06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Quand Zola imagine la révolution : un roman “visionnaire ” et pas toujours réaliste … · Catégories: Seconde · Tags: , ,
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 En lisant Germinal, on pourrait penser qu’il ne s’agit pas vraiment d’un roman mais plutôt d’un traité politique sur les révolutions ouvrières; Cependant, ce serait oublier qu’il s’agit avant tout d’un roman et donc d’une oeuvre née de l’imagination de son auteur.  L’un des meilleurs spécialistes de Zola, le professeur Henri Mitterand, a écrit un article dont je vous livre ici quelques passages : il y rappelle qu’au delà du projet de peindre les rapports entre les ouvriers et les patrons , ce livre raconte  aussi la vision du monde de son auteur . Le roman est le soulèvement des salariés, le coup d’épaule donné à la société qui craque un instant : en un mot la lutte du travail et du capital. Zola  veut que son roman prédise l’avenir, posant la question la plus importante du vingtième siècle. »  Mais est-il toujours réaliste dans sa description de la révolution et des mineurs  ?  

Zola, encore mal informé de la conduite des grèves, peine à évacuer les sauvageries simplistes et les fantasmes sanglants : « Lorsque la grève éclate, explosion d’autant plus violente que la misère, la souffrance a été plus grande ; et là aussi pousser au dernier degré possible de la violence. Les ouvriers lâchés vont jusqu’au crime : il faut que le lecteur bourgeois ait un frisson de terreur. Maison attaquée à coups de pierres, siège en règle ; personnes tuées, éventrées, sauvagerie abominable. »

Et en tout cas l’idée de lâcher les ouvriers jusqu’au crime sera abandonnée. Il y aura trois sortes de meurtriers dans le roman, et ce ne seront pas des hommes du fond : des femmes rendues folles de fureur, un enfant infirme et qui s’est exclu de la communauté familiale et sociale Jeanlin qui a vraiment mal tourné , un vieillard devenu fou  Bonnemort  –  qui tuent trois figures également marginales à l’affrontement direct « du travail et du capital », un petit commerçant, Maigrat, une sentinelle de l’armée, et la fille du couple d’actionnaires, Cécile Grégoire.

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Zola a choisi ce titre Germinal plusieurs jours avant son départ  pour la région des mines ; C’est une trouvaille : L’annonce, la prophétie, se dit en grec évangile, et de nombreuses images de la révolution la présentent comm une sorte de cité idéale, un lieu paradisiaque. Le mot évoque historiquement le printemps, la faim,– et aussi la défaite du peuple. Et il porte étymologiquement l’idée de la graine et de la germination.: « Un titre exprimant la poussée d’hommes nouveaux […] un avril révolutionnaire, une envolée de la société caduque dans le printemps. » «« Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les révoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre ». Quand il arrive sur place dans le Nord, Zola se fait raconter la journée d’un mineur de fond : lever à quatre heures, départ « en emportant le déjeuner, des tartines ou de la viande et une gourde de café », descente au fond, chemin jusqu’à la taille, « souvent deux kilomètres à faire sous terre », travail, déjeuner accroupi sur le chantier, retour. Les femmes et les filles travaillent au triage du charbon, en surface : Catherine Maheu descendra dans les galeries, mais l’action du roman se passera en 1866, plusieurs années avant la loi épargnant aux femmes le travail au fond. La fréquentation des cabarets n’arrange rien. Zola est entré au cabaret de La cantinière. On y boit en silence des chopes de bière à deux sous, tirées à des robinets. Le café et la bière, ce sont les deux boissons du Nord, l’une à domicile, l’autre au cabaret. On retrouver bien ces petits détails vrais dans le roman. 
L’imagination de Zola travaille en même temps que sa curiosité d’enquêteur. Sur ce qu’il a vu à la fosse Thiers, à Bruay, ses notes laissent déjà place à l’analogie, à la métaphore. Le canal, avec sa double ligne d’arbres, est une « avenue d’eau ». Les péniches, à bandes rouges et blanches, semblent « dormir sur l’eau claire ». La fosse Thiers est « une construction massive, de corps rapprochés, accroupie, tapie comme une bête ». . « Des tuyaux de vapeur dépassent faiblement les toits, il y a une respiration forte et lente, régulière, qu’on entend continuellement. Dans le bas, il y a aussi, à ras de terre, un échappement continu de vapeur. C’est une bastille d’un nouveau genre. » Les notes sont transformées dans le roman en paysages imaginaires tristes souvent, inquiétants et parfois fantastiques. 

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Zola descend lui aussi dans une fosse. Au terme de son voyage sous terre, il contemple enfin les « piqueurs », qui extraient le charbon de la veine et enlèvent les roches. Il pense inévitablement à des damnés, ou à des esclaves. La position est une des pires qui soient : « L’ouvrier se met sur le flanc et attaque la veine de biais. J’en ai vu un tout nu, avec la peau salie de poussière noire. »

Sur l’histoire des grèves qui ont périodiquement arrêté ou troublé le travail des mines d’Anzin, ni les mineurs, ni les ingénieurs, ni les administrateurs ne se sont beaucoup étendus. Et il s’est fait raconter la grève d’octobre 1866 à Anzin et Denain. Un mouvement assez brutal : pressions violentes contre les « jaunes », manifestations sur les routes, tapages, bris de vitres, rixes, participation des femmes, tentative d’extinction des feux d’une fosse à Denain. Le récit de Germinal présente des analogies frappantes avec l’histoire de cette grève de 1866, à laquelle celle de 1884 ne ressemblait plus tout à fait. « Avec cent francs, s’extasie Le Figaro, le mineur vit mieux que l’ouvrier parisien […] Et pourtant, on excite les mineurs contre la compagnie et ils écoutent ceux qui leur font de beaux discours, au risque de tout perdre. » Il a constaté, de ses yeux, la misère des corons, l’inhumanité des travaux du fond, la présence rampante de la faim, de la maladie et de l’accident fatal.

 Mais si son roman connaît un vif succès dès sa parution, Zola est attaqué sur certains points . On lui reproche de peindre notamment les ouvriers comme des animaux Il contre-attaque : « Pourquoi veut-on que je calomnie les misérables ? Je n’ai eu qu’un désir, les montrer tels que notre société les fait, et soulever une telle pitié, un tel cri de justice, que la France cesse de se laisser dévorer par l’ambition d’une poignée de politiciens, pour s’occuper de la santé et de la richesse de ses enfants. »Un second reproche concerne la bassesse de certains sujets et de certains mots  . On proteste contre  « l’étalage de sensualité et de bestialité », « la fanfaronnade de cochonnerie »

Cependant, les mêmes critiques  sur le chapitre de la « morale » mêlent l’éloge à la remontrance, avec des épithètes identiques chez la plupart : vigueur des tons, force de la couleur, parfum de réalité terrible, « beau livre sombre, pessimiste, terrible » : « Ce que j’ai voulu, c’est crier aux heureux de ce monde, à ceux qui sont les maîtres : Prenez garde  regardez sous terre, voyez ces misérables qui travaillent et qui souffrent. Il est peut-être temps encore d’éviter les catastrophes finales. Mais hâtez-vous d’être justes, autrement, voilà le péril : la terre s’ouvrira, et les nations s’engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l’histoire.”

