01. décembre 2017 · Commentaires fermés sur La décision d’Etienne dans Germinal (fin de la première partie ) · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Etienne Lantier, machineur au chômage, est le héros de Germinal; Fils de Gervaise Lantier , une ouvrière parisienne qui a sombré dans la misère et dans l’alcoolisme , il  arrive dans le Nord de la France et tente du trouver du travail; Avec ce personnage étranger , Zola utilise un procédé réaliste appelé “l’oeil de l’étranger ” ou la fiction du voyageur étranger “; Cette technique permet à un écrivain de donner un maximum de détails au lecteur sur la région et les gens qui apparaissent dans le roman en prétextant que le héros a besoin de ces renseignements . L’écrivain nous donne ainsi à voir l’univers de la fiction par les yeux et le point de vue de ce personnage qui va de découverte en découverte, et à qui il est nécessaire de tout expliquer. C’est par ce biais que les romanciers réalistes motivent leurs descriptions qui sinon pourraient paraître fastidieuses ou inutiles aux yeux du lecteur pressé de découvrir l’ avancée de l’intrigue . 

(fin de l’introduction ; situation de l’extrait , problématique retenue et plan d’étude du commentaire ) Le passage que nous étudions se situe à la fin de la première partie du roman; Le personnage d’ Etienne contemple alors longuement le paysage à la fois campagnard et  industriel qu’il a sous les yeux et ses pensées semblent flotter au gré de sa contemplation. Nous nous demanderons comment Zola organise cette description qui fait écho à l’arrivée d’Etienne  en pleine nuit au début du roman : nous verrons dans un premiers temps les caractéristiques réalistes de cette description avant d’en étudier les marques de la subjectivité qui rendent compte du regard du personnage. 

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La description commence par le canal : Zola utilise ici une toponymie réalisé avec la mention de la Scarpe  qui serpente entre le Voreux et Marchiennes ; cette rivière sert de convoyeur pour le minerai et du coup elle est transformée par cette utilisation industrielle; d’abord on note qu’elle a été canalisée pour les besoins du transport : décrite ave des accents poétiques comme la métaphore “ruban mat” , elle est surtout longue de deux lieues et au moyen d’une métaphore, Zola l’identifie à une avenue bordée d’arbres; On note que ce procédé est fréquent dans le roman: le romancier mêle les éléments naturels dans une sorte de mélange dans lequel ils ont tous des éléments communs. La terre est décrite comme le ciel : la route se change en mer et ici la rivière est qualifiée d‘avenue . On retrouve ainsi , à la fin du premier paragraphe, la rivière assimilée à une grande route : “une eau géométrique ..charriant la houille et le fer ” Zola semble ici montrer la transformation du paysage naturel en paysage industriel sous la main de l’homme soucieux d’utiliser au mieux  les voies de transport que lui offre le site;

La description est très précise et comme souvent mentionne des petits détails qui ont comme effet d’augmenter l’authenticité de l’ensemble : ainsi l’arrière des péniches est qualifiée de vermillonné, presque un terme pictural ; De même les mouvements sont précisés :  le canal fait un coude et coupe de biais les marais; 

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vêtements des ouvriers au séchage 

Enfin la description est progressive comme l’indiquent les verbes de perception visuelle : “les regard d’Etienne remontaient du canal au coron “et l’écrivain semble la limiter à l’angle de vue permis par la position du personnage : “il distinguait seulement les tuiles rouges ” Ce procédé qui consiste à limiter la description à un champ de vision fait partie également des techniques de description réaliste et peut être rapproché de ce qu’on nomme la description subjective qui elle nous fait part des sensations et des sentiments du personnage observateur . 

Ce paysage est vu par le regard du personnage : Etienne regardait et semble surpris de ce qu’il voit ; ses regards se déplacent et permettent une sorte de panoramique du paysage industriel ; Les tas de briques lui semblent énormes , on entend un wagon qui jetait un cri aigu; Zola personnifie ici les objets pour faire entendre ce grincement dans lequel on pourrait identifier les cris de douleur des hommes . 

On retrouve également à la fin du paragraphe, le puits comparé à un monstre avec son “haleine grosse et longue ” et l’image de l’ogre confirme ce que nous avions déjà pu deviner ; L’écrivain utilise ces métaphores récurrentes  pour évoquer la dangerosité du travail des mineurs : les hommes qui descendent sous terre prennent le risque d’être dévorés comme des proies par un Dieu cruel : “ce dieu reçu et accroupi, auquel dix mille affamés donnaient leur chair sans le connaître ; ” ce dernier point pourrait faire référence à l’anonymat des actionnaires qui se partagent les bénéfices des compagnies minières et nomment à leur tête de simples salariés pour les diriger . 

