02. janvier 2020 · Commentaires fermés sur La Fontaine : les fables sont-elles les fragments d’une pensée éparpillée ou forment-elles un système global ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Disserter à partir d’une citation consiste tout d’abord à analyser cette dernière avant d’en présenter une reformulation la plus précise possible. En effet,de la qualité de cette analyse préalable dépendra souvent la qualité du plan élaboré pour présenter la réflexion  et donc, la qualité  du traitement du sujet . Revenons sur la citation : Pour définir la fable, la Fontaine la compare à une abeille : ” Je suis chose légère et vole à tout sujet : je vais de fleur en fleur et d’objet en objet” . Comment comprendre le mot légèreté : par opposition sans doute au mot gravité , au sérieux de certaines entreprise littéraires  ; la fable adopterait ainsi un style léger, celui de la plaisanterie et de la satire.Le burlesque des situations, l’anthropomorphisme des personnages , la présence de nombreux   jeux de mots contribuent à créer cet  esprit  “léger ” par contraste avec le style sérieux et le ton solennel des moralistes et des essayistes . Voyons maintenant les autres éléments qui composent la citation…

On note la présence d’une comparaison  avec l’abeille qui pourra être réutilisée dans le cadre de la dissertation. Le second mot qui retient notre attention est celui de sujet . Il pourrait indiquer que les fables ne respectent pas une  véritable organisation et qu’une fable succède à une autre de manière aléatoire, sans véritable projet d’architecture. Il est indéniable que la succession des fables présente un caractère désordonné et il peut sembler facile  de le démontrer. On a ainsi l’impression que le fabuliste, comme l’insecte , passe d’un sujet à l’autre et d’une fleur à l’autre au gré de ses envies . Ainsi, on pourra choisir d’évoquer la diversité  des thèmes lorsqu’on passe d’une fable à l’autre  : satire de la cour, l’amitié, le mariage, le voyage, la loi du plus fort. La difficulté ici réside dans la connaissances de la localisation des thèmes ; toutefois , sous une diversité de surface, on constate assez rapidement que les fables offrent une vision du monde assez homogène de leur auteur ; Il sera possible de le démontrer en se basant sur les thèmes récurrents comme la satire de l’orgueil , l’incitation à la prudence , à la mesure et à la sagesse dans tous les domaines ; Ainsi, que ce soit dans le domaine social, politique ou même lorsqu’il s’agit d’évoquer la religion, les fables condamnent les excès . 

La seconde difficulté dans la conception de cette rédaction consiste sans doute à bien choisir les fables qui vont servir d’illustrations et surtout de se contenter d’en citer un résumé sans trop entrer dans les détails du récit .

On peut donc proposer le plan suivant :

I Oui les fables proposent  , à première vue , des fragments de pensée

a) le choix de la forme courte et l’absence de continuité

b) diversité des thèmes abordés

c) diversité des tons et des registres  (burlesque , satirique )

II Mais sous cette diversité , on retrouve des récurrences et une pensée globale

a) les valeurs fondamentales à travers les morales

b) critiquer pour amuser mais surtout pour instruire

c) une unité de sens : la vision du monde homogène ?

Quelques exemples de démonstrations sous forme de paragraphes  plus ou moins rédigés:

I a) Le choix de la forme de la fable condamne le poète à des développements brefs et parfois, à esquisser simplement le traitement d’un sujet : comment, en  effet, évoquer la peur de la mort en quelques vers ? C’est pourquoi le fabuliste reprendra à plusieurs reprises ,  à travers des anecdotes différentes , des questions autour de la relation entre l’homme et la mort ; On a alors l’impression de passer d’un sujet à l’autre mais peut être s’agit-il, tout simplement, de différents aspects d’un même sujet ; On peut citer, comme exemple, la mort des courtisans dans la Cour du lion, punition de leur flagornerie qui contraste avec celle de l’âne dans Les animaux malades de la Peste ,  animal sacrifié qui est désigné comme une victime par les puissants , heureux de sauver leur propre vie ; au delà de leur différence , ces  morts posent le problème de l’injustice et soulignent les dangers de la vie à la Cour; Une fable comme La Mort et le mourant aborde, cette fois, sur un plan plus philosophique, la préparation à la mort . On peut alors penser qu’il s’agit d’un autre sujet car il est abordé , sans le truchement des animaux, par un autre biais : celui d’une personnification et d’un dialogue entre la mort sous la forme d’une allégorie et un Vieillard qui se plaint de devoir quitter la vie. La mort tente alors de le raisonner et de lui faire accepter son sort. Ce sont bien ici dse fragments de pensée rassemblés autour de l’idée de la Mort.

I b)  Dans le livre VII, on passe respectivement avec Les Animaux maladeés de la Peste, d’une dénonciation de la loi du plus fort et des injustices qui règnent à la Cour, à une réflexion sur les difficultés du mariage avec Le Mal Marié ; ensuite et sans transition, La Fontaine critique l'égoïsme de certains ordres religieux avec Le Rat qui s’est retiré du monde; Dans le Héron et la fille, quatrième fable du livre, il dénonce cette fois, l’insatisfaction chronique qui mène à la déception , en prenant d’abord le cas d’un animal qui dédaigne ses proies et ensuite celui d’une jeune fille qui cherche le mari parfait. Enfin la cinquième fable intitulée Les Souhaits nous introduit dans un univers merveilleux avec un follet qui accorde trois voeux à une famille . Cette dernière finit par choisir la sagesse. La fable suivante ressemble à la première avec une nouvelle critique des abus de pouvoir du monarque et les difficutés rencontrées par les courtisans dans l’usage,notamment de la flatterie. On voit bien ici que le poète comme l’abeille, passe de fleur en fleur, c’est à dire change de sujet quasiment à chaque fable .

I b) Il est bien difficile de dire quel est le sujet principal  des fables car La Fontaine aborde de nombreux thèmes dans ses recueils : la dimension politique s’efface de temps à autre au profit d’une approche philosophique de la nature humaine ; questions de société et références à certains événements contemporains  alternent avec des questionnements plus généraux sur les défauts de la Nature humaine .

II c) Certes , La Fontaine emploie très souvent le registre satirique mais il l’utilise essentiellement comme un instrument au service d’un objectif pédagogique, celui d’enseigner aux hommes comment échapper aux dangers de leur condition. Ainsi , ce qui pouvait apparaître comme une forme de légéreté, aide à faire passer l’enseignement sans la lourdeur du sermon ou de l’essai. On peut le voir, par exemple, dans Perrette et le pot au lait ou Le Curé et le mort : le portrait des personnages , leur mésaventure plaisante et triste à la fois, aide à nous faire comprendre les dangers de l’imagination. Perrette perd son lait pour avoir trop rêvé à ce qu’elle en tirerait comme profit alors que le Curé perd la vie pour avoir voulu se servir, à des fins égoïstes , de celle de ses ouailles;  Au delà des différences de traitement du sujet ,  les deux rêveurs sont punis et la leçon est identique pour le lecteur : il ne faut pas parier sur l’avenir, toujours incertain.

Pour conclure, le fatras apparent des fables peut paraître , à première vue, un obstacle pour y déceler une vision du monde cohérente mais néanmoins, au terme de notre lecture du second livre des fables , nous avons le sentiment de percevoir l’unicité et la singularité d’une pensée :celle d’un poète qui a choisi de ne pas s’appesantir  sur la gravité du monde mais de voyager léger avec ces fables comparables à des fleurs des champs éparses qui forment un bouquet coloré . Il passe certes de sujet en sujet et il lui arrive même de se montrer quelque peu contradictoire mais il construit une vision du monde personnelle qui parvient, le plus souvent ,  à unifier les dissonances .

19. décembre 2019 · Commentaires fermés sur La Belle personne: quelle adaptation pour le roman de Madame de La Fayette ? · Catégories: Première

Adapter une oeuvre littéraire au cinéma nécessite d’y opérer des choix. Si le sens général de l’ouvrage est souvent conservé, Certains personnages sont amenés à disparaître , parfois à changer de nom ou de fonction.Lorsque Christophe Honoré décide d’adapter le récit imaginé au dix-septième siècle par une des aristocrates de la Cour , c’est surtout dans l’intention de démontrer à ceux qui en doutent, que ce roman peut encore concerner un public contemporain. Voyons comment il a créé Une belle personne, en 2008, à partir du scénario de La Princesse de Clèves.

 Le synopsis : Junie, seize ans, change de lycée en cours d’année suite à la mort de sa mère. Elle intègre une nouvelle classe dont fait partie son cousin Mathias (alias le Vidame ? ) . Il la présente à ses amis : Marie et son frère Henri qui a Catherine pour petite amie… qui couche aussi secrètement avec Mathias qui sort avec Esther. Junie est  très rapidement courtisée par deux garçons du groupe : Jacob le photographe et Otto alias Le Prince de Cmèves . Elle consent à devenir la fiancée de ce dernier.

Mais elle est bientôt confrontée au grand amour, celui de Nemours, son professeur d’italien. Celui-ci est déjà l’amant de la jolie professeure d’histoire , Florence Perin . Nemours est aussi l’amant de Marie, l’une des élèves de la bande. (  alias la Dauphine ? ) Le regard de Nemours sur elle et bouleverse Junie qui s’enfuit de la classe. Elle laisse sur son bureau la photo d’elle prise par Jacob ( alias duc de Guise )  et sait que Nemours la lui a volée.Au CDI, Otto lui raconte les amours secrètes de la documentaliste avec les professeurs de sport et de mathématiques Estouteville et Sancerre. Il conclut que l’on ne connaît jamais bien ceux que l’on aime.Nemours avoue à Nicole, la patronne du café Sully, puis à Estouteville son amour pour Junie et rompt avec Marie et Florence.Lors d’une sortie à la cinémathèque , une lettre s’égare sur un fauteuil et tous pensent qu’il s’agit d’une lettre d’amour de Nemours. Junie en est , une fois de plus,bouleversée. Il s’agit pourtant d’une lettre reçue par Mathias et écrite par Martin. Mathias demande à Nemours de reconnaître la lettre pour sienne car il craint que Henri, qui ne supporte pas de le savoir avec Martin, n’use de représailles et révèle de manière scabreuse à tous leur homosexualité en publiant une photo compromettante sur le site du lycée.

Nemours accepte de récupérer la lettre auprès de Junie et convainc celle-ci qu’il n’en est pas l’auteur. Avec elle et Mathias, ils rédigent une fausse lettre. Junie fuit le cours d’Italien et s’en va avouer à Otto qu’elle va quitter le lycée car elle craint de succomber à un amour qui la détruira. Nemours surprend leur conversation ( comme dans la scène d’aveu inventée par Madame de LaFayette )

Pendant ce temps dans sa classe Henri se bat Mathias et tente de le poignarder d’un coup de ciseau. Il est arrêté par la police. Catherine s’en vient prendre de ses nouvelles au commissariat. Henri est finalement libéré puis vraisemblablement acquitté. Il ne reviendra pas au lycée. Jacob récupère sa photo et console Esther.

Junie apporte une bande dessinée pour enfants à Otto où un ours qui porte son nom est le héros. Sur le mur, elle se déshabille devant lui. Otto est inquiet et la fait surveiller par Henri qui lui rapporte qu’elle a embrassé Nemours. De désespoir,Otto se suicide.Junie se refuse à Nemours car l’amour ne dure qu’un temps et, un jour, il l’abandonnera. Refusant cette douleur future qu’elle ne peut supporter ni aujourd’hui ni le moment venu, elle préfère s’éloigner. Nemours est décidé à ne pas renoncer . Junie lui donne rendez-vous à pour le surlendemain à 17 heures mais c’est  Mathias qui explique à Nemours que Junie est partie très loin et qu’elle ne veut plus jamais le revoir. Sur le pont d’un ferry, Junie voit s’éloigner la côte. (dans le roman , la Princesse se réfugie dans les Pyrénées )

Quelques éléments à retenir si vous devez évoquer ce film .

 

Les épisodes les plus connus du livre : le vol du portait, les amours de madame de Tournon avec le comte de Sancerre et Destouteville, la lettre, la retraite de Coulommiers, l’aveu au mari, la mort du prince, la fuite de la princesse sont repris dans le film. La princesse refuse un amour qu’elle sait limité par les contingences terrestres au nom d’un idéal plus grand. Chez madame de La Fayette il s’agissait surtout d’une accusation de l’amour comme corrupteur de l’honneur qui ferait perdre sa “vertu” à la princesse. Pour Junie c’est surtout la brièveté de l’amour  charnel qu’elle refuse , au nom d’un amour  qui serait éternel. La mort de  la mère celle qui devait transmettre les valeurs morales à sa fille, a lieu avant le début du film  Le prénom de  Junie a été emprunté au personnage de la tragédie de  Racine qui, amoureuse de Britannicus et  pour échapper à Néron, finit vestale. “Je me protège de quelqu’un d’ici, de quelqu’un que je ne veux pas aimer. Voilà, la vérité c’est que je prends la fuite”.

Les points communs des  personnages de La princesse de Clèves.