. Mais par-delà l’histoire, surgit « la vision » : celle, teintée de « pitié morose », d’« un troupeau de misérables » livrés à un bourreau, « la mine, la bête mangeuse d’hommes », et à un dieu, « cet être mystérieux à qui appartient la mine et qui s’engraisse de la faim des mineurs » ; lorsque le troupeau, « mû par des forces fatales », se soulève, il va, « avec des bouillonnements et des remous, se briser contre une force supérieure ». : « Les hommes apparaissent, semblables à des flots, sur une mer de ténèbres et d’inconscience. » Cette vision issue de l’imagination de l’écrivain passe parfois  sous silence pour certains  la conscience politique acquise par les ouvriers en lutte. Néanmoins, les chapitres 3 et 4 du roman sont justement consacrés à la découverte par le héros des idées politiques socialistes. D’ailleurs  les organes socialistes demandent à Zola l’autorisation de reproduire Germinal en feuilleton. À chacun d’eux, il fait la même réponse qu’au Peuple de Bruxelles, le 15 novembre 1885 : « Prenez Germinal et reproduisez-le. Je ne vous demande rien, puisque votre journal est pauvre et que vous défendez les misérables. »

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. Auteur de l’œuvre, il en a été le premier lecteur, il en a ressenti le premier l’onde de choc. Dans Germinal, le mythe surgit de partout, avec sa dialectique de la damnation, de la révolte, de la répression, et des lendemains en attente. Pour construire un monde nouveau, pour faire germer « les récoltes du siècle futur », il faut détruire « le vieux monde » jusque dans ses fondations. Vision biblique autant que révolutionnaire. C’est ce qu’annonce dans Germinal la cohue des « bouches noires », parmi le « hérissement » des barres de fer et des haches. Et c’est cette sourde inquiétude que confie Zola, à plusieurs reprises. « Le siècle prochain garde son secret, il faut ou que la bourgeoisie cède ou que la bourgeoisie soit emportée .Ce tour prophétique est nouveau dans son œuvre. Nous ne sommes encore qu’en 1885, mais le tête-à-tête de Zola avec le peuple des rudes travailleurs lui a fait voir l’avenir sous un jour nouveau.

 

06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le parcours d’Etienne dans Germinal: naissance de ses idées politiques et naissance d’un leader · Catégories: Seconde · Tags: , ,
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Le personnage d’Etienne est le héros de Germinal, ce nouveau volet de la série des Rougon-Macquart , qui décrit la misère des ouvriers mineurs dans le Nord de la France à la fin du dix-neuvième siècle: En France ; la révolution de 1848 marque la montée des mouvements de revendications des ouvriers qui s’appuient sur les thèmes de Karl Marx et Friedrich Engels ; ces deux hommes fondent la ligue communiste et se battent pour changer les relations entre les bourgeois qui possèdent les moyens de production (les usines ) et  leurs salariés, les ouvriers qui sont contraints de vendre, leur force de travail, leur labeur, en échange d’argent . Dans ce roman social , Zola prend parti pour les travailleurs et entend dénoncer l’exploitation dont ils sont victimes de la part de patrons qui ne pensent qu’à augmenter leur profit. 

 Les origines du personnage : Etienne est fils d’une blanchisseuse Gervaise Macquart,  qui , en raison de son alcoolisme, va sombrer dans la misère et la déchéance (L’Assommoir ) Il est d’abord présenté comme un ouvrier sans travail qui ne possède que quelques effets dans un pauvre baluchon : Il possède la qualification de machineur et comprend que pour pouvoir travailler dans la fosse, il va devoir changer de métier , apprendre à devenir soit un charretier comme Bonnemort, soit un herscheur ; un culbuteur, un haveur , un galibot ou un raccommodeur  ; La situation économique est  alors décrite comme catastrophique : partout les usines ferment ; Autour de Montsou, on voit des sucreries ( qui extraient le jus des betteraves), des forges, mais également une minoterie, une verrerie et des fabriques ; Le décor sinistre  semble relayer la peine des ouvriers : “le vent passait avec sa plainte comme un cri de faim dans la nuit ” ; la fosse est décrite comme un monstre affamé de chair humaine qui dévore les ouvriers : “une bête méchante qui respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gêné par sa digestion pénible de chair humaine ” Grâce à sa conversation avec Bonnement, le grand père de la famille Maheu qui compte à son actif un demi-siècle passé à travailler à la mine, Etienne apprend quelles sont les conditions de vie des ouvriers ainsi que le nom du directeur de la mine , M Hennebeau.

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Le second chapitre nous fait découvrir dans le coron ouvrier , la vie des Maheu, une famille typique de mineurs  : c’est la misère la plus noire ; 7 enfants à nourrir , plus d’argent et la nourriture qui devient une obsession : ils trompent la faim avec des feuilles de chou bouillies, ont des dettes à l’épicerie et Catherine, la fille aînée, a bien du mal à leur trouver de quoi se faire des “briquets ” pour la mine (pain, beurre et fromage blanc ) Zola décrit parfois les ouvriers comme des animaux pour dénoncer l’ampleur de leur misère : il évoque par exemple, à la fin du chapitre 2, leur piétinement de troupeau ou la mamelle pendante de la Maheude qui allaite épuisée sa petite Estelle âgée de 3 mois . 

La pensée politique d’Etienne : le personnage est placé comme un observateur du milieu des ouvriers et Zola s’inspire des notes qu’il a prises durant son séjour dans le pays minier pour faire évoluer son personnage . Tout d’abord il apprend les gestes qui font de lui un mineurs  : “il apprenait de Catherine à manœuvrer sa pelle , montre des bois dans la taille ” . Certains le surnomment l’aristo pour se moquer de sa maladresse liée à l’ignorance du métier . Les premiers temps, il étouffe au fond des veines ; C’est en fait un timide qui craint sa violence intérieure ; Le personnage songe d’abord à reprendre sa route affamée afin de ne plus redescendre dans cet enfer : “car avec son instruction plus large, il ne sentait point la résignation de ce troupeau et finirait par étrangler quelque chef ” (I, VI ) Finalement, au dernier chapitre, il décide de rester à cause d’un vent de révolte . Peu à peu le personnage devient un camarade et se lie d’amitié avec Maheu qui admire son instruction  “il le voyait lire, écrire, dessiner des bouts de plan, il l’entendait causer de choses dont lui, ignorait jusqu’à  l’existence ” (P1, 3) 

L’influence de Souvarine : c’est un ouvrier pauvre, Russe et secret qui a commandité un attentat contre le tsar . Il s’est réfugié en France  et tente de dissuader Etienne de rejoindre l’Association internationale des travailleurs qui venait de se créer à Londres sous l’impulsion de Karl Marx ; Souvarine lui veut tout détruire mais Etienne pense qu’il n’est pas vraiment sérieux : “cette théorie de la destruction lui semblait une pose ” ; Pluchart lui fait partie de cette association : il est même secrétaire de la  fédération du Nord.  Les hommes pensent qu’une révolution des ouvriers est indispensable  ” un chambardement qui nettoierait la société du haut en bas, et qui la rebâtirait avec plus de propreté et de justice ”  Souveraine semble ne savoir long sur les mécanismes économiques qui régissent la loi du marché et il évoque notamment la loi d’airain : le salaire est fixé selon lui à la  plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants.  “C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim ”  Alors Etienne se met à lire des livres dans lesquels il ne comprend pas tout et des idées lui viennent . (P 3, 3) Jusque là , il n’avait eu de la révolte que l’instinct, au milieu de la sourde fermentation des camarades. Toutes sortes de questions confuses se posaient à lui: pourquoi la bière des uns? pourquoi la richesse des autres ? pourquoi ceux- ci sous l étalon de ceux-là, sans l’espoir de jamais prendre leur place ? 