Le personnage du héros se trouve face à un choix: il n’est plus tout à fait un inconnu et le romancier rappelle le chemin parcouru depuis son arrivée : “ce n’était plus l’inconnues ténèbres ” ; Peu à peu son regard se familiarise avec ce qu’il voit et sa connaissance des réalités industrielles fait disparaitre certains côtés qui pouvaient sembler fantastiques au départ : “les tonnerres inexplicables ” sont devenus les bruit des pompes d’extraction des puits et les “flamboiements d’astres ignorés” tout simplement les lampes qui servent à guider les hommes qui vont au travail ; 

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Etienne prend alors la décision de rester et le romancier la motive en fournissant deux hypothèses qui vont créer l‘horizon d’attente du secteur pour la suite du roman: les yeux clairs de Catherine laissera supposer une histoire d’amour entre ces deux personnages mais la véritable raison avancée par Zola c’est “le vent de la révolte, qui venait du Voreux ”  ; Le personnage est déterminé à “souffrir et se battre ” pour ces gens auxquels il songe “violemment ” On note ici que par une sorte de glissement l’adverbe  violemment indique tout autant la force de la pensée d’Etienne et la violence qui est  jusque là contenue dans le personnage mais qui ne demande qu’à éclater. 

En conclusion ce passage descriptif  a plusieurs fonctions essentielles : d’abord il nous montre la transformation des paysages naturels sous l’effet de l’industrialisation et  ensuite il précise l’évolution du personnage et laisse entendre au lecteur que le combat peut désormais  commencer : le héros semble prêt à relever le défi et l’action principale du roman est enfin lancée : ce vent de révolte suffira-t-il à faire trembler la terre ? 

Plan détaillé 

I Une description réaliste 

1. le canal au centre

2. les petits détails

Transition : un paysage industriel 

II Une description subjective

1. la vision d’ Etienne 

2. un regard plus familier 

l’annonce de la révolte 

11. novembre 2017 · Commentaires fermés sur Atelier d’écriture : lettres jamais écrites · Catégories: Seconde
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Estelle Savata : le metteur en scène 

Ce vendredi 10 décembre, la classe de seconde 4 et la classe de seconde 1 ont pu assister à la représentation théâtrale à l’Orange Bleue d’un spectacle de la Compagnie Hippolyte a mal au coeur interprété par un duo de comédiens qui nous ont fait vivre la situation suivante ; des adolescents ont écrit des lettres qu’il n’ont jamais envoyées: lettres à un père, un grand-père, une mère, à Dieu, à son futur moi,; une jeun fille a écrit à la jeune fille timide qu’elle était deux ans plus tôt; un jeune homme a écrit à son futur fils. Ensuite, chaque lettre a été envoyée à un auteur qui devait y répondre et la metteur en scène a ensuite mélangé les lettres écrites par les jeunes et les réponses reçues ; Pour chaque lettre , les comédiens ont ébauché une mise en scène et avant le spectacle, les lettres choisies par le public sont distribuées aux jeunes présents dans la salle . Certaines lettres étaient émouvantes, d’autres drôles et parfois tristes aussi ; à vous de vous transformer en épistoliers mais à travers la fiction …

A votre tour, vous allez inventer une correspondance fictive entre les personnages du roman; sur des feuilles  de couleur , vous allez devoir imaginer les échanges entre les différents protagonistes de l’orangeraie . Attention, vos lettres devront parfaitement coïncider avec les événements décrits dans le roman ! Il ne faudra modifier ni la chronologie des événements, ni les lieux ni les relations entre les personnages mais vous pourrez inventer des secrets de famille et révéler des moments qui ne sont pas décrits dans le roman.

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Quelques règles d’écriture à respecter; Choisissez d’abord un  personnage du roman et un seul ; vous avez le choix par ordre alphabétique …Amed, Aziz,  Dalimah, Dieu, Dodi, Hamil, Kamal,  Mickael,  Moni,Mounir, Naliffa, Tamara, Shahina,  Sony, Soulayed, Zahed..;vous pouvez aussi nommer et inventer les personnages suivants ; un médecin à l’hôpital, l’esprit du jardin, le fantôme de la grand-mère, les esprits de la maison ou de la terre ou du jardin, le psy que va se décider à consulter Amed/Aziz, la femme de Mikaël.. vous pouvez également me soumettre d’autres suggestions en classe !

Quand vous avez choisi votre personnage qui sera donc l’expéditeur de la lettre, vous allez adresser cette lettre à un autre personnage du roman : le nom de l’expéditeur et celui du destinataire figureront sur l’enveloppe dans laquelle chaque lettre sera glissée ; ensuite, vous récupérerez la lettre écrite par votre destinataire et vous lirez sa réponse; Alors, à votre tour, vous pourrez également répondre à celui qui vous a écrit ;

Les lettres seront manuscrites et  limitées à 250 caractères soit environ 20 lignes . Le style que vous utilisez doit être le plus proche possible de celui que vous avez découvert dans le roman : il s’agit donc à la fois d’un exercice d’invention mais aussi d‘imitation. 

