Que retenir d’un cours ? quels sont les points les plus importants ? que vais-je devoir apprendre ? est-ce que je suis obligé d’apprendre le cours par coeur ? Si ces questions méritent d’être posées dans toutes les matières, en français, il est possible d’y répondre dès le début de l’année. En effet, la plupart des cours ont pour but de vous faire acquérir à la fois des connaissances (une culture littéraire par exemple ) et des savoir-faire ( rédiger une dissertation, un commentaire littéraire, une question de corpus ou un sujet d’invention pour le bac de Françai s) Plus généralement , il est recommandé de savoir nommer avec précision ce qu’on cherche à retenir et à apprendre . Prenons ensemble l’exemple du premier cours qui s’intitule Indignez-vous … suivez le guide !
Le cours commence par une réflexion collective autour de sujets d’indignation . Au tableau sont listés des points qui suscitent l’indignation d’un certain nombre d’élèves . Ensuite le professeur donne comme consigne de relier ces mot selon des critères communs. Ainsi le sexisme et le racisme seront rassemblés dans la catégorie discriminations alors que le harcèlement et la dictature seront rassemblés dans une catégorie qui fait état de l’usage de la violence pour soumettre des individus. Un diaporama complète les notions envisagées : écart entre riches et pauvres, discriminations de toutes sortes . Il est l’occasion de revoir des notions importantes comme caricature, ironie, parodie, humour . Le cours se poursuit avec une prise de notes de mots définis par des élèves de la classe et l’analyse d’un texte de Stéphane Hessel . Le principales idées de ce texte sont notées au tableau et les élèves doivent pouvoir identifier les lignes où apparaissent ces idées reformulées. Le cours se termine par la réalisation de travaux d’écriture en groupe après avoir fait noter au tableau ce qu’est un schéma de communication . Chaque groupe choisit d’illustrer une situation de communication qui traduit une forme d’indignation. L’objectif de ce travail est d’apprendre à réutiliser dans l’expression écrite une situation de communication (qui parle à qui, sur quel ton et de quoi ) et de produire un texte argumentatif efficace (compétence en cours d’acquisition et travaillée ) , dans une langue maîtrisée (compétence requise) . Ces productions écrites feront l’objet au cours suivants d’un travail d’évaluation . 4 à 6 heures de français ont été attribuées à cette première séquence de français. Que doit -on en retenir ?
Ce cours comporte des connaissances à acquérir et des compétences (savoir-faire ) ; il peut être enregistré dans vos lutins (classeurs ) sous la forme d’une fiche mémorisation qui peut être réalisée soit à la maison soit en Travail autonome. Ci -dessous , en pièce jointe , une fiche mémorisation à imprimer ou à recopier . Vous trouverez également en pièce jointe (il suffit de cliquer sur la clé USB rouge située à la fin du billet ) des conseils pratiques et une carte qui résume les différentes manières d’apprendre . Bon courage …et bons apprentissages !
07. mai 2018 · Commentaires fermés sur Comment décrire un combat ? éléments de topographie d’un champ de bataille … · Catégories: Fiches méthode · Tags: guerre
Les hommes plongés au coeur de la mêlée sont pris dans un tourbillon de sensations parfois paradoxales . La plupart des écrivains qui cherchent à montrer le soldat en action mettent en évidence différents points ; tout d’abord le soldat est frappé par l’ambiance sonore autour de lui . En effet, les champs de bataille sont le plus souvent bruyants : cri des hommes, cri des mourants, hennissements des chevaux quand il s’agit de la cavalerie, tonnerre des canons lors des assauts ou crépitements des fusils d’assaut, tirs de grenade, de mortier; les détonations se succèdent et forment un vacarme infernal au milieu duquel les voix humaines semblent bien ténues. Pensez à décrire ces notations auditives car elles font partie de l’imagerie de la guerre . Mais les soldats sont également le centre d’émotions très violentes…
L’assaut peut les galvaniser et ils agissent presque de manière mécanique comme des sortes de machines ou de bêtes sauvages : ils tuent sans avoir le temps de réfléchir l’ennemi qui se met en travers de leur route ou qui menace leurs compagnons d’armes et agissent parfois même en se fiant à une forme d’instinct animal. En effet, de nombreux témoignages de soldats survivants mentionnent la rapidité avec laquelle les actions sont menées et une sorte de force animale qui les pousse à frapper, courir, escalader les tranchées , partir à l’assaut, faire des choses dont ils ne se seraient jamais crus capables . Evidemment la conscience du soldat est la proie d’un combat intérieur entre la peur de mourir , le désir de fuir le plus loin possible ces atrocités et l’envie de tuer, d’anéantir l’Ennemi qui à ce moment représente le Mal absolu . Des soldats ont fait état d’une forte montée d’adrénaline qui les pousse à commettre des actions incroyables . Certains se sentent à l’égal des Dieux , invincibles , surhumains. D’autres voient surgir leur animalité et décrivent la monstruosité des actes commis : monstrueux , bestial, animal sont des qualificatifs fréquemment utilisés pour décrire certaines scènes d’affrontement .
Certains rescapés évoquent justement au coeur des combats, ces moments de flottement de l’esprit où tout peut basculer ..et où tout se joue; Ils apparaissent déchirés entre l’envie d’échapper à cette tuerie et l’idée de mourir en héros..ou tout simplement de tuer et de se battre pour ne pas mourir. Le roman de Laurent Gaudé “Cris ” décrit bien tous ces moments à travers les pensées des différents personnages.
Mais plongé au coeur de la bataille le soldat enregistre les moindres détails : il contemple la mort de très près et doit être spectateur de celle de ses proches; la vue des cadavres, des mutilations, des corps démembrés..blessures difformes, carnage affreux ..membres encore palpitants, femmes éventrées ..tout ce lexique du corps, ces notations parfois hyper- réalistes , font partie des récits de batailles à tous les siècles. Le soldat devient une sorte de réceptacle de sensations et comme dans le roman de Gaudé, il enregistre les moindres sensations; Tout semble s’imprimer, se graver dans sa mémoire qu’il nous fait ensuite partager . Le sang coule parfois à flots et certains romanciers montrent les conséquences des affrontements à trappes des tableaux apocalyptiques : destructions en tous genres , sols jonchés de morts, évacuation des corps, identification des cadavres. La Nature n’est pas épargnée et apparaît elle aussi comme une victime : cratères des obus, arbres calcinés, terre ravagée, dégâts des blindés, récoltes détruites; les soldats peuvent être décrits comme des insectes : termites, taupes dans les tranchées , fourmis .
La peur est l’une des constantes et nombreux sont les témoignages des transformations qu’elle fait subir à l’homme : paralysie, tremblements, cris , désir de mourir, suicide parfois, perte du contrôle de son corps; les récits décrivent avec beaucoup de précisions les ravages de la peur et la menace de la folie n’est jamais très loin.Sous l’effet de la peur, les soldats peuvent perdre leurs moyens, décider de s’enfuir ou se mettre à courir en hurlant . La peur est d ‘ailleurs considérée comme l’ennemi principal du soldat, à toutes les époques. Elle est particulièrement marquée dans l’attente des assauts , du choc , des corps à corps; On devine la présence de l’ennemi, on la redoute: on l’imagine plus grand, plus fort, sauvage, cruel et on se retrouve parfois face à des hommes désarmés, des enfants, des femmes… le soldat peut alors être pris de court et refuser de tuer.
Qui dit combat dit bien sûr armes et chocs: pensez à utiliser un vocabulaire précis et en relation avec l’époque choisie; armes de jet, armes à feu, armes blanches; ne vous trompez pas et donnez des références si vous en connaissez..pensez aussi à décrire les uniformes car la guerre est également vue comme un spectacle. Employez là encore un vocabulaire spécialisé : képi, galons, barrettes, casques, bottes, vareuse, barda, cantine en fer blanc,gabardine, bleu horizon, tuniques rouges, sabre prussien … la description de la bataille n’en paraîtra que plus réaliste. N’oubliez pas non plus le vocabulaire de la stratégie militaire : flanc, front, avant, arrière, colonnes, blindés, artillerie, aviation, infanterie, régiment , bataillon, escouade, formation en ligne… en effet, une bataille est orchestrée par des stratèges et se base le plus souvent sur des déplacements de troupes.
