24. octobre 2016 · Commentaires fermés sur Symphonie des parfums: se plonger dans le passé ..oublier le temps · Catégories: Première
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violette mystique 

 Poétesse novatrice qui a choisi le vers libre, Marie Krysinska compose un hymne mélancolique  aux souvenirs qui a des accents tristes :  on ne parvient pas vraiment à savoir s’il célèbre les joies du passé amoureux, ces beaux souvenirs qui forment pour le poète un rempart ou un refuge contre le présent menaçant  ou  le désir de l’oubli , une figure de la mort salvatrice comme une sorte de doux sommeil. Nous étudierons d’abord le déclenchement des souvenirs qui forment ensuite un tableau animé où parfums , couleurs et mouvements se mêlent harmonieusement avant de rendre compte de l’emprise de la mort et de l’évanescence  des réminiscences qui laissent place à un  terrible spleen. 

 

Pour construire vos introductions, se souvenir des différentes problématiques ainsi que des idées de  plans sur vos fiches, reportez- vous au polycopié donné en correction (en pièce jointe de cet article ) N’oubliez pas sur votre fiche texte de bien notre les numéro sise vers pour les citations (en rouge) et de faire apparaître titres des parties et de sous-parties...

 Pour construire le plan du commentaire , on pouvait partir de ses impressions de lecture : une tonalité  mélancolique, un poème qui évoque la résurgence des souvenirs et la présence du  spleen  ainsi que les nombreuses images de la mort ; Ce sont évidemment les thèmes essentiels mais un plan bien organisé les met en relation les uns avec les autres et répond à la problématique choisie : comment les souvenirs ressurgissent -ils ici ? 

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 Mon plan répond à la question posée  : les souvenirs  sont déclenchés par les parfums (étape1) et font renaitre le passé (étape 2) pour lutter contre la menace du présent et la présence  de la mort ( étape 3) 

En effet, cette symphonie est avant tout un ballet de senteurs et c’est l’odorat qui déclenche la remontée des souvenirs : le mot parfum sert de point de départ à cette brusque remontée du passé; ce sont des parfums forts comme l’encens ou le jasmin , la violette ou le lilas; D'autres évoquent l'Orient ou l'exotisme  comme le musc, l’ambre et la vanille; D’autres évoquent un climat mystique, une sorte de climat d’adoration des divinités , une ambiance sacrée comme la myrrhe et le santal et bien évidemment les encens “lointains et oubliés”. Ces sensations olfactives nous font voyager  et transportent  nos sens  pour faire renaître des moments du passé heureux comme l’odeur du foin coupé qui grâce à la comparaison ” sereine et splendide comme un soleil couchant ” dessine un tableau romantique , vision idyllique d’un bonheur passé. 

Chaque parfum est associé à une fleur qui est personnifiée dans le poème et  chacune des fleurs se transforme en une jeune femme qui incarne un type d’amoureuse : ainsi la violette par sa couleur foncée est associée à la tristesse du veuvage et à  la solitude : ces chères douleurs à jamais ignorées ” ; les roses, symboles de l’amour sont certes fanées mais par une métonymie, leur couleur fait allusion aux lèvres rouges des femmes qui se font belles pour aller danser et rencontrer leurs amoureux ; l’héliotrope fait renaitre “les belles dames poudrées ” qui évoquent un tableau du dix-huitième siècle avec ces bals , lieu des rencontres amoureuses et associés à la sensualité 

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scabieuse

A ces associations parfums et fleurs- femmes , il faut ajouter le mouvement des danses et la présence de la musique dans cette orchestration ; Les souvenirs se transforment ainsi en un ballet multicolore et sonore. On y entend différents instruments comme les orgues et les violons, le piano de Chopin et ses valses romantiques, et ces différents rythmes forment des accords à la fois grondants et berceurs. Cette  antithèse nous montre bien l’ambivalence ici du ressurgissement des souvenirs qui font du mal et du bien en même temps dans la mesure où ils réveillent des douleurs et des joies passées.  

Ces accord musicaux sont également obtenus par le biais des rimes intérieures et des répétitions qui scandent le poème : on y entend un refrain spleenétique d’une part avec l’image de l’hiver    et les nombreuses allitérations forment la musique du texte lui même : Ainsi les souvenirs doux, par opposition avec ce froid mortel sont  sont associés à des chuintantes qui marquent la chaleur et la douceur comme par exemple, chers et charmeurs, chanteront,chantant, chansons, Chopin, couchant , chaud et sachets

Quant au mouvement, il est obtenu par les danses : les fleurs s’enlacent comme des amoureux et forment des figures comme des arabesques; la valse est évoquée ainsi que les rondes des jeunes filles et les mouvements lents et gracieux des héliotropes. Le poème est formé de cette symphonie à la fois colorée et parfumée et la synesthésie ; c'est à dire le mélange des sensations, parcourt l'ensemble du poème.