25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Germinal: parcours de lecture · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Germinal est le treizième volume de la série des Rougon-Macquart , cycle imaginé par Zola pour décrire l’histoire d’une famille sous le second Empire ; comme dans chacun des romans qui forment ce cycle, l’écrivain choisit un héros, un membre de la famille , et il le place dans un milieu qu’il découvre ; Dans Germinal, il s’agit de révéler la dureté des conditions de vie des mineurs de charbon dans le Nord de la France; Nous allons donc , à la suite d’Etienne Lantier, être plongés dans la misère des existences de ces familles qui se tuent au travail pour des patrons souvent ingrats ; Nous découvrirons les premiers combats sociaux et les revendications ouvrières de cette fin du dix-neuvième siècle et nous verrons également quels antagonismes fracturent la société de cette époque où la lutte des classes s’installe avant même que cette notion soit théorisée par Karl Marx . Pour découvrir cet univers souterrain , je vous propose de suivre Etienne … 

Au fur et à mesure de votre lecture, vous allez reconstituer le parcours d’Etienne Lantier; D’abord vous préciserez quelle est sa position dans l‘arbre généalogique de la famille Rougon-Maqcuart; Né Lantier, il est le fils d’une certaine Gervaise et il a plusieurs frères et soeurs qui vont devenir les héros d’autres romans ; 

 Ensuite, vous allez devoir rédiger une sorte de journal de bord du personnage ; Vous allez, en effet, essayer de résumer l'intrigue en notant ce qu'Etienne a vu ou entendu et en essayant de situer ces différents événements les uns par rapport aux autres . Soyez le plus précis possible et ajoutez des dates même approximatives.  Le roman débute par l’arrivée d’Etienne : résumer ces premières impressions, et noter au fur et à mesure les gens qu’il rencontre, les endroits où il se rend; Locataire chez les Maheu, il va travailler à la mine et se lier avec différents personnages ; A la fin du roman, il repartira: combien de temps est-il resté? qu’est-ce qui l’a marqué ? 

Votre journal de bord sera rédigé à la première personne du singulier et contiendra des notations de dates, de lieux, des actions ou des événements précis mais vous pourrez également y inscrire les pensées du personnage; Est-il réellement amoureux de Catherine? A-t-il de la pitié ? de la colère ? Veut-il changer le monde ? Vous pouvez utiliser , par exemple, un cahier de brouillon, pour rédiger ce journal d’Etienne; N’oubliez pas d’y noter les numéros des chapitres afin de pouvoir vous repérer plus facilement dans l’intrigue. Vous aurez également plus de repères si vous notez certaines pages qui vous paraissent importantes dans l’évolution du personnage d’Etienne. Je vous conseille avant de commencer de prendre connaissance des vidéos suivantes .  Vous pouvez également aller directement sur you tube et consulter le site mediaclass. Un QCM sera mis en ligne prochainement sur cette vidéo…

25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Portrait naturalistes : l’influence du milieu dans Le ventre de Paris de Zola · Catégories: Seconde · Tags: ,

 Le roman de Zola Le Ventre de Parisa pour cadre le vaste marché des Halles où viennent se ravitailler les Parisiens.  Lisa Macquart ,  la charcutière, Louise Méhudin la poissonnière , La Sarriette, vendeuse de fruits et Mademoiselle Saget , la commère du quartier   sont quatre des personnages féminins qui font plusieurs apparitions et occupent des rôles de premier et de second plan dans Le Ventre de Paris , troisième volume de la série des Rougon-Macquart. Pour décrire ses femmes, Zola utilise les techniques du roman naturaliste et notamment il met les éléments physiques en relation avec le milieu dans lequel ces personnages évoluent.

Le cadre du roman est composé des Halles , le plus grand marché de Paris et ces femmes sont souvent montrées en action, en lien direct avec leur travail et leurs gestes quotidiens; Dans Germinal, Zola montre également les personnages dans la mine, occupés à travailler et en liaison avec leur cadre de vie.

Lisa et Louise, les deux rivales ,  ont une forme de beauté  inquiétante et leurs proportions mettent mal à l’aise le narrateur qui se montre également sensible à leur environnement; Ainsi Lisa se confond avec les plats qu’elle dispose dans la vitrine de la charcuterie et les termes qui sont employés pour la décrire pourraient correspondre à ceux qui qualifient la beauté d’une viande : “ce jour là, elle avait une fraîcheur superbe ”  et Zola évoque même sa “forte encolure “, vocabulaire qui correspond à la description d’un animal, d’une vache ou d’un cheval, par exemple. Lisa est donc au final une belle charcutière et sa poitrine, attribut féminin et sensuel par excellence,  ressemble à un  “ventre “; La comparaison est peu flatteuse et on retient surtout de ce portrait ambivalent l'image de la "reine empâtée” qui sourit. Son “cou gras” à la ligne 17  et ses joues rosées font vraiment penser aux colorations des jambons; ce lien entre le personnage et son cadre de vie  apparaît très fortement également dans le portrait de Louise, la belle Normande. Son métier de poissonnière lui confère un “parfum persistant” (l 12) qui évoque la “fadeur des saumons” “les âcretés des harengs et des raies” (l 16) et cette odeur qui l’imprègne, incommode fortement Florent le héros: “Florent souffrait ; il ne la désirait point; “il la trouvait irritante, trop salée, trop amère, d’une beauté trop large et d’un relent trop fort” ( ligne 22)  Quand Zola décrit ce que ressent ici le personnage, on pourrait penser qu’il décrit la mer et non pas une femme . Dans les deux cas, Florent se montre intimidé et le narrateur ajoute qu’il “ne savait pas regarder les femmes” (ligne 3 ) ou qu’il les traitait “en homme qui n’a point de succès auprès d’elles”  On pourrait presque dire que Florent se sent écrasé, menacé par leur carrure imposante et leur grosseur . Dans le monde des Halles, elles font partie des beautés grasses alors que Florent fait partie du clan des maigres comme Mademoiselle Saget par exemple.