Enfin choisissez un point de vue ou alternez les angles de description : l’attaque ne sera pas décrite de la même façon par un général de loin qui observe les mouvements de troupes avec sa longue -vue , les lignes arrières qui s’organisent et es préparent à recevoir les blessés et à fournir la relève, le poste médical, les soldats au front , le camp ennemi. La subjectivité d’un personnage peut également aller à l’encontre de la vérité historique . Waterloo en 1815 fut une très lourde défaite française mais un spectateur ignorant , héros naïf comme le construit Stendhal dans son roman, le jeune Fabrice del Dongo, pourrait y voir une victoire pour Napoléon. Le romancier montre par ce procédé, l’ignorance de son héros incapable de reconnaître, par exemple, les officiers ; Avec le regard de Fabrice , cette bataille semble incompréhensible. Hugo poète et grand admirateur de Napoléon la montre dans toute sa tragédie et illustre le sacrifice héroïque de la garde de l’Empereur ainsi que la panique qui s’empare ensuite des hommes et fait s’évanouir la grande armée . Céline montre l’absurdité des ordres donnés en 14/18 et le sentiment de révolte qui s’empare de certains hommes de troupe alors que Laurent Gaudé adopte différents points de vue pour décrire cette première guerre mondiale.
Héros ou martyr, déserteur ou brute sanguinaire, la guerre fait ressortir ce que l’homme a déjà en lui : le pire comme le meilleur ; elle le pousse au delà de ses limites et lui fait entrevoir en même temps sa part d’immortalité et sa condition humaine de simple mortel. Elle peut transformer le destin d’un homme et le traumatiser durablement. Elle marque aussi durablement la mémoire d’un pays et fédère tout autant qu’elle peut diviser . Objet de vénération et de répulsion, elle ne cessera de diviser les hommes .
21. avril 2018 · Commentaires fermés sur Les critères de réussite du commentaire littéraire · Catégories: Fiches méthode · Tags: bac
Comment savoir si son commentaire littéraire est réussi ? Je vous conseille d’examiner les points suivants afin de déterminer si vous avez suivi ou pas les critères de réussite de cet exercice . Un commentaire doit comporter une introduction et une conclusion visiblement séparées du développement ; ce dernier est formé de paragraphes argumentés qui contiennent trois types d’éléments : des citations extraites du texte en nombre suffisant et intégrées dans des phrases construites , des observations stylistiques basées le plus souvent sur des procédés d’écriture mis en relation avec des interprétations ,c’est à dire des propositions d’explications et d’analyses du sens du texte .
Voici quelques exemples de grilles qui proposent des barèmes d’évaluation de cet exercice. Les différentes lettres qui apparaissent sur vos copies sont O comme organisation sur 4 pts , C comme citations, S comme style pour évaluer le repérage des procédés d’écriture , analyses stylistiques et I comme interprétations dans la partie à 8 points et enfin E comme expression globale sur 4 points.
Le commentaire littéraire : 16 points
Les attentes du commentaire littéraire: voilà une reprise du barème utilisé au baccalauréat.
La notation évalue 3 principalement compétences :
la composition et l’organisation (4 points),
la pertinence du contenu (8 points)
l’expression (4 points).
Composition et organisation : 4 points
4 points : la copie comporte un paragraphe d’introduction, un paragraphe de conclusion et au moins deux parties, elles-mêmes structurées, correspondant aux idées directrices.
2 points : la copie comporte une introduction, une conclusion et deux parties sans structure interne.
1 point : la copie ne présente qu’une organisation apparente, sans cohérence réelle.
0 point : la copie est incomplète ou vraiment très brève.
Contenu : 8 points en fonction du texte à commenter.
6 à 8 : présence de citations bien choisies , de procédés d’écriture nommés avec exactitude et d’interprétations correctes
4 à 6 : l’un des points est manquant ou défaillant
2 à 4 : les citations en sont pas intégrées ou absentes, les procédés d’écriture non relevés ou en nombre très insuffisant et interprétations non étayées par le texte (hypothèse de lecture fantaisistes )
0 à 2 : absence de citations, de relevés stylistiques et/ou d’interprétations .
Expression: 4 points
4 points : expression globalement correcte (nombre de fautes limité)
3 points : expression syntaxique globalement correcte, mais orthographe comportant quelques négligences.
2 points : syntaxe et ponctuation maladroites, orthographe négligée, mais n’altérant pas gravement la compréhension.
1 point : langue très incorrecte, rendant difficile la compréhension.
La rhétorique est l’art de bien parler; Les Anciens ont mis au point une série de traités qui enseignent l’efficacité en matière de construction des discours ; ils établissent une distinction entre les discours de l’avocat qui défend un client ou plaide une cause dans le cadre d’un procès ; (éloquence judiciaire ) les discours des hommes politiques qui tentent de faire voter des lois ou d’ amener des citoyens à voter pour eux ( genre délibératif ) ; Enfin le genre épidictique regroupe tous les discours prononcés à l’occasion d’un événement de la vie quotidienne tel qu’un enterrement (oraison funèbre) ou un mariage ou un discours de réception d’un prix .
1. Les trois genres rhétoriques
II.1.1. Le genre judiciaire
Le genre judiciaire renvoie à un discours dont la fonction est d’accuser ou défendre.
Le genre judiciaire est donc surtout destiné au tribunal, puisque c’est là principalement qu’on accuse ou qu’on défend.De plus, le genre judiciaire renvoie essentiellement au passé, puisque lorsqu’on juge des faits, ces faits sont en principe déjà accomplis.Enfin, le genre judiciaire met nécessairement en œuvre les valeurs du juste et de l’injuste.
II.1.2. Le genre délibératif
Le genre délibératif renvoie à un discours dont la fonction est de persuader ou de dissuader.Le genre délibératif s’adresse donc à une assemblée publique. En effet, c’est au forum, dans un conseil, ou encore au Parlement qu’on persuade ou dissuade d’entreprendre la guerre, d’élever un bâtiment, d’accomplir telle ou telle action concernant l’ensemble de la société.Le genre délibératif renvoie par conséquent au futur, puisqu’il s’efforce d’amener l’auditoire à prendre une décision qui engage l’avenir.Le genre délibératif met essentiellement en œuvre les valeurs de l’utile et du nuisible.
II.1.3. Le genre démonstratif (ou épidictique)
Le genre démonstratif renvoie à un discours dont la fonction est de louer, blâmer, ou plus généralement d’instruire. Il est parfois aussi appelé genre épidictique.Le genre démonstratif s’adresse à un auditoire réuni à l’occasion d’un événement particulier tel qu’un mariage, un décès, une réception officielle. C’est là qu’on loue ou blâme; c’est là qu’au travers de la louange ou du blâme, on instruit des choses de la vie.Le genre démonstratif ou épidictique renvoie tout à la fois au passé, au présent et au futur: il s’agit de louer ou de blâmer tel ou tel personnage, dont on évoque pour ce faire les actions passées et dont on prédit les actions à venir à partir de ses qualités présentes.Le genre démonstratif ou épidictique a donc principalement trait à l’admirable et à l’exécrable.
II.2. Genres rhétoriques et genres littéraires
Les genres rhétoriques entretiennent un rapport étroit avec les genres littéraires.
Le genre judiciaire est très présent dans la tragédie, où les situations de conflits abondent. Les personnages tragiques sont en effet souvent amenés à se justifier, à accuser, ou à se disculper. Ainsi, dans Le Cid de Corneille, Chimène accuse Rodrigue du meurtre de son père et demande réparation au roi qui se trouve alors en position de juge (II, 8). À son tour, le père de Rodrigue prend la défense de son fils et fait valoir ses arguments.
Le genre délibératif est présent dans divers genres littéraires. Il intervient dès que les personnages doivent se décider à agir dans un sens ou dans un autre. Au théâtre, les scènes où un confident, un proche ou un ami dialoguent avec un personnage pour le conseiller relèvent du genre délibératif. Parfois, un seul personnage peut tenir un monologue relevant du genre délibératif, comme lorsque Rodrigue, dans les fameuses stances du Cid, s’interroge sur la conduite à tenir (I, 6).