L’aventure de Mathias rappelle celle du vidame de Chartres qui multiplie les liaisons et fait de faux serments.  Otto raconte aussi avec l’histoire de la documentaliste celle de Mme de Tournon avec Estouteville et Sancerre.Ce sont des amours où se mêlent sincérité et tromperies.Otto est aussi torturé que le Prince de Clèves et l’aveu de l’amour de celle qu’il aime pour un autre tue en lui ce qui restait de vie.

Jacques Nemours est un professeur idéal : beau, intelligent, amusant et apprécié de ses élèves il connaît le succès amoureux aussi bien avec les professeurs (Florence Perrin) qu’avec les élèves (Marie). Il connaît cette sorte de destin supérieur que lui envient Estouteville et Nicole, la patronne du café Sully. Il rompt avec ses anciennes relations amoureuses pour faire place nette à son nouvel amour pour Junie. Dans le roman, il lui vole son portrait ici se sera sa photo. Peut-être toutefois n’a-t-il pas les qualités exceptionnelles que lui prête le roman qui voit en lui le futur mari d’Elisabeth d’Angleterre.

Quelques critiques

On a pu dire ici ou là que les lycéens d’Honoré n’étaient pas crédibles. Probablement ne représentent-ils qu’une infime minorité des jeunes tout comme la morale de la Princesse ou de Junie ne concerne qu’une minorité. Cette exigence d’élévation spirituelle ne peut concerner que des adolescents sensibles à la grâce comme le figure peut-être ces plans où, dans l’attente de l’arrivée de leur professeur, ils contemplent un plafond peint sur la création du monde ou celui de Léa debout à demi- nue en contre-plongée sur un mur du lycée. Le réalisateur utilise , en fait , de nombreux symboles dans son film : retrouvez-en quelques uns et analyser leur signification.

 
25. novembre 2019 · Commentaires fermés sur Le thème du mensonge dans Les Fables : dissertation .. · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Vérité et mensonges dans les Fables .

Cette dissertation consiste à examiner la place des mensonges dans les Fables au programme cette année afin d’ en déterminer à la fois l’importance et la variété. La première étape du travail de la dissertation consiste donc à faire l’inventaire des différents mensonges rencontrés dans les récits; Ensuite, il convient de se demander quel rôle joue le mensonge, qui ment et quelles sont les conséquences des mensonges pour les forces en présence; On peut également classer les mensonges : on séparera, par exemple, les mensonges bénéfiques et ceux qui nuisent à autrui ou qui ont des conséquences graves .  Une fois ce travail effectué, on pourra commencer à réfléchir à une organisation qui deviendra un plan :  I Mensonge de la fiction: la fable est un mensonge au service des vérités  II Mensonges dans les fables: une arme redoutable  III Existe-t-il des mensonges positifs ? C’est une idée d’organisation mais ce n’est pas le seul plan possible … voyons d’abord notre stock de mensonges prêts à être utilisés comme illustrations dans une dissertation ….

Vérité et mensonges dans les Fables

Liste des mensonges dans Les fables ( 19 fables soit une sur quatre environ comportent au moins  une référence explicite au mensonge ) 

Les Animaux ..: le renard ment en atténuant la gravité des actions du roi (flatterie du courtisan , mensonge pour plaire aux puissants )

La cour du lion : le renard ment en feignant ne plus avoir d’odorat, mensonge pour sauver sa vie, situation du courtisan habile qui est hypocrite sans trop en faire ( singe trop menteur ) : « ne soyez… ni parleur trop sincère »

Le chat la belette et le petit lapin : le chat appelé pour départager les deux animaux qui se battent pour la possession du terrier les croque ; il les attire à lui par un mensonge; il prétend être sourd pour qu’ils soient à portée de griffe ( mensonge pour nuire à autrui, le plus fort ment au plus faible pour le croquer, synonyme de ruse ?  )

Un animal dans la lune : le fabuliste y lance un débat philosophique ; l’homme doit -il se fier à se sens «  mes yeux ne me trompent jamais en me mentant toujours » ..réflexion sur le phénomène d’illusion optique

Le lion, le loup et le renard : le loup médit de l’absence du renard  à la cour ; ce dernier prétexte un pèlerinage ( souvent la religion sert de prétexte ) et ment en prétendant qu’une peau de loup est un remède à la vieillesse ; il a menti pour tuer son adversaire ; Mensonge à des fins politiques : légitime défense ?

Les femmes et le secret : un époux ment pour révéler la véritable nature de son épouse, incapable de garder un secret : un mensonge pour enseigner ou pour faire découvrir une vérité

Dans Le  rieur et les poissons, un convive réussit à se faire servir un très gros poisson  à table en inventant un habile mensonge: il fait semblant d’interroger les poissons sur le sort d’un de ses mais disparu en mer et on le croit. On lui apporte un plus gros poisson qui , selon lui, en saura forcément plus : mensonge dans le but d’obtenir ce qu’on désire, mensonge qui rétablit une sorte d’équilibre entreponts et faibles .

Les obsèques de la lionne : le cerf ment habilement pour sauver sa peu et son mensonge, qui ressemble à un songe miraculeux, lui vaut même les faveurs du roi (mentir par nécessité, pas de conséquences négatives sur autrui )

Le faucon et le chapon : un chapon se méfie des hommes qui cherchent à l’attraper pour le manger  et lui mentent en prétendant le nourrir ; il explique au faucon qu’il n’obéit pas à l’appel de son maître car il ne veut pas finir à la broche ; l’homme lui tient ici un langage mensonger .

Le chat et le rat : le rongeur a accepté de délivrer son ennemi le chat d’un piège mais il se méfie des paroles mensongères du chat qui cherche à l’attirer pour le manger : on ne doit pas croire son ennemi . Le mensonge ici nous donne une leçon .

Le dépositaire infidèle :  le fabuliste déclare avoir mis dans ses fables « des légions de menteurs » « Tout homme ment, dit le Sage. »  Tous tant que nous sommes , nous mentions, grands et petits .Qui mentirait comme Esope comme Homère un vrai menteur ne serait . Le doux charme de maint songe /par leur bel art inventé/ sous les habits du mensonge/ nous  offre la vérité. Trompé par un marchand qui ment ne disant que des rats ont mangé le fer , un trafiquant enlève le fils de ce dernier et invente un mensonge : un hibou l’a emporté. Le trafiquant qui a compris la ruse , rend alors l’argent dérobé.

Le loup et le chien maigre : le chien, pour sauver sa peau, ment au loup qui l’épargne en pensant venir le rechercher quand il aura grossi . La Fontaine souligne la sottise du loup qui a cru sa proie et l’ a laissée filer par appât du gain.

Discours à Madame de la Sablière : dans cette longue fable, La Fontaine démontre que les animaux ont des sentiments et qu’il sont bien loin de n’être que des machines; par ironie, il évoque un roi polonais et prétend  que « jamais un roi ne ment »

Les poissons et le cormoran : le vieil oiseau ment par nécessité;Son mensonge est cru et la morale proposée est de ne pas se fier «  en ceux qui sont mangeurs de gens » . Un menteur qu’on ne parvient pas totalement à détester car il est présenté comme un pauvre animal qui souffre de disette.

L’Enfouisseur et son compère : un homme réussit grâce à un habile mensonge à confondre celui qui lui vole son argent et à récupérer ce qui lui appartient ; L’autre s’est laissé tenté par l’appât du gain. Ce mensonge doit lui servir de leçon . ‘l’autre fut sage , il retint tout chez lui «  et au lieu de se montrer avare et d’entasser son argent, il décide alors de le dépenser.

Le berger et le roi;  Un berger est nommé , grâce à son bon sens, Juge souverain mais les courtisans , jaloux, complotent contre lui  et l’ accusent faussement de posséder un trésor . La Fontaine les qualifie «  de machineurs d’impostures »    Leurs mensonges sont des calomnies et visent à nuire à celui qu’il considèrent comme un rival.

Dans Les poissons et le berger qui joue de la flûte comme dans Les deux perroquets le roi et son fils, le fabuliste dénonce le langage trompeur: douces paroles miellées du berger qui veut attraper les poissons et «  le leurre de l’appât d’un profane langage » Un leurre est un mensonge qui va piéger sa victime .

Le loup et le renard : le fabuliste montre que le renard bien qu’expert en « tours pleins de matoiserie »  n’a pas toujours l’avantage . Piégé par le reflet de la lune qu’il prend  pour un fromage, il est obligé de piéger le loup pour se sortir du puits dans lequel il est tombé ? Ce dernier  est qualifié de sot .

Quelques exemples maintenant d’insertion des illustrations au sein d’un raisonnement argumentatif. 

Après avoir démontré que sous une enveloppe mensongère , celle de la fiction, la fable donne parfois accès à certaines vérités , voyons maintenant comment la fable parvient elle à exprimer des vérités sur le plan politique .

L’une des illustrations la plus claire nous est fournie par Le Pouvoir des fables; En effet, dan cet apologue, un orateur qui ne parvient pas à se faire entendre de son public , décide d’inventer une fable pour attirer leur attention et ainsi, les alerter d’un danger imminent pour la cité; Le mensonge de la fiction  a facilité la parole politique, celle de l’orateur , et a permis , de déguiser , sous le masque d’une histoire , une véritable menace pour l’ambassadeur de France .

En effet, certaines fables sont politiquement engagées . Par le biais des animaux, le fabuliste  lance  même , souvent ,des accusations contre les hommes . Ainsi, dans Les animaux malades de la Peste, il nous fait assister à une parodie de justice ; L’âne, animal faible, avoue une peccadille qui lui vaut d’être pendu alors que le lion, qui a avoué des crimes répétés, n’est pas jugé coupable . La morale de la fable «  Selon que vous serez puissant ou misérable / les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs » critique explicitement l’injustice qui règne à la cour de louis XIV

Dans Le Singe et le Léopard, le fabuliste nous  donne un autre avis politique sous la forme d’un avis  personnel : il préfère les gens d’esprit aux gens qui se contentent d’être bien nés et se vantent de leurs titres; Ces courtisans orgueilleux sont dépeints sous les traits d’un léopard fier de sa peau tachetée . La vérité apparait alors : «  ils n’ont que l’habit pour tous talents “; La fable nous a permis d’y voir plus clair et de démasquer la vérité cachée sous des apparences mensongères.

Si la plupart des fables n’ affichent pas clairement une lecture politique, on peut toutefois lire certaines situations comme une réflexion sur l’art de gouverner; Ainsi dans Le lion, le singe et les deux ânes, La Fontaine reprend l’un des rôles du singe chez Esope, celui qui donne des conseils au roi . Derrière la situation mensongère de la fable, on devine aisément que le fabuliste adresse une forme d’avertissement à Louis XIV en le montrant sous le masque d’un «  terrible sire »; Il lui conseille de se méfier de son orgueil , qui fait prendre de mauvaises décisions aux souverains .

La présence d’un mensonge , à l’intérieur de  la Fable, peut  se lire , de temps à autre,  comme un instrument de perfectionnement . Il permet souvent de se sortir d’un mauvais pas . De ce point de vue, il peut être assimilé à la métis des grecs , cette ruse qui permet de vaincre ses ennemis et de sauver sa vie ou, tout simplement ,  de faire triompher ses intérêts . C’est le cas du cerf, dans Les obsèques de la lionne. Ce dernier, dénoncé par des courtisans malveillants , risque de mourir pour avoir été sincère et ne pas  avoir fait semblant d’être triste  à la mort de la lionne. Grâce à un fabuleux mensonge où il prétend que la reine lui est apparue en songe  ,il sauve sa vie et obtient  même une récompense  . On remarque d’ailleurs que songe , au sens où l’entendent les moralistes du siècle classique,  est souvent synonyme de mensonges ; Le rêve, en effet, fait partie de l’imaginaire et éloigne l’homme du chemin de la Vérité sur lequel sa raison doit le guider.

Le mensonge peut même avoir un statut formateur et servir d’enseignement ; Ainsi dans Les femmes et le secret, c’est au moyen d’un mensonge qu’un mari met en évidence l’incapacité de as femme à garder un secret; Il a mis son épouse à l’épreuve et  son stratagème a permis de révéler ce qui est présenté comme une sorte de vérité générale: nous avons beaucoup de mal à garder un secret quelqu’il soit.

Dans Le dépositaire infidèle , un premier mensonge déclenche des conséquences terribles qui vont servir de leçon au menteur; ce dernier dissimulé le vol de l”argent derrière une cause mensongère , en expliquant qu’un rat a dévoré l’argent ; Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, ce dernier enlève son fils et raconte un mensonge aussi énorme : il aurait été enlevé par un hibou; le voleur ne peut que comprendre ici, la leçon donnée à ses dépens.

Les mensonges des fables ont également pour but de révéler des vérités cachées sous des apparences trompeuses . Le mensonge  des hypocrites est parfois démasqué comme celui du singe dans La Cour du lion</b> ; sa sotte flatterie causera sa perte ; le fabuliste démontre ainsi que la la Cour est un milieu impitoyable où chacun doit dissimuler ses véritables sentiments sans tomber dans une flagornerie trop facilement décelable.