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Sa découverte des livres : il lit tout ce qui lui tombe sous la main; des traités de médecine, des brochures anarchistes, des traités d’économie politique , des livres sur les coopératives mais il reste un grand utopique et  il se contente de  rêver aux améliorations possibles de la société : “ il assistait à la régénération radicale des peuples sans que cela dût couter une vitre cassée ni une goutte de sang. ” Cependant Etienne qui loge désormais chez les Maheu parvient à les convaincre que les choses peuvent changer et il partage ses rêves d’un monde meilleur avec eux : ” Une société nouvelle poussait en un jour, ainsi que dans les songes,une ville immense d’une splendeur de mirage, où chaque citoyen vivait de sa tâche et prenait sa part des joies communes; La devise de ce nouveau peuple: “à chacun suivant son mérite, et à chaque mérite suivant ses oeuvres. ”  

Etienne devient un leader  : son influence peu à peu s’élargissait ; Il crée sa caisse de prévoyance et devient secrétaire de l’association.  Il es transforme intérieurement et extérieurement: “son visage changea et devint grave,il s’écouta parler; tandis que son ambition naissante enfiévrait ses théories et le poussait au idées de bataille. ” Le nouveau mode de paiement des berlines décrété par la compagnie va mettre le feu aux poudres et par conséquent la mine à feu et à sang. La grève va être décidée et l’accident de Jeanlin, le départ de Catherine et de Zacharie contribuent à rendre encore plus précaire l’existence quotidienne des Maheu. La quatrième patrie du roman débute par la visite d’une délégation de mineurs chez les Hennebeau; Etienne en fait partie.  

 

12. décembre 2018 · Commentaires fermés sur Les repas dans Bel -Ami : décrire un repas de manière réaliste … · Catégories: Seconde

On mange beaucoup dans le roman de Maupassant et souvent . A quoi servent les scènes de repas au juste ? Sont-elles décrites uniquement pour nous donner faim ? 

En fait les repas sont des occasions de montrer le milieu dans lequel évolue le personnage : à l’aise dans un Paris nocturne qui boit de la bière le long des boulevards, le héros n’est pas encore dans son élément au sein de la bourgeoisie d’affaires mais son féroce appétit lui ouvrira bientôt toute les portes .  Pour décrire votre scène de repas , vous devrez d’abord choisir un endroit précis dans le roman : chez les Forestier, au restaurant, à l’extérieur et expliquez à quelle occasion se déroule ce repas. Un repas est d’abord composé d’un menu : les plats défilent de l’entrée  au potage en passant par les poissons, les viandes, les fromage et les desserts . La vaisselle joue également un rôle important : penser aux nappes, aux assiettes , à la décoration de la table ou aux ustensiles de cuisine  . Enfin, placez les convives autour de la table et détaillez pour chacun d’eux une manière de manger, de couper sa viande, de demander à être resservi ou de pencher son verre de vin . N’oubliez pas de détailler l’ambiance générale (vous pouvez évoquer les sujets de conversation, les sourires ou la gêne des invités )  et terminez soit par le départ des invités soit par une note globale . “ce fut un interminable repas ” ou “ce fut un moment très agréable ” ? Vous trouverez quelques exemples ci-dessous…

On mange beaucoup dans le roman de Maupassant et souvent . A quoi servent les scènes de repas au juste ? Sont-elles décrites uniquement pour nous donner faim ? 

Comment mange-t-on à l’époque de Maupassant ? 

A u XIX°, l’élite sociale se compose de la haute bourgeoisie et de la nouvelle bourgeoisie . La première continue de recevoir chez elle et véhicule les manières qu’elle avait déjà sous l’Ancien Régime. Dans les banquets qu’elle donne, tout comme dans le banquet traditionnel, il est toujours question pour l’hôte d’étaler sa richesse et pour les convives de briller intellectuellement. Quant à la seconde, ses revenus lui permettent l’accès aux mets de luxe du siècle précédent, mais elle ignore le savoir-vivre et les bonnes manières de la table. N’osant pas encore afficher un train de vie trop luxueux chez elle, mais voulant se montrer et prouver que son capital lui permet d’avoir des goûts de luxe, elle mange au restaurant et fréquente les meilleurs tables de Paris. Tout au long du XIX°, elle cherche à imposer ses habitudes pour légitimer et renforcer sa nouvelle position. Parmi les valeurs qu’elle promeut, certaines ont un lien direct avec les représentations du repas. Son goût pour ce qu’il y a de meilleur et le développement des marchés et des restaurants conduisent à une nouvelle révolution gastronomique. Contrairement à la haute bourgeoisie, elle ne recherche pas de capital culturel : les discussions intellectuelles laissent la place à l’orgie et à la nourriture charnelle. 

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Le déjeuner sur l’herbe de Manet 

Cependant, jusqu’au milieu du XIX°, se nourrir reste une hantise quotidienne pour la majorité des gens. C’est pourquoi, le plaisir de manger, quand il est possible, rime avec abondance de nourriture et banquets interminables. 

DansBel-AmiMaupassant montre tout d’abord l’obsession de la nourriture pour le héros désargenté : Georges Duroy, arrivé à Paris sans le sou, doit choisir entre boire ou manger à tous les repas et la première fois qu’il est invité à dîner chez son ami Forestier, il est fasciné à la fois par le luxe de la table et par l’abondance des mets et des vins. « Le dîner était fort bon et chacun s’extasiait. M Walter mangeait comme un ogre, ne parlait presque pas . » 

Au XIX°, l’art culinaire jouit d’une importante popularité, surtout dans la deuxième moitié du siècle. Enfin, les écrits gastronomiques détaillent, sur un ton plaisant, les plaisirs raffinés da la bonne chère et prescrivent l’étiquette et les dernières modes alimentaires. En 1900, c’est la création du premier Guide Michelin. 

Dans la première moitié du XIX°, les plaisirs de la table ne sont que très lentement représentés dans la littérature. En effet, pour un certain romantisme du début du siècle, la nourriture, au même titre que les réalités physiologiques, est occultée. Les scènes de repas sont utilisées à des moments stratégiques du parcours du héros comme son arrivée, son mariage, sa réussite . C’est Balzac qui, le premier, a compris l’intérêt pour un romancier, de faire entrer les plaisirs de la table dans la littérature. Par contre, dans la deuxième moitié du XIX°, la littérature romanesque, s’ouvre plus largement à la représentation des plaisirs de la table avec des écrivains comme Flaubert, Zola, ou Maupassant. Ceux-ci mettent en scène les repas, de façon très détaillée, parce qu’ils y découvrent de véritables instruments pour montrer lemode de vie des personnages et les usages en société.La nourriture devient alors un des thèmes majeurs du réalisme .Le motif du repas devient un motif inscrit dans le temps de la narration et développé, sur le mode de la scène, pour aborder des problèmes comme : la famille toute puissante et aliénante, les rapports de pouvoir, la pauvreté et la richesse. 

Les repas dans le roman marquent l’ascension du héros . La première promenade du héros sans le sou sur les boulevards pleins des couleurs et des reflets des boissons, qu’il convoite, introduit son amour de l’argent et son goût pour les plaisirs .  “une soif chaude, une soif de soir d’été le tenait et il pensait à la sensation délicieuse des boissons froides coulant dans la bouche; ” Il conjugue souvent les plaisirs de la bonne chère avec les plaisirs de la chair comme lors du repas au restaurant avec Clotilde et les Forestier .  ” Une table carrée de quatre couverts étalait sa nappe blanche si luisante qu’elle semblait vernie. Et les verres , l’argenterie , le réchaud brillaient gaiement sous la flamme de douze bougies portées par deux hauts candélabres.”  On note à cette occasion une érotisation de la nourriture : «  Puis après le potage on servit une truite rose comme de la chair de jeune fille.. et on se mit à parler d’amour. Et comme la première entrée n’arrivait pas, ils buvaient de temps en temps une gorgée de champagne en grignotant des croûtes arrachées sur le dos des petits pains ronds . Et la penséede l’amour, lente eenvahissante entrait en eux, enivrait peu à peu leur âme, comme le vin clair, tombé goutte à goutte en leur gorge, échauffait leur sang et troublait leur esprit. » 