Dans la poésie lyrique, les vers dans lesquels le poète exhorte sa Dame à se montrer moins cruelle ressortissent également au genre délibératif.
Le genre démonstratif ou épidictique est très présent dans la poésie lyrique où le poète chante la beauté de sa Dame, de même que dans la poésie officielle où il chante la grandeur d’un monarque et dans la poésie religieuse où il chante la grandeur de Dieu. On trouve également le genre démonstratif au théâtre, dans les scènes d’exposition, au cours desquelles un personnage met un autre personnage au courant de faits qu’il doit connaître.
II.3. Les cinq opérations rhétoriques
Quel que soit le genre rhétorique d’un discours, ce discours doit obéir à certains principes communs aux trois genres pour être efficace.
Un discours doit ainsi présenter des arguments pertinents ou relater des faits pertinents; un discours doit aussi suivre un plan qui en assure la cohérence et l’organisation; un discours doit également adopter un style approprié aux circonstances; il doit enfin être prononcé de façon vivante.
Ces diverses exigences correspondent moins aux étapes successives de la composition d’un discours qu’à des opérations rhétoriques par lesquelles il faut nécessairement passer pour produire un discours efficace. Examinons ces opérations les unes après les autres.
II.3.1. L’inventio ou la recherche des arguments
L’invention (inventio, dans les traités de rhétorique rédigés en latin) désigne la recherche des arguments et des idées à présenter aux destinataires du discours.
Ces arguments sont de deux types: les arguments affectifs qui agissent sur les émotions et la sensibilité des auditeurs et les arguments rationnels qui en appellent à leur raison.
II.3.1.1. Les arguments affectifs: l’ethos et le pathos
Les arguments affectifs se distribuent eux-mêmes en deux catégories: l’ethos et le pathos.
L’ethos est l’image que l’orateur ou l’auteur du discours donne de lui-même à travers son discours. Il rassemble les notations relatives à l’attitude que l’auteur du discours doit adopter pour s’attirer la bienveillance des destinataires. Cette attitude doit être faite de modestie, de bon sens, d’attention aux destinataires…
La seconde catégorie d’arguments affectifs rassemble les notations visant à éveiller les passions de l’auditoire (colère, crainte, pitié,…). C’est ce qu’on appelle le pathos du discours, autrement dit la charge émotionnelle du discours. Celle-ci peut notamment prendre la forme d’apostrophes véhémentes ou encore d’exclamations
La construction canonique du discours argumentatif :
– Exorde : une introduction
– Narration : on raconte les faits
–Confirmation : on réaffirme son opinion et on donne ses arguments
–Réfutation : on réfute les arguments de la partie adverse
–Péroraison : la conclusion du discours argumentatif
Les cinq étapes pour construire un discours argumentatif :
– L’invention : chercher tous les arguments pour ou contre
– La dipositio : organiser ses arguments dans un plan
– L’actio : le savoir être, le comportement, les gestes qui viennent appuyer le discours
– memoria : maîtriser son sujet et ne pas être collé sur ses notes
Un sujet d’invention fréquent peut consister à composer un discours : n’oubliez pas que ce type de texte privilégie certaines techniques qu’il vous faut mémoriser ; Commençons par réviser un peu ..pour comprendre quelles sont les particularités de la rhétorique des discours. Tout d’abord, un discours doit être abordé dans une situation de communication : il vous faudra d’abord préciser à quel public s’adresse l’orateur et dans quel contexte il se trouve; On différenciera , par exemple, un discours politique d’un discours de commémoration ou de réception , par exemple, à l’occasion de la remise d’une récompense ; On tiendra compte également de la position du locuteur : représente-t-il un parti, une faction ? s’exprime-t-il au nom d’un collectif ou en son nom propre ? Ainsi, on pourra envisager les arguments dans leur contexte ; De plus, on tiendra compte des procédés employés et notamment de ceux qui nous provient de l’éloquence antique ou de l’art oratoire classique ; Entrons dans les détails …
LE DISCOURS = un texte écrit, destiné à être lu à voix haute ou publié et qui s’adresse à un large public afin d’emporter son adhésion. Le discours ne semble donc pas vouloir se contenter d’un destinataire unique mais au contraire cherche à convaincre et persuader le plus grand nombre. Contrairement à l’essai, il utilise forcément les techniques de la rhétorique, c’est-à-dire de l‘art oratoire, en déroulant avec rigueur une pensée très structurée.
La première qualité d’un discours est d’être éloquent : n’oubliez pas que vous vous adressez à un public, à des lecteurs ou le plus souvent à des auditeurs donc tenez compte de votre auditoire et adressez-vous à eux, cherchez à attirer leur attention.
Le discours est un texte rédigé avec soin et destiné à être lu devant une assemblée ou un large public.
Ex : Discours de réception du prix Nobel de Camus (XXe) ; Appel de l’abbé Pierre en hiver 1954 (XXe) Discours d’André Malraux (voir illustration) pour l transfert des cendres de Jean Moulin au panthéon.
Le sermon est un discours religieux qui sert de discours de prédication, pour répandre la parole divine.
Ex : Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre de Bossuet (XVIIe) est un éloge + un sermon. Une oraison funèbre est la version religieuse de l’éloge des héros tel qu’il était pratiqué dans la Rome antique: C’est un genre codifié qui obéit à des règles strictes
Le dialogue philosophique est un discours à deux voix permettant au lecteur d’assister à la confrontation de deux points de vue différents afin de se forger sa propre opinion.
Ex : Diderotest le philosophe des Lumières qui utilisait beaucoup la forme dialoguée
La lettre ouverte est une lettre destinée à une personne précise mais rendue volontairement publique par son auteur pour toucher le plus grand nombre.
Ex : Lettre ouverte « J’accuse » d’Emile Zola à l’occasion de l’affaire Dreyfus en 1898 : cette lettre est destinée à Monsieur Félix Faure, président de la République, mais publiée volontairement dans le journal L’Aurore. Les lettres philosophiques de Voltaire peuvent être considérées en partie comme des lettres ouvertes.
Le manifeste est une œuvre théorique qui cherche à servir de référence à un groupe pour définir une nouvelle pensée.
Ex : Manifeste du surréalisme d’André Breton (XXe)
Les techniques communes à tous ces type de discours à privilégier sont les questions rhétoriques , les adresses au public, la ponctuation expressive, les répétitions.
La rhétorique distingue trois grandes parties dans un discours : l’entrée en matière (exorde) , le corps du texte et sa structure (dispositio) – et enfin la conclusion (péroraison)
Avant de commencer votre discours, notez au brouillon des éléments de disposition et d’organisation; réfléchissez notamment à l’ordre des arguments que vous allez employer et pensez à vous servir des arguments de vos adversaires pour les contrecarrer.
Etudier des textes argumentatifs suppose de savoir nommer avec précision les procédés employés par les écrivains pour nous convaincre et / nous persuader de la justesse de leurs thèses. Leurs stratégies argumentatives désignent l’ensemble des moyens qu’ils vont mettre en oeuvre pour défendre leurs opinions ; Ils peuvent se servir des formes de textes (discours, dialogue, récit ) , des différents registres (les mélanger, les opposer ) , du lexique plus ou moins imagé, plus ou moins péjoratif ou critique ou au contraire élogieux. Le plus important consiste à repérer la thèse qu’ils soutiennent ou qu’ils combattent et la manière dont ils s’y prennent pour fabriquer leur raisonnement et réussir à vous influencer ; N’oubliez pas d’observer les connecteurs logiques : ils vous seront d’un grand secours pour déterminer à quel type d’arguments vous êtes confrontés. L‘éloquence désigne l’art de savoir convaincre en paroles et donc de bien utiliser les stratégies argumentaires adaptées à un public précis ou à une situation de communication.
Voilà qui devrait vous aider à y voir plus clair ….