Les mensonges permettent , de temps à autre ,de démasquer la cruauté de l’homme et de révéler qu’il est un véritable prédateur pour tous les autres animaux auxquels il se juge supérieur . Avec L’homme et la couleuvre, le fabuliste montre clairement l’ingratitude de l’espèce humaine qui exploite, à son profit, les espèces animales.

Le mensonge a donc un statut ambivalent dans les fables : instrument de tromperie au service des méchants, il est aussi une arme pour les victimes ; Ainsi dans Le loup, le lion et le renard, le loup l’emploie pour se débarrasser de son rival le renard, et ce dernier l’emploie à son tour pour lui rendre la monnaie de sa pièce . Le renard  prétend qu’il connaît un remède miraculeux contre la vieillesse : une peau de loup écorché vif et le vieux roi l s’empresse alors de faire exécuter le loup afin de prendre sa peau . Le renard est d’ailleurs expert en mensonges de toutes sortes: sa parole flatte les puissants ; Maître dans l’art de la démagogie, il sait aussi se taire et ne pas répondre ; Ainsi dans La cour du Lion, il préfère mentir en prétextant en rhume qui le prive d’odorat, plutôt que de devoir se prononcer sur l’odeur qui règne au palais.

Le renard n’est pas le seul animal à savoir mentir : le chemin ment parfois pour sauver sa peau comme par exemple dans l loup te le chien maigre : pour échapper au oui, il lui fait croire que c’est préférable de le laisser engraisser avant de revenir le chercher ; Le loup le croit et lorsqu’il se présente pour réclamer sa proie, le chien lui envoie un dogue féroce qui le fait fuir . Le loup a été berné et  ici, la sympathie du lecteur va plutôt au menteur ; Ce qui peut sembler immoral mais il s’agit d’un mensonge « pour une bonne cause » ;

Le mensonge du cormoran dans Les poissons et le cormoran s’apparente-t- il à celui du chien ? Vieux, mal voyant et affamé , « lorsque le long âge eût glacé le pauvre animal » , l’oiseau qui ne peut plus pêcher , doit se résoudre à mentir et à tromper les poissons pour pouvoir se nourrir . Le fabuliste précise que « le besoin (est ) docteur en stratagème » ; Ce vers nous indique qu’il ment iniquement par nécessité et que c’est la situation critique dans laquelle il se trouve , une « disette extrême »  qui l’ a obligé à inventer une ruse mensongère pour attirer les poissons dans un endroit où ils seront à sa portée . Le mensonge a été une leçon pour les poissons: il ne faut pas croire leur prédateur ; La Fontaine enseigne ainsi , grâce au mensonge , plusieurs choses et notamment de ne pas nous fier à nos ennemis.

Dans Le chat et le rat , nous voyons que le rat a fait alliance avec son ennemi, le chat par nécessité car il était menacé par deux autres de ses prédateurs ; Une fois qu’il a libéré le chat de son piège, il ne se fie pas aux paroles trompeuses de ce dernier qui cherche sans doute à l’attirer pour le manger et il garde soigneusement ses distances . Les mensonges du chat sont rendus ici inopérants grâce à la prudence et à la sagesse du rat. Donc le mensonge ne triomphe pas toujours et c’est plutôt porteur d’espoir.

Et voici maintenant un exemple de conclusion avec deux ouvertures littéraires ..

En conclusion , choisir la forme mensongère de la fable, permet à La Fontaine de révéler de nombreuses vérités à ses contemporains . De plus, il n’hésite pas à introduire de nombreux mensonges au sein des histoires . On note ainsi la fréquence, la diversité et la variété des utilisations du mensonge dans les Fables ; Le mensonge n’est pas seulement réservé aux plus faibles ou aux victimes , il peut également être employé par ceux qui veulent donner une leçon à leurs pairs. Les fables nous enseignent , en outre, que l’art de la dissimulation , est parfois très utile . Le mensonge s’apparente parfois à la parole trompeuse et en cela, il rejoint la flatterie des courtisans .  Dans un monde où triomphent hypocrisie et la loi du plus fort, les mensonges habiles , redistribuent les cartes et compensent, en partie, pour certains, les inégalités de la société ou les injustices dont ils sont victimes. Mais pour d’autres, le mensonge est le piège dans lequel ils s’apprêtent à tomber ; parfois, il sert d’alibi  ou de substitut  à la force brutale.  Les prédateurs cachent  alors sous leurs paroles mensongères leur désir de rendre plus facile la capture d’une proie que tout désigne. Les moralistes classiques comme Pascal et La Rochefoucauld nous enseignent à nous défier des attraits du mensonge , parole flatteuse qui nous dit ce que nous voulons entendre . L’amour-propre devient alors un guide trompeur pour l’homme.Mais un roman comme La Princesse de Clèves nous révèle également  que la dissimulation règne au sein de la Cour : on se ment à soi-même en même temps qu’on cache ses véritables sentiments aux autres .  Il semblerait que le mensonge fasse partie du la nature humaine .

01. novembre 2019 · Commentaires fermés sur Inventaire des fables : petit tour d’horizon · Catégories: Première

Lorsqu’on évoque les fables , on hésite entre diversité et unité. En effet, rien, en apparence , ne ressemble plus à une fable , qu’une autre fable : même forme courte ( quelques dizaines de vers )  même usage du vers libres , même goût de plaire et d’instruire à partir d’une anecdote dont on va tirer une morale , même regard critique et parfois pessimiste sur la société de l’époque et sur l’homme en général. Mais pourtant , à y regarder d’un peu plus près, on peut apercevoir certaines différences ; Pour vous aider à pouvoir estimer un peu plus précisément la diversité des fables , je vous propose de faire une petite visite guidée d’une trentaine de fables . Prêts ? 

Le classement adopté suit l’ordre des fables dans le recueil , en fonction de leur place à l’intérieur des livres. Plus de quarante fables sont ainsi résumées et leurs thèmes principaux sont rappelés ainsi que la présence  éventuelle d’une morale et d’une leçon. 

Livre VII

fable 1 Les Animaux malades de la peste ( voir article )

fable 2 Le mal marié

Les dix premiers vers de la fable contiennent un avertissement contre l’institution du mariage qui, selon le fabuliste, est rarement heureuse. Beaucoup veulent se marier et selon lui, presque tous s’en repentent; Pour illustrer cette morale, il raconte l’anecdote d’un mari qui a épousé une très méchante femme; comme cette dernière lui gâche la vie et passe son temps à  le critiquer et à dénigrer tout ce qui l’entoure , il décide de la renvoyer chez se parents à la campagne; quand il décide de al reprendre, il réalise qu’elle est toujours aussi insatisfaite te méchante. Il la renvoie donc définitivement.

48 vers, pas d’animaux, morale au début, satire du mariage et des mauvaises femmes

fable 3 : Le rat qui s’est retiré du monde 

L’histoire se déroule au Moyen-orient; un rat s’est retiré dans un fromage de Hollande et devient gros et gras; Des députés du peuple rat viennent un jour lui demander de l’aide pour se défendre contre le peuple chat ; leur cité est attaquée et l’Etat miséreux ne peut pas leur prêter main-forte; L’ermite refuse de leur faire l’aumône et se contente de leur dire de prier le Ciel . Le fabuliste s’adresse au lecteur, à la fin de l’anecdote, pour lui poser une question ” Qui désigné-je à votre avis par ce rat si peu secourable ? ” Il fait ici la satire des religieux peu secourables : certains ordres monastiques avaient cette réputation de vouloir conserver leurs richesses . 

35 vers,  rat et chat ,morale implicite, satire de l’avarice des moines 

fable 4 :Le héron et la fille

Un héron se promène le long d’une rivière à la recherche de nourriture : il dédaigne d’abord la carpe et les brochets qui sont des gros poissons car il n’a pas encore assez faim. Quand il a plus d’appétit ,il aperçoit des tanches, poissons à la chair fade: il décide d’attendre une nourriture meilleure . Il doit finalement se contenter d’un limaçon. le conteur renouvelle la leçon avec l’anecdote de la fille qui cherche un mari: elle méprise tous ses prétendants et leur trouve des défauts mais , par peur de ne plus trouver de mari car elle devient vieille,elle finit par épouser un homme laid .

77 vers, animaux et humains , double leçon, satire de ceux qui ne sont jamais satisfaits et veulent toujours plus ou de ceux qui repoussent la réalisation de leurs désirs en espérant toujours mieux

fable 5 : Les Souhaits 

Le conte se déroule au Mogol: un follet travaille pour une famille à laquelle il est attaché et au moment de les quitter pour aller travailler au bout du monde  ( il est en Inde et on l’envoie en laponie ) , il leur pose de réaliser trois de leurs souhaits; Ils demandent d’abord l’abondance mais se rendent compte que c’est un fardeau ; Ils souhaitent alors qu’on leur retire leurs trésors pour retrouver  la médiocrité . Enfin, ayant compris, ils demandent la sagesse “c’est un trésor qui n’embarrasse point “ 

62 vers, pas d’animal, merveilleux, morale explicite, fin , satire de ceux qui pensent que l’argent fait le bonheur 

fable 6  La Cour du lion ( voir cours ) 

36 vers ,morale finale , satire de la gouvernance du roi , mise en évidence des dangers de la Cour, leçon de prudence.

fable 9 : La laitière et le pot au lait (voir cours ) 

43 vers , leçon de sagesse , dangers de l’imagination, 

fable 10 : Le curé et le mor

38 vers , lien avec la laitière te le pot au lait, satire des prêtres cupides et faux dévots, morale implicite 

laf73.jpgfable 12 : Les deux coqs

 Deux coqs vivaient  en paix dans un poulailler mais l’arrivée d’une poule déclenche entre eux un combat. Le vainqueur gagne l’amour de la belle et décide de monter sur un toit pour claironner sa victoire; Il agit imprudemment car un vautour le repère et le tue; l’autre coq, le perdant, qui s’entrainait en cachette n’a nul besoin de combattre à nouveau: la poule est désormais à lui. En introduisant des références à la célèbre guerre de Troie au fond d’une basse-cour, La Fontaine adopte le registre héroï-comique pour se moquer de l’orgueil déplacé des vainqueurs. ” Tout vainqueur insolent  à sa perte travaille  : défions-nous du sort et prenons garde à nous après le gain d’une bataille.”

32 vers, coq et poule, morale explicite à la fin, satire de l’orgueil des vainqueurs (amour-propre )

fable 15 : Le chat , la belette, et le petit lapin

En l’absence d’un lapin, une belette lui vole son terrier et s’en prétend désormais la propriétaire au prétexte que la terre appartient à celui qui l’occupe. Le lapin lui, s’en réfère à l’usage et pour mettre un terme à leur querelle, ils ont l’idée de faire appel à un juge: le chat Raminagrobis. Ce dernier  les croque tous les deux . Cette fable ressemble à l’histoire des deux pélerins qui trouvent une huître et se disputent pour savoir qui va la manger . La morale finale met en garde les seigneurs contre leurs différends dont le roi se sert pour mieux les diriger.

47 vers, chat, belette et lapin, satire politique : le roi règne sur ses vassaux grâce à leurs divisions

fable 16 : La tête et la queue du Serpent 

Les deux parties d’un Serpent sont en débat : la queue souhaite diriger la tête et prendre sa place ; Elle demande au Ciel d’exaucer son souhait et les Dieux acceptent sa requête . La tête aveugle mène le Serpent droit à la mort . La morale est double . Une morale politique tout d’abord “malheureux les Etats tombés dans son erreur ” : on doit laisser à la tête de l’état des dirigeants clairvoyants . Et également une portée philosophique “le Ciel eut pour ces voeux une dont cruelle. Souvent sa complaisance a de méchants  effets . ” 

37 vers , animal: Serpent , morale explicite , fin , satire politique , gouvernement , Etat 

Livre VIII 

fable 2 : Le Savetier et le financier 

Un homme riche entend son voisin cordonnier siffloter toute la journée et lui propose alors de lui confier une grosse somme d’argent ; Ce dernier en perd sa joie de vive et son sommeil ; Il décide alors de rendre l’argent afin de pouvoir mieux dormir 

49 vers, morale implicite , sagesse, l’argent ne fait pas le bonheur 

fable 3 : le lion, le loup et le renard 

Un vieux lion décrépit et goutteux voudrait trouver un remède contre la vieillesse qui le fait souffrir; il fait venir des médecins à la Cour mais personne ne trouve de recette miracle; Le renard s’est bien gardé de paraître auprès du roi et le loup en profite pour le dénoncer .  Le renard invente un mensonge cruel ; il prétend que seule une peau de loup toute chaude et toute fumante rendra au monarque sa jeunesse. Le lion fait alors écorcher le loup pour se recouvrir de sa peau Le fabuliste conclut par un conseil de prudence : Messieurs les Courtisans, cessez de vous détruire. Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire. Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.” 

