Le chapitre XIV du conte nous révèle les progrès accomplis par notre héros , au contact du vieux et sage Gordon; Voyons plutôt comment son esprit s’est fortifié et ce qu’il a appris en quelques semaines. Quelles questions pourrait-on vous poser sur cet extrait ?
Vous lirez dans les chapitres précédents ….
Embastillé depuis plus d’un an, notre héros emploie l’essentiel de son temps à lire et à discuter avec Gordon.Après la géométrie, il découvre la philosophie de Malebranche et ne partage pas l’idée selon laquelle toute idée émane de Dieu; Gordon lui résume les grands mythes des origines de l’homme et du mal sur terre mais ils ne parviennent pas à se mettre d’accord. L’esprit du jeune homme se fortifie de plus en plus mais la pensée de Mademoiselle de Saint Yves le distrait et l’empêche de progresser en mathématiques. L’histoire l’attriste car “elle n’est que le tableau des crimes et des malheurs” (chap X) ” Le monde lui parut trop méchant et trop misérable” . Seule l’histoire romaine trouve grâce à ses yeux et notre héros ne comprend pas pourquoi les nations se dotent d’origines fabuleuses. Il rappelle la phrase que le romancier Marmontel attribue à son héros Bélisaire général de l’empereur Justinien : ” La vérité luit de sa propre lumière et on n’éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers.” Gordon admire le “bon sens naturel de cet enfant presque sauvage” Tous deux sont d’accord pour condamner vivement les critiques , qualifiés d’ “excréments de la littérature”. Le narrateur compare son personnage à des “arbres vigoureux qui , nés dans un sol ingrat, étendent en peu de temps leurs racines et leurs branches quand ils sont transplantés dans un terrain favorable.” L’Ingénu découvre Molière qui l’enchante avec une préférence pour Tartuffe qui dénonce l’hypocrisie des faux dévots; Il aime par dessus-tout les vers des tragédies de Racine alors qu’il garde les yeux secs quand il lit les pièces de Corneille. Le chapitre que nous allons analyser est présenté sous l’aspect d’un dialogue philosophique entre Gordon et l’Ingénu: Les thèmes abordés sont la morale, les vérités en matière de religion et l’injustice de leur captivité.
Commentaire composé : vous rédigerez l’introduction et imaginerez la problématique qui peut être traitée à l’aide de ce plan
De l’ Ingénu faisait des progrès … libre cours à sa juste colère…(voir texte photocopié)
- Quelque pistes : Un dialogue argumentatif : des techniques de philosophie /questions/réponses, la dispute socratique et la maïeutique
- Le renversement des rôles : l’Ingénu devient un maître à penser et influence le sage Gordon, un éloge de l’homme naturel qui rejoint certaines réflexions autour du mythe du bon sauvage . Un ton polémique et critique : dénonciation du fanatisme religieux et de l’arbitraire de la justice
Voici quelques analyse pour vous aider à rédiger l’une des parties ..à partir de ces 12 points, à vous de les répartir au sein d ‘un plan détaillé et d’en trouver d’autres..
- la trempe de son âme : connotation laudative, esprit fort : Voltaire met en parallèle l’inné et l’acquis; l’éducation ne suffit pas à forger une belle âme; âme au sens d’esprit, personne.
- l’absence de préjugés est un atout comme l’exprime la métaphore de la rectitude : son entendement n”ayant point été courbé; les préjugés nous déforment et modifient nos pensées, les infléchissent dans le mauvais sens: usage de termes scientifiques issus de la géométrie
- importance de l’éducation : “les idées qu’on nous donne dans l’enfance” : un préjugé se forme avant l’apparition de l’esprit critique vers l’adolescence. les philosophes des Lumières accordaient donc beaucoup d’importance à la qualité de l’éducation.
- chimères : le mot à connotations négatives désigne des idées mensongères, des illusions : Gordon réalise qu’il s’est peut être trompé en accordant trop de crédit à l’idéologie janséniste; pries de conscience de Gordon provoquée par le raisonnement te la démonstration de l’Ingénu
- Voltaire fait l’éloge de l’homme naturel et emploi des expressions laudatives : progrès rapides,voyait les choses comme elles sont ; ce vocabulaire s’oppose aux connotations négatives liées à l’erreur
- les paradoxes sont nombreux et c’est un moyen d’attirer l’attention du lecteur: ce jeune ignorant instruit par la nature, vérité obscures et faussetés obscures..comment peut on à la fois être ignorant et instruit? comment une vérité peut elle paraître obscure ?
- la métaphore de la Lumière, assimilée au Savoir : si cette vérité était nécessaire comme le soleil l’est à la terre, elle serait brillante comme lui; pour Voltaire, dans le domaine religieux, il n’existe pas de vérité et rien ne peut être démontré; les religions qui prétendent imposer leur point de vue et leurs vérité sont ainsi assimilées à des sectes. “tout secte me paraît le ralliement de l’erreur ” Les arguments de l’ingénu ont pour but de démontrer que le mot vérité ne peut pas être employé dès qu’il s’agit de croyance et que les religions divisent les hommes qui ne parviennent pas à se mettre d’accord : ” ils sont trop partagés sur les vérités obscures” ; Voltaire montre ici que les querelles religieuses lui semblent vaines, nocives et totalement inutiles.
- les parallélismes de construction sont une arme efficace dans l’argumentation : “je vous plains d’être opprimé mais je vous plains d’être janséniste.” Les bourreaux catholiques jésuites sont dénoncés ainsi que leurs méthodes (jeter leurs opposants en prison) mais Voltaire condamne également les prises de position jansénistes en montrant qu’ils s’accrochent à de fausses idées.
- L’Ingénu se transforme en professeur de déisme et c’est lui qui tente de convaincre Gordon avec des questions philosophiques qui reposent sur des hypothèses : “S’il y avait eu une seule vérité cachée dans vos amas d’arguments qu’on ressasse depuis tant de siècles, on l’aurait découverte sans doute.” cet argument logique prouve qu’il ne peut y avoir de vérité en matière de religion ; notez au passage qu’amas et ressasse ont des connotations péjoratives qui renforcent la critique des partis religieux. Notez également l’ironie véhiculée ici par l’expression “sans doute” qui signifie assurément
- Voltaire établit néanmoins une différence entre les jansénistes et les jésuites : les premiers sont qualifiés de peu sages et les seconds de monstres car ils commettent le mal , tuent et persécutent d’autres hommes pour des dogmes sur lesquels ils ne sont pas d’accord; les jansénistes sont comparés à des fous et c’est finalement le doute qui s’empare de Gordon
- “j’ai perdu mes jours à raisonner sur la liberté de Dieu et du genre humain; mais j’ai perdu la mienne.” Voltaire traduit ici le scepticisme de Gordon et montre l’injustice de la captivité comme dans la suite du passage.
- On condamne les hommes sans les entendre ! critique de la manière dont l’Ingénu a été arrêté sans jamais pouvoir se justifier donc de l’arbitraire de la justice quand elle est soumise aux lettres de cachet (qui ont été supprimées en Angleterre ) En 1769, l’Habeas Corpus Act protège tout citoyen anglais des arrestatiosn arbitraires et Voltaire considère qu’il s’agit d’un progrès considérable. On retrouve d’autres références à cette justice arbitraire comme “Nous voici tous les deux dans les fers sans en savoir la raison et sans pouvoir la demander.”
Rédigez intégralement la conclusion de ce passage…