Fiche de vocabulaire sur l’argumentation :
I/ Pour commencer : – Argumenter : signifie soutenir une thèse (idée) dans le but d’obtenir l’adhésion de son destinataire à l’aide d’arguments
Deux démarches pour argumenter :
– Convaincre : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments logiques, qui sollicitent la raison. (chiffres, exemples , raisonnements déductifs, inductifs )
– Persuader : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments affectifs, qui sollicitent ses sentiments. (pitié, colère, compassion, haine..)
II/ Vocabulaire argumentatif :
– Thème : sujet abordé par un texte. Pour le repérer, il faut s’intéresser au titre de l’œuvre, aux champs lexicaux présents.
– Argument : c’est un élément de raisonnement (un fait, une remarque, une réflexion, une analyse) sur lequel on s’appuie pour justifier une thèse. Il est le plus souvent abstrait ou général .
– Exemple : c’est un élément concret, précis, qui sert à illustrer un argument. Il est également appelé illustration
– Le syllogisme : raisonnement déductif (de la règle générale on tire l’exemple ou le cas particulier ), formé de deux propositions conduisant à une conclusion.
Ex : « Tous les hommes sont mortels ; or je suis un homme ; donc je suis mortel ».
– Le sophisme : souvent fondé sur le même principe que le syllogisme, il s’agit d’un raisonnement qui paraît rigoureux mais il est illogique : « Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est mortel ; donc Socrate est un homme » (mais en fait Socrate est le nom de mon chat par exemple).
– Le paradoxe : du grec « para » (contre) et « doxa » (opinion) ; pensée contraire à l’opinion communément partagée. Il surprend le lecteur par son côté étonnant.
III/ Les différentes pratiques de l’argumentation :
– La délibération :
Délibérer : du latin « deliberare » qui signifie « réfléchir mûrement, trancher, décider »,consiste à considérer différents points de vue. Il s’agit de confronter des idées contradictoires avant de prendre une décision, de trouver une solution.
– La conviction :
Convaincre nécessite de faire appel à des arguments sollicitant la raison, l’intelligence, les facultés d’analyse du destinataire pour obtenir son adhésion. Les arguments doivent donc être illustrés au moyen d’ exemples ; la progression argumentative est marquée par l’utilisation de connecteurs logiques (tout d’abord, ensuite, puis, en revanche, cependant, alors, aussi, en outre…).
– La persuasion :
Persuader, c’est agir sur la sensibilité du destinataire pour obtenir son adhésion. On a donc recours à des procédés tels que : l’apostrophe, les questions rhétoriques (questions qui n’attendent pas de réponses), l’exclamation, la variation des différents registres .
IV/ Exemples de genres argumentatifs :
– L’essai : L’essai désigne un genre littéraire caractérisé par un texte en prose, argumentatif où la présence de l’auteur est nettement marquée par l’utilisation de la première personne. L’auteur livre une réflexion et ses impressions à travers une écriture personnelle. L’essai est donc un genre où l’auteur développe une pensée en mouvement en train de se saisir. Les sujets traités sont essentiellement d’ordre philosophique, moral, politique, artistique et parfois religieux.
On considère que c’est Montaigne (1533-1592) qui crée le genre en intitulant son œuvre Essais. Dans cette œuvre répartie en trois livres, il analyse notamment les faiblesses de la nature humaine et ses imperfections ; il confronte les civilisations et réfléchit sur la notion de barbarie…
– La lettre :En général, elle est adressée un destinataire réel que l’on veut convaincre. Elle est souvent propice au débat dans la mesure où elle implique une réponse. Elle peut aussi prendre la forme d’une lettre ouverte, publiée, s’adressant ainsi au plus grand nombre. Par exemple, « J’accuse » de Zola est une lettre adressée au président Félix Faure, publiée le 13 janvier 1898 dans le journal L’Aurore, pour dénoncer l’injustice concernant l’ « affaire Dreyfus ».
– L’apologue :Il s’agit d’un récit allégorique, plus ou moins court, en vers ou en prose, visée morale (implicite ou explicite). La fonction première de l’apologue est de divertir au moyen d’un récit plaisant chargé de livrer un enseignement moral.
V/ Exemples de registres pour le texte argumentatif :
– Le registre polémique :Du grec « polemos », signifiant « combat », le registre polémique est synonyme de violence verbale entre deux interlocuteurs. C’est un registre qui suscite le débat. Le texte polémique comporte une ponctuation expressive avec des exclamations, des interjections et des interrogations.
L’auteur ou le narrateur d’un texte polémique attaque ouvertement un personnage, une institution, une idée.
– Le registre comique peut être présent sous la forme de :L’absurde : il permet de confronter deux éléments qui n’ont rien en commun. L’ironie : elle consiste dire le contraire de ce que l’on pense.
– Le registre satirique :Il permet de dénoncer des situations en les ridiculisant et de faire réagir le lecteur grâce à l’ironie et à l’exagération de certains traits.
– Le registre didactique :Il permet d’enseigner un savoir. La fonction du texte est de transmettre un savoir ou une morale.
Le sujet de bac blanc proposait un corpus formé de textes de théâtre : une tragédie classique de Racine, Phèdre qui nous livre un face à face pathétique entre l’héroïne éponyme , une jeune reine, nouvelle épouse du roi Thésée , qui durant lalongue absence de son époux, est tombée amoureuse de son beau-fils; Empoisonnée par cette passion funeste et et monstrueuse , troublée , elle ne sait comment alléger son cour et son âme du fardeau de cette culpabilité et elle se livre ici, à de timides aveux, pressée par sa nourrice Oenone qui s’inquiète pour elle ; Le second extrait est tirée d’une comédie amoureuse de Maritaux; pour tester la sincérité des sentiments de leurs promis , deux aristocrates ont l’idée de demander à leurs valets de prendre leur place ; on assiste alors au moment où Arlequin se sent obligé de révéler sa véritable identité et à sa grande surprise, Lisette , à son tour, avoue qu’elle n’est qu’une femme de chambre; cette double révélation orchestrée par des apartés et des quiproquos va permettre aux deux jeunes gens de s’aimer ; Alors que dans le drame romantique de Hugo, Ruy Blas , nous sommes les témoins d’une révélation douloureuse : celle d’un amour interdit ou tout du moins jugé scandaleux , entre un homme du peuple, obligé de jouer les valets et la plus grande dame du pays: la reine d’Espagne . Ici le dramaturge exploite la dimension pathétique de l’aveu: le héros prend conscience de son destin tragique et décrit les tourments d’une passion dévorante; Il est encore question d’amour dans la pièce d’Anouilh inspirée de la tragédie antique Antigone : alors qu’elle vit se dernières heures, la princesse écrit à son fiancé pour moi avouer qu’elle l’aime et surtout qu’elle redoute la mort ; cette dimension pathétique des aveux est renforcée par la volte-face de l’héroïne : seul le spectateur connaîtra son secret ; Le personnage du confident ici est un garde qui manifeste une forme d’indifférence, de distance : il écrit sous la dictée et ses hésitations ont une dimension comique qui atteste edu mélange des genres revendiqué par le dramaturge. La question de synthèse portait sur la manière dont les aveux sont finalement formulés …alors bonne lecture .
Avant de vous propose des pistes pour le corrigé de la question de corpus, n’oublie pas qu quand vous êtes face à une écritute théâtrale, il ne faut pas oublier la dimension spectaculaire et le rôle du spectateur grâce à la double énonciation. Pensez également à utiliser vos connaissances sur les genres ; Le tragique a pour objet d’émouvoir en faisant ressentir de la terreur et de la pitié (pathétique ) pour le héros; le comique naît souvent de la situation proposée (quiproquo, déguisement, faux-semblants) ; Le drame romantique mêle le grotesque et le sublime et Ruy Blas présente d’ailleurs de nombreux points communs avec Phèdre ; thème de la passion fatale et destructrice, suicide final par empoisonnement; Enfin le théâtre peut aussi être l’objet d’une critique de certains aspects de la société en présentant les différences de rang social comme des obstacles insurmontables à l’amour ; Hugo définit son héros comme “un ver de terre amoureux d’une étoile “ . Le thème de l’amour était bien un élément fédérateur et chaque personnage avouait à un proche ou à un simple témoin , son penchant pour l’objet de ses désirs.
La question de corpus : éléments de réponse à organiser ..