40 vers , lion, loup, renard ,morale à la fin explicite ,satire des courtisans et de la Cour 

fable 4 : Le pouvoir des fables 

Une longue introduction de 33 vers précise le propos du fabuliste : il offre sa fable à un ambassadeur M de Barillon, alors en charge de la guerre contre la Hollande . Dans son récit, La Fontaine imagine un orateur grec, à Athènes,  qui ne parvient pas à attirer l’attention de son public.Pourtant sa patrie est en danger et il faut qu’il trouve un moyen ; Il choisit de commencer une fable avec trois personnages : deux animaux et une déesse . Cérès fit un voyage avec une hirondelle et une anguille, commence -t-il à raconter et voilà qu’il faut traverser un fleuve;Les deux animaux ne rencontrent pas de difficultés et le public  l’interrompt à ce moment là pour s’alarmer du sort de Cérès, Alors l’orateur les gronde car ils accordent plus d’importance à des contes d’enfants qu’au discours qu’il s’efforce de tenir en ces temps de guerre. Par ce moyen il a réussi à capter l’intérêt des Athéniens. La morale finale est explicite : ” Le monde est vieux , dit-on; je le crois cependant l faut amuser encore comme un enfant .”

70 vers , animaux et humains, morale explicite, réflexion sur le pouvoir des fables 

fable 5 : L’homme et la puce 

Par des voeux importuns nous fatiguons les Dieux ; la morale ici va être suivie de l'histoire qui l'illustre; Un homme  qualifié de sot mordu par une puce implore Jupitre de l'aider à exterminer la race de ces animaux . La Fontaine se moque ici de ceux qui implorent l'aide des Dieu pour de petits désagréments. L'effet comique est lié à la disproportion entre ce qui arrive à cet homme te la manière dont il présente les faits en les exagérant : la puce est comparée à une hydre, un monstre à cent têtes.

16 vers, un homme et une puce, morale au début,sagesse, ne pas avoir recours aux Dieux pour des choses sans importance 

fable 6 : Les femmes et le secret 

Un mari fait croire à sa femme qu’il pondu un oeuf pendant la nuit et lui demande de garder le secret; cette dernière “indiscret et peu fine ”  court raconter l’histoire à sa voisine  une “commère ” qui la déforme en la diffusant . Tout le monde pense alors que l’homme a pondu cent oeufs. ” Rien ne pèse tant qu’un secret: le porter loin est difficile aux dames et je sais même sur ce fait, bon nombre d’hommes qui sont femmes .” 

37 vers , pas d’animal, morale explicite , au début, satire des femmes et de ceux qui ne savent pas garder un secret

fable 9 : Le rat et l’huître 

Un rat de peu de cervelle, quitte son trou pour découvrir le monde mais son ignorance va lui coûter la vie : il aperçoit une huître et pense pouvoir la manger sauf que cette dernière se referme sur lui. Cette fable contient un double enseignement : ceux qui n’ont du monde aucune expérience sont aux moindres objet frappés d’étonnement  et “tel est pris qui croyait prendre ” 

39 vers, rat et huître, morale double, explicite, à la fin 

fable 10 : L’ours et l’amateur de jardins

Un jardinier et un ours qui s’ennuient tous deux, seuls chacun de leur côté, deviennent amis . L’homme est d’abord effrayé mais il invite l’ours à dîner et tous deux se mettent à vivre ensemble; L’ours va chasser et l’homme cuisine. Mais un jour, en voulant chasser une mouche qui tourmente le jardinier, l’ours le tue avec sa patte en lui lançant une pierre pour chasser la mouche. “Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami, mieux vaudrait un sage ennemi. “ le conteur nous montre les dangers de la solitude qui rend l’homme mélancolique mais nous explique également qu’il faut choisir ses amis en connaissance de cause.

58 vers, ours et homme, sagesse, amitié

fable 11 : Les deux Amis 

L’histoire se déroule dans un pays lointain, le Monomotapa comme dans un conte ; Un homme se lève en pleine nuit car il a , dans son cauchemar, imaginé que son ami était chagriné; Ce dernier qui le voit triste lui propose immédiatement , pour le consoler: de l’argent, une femme, de l’aide . Le conteur révèle alors la cause de la tristesse de son ami, et nous pose la question suivante : ” qui d’eux aimait le mieux? que t’en semble lecteur ? ” Il nous fait ainsi juge de la valeur d’une véritable amitié. 

31 vers, pas d’animal, nature de l’amitié, philosophie 

Fable 12 : Le cochon, la chèvre et le mouton 

Trois animaux sont emmenés à la foire pour être vendus; le cochon passe le trajet à crier et le conducteur de la charrette lui fait remarquer que les autres animaux se taisent. le cochon lui explique alors qu’ils sont sots ou qu’ils pensent simplement qu’on va leur prendre leur lait te leur laine ; Lui seul sait qu’il n’est bon qu’à manger donc qu’on va le tuer. La morale finale montre qu’il a raison car il connait son sort mais que cela ne sert à rien de es plaindre car “quand le mal est certain la plainte ni la peur ne changent le destin . Et le moins prévoyant est toujours le plus sage. ”  Ici on retrouve une sorte d’acceptation de son destin qui nous fait sourire mais tristement. 

32 vers , 3 animaux et un humain , morale finale explicite, accepter son sort ; 

fable 14 : Les obsèques de la lionne 

55 vers , cerf, lion et lionne, morale finale, satire de la Cour, dangers de la Cour ( inspirée par la mort de la reine )

fable 15 : Le rat et l’éléphant 

“Se croire un personnage est fort commun en France: on y fait l’homme d’importance et l’on n’est souvent qu’un bourgeois.” Pour illustrer cette idée qu’il nomme le mal françois, La Fontaine se sert de l’histoire suivante; Un rat des plus petits se moque de la démarche lente d’un éléphant des plus gros; Il refuse l’idée que l’importance soit en lien avec la grosseur et se compare à l’éléphant pour ce qui est de la valeur; Un chat survient et mange le rat ; cette chute cruelle donne tort à ce dernier ; En effet, un éléphant n’aurait pas été inquiété par un chat . 

31 vers, morale explicite au début, rat et éléphant, défaut : orgueil, satire des petit nobles 

 fable 16 : L’Horoscope

“On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu’on prend pour l’éviter” : cette fable raconte deux anecdotes; La première est celle d’un père à qui l’on prédit qu’avant 20 ans, son fils mourra à cause d’un lion ; Il l’empêche alors de sortir et le jeune homme mécontent pense se venger en frappant un tableau du palais sur lequel est peint un lion; Il se blesse alors avec un clou caché sous la tapisserie et en meurt. Le fabuliste reprend alors une seconde anecdote dont le héros est Eschyle. Un devin lui avait prédit qu’il mourrait à cause de la chute d’une maison . Il quitta la ville et subit un tragique accident : il eut le crâne brisé par la chute d’une tortue qu’un aigle avait laissé tomber afin que sa carapace se brise. La morale explique que ceux qui croient aux prédictions finissent pas en être elles victimes; le fabuliste donne son avis personnel : il ne croit pas aux horoscopes et tente de justifier son point de vue en prenant notamment pour exemple les conflits qui touchent l’Europe . ” Tout aveugle et menteur qu’est cet art, il peut frapper au but une fois entre mille; ce sont effets du hasard. ” 

92 vers, animaux dans les seconds rôles (aigle et tortue ) , morale au début, à la fin, condamnation des astrologues .

Fable 17 : l’âne et le chien 

“Il faut s’entraider : c’est la loi de la nature ” . Un âne et un chien accompagnent leur maître ; Quand ce dernier s’endort, l’âne broute dans le pré et le chien lui demande de se baisser pour qu’il puisse manger dans le panier qu’il porte sur son dos. L’âne refuse car il est trop occupé à manger et fait longtemps la soudre oreille; Lorsqu’un loup affamé sort du bois, il demande au chemin de venir à son secours mais ce dernier se venge en lui refusant son aide. Le loup étrangle le baudet et le fabuliste renouvelle son conseil : je conclus qu’il faut qu’on s’entraide.

38 vers, âne, chien et loup , morale au début et à la fin , éloge de l’entraide , sagesse 

fable 19 : L’Avantage de la science 

Deux bourgeois ont un différend : l’un est pauvre mais habile; l’autre riche mais ignorant. Lequel devrait avoir le plus de valeur ? Le riche tente de démontrer qu’il vaut mieux que le savant car il possède des biens matériels . Un guerre détruit alors le village et tous deux s’exilent. L’ignorant resta sans asile et le savant fut considéré. “laissez dire les sots; le savoir a son prix. ” 

39 vers, pas d’animal, morale explicite, fin, satire de ceux qui fondent leur valeur sur la possession de bien matériels , éloge du Savoir .

fable 22 : Le chat et le rat

Quatre animaux: un rat, un chat, une belette et un hibou, vivent près d’un arbre autour duquel un chasseur a tendu un filet; Le chat est pris le premier et demande au rat de l’aider à s’échapper; Il tente de le convaincre qu’il mettra ses griffes à son service et le protégera du hibou et de la belette s’il consent à l’aider. Ce dernier refuse d’abord mais voyant le hibou prêt à se jeter sur lui, il finit par délier le chat. Toutefois, prudemment il ne s’approche pas trop de lui car il doute que ce dernier tienne sa promesse. la morale de la fable nous questionne sur la nature des hommes : peuvent-ils changer ? Une alliance conclue avec un ennemi par nécessité contre un ennemi commun risque de ne plus  avoir de valeur en temps de paix. Ainsi, on peut penser que le rat a raison de se méfier.

55 vers, chat, belette, rat et hibou, morale sous forme de question à la fin, relation ami/ennemi, nature des hommes

fable 25 : Les deux chiens et l’âne mort 

La fable commence par 9 vers d’introduction  morale à propos des vices et des vertus . L’anecdote est centrale : deux chiens, sots et gourmands, aperçoivent la carcasse d’un âne au milieu de l’eau et entreprennent de voir tout l’eau afin de pouvoir s’emparer de la nourriture ainsi au sec. Mais ils meurent la panse remplie d’eau et le fabuliste nous met en garde contre les dangers mortels auxquels nous expose le caractère insatiable de notre désir; Pour le satisfaire, l’homme est prêt à faire des choses insensées. L’homme est ainsi bâti: quand un sujet l’enflamme, l’impossibilité disparaît à son âme. 

44 vers , morale au début et à la fin , chien et âne , sagesse, philosophie, condamnation du désir .

fable 27 : Le loup et le chasseur

Cette fable est composée de deux histoires qui se suivent : un chasseur ne se contente pas d’une biche et de son faon; Il chasse également un énorme sanglier et le pensant mort, part en quête d’une petite perdrix ; Mais l’animal le tue .  Il est mort d’avoir convoité trop de choses. Un loup arrive alors et se réjouit d’avoir des provisions mais il est tellement avare qu’il préfère commencer par manger la corde de l’arc du chasseur qui se détend et le tue. Il est mort à cause de son avarice; comme dans de nombreuses fables, la Fontaine redouble sa leçon de prudence et dénonce deux défauts importants : la convoitise et l’avarice. “Fureur d’accumuler, te combattrais-je sans cesse en vain dans cet ouvrage ? ” La fable s’ouvre sur une question adressée au lecteurs . Le thème , en effet, est fréquent dans les Fables. La Fontaine nous suggère de profiter de ce que nous avons sans attendre car la mort peut nous prendre en chemin “témoin ces deux gloutons punis d’un sort commun. ” 

52 vers, loup et humain , morale au début et à la fin, avarice, convoitise, leçon de sagesse 

Livre IX

fable 1 Le dépositaire infidèle

Le fabuliste commence par justifier son emploi des animaux, ses héros ,  dans les récits et évoque ensuite le mensonge qui fait partie de la nature humaine  et qui , selon lui, permet parfois de révéler ce qui est caché : ” Le doux charme de maint songe, par leur bel art inventé, sous les habits du mensonge, nous offre la vérité” Il invente ensuite l’anecdote d’un trafiquant de Perse qui laisse ne dépôt chez un marchand cent livres de fer. A son retour, ce dernier lui raconte qu’un rat a mangé tout entier le fer. Le trafiquant , pour le prendre au piège, enlève l’enfant du marchand qui le recherche partout, désespéré. Lors du souper, le trafiquant lui annonce qu’il a vu de ses yeux, un chat-huant enlever son fils et lui explique que dans un pays où les rats mangent du fer, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un hibou enlève un enfant . Le marchand comprend alors qu’il lui faut rendre le fer pour récupérer son enfant. La fable se poursuit avec la surenchère de deux voyageurs qui ne cessent d’exagérer ce qu’il ont découvert au cours de leurs aventures : un chou plus grand qu’une maison et un pot plu grand qu’une église; sans doute pour faire cuire vos choux, ajoute plaisamment l’un des deux voyageurs.  “Quand l’absurde est outré, l’on lui fait trop d’honneur de vouloir par raison combattre son erreur. “

91 vers, 2 histoires différentes et une longue présentation,  pas d’animaux,  double morale, mensonge et imagination, 

fable 2 : Les deux pigeons 

Deux pigeons s’aimaient tendrement mais l’un des deux décide d’abandonner son compagnon pour partir à l’aventure . L’autre le supplie de ne pas partir mais le désir de voir le monde  est le plus fort et il  console  son ami en lui expliquant qu’il lui racontera ses aventures à son retour et qu’il prendra plaisir alors à entendre son récit de voyage. Le  pigeon voyageur affronte un piège, un vautour et la fronde d’un enfant. A demi-mort, il finit par rentrer au logis. La suite de la fable est remplie de conseils pour les amoureux dont celui de ne pas partir loin de ceux qu’on aime. Elle se termine par l’expression lyrique d’une mélancolie amoureuse  : “Ai-je passé le temps d’aimer ? “

83 vers, pigeons , morale au milieu, condamnation des voyages, lyrisme 

fable 3 : Le Singe et le Léopard 

Un singe et un léopard sont en concurrence , à une foire , pour attirer le plus de badauds ; Le léopard se vante de posséder une magnifique robe que même le roi veut admirer ; Il ajoute également que son mérite et sa gloire sont de notoriété publique; le Singe lui prétend captiver la  foule grâce à son esprit capable de “faire des tours de toute sorte” . Le conteur ajoute qu’il est lui aussi séduit par la diversité d’esprit et pas  par celle, superficielle et sans mérite ,  de l’habit. ” O que de grands seigneurs au léopard semblables, N’ont que l’habit pour tout talent. ” 

31 vers, léopard et singe,  morale explicite, fin, satire des grands seigneurs et de leur orgueil .

fable 4 : Le Gland et la citrouille 

Dieu fait bien ce qu’il fait ” la preuve je la trouve dans les citrouilles : c’est l’objet de cette anecdote. Un villageois s’étonne que les citrouilles ont des petites tiges et que le fruit du chêne, le gland, soit si petit. Il pense que Dieu a fait une erreur et cette réflexion l’embarrasse . Il s’endort sous un chêne et reçoit un gland sur la tête; Il réalise alors que la Nature (Dieu )  a bien fait les choses. Le personnage qui se nomme Garo finit par louer Dieu de toute chose. La Fontaine démontre au moyen de cette histoire qu’il faut faire confiance à l’ordre des choses .