Au fur et à mesure qu’il s’élève socialement, le personnage de Bel -Ami semble moins s’intéresser à la nourriture : Le voilà désormais qui compte souvent parmi les invités de Madame Walter, la femme de son patron au Journal. « Le dîner fut banal et gai, un de ces dîners où l’on parle de toutsans rien dire . Duroy ne resta pas tard trouvant monotone la soirée ». Il rentrera seul d’ailleurs sans Clotilde de Marelle. Lorsque cette dernière l’invite à dîner chez elle, il se sent un peu gêné : « il se sentit étrangement troublé non pas qu’il lui répugnât de prendre la main de ce mari,de boire son vin et de manger son pain, mai sil avait peur de quelque chose sans savoir de quoi. » 

Lorsque Madeleine lui demande de la rejoindre car elle craint que son mari décède , les repas ne sont plus une source de plaisirs dans ces circonstances tragiques : « Enfin le dîner fut annoncé. Il sembla long à Duroy, interminable. Ils ne parlaient pas, mangeaient sans bruit, puis émiettaient du pain du bout des doigts. » 

Après avoir épousé Madeleine devenue veuve, en décidant qu’ils formeraient un couple libre, Georgesqui es fait désormais appeler Du Roy De Cantel emmène son épousen Normandie afin de la présenter à ses parents,des paysans aisés. «  Ce fut un long déjeuner de paysans aveunsuite de plats mal assortis, uen andouille après un gigot, uneomelette après l’andouille. Le père Duroy mis en joie par le cidre et quelques verres de vin, lâchait le robinetde ses plaisanteries dechoix. » Cette description critique montre que Madeleine ne se sent pas à sa place : « Le repas du soir , à la lueur d’une chandelle, fut plus pénible encore pour Madeleine que celui du matin. »

En revanche lorsque Madeleine dîne avec son nouvel amant le ministre Laroche-Mathieu , voilà ce qu’on trouve dans leur chambre : « Ils traversèrent une salle à manger dont la table non desservie montrait les restes du repas : des bouteilles à champagne vides, une terrine de foie gras ouverte, une carcasse de poulet et des morceaux de pain à moitié mangés . Deux assiettes posées sur le dressoir portaient des piles d’écailles d’huîtres. »

En exécutant son dernier coup d’homme de proie – s’assurer le mariage avec la très riche Suzanne – Bel-Ami jette dans l’eau du bassin de l’hôtel un morceau de pain : “Tous les poissons se jetèrent avidement sur ce paquet de mie qui flottait […] et ils le dépecèrent”.

La nourriture tant enviée par Georges Duroy au début du roman ne lui fait désormais plus envie car il a pu satisfaire d’ autres appétits : celui des femmes et plus encore celui du pouvoir. Le dernier regard qu’il jette dans le roman n’est pas pour le banquet de ses noces mais pour la chambre des Députés qui se profile à l’horizon. 

En résumé il est devenu celui qui a croqué les autres.  

31. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Les doléances d’un habitant des territoires occupés : préparation et correction d’un sujet d’invention · Catégories: Seconde · Tags:
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Un attentat à Beyrouth

Préparons ensemble ce sujet d’invention en lien avec notre groupement de textes sur la dénonciation des conséquences de l’occupation des territoires pour les populations. 

Le sujet d’invention proposé vous impose  des contraintes qu’il est important de toujours analyser avec précision avant de se lancer dans une rédaction. Tout d’abord  le sujet vous impose une forme de texte particulière : la lettre ouverte; vous devez inventer les doléances d’un habitant d’un territoire occupé qui évoque ainsi , à travers son texte, des problématiques historiques clairement définie liées à un type ou une pratique d’occupation dans un contexte défini. 

 Envisageons les difficultés du sujet et les questions à se poser: quels procédés d’écriture employer dans une lettre ouverte ? quel contexte historique vais-je choisir et quelles connaissances vont m’être nécessaires pour évoquer la situation (le sujet précise qu’il faut mentionner des réalités de cette période historique et de l’occupation )  et enfin, comment écrire des doléances (synonymes plaintes, revendications, ) Il s’agit bien d’une écriture d’argumentation et pas d’une écriture uniquement narrative . Autrement dit raconter ne suffit pas .. Prenons les différents problèmes dans l’ordre et essayons ensemble de trouver des solutions et de la documentation .  

La forme de mon texte  :

La lettre ouverte  émane d’un particulier ou d’un collectif et s’adresse à un public collectif plutôt vaste comme celui des lecteurs d’un journal ou les auditeurs dans une salle; Construite comme le discours avec les procédés de l’art oratoire, ce type d’écriture  accorde une place importante aux anaphores, répétitions, adresses aux lecteurs, marques de subjectivité et questions rhétoriques .  (vous pouvez ainsi lire la fiche méthode sur l’art du discours et repérer les procédés conseillés ) 

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une manifestation pro-palestinienne

La réalité de l’occupation 

Vous pouvez bien sûr envisager de travailler à partir des textes étudiés qui  ont justement  pour cadre les conflits liés à des politiques d’occupation des territoires ( colonisation française,  guerres en tous genres comme le conflit israélo-palestinien , l’occupation de Berlin par les alliés en 1945 . Vous pouvez également tirer parti de de vos connaissances de la seconde guerre mondiale et de l’occupation allemande en France . Pour ceux qui aiment sortir des sentiers battus, vous pouvez tenter de taper guerres d’occupations dans un moteur de recherches et d’indiquer la période historique ou la région du monde de votre choix.  Pour que vos connaissances historiques apparaissent , vous deviez mentionner des faits, des dates, des noms de lieux et résumer la situation brièvement ; Vous deviez donc employer des méthodes de l’écriture réaliste et notamment la précision précision des détails pour donner l’illusion de la réalité. N’oubliez pas que la technique préférée des écrivains  réalistes, c’est le petit détail qui fait vrai . 

Les bonnes idées :

  • le contexte de l’esclavage avec les revendications des noir supprimés, déportés et vendus comme des marchandises . De grande révoltés ont éclaté un peu partout avant l’abolition de l’esclavage.
  • Les guerres d’indépendance et notamment les conflits entre l’Angleterre et l’Irlande qui débutent en 1916.
  • la séparation  des deux Allemagnes et l’occupation de la RDA par les armées russes. 
  • les massacres des Indiens par les colons dans l’Ouest Américain.
  • les conflits entre Chine/ Corée et Japon .
  • une guerre dans le futur : pourquoi pas ? 
  • la lutte des Anglais pour repousser les envahisseurs du Nord 

Les doléances 

Durant la révolution française, les révolutionnaires écrivaient dans des cahiers tout ce qui les indignait et ce qu’ils subissaient depuis des années sans oser se plaindre ; de leurs doléances sont nées les grandes réformes de l’Etat. 

Il s’agit essentiellement de formuler des plaintes et de dénoncer ce qui vous indigne et vous paraît terriblement injuste  : vous pouviez recourir au registre pathétique ou à une argumentation plus  véhémente en utilisant le blâme , l‘indignation et en dénonçant des faits  injustes que vous combattez ou qui rendent le sort de ces populations terrible .  Vous pouviez, par exemple,  faire référence à la privation de liberté , ou la vie en camps de réfugiés ,  mentionner le rationnement de nourriture, les déplacements de  populations massées dans des camps, les  bombardements , les  conditions sanitaires inhumaines , la  perte de leurs biens ou la destruction de leur patrimoine, leur  exode forcé . 

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Un homme seul face aux chars 

Vous devez faire appel aux sentiments de vos lecteurs et susciter en eux la pitié et  la colère . Le registre polémique pouvait être également employé . Au brouillon, vous pouvez préparer des listes de revendications et ensuite travailler à leur formulation en employant les procédés d’écriture comme l’anaphore, les questions oratoires, la ponctuation expressive . (voir la fiche méthode : fabriquer un texte polémique

Avant de vous lancer dans la rédaction de votre texte, pensez-bien à qui vous allez adresser votre lettre ouverte : n’oubliez pas de lui donner un titre. Chercher des arguments au brouillon avant de mettre en forme vos paragraphes.