Le rôle de l’interlocuteur dans l’obtention de l’aveu difficile
un interlocuteur pressant :
dans l’extrait de Phèdre, Oenone, qui tient le rôle traditionnel dans la tragédie classique de la confidente de l’héroïne, la presse de questions pour obtenir l’aveu (impératifs, stichomythies et répliques brèves qui confèrent à la nourrice un ton péremptoire).
On retrouve les impératifs et les interrogations dans l’extrait de Marivaux lorsque Lisette veut qu’Arlequin lui dévoile sa véritable identité. Cependant, la situation s’inverse dans cette scène de double aveu dont la dimension comique repose sur des effets de parallélisme entre les deux serviteurs qui avouent l’un après l’autre quel est leur véritable statut (« magot »/ « magotte », « soldat d’antichambre de Monsieur » / « coiffeuse de Madame »)
un confident involontaire : dans l’extrait de Ruy Blas, Don César ne cherche pas à obtenir l’aveu. Il est cependant un personnage indispensable sur le plan dramatique pour recevoir cet aveu et sa présence semble déclencher la libération de la parole du héros éponyme : Don César n’a que des répliques de moins d’un alexandrin, parfois d’une seule syllabe (« Ciel ! ») comme s’il était sidéré par l’aveu, tandis que les répliques de Ruy Blas sont de plus en plus longues
Un obstacle à l’aveu : dans la pièce d’Anouilh, le garde n’est que le scripteur de la lettre que lui dicte Antigone. Il ne semble pas comprendre ce qu’elle lui dit. L’impossibilité de toute communication suscite le désarroi de la jeune fille qui finit par renoncer à s’expliquer.
II. Des détours et des dérobades qui retardent l’aveu
Des personnages qui ne répondent pas directement à leur interlocuteur :
Apartés par lesquels le personnage ne répond pas mais commente la stratégie à adopter pour faire comprendre la vérité (Texte A, v. 5 ; texte B, l. 8 ou l. 11).
Antigone (Texte D) ignore aussi les questions du garde, mais il s’agit plutôt pour elle de continuer à expliquer son geste malgré les interventions peu pertinentes de ce dernier.
Digression de Phèdre sur sa lignée maudite qui retarde l’aveu.
Emploi de périphrases (caractère indicible de la vérité) : « Fils de l’Amazone » pour désigner Hippolyte (Texte A) qui ne sera d’ailleurs pas nommé par Phèdre elle-même mais par Oenone, « soldat d’antichambre de Monsieur » pour évoquer le statut de valet (Texte B), « hydre aux dents de flamme » pour la passion amoureuse (Texte C).
III. Une amplification de la gravité de l’aveu
Désarroi des personnages face à une vérité presque impossible à dire
Expression de l’émotion :
ponctuation expressive (exclamations dans les textes A, B, C)
Interruptions (points de suspension dans le texte A, tirets qui indiquent un discours décousu et haletant dans le texte C)
Interjection (« Oh ! ») d’Antigone (Texte D)
Questions (non rhétoriques, elle se demande vraiment comment avouer la vérité) de Phèdre. Idem dans le texte B mais dans un registre comique.
Procédés d’amplification
hyperbole « le comble des horreurs » (Texte A)
Gradation « quelque chose / D’étrange, d’insensé, d’horrible et d’inouï » (Texte C)
Sujet d’invention : quelques pistes
Plusieurs critères peuvent être retenus pour évaluer les écritures d’invention . J’ai fait apparaître 3 indicateurs sur les copies ; la qualité de l’écriture et notamment du style ; j’ai pénalisé les copies qui utilisent un style trop familier ou relâché et j’ai comptabilisé dans cette rubrique quelques anachronismes (le stress à Rome chez l’empereur , les finances de Louis XVI qui sont définitivement dans le rouge ..) Deux éléments sont ensuite évalués sur 6 points : la qualité théâtrale de l’écriture du dialogue et le choix de la situation et de la nature dramatique de l’aveu.
Faut-il sanctionner l’absence d’un paratexte ? Il est peut- être préférable de valoriser la présence d’une courte introduction notamment quand elle nomme les personnages, les situe et définit la situation qui va être développée ?
Notons d’abord que les copies se sont le plus souvent inspirées de situations lues ou étudiées en classe
Les types d’aveux : les meurtres d’abord et souvent passionnels
une soeur qui tue sa sœur car elle est amoureuse du mari de cette dernière se confie à sa suivante le jour des funérailles (le cadre est intéressant pour les effets de dramatisation)
un homme qui avoue (à son meilleur ami) qu’il était amoureux de l’épouse de ce dernier et qu’il l’a tuée
une mère avant de mourir qui avoue (à son fils ) qu’elle a tué son père , sujet de tragédie
un mari qui avoue (à son épouse ) avoir tué un homme par accident et l’avoir enterré dans une cabane au fond du jardin.
L’amour impossible arrive en tête des situations choisies comme dans les tragédies ..
Au premier rang des interdits, la morale et la famille …nous rencontrons ainsi :
une femme amoureuse du mari de sa sœur qui l’avoue (à sa servante )
une princesse amoureuse d’un homme de rang inférieur qui l’insulte pour le faire renoncer à leur amour (double faute en quelque sorte)
une jeune femme bourgeoise amoureuse d’un homme de rang inférieur qui l’avoue à sa soeur et ensuite à son père (double aveu cette fois )
un guerrier grec (Ulysse bis ) qui avoue à la femme de l’île sur laquelle il a fait escale qu’il est déjà marié et que son coeur est pris ailleurs . (bigamie criminelle )
une reine veuve qui tombe amoureuse du mari de sa fille (Phèdre version belle-famille )
un prince qui tombe amoureux de la mère de sa fiancée et se confie à son meilleur ami (Phèdre revisité )
La scène d’aveu comme l’illustrait le corpus peut appartenir soit au genre tragique soit aux comédies : on notera d’ailleurs que certaines copies mélangent assez habilement parfois les deux registres en créant une dispute en surimpression de leur scène d’aveu . Mais c’était une difficulté supplémentaire et certains ont été maladroits en mixant les registres . Anouilh s’ efforce de créer ce mélange en choisissant un confident pour le moins étrange avec ce garde qui ne semble pas saisir l’importance des révélations d’Antigone ; la pièce , en effet, est construite sur le mélange des genres et le spectateur est ici partagé entre le pathétique des révélations d’Antigone, ici affaiblie à cause de son amour pour Hémon et de sa peur de mourir ; cette fragilité du personnage est dramatisée par le choix de ce confident imposé qui agit « mécaniquement » mais dont les répliques peuvent également nous faire sourire par leur dimension décalée , inattendue et ce procédé estompe la tonalité pathétique.
Faut-il jouer la carte de l’originalité ?
C’est une question que se posent souvent les candidats qui cherchent ainsi à se démarquer des choix plus convenus de leurs camarades . En effet, le correcteur risque de se lasser de la version 40 de Phèdre ou de la lettre d’aveu mais il faut noter que le corpus sert aussi de référence et qu’il parait judicieux de s’inspirer des situations mises en scène , en tentant de les réécrire.
Parmi les copies qui ont su faire preuve d’inventivité , on trouve :
une femme qui avoue un rêve (à son époux ) où elle voit son avenir heureux avec un autre homme ( situation originale car elle décide littéralement de le quitter pour réaliser son rêve.)
D’une facture un peu plus classique, on trouve les deux situations suivantes qui oublient juste de mettre l’aveu au centre des préoccupations des personnages
Un amoureux qui demande de l’aide à une amie pour écrire une lettre d’amour qui lui sera finalement destinée mais sans le lui dire ..imitation de la célèbre scène de la révélation où Cyrano se trahit en lisant la lettre de Christian alors qu’il fait nuit ..exposant ainsi à Roxane son amour et la supercherie dont elle a été la victime
une femme qui quitte son mari pour rejoindre un autre homme (elle l’avoue d’ailleurs assez sèchement au pauvre mari dépité , qui a bien du mal à comprendre ce qui se passe )
Un élève a été bien inspiré et a pensé à l’aveu d’une faute professionnelle : le ministre incompétent redoute la réaction de son supérieur le roi de France<font face="Times New Roman">; Le monde du travail pouvait offrir un large éventail de choix (supercheries , faux en écriture , s’attribuer le travail d’un autre ..)