34 vers, morale explicite au début, un villageois, leçon de sagesse, confiance en Dieu 

fable 6 : Le Statuaire et la Statue de Jupiter

Un statuaire achète un beau bloc de marbre et sculpte une représentation de Jupiter si belle te si ressemblante au dieu qu’il se met à redouter sa propre création; Le fabuliste explique alors qu’autrefois les poètes croyaient en leurs propres inventions et il rappelle le mythe de Pygmalion, tombée amoureux de la femme qu’il sculptait. ” Chacun tourne en réalité, autant qu’il peut ses propres songes: l’homme est de glace aux vérités;il est de feu pour les mensonges.

36 vers, forme régulière , quatrains , relation imagination / raison ; philosophie, sagesse 

fable 7 : La Souris métamorphosée en fille 

Une souris est sauvée par un brahmine qui demande alors à un sorcier de la réincarner en fille ; a la recherche du meilleur époux pour sa fille, le brahmine choisit le soleil , ensuite le nuage , le vent et finalement ‘est le rat qui est choisi: “on tient toujours du lieu dont on vient, commente alors le fabuliste et ensuite ” Il en faut revenir toujours à son destin, c’est à dire à la loi par le ciel établie . Parlez au diable, employez la magie, vous ne détournerez nul être de sa fin . 

80 vers , merveilleux, sagesse 

fable 10 : le loup et le chien maigre 

L’histoire commence avec un rappel: le sort malheureux des petits poissons qui finissent en friture alors qu’ils protestent parce qu’ils sont trop petits pour être mangés; “ je fis voir que lâcher ce qu’on dans la main sous espoir de grosse aventure est imprudence toute pure.”  Un loup, un peu sot, trouve un chien maigre en dehors du village et s’apprête à le manger. Ce dernier réussit à lui faire croire qu’il  pourra revenir le prendre quand il aura engraissé; Le loup le croit mais lors qu’il revient voir si son chien n’est point meilleur à prendre, ce dernier s’est réfugié chez lui et fait sortir un chien énorme et le loup  est obligé  de s’enfuir pour sauver sa peau.

32 vers, loup et chien  , double récit , morale au début, satire de ceux qui renoncent à ce qu’il peuvent avoir car ils ne veulent davantage ; au final, ils n’ont rien ! 

fable 15 Le mari la femme et le voleur 

Un mari se plaint de pas recevoir beaucoup de marques de tendresse de son épouse . Un soir, un voleur l’effraie et elle se réfugie dans les bras de son époux, ravi qui décide alors de donner sa maison en récompense au voleur.  “J’infère de ce conte que la plus forte passion, c’est la peur. “Le fabuliste ajoute ensuite l’histoire d’un espagnol qui fit bruler son palais pour la reine d’Espagne . 

38 vers , pas d’animaux, morale au milieu, amour et mariage, passion 

fable 17 : Le Singe et le Chat 

Bertrand le Singe et Raton le Chat sont deux animaux malfaisants qui ne pensent qu’à voler le bien d’autrui . Le Singe demande au Chat de dérober des marrons brûlants et pendant que ce dernier les retire délicatement en essayant de ne pas trop se brûler les pattes, il les croque . Une servante arrive et ils sont obligés tous deux de s’enfuir: le Chat le ventre vide et mécontent . La morale évoque ces Princes qui “vont s’échauder en des Provinces pour le profit de quelque Roi

30 vers, animal : Bertrand le Singe et Raton le Chat , morale explicite, fin , Prince et roi 

fable 18 : le milan et le Rossignol 

Un mila, féroce prédateur capture un rossignol à la douce voix et ce dernier le prie d’épargner sa vie . il lui propose de lui chanter une chanson qui raconte la légende de la naissance des rossignols, . cette chanson est si belle, dit le rossignol, qu’elle ravira les oreilles du milan: “mon chant plaît à chacun”, ajoute l’oiseau. Mais l’oiseau  trop faim pour se contenter de musique et “Ventre affamé n’a point d’oreilles ” ; Ce proverbe signifie qu’il est impossible de raisonner quelqu’un qui est affamé: aucun argument ne peut infléchir sa décision .  On peut remarquer que dans le loup et le chien maigre, le chien, en revanche, a réussi là où le rossignol échoue mais il n’a pas promis au loup de lui chanter une chanson: il a lui a promis un plus gros repas . La Fontaine fait une analogie entre le milan et le roi ; Il serait plus facile de chanter des chansons au roi qu’à un milan . 

20 vers, oiseaux, morale finale , forts et faibles 

Livre X 

fable 2 : La Tortue et les deux canards 

36 vers, son indiscrétion de sa perte fut cause 

fable 3 : Les poissons et le Cormoran 

Un vieux cormoran devenu aveugle ne peut plus se nourrir car il ne distingue plus “au fond des eaux”  . Le besoin est docteur en stratagème alors il demande à une écrevisse de faire croire aux petits poissons qu’un pêcheur  va arriver . Ces derniers sont paniqués et  demandent l’oiseau ce qu’ils peuvent faire ; Ce dernier “bon apôtre ” leur propose alors de les transporter en lieu sûr :  il les porte dans son bec jusqu’à un bassin où il peut, jour après jour, les manger tranquillement . “ Il leur apprit à leurs dépens que l’on ne doit jamais avoir de confiance en ceux qui sont mangeurs de gens.” Au final, les petit poissons y perdirent peu, ajoute le fabuliste car ” qu’importe qui vous mange? homme ou loup; tout panes me paraît une à cet égard.” Le petits poissons étaient condamnés à finir mangés de toute façon. 

48 vers, poissons et cormoran, double morale explicite, fin, les forts et les faibles 

fable 5 : Le loup et les bergers 

“Un loup rempli d’humanité ” se rend compte qu’il est détesté de tous parce qu’il passe pour un animal cruel qui dévore les autres animaux ; Il décide alors de devenir végétarien afin de pouvoir être aimé de tous. Il aperçoit des bergers rôtir des moutons à la broche et redevient dès lors carnivore. La Fontaine montre alors qu’on ne peut pas reprocher aux animaux leur pseudo- cruauté alors que nous les mangeons.  “le loup n’a tort que quand il n’est pas le plus fort ” 

41 vers, loup , morale implicite, fin , relation hommes-animaux , cruauté , philosophie 

fable 6 : L’araignée et l’hirondelle 

Une araignée se plaint à Jupiter de se faire voler ses mouches  par une hirondelle: à cause d’elle, sa toile est vide . L’hirondelle en effet, doit nourrir se petits et finit par emporter l’araignée et sa toile . Le récit se termine par une courte morale : Jupin mit deux tables au monde : l’adroit le vigilant et le fort sont assis à la première ; et les petits mangent leur reste à la seconde. Le fabuliste révèle les inégalités entre les animaux-hommes . 

29 vers ,  araignée et hirondelle, morale explicite à la fin, les forts et les faibles , références à la mythologie 

Fable 7 : la perdrix et les coqs 

Une perdrix est nourrie au sein d’une basse-cour, au milieu des coqs peu civils, turbulents et peu galants; Elle est bien obligée de reconnaître qu’elle n’est pas faite comme eux et qu’elle a un naturel différent. Elle souffre de leurs attaques mais les plaint ensuite lorsqu’elle constate qu’il se battent entre eux. Il pourrait s’agir de Madame, femme de Monsieur, frère roi qui se désolait des moeurs de la Cour et déplorait de devoir vivre à Versailles. 

25 vers, coq et perdrix, nature des hommes, satire de la Cour 

fable 10: Les poissons et le berger qui joue de la flûte 

Pour plaire à sa bien-aimée Annette et l’aider à pêcher des poissons, le berger leur chante une douce chanson afin de les attirer . Peine perdue : “ses paroles miellées s’en étant au vent envolées , il tendit un long rets ” Le piège est alors beaucoup plus efficace et le fabuliste conclut par une morale adressée aux rois : “Rois qui croyez gagner par Raison les esprits..ce n’est jamais par là qu’on en vient à bout. Servez vous de vos rets: la puissances fait tout. Cette morale est proche de celle de la raison du plus fort. 

35 vers, poissons et berger,morale finale , lorsque les paroles sont impuissantes, il faut employer la force 

fable 12 : La lionne et l’ourse 

Une lionne perd son lionceau et pousse des cris de douleur qui gênent les habitants de la forêt. L’ourse lui reproche de se plaindre trop fortement alors qu’elle-même a causé la mort de très nombreux enfants et donc le chagrin de leurs parents. le fabuliste s’adresse ensuite aux humains pour leur dire “je n’entends résonner que des plaintes frivoles ” Que ceux qui se plaignent pensent un peu plus aux malheurs des autres : telle est la leçon de cette anecdote. 

27 vers, lionne et ourse, satire de ceux qui se plaignent haut et fort et accusent les Dieux de leurs malheurs 

 

Livre XI 

fable 5 : Le lion le Singe et les deux Anes 

Un lion veut apprendre à bien gouverner et fait appel au Singe; Ce dernier lui donne une première leçon: faire passer l’intérêt du pays avant son amour-propre qui est selon, lui, le père de tous les défauts. Le roi demande à ce qu’on lui donne des exemples et le Singe explique qu’on a tendance à accorder trop de mérites à ses semblables afin qu’une partie de leur gloire rejaillisse également sur nous . “L’amour propre , au rebours, fait qu’au degré suprême on porte ses pareils car c’est un bon moyen de s’élever aussi soi-même .” Le Singe illustre se conseils par l’exemple des deux Anes qui se moquaient des hommes car ces derniers leur trouvaient des défauts et notamment leur bêtise ainsi que leur “braire ” peu agréable à l’ouïe. Ces deux ânes étaient heureux de se vanter et exagéraient leurs qualités. Le Singe ajoute  qu’il connaît beaucoup d’hommes qui imitent ces ânes et se vantent exagérément. Mai sil donnera sa leçon sur l’injustice à un autre moment car le point selon lui est délicat et il craint d’offenser le roi. 

74 vers , singe et lion,  morale finale ,satire des courtisans qui veulent rivaliser avec le roi, leçon de sagesse , art de gouverner

 

 

30. octobre 2019 · Commentaires fermés sur La Cour du lion · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,
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La dimension  satirique est l’une des dimensions les plus commentées des fables mais elles ne comportent pas toutes le même degré de satire et surtout , ne font pas la satire des mêmes objets; tantôt le fabuliste se moque des défauts des hommes , soit sur le plan individuel (l’appât du gain, l’avarice, le manque de générosité ) , soit sur un plan plus collectif ( la flatterie  des courtisans, les femmes incapables de garder un secret , la vénalité des juges  ) tantôt il met en évidence une anecdote qui débouche sur une philosophie de l’existence (leçon de sagesse , de prudence ou de modestie ) ; La fable est alors davantage un enseignement et le trait satirique se  fait plus discret . Dans la Cour du lion, la satire occupe une place importante : les animaux sont utilisés pour reproduire et dénoncer  le fonctionnement  féroce de la Cour . Vous trouverez dans l’article ci-dessous la lecture linéaire de la Cour du ion et quelques réflexions sur le fonctionnement de la satire ainsi que le poème de La Fontaine qui a déclenché la colère de Louis XIV.

