08. juillet 2016 · Commentaires fermés sur Mémoires d’une femme de ménage · Catégories: Le livre du mois
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Lectures estivales: vous avez l’embarras du choix; Le titre de ce petit récit écrit par Isaure et Bertrand Ferrier m’ a intrigué et j’ai voulu en savoir plus en lisant les 9 chapitres qui compilent les souvenirs de cette femme de ménage très observatrice. D’abord on apprend pourquoi cette étudiante est devenue travailleuse indépendante : pour l’argent on s’en doutait un peu mais aussi parce qu’elle a l’impression se rendre elles chose atour d’elle plus belle. Une sorte de fée du logis en somme !

Elle a eu envie de donner une voix à ces femmes qui demeurent souvent dans l’ombre mais sans pour autant “devenir le porte-voix d’une corporation”  Celle qui se définit plaisamment  comme une dompteuse d’aléas du quotidien raconte avec humour ces expériences et ces déceptions. Cette intermittente de la propreté tient à conserver ces grasses matinées et elle choisit des employeurs à proximité de son domicile le plus souvent . Il lui arriver pourtant de traverser tout Paris missionnée notamment par un centre d’aide sociale qui intervient auprès des gens malades ou seuls . L’héroïne narre ses entretiens d’embauche, détaille la maniaquerie des uns et le manque d’hygiène des autres . Et se plait à épingler , à la manière de Georges Pérec qu’elle cite d’ailleurs, le pouvoir des choses : “La vie , là, serait facile, serait simple. Toutes les obligations, tous les problèmes qu’implique la vie matérielle trouveraient une solution naturelle. Une femme de ménage serait là que matin  ” .

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L’auteure

Les bobos mettent des stylos aimantés sur leur réfrigérateur de luxe pour updater la liste de courses. Les fans du bio évoluent dans un décor connoté hindou avec statues de Shiva et remontées orientale-soixantehuitardes. Ce qu’aime Isaure,c’est surtout embellir l’espace: “j’adore quand les gens s’extasient parce qu’ils n’ont jamais vu leur intérieur aussi pimpant”  Parfois sa mission ressemble à mission impossible comme chez Kristin propriétaire d’un appartement sous les toits et de 5 adorables minous: “Des poils volent devant nous, un peu comme des pétales de rose mais pas du tout pareils. Devant les fenêtres sales, des stores à lamelles dont l’un est déglingué annoncent l’état général du lieu. Un parquet stratifié qui a beaucoup souffert ,meurt lentement dans la chambre et le salon; " L'appartement est à un stade de mochisme très très avancé et Isaure ne tiendra pas bien longtemps.

Elle travaille également en banlieue chez d’autre styles de bobo qui privilégient le faux chic et la soupçonnent de  vol; Elle acceptera même, un peu plus tard, un CDI pour l’Enfer dans un centre d’actions sociales de Seine- et- Marne mais démissionnera très vite; Elle se sent peu à peu professionnelle et se met à évaluer systématiquement la quantité de travail qu’il faudrait pour

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nettoyer la saleté qu’ elle voit. Elle en vient à s’interroger sur son incapacité à vivre dans une maison sale et diminue le nombre d’objets autour d’elle. Elle réfléchit à la manière d’une sociologue sur son lien avec son home sweet home. Drôle et cruel , ce récit vous fera découvrir l’envers du décor .