04. juin 2018 · Commentaires fermés sur Les derniers Cris des soldats dans Cris : texte 4. · Catégories: Seconde · Tags: ,
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 De nombreux romans ont pris comm sujet la première Guere Mondiale et particulièrement au moment du centenaire de sa commémoration.  Le roman de Laurent Gaudé intitulé Cris  est construit sur un dispositif narratif particulier : chaque personnage du récit nous fait partager sa vision de l’événement et le lecteur doit ainsi, en permanence, recomposer , une vision d’ensemble à partir des pensées des soldats sous le feu ;  L’intrigue se résume à quelques actions: on relève la première ligne; certains soldats partent en permission ou se reposent à l’arrière alors que d’autres vont devoir prendre d’assaut les positions ennemies. Le passage que nous étudions se situe au début de la seconde partie du récit. Le bataillon formé notamment  de Messard, Dermoncourt, Ripoll, Castellac, vient de monter une première ligne et l’assaut a été donné . un groupe d’hommes se retrouve séparés de ses positions, seuls, détachés dans le camp allemand sans espoir de repli ni de retour. Conscients du caractère espéré de leur situation , les hommes veulent mourir dignement . Quelle vision de l’homme dans la guerre nous offre ce passage ? Nous verrons tout d’abord le cadre de la guerre avant d’évoquer les réactions des hommes face à la mort . 

 

 

 

I Le cadre de la guerre 

Comme dans la plupart des récits, la guerre est présentée sous un aspect destructeur . 

1 Un décor de fin du monde 

La boue est un élément qui revient très souvent ( l 2 ) et le romancier utilise la métaphore de la fournaise ( l 3 ) pour montrer le caractère infernal des souffrances des soldats; Souffrances physiques : épuisement ( l 1) et souffrances morales évoquées par une série de transformations : “pour ce qu’ils nous ont obligés à devenir ” ils auront à nous rendre des comptes ” . Les champs de bataille font également souffrir la terre qui tout au long du roman,  est personnifiée et crie sa douleur : il ne reste que des ruines “baraque en ruine l 10 ” “carcasses méconnaissables de lit mais plus de toit ” l 11 . L’auteur évoque également les corps des soldats avec le terme boucherie l 11. 

L’ampleur des dégâts est suggérée par divers moyens et s’entend particulièrement par les sonorités des participes  passés qui forment une harmonie imitative  : trébuché, plongé, giclé, essoufflé , tiré, éclaté , fermé…. peu de termes militaires dans ce passage avec simplement l’indication du pilonnage immense qui inaugura la boucherie; Le caractère meurtrier de l’opération est traduit ici par l’adverbe immense à valeur hyperbolique . 

 

II . Les souffrances des hommes 

1 Ils deviennent  des animaux pour survivre

2. ils tentent de rester humains face à la mort 

3. la dimension tragique : solitude et perte d’espoir 

09. mai 2018 · Commentaires fermés sur Braves petits soldats ? question de synthèse · Catégories: Seconde · Tags:
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Notre corpus couvre une période de 8 siècles et chaque héros se retrouve confronté à la mort  : le chevalier Yvain défie en combat singulier le chevalier Esclados; Fabrice Del Dongo héros de Stendhal  vit son baptême du feu à Waterloo; Walter Schnaffs, le soldat imaginé par Maupassant  est un prussien qui combat les français et le personnage de Claude Simon affronte la débâcle de 1940 dans les rangs français. Ces quatre combattants se comportent -ils avec autant de bravoure ? Nous verrons tout d’abord un regard admiratif du narrateur avant de montrer que la bataille est un moment bouleversant et révélateur.