Au moment de la parution de son second recueil de fables en 1678 , le poète Jean de La fontaine, qui s’inspire des auteurs antiques en remettant le genre de la fable à la mode, souffre encore d’une forme de disgrâce royale ; le roi lui tient rancune d’avoir soutenu publiquement Nicolas Fouquet qu’il a  pourtant condamné injustement. La Cour du lion , sixième apologue du livre VII, peut ainsi se parcourir comme une satire, à peine dissimulée,  de la cour . Voyons comment le récit fait voir cette dimension satirique .

D’emblée le personnage du lion, est présenté avec son titre de noblesse : Sa Majesté, au vers 1, et les détails choisis par le conteur , évoquent la monarchie absolue de son époque : le lion règne grâce au Ciel qui l’avait fait maître</b> ; on note ici la référence à l’exercice du pouvoir de droit divin et le caractère absolu de la monarchie, est traduit grâce à l’expression “fait maître “</b>; la domination naturelle du roi sur ses vassaux est donc une donnée du récit.La nature féodale du pouvoir est rappelée ici, au vers 4, par l’emploi du terme vassaux qui illustre la réalité de l’exercice du pouvoir à cette époque. Le roi est, de fait , le suzerain de tous les seigneurs du royaume de France  ; Ainsi, de toute nature, peut faire référence à la diversité des sujets du roi car il gouverne aussi bien les princes, les ducs, les comtes , les clercs, les paysans qu’il soient fermiers ou métayers. De toute nature en parallèle avec de tous les côtés est également une indication de l’ampleur du pouvoir royal et le détail du vers suivant “circulaire écriture “ corrobore cette idée d’une domination qui s’étend sur l’ensemble du peuple ainsi que sur l’ensemble du territoire. Le sceau rappelle  les armes du roi, son titre et son pouvoir ; Il est la métonymie du pouvoir .

La situation initiale est, dès lors, mise en place avec la mention des réjouissances offertes</b> ; Le conditionnel “tiendrait cour plénière”  ici a la valeur d’un futur proche et le détail de la cour plénière reprend l’idée d’un pouvoir illimité , qui s’étend à tous. Le roi veut donc faire étalage de sa puissance  et rendre la cérémonie attractive en offrant à ses sujets un  fort grand festin, au vers 10   et des spectacles  extraordinaires. L’hyperbole “fort grand festin “ marque le caractère quelque peu excessif de ce qui est promis et il est plaisant de constater que l’attraction qui sera donnée à voir est un spectacle d’un singe savant . On peut d’ores et déjà , y deviner une satire des courtisans à travers ce singe dressé, Fagotin ,au vers 11, qui imite les gestes des humains , à la manière dont un courtisan s’efforce d’imiter les moindres gestes du roi et de copier son attitude . Le conteur mentionne alors, de manière fort malicieuse, les intentions du monarque-lion que les lecteurs avaient déjà devinées : “par ce trait de magnificence /le prince à ses sujets étalait sa puissance”. On observe d’une part , l’emploi du terme magnificence pour désigner un festin et des tours de foire : à la rime avec puissance , on peut peut être y lire l’idée que la puissance d’un souverain se mesure à l’éclat de ses fêtes . Du moins, c’est ici  ce que  comprend le lecteur avisé : le roi souhaite que ses vassaux admirent le faste de la Cour; le surnom du roi Louis XIV, le roi Soleil , peut ainsi se lire , à la fois comme un symbole de puissance mais également d’éclat ; Il voulait impressionner son peuple et les puissances voisines en organisant notamment de somptueuses fêtes à Versailles . Le vers 14 précise que le roi reçoit chez lui, dans son palais  : son Louvre . A cette occasion, La Fontaine, en profite pour rappeler que contrairement à tous ses prédécesseurs, le roi a choisi de ne pas continuer à exercer le pouvoir au Louvre mais a préféré  se faire construire un château digne de lui, à Versailles .La phrase nominale exclamative   “Quel Louvre “ peut , dès lors , traduire différents sentiments . Si elle imite l’admiration, alors la suite du vers, nous révèle qu’ il s’agit d’ironie car la  demeure princière est décrite comme nauséabonde.  La transformation de la demeure royale en charnier peut se lire , sur le plan satirique, comme une critique de la politique meurtrière du roi qui ,  élimine de manière violente et sans procès, certains de ses opposants . La Fontaine fait sans doute allusion aux répressions qu’encourent , par exemple, les protestants, à la Cour, faussement accusés et qui , pour certains choisiront l’exil plutôt que la prison ou qui,pour d’autres, furent  sauvagement assassinés. L’utilisation, ici , du caractère anthropomorphique du personnage du lion, permet ainsi de faire passer la satire de manière plaisante, en ayant recours à un animal .

La suite du récit décrit les conséquences  dramatiques des maladresses des courtisans : l’ours est d’abord choisi , au vers 16 , pour incarner les Puissants , les Grands de la Cour, c’est à dire les courtisans du premier cercle du roi: il désigne les aristocrates redoutés, eux aussi , en raison de leur position dans la société animale; L’ours, en effet, est craint ; Dans d’autres fables, il est associé à des prédateurs aussi dangereux que le tigre, le côté exotique en moins, et les mâtins qui sont des chiens féroces ( cf Animaux malades ) . Paradoxalement, l’ours ici a fait preuve de délicatesse parce qu’il “ boucha sa narine “ C’est vraiment un trait humoristique de choisir , pour un ours, ce caractère anthropomorphe, qui souligne une forme de délicatesse car cet animal est plutôt associé à une forme de balourdise et de brutalité .  Ce geste esquissé  pour se protéger des odeurs pestilentielles de la Cour, va causer sa perte  . Au vers 17, le conteur présente d’ailleurs ce réflexe de protection comme une “grimace “ ; le roi a ainsi jugé qu’il s’était moqué de lui , que quelque chose lui déplaisait et il le fait tuer , pour une simple moue; On notera, à la fois, le caractère dérisoire de la cause de sa mise à mort (tué pour une grimace ! cf animaux malades ) et la cruauté expéditive du monarque soulignée par différents procédés. Tout d’abord, le fabuliste précise, au vers 18, que le monarque est irrité  : ce participe passé, à valeur d’adjectif ici, est l’une des principales critiques de la seconde partie du règne personnel de Louis XIV . Les colères du roi étaient particulièrement redoutées à la Cour et de nombreux personnages , notamment l’ami  et le mécène de La Fontaine, Nicolas Fouquet, en ont fait les frais . D’autre part, le conteur note également que son principal crime est de déplaire au roi . Il donne ainsi l’image d’un pouvoir royal capricieux qui ne prend pas en compte les mérites de ses sujet ou les véritables fautes de ses vassaux, mais simplement leur capacité à lui plaire . La cruauté du roi est également illustrée par le recours à l’euphémisme du vers 18 l’envoya chez Pluton pour désigner la décision de le faire exécuter. Le fait également de rappeler la grimace de dégoût qui est à l’origine de sa condamnation est également humoristique . Le recours ici à la mythologie donne un côté burlesque à la situation . Les références à l’Antiquité sont , en effet, omniprésentes dans les Fables mais elles sont parfois associées à des réalités triviales et ce singulier mélange a des effets comiques . De plus, La Fontaine, en campant ensuite le personnage du singe , fait la satire des courtisans zélés .

En effet, le singe qui symbolise le plus souvent l’imitation servile , paraît ici tout indiqué , pour représenter les courtisans , eux aussi serviles , qui ne cherchent qu’à plaire au roi , dont ils redoutent les réactions et l’emportement . Ainsi le singe commence tout naturellement par  approuver et louer les actions du lion. On note ici la gradation : approuver signifie simplement être d’accord alors que louer a le sens plus précis de faire un compliment , vanter les mérites de quelqu’un ou de quelque chose . Le singe se comporte en flatteur excessif et c’est d’ailleurs cette qualification qui le désigne dès son apparition au vers 21. Le conteur , une fois de plus, emploie un euphémisme pour désigner la cruauté sanguinaire du monarque qui est présentée par le singe, comme de la simple sévérité. Au sens antique, le terme désigne l’exercice de la justice sans concession et on l’associe  assez souvent avec l’adjectif juste ; Les empereurs devaient être sévères mais ils n’en étaient pas moins justes; Rien de semblable dans la fable où le roi-lion  vient de tuer un courtisan pour une simple grimace : il n’a pas supporté que ce dernier puise oser critiquer l’odeur de son palais. L’habileté de La Fontaine consiste à passer sans cesse du domaine animal au domaine humain et de montrer , par l’anthropomorphisme de ses personnages, à quel point justement, certains hommes se comportent sauvagement. Si le terme colère apparaît au vers 21 pour désigner le comportement “humanisé” du souverain-animal, il est aussitôt associé à deux caractéristiques purement  animales : sa griffe , métonymie de sa force ou plutôt ici de sa violence , et son antre , qui renvoie à son animalité car le mot antre désigne la tanière d’un animal sauvage .

La flagornerie du singe est traduite par une accumulation aux vers 23 et 24 : l’odeur affreuse est tour à tour comparée à des senteurs délicieuses comme l’ambre, une matière précieuse et odorante et la fleur . D’ailleurs  dans le langage populaire, l’expression “ne pas sentir la fleur” restera associée à des odeurs désagréables . Au moyen-âge, le verbe fleurer déformation de flairer , était utilisé pour désigner des odeurs particulières marquantes ; Le dernier terme qui introduit la comparaison, qui ne fut ail au prix au vers 24 , marque , une fois de plus, de manière comique, la parole excessive du singe qui semble ne pas avoir de mots assez forts pour désigner la suavité des odeurs qui émanent du palais.  Le conteur met alors en parallèle les deux sanctions en employant un paradoxe : sa sotte flatterie eut un mauvais succès

L e second hémistiche du vers « et fut encore punie » renforce le caractère féroce du monarque qui passe ainsi pour un tyran étant donné qu’il punit ,à la fois, ceux qui le contrarient et ceux qui le flattent excessivement . La référence à Caligula est ainsi préparée : le roi est assimilé à cet empereur dont la cruauté et les caprices sont légendaires et qui n’hésitait pas faire exécuter ses opposants . Le vers 26 comporte une dimension humoristique avec la mention de « ce Monseigneur du lion -là. » Le fabuliste présente le roi lion comme un roi parmi d’autres et sous- entend ainsi que seul ce dernier désigné par le démonstratif ce -là fait preuve de cruauté. C’est une manière plaisante de souligner les ressemblances avec la figure historique de Louis XIV tout en réaffirmant le caractère fictif de la satire dans la fable . Le dernier acte de la fable est préparé avec l’entrée en scène du renard : l’adjectif proche peut avoir ici un double sens; Il indique, à la fois une proximité géographique et sans doute un degré d’intimité ( un proche désigne encore aujourd’hui un parent ou un ami cher ) . La Fontaine fait alors parler le roi : des phrases courtes et des questions directes qui appellent des réponse immédiates : « Que sens-tu ? » On notera également l’effet comique de l’injonction « parle sans déguiser »  au vers 29 qui peut paraître ironique ; En effet, exiger la sincérité dans un univers où chacun utilise la parole pour tenter de tromper l’autre et  mentir sur ses véritables sentiments, peut sembler drôle. Le renard invente alors un mensonge qui le tire d’affaire : le verbe alléguer signifie qu’il ment et privé odorat,  il se trouve ainsi privé de la possibilité de s’exprimer donc privé de parole . On peut même affirmer que c’est son silence qui lui sauve la vie et le conteur joue sur les mots en expliquant comment il s’en tire (vers 32 ) sans pouvoir  sentir ( au sens propre ) . On retrouve au vers 32 un lien important dans les Fables entre le fait de parler, d’ouvrir la bouche et le fait de subir une sanction, juste ou injuste. Les quatre derniers vers contiennent la morale explicite de l’histoire racontée ; Le vers 33 a la forme d’une maxime et rappelle la dimension didactique de la fable : sa fonction première en quelque sorte . Le second vers du quatrain énonce un conseil sous la forme d’une leçon de prudence ; dans l’univers de la Cour, il est préférable de ne pas avoir d’avis trop tranché . Le Courtisan qui veut « plaire » doit apprendre à garder ses véritables sentiments cachés et se contenter d’une parole publique mesurée . Avec humour le fabuliste souligne le caractère impossible d’en telle entreprise en associant « fade »  à « adulateur » et « parleur » à l’adjectif « sincère » ; Ce deux couples d’oxymores nous montrent à quel point il est difficile de plaire au roi car pour cela, il faut être capable , justement , de concilier les contraires; En effet, un adulateur est quelqu’un qui va louer celui qu’il admire de manière tout à fait excessive : cela correspond vraiment à une flatterie, un panégyrique et ce type de discours n’est jamais fade ; bien au contraire, il s’efforce de mettre en évidence le caractère exceptionnel de la personne dont on vante les qualités.   De la même manière , le terme « parleur » désigne souvent une personne qui cherche à tromper en enjolivant la vérité ; Un beau parleur est celui qui se sert de la parole pour tromper les autres donc il n’est jamais sincère. L’auteur montre ainsi à quel point il est périlleux de s’exprimer à la Cour et qu’il est préférable de taire son avis ; Le dernier vers poursuit la leçon et rappelle un exemple de sagesse populaire : il faut faire comme les  Normands qui ont la réputation de ne jamais dire ni oui ni non et de différer ainsi  la réponse et par là-même la prise de décision.