Idées d’organisation : le premier paragraphe peut par exemple présenter l’état du pays occupé et le second :développer la colère et l’indignation du locuteur

Quelques illustrations extraites de travaux d’élèves : 

A tous mes frères d’exode, à vous tous mes compatriotes , obligés de fuir votre pays en guerre ..

Je veux montrer la vérité derrière l’occupation ; Politiques qui nous ont divisés, êtes vous- fiers ? Pourquoi les populations devraient -elles être sacrifiées pour des désaccords politiques ? La guerre va-t-elle nous séparer à jamais ? Notre peuple retrouvera-t-il un jour son unité, sa fierté de pays libre et insoumis ? 

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Nous vivons depuis tant d’année dans un climat de guerre et de tensions . Mes amis, j’en appelle à votre aide. Comment ne pas être terrorisés quand on vit en permanence avec la mort qui nous guette à chaque coin de rue , sous la forme d’un tireur isolé? Notre pays est meurtri: ses blessures cicatriseront-elles ? à chaque coin de rue, on peut contempler des voitures carbonisées, des maisons  incendiées,  des vêtements d’enfants épars ; Comment continuer à espérer dans un tel décor ? Unissons nos voix et nos actions pour mettre un terme à     ces  atrocités .

Je suis née en dehors de mon pays dans un camp de réfugiés  parce que mes parents avaient du fuir la guerre et j’ai grandi avec cette guerre qui n’en finit pas : j’aimerais connaître un monde en paix et retourner vivre dans la maison de mes ancêtres , fouler le même sol qu’eux et aller me recueillir sur leurs tombes.

Ma patrie aujourd’hui est partout et nulle part: enfant apatride, je porte mon pays dans mon coeur et suis interdite à sa frontière. Je me suis endormie comme toutes les nuits  avec le bourdonnement des chars d’assaut,  et je me suis réveillée au bruit des attaques et des tirs de mortier : je souhaiterais juste m’endormir une fois enfin  dans le silence de la nuit sans qu’aucun bruit ne trouble mon sommeil. Me souvenirs me font mal: je reverrai sans cesse les horreurs du massacre de Schatila: C’était un jeudi matin .

Je m’adresse à vous aujourd’hui pour que cessent la vengeance et la colère et que nous puissions enfin vivre une Paix . 

Les sujets d’écriture au bac de français sont évalués (et donc notés) selon des critères que vous devez connaître et vous efforcer de maîtriser ; chaque critère correspond à une ou plusieurs compétences

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Place Tien- an- men 

Critères d’évaluation de la production écrite 

Qualité de la langue  1 à 4  LA

  • j’évite les fautes d’orthographe
  • j’emploie les temps et les conjugaisons convenablement 
  • j’emploie un lexique courant ou soutenu , adapté et varié 
  • je construis des phrases grammaticalement correctes

Respect du cadre du sujet : forme du texte et organisation , présence d’un titre pertinent, adresses au public,  références historiques précises  )   1 à    4  REF 

  • j’ai écrit une lettre ouverte 
  • j’ai construit au moins deux paragraphes 
  • j’ai précisé le contexte historique 
  • je m’adresse à un public ciblé 

Qualité des arguments :  présence d’un registre polémique, variété des sentiments exprimés   ARG 1 à 4 

  • j’utilise le registre polémique
  • j’utilise les procédés argumentatifs des discours 
  • je cherche à convaincre et à persuader 

Les doléances : présence de revendications variées          DO  1 à  4 

  • je mentionne des faits précis 
  • je ne suis pas dans un cadre narratif 
  • je varie le registre des plaintes 
  • j’exprime de véritables doléances 
23. octobre 2018 · Commentaires fermés sur La Fontaine sensible à l’injustice : comparons trois fables et rédigeons une question de synthèse . · Catégories: Seconde
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Rédiger une question de synthèse est un exercice obligatoire au lycée qui  consiste à comparer plusieurs  textes et à rendre compte, en les citant avec précision, à la fois de leurs points communs mais également de ce qui les différencie. On commencera tout d’abord par présenter le corpus rapidement avant de construire deux paragraphes qui répondront à la question posée :  comment le fabuliste  montre -t-il ici les défauts de la Justice ?

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Le corpus proposé à l’étude est composé de trois fables : la première intitulée l’huître et les Plaideurs montre comment deux hommes qui se disputent le droit de manger une huître sont départagés par un juge qui la gobe; La seconde est intitulée Un loup plaidant contre le Renard par devant le Singe; Elle révèle un jugement assez étrange de la part d’un signe qui punit les deux parties; La dernière fable a pour titre les frelons et les mouches à miel et elle montre comment un guêpe se révèle incapable de départager des frelons et les abeilles qui revendiquent tous deux la proprieté du miel . 

 Voyons comment La Fontaine critique le fonctionnement de la justice de son époque .

On peut, tout d’abord ,comprendre que dans ces trois fables, la justice est mal rendue ou fonctionne  mal , au détriment des plaignants  ; En effet, le juge qui mange l’huître réussit à mettre d’accord les demandeurs en les privant tous deux de l’objet convoité. C’est au fond  une forme d’injustice efficace dans la résolution d’un conflit . Le second juge  qui est un singe donc quelqu’un de malin et qui réfléchit ” suait en son lit de justice ”  , se révèle lui aussi  peu efficace même si, au final  la décision rendue : la condamnation du loup et du renard , semble également injuste au lecteur ; Le juge tient compte des antécédents des deux personnages et rend une forme de justice basée sur leur historique , non pas sur le fait à juger . “On ne saurait manquer condamnant un pervers ” : ici le fabuliste souligne avec cette morale que le juge ne peut se tromper lorsqu’il condamne des menteurs ou des animaux connus pour leurs tromperies. Avec la troisième fable, La Fontaine illustre un cas un peu différent : il est question cette fois de l’incompétence avérée du magistrat qui se montre tout à fait incapable d’arbitrer le litige entre abeilles et frelons ” depuis tantôt si mois que la cause est pendante ” . On pourrait penser que le fabuliste condamne, dans un premier temps, les lenteurs de la justice et dans un second temps les frais engendrés par les procès ” il ne faudrait point tant de frais; au lieu qu’on nous mange, on nous gruge ” 

Mais les critiques ne s’adressent pas seulement au fonctionnement de la justice; En effet, l’auteur en choisissant un certain type de conflits , souligne que les demandeurs auraient mieux fait de faire appel à leur bon sens et non au jugement de cour. Il invite ainsi ses lecteurs à régler leurs conflits à l’amiable; Dans la première fable, les deux pèlerins auraient pu partager l’huître ou s’en remettre à un tirage au sort qui fait appel au hasard ; Ils n’ont rien obtenu si ce n’est une écaille  “sans dépens et qu’en paix chacun chez soi s’en aille ” . Ils sont tombés sur un juge qui a exploité leur querelle à son profit et comme le souligne la morale “Vous verrez que Perrin tire l’argent à lui “ On retrouve ici la condamnation explicite des frais liés à la justice. Quant au loup, il n’aurait pas du condamner le renard à tort : il est donc condamné pour avoir menti et le renard lui,  l’est pour ses vols précédents. Quant aux insectes qui réclament la propriété du miel, La Fontaine met sa morale en tête “ à l’oeuvre on connaît l’artisan “ afin de montrer que le cas aurait pu être réglé sans aucun jugement ; Il  s’amuse des éventuelles difficultés de la guêpe : “ il était mal aisé de décider la chose” et utilise , à des fins amusantes, la ressemblance entre les abeilles et les frelons ; Toutefois l’idée est qu’un véritable juge devrait savoir se servir de son bon sens ” le simple sens commun nous tiendrait lieu de code ” 

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Le lecteur est donc invité , par l’apologue , à réfléchir de manière active , au fonctionnement de la justice. Grâce à trois situations plaisantes qui illustrent chacune, un mauvais fonctionnement de la justice, La Fontaine nous invite nous aussi à trouver des solutions à nos propres différends et à  ne pas faire appel aux jugements de cour car “selon que vous serez puissant ou misérable, ils vous rendront blanc ou noir” ainsi que le rappelle la morale d’une autre fable : Les Animaux malades de la peste où le moins coupable des animaux, qui est également l’un des pus faibles, est condamné pour les crimes de la collectivité .

23. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Georges Duroy à Paris : sur les traces de Bel-Ami · Catégories: Seconde · Tags:
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Les écrivains réalistes donnent souvent de nombreux détails sur les déplacements de leurs personnages car le réalisme du cadre géographique participe de l’ambiance globale du roman et les petits détails vrais, contribuent à accroître , pour les lecteurs,  l’illusion de la réalité. C’est pourquoi Maupassant situe souvent ces descriptions dans des lieux aisément reconnaissables ou identifiables  et donne une topographie précise des endroits visités par les héros en prenant soin créer des ambiances particulières aux quartiers traversés. Prenons comme exemple les premiers chapitres du roman…

 Premier chapitre  Par une belle soirée de juin, Georges sort d’un restaurant où il vient de dîner : l’air chaud souffle sur la ville qui “chaude comme une étuve paraissait suer dans la nuit étouffante “. Paris est ici personnifiée . Le personnage cherche un peu d’air et se dirige vers les Champs-Elysées pour rejoindre le Bois de Boulogne. Arrivé à la Madeleine , il suit la foule et contemple avec envie, assoiffé, les passants attablés aux terrasses . L’auteur donne même les noms des cafés : le Vaudeville, l’Américain . Le personnage principal rencontre alors Charles Forestier place de l’Opéra et tous deux se dirigent, en discutant, jusqu’au boulevard Poissonnière . Après une courte visite des locaux du Journal La Vie française, le lecteur suit les personnages jusqu’au café Le Napolitain . Ils flânent ensuite pendant une heure et finissent par se diriger vers le cabaret des Folies-Bergères , rue Richer . Maupassant décrit alors la foule qu’on rencontre dans ces endroits : “le plus drôle de mélange qui soit dans Paris ” à la fois des familles  de bourgeois, des artistes et des filles de demi-choix mais surtout la crapule qui domine . A la fin du premier chapitre, les deux hommes se quittent et Forestier rentre chez lui alors que Georges accompagne une prostituée chez elle. Ils ont convenu de se retrouver le lendemain soir pour dîner rue Fontaine au domicile de Forestier. 

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Tu peux tenter  de retracer le parcours des personnages sur une carte de Paris en 1880 : quelles stations de métro  faudrait-il emprunter aujourd’hui pour faire le même parcours que Georges ? 

Second chapitre : Georges arrive pour dîner chez Charles Forestier et parait intimidé . Cependant , vêtu d’un habit de location , il se sent à la fois anxieux et exit épar cette nouvelle vie qui s’ouvre à lui : le romancier, à cette occasion, décrit avec minutie les toilettes des personnages et la manière dont l’appartement est meublé; En effet, les auteurs réalistes établissent des correspondances précises entre les personnages et le décor  et les vêtements qui, le plus souvent, sont le reflet d’une position sociale déterminée. On appelle d’ailleurs ce principe: le déterminisme de la description.  A un moment de la soirée, Georges se met à examiner avec soin la décoration de l’appartement de son ami.  ” Le jeune homme considéra avec attention l’appartement. Il n’était pas grand; rien n’attirait le regard en dehors des arbustes; Aucune couleur vive ne frappait mais on se sentait à son aise dedans. On se sentait tranquille, reposé. Les murs étaient tendus avec une étoffe ancienne d’un violet passé ;criblée de petites fleurs de soie jaune, grosses comme des mouches “  La description précise de l’ameublement de l’appartement des Forestier participe ainsi du bien- être du personnage de Georges qui se sent de mieux en mieux au fur et à mesure que la soirée s’écoule. D’un part , parce qu’il a  bu plusieurs verres de vin et parce qu’il s’aperçoit qu’il plait aux femmes de cette soirée. En quittant l’appartement, il est émerveillé d’être aussi joli garçon et adresse à sa propre image un sourire de complaisance . 

Troisième chapitre :  Maupassant établit d’emblée  un contraste entre l’appartement luxueux que Georges vient de quitter et celui qu’il loue pour le moment rue Bourgault dans le dix-septième arrondissement. “les marches sales où trainaient des bouts de papier, des bouts de cigarettes, des épluchures de cuisine, une écoeurante sensation de dégoût ” . Le logement donne en plus sur la gare des Batignolles et il est extrêmement bruyant . Lorsqu’il observe son garni, il respire la misère de sa condition et il décide  de tout faire pour  sortir de la pauvreté. Il repense alors à son enfance à Rouen et se reprend à espérer qu’une rencontre amoureuse va transformer sa vie . Le lendemain, il aperçoit de sa fenêtre les coteaux d’Argenteuil et de Sannois et descend jusqu’au parc Monceau où il se retrouve devant chez Forestier. Sur les conseils de ce dernier, il monte trouver Madeleine afin qu’elle l’aide à écrire un article sur ses souvenirs d’Alger.  A l’arrivée du Comte de Vaudrec, Georges quitte l’appartement des Forestier et déjeune au Bouillon -Duval avant de se rendre au rendez-vous avec M Walter dans les locaux du journal . Il est engagé par Forestier et doit revenir le lendemain à la même heure. 

 

 

09. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Le loup et l’agneau devient l’agneau et le loup · Catégories: Seconde
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Cette fable de La Fontaine peut se lire comme une dénonciation de l’injustice si l’on considère l’agneau comme le représentant des petites gens et le loup comme le représentant des Puissants ; Le fabuliste met en scène un rapport de force entre deux protagonistes et se sert de leurs liens naturels: l’agneau est par nature la victime toute désignée du loup, son principal prédateur à l’époque de La Fontaine. Essayons d’analyser cette situation pour ensuite la parodier en inversant la morale proposée par l’auteur tout en respectant le cadre syntaxique de la fable . C’est notre premier sujet d’invention . La principale difficulté consiste à analyser ce qui va nous servir de support et ce qui doit être modifié sous peine de sombrer dans la simple imitation . Si vous souhaitez lire des travaux d’élèves, allez dans la catégorie : paroles d’élèves 

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Le face à face paraît quelque peu déséquilibré ; en effet, le rapport de forces tourne immédiatement en faveur du loup. Le lecteur connaît d’emblée la victoire de ce dernier grâce à la morale qui figure explicitement dans les deux premiers vers. Le fabuliste  pose ensuite un cadre champêtre et paisible au sein duquel va survenir  le loup dont la présence est motivée par trois compléments : v 5 : il est affamé et en quête de nourriture ; Aventure a le sens ici au dix-septième siècle d’un mauvais coup à faire . Immédiatement , il passe à l’offensive sous la forme d’une question rhétorique qui contient déjà une menace et se lit comme une accusation  ; Il  affirme que l’agneau lui aurait manqué de respect avec l’adjectif “hardi ” au vers 7 et aurait “troublé sa boisson “; Le prétexte paraît ici particulièrement futile car l’eau de la rivière appartient à tout le monde et  on ne voit pas comment l’agneau aurait pu se rendre coupable d’un pareil forfait.  La Fontaine souligne d’ailleurs que le loup est “plein de rage ” au vers 8 et le lecteur comprend qu’il cherche une excuse pour le dévorer. Il fait d’ailleurs apparaître son futur crime comme une sentence : une punition que mériterait l’agneau ainsi que nous le laisse entendre le verbe “châtié “. Nous comprenons que l’agneau va mourir pour quelque chose dont il est accusé à tort.