Le réservoir des situations tragiques pouvait être largement exploité comme par exemple cette copie où Rodrigue est devenu le fils de Caligula qui avoue ( à sa fiancée ) qu’il va devoir combattre son père en duel à mort dans l’arène (version romaine du Cid de Corneille )
Mais l’amour n’était pas nécessairement un ingrédient indispensable pour fabriquer une scène d’aveu théâtrale . Une copie qui sort des sentiers battus a mis en scène une situation où une jeune femme arrête ses études pour s’occuper de son grand-père désormais seul ; elle fait cet aveu à une amie-qui paraît consternée . On pouvait se demander ce qui a motivé le choix de cette situation qui semble tant heurter la meilleure amie et confidente .
Peu importe l’aveu au fond, les procédés de dramatisation et de retardement ont souvent fait la différence entre des copies qui exploitent une idée et des copies qui s’efforcent de tirer parti théâtralement de la même idée
Comment théâtraliser l’aveu ?
Rappelons ici quelques procédés d’écriture théâtrale
l’aparté ou adresse au public qui joue sur la double énonciation
les effets de retardement
le dialogue de sourd
les répliques interrompues
l’arrivée d’un personnage qui interrompt l’échange
les hésitations, revirements et autres formules préparatoires du type : je ne sais si je puis, je ne saurais vous dire, vous allez me trouver horrible, vous allez sans doute être surpris , il faut que je vous dise
L’usage des didascalies était important : on pouvait, par exemple, inventer les gestes d’accompagnement de l’aveu : asseyez-vous, allons plus loin…la fait asseoir, lui prend la main , détourne le regard, fait les cent pas, on pouvait aussi noter des variations du ton : d’une voix peu assurée, tremblante, en toussotant..
Un dilemme est une situation fréquente au théâtre : il s’agit d’un choix quasi impossible, extrêmement douloureux face auquel un personnage est placé; Le dilemme devait être résolu c’est à dire que le choix devait être fait au cours de la scène . Votre sujet d’invention consistait à créer et ensuite à rédiger ce dilemme qui devait être joué sur scène sous la forme d’un monologue par un acteur . Pour ce fair vous deviez d’abord présenter la situation initiale c’est dir résumer en quelques lignes les enjeux du dilemme. Ensuite, vous deviez écrire un texte destiné à être représenté sur scène ; Donc le point le plus important de ce travail d’invention consistait à préciser les éléments de mise en scène choisis pour mettre ne évidence le caractère angoissant de la situation dans laquelle es trouve plongé le perosnnage. Voyons donc dans l’ordre chacun des points respectivement évalué à hauteur de 4 pts , 6 pts et 10 pts.
Examinons d’abord les situations inventées
Mention spéciale aux dilemmes qui mettent en jeu la vie d’un personnage : il peut s’agir de raisons médicales comme par exemple arrêter un traitement ou choisir qui va vivre et qui va mourir quand on ne peut sauver les deux personnes ; Ce sont les choix les plus difficiles et ils engagent la vie d’un individu. En temps de guerre , beaucoup d’hommes ont été confrontés à ces choix comme par exemple les résistants qui ont réussi à trouver le code secret qu’utilisaient les allemands pour communiquer et qui ont du choisir quels bateau ils allaient sauver et quel seraient ceux qui ne seraient pas prévenus des attaques; Ainsi un des mathématiciens a du choisir entre la survie esse généraux indispensables ) la suite des opérations militaires ou la vie de son frère et d’autres soldats blessés qui revenaient du champ de bataille. Excellent choix de situation épineuse. Le contexte de guerre exacerbe les dilemmes : un snipper , par exemple , ou un homme qui s’apprête à commettre un attentat ou à poser une bombe qui risque de tuer des civils , peut être en situation délicate sur le plan moral.William Styron a écrit un roman où un nazi demande à une mère à Auchwitz de choisir lequel de ces deux enfants, une petit fille et un petit garçon, elle va pouvoir sauver. Ce roman porte comme titre Le Choix de Sophie et il va dévaster la vie du personnage ;
Le dilemme amoureux est également un grand classique de la scène : un personnage doit choisir entre son amour et sa famille ; On peut par exemple imaginer qu’une femme ne souhaite pas quitter ses parents malades pour suivre son ami à des milliers de kilomètres pour son nouveau travail; On peut aussi imaginer qu’un des membres du couple doive choisir entre sa vie de famille et ses obligations professionnelles ; Parfois difficile de concilier les deux comme dans la vie ! Un personnage peut également devoir choisir entre deux prétendants et la pièce peut devenir une tragédie ou une comédie; Un copie a fort justement montrer un dilemme original: un roi qui refuse d’avoir un enfant de peur que ce dernier lui vole un jour son trône mais qui craint de perdre l’amour de la reine. Bien trouvé !
Les questions d’honneur sontà l’origine de nombreux dilemmes : se taire ou dénoncer son bourreau pour les victimes au risque de conséquences pour leurs proches; Menace, chantage sont souvent sur scène les armes des puissants qui souhaitent assujettir leur opposant; Ainsi dans Andromaque,tragédie classique de Racine, Pyrrhus roi grec , dédaigné par sa prisonnière Andromaque, une troyenne veuve du prince Hector, décide de tuer son fils si elle persiste à refuser sa demande en mariage; cette dernière es retrouve donc face à un dilemme: soit elle condamne son fils en restant fidèle à son époux défunt et à sa mémoire, soit elle le sauve mais elle devient l’épouse de son ennemi. Racine et Corneille ont utilisé des personnages confrontés à ces choix douloureux entre l’exercice du pouvoir, la loyauté envers leur patrie, leur camp et l’amour pour un ennemi ou une femme du camp opposé. L’empereur Titus doit ainsi renoncer à Bérénice, reine de Palestine qu’il aime pourtant car le Sénat
romain lui interdit ce mariage dans la tragédie de Racine : Bérénice.
“Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N’admet avec son sang aucun sang étranger,
Et ne reconnaît point les fruits illégitimes
Qui naissent d’un hymen contraire à ses maximes.” L’empereur de Rome pour obéir à la raison d’Etat renonce à son projet de mariage et la reine quitte le pays; Racine a écrit cette pièce pour rendre hommage au sacrifice du roi Louis XIV qui a renoncé à son amour pour Marie Mancini afin d’épouser l’infante d’Espagne pour des raisons politiques; Le devoir triomphe souvent de la passion au théâtre.
Le dilemme peut également être exploité à des fins comiques : un groupe a ainsi imaginé une campagne politique digne de House of cards qui voit s’opposer Marine Le Pont et Emmanuel Macrau , rivaux pour l’élection présidentielle, avec un chantage à la photo compromettante..mais la comédie satirique vire à la tragédie quand la candidate s’empoisonne en avalant une boîte de médicaments. Un autre groupe a fait preuve d’originalité en imaginant une infirmière maladroite qui tue un patient alors que la famille se divisait pour savoir s’il fallait ou non le débrancher . Une situation tout à fait ingénieuse à exploiter sur le plan scénique. La palme du la sophistication du scénario revient à une copie qui a imaginé la responsable d’un accident de voiture mortel qui s’enfuit et qui n’est autre que la mère de l’inspecteur qui doit mener l’enquête…quel dilemme s’il découvre la culpabilité de sa mère !
La qualité des textes , en dehors de la présence de fautes de syntaxe , reposait essentiellement sur la variété des arguments proposés par les intervenants ; en effet, un dilemme doit donner lieu à des interrogations, des questionnements ; Le style de l'argumentation s'apparente le plus souvent au registre délibératif; les personnages pèsent le pour et le contre et échafaudent des hypothèses (si ..ou bien si.. ) en fonction des choix à opérer; Ils envisagent également les conséquences de leurs actes et font part de leurs hésitations. Corneille a , par exemple traduit les hésitations de son héros Le Cid en fabriquant des stances :
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse:
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse:
L’un m’anime le coeur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
On mesure ici la paralysie du héros qui , sur scène, exprime son impossibilité à prendre une décision ; Le registre pathétique est également employé dans le monologue célèbre de Hamlet de Shakespeare où ce dernier ne sait s’il doit continuer à vivre ou se laisser mourir .