Lorsqu’on compare le portrait de la Saget et celui de la Sarriette, on peut tout d’abord remarquer que l’une éveille le désir et la sensualité alors que l’autre exprime , à la fois la sécheresse du corps et du coeur. La Sarriette est décrite en harmonie avec un verger et les qualités des fruits de son étal, se retrouvent dans ses traits physiques : “à peine mûre et toute frâiche de printemps” ligne 9, on a presque envie de la croquer comme on croque un fruit ; elle évoque clairement  l’idée d’une tentation charnelle : “elle inspirait des envies de maraude “ligne 10 et le mot volupté fait penser à l’amour  qu’elle inspire: “ses ardeurs de belle fille mettait en rut ces fruits de la terre” ; tout, en elle matérialise la sensualité et les fruits caractérisent chaque partie du son corps dans une sorte de correspondances: “les lèvres” font penser aux cerises et à des baisers rouges ; les seins aux pêches et sa peau a la finesse de celle d'une prune . Son sang est même comparé à la groseille (23) . La vieille marchande affreuse  qui travaille à côté d’elle, sert de contrepoint pour faire ressortir la beauté de la Sarriette; cette sensualité s’accompagne d’odeur enivrantes : les arômes des fruits se mélangent pour former un parfum qui est qualifié “d‘arôme  de vie” ligne 28 et les effets de ce parfum sont perceptibles : ils évoquent des “griseries d’odeurs” et cela tourne la tête de la jeune femme.  Aucune sensualité dans le portrait de Mademoiselle Saget bien au contraire  mais un portrait réaliste, lui aussi , qui montre à la fois les détails physiques et le lien avec le milieu. Cette commère détestée par tous, ne vit pas dans un monde de couleurs mais en noir et blanc avec sa “face blanche au fond d’une ombre sournoise”  (ligne 7) ; Ses vêtements sont aussi caractérisés par l’absence d’éclat : “robe déteinte” “cabas noir” jusqu’au chapeau de paille qui lui aussi est noir (ligne 6) ; véritable langue de vipère, Mademoiselle Saget passe son temps à espionner le quartier et les gens la redoutent (ligne 19) ; A son approche, les conversations cessent et Zola la montre constamment en mouvement “tout le long du jour”  (20); Elle rôde à l’affut des moindres rumeurs et semble tout connaître de ses voisins jusqu’aux moindres détails ; “jusqu’à dire le nombre de chemises qu’ils faisaient blanchir par mois” . Le danger que constitue cette faiseuse d’histoires se lit à son ” ombre sournoise” et à son sourire pointu . (lien 9) ; Elle inspire de la défiance et les gens s’interrogent à son entrée alors que la Sarriette inspire du désir et de l’envie.

En résumé, les portraits des  personnages dans les romans réalistes sont toujours en lien avec le milieu dans lequel ils évoluent car les personnages reflètent ainsi un partie du monde qui les entoure; On appelle cette théorie le déterminisme

18. septembre 2017 · Commentaires fermés sur Prévert dénonce la misère dans son poème · Catégories: Seconde
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Prévert devant sa caricature 

Jacques Prévert est un poète et scénariste parisien  né en 1900 à Neuilly-sur-Seine, et mort en 1977 . Auteur d’un premier succès, le recueil de poèmes, Paroles, il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et appris dans les écoles françaises. Il a également écrit des scénarios pour le cinéma et il est l’auteur de répliques cultissimes pour les cinéphiles . Dans La grasse matinée, poème au titre ironique, il dénonce les débuts de la société de consommation qui met sous les yeux des plus pauvres des biens qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter; Ce qui pour Prévert les mène au crime. Il souligne ainsi le danger des inégalités de richesse.

27. mars 2017 · Commentaires fermés sur Autour de la peine de mort : analyse de Dead man walking.. · Catégories: Seconde · Tags: ,
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En 1995, Tim Robbins décide d’écrire un scénario à partir d’un  synopsis qui provient d’un livre rédigé par une religieuse Soeur Héléne Préjean  qui retrace son expérience d’accompagnement d’un prisonnier condamné pour le viol et le meurtre de deux adolescents et  condamné à mort par l’état de  Louisiane. Le titre fait référence aux paroles du gardien lorsque Matthew  Poncelet se dirige vers la chambre d’exécution:  il annonce officiellement “c’est la marche du mort” ; Auparavant soeur Hélène, qui était devenue sa conseillère spirituelle et qui demeura avec lui le dernier jour de sa vie, lui avait interprété un cantique (chant religieux ) où il est également question de marcher vers la mort sans avoir peur . Ce film n’est pas un simple plaidoyer contre la peine de mort: il enseigne aussi la valeur de l’amour et du pardon.

