14. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Le pays perdu où l’on n’arrive jamais: Neverland de Timothée de Fombelle · Catégories: Le livre du mois

Le titre nous donne la clé du mystère mais n’est pas Peter Pan qui veut !  Quelques pages illuminées par le sourire de la fée Clochette mais au bout du compte, nous tournons un peu en rond . Pourtant le voyage promettait d’être passionnant  “Je suis parti un matin d’hiver en chasse de l’enfance. J’avais décidé de la capturer entière et vivante”. Regarde, elle est là, tu la vois ?”Je l’avais toujours sentie battre en moi, elle ne m’avait jamais quitté. Mais c’était le vol d’un papillon obscur à l’intérieur, le frôlement d’ailes invisibles dont je ne retrouvais qu’un peu de poudre sur mes bras au réveil”.

Neverland est une tentative de  retour au pays d’enfance, un irrésistible voyage vers ces hauts territoires perdus que nous portons tous en nous.

Comment partir sur les traces de l’enfant? Pourquoi vouloir retrouver ces “hauts territoires de l’enfance, derrière les torrents, les ronces, les forêts” ; être sans cesse tenté de revenir sur ses pas, de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur du passé . Suivez le guide pour la visite .. d’abord l’équipement  nécessaire: celui d’un chasseur de dragons ou de chimères ” j’avais prévu les sarbacanes, les potions, les casiers, les filets, un petit cheval assez rapide, des fléchettes qui endorment ” ( p 14 ) 

à la fois chercheur d’or et chasseur  fou, il piste le moment où il quitta ces territoires protégés; un premier souvenir émerge suivi d’un autre, tous des entrées possibles , voies d’accès des pays perdus  : le sonnet pour Coco, demande de son grand-père qui le surprit, la sieste chez les grand-parents , les cailles le dimanche soir . Inlassablement , page après page ,il poursuit sa quête à la recherche des passées , ces traces  discrètes qui indiquent le passage  des  animaux ..  “je ne suis pas le premier à être parti un matin en chasse de l’enfance. Les rois mages, les ogres, les loups des contes de fées, les soldats du roi Hérode, ceux des reines stériles , les raconteurs d’histoire , les poètes et tous les capitaines Crochet du monde, poursuivis par le tic-tac du temps ”

L’auteur ne fait pas appel à sa mémoire mais à sa chair et à ses os . La découverte du pays adulte se fera avec les premiers morts et le grand bazar de l’amour qui pour lui signe “la fin de tout espoir de paix” ; Plus il approche de ces pays dangereux, les hautes terres de l’enfance, et plus l’écrivain  se demande s’il réussit à le capturer , comment il gardera l’enfant vivant sur le papier .  Après la neige et les nuits de trappeur, il se retrouve face à face avec l’enfant qu’il a été et abandonne une partie de lui ; De ce moment il gardera une douleur au côté , comme une ombre portée .

Ce que j’ai aimé : la langue poétique , l’univers des contes et des mythes

Ce qui m’ a moins plu : le caractère autocentré de la narration .