 

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Le combat singulier des deux chevaliers est décrit comme admirable: le narrateur souligne à la fois la beauté de l’épreuve ( l 20 )  et la noblesse d’âme des chevaliers qui n’oublient pas de préserver leurs montures  (l 18 ) . A forces égales, le combat dure longtemps et le romancier loue la vaillance et l’engagement des adversaires ; “la durée de cette bataille si violente et si difficile est incroyable ” (l 16); De la même manière , le jeune Fabrice admire Napoléon et ses soldats “d’une admiration enfantine ” (l 26 )  ; Cependant lorsqu’il croise le célèbre Maréchal Ney, surnommé “le prince de la Moskova, le brave des braves”, il  ne le reconnaît pas et ne voit que son autorité son air de réprimande et son embonpoint. Stendhal confronte ainsi le regard naïf de l’enfant avec la réalité de la guerre; perdu au milieu de l’assaut, Fabrice “n’y comprenait rien du tout” (l 45 ) . Il fait des efforts pour se comporter comme ce qu’il imagine être le devoir d’un soldat mais un conflit a lieu en lui entre songer “à la gloire du maréchal ” et le “frisson d’horreur” qu’il éprouve ( l 7 )  face au champ jonché de cadavres; C’est donc un héros “fort peu héros ” qui tente d’imiter des modèles héroïques mais qui est rattrapé par la réalité de la bataille .

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Nulle trace d’admiration dans la nouvelle de Maupassant : Walter Schnaffs représente le déserteur : couard, il se cache pour échapper à la bataille “un désir fou de détaler le saisit ”  et se réfugie comme un animal , au fond d’un trou. Il est d’ailleurs comparé à un lièvre ( l 17 ) . Terrifié , il a même peur d’un oiseau sur une branche et Maupassant s’amuse à  montrer cette peur décuplée par les circonstances ” pendant près d’une heure , le coeur de Walter Schnaffs battit à grands coups pressés;”  (l 24 ) . Pas d’admiration non plus chez le soldat de Claude Simon où on retrouve un regard critique sur la guerre : ce soldat , mu par son instinct de survie se transforme lui aussi  en un véritable animal : il est présenté comme à demi -conscient , agit comme un somnambule(l 7 ), avec des réflexes d’automate (l 7 ) , privé d’une partie de ses facultés et en quelque sorte déshumanisé”. Il devient une bête, se transforme en chien et se laisse gouverner par son instinct animal qui lui permet de se mouvoir et de devenir indifférent à la mort de ses compagnons.

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Chaque combattant a une sorte de révélation et se transforme sous l’effet des événements : les chevaliers de Chrétien de Troyes trouvent des ressources physiques pour continuer à se frapper violemment : Esclados se met à avoir peur uniquement  car il n’avait jamais reçu un coup aussi violent et ” sous son casque ,il a la tête fendue jusqu’à la cervelle ” ( l 22) ; Yvain se transforme alors en gerfaut ( l 27 ) , véritable  oiseau de proie qui cherche à rattraper son adversaire en fuite  et lui aussi a peur “d’avoir perdu sa peine ” c’est à dire d’avoir combattu en vain , sans avoir réussi à ramener  Esclados au roi Arthur. Quant à Fabrice, il perd une partie de sa candeur face au spectacle horrible mais il reste “fort humain” et s’efforce par exemple de ne pas piétiner les cadavres ennemis avec son cheval . Précaution inutile qui trahit sa noblesse d’âme mais également son inaptitude à devenir “un vrai militaire ” ; Stendhal démythifie la guerre en la montant avec le regard ‘décalé ” de Fabrice au final fort peu “héros “. Quant à Walter Schnaffs et au personnage de Claude Simon, ils ne présentent aucune caractéristique du brave soldat et sont montrés sans courage ; Le premier rêve même d’être fait prisonnier pour ne plus avoir à affronter cette “horrible vie d’angoisse d’épouvantes de fatigue et de souffrances ” (l 26) que représente pour lui la vie militaire ; Et le dernier semble totalement dépassé par les événements et incapable d’obéir à sa volonté, il ne réussit qu’à courir par instinct pour survivre et échapper au bombardement.