Le film débute par un portrait en actions du personnage de soeur Hélène Préjean: on la voit souriante et occupée à aider les enfants et les femmes de la communauté noire de son quartier alors qu’elle-même est issue, comme on le verra au cours d’un repas de famille, d’un milieu social beaucoup plus favorisé. Cette femme se caractérise par une bonté et un dévouement hors du commun et un désir très marqué d’aider son prochain et particulièrement les plus démunis; C’est sous cet angle que le spectateur comprend son engagement aux côtés du condamné Matthew Poncelet, accusé d’avoir sauvagement violé et tué un couple d’adolescents sans histoire, deux enfants qui faisaient la joie et la fierté de leurs parents et qui étaient promis à un bel avenir. Leur mort atroce paraît d’autant plus injuste et les images que le réalisateur choisit de montrer en montage alterné au moment où Porcelet va être exécuté , tendent à superposer les destins des victimes et celui du tueur; Il a certes ôté la vie et s’est montré inhumain mais sa mort décidée par la société le met dans la même position que les victimes ; la caméra filme ici en plongée les corps des adolescents qui forment une croix et celui du condamné sanglé sur la table . 

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Le condamné “crucifié”

.Le spectateur s’attache rapidement au personnage d’Hélène incarné par l’actrice Susan Sarandon et il la découvre , au début du film,malmenée par l’aumônier principal de la maison d’arrêt qui lui reproche de ne pas porter l’habit religieux; A travers ce personnage sévère , le réalisateur montre deux conceptions de la religion chrétienne qui s’affrontent : l’une, rigoriste et intransigeante , est basée sur la loi de l’Ancien Testament qui préconise la vengeance et la châtiment pour les fautes alors que soeur Hélène défend plutôt les principes du Nouveau Testament fondés sur le pardon des fautes . L’exemple de Jésus est souvent cité : on rappelle qu”il est mort pour nous sauver et on retrouve des images dans le film qui évoquent la crucifixion du Christ notamment quand le condamné est basculé sur la table d’exécution. On notera aussi que les religieux ne sont pas tous d’accord sur ce que leur foi leur enseigne : les parents de Hope ont perdu leur foi et ne pensent qu’à se venger alors que le père de Percy, Monsieur Delacroix, finit par retrouver le chemin de l’église et de la prière en rejoignant soeur Hélène à la fin du film.A travers cette confrontation des personnages, le cinéaste nous fait prendre conscience que la religion propose plusieurs idéologies qui se retrouvent   en concurrence.

Une autre opposition qui traverse le film , c’est la réflexion sur l’existence et la pratique de la peine de mort et son application légale ; Certains américains comme l’avocat de Matthew Poncelet ou soeur Hélène, se battent pour son abolition alors que les parents des victimes dans le scénario ainsi que beaucoup d’autres (on peut penser à la femme médecin en prison qui pratique l’injection et qui a un rôle ambigu), s’y montrent favorables comme dans les Etats qui la pratiquent sous différentes formes (chaise électrique, pendaison, injection léthale) . L’habileté du film consiste à établir une évolution dans la relation du spectateur avec les deux principaux protagonistes;  Le condamné se montre parfois totalement antipathique et parfois très émouvant .Depuis des dizaines d’années les arguments des abolitionistes reposent sur l’idée qu’en tuant un homme quand bien même il se serait rendu coupable des pires atrocités, on devient soi même, collectivement, des assassins. C’est la thèse à laquelle le réalisateur semble se rallier .

Le personnage du condamné est construit sur plusieurs ambivalences : incarné par l’acteur Sean Penn , il représente à la fois le mauvais garçon (bad boy ) et la victime de la société; Le spectateur le voit tour à tour comme un sale raciste , un fils qui cherche à protéger sa mère, un homme manipulateur, un “pauvre” victime de son incapacité à se défendre avec un bon avocat, un tueur cynique et sauvage. Soeur Hélène entretient avec lui, au cours de ses visites au parloir, une relation faite à la fois de fascination et de compassion. D’ailleurs cette question est posée à plusieurs reprises dans le film, qu’est-ce qui l’attire  chez cet homme : est-ce son désir de sauver les plus faibles, ceux que tout le monde rejette ou sa fascination morbide pour le Mal ? C’est en effet une idée qui traverse également le film : comment devient-on un tueur ? Est-on prédestiné à fair tel Mal ?

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Les derniers instants 

 Lors de ses échanges avec soeur Hélène, Matthew raconte l’alcoolisme partagé avec son père, la pauvreté mais le film montre aussi la haine cultivée dè l’enfance, le poids des préjugés et les difficultés de cette famille ; On sera sensible à la dernière visite en prison des trois jeunes frères du condamné qui ont l’air très mal à l’aise et pourtant, on sent que des sentiments existent entre eux , qu’ils ne parvient pas à exprimer; la peine de la mère du tueur est également un moyen que Tim Robbins utilise pour nous faire prendre le condamné en pitié parce que cette femme éprouve réellement du chagrin de perdre son fils .