La dernière partie du travail d’écriture consistait à indiquer au moyen de didascalies , le travail de mise en scène . C’est un point essentiel dans une écriture destinée à la représentation; c’est ce qui différencie un texte littéraire d’un texte théâtral . Si autrefois les dramaturges donnaient assez peu d’indications dans leurs textes, c’est parce que souvent les didascalies étaient internes ; Aujourd'hui, les textes de théâtre contiennent énormément d'indications destinées à faciliter le travail du metteur en scène et à guider le passage du texte écrit à la représentation ; C'est un point sur lequel vous devez travailler car la plupart de vos didsacalies sont assez conventionnelles ; vous devez donc préciser les gestes de votre acteur : face à un choix difficile, le personnage va montrer des signes d'agitation ; Il peut tourner en rond, faire les cent pas, se prendre la tête dans les mains, mimer le chagrin, la colère; Il bouillonne à l'intérieur et cette agitation doit se traduire par une gestuelle appropriée. N’oubliez pas non plus les intonations et les expressions . Le trouble peut s’entendre avec la voix, les pauses, les changements de rythme, de volume sonore.
Bref n’oubliez pas d’inventer et de noter entre parenthèses ou à côté des noms des personnages ,des didascalies variées et nombreuses dans vos copies si vous devez produire un texte théâtral.
05. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Analyser un spectacle vivant : écrire un article critique après une représentation théâtrale … · Catégories: Fiches méthode · Tags: théâtre
Aujourd’hui , Christophe Cardoni , un journaliste spécialisé dans la critique des manifestations culturelles, accompagné par l’organisatrice du festival théâtral du Val d’Oise sont venus présenter aux élèves de première les rudiments de l’écriture d’un article de presse qui rend compte d’un spectacle. Il s’agissait pour eux, en 2016 d’écrire une critique de la pièce de théâtre Les Optimistes . Les élèves ont donc réfléchi durant deux heures aux problématiques de l’analyse d’une représentation théâtrale. Cette année, ils se préparent à assister à la représentation d’Antigone 82 spectacle écrit pour le plateau à partir du roman de Sorj Chalandon : Le quatrième Mur
Tout d’abord, il fallait se poser la question essentielle : quel est au juste le travail et le but de la critique ? S’agit-il simplement de donner son avis sur un spectacle ou le critique doit-il tendre à une certaine forme d’objectivité comme le journaliste?
Après une discussion avec la classe, 2 objectifs principaux pour l’écriture d’un article de critique théâtrale ont été mis en évidence : rendre compte d’un spectacle et produire un avis argumenté; Il fallait maintenant s’intéresser aux différentes images qu’on peut conserver d’une représentation théâtrale donc s’interroger sur son esthétique .
Les élèves ont alors tenté de dégager les composantes du spectacle vivant en partant du postulat de base selon lequel toute représentation est interprétation.
Les questions relatives au texte et à son adaptation : la dimension visuelle
Un spectacle est bien entendu , le plus souvent, composé à partir d’un texte écrit mais il ne s’agit pas toujours d’ un texte produit par un seul individu . Qui écrit le spectacle ? est-ce l’auteur ? est-ce le metteur en scène ?
De plus en plus, certains spectacles sont produits à partir d’une écriture collective dite de plateau ; les acteurs participent ainsi à l'écriture du spectacle en mutualisant leurs souvenirs, leur idées, leurs avis .
Quel est le rôle du metteur en scène ?
Le metteur en scène est-il juste un traducteur ? est-il un véritable créateur même si ce n’est pas lui qui a écrit le texte ? Qu’est-ce qu’un geste de mise en scène ? existe-t-il un rapport de soumission, de hiérarchie entre l’oeuvre originale et l’oeuvre produite par le moteur en scène (quand il n’est pas l’auteur )
I L’analyse du spectacle
1 La dimension esthétique
Le spectateur qui assiste à une représentation se trouve confronté à une foule d’informations visuelles, auditives et il doit, en même temps, faire face à des sentiments variés, des impressions qui peuvent changer d’une représentation à l’autre. La dimension esthétique du spectacle regroupe ainsi ces différents éléments :
Le décor . Il a une fonction illustrative mais pas seulement ; il peut être symbolique et son absence correspond également à un choix du metteur en scène ; elle peut être analysée comme un geste de mise en scène. Un décor sommaire peut symboliser le dénouement ou l’ atemporalité .
Le costume . Lui aussi a plusieurs fonctions : simple illustration ou symbolique, il peut indiquer une époque historique ou faire référence à l’actualité de la mise en scène. Le roi Lear , le héros tragique d’une pièce de Shakespeare nu sur scène peut suggérer l’extrême solitude du personnage qui a tout perdu alors que la nudité de Don Juan pourrait mettre en valeur son pouvoir de séduction ; la nudité d’Antigone pourrait être perçue soit comme un acte de révolte à la manière des Femen , soit comme une preuve de fragilité qui la rendrait encore plus démunie face à Créon.
L’éclairage. Il doit être interrogé et on peut proposer là encore des interprétations variables: lumière crue, ou douce, chaude ou froide; On peut imaginer Créon dans le noir et Antigone en pleine lumière ou le contraire ; Cela modifie la perception pour le spectateur de leurs rapports de force.
Les moyens techniques sont désormais plus importants et permettent d’intégrer des techniques comme la vidéo qui devient parfois un moyen de faire entrer le hors champ sur le plateau , à la manière des récits des messagers dans le théâtre classique. Des caméras sur scène peuvent également boomer des détails te les projeter au public; On dit alors que le théâtre reprend le langage du cinéma et s’empare de se moyens techniques .
Les sons et notamment les bruitages jouent également un rôle important ; de plus le spectateur doit distinguer les différentes sources des effets sonores; ainsi la musique peut avoir plusieurs effets possibles selon qu’il s’agit d’une musique enregistrée ou d’une musique jouée sur scène par un acteur : on dit alors qu’elle est réalisée à vue La musique peut aussi créer une ambiance
2. Les acteurs et les questions relatives au jeu
Le jeu des acteurs est un compartiment très important de la représentation et il est difficile de l’analyser sans distinguer le rôle de la direction d’acteur assumée par le metteur en scène.
Le spectateur se montre souvent sensible à ce qu’il imagine de la concordance du jeu avec le rôle : il va ainsi exprimer la qualité du jeu de l’acteur en fonction de ce qu’il imaginait du personnage .
La direction des acteurs consiste à leur donner des indications de jeu, à leur expliquer comment ils doivent interpréter leurs textes mai également quels gestes ils doivent effectuer, quels déplacements et quelles expressions ils doivent tenter de reproduire .
le spectateur peut alors se poser la question de ce qu’il ressent en voynat un acteur jouer sur scène : Parvient -il à dégager de l’émotion ? Cette émotion est-elle partagée?. Est-ce que ses émotions sont transmises à l’ensemble de la salle ? Ressent- on tous la même chose face à un spectacle ? Certains spectateurs se sentiront peut être touchés et d’autres demeureront indifférents . D’autant que se pose le problèmes des parasites du spectacle : le bruit d’un portable, le bruit d’un voisin, la fatigue, un mauvais placement..autant des facteurs qui peuvent altérer notre perception du spectacle .
3. Le travail de mise en scène
Pour le spectateur , il peut s’agir de juger de la qualité de l’adaptation de ce qu’il voit par rapport à l’oeuvre originale qui peut parfois provenir d’un autre univers comme le roman , par exemple. On qualifiera d‘interventionniste un metteur en scène qui met de la distance entre l’oeuvre et ce qu’il propose comme interprétaion; On évoquera également une interprétation personnelle : plus l’écart est grand entre l’oeuvre de départ et celle fabriquée par le geste de mise en scène, plus on mesurera sa dimension créative. Certains metteurs en scène demeurent extrêmement fidèles à la pièce de départ : ils font par exemple représenter des comédies de Molière avec des costumes d’époque, un décor qui imite les meubles du siècle de Louis XIV, la prononciation d’autrefois, l’éclairage à la bougie sur scène et l’absence totale de trucages dans la mise en scène.