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Face à cette accusation péremptoire , l’agneau tente de se défendre en ayant recours à une argumentation de type  logique fondée sur des faits ; il met en place un raisonnement et mentionne des faits incontestables qui prouvent que les propos du loup sont mensongers. Ainsi il tente d’abord d’amadouer le cruel animal en usant de flatterie ; Il l’appelle Sire au vers 10 et ensuite , Votre Majesté; Le lecteur comprend ici , avec le sourire, l’allusion au roi Louis XIV ; La Fontaine n’a pas oublié que ce dernier a fait emprisonner son ami Nicolas Fouquet par jalousie et l’a traité publiquement de voleur pour avoir un prétexte de le contraindre à abandonner son poste de surintendant des finances . L’agneau a beau multiplier les arguments convaincants, son adversaire ne veut rien entendre et balaye son raisonnement; Le ton est définitivement accusateur et péremptoire en dépit des dénégations de la victime.  Le loup fait passer sa faim pour un motif légitime de vengeance contre un agneau qui lui aurait fait du mal dans le passé et dont il veut se venger . Le seul crime de l’agneau est d’être né agneau et le loup n’entend pas raison. 

La fable se termine avec l’annonce du verdict; Le vocabulaire de la justice est utilisé pour critiquer justement cette absence de justice dans le verdict. L’agneau est une victime innocente que le loup dévore sans assumer la nature prédatrice de son acte; Il fait passer ce crime alimentaire pour une vengeance mais personne n’est dupe. La mauvaise foi du loup, son côté borné peut représenter l’abus de pouvoir des Puissants qui n’hésitent pas à condamner faussement pour éliminer leurs adversaires en utilisant des prétextes quelconques.  

On lit donc à travers ce court récit anecdotique une forme d’injustice et l’attitude du loup peut paraître indigne ; en effet, il ne se montre pas charitable, n'écoute pas les justificatifs de l'agneau et finit par le dévorer. 

Sujet d’invention 

Il s’agissait maintenant de transformer le canevas de la fable pour que sa morale devienne : la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure . Comment procéder pour éviter le hors-sujet et satisfaire aux critère d’évaluation ? 

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Il faut d’abord analyser ce qui est demandé : quel type ed texte doit -on produire ? Une fable  donc il faut respecter les règles du genre (des vers irréguliers, des rimes , une morale, des personnages , des dialogues, un cadre et un récit plaisant  ) 

Que doit -on conserver ? Le loup et l’agneau , leur face à face dans un cadre et leur discussion . 

Que ne doit-on pas conserver ? les caractères des personnages  et le dénouement qui voit la victoire du plus fort (le loup n’aura pas faim et l’agneau ne sera pas vaincu : il n’est pas obligé de manger le loup 🙂 )

Le sens de notre fable illustrera la morale inverse et montrera que les plus faibles au départ ne sont pas toujours perdants contre les plus forts: ce qui est une morale plus optimiste eau cela précédente . 

Attention : pour le premier devoir à la maison , il s’agira de conserver le modèle de la fable  (entre 30 et 40 vers ) et la morale de La Fontaine mais en supprimant les animaux et en rendant le cadre contemporain.  Vous pouvez vous inspirer d’un fait divers ou d’un fait d’actualité qui vous indigne particulièrement Vous avez une semaine …

Barême sur 10  : 3 points pour le choix du sujet / 3 points pour la réalisation technique / 2 points pour le respect des consignes et 2 points pour la dimension  parodique  (imitation d’un sujet avec présence d’humour ) 

Le loup et l’agneau : analyse

09. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Parodier une fable : l’agneau et le loup · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Les élèves devaient illustrer la morale suivante: la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure et pour ce faire, ils devaient conserver la situation de départ imaginée par La Fontaine: un face à face entre un loup et un agneau ; Sauf qu’à la fin, l’agneau s’en sort et ne finit pas dévoré . Voyons un peu ce qu’ils ont imaginé. Un loup malade qui cherche son chemin , un loup qui lui pose des devinettes à la manière d’un sphinx . Parmi les meilleures trouvailles, un agneau haltérophile et un loup  quelque peu enrobé qui cherche à sculpter son corps et qui l’engage comme coach. “Monsieur , lui dit l’agneau ,que vos rondeurs ne soient plus qu’un mauvais malheur “.. (Léa, Clémentine et Sofiane ) La rencontre commence parfois sous de mauvais auspices mais se termine bien : c’est le cas par exemple de cet agneau qui s’est retrouvé par mégarde sur un terrain appartenant à Messire Loup  “Monsieur ne vous mettez pas en rogne, s’exclame l’agneau, je ne fais que passer sur votre propriété ” (Lauryn et Léa )

 

Le conflit fut souvent territorial à la base comme dans cette réalisation : “un loup survient pour inspecter ses terres ” et finit noyé dans un puits grâce à une esquive de l’agneau lorsqu’il se précipite pour le dévorer..(Ambre et Jody). Nous avons égalementlou7.jpg

 

rencontré des agneaux philosophes, un agneau qui se fait passer pour empoisonné et dont la viande pourrait tuer le loup (Vincent ) : ce qui est un moyen malin de mettre à distance son prédateur naturel. Un autre agneau tout aussi futé demande avant de mourir de pouvoir manger son fruit préféré; le loup lui accorde cette dernière volonté et le regrette amèrement car l’agneau lui fait croire qu’il a ainsi préféré se suicider avec du poison; le loup dégoûté, poursuit son chemin abandonnant ainsi sa victime qui ouvre un oeil et recrache ce qu’il a feint de manger ; Bien joué pour  Eva, Mourougane et  Djibril ! Un autre petit mouton particulièrement rusé es fait passer pour la dernière victime potentielle de loups trop bêtes te trop cruels et parvient à leur faire croire que juste à côté existe un pays de cocagne avec des victimes potentielles par milliers; Très belle idée d’ Eléa et Clémence . L’ agneau, pouvait parfois être accompagné d’un renard, habile orateur et en général, s’il parvient à s’en sortir, c’est grâce à son habileté dans l’argumentation.  A découvrir en BD ..

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Le tome 12 est paru …
La difficulté de ce travail d’invention consiste à trouver la bonne distance entre l’imitation pure et simple  et le travail sur une situation qui se transforme et à partir d’un modèle donné (la fable : un récit plaisant qui illustre une  morale ) ; Relisez votre feuille de consigne pour la production écrite n° 1.
13. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Le schéma de communication simplifié · Catégories: Seconde
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En français,  il est important quand vous allez devoir rédiger des textes que vous sachiez exactement dans quelle situation de communication vous vous trouvez. Pour comprendre qui parle à qui , de quoi et comment, on a eu l’idée de représenter , sous forme de schéma, les prix,cipaye éléments de la communication.  Attention au vocabulaire qui peut changer; Ainsi quand je parle je suis un locuteur ou un orateur, quand j’écris , un scripteur ou un écrivain et je m’adresse à un public composé d’auditeurs , ou de spectateurs, ou de lecteurs. Pour vous entraîner à maîtriser cette notion, il est recommandé  de bien mémoriser cet article et ensuite de faire lex travaux pratiques proposés . 

1- le Destinateur et le destinataire sont le plus souvent nommés  “emetteur/recepteur :
Dans le cas d’une interaction normale , la communication est bi-directionnelle comme par exemple lorsque vous parlez à quelqu’un qui vous répond.  Lorsque deux personnes interagissent dans un cadre où la communication est institutionnalisée ( c’est à dire dans le cadre d’une situation prédéfinie  comme l’administration publique , la télévision , une université, une salle de classe ) la communication est  parfois unidirectionnelle ; ça veut dire qu’une seule personne produit de la parole alors que l’autre écoute.