Le film ne se contente pas de montrer les conséquences d’un meurtre : il révèle les bouleversements de ce geste meurtrier dans les familles des victimes et du tueur ; on retrouve ainsi des idées que Hugo a envisagées dans son roman Le dernier jour d’un condamné en montrant, la visite de Marie , la fillette du prisonnier qui comme Matthew, s’inquiète de la survie des siens : comment vont-ils s’en sortir sans l’argent qu’il ramenait de son travail ? Les spectateurs envisagent alors le condamné sous un autre angle ne dépit de ce qu’il a commis.

Autre idée clé du scénario : dresser un parallèle entre les souffrances subies par les noirs autrefois esclaves dans les plantations et les souffrances de ces deux jeunes gens victimes d’un duo de malfaiteurs ivres et drogués. On pense notamment à la scène où soeur Hélène, en voiture, regarde les ouvriers noirs travailler dans les champs et imagine , en même temps, la scène du meurtre où elle veut croire à l’innocence de Matthew.  L’action de soeur Hélène apparait ainsi sous cet angle comme un moyen d’apaiser les souffrances humaines , passées et présentes. Ce personnage est totalement convaincant dans son interprétation . L’actrice  a d’ailleurs reçu un oscar pour sa prestation.

 

12. mars 2017 · Commentaires fermés sur Le dernier jour d’un condamné : pourquoi écrire ? · Catégories: Seconde · Tags: ,
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 Exemple d’introduction : Le premier roman de Victor Hugo écrit à l’âge de 27 ans témoigne de son engagement contre la peine de mort : il imagine un personnage de condamné à mort qui a pour fonction de sensibiliser les lecteurs sur la souffrance morale des prisonniers dès lors qu’il savent qu’ils vont être exécutés. Au chapitre 5, le romancier justifie l’écriture même du prisonnier . Ce dernier ,en effet , se demande à quoi bon écrire . Tout d’abord, nous verrons que l’écriture lui permet de lutter contre l’ennui. Ensuite, nous montrerons que le journal du condamné a pour but de lutter our l’abolition de la peine capitale. Nous démontrerons enfin qu’écrire lui permet de mieux se comprendre.

Le prisonnier se trouve “pris entre quatre murailles de pierre nue”: il n’a que très peu d’espace et ses déplacements sont limités ; sa seule distraction consiste comme il le précise l 280,  à suivre la progression des ombres au fur et à mesure que le jour s’écoule; Pour lutter conter ce désoeuvrement, l’écriture apparaît comme un dérivatif; mais il doute de pouvoir trouver quelque chose qui vaille la peine d’être écrit (287). Il a alors l’idée de noter les mouvements qui se font en lui : cette tempête, cette lutte, cette tragédie ( 290) . Vue sous cet angle, la matière lui parait riche : il a trouvé un sujet d’inspiration et peindre ses états d’âme le “distraira ”  et lui permettra d’ailleurs “d’en moins souffrir” .  L’écriture va ainsi lui permettre d’oublier que tout autour de lui est “monotone et décoloré”  ( 289 ) ; Se consacrer à son monde intérieur semble alléger quelque peu ses souffrances et lui donne ainsi “de quoi user cette plume et tarir cet encrier

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De plus, le condamné envisage que cette autopsie intellectuelle qu’il s’apprête à pratiquer “ne sera peut être pas inutile”  : en effet, il pense que le journal de ses souffrances et l’histoire de ses sensations portera avec elle “un grand et profond enseignement ” ( l 307) Ainsi , en prenant connaissance de sa souffrance morale et des tortures liées à son arrêt de mort , ceux  qui condamnent auront  peut être la main moins légère (ligne 312 ) . Ils pourront se rendre compte qu dans l’homme qui va mourir, il y a une intelligence et surtout “une âme qui n s’est point disposée pour la mort  ( l 319 ) . En fait, le prisonnier espère que ses quelques lignes vont servir la cause des abolitionnistes et le romancier plaide , à travers ce personnage, contre la peine de mort qu’il juge inhumaine . Il compte sur sa fiction pour convaincre ses lecteurs du caractère atroce d’une sentence ; Il compte sur l’avenir : ” un jour viendra, et peut -être ces mémoires, derniers confidents d’un misérable, y auront-ils contribué.. ( l 330 ) 

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L’écriture du prisonnier  peut également avoir une autre fonction : thérapeutique elle l’aide à  moins s’ennuyer, didactique , elle délivre un enseignement et enfin, elle lui permet de mieux se comprendre; elle a ainsi une fonction d’ expliquer ce qu’il ressent; L’écriture intime fixe ainsi les changements qui se font en lui : il s’observe et note ce qu”il “éprouve de violent et d’inconnu”  (295) L’écriture donne ainsi un nom à des sentiments confus, les démêle et valide leurs transformations. Ses pensées, en effet, se présentent à lui “à chaque heure, à chaque instant, sous une nouvelle forme ” ( 291). Ecrire donne une forme à des pensées mouvantes . 