Cette anecdote  comme le titre l’indique La Cour du lion, éclaire certains aspects du fonctionnement du pouvoir royal et engage les courtisans, et les lecteurs, à la plus grande prudence dans leurs propos s’ils ne veulent pas faire les frais de la colère du Prince ; Le roi y apparait sous les traits d’un tyran capricieux et très difficile à contenter . La Fontaine garde sans doute en mémoire le fait d’avoir été évincé de la Cour pour avoir osé prendre publiquement la défense de son ami Fouquet condamné à la prison par une  décision de Louis XIV ; La Fontaine avait alors écrit une lettre au roi dans laquelle il s’attristait de cette décision .

 

Le fabuliste utilise ici les animaux dans le but de dresser un portrait satirique de la Cour .

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– Le lion. Sa puissance, son orgueil démesuré, son attitude rappellent le comportement de Louis XIV. A l’image de l’animal qui le symbolise, le roi règne en maître sur sa Cour. Jaloux de son pouvoir, méfiant d’une Noblesse remuante de nature, il convoque régulièrement auprès de lui les princes de sang pour mieux les surveiller. Une invitation à Versailles ne se décline pas. Il faut s’y soumettre, quitter sur l’heure sa résidence provinciale et accourir au plus vite. La violence que le lion déploie quand un courtisan commet l’erreur de lui déplaire (L’Ours grimace de dégoût lorsque lui parviennent les relents du charnier) souligne avec quelle facilité le souverain peut briser la réputation, la renommée de celui qui ne satisfait pas ses exigences.  Si le lion n’est pas dupe des courbettes du singe ce qui signifie que Louis XIV n’apprécie pas davantage les hypocrisies trop marquées d’un courtisan empressé et soucieux d’obtenir sa faveur.

– Le singe, l’ours et le renard évoquent les attitudes possibles des nobles de la Cour. Le bonheur qu’éprouve le singe quand l’ours endure la colère léonine n’est pas sans rappeler que de profondes tensions animent les couloirs de Versailles : la déchéance de l’un fait le bonheur de l’autre, la disgrâce du malheureux arrange les affaires de l’ambitieux.

– La morale de la fable résonne comme un avertissement. Le Renard est le plus malin de ses compères. Il a compris qu’au palais de son maître, il n’est jamais bon de dévoiler trop haut ses opinions.

– Enfin, la comparaison que l’auteur utilise quand il évoque la Cour dévoile des sentiments sans concession à l’égard d’un univers où il ne s’est jamais senti à son aise. Le message est clair : par delà les dorures des tableaux et l’éclat brillant de la Galerie des Glaces, les corridors du palais ne sont guère plus avenants qu’un affreux charnier. Comportements écœurants, attitudes répugnantes découragent l’honnête homme de pénétrer à Versailles…où règne la férocité des moeurs.

 

 

 

Beaucoup de critiques ont mis en relation le lien entre la disgrâce personnelle de La Fontaine et sa peinture féroce des moeurs de la Cour.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral du poème que La Fontaine a composé pour prendre la défense de Fouquet lorsqu’il a été condamné par le roi sous prétexte qu’il avait organisé une fête trop somptueuse dans son château de Vaux le Vicomte ; On prétend que le roi était jaloux de sa réussite et de sa gloire.

 

Élégie aux Nymphes de Vaux

Pour M. Fouquet

 

Remplissez l’air de cris en vos grottes profondes ;

Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes,

Et que l’Anqueuil enflé ravage les trésors

Dont les regards de Flore ont embelli ses bords

On ne blâmera point vos larmes innocentes ;

Vous pouvez donner cours à vos douleurs pressantes :

Chacun attend de vous ce devoir généreux ;

Les Destins sont contents : Oronte est malheureux.

Vous l’avez vu naguère au bord de vos fontaines,

Qui, sans craindre du Sort les faveurs incertaines,

Plein d’éclat, plein de gloire, adoré des mortels,

Recevait des honneurs qu’on ne doit qu’aux autels.

Hélas ! qu’il est déchu de ce bonheur suprême !

Que vous le trouveriez différent de lui-même !

Pour lui les plus beaux jours sont de secondes nuits

Les soucis dévorants, les regrets, les ennuis,

Hôtes infortunés de sa triste demeure,

En des gouffres de maux le plongent à toute heure.

Voici le précipice où l’ont enfin jeté

Les attraits enchanteurs de la prospérité !

Dans les palais des rois cette plainte est commune,

On n’y connaît que trop les jeux de la Fortune,

Ses trompeuses faveurs, ses appâts inconstants ;

Mais on ne les connaît que quand il n’est plus temps.

Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles,

Qu’on croit avoir pour soi les vents et les étoiles,

Il est bien malaisé de régler ses désirs ;

Le plus sage s’endort sur la foi des Zéphyrs.

Jamais un favori ne borne sa carrière ;

Il ne regarde pas ce qu’il laisse en arrière ;

Et tout ce vain amour des grandeurs et du bruit

Ne le saurait quitter qu’après l’avoir détruit.

Tant d’exemples fameux que l’histoire en raconte

Ne suffisaient-ils pas, sans la perte d’Oronte ?

Ah ! si ce faux éclat n’eût point fait ses plaisirs,

Si le séjour de Vaux eût borné ses désirs,

Qu’il pouvait doucement laisser couler son âge !

Vous n’avez pas chez vous ce brillant équipage,

Cette foule de gens qui s’en vont chaque jour

Saluer à longs flots le soleil de la Cour :

Mais la faveur du Ciel vous donne en récompense

Du repos, du loisir, de l’ombre, et du silence,

Un tranquille sommeil, d’innocents entretiens ;

Et jamais à la Cour on ne trouve ces biens.

Mais quittons ces pensers : Oronte nous appelle.

Vous, dont il a rendu la demeure si belle,

Nymphes, qui lui devez vos plus charmants appâts,

Si le long de vos bords Louis porte ses pas,

Tâchez de l’adoucir, fléchissez son courage.

Il aime ses sujets, il est juste, il est sage ;

Du titre de clément rendez-le ambitieux :

C’est par là que les rois sont semblables aux dieux.

Du magnanime Henri qu’il contemple la vie :

Dès qu’il put se venger il en perdit l’envie.

Inspirez à Louis cette même douceur :

La plus belle victoire est de vaincre son coeur.

Oronte est à présent un objet de clémence ;

S’il a cru les conseils d’une aveugle puissance,

Il est assez puni par son sort rigoureux ;

Et c’est être innocent que d’être malheureux.

 

Dans cette élégie (poème antique lyrique qui exprime la plaine et les regrets ) , il peint Fouquet sous les traits d’Oronte  (un vieillard personnage d’une pièce de Molière amoureux d’une jeune femme  ) et imagine les nymphes (statues de pierre qui représente des sirènes ou des jeunes femmes )  de son château de Vaux le Vicomte pleurer en pensant à son triste sort (emprisonné, accusé à tort et démis de ses fonctions ). Il engage alors le roi Louis à faire preuve de clémence et à se montrer juste.  Louis XIV avait très peu apprécié ce poème dans lequel il apparaissait  directement sous les traits de Louis .

11. octobre 2019 · Commentaires fermés sur Les obsèques de la lionne : une satire qui fait réfléchir… · Catégories: Première · Tags:

La Fontaine reprend un modèle antique: celui de la fable et l’adapte à son époque : celle du siècle de Louis XIV. La société est encore marquée par un fort héritage médiéval et la noblesse méprise les paysans . Le roi installe progressivement sa cour et ses courtisans à Versailles et ces derniers rivalisent de flatteries pour ne pas lui déplaire. Dans Les Obsèques de la Lionne qui fait partie du septième livre des Fables, Jean de La Fontaine dépeint une cour d’animaux qui , par bien des traits, ressemble à la cour du roi- Soleil. Il invente une histoire plaisante dont l’objectif est de nous faire réfléchir à la manière dont fonctionnait le pouvoir royal . La dimension satirique de la fable vise essentiellement les courtisans et la naïveté des puissants habitués à n’entendre que ce qui les arrange . Voyons comment le fabuliste met en place la satire … Plus »

15. septembre 2019 · Commentaires fermés sur Le philosophe Scythe : lecture linéaire · Catégories: Première

  Au fur et à mesure qu’il écrit les Fables , La Fontaine se rapproche d’une  forme de sagesse qui caractérise l’idéal de l’honnête homme au dix-septième siècle; Il y défend la conception antique du juste milieu : il faut se méfier des excès en toutes choses et prôner la modération. Cette leçon s’applique également à l’exercice du pouvoir et en dédiant son recueil au jeune  Duc de Bourgogne, qui pourrait régner un jour, il entend lui montrer la voie de la sagesse . Dans cette fable intitulée le Philosophe Scythe , le fabuliste  évoque une certaine  conception du bonheur incarnée par un sage jardinier grec qui s’emploie à corriger la Nature avec modération pour la rendre plus belle . La Fontaine  place son débat dans l’univers antique mais il fait, en réalité, référence à une opposition toute contemporaine entre les  adeptes du parti dévot et le courant libertin qui apparait à la Cour . Avec ces personnages du Scythe et du Grec, il nous renvoie au débat entre stoïcisme et épicurisme, courants majeurs de l’Antiquité et rend ainsi hommage à l’Antiquité car il y puise une grande partie de son inspiration , en adaptant notamment les apologues d’ Esope. 
     

Comme la plupart des fables, le récit va évoquer une rencontre : le premier portrait est celui du philosophe “austère ” . Ce personnage va servir d’illustration à la conception stoïcienne de l’existence . Il est originaire de Scythie et pour les contemporains de La Fontaine , la Scythie est synonyme de nation barbare et inculte. L’objectif du philosophe apparaît au vers 2 : il entend “suivre une plus douce vie” . On y devine déjà l’aspiration au bonheur et au plaisir comme si ce personnage cherchait à être plus heureux. Sa destination est précisée au vers suivant : il arrive en Grèce. La civilisation grecque est réputée dans l’Antiquité pour être dominante et son rayonnement dépasse les frontières européennes.  Le Scythe se trouve alors face à un “sage assez semblable au vieillard de Virgile” . La référence au poète latin Virgile et au personnage d’une de ses oeuvres montre à quel point ce grec est sage; Il représente une sorte de modèle de sagesse antique et le vers 5 fait même de lui un portrait idéalisé : “Homme égalant les rois, homme approchant les Dieux ” . La phrase est construite à partir d’une double comparaison d’égalité qui fait de ce personnage à la fois un roi et un Dieu; On a donc l’impression qu’il cumule ses propriétés et il représente la perfection . Le fabuliste désigne ici l’idéal de l’honnête homme à son époque : un sage intelligent et cultivé , modéré en toutes choses mais apte à goûter les plaisirs de la vie . Au vers 6, il est décrit , une fois encore , avec deux qualités : “satisfait et tranquille “.

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Ce sage est heureux dans al mesure où il se contente de plaisirs simples et apprécie les beautés de son jardin. Il va tenter de faire comprendre au scythe en quoi consiste précisément son activité . “la serpe à la main “il jardine et sait retrancher “l’inutile ” . En bon jardinier, il veille à élaguer ses arbres afin de leur permettre de se fortifier . Au vers 10, les deux verbes d’action “ébranchait  et “émondait ” ont tous deux des connotations positives. Le verbe corriger lui aussi a le sens de rendre meilleur ; A l’époque, la magnificence des jardins à la française illustre cette idée que le jardinier contribue à la beauté de la Nature en exerçant une action bénéfique. mais dans la fable, ce jardin est métaphorique : il représente aussi le cerveau et l’intelligence de l’homme , son esprit . Le vers 12 montre que la Nature est très  reconnaissante des soins que le jardinier lui prodigue: “excessive à payer ses soins avec usure ” signifie qu’elle rend beaucoup plus que ce qu’on lui donne.D’ailleurs ce jardin prend des allures de paradis .Le contexte est  édénique : le sage sait  faire preuve de discernement et de tranquillité dans ses actes et le travail ne semble pas non plus lui peser. Le jardinage apparaît comme un loisir et comme un art de vivre.
La confrontation entre les deux personnages montre , tout d’abord l’incompréhension du scythe qui commence par interroger le grec comme le montre le vers 14 ; il emploie le mot ruine pour exprimer ici ce qu’il considère comme une forme de destruction et de dégradation. Le verbe mutiler, au vers 15, est porteur lui aussi de ce sens de “faire du mal”. Les arbres sont personnifiés avec humour sous la forme de “pauvres habitants ” ce qui peut faire penser à l’image d’une véritable  guerre qui ferait de nombreuses victimes. Le discours du Scythe fait alors une large place au champ lexical de la mort avec la périphrase “instrument de dommage”   qui  désigne la serpe. La Fontaine emploie ensuite une métaphore filée avec l’image de la  faux du temps. On retrouve une  double référence à la mythologie avec l’une des trois Parques la déesse qui coupe le fil de la vie et l’expression   “noir rivage” au vers 18 qui fait référence aux rives du Styx , le fleuve des Enfers dans la mythologie grecque. La réplique du grec a pour but de justifier sa démarche au vers 19 et d’expliquer pourquoi il procède à des coupes dans le jardin . Mais on peut supposer, en lisant la suite de la fable, que le Scythe n’a pas compris cette précision . En effet, et c’est à ce moment que la fable devient satirique, une fois de retour dans “sa triste demeure ” au vers 20 , il se met à tout détruire, pensant reproduire avec justesse les gestes du grec. Avec humour , le fabuliste montre les ravages causés par le Scythe qui “prend la serpe, coupe et taille à toute heure ” . Bien loin d’agir avec discernement et mesure, il détruit tout ce qu’il touche et le résultat final est catastrophique ; Au vers 24 , on obtient un “universel abatis” ; L’adjectif universel marque bien l’ampleur de cette entreprise de destruction et on peut même ajouter que les allitérations en c produisent des sonorités cassantes qui par harmonie imitative reproduisent cette idée de destruction. La folie du Scythe est suggérée avec des expressions telles que “contre toute raison ” au vers 26 ou “sans observer temps ni saison ” au vers 27. Ce personnage sème la mort autour de lui, pensant bien faire et obtient , comme nous l'”avons précisé , un résultat contraire à ses espoirs : ” Tout languit et tout meurt”. au vers 29.