Mais rendre compte d’un spectacle, c’est aussi adopter une stratégie argumentation efficace
II La dimension argumentative
Votre article est écrit pour être lu: il doit donc immédiatement accrocher le lecteur et lui donner envie de lire la suite.
Le titre : il sera court, avec un seul verbe conjugué et il pourra comporter un jeu de mots; On peut aussi y mentionner le nom d’un acteur célèbre et le titre de la pièce s’il s’agit d’une oeuvre connue.
Le chapô
Il donne la couleur de l’article et apparait sous la forme le plus souvent d’une ou deux phrases qui précisent le cadre de la représentation (date, salle ) et la nature de l’objet dont on parle (pièce, film..) Le registre du blâme ou celui de l’éloge seront sans cesse utilisés ; on peut penser aussi aux connotations péjoratives ou mélioratives; Tous les moyens argumentatifs peuvent être employés selon leur efficacité : la question rhétorique, l’énumération, la concession ,le registre polémique
le corps de l’article: il mêle habilement réception du spectacle (subjectivité ) et description des composantes de rapièce ( notations objectives )
La fin de l’article; elle doit avoir une valeur généralisante : Tout simplement superbe … A éviter à tout prix donc
Quelques interdits : On n’emploie jamais le Je et on respecte le travail qui a été fourni par la troupe même si le spectacle ne nous a pas plus ; il est exclu d’injurier ou de vilipender ; les critiques si elles sont négatives prennent appui sur des élements factuels qui sont décrits avec précision. La vérité n’existe pas dans le domaine de la critique d’art et cela demeure un domaine de liberté d’expression.
Alors à vos claviers ..
Pensez que vous écrivez une critique de spectacle qui doit comporter
un titre
Le chapô juste en dessous, va orienter la réception de l’article et préciser le cadre
votre argumentaire va s’efforcer de lier les différents éléments du spectacle
une touche finale
En mode numérique, efforcez-vous d’atteindre les 1200 signes ou 1/2 page Word. Vous ne pourrez jamais tout dire: ce n’est pas l’objectif ..juste ce que vous avez pu observer et apprécier
Le registre polémique s’emploie lorsqu’on, cherche avec violence ou véhémence à persuader un adversaire de la justesse de nos idées ou de la fausseté des siennes : il faut à la fois le convaincre en utilisant des arguments logiques basés sur le raisonnement et des arguments basés sur des valeurs morales (éthiques ) ou sur des sentiments (pathétique) ; les sujets de polémique sont nombreux et ils divisent la société ; ils se fondent sur des valeurs différentes et il est parfois très difficile de convaincre quelqu’un qu’il a tort ou que nous ne partageons pas son point de vue ; des sujets dit sensibles tels que l’avortement (qui est un droit ) ,le mariage pour tous, le port du voile ou de la burka ou du burkini, le travail les jours fériés, le travail des femmes, la politique, l’euthanasie, l’adoption par des couples homosexuels, les mères-porteuses, les dons d’organes, la peine de mort, la liberté de culte, le vote des étrangers ..divisent les communautés
Vous avez devoir fabriquer un texte polémique qui va comporter des arguments en faveur d’une thèse ; cette thèse ne devra pas faire l’unanimité mais déclencher une polémique au sein de la communauté; Le choix du sujet sera évalué sur 2 points : plus il sera polémique, plus vous gagnerez de points ; un sujet trop consensuel vous donnera moins de bonus. Vous choisirez un titre percutant et en- dessous : un slogan qui résumera votre point de vue . ( 2 pts) Votre texte perdra la forme d’un article de journal, d’un billet d’humeur, d’une chronique, d’une lettre ouverte ou d’une tribune. Votre point de vue sera collectif et vous signerez votre article du nom de votre association ou de votre mouvement . ( 2 pts) (6 pts en tout )
Les outils de l’argumentation: votre texte comportera obligatoirement des arguments (idées abstraites) et des illustrations (exemples concrets, situations titrées de l’actualité ou faits historiques); vous devrez vous adresser, à plusieurs reprises, et sous différentes formes, au lecteur (1 pt) ; vous emploierez un registre polémique en cherchant notamment à discréditer les arguments de la partie adverse ou en les réfutant (2 pts) ; l’utilisation de l’humour ou de l’ironie sera un bonus comptabilisé en supplément. Vous emploierez des questions rhétoriques et vous pourrez également avoir recours à des procédés d’écriture comme la périphrase, la gradation, la métaphore, la comparaison afin de donner de la force à vos mots à vos idées. ( 2 pts) (5pts en tout )
Pour aller plus loin, vous pouvez employer …
Marques de la première personne.
– Procédé de dévalorisation (métaphores dépréciatives, antiphrases ironiques).
Défendre ses idées. Opposer ce que l’énonciateur juge bon à ce qu’il juge mauvais, dénoncer un adversaire en cherchant à le discréditer.
Bien évidemment la qualité de votre expression, la précision de votre vocabulaire et de votre orthographe seront des atouts non négligeables ( 4 pts ) ; plus vous utiliserez d’arguments et d’illustrations variés, plus vous serez efficace..( 5 pts )
En résumé, 4 pts pour la qualité de l’expression, 5 pts pour l’utilisation des outils, 6 pts pour la forme et 5 pts pour la qualité des arguments .
Voici 3 exemples de textes polémiques …analysez les et voyez quels procédés ils utilisent ..
Premier exemple
Victor Hugo, alors député, proteste dans ce discours contre un projet de loi réduisant le nombre d’électeurs.
« Allez, faites ! retranchez trois millions d’électeurs, retranchez-en quatre, retranchez-en huit millions sur neuf. Fort bien. Le résultat sera le même pour vous, sinon pire. Ce que vous ne retrancherez pas, ce sont vos fautes ; ce sont tous les contresens de votre politique de compression ; c’est votre incapacité fatale ; c’est votre ignorance du pays actuel ; c’est l’antipathie qu’il vous inspire et l’antipathie que vous lui inspirez. »
Victor Hugo, Discours sur le suffrage universel, prononcé à l’Assemblée nationale le 20 mai 1850.
Second exemple :
Le discours de Victor Hugo appuie la proposition d’Armand de Melun visant à constituer un comité destiné à « préparer les lois relatives à la prévoyance et à l’assistance publique »
Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.
Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.
La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.
Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.
Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé !
Exemple 3
Pour finir, voilà la chronique d’une journaliste, sans doute opposée à la chasse
Allez-y, les gars, tirez sur les tourterelles, c’est le moment. Elles n’ont pas la tête à vous éviter, vous, votre quincaillerie et votre 4X4, elles nidifient, on ne peut pas penser à tout. Elles sont sûrement très bêtes, les tourterelles. Vous ? Non. Vous avez des lettres et vous avez de la tradition.
Vous ne les bouffez pas, les tourterelles, vous les zigouillez parce que ça se fait depuis la plus haute antiquité. Mais pourquoi vous contenter de cette seule tradition ?
Relisez vos classiques. Si votre voisine vous contrarie, dénoncez-la au service « sorcières » de votre mairie, on la brûlera. Pendez le voleur qui vous a piqué votre autoradio. Exigez que les séropositifs de votre région ne se déplacent qu’en secouant une crécelle. Lapidez votre femme adultère, je suis sûre que le juge d’instruction comprendra votre penchant pour la tradition. Pour soulager vos envies de tirer sur tout ce qui bouge, vous pourriez jouer au pigeon d’argile, seulement, ça ne saigne pas un pigeon d’argile, comme c’est frustrant.
La civilisation consiste à faire la peau aux idées toutes faites, aux désirs de meurtre qu’on passe sur les petits oiseaux et à prendre les canards sauvages pour les enfants du Bon Dieu. Mais être civilisé, ce n’est pas traditionnel.
Odile Grand, L’Événement du Jeudi, 21 et 21 mai 1992.
Qu’est-ce qui rend leurs textes polémiques ? quelle thèse soutiennent-ils ? quels procédés de style ont-ils utilisés ?