 Voilà un exemple de conclusion : En nous plongeant au coeur des réflexions imaginaires d’un prisonnier condamné à mort, le romancier lui donne ici la possibilité de s’interroger sur le bien- fondé de l’écriture et par là-même, il rappelle l’intérêt et l’utilité  de cette opération; Se pencher sur soi-même permet d’y voir plus clair; écrire délivre de l’ennui et permet momentanément d’oublier l’enfermement et enfin , les questions du condamné servent ici la cause de Hugo, fervent défenseur de la suppression de la peine de mort. Il espère toucher un large public et le rallier à sa cause grâce à cette fiction.

 

19. février 2017 · Commentaires fermés sur Lambeaux :que retenir ? · Catégories: Seconde
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Charles Juliet est un écrivain à part dans le paysage littéraire :  fortement attiré dès son plus jeune âge par l’écriture, en grande partie autodidacte, il écrit l’histoire de sa vie et donne voix à sa mère biologique ainsi qu’à sa mère adoptive, en leur rendant hommage. Ecriture du souvenir, de la mémoire, mais également écriture thérapeutique, qui tente du soigner les blessures et de refermer les plaies de l’existence, Lambeaux se donne à nous comme un témoignage sincère mais fictif .

Le titre désigne les petits morceaux de la vie que l’autre tente du recoller les uns aux autres , souvenirs auxquels l’écriture s’efforce  douloureusement de donner une forme; L’écrivain se heurte à l’impossible envie de tout dire, tout expliquer, tout exhumer de ce passé terrible qui fut avant tout celui de l’abandon. L’écriture met en forme l’informe : elle donne forme au tissu épars des souvenirs de vie. A la fois récit autobiographique et biographie de la mère décédée dont il recrée l’existence avant même sa naissance, le livre surprend par son tutoiement qui implique fortement l’adhésion du lecteur et fait de lui le témoin muet des souffrances passées.

Les souvenirs se succèdent et se ressemblent , à la fois pour la mère et le fils : solitude, sensation d’être incompris, isolé du reste du monde, différent. La dure vie des paysans ne semble guère convenir à ces deux êtres sensibles et fragiles. Le jeune garçon se construit et apprend à surmonter ses peurs : peur de l’abandon, peur du noir, peur de déplaire, d’être rejeté comme avec son père biologique qu’il surnomme “le père de la montagne” , peur de ne pas avoir de valeur à tel point qu’âgé d’ une quinzaine d’années, le narrateur n’ hésite pas à  adopter des conduites à risque et notamment à jouer sa vie à pile ou face; très fortement marqué par des événements survenus durant sa petite enfance ou même avant cette dernière, l’auteur utilise l’écriture pour tenter de sortir du brouillard et de faire fuir les ombres qui l’entourent. Il reprend, dans l’épilogue du récit, le modèle qu’a employé Virgile, un auteur latin, pour décrire la sortie des Enfers de son héros Enée.

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Récit touchant et auquel on ne reste pas indifférent, lambeaux nous entraîne dans un voyage au coeur de ce qui constitue notre existence individuelle.

Quelques rappels de méthode : pour écrire l’introduction du commentaire composé sur l’épisode de l’accident de vélo, on pouvait procéder de la manière suivante .

On commence par décrire le cadre de publication, l’époque et / ou le mouvement littéraire; ensuite on évoque l’auteur, l’ oeuvre, l’extrait et son thème, sa place au sein du roman; on choisit une problématique qu’on rédige sous forme de question et on termine par annoncer un plan dont chacune des parties répond , à sa manière à la question posée. 

 Voilà un modèle d’introduction possible pour un commentaire composé qui porterait sur cette partie du roman: l’accident de vélo. 

Roman en partie autobiographique composé en 1995 par Charles Juliet , Lambeaux retrace deux vies et  rend hommage aux deux mères du narrateur : sa mère adoptive décédée lorsqu’il avait 7 ans et sa mère adoptive qui lui a donné beaucoup d’amour. Alors qu’ il vient de se voir éconduire par son père qu’il ne voit que rarement , le héros décide de ne pas freiner dans une descente à vélo: il pense ainsi voir s’il mérite de vivre. Dans quelle mesure cet épisode déterminant témoigne-t-il d’une souffrance profonde ? Dans un premier temps, nous évoquerons le récit de l’accident avant de montrer que le narrateur éprouve des sentiments ambivalents et nous terminerons en soulignant la souffrance du personnage. 

16. février 2017 · Commentaires fermés sur Le dernier jour d’un condamné : un plaidoyer contre la peine de mort et une préface importante. · Catégories: Seconde · Tags:
 
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Victor Hugo est âgé de 27 ans lorsqu’il écrit ce court roman, construit comme une nouvelle autour du personnage anonyme du condamné à mort. Conçu sous la forme d’un journal intime , cette histoire a pour but de susciter un débat autour de la peine de mort; Hugo militera, en effet, dès les années 1830, pour son abolition et son opinion est loin d’être majoritaire à son époque. Notons qu’il faudra attendre 1981 en France pour que François Mitterand, alors nouveau président de la République,  fasse abolir la peine de mort par son ministre de la justice : Robert Badinter qui prononça , à cette occasion un discours demeuré célèbre. 