Le fabuliste compose alors la morale de la fable qui contient une leçon pour le lecteur : il  y explique que le personnage du scythe représente un “indiscret stoïcien ” ;  L’adjectif indiscret a pour fonction ici de montrer que tous les stoïciens ne sont pas à condamner ; de En choisissant ce personnage d’  “indiscret”  pour représenter la manière de penser des stoïciens, La Fontaine critique , indirectement leur vision de la vie; Il leur reproche ,en effet, de retrancher “de l’âme désirs et passions, le bon et le mauvais.” c’est à dire de priver l’homme d’une grande partie de ses plaisirs et de ce qui fait le sel de la vie. A cette époque, le parti religieux cherchait à réformer les moeurs de la Cour, et prétendait, au nom de la morale, interdire les fêtes, les ballets, les banquets. Ce sont donc les partisans de cette vie austère  qui sont critiqués indirectement, à travers ce personnage du philosophe scythe. Tout au long de la fable, on constate quel est le parti choisi par le conteur : le vocabulaire utilisé est positif pour le sage et péjoratif pour le philosophe.  Ce procédé d’écriture oriente le lecteur en faveur du sage , et le prépare ainsi avant la morale.
Le point de vue du fabuliste est suggéré et exprimé de façon indirecte  jusqu’au vers 33 : “contre de telles gens quant à moi je réclame“, On note ici  l’usage du “je” qui  permet d’exposer plus nettement le point de vue du conteur . Le verbe réclamer signifie justement critiquer, s’insurger contre quelque chose .La morale finale, est comme souvent, formulée telle une vérité générale sous la forme d’un aphorisme :” Ils font cesser de vivre avant que l’on soit mort.” au vers 36.
Le lecteur comprend alors que le conteur lui demande plutôt de choisir le mode de vie épicurien car le désir , pour peu qu’il soit innocent, demeure selon la Fontaine, le moteur de notre vie, son principal “ressort” au vers 35, ce qui nous permet d’agir te de nous sentir vivants. 

15. septembre 2019 · Commentaires fermés sur La Fontaine: un moraliste ? Quelle est la morale des animaux malades de la peste ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , ,
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La fable à étudier racontait une histoire édifiante car, comme se plaisait à le répéter La Fontaine, “le conte fait passer le précepte avec lui”. Autrement dit, on doit d’abord intéresser les lecteurs grâce à une histoire amusante avant de pouvoir leur proposer une leçon de vie . Cette fable évoque tout d’abord une situation initiale dramatique : une épidémie de peste frappe les animaux et chacun craint pour sa vie. Le monde entier semble se paralyser sous l’effet de cette menace et le roi des animaux propose une solution. Il relie l’origine de la maladie à une cause divine et pour apaiser la colère des Dieux, envisage que chaque animal vienne publiquement confesser ses péchés . Le plus coupable servira ainsi de bouc-émissaire à la collectivité . Dans les faits, les animaux les plus puissants confessent leurs fautes mais on finit par sacrifier un âne qui a avoué, simplement  avoir mangé de l’herbe dans un pré qui ne lui appartenait pas. Le lecteur comprend alors que cet animal n’est pas celui qui a commis la plus grosse faute (le lion a par exemple dévoré des bergers ) mais qu’il a été choisi comme une victime idéale. 

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A travers la morale de cette fable “selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs “, le fabuliste  dénonce une injustice ; Les hommes ne sont pas condamnés de manière équitable pour leurs fautes: la justice se montre  ainsi corrompue parfois et inévitablement  plus sévère avec les hommes de condition sociale modeste . A l'époque de Louis XIV, La Fontaine dénonce le fait qu'elle  tend à absoudre les crimes des plus puissants . Le renard joue dans cette fable le rôle de l’avocat qui prend la défense du lion et le loup est celui qui parvient à influencer la foule. L’âne, quant à lui, est la victime sacrifiée : l’idée du bouc- émissaire est liée au récit biblique; le bouc est l’animal dans lequel les prêtres  déposaient les péchés des hommes ; Ils envoyaient ensuite le bouc dans le désert pour que les péchés s’éloignent et que les fautes soient pardonnées. On appelle donc bouc émissaire la personne à qui l’on attribue toutes les fautes d’une communauté et qu’on se prépare à sacrifier au nom d’une collectivité. L’illustration montre bien l’animal sacrifié qui s’avance face aux autres tête baissée .

A travers cette fable, pour mieux ne dénoncer les dysfonctionnements ,  La Fontaine imite justement  le fonctionnement d’une cour de justice : le lion réunit son conseil ( v 15 ) et expose les faits ainsi que l’idée de sacrifice individuel pour obtenir une guérison commune (v20 ) .  Il invoque donc le bien collectif et prétend agir non pas dans son propre intérêt mais dans celui de la communauté toute entière . La confession est donc publique  : La Fontaine reprend une idée importante au dix-septième siècle, celui des aveux publics; On obligeait notamment les hérétiques à reconnaître publiquement leurs fautes . On a bien ici une parodie d’un tribunal religieux comparable à l’inquisition. et le lion avoue ses fautes mais il est défendu avec brio par le Renard qui démontre que les moutons et bien sûr les bergers, ont mérité d’ être mangés et qu’il ne s’agit aucunement d’une faute;  On retrouve ici des arguments déjà utilisés par le loup pour justifier qu’il puisse dévorer l’agneau . Le méchant ou l’agresseur  fait passer la victime pour un criminel et ainsi se place, aux yeux de l’opinion publique  du côté du droit . Le Tigre, l’Ours et même les chiens confessent leurs péchés mais “on n’osa trop approfondir ” ; La Fontaine montre ici que la foule craint ces animaux et préfère retourner sa colère vers un animal inoffensif .  Les Courtisans sont donc, une fois de plus, présentés comme, à travers ce regard satirique ,comme hypocrites et serviles : ils s’empressent de flatter le pouvoir en place et n’osent jamais contredire les puissants de peur d’être mis à l’écart ou punis . C’est alors qu’arrive le tour de l’âne au sein de cette parodie de justice.  Placé au bas de la hiérarchie animale, il prend la parole en dernier , après les Puissants et confesse une faute minime avec beaucoup sincérité. Il a tout simplement mangé de l’herbe : le fabuliste s’est amusé ici, à mettre en parallèle, les méfaits du lion et ceux de l’âne  afin que les lecteurs mesurent la disproportion : la décision finale de la foule paraît d’autant plus injuste d’autant que l’âne est brocardé, insulté et pendu comme un malfaiteur. Sa fin pathétique touche d’autant plus le lecteur qu’il est dépeint comme un animal fort sympathique et innocent . Son martyr fait ressortir la cruauté de la foule et des puissants 

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La Fontaine montre ainsi que la justice ne juge pas équitablement les prévenus et que les puissants ne sont pas condamnés pour leurs crimes ; la société désignera des boucs-émissaires parmi les personnes les plus plus faibles qui ne pourront pas exercer de représailles sur la collectivité . Sous ce récit plaisant se dissimule une satire de la  cruauté  du monde en général et de la justice en particulier à l’époque du roi Louis XIV. Cette fausse justice qui protège les Grands en dépit des crimes commis et  exécute les plus faibles à tort a-t-elle totalement disparu de nos jours ? 

A titre d’exemple pour vous aider dans la construction de la lecture linéaire, voici un extrait du commentaire  littéraire de cette fable sur le site commentairecompose.fr …

https://commentairecompose.fr/les-animaux-malades-de-la-peste-commentaire/

02. septembre 2019 · Commentaires fermés sur Le livre VII des Fables : une première approche · Catégories: Première · Tags:

L’oeuvre à étudier cette année se compose de 5 recueils de fables : le livre VII comporte 17 fables et s’ouvre par une  forme de préface destinée à Madame de Montespan qui fait partie du cercle proche de Louis XIV dont elle fut la maîtresse et la favorite durant de nombreuses années avant de tomber en disgrâce à la Cour. Dix ans après la parution du premier recueil de Fables qui comportait sept livres, le fabuliste revient dans l’actualité littéraire avec 70 nouvelles fables dans lesquelles il introduit de nouveaux thèmes et surtout de nouveaux personnages humains. Voyons ce qu’il en est en analysant le livre VII qui comporte 17 apologues.

Effectuez tout d’abord un travail de classement des textes en les organisant en catégories : quels sont ceux dont les personnages sont des animaux ? Quels thèmes sont abordés par chaque fable ? Quels enseignements peut -on en tirer ? Où se situe la morale ? Pour chaque groupement, retrouvez le thème associé ? 

2 et 4 / 3 et 10 / 5, 9, 11, 12, 13 / 1,6,14,15 / 16 et 17 

De quel thème peut-on rapprocher la 7 ? 

Voyez -vous d’autres points communs entre certaines fables ? 

Comment le fabiliste construit-Il ses histoires ? 

26. août 2019 · Commentaires fermés sur Qui est Monsieur Jean de La Fontaine ? · Catégories: Première · Tags:

Il est souvent question de La Fontaine et de ses Fables dès l’école primaire  et pour beaucoup d’entre vous, ce nom est connu . Mais savez-vous qui est l’homme qui se cache derrière l’écrivain ? Et surtout que retenir d’une vie lorsqu’on souhaite mieux comprendre une oeuvre ? Autrement dit quels événements biographiques ont pu avoir des conséquences sur le travail entrepris par le fabuliste ? Né en 1621 à Château-Thierry, petit ville de province , le fils d’un conseiller du roi, et maître des eaux et forêts, va devenir en quelques années , un poète réputé, adoré à la Cour , et disgracié .Le roi Louis XIV  qui lui gardait quelque peu rancune acceptera finalement son élection à l’académie française en 1684, 10 ans avant sa mort en 1695 au terme d’un siècle que l’on qualifie de classique. 

 Après des études en Province et un départ à Paris pour terminer son droit  qui lui permet de rencontrer des artistes dont il deviendra l’ami comme Molière, Racine et Boileau, le jeune homme choisit de devenir littérateur. A la mort de son père, il hérite de ses dettes et compose , tout d’abord des comédies avant d’être remarqué par Fouquet, l’intendant des finances du roi . La Fontaine va désormais vivre dans la demeure du ministre à Vaux le Vicomte ; ce dernier devient son mécène et son ami mais il est condamné par Louis XIV à être emprisonné et La Fontaine, qui a pris sa défense publiquement , l’accompagnera dans la disgrâce. A partir de 1668, il publie des recueils de Fables qui vont connaître un succès important à la Cour et dans les salons; Il sera, tour à tour l’hôte de nombreuses dames de la Cour et notamment Madame de la Sablière qu’il mentionnera souvent dans son oeuvre. Le roi le bannira longtemps de ses cercles mais finira par  lui accorder son élection à l’académie Française la même année que celle de Boileau. Epicurien, mondain et auteur de contes libertins dans sa jeunesse  , le poète deviendra beaucoup plus sage en vieillissant et il représente aujourd’hui une sorte d‘incarnation de l’idéal classique

Qu’est ce qui fait de lui un auteur classique

Tout d’abord il pratique l’imitation des Anciens en reprenant la forme antique de la fable qu’il va remettre à la mode . Ensuite, il pratique le vers libre et la diversité des mètres s’accompagne d’une grande variété des registres . Enfin il accorde une grande importance à la morale qui se situe le plus souvent à la fin du poème et donne au lecteur une leçon de sagesse. Juge lucide des injustices de son époque et des défauts des hommes, il nous permet toutefois d’en rire . C’est en cela qu’il rejoint l’esprit de Molière et de ses comédies. 

A partir des indications chronologiques et biographiques de cet article et des liens ci-dessous , rédigez sous forme de notes deux résumés de la vie et de l’oeuvre de La Fontaine en respectivement 10 mots et 40 mots . 

https://www.poetica.fr/biographie-jean-de-la-fontaine/