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Face à la mort , le héros fait l’expérience de ses limites : les chevaliers indomptables du Moyen-Age combattent sans peur jusqu’à l’issue fatale , par amour pour leur roi ou pour leur propre gloire;ils représentent dans notre imaginaire  un modèle idéal de force et de bravoure; l’époque moderne renie cet idéal en montrant le combattant démuni face au déchainement de la violence : il peine à trouver un sens à cette “boucherie héroïque”et parfois cherche à fuir pour survivre dominé par son instinct animal. En dévalorisant et en modifiant le modèle du héros épique, certains romanciers s’attaquent ainsi à la guerre en la montrant, non pas sous un jour glorieux mais comme un “affreux carnage “

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Un nouveau personnage de Germinal : le gendarme face aux mineurs · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Le sujet d’invention vous proposait de créer un nouveau personnage de Germinal en vous inspirant des techniques utilisées par Zola pour donner une épaisseur réaliste à ses personnages. Il s’agit d’un gendarme un peu particulier car originaire d’une famille de mineurs dont le père est  parti étudier à  la ville . Ce personnage se trouve donc fort logiquement pris dans un conflit d’intérêt. Les principales difficultés du sujet consistent à fabriquer une description organisée et cohérente; Pour cela, il vous faut d'abord répondre à un certain nombre de questions avant même de commencer à rédiger votre portrait. Voici quelques exemples de problèmes à résoudre …

 

Par quoi commencer ? Comme on on vous demande d’imiter Zola et d’employer les mêmes techniques que le romancier réaliste, la première question à se poser était la suivante : comment Zola introduit-il les nouveaux personnages dans Germinal ? Souvenez- vous de l’arrivée d’ Etienne : le romancier montre ses habits usés et trop fins pour la saison  pour traduire sa pauvreté et le rendre pathétique : Il souffre du froid ; Il détaille son allure  mais n’en fait pas encore le héros du roman; il ne donne pas tous les éléments de son hérédité dès sa première apparition; En effet, pour ne pas alourdir les descriptions,le romancier complètera le portrait du personnage au fur et à mesure qu’il le montrera en train d’agir. On apprendra bientôt ses origines dans une scène de travail à la mine avec Catherine qui lui pose des question sur son passé. Le romancier réaliste motive ainsi se descriptions :aucun détail n’est purement décoratif; Tous les éléments vont servir lors des actions ultérieures du récit. 

Au brouillon, il peut être utile de répartir les événements dont le personnage sera le témoin ; C’est à dire de le mettre en situation ; Beaucoup ont  trop tardé à le mettre en place sur les bords de la fosse. Vous pouviez, par exemple, dresser une liste des actions qu'il allait tenter et de ce qu'il allait voir; Va-t-il affronter la colère de la foule ? Va t-il devoir prendre une décision comme celle de tirer ou de faire tirer sur la foule ? Est-il à distance en train de  contempler la montée de la violence des ouvriers ou est-il au premier rang, à couvert, protégé ou à découvert, exposé ? Bref, il fallait lui trouver un angle de vue et construire la description à partir de ce qu’il voit te de ce qu’il ressent. 

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De sa situation, vous pouviez en déduire une série de sentiments  : A -t-il peur?, Ressent-il de la pitié pour les familles de mineurs ? Quels détails le frappent particulièrement dans le spectacle de la colère des ouvriers ? Il pouvait être intéressant de ne pas commencer par un portrait du personnage mais de faire entrer le lecteur , in medias res, dans le feu de l’action. Zola ,lorsqu’il introduit un nouveau personnage, le donne à voir brièvement et ensuite seulement, par une sorte de retour en arrière, lui invente un passé , une enfance et finit par le ramener au moment précis dans le roman où le lecteur l’a découvert; Ces  digressions permettent de ne pas trop longtemps interrompre le fil du récit ; Les portraits des personnages sont enrichis au fur et à mesure de leurs apparitions dans le roman; En procédant ainsi, par petites touches, le romancier évite également la lassitude du lecteur. 

La description réaliste se fonde sur un certain nombre de théories et l’une des plus importantes consiste à imaginer des correspondances entre les éléments physiques (moustache, forme du visage, tête, corps, silhouette )  Tout d’abord quelles correspondances alliez-vous imaginer entre son portrait physique et son caractère . Quelles notations physiques vont pouvoir être choisies pour caractériser au mieux le personnage ? Va -t-il être fort, imposant, l’air sévère ou au contraire frêle, l’air doux , peureux . Allez-vous employer des connotations plutôt  positives ou négatives

Une des erreurs férquentes de vos travaux consiste à nommer des éléments que le personnage ne peut connaître comme le nom des mineurs par exemple  : si vous décidez de nommer Etienne et Maheu, il faut que vous trouviez un moyen de justifier la connaissance du personnage ; il pouvait par exemple reconnaître des cousins éloignés mais cette hypothèse demeurait moins réaliste qu excelle qui consistait à imaginer qu’il ignorait l’identité du meneur, un nouveau venu dans le village. 