Le lecteur ne peut s’empêcher de s’identifier à ce narrateur anonyme et de s’apitoyer sur son sort. L’auteur s’attache à susciter l’émotion en jouant sur le registre pathétique plus souvent  et tragique parfois. Les passages argumentatifs sont nombreux et défendent la thèse de l’existence pour chaque homme d’un droit inaliénable à la vie; A sa parution, en 1829, le roman a déclenche un scandale et Hugo a été jugé subversif. Il le sera encore plus dans ses romans à venir en défendant les droits de ceux qui souffrent sans pouvoir s’exprimer : les enfants, les pauvres , les illettrés .

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Ecrite en 1832, trois ans après la première parution du récit, la Préface justifie et précise le projet hugolien de plaidoyer contre la peine de mort. “Ce livre, écrit-il, est adressé à quiconque juge “; Du coup, l’auteur a gommé volontairement tous les indices qui pourraient permettre de rendre cette histoire individuelle; Ce criminel anonyme représente l’ensemble de ceux qui ont été jugés, déclarés coupables et vont être exécutés. L’idée d’écrire ce livre lui est venue des exécutions auxquelles il a pu assister place de Grève à Paris, et il espère ainsi pouvoir “empêcher le sang de couler ” En 1830, lors de la Révolution de Juillet, une première fois la Chambre des députés proposa de voter l’abolition de la peine de mort pour sauver quatre ministres condamnés pour avoir comploté contre l’Etat mais Hugo s’il était bien sûr d’accord pour les épargner, aurait préféré qu’on abolisse la peine de mort pour sauver tous “ces pauvres diables que la faim pousse au vol et le vol au reste; enfants déshérités d’une société marâtre que la maison de force prend à 12 ans, le bagne à 18 et l’échafaud à 40. ” Hugo raconte ensuite toutes les exécutions qui se sont mal déroulées avec des condamnés en sang épargnés par la guillotine défectueuse  et qu’on achève devant la foule ; le romancier termine ensuite par un passage en revue des principaux arguments employés par les partisans de la peine de mort ; 

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  • ils la jugent  nécessaire pour retrancher de la communauté un membre qui pourrait encore lui nuire mais Hugo rétorqué que l’isolement en prison suffit à protéger la communauté : ” pas de bourreau où le geôlier suffit ” écrit-il.
  • ils la jugent indispensable pour punir et se venger mais Hugo affirme que Dieu seul a la droit de punir et de décider qui doit vivre et qui doit mourir. La société selon lui doit “corriger pour améliorer ” 
  • ils la jugent importante pour faire des exemples et dissuader ainsi les futurs criminels de passer à l’acte : toutefois Hugo précise que depuis un certain temps,la plupart des exécutions à Paris ne sont plus vraiment publiques et  ont lieu discrètement, tôt le matin , de peur des émeutes et des mouvements de foule coutumiers en place de  Grève . ” sous la patte de velours du juge, on sent les ongles du bourreau ” Pour le futur député républicain, la décision de justice masque en réalité la cruauté de la nature humaine . Hugo se moque ensuite de la rhétorique des procureurs qui parviennent à dissimuler, en choisissant leur mots avec soin, l’horreur de la mort . Il argumente point par point et construit un véritable réquisitoire contre la peine de mort en prenant soin de ménager des transitions : ” la raison est pour nous, le sentiment est pour nous, l’expérience est aussi pour nous ” écrit-il avant de commencer à évoquer les pays qui ont  déjà aboli la peine capitale et qui voient,paradoxalement, leur taux de criminalité baisser . 

En réalité, Victor Hugo ne veut pas seulement faire disparaître la peine de mort: il souhaite réformer le système judiciaire dans son ensemble en séparant , par exemple, les crimes par intérêt des crimes passionnels , qui selon, lui devraient être jugés avec moins de sévérité.  Pour rassurer ceux qui craignent que l’abolition de la peine de mort sème l’anarchie, Hugo fait remarquer que  ” l’ordre ne disparaîtra  pas avec le bourreau.”  

Que pensez-vous des arguments rencontrés dans cette préface ? Lesquels vous semblent les plus convaincants ? et Pourquoi ? 

23. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Panorama des critiques autour de Ruy Blas · Catégories: Seconde · Tags: ,

De nombreux reproches ont été adressés au drame romantique , particulièrement à ses débuts (Souvenez-vous de la célèbre bataille d’Hernani ) et la pièce de Hugo , jouée pour la première fois en 1838, n’a pas été épargnée. En 1880, Zola se montrait particulièrement sévère dans son jugement et reprochait notamment à Hugo d’avoir falsifié la vérité et imaginé un conte de fées abracadabrant. Les lecteurs actuels n’apprécient pas toujours la beauté de ce drame et peuvent eux aussi se montrer de  vigoureux critiques.

Votre sujet d’invention consistait , dans les deux cas, à imaginer la défense de Victor Hugo: ce dernier devait répondre à ses détracteurs sous la forme d’une lettre qui contient ses arguments; les critères d’évaluation sont au nombre de 4

  • la qualité de votre écriture  4 pts
  • la prise en compte de la nature des critiques 4 pts
  • l’invention d’arguments variés et pertinents 4 pts
  • l’utilisation de l ‘oeuvre en elle-même dont certains passages précis illustrent les arguments théoriques  4 pts