théâtral ?
Le mot clé est bien sur le mot traître .Il va falloir discuter des trahisons mentionnées dans les textes et démontrer quelle est la place de cette trahison dans l’oeuvre ;
L’expression dans quelle mesure nécessite qu’on quantifie cette place : on peut , par exemple, penser à un pourcentage . Thème central à 100 % : le roman n’évoque que la trahison: c’est l’action essentielle ou unique ; Ou la trahison n’apparaît que fortuitement dans l’histoire (à la fin , comme déclencheur, dans une péripétie , en tant que thème secondaire ) Pour chaque oeuvre, il conviendra donc de se poser des questions que nous pourrions résumer sous cette forme : qui trahit qui? pour quelles raisons ? quelles sont les conséquences de cette trahison? quelle place cette trahison occupe-t-elle dans la totalité de l’oeuvre ? la trahison apparaît-elle au début ? est-elle un déclencheur de l’action ? est-elle un thème récurrent dans l’oeuvre ? le traître est-il le héros ? un personnage secondaire ? un figurant ? trahit-il le héros ? s’oppose-t-il à lui ?
I comme inventorier : Une fois ce travail de questionnement des œuvres effectué, nous pourrons alors élargir l’inventaire des idées à vos lectures personnelles et séparer ensuite arguments et illustrations (idées et oeuvres )
Voilà le résultat de notre sondage à propos du degré de trahison des traîtres de notre corpus :