Etudier des textes argumentatifs suppose de savoir nommer avec précision les procédés employés par les écrivains pour nous convaincre et / nous persuader de la justesse de leurs thèses. Leurs stratégies argumentatives désignent l’ensemble des moyens qu’ils vont mettre en oeuvre pour défendre leurs opinions ; Ils peuvent se servir des formes de textes (discours, dialogue, récit ) , des différents registres (les mélanger, les opposer ) , du lexique plus ou moins imagé, plus ou moins péjoratif ou critique ou au contraire élogieux. Le plus important consiste à repérer la thèse qu’ils soutiennent ou qu’ils combattent et la manière dont ils s’y prennent pour fabriquer leur raisonnement et réussir à vous influencer ; N’oubliez pas d’observer les connecteurs logiques : ils vous seront d’un grand secours pour déterminer à quel type d’arguments vous êtes confrontés. L‘éloquence désigne l’art de savoir convaincre en paroles et donc de bien utiliser les stratégies argumentaires adaptées à un public précis ou à une situation de communication.
Voilà qui devrait vous aider à y voir plus clair ….
Fiche de vocabulaire sur l’argumentation :
I/ Pour commencer :
– Argumenter : signifie soutenir une thèse (idée) dans le but d’obtenir l’adhésion de son destinataire à l’aide d’arguments
Deux démarches pour argumenter :
– Convaincre : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments logiques, qui sollicitent la raison. (chiffres, exemples , raisonnements déductifs, inductifs )
– Persuader : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments affectifs, qui sollicitent ses sentiments. (pitié, colère, compassion, haine..)
II/ Vocabulaire argumentatif :
– Thème : sujet abordé par un texte. Pour le repérer, il faut s’intéresser au titre de l’œuvre, aux champs lexicaux présents.
– Argument : c’est un élément de raisonnement (un fait, une remarque, une réflexion, une analyse) sur lequel on s’appuie pour justifier une thèse. Il est le plus souvent abstrait ou général .
– Exemple : c’est un élément concret, précis, qui sert à illustrer un argument. Il est également appelé illustration
– Le syllogisme : raisonnement déductif (de la règle générale on tire l’exemple ou le cas particulier ), formé de deux propositions conduisant à une conclusion.
Ex : « Tous les hommes sont mortels ; or je suis un homme ; donc je suis mortel ».
– Le sophisme : souvent fondé sur le même principe que le syllogisme, il s’agit d’un raisonnement qui paraît rigoureux mais il est illogique : « Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est mortel ; donc Socrate est un homme » (mais en fait Socrate est le nom de mon chat par exemple).
– Le paradoxe : du grec « para » (contre) et « doxa » (opinion) ; pensée contraire à l’opinion communément partagée. Il surprend le lecteur par son côté étonnant.
III/ Les différentes pratiques de l’argumentation :
– La délibération :
Délibérer : du latin « deliberare » qui signifie « réfléchir mûrement, trancher, décider »,consiste à considérer différents points de vue. Il s’agit de confronter des idées contradictoires avant de prendre une décision, de trouver une solution.
– La conviction :
Convaincre nécessite de faire appel à des arguments sollicitant la raison, l’intelligence, les facultés d’analyse du destinataire pour obtenir son adhésion. Les arguments doivent donc être illustrés au moyen d’ exemples ; la progression argumentative est marquée par l’utilisation de connecteurs logiques (tout d’abord, ensuite, puis, en revanche, cependant, alors, aussi, en outre…).
– La persuasion :
Persuader, c’est agir sur la sensibilité du destinataire pour obtenir son adhésion. On a donc recours à des procédés tels que : l’apostrophe, les questions rhétoriques (questions qui n’attendent pas de réponses), l’exclamation, la variation des différents registres .
IV/ Exemples de genres argumentatifs :
– L’essai : L’essai désigne un genre littéraire caractérisé par un texte en prose, argumentatif où la présence de l’auteur est nettement marquée par l’utilisation de la première personne. L’auteur livre une réflexion et ses impressions à travers une écriture personnelle. L’essai est donc un genre où l’auteur développe une pensée en mouvement en train de se saisir. Les sujets traités sont essentiellement d’ordre philosophique, moral, politique, artistique et parfois religieux.
On considère que c’est Montaigne (1533-1592) qui crée le genre en intitulant son œuvre Essais. Dans cette œuvre répartie en trois livres, il analyse notamment les faiblesses de la nature humaine et ses imperfections ; il confronte les civilisations et réfléchit sur la notion de barbarie…
– La lettre :En général, elle est adressée un destinataire réel que l’on veut convaincre. Elle est souvent propice au débat dans la mesure où elle implique une réponse. Elle peut aussi prendre la forme d’une lettre ouverte, publiée, s’adressant ainsi au plus grand nombre. Par exemple, « J’accuse » de Zola est une lettre adressée au président Félix Faure, publiée le 13 janvier 1898 dans le journal L’Aurore, pour dénoncer l’injustice concernant l’ « affaire Dreyfus ».
– L’apologue :Il s’agit d’un récit allégorique, plus ou moins court, en vers ou en prose, visée morale (implicite ou explicite). La fonction première de l’apologue est de divertir au moyen d’un récit plaisant chargé de livrer un enseignement moral.
V/ Exemples de registres pour le texte argumentatif :
– Le registre polémique :Du grec « polemos », signifiant « combat », le registre polémique est synonyme de violence verbale entre deux interlocuteurs. C’est un registre qui suscite le débat. Le texte polémique comporte une ponctuation expressive avec des exclamations, des interjections et des interrogations.
L’auteur ou le narrateur d’un texte polémique attaque ouvertement un personnage, une institution, une idée.
– Le registre comique peut être présent sous la forme de :L’absurde : il permet de confronter deux éléments qui n’ont rien en commun. L’ironie : elle consiste dire le contraire de ce que l’on pense.
– Le registre satirique :Il permet de dénoncer des situations en les ridiculisant et de faire réagir le lecteur grâce à l’ironie et à l’exagération de certains traits.
– Le registre didactique :Il permet d’enseigner un savoir. La fonction du texte est de transmettre un savoir ou une morale.