En règle générale, vous avez perdu le contrôle de la description quand

  • vous avez introduit la première personne du singulier : pas de Je en point de vue interne 
  • vous avez perdu de vue la position du personnage et décrit la foule sans vous préoccuper de l’angle de vision 
  • vous avez inventé une suite non immédiate (le personnage rentre chez lui, quitte la ville, se suicide
  • vous avez inventé des détails gratuits et exagérés comme les yeux bleu saphir ou noisette très clairs ..la plupart des personnages ne sont ni des colosses ni des beautés .. Zola s’efforce de demeurer dans la norme avec des petits  détails positifs et négatifs qui souvent s’équilibrent 
  • vous avez modifié des éléments du roman 

Pour exprimer les pensées et le conflit intérieur du gendarme, vous deviez  tenter de reproduire le style indirect libre, technique mise au point par les romanciers réalistes qui consiste à mixer le langage du personnage avec l’emploi de la troisième personne du singulier et de supprimer la ponctuation du dialogue comme si le personnage se parlait à lui-même ; Tout éprise de décision du personnage devait être précédée d’arguments liés à son passé et à sa connaissance de la situation ; C’est ce qui faisait le principal intérêt de ce personnage ; Il permettait d’avoir un point de vue sur ce conflit qui ne soit pas celui d’un mineur ni d’un bourgeois mais d’un soldat, lié à la fois aux mineurs et qui veille au respect de la loi. 

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Quelques réussites : reprendre les éléments de l’émeute en les faisant commenter par votre personnage qui assiste quelque peu tendu  aux provocations des mineurs ( Bonnement qui réussit à franchir le barrage pour nourrir les chevaux, geste impudique de la Mouquette  les jets de pierre , les insultes, la tension qui monte, la mort de Maheu , les pleurs de la Maheude ) 

Quelques extraits …

 Deux lignes de gendarmes s’étendaient comme des sentinelles et leurs silhouettes  spectrales se confondaient dans le brouillard matinal  (Laura D  ) Un vent frais faisait lever le manteau de laine bleue du jeune militaire : le soleil venait à peine de se lever sur Monsoult (Ambre ) Chétif pour ses 22 ans, sa peau gardait la carnation maladive de son hérédité de mineurs privés de viande (Marie ) Il se sentait lui-même écrasé par le poids de al misère qui suintait des ouvriers (Bilal) 

Ses yeux bleus/  les mêmes que ceux de son père et de son grand-père; c’était une lignée qui portait la même marque et qu’il avait transmis à son fils âgé de quatre ans.  Ses pieds enfoncés dans des bottes de cuir pataugeaient dans un mélange de boue et de neige fondue qui rendait la terre noire encore plus collante ( Marie ) 

Il contempla la foule qui s’avançait en vociférant : une armée noire vengeresse animé par la haine telle une masse informe dont on entendait les cris avant même de pouvoir les distinguer dans le brouillard . (Sonia) Le Voreux pour lui n’était qu’un Dieu de souffrances où petits et grands descendaient en sacrifice quotidien (Caïna )  ; Quand cela cesserait -il ? 