Dès le début du poème, il est bien question de se laisser bercer par les souvenirs et d’y trouver un apaisement  sans réveiller les regrets mais est-ce bien le cas ? En effet, on peut se demander si les réminiscences ne provoquent pas , à leur tour , une forme de  mélancolie. Tout d’abord , on note la présence d’objets qui évoquent l’approche de la  mort comme la fleur fanée, le sachet vieilli; les adjectifs ont des connotations péjoratives parfois comme l’héliotrope avec son parfum vieillot et sa couleur défraîchie et on entend des pleurs à la fin du tableau des souvenirs :  une fleur est qualifiée de reine des tristesses et l’oponax est “dépravé” 

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muguet

Ce tableau qui pouvait , dans un premier temps, paraître joyeux et réconfortant, finit par laisser place à des visions “cruelles et douces ” et le poème se clôt sur le retour du refrain ; la vision semble s’achever avec une disparition totale des différents objets ; les extases sont désormais évanouies ; les valses, mortes et les cassolettes éteintes, les lunes disparues. La magie a, semble -t-il, cessé pour faire place au néant : cette énumération marque la fin du souvenir et chaque sensation est “morte” :  le tableau qui s’était animé sous nos yeux s’est désormais décomposé et chaque symbole fait allusion à une parti edu cet ensemble ; ainsi extase évoque le plaisir amoureux, la valse la danse et la musique, les cassolettes, la présence des parfums et des fleurs, et les lunes disparues : le temps qui a passé et qui ne reviendra plus ;la fin d’une lune marquant la fin d’un cycle saisonnier . Les Anciens comptaient le temps en lunes: c’était l’unité de mesure principale du temps qui passe  et cela le demeur encore lorsque nous sommes privés d’instrument de mesure plus précis .

La poétesse utilise le langage des symboles pour traduire sa mélancolie et sa difficulté à maintenir vivace cette plongée dans les souvenirs réconfortants; le caractère éphémère du souvenir est bien marqué avec cet effacement du tableau coloré ; de plus, si on examine attentivement les éléments qui composent ces visions, on note dès le début la présence d’éléments peu réconfortants en lien avec les sentiments amoureux ; en effet, si chaque fleur peut symboliquement suggérer un type de relation amoureuse ou un souvenir amoureux, on aperçoit très tôt de la tristesse et des regrets ; si, au départ les roses sont superbes et éclatantes, comme si elles retrouvaient leur beauté passée et leur fraîcheur qui indiquerait la force de la jeunesse , on constate que les chansons ,elles, demeurent vieilles ; quant aux  voluptés, qui désignent le plaisir amoureux, elles sont qualifiées de  mortelles ; cependant, par une sort ed mouvement inverse, lorsque le mot  douleurs apparait, il est aussitôt atténué par la présence de l’adjectif chères; point d'amour triomphant ici mais des souvenirs amoureux où on devine encore la douleur tapie dans l'ombre du souvenir ;  il s'avère donc impossible de ne pas réveiller ces regrets en même temps qu'on réveille les souvenirs; Ce qui voudrait dire que nous ne pouvons entièrement contrôler nos réminiscences, ni filtrer notre passé. Comment ces instants morts car passés peuvent-ils encore éveiller en nous des sentiments ? C'est justement  la magie des souvenirs qui nous permet presque de revivre à l'identique les émotions qui appartiennent à notre passé. 

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héliotrope 

Peut être qu’aimer ne se fait pas sans une certaine douleur  ? C’est ce qu’évoquerait le poème en ressuscitant ces sentiments amers à l’image des parfums des liserons et les pleurs des iris suggèreraient que les chagrins amoureux demeurent encore vivants; Toutefois,  si la mélodie  demeure mélancolique et nostalgique, elle constitue malgré tout  une forme d’apaisement qui peut être interprété comme une préparation au long sommeil ; Il s’agirait d’apprivoiser , en quelque sorte, l’approche de la mort et  d’amortir sa violence, marquée symboliquement dans le texte par les images de dévastation du refrain.

La douleur de ce refrain semble émaner de la terre elle-même te de chacun de ces éléments personnifiés  : tout d’abord, l’hiver pleure le vent hurle comme un fou et les arbres avec leurs membres nous font penser à des corps suppliciés sous l’effet de la torture; l’adjectif grêle marque leur fragilité et leur faiblesse et le verbe tordre traduit cette force destructrice des éléments déchaînés; De plus, la conjonction tandis que peut marquer un effet durable : on a la sensation que cette saison est rendue éternelle . Cet univers cauchemardesque entoure la poétesse à l’image de sa place dans le poème, au début et à la fin et pour y échapper, elle tente de se plonger dans les souvenirs heureux de son passé qui entrainent à leur tour d’autres souvenirs .

Antidote au présent mortifère, le ballet des souvenirs déploie ici toutes les couleurs de sa séduction pour nous faire oublier que nous sommes soumis au cours inexorable du temps dévastateur mai cec visions finissent par disparaître , par s’évanouir à nouveau pour rejoindre les ombres de notre passé et nous devons recommencer indéfiniment cette opération de réminiscence qui , en dépit de nos efforts, ne nous permet pas toujours de séparer les visions cruelles des plus douces , nous remontons donc le cours du temps, par le biais du souvenir,  pour  retrouver dans notre passé nos joies disparues.  A nos risques et périls . 

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iris