2-Le message : c’est l’infomation transmise .
Ce message varie dans sa forme , sa durée et son contenu . Il est l’élément central de toute forme de communication. Attention le mot message ne doit pas être utilisé dans lex explications de texte en français. L’auteur ou l’écrivain transmet des idées ou des sentiments  dans ses livres . Le mot message ne doit pas être employé à la place du mot idées par exemple. 

3-Le  canal ” : canal physique et physiologique reliant l’émetteur et le récepteur . Le canal peut être modifié pour rendre la compréhension du message plus facile. 

4-Le code : un ensemble conventionnel de signes ( écrits , sonore , linguistiques ou non linguistiques , visuel ou autre ) ce code doit être compris par les deux locuteurs , pour permettre la transmission du message . Dans certains cas , le message peut mettre en oeuvre plusieurs codes en même temps ( langue orale , les gestes , l’habillement ) .

-Le référent : ” qu’on appelle aussi le contexte ” la situation à laquelle renvoie le message  . Ce point n’est pas à retenir 

Après avoir écouté attentivement la vidéo suivante, complète le QCM de ton espace pronote intitulé : schéma de la communication …

 

07. juillet 2018 · Commentaires fermés sur Braves petits soldats : écriture poétique · Catégories: Seconde · Tags:
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Le dernier sujet d’invention comportait deux consignes précises : le texte devait être poétique et le titre était imposé : Braves petits soldats: avec ou sans ironie. Les élèves devaient donc s’efforcer de rendre leur écriture poétique en privilégiant les sonorités, le rythme et les images . Les textes étudiés en lecture analytique dans la séquence du même nom balayaient un vaste horizon ; Le romancier Céline y dénonçait l’absurdité de la guerre et la manière dont elle abîme la Nature et les hommes; Victor Hugo y célébrait le courage de la garde napoléonienne qui se sacrifie pour l’Empereur et la Patrie. Laurent Gaudé menait une réflexion  à plusieurs voix sur l’approche de la mort pour des poilus condamnés et Giraudoux, au théâtre , faisait prononcer au persnnage d’Hector, dans un contexte menaçant, un discours d’hommage à la fois aux soldats morts au combat mais surtout un hymne à la vie . Tous ces textes évoquent le comportement de l’homme au coeur de la tempête. Entre peur et héroïsme, renoncement et bravoure , acceptation et combat : chaque soldat doit trouver sa place et sa ligne de conduite. Voilà quelques échantillons de leurs réalisations …

Je te vois au loin avec ton armure de titane,

dans un nuage qui te protège de toutes balles,

Avec ton sourire et ta foi qui te condamnent,

Au milieu  de toutes ces embuscades.

 

Sur le front tes amis s’éteignent à toutes balles,

Devant toi les ennemis qui s’acharnent,

Au loin des obus menacent ta vie,

Mais pour toi ton seul but est de sauver ta patrie.

 

La couleur que tu rêves de voir est le blanc,

Mais la seule que tu vois est rouge sang,

Tu attends cette lumière qui vous délivrera tous,

Toute noire, elle n’en est que plus douce.

 

Les carnages et les victoires sont tes grands amours,

Sans oublier ta foi pour les grands discours,

Elle t’a permis de  tenir durant des jours,

Sans la peur de voir le néant pour toujours.

 

Au pied de ton destin, l’amour d’une mère,

Qui à tout fait pour le bonheur de son fils,

La mort te semble alors le dernier recours,

Qui te traverse l’esprit à chaque bruit sourd.

 

Tu te bats dans un champs funeste,

Ou les armes chahutent sans cesse,

Et les chacals finissent les restes,

Sans  vraiment aucune politesse.

 

Couchés dans des herbes épaisse,

A l’abri de toutes espèces,

La fatigue rôde et tout le monde s’endort,

Brisés par les rêves affreux créés par la mort.

 

La rage est un goût qui leur donne la forme,

Pour éviter les larmes qui prennent forme,

Ce remède est pratiqué tous les jours,

Pour que la mort ne soit pas au goût du jour.       Ryan   

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Brave petit soldat

 

Brave p’tit soldat de toutes nations en guerre,

Dont le doux regard brille d’une ardeur guerrière.

Pour aller combattre la patrie ennemie,

Tu marches vers l’ennemi sans être affaibli.

 

Brave petit soldat, la folie t’envahit,

Tu vois tes compagnons mourir de maladie.

Couvert de fleurs, vous les enterrez à l’abri

Pour garder foi en l’existence du paradis.

 

Tes jours sur ce champ de bataille sont comptés,

Le beau rêve fini, le cauchemar recommence.

Tu charges ton arme et commence à tirer,

Parfois sur des hommes d’une grande innocence.

 

Quand la balle meurtrière vient arrêter tes pas,

Tu comprends alors que tu meurs avec mérite,

Mais que ta mort est inutile pour un combat.

Brave petit soldats, rejoins-nous sous les fleurs.            Gauvain 

 

 

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Entendez vous cette silencieuse marche ?

C’est l’ennemi qui, craintivement approche 

Compagnons ! Chargez les canons ! 

Ils sont seuls, et sans peine nous vaincrons

 

Entendez vous cette pressante foulée ?

C’est l’ennemi qui, sûrement l’avant poste a franchi ! 

Mes amis ! Alignez vos fusils !
Nous sommes semblables, nous pouvons gagner !

 

Entendez vous cette foule qui hurle ?

C’est l’ennemi qui, nous assiège !

Mes frères ! Surveillez nos arrières !

Ils sont trop nombreux ! Il nous faut quitter ces terres !

 

Entendez vous ce puissant bruit fracassant ?

C’est l’ennemi qui nous bombarde !

Seigneur ! Me prenez vous maintenant ?

Je suis seul, sous leur tirs je succombe.            Antoine 

 

 

Seul ou en compagnie tu combats

Dans une confiance aveugle tu te bats

L’ennemi passe puis tu l’abats

Par devant ou avec un coup bas

La souffrance de l’homme enfouie

Sous les cris de vengeance

Est hachée par l’étourdissant bruit

De la mort qui doucement s’avance

Happant le front ligne après ligne

Dans ce trou où tu es acculé

Tu vois tes camarades exploser

Alors toi aussi  tu t’alignes

Tu la sens cette terre humide

Qui aspire la vie de tous ces hommes

Elle est froide et  avide

Gentiment elle t’assomme

C’est enfin fini mais tu te rappelles

De cette fille, ce soir-là, à Paris

Qui rien que pour toi, a souri dans ce lit

Et tu te dis qu’habillée de noir elle est bien belle.               Thomas   

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soldats5.jpg, juil. 2018

 

Ce poème est à nos pères, partis

Défendre nos terres au prix de leur vie .

Pour nos mères restées là, qui nous rassurent

Nous protégeant de cette vie de blessure.

 

Ce poème est pour ces enfants vagabondant

Dans nos rues, délaissés par leurs propres parents 

Pour tous ces fils de la guerre, nos envahisseurs

Responsables de la douleur de nos cœurs. 

 

A tous ces gens, je leur chanterai mon histoire.

Celle de nos vies à tout jamais assombries.

Privé de notre liberté, désormais soumis

Mon peuple vit dans ces ruines dépourvu d’espoir.

 

Ce fut à mon école, où tout a débuté.

Terrés sous nos tables, voyant les murs s’affaisser,

Les corps ensevelis, souvenirs de vie passée.

L’horreur nous fait grandir, inutile de lutter.

 

J’ai vieilli à en devenir père de mon frère,

Car ce jour là, ma famille me fut arrachée.

Garant de mon sang, il faut que mon nom prospère.

La guerre est là, elle s’est échappée des tranchées.

 

Menant avec elle ces barbares arrogants,

Armes au poing, tuant comme par passion,

Les nôtres qui autrefois portaient si fidèlement

Cette étoile jaune, signe de notre religion.                  Nicolas