Pour lui cette grève n’était qu’une perte de temps qui rendrait ces pauvres gens encore plus pauvres : ils ne mesuraient pas la force à laquelle ils devaient faire face ; en quoi une simple révolte pouvait-elle bien changer les choses ; Cele ne fera qu’empirer (Charline ) Oui les mineurs devaient assumer leurs revendications et aller jusqu’au bout  mais cette société égoïste et soumise au profit  était-elle prête à les entendre ? (Maxime ) Alors il vit brusquement l’un des mineurs, un homme petit et trapu, s’avancer et présenter, en déchirant sa chemise, son torse dénudé à ses collègues en criant qu’on l’abatte . La balle le visa en plein coeur et ce fut le silence . ( Ambre ) 

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Lui aussi se mit à tirer sur cette foule déchaînée, sans viser quelqu’un en particulier, juste pour se décharger de la peur animale qu’il avait emmagasinée depuis quelques heures  (Clémence ) 

Au fond de lui, cette flambée de violence ne lui faisait que prendre un peu plus conscience qu’il ne menait pas la bataille contre les bons ennemis. (Alice ) Une véritable catastrophe ! (Clémentine ) 

Il avait voulu devenir gendarme parce qu’il croyait en la justice et qu’il pensait ainsi pouvoir apaiser les conflits  : désormais il savait de toute évidence que ce métier l’exposait plus qu’il ne l’aurait souhaité. Il avait l’impression que ses certitudes s’écroulaient autour de lui ..( Léa ) Depuis son plu jeune âge, l’injustice le révoltait mais ce matin là ,il aurait tellement aimé être ailleurs, loin . (Brice ) Quelle sorte d’avenir cette société miteuse et qui craque de toutes parts réservait-elle à son fils ? (Bilal ) 

05. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Etienne découvre le travail de la sucrerie · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Il s’agissait d’écrire une description réaliste (c’est à dire d’évoquer des petits détails vrais et d’employer un vocabulaire technique précis ) à la manière de Zola mais en s’appuyant sur la découverte d’un personnage qui pénètre dans un univers inconnu; Le romancier réaliste emploie souvent ce procédé qu'on nomme soit l’oeil de l’étranger soit la fiction du voyageur car cette technique permet de faire passer pour plus authentiques et naturelles les longue descriptions à valeur informatives et documentaires qui confèrent de l’épaisseur au roman . Pour que le lecteur s’ennuie le moins possible, il faut réussir à lui faire croire que tout ce qui est présenté passe par le regard du  personnage .

Voyons dans le détail quelques points à améliorer …et rappelons les consignes à respecter pour réussir l’exercice .

 Une seconde difficulté consistait à bien traduire les sensations d’Etienne et ses pensées : ce qu’on appelle la description subjective. Certains ont même réussi à peindre un personnage en mouvement et à limiter ou à varier se sangles de vue : on nomme ce procédé la description ambulatoire; La dernière difficulté et pas des moindres consistait à conférer une dimension symbolique à cette reconstitution de l’univers de la sucrerie .

Les vraies bonnes idées et les réussites 

  • Donner un nom à la sucrerie 
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    Renaud joue Etienne Lantier 
  • Suivre les déplacements du personnage 
  • Evoquer ses doutes, ses craintes
  • Montrer que le personnage s’intéresse à ce qu’il voit 
  • Evoquer des petits détails “vrais” comme les distances,le cadre géographique, le temps qu’il fait, la chaleur, la température précise, les couleurs des cheveux, les vêtements des travailleurs , leur air harassé 
  • Utiliser un lexique très technique notamment pour décrire les étapes de la transformation du produit brut 

Les erreurs fréquentes : 

  • ne pas suffisamment tenir compte du regard du personnage
  • ne pas se montrer suffisamment précis dans la description des procédés techniques
  • se montrer trop approximatif dans le dénombrement (il faut éviter les hyperboles comme des centaines, des dizaines, beaucoup..)
  • ne pas créer   une organisation de la description (ont été valorisés les connecteurs logiques qui précisent les points de vue ou les déplacements d’Etienne ) 
  • fabriquer des sensations peu conformes au contexte (Etienne est certes peut être heureux d’avoir quitté la mine mais il ne peut se réjouir de ce nouveau cadre qui ne devait pas être présenté comme idyllique ) 
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Quelques pistes : Etienne décrit d’abord les abords de l’usine : paysage triste et froid, tombereaux de betteraves qui sont déversées et emportées pour être triées , maigreur des chevaux, efforts importants des hommes , rivière salie, bruits qui enflent ..

Une fois à l’intérieur, Etienne peut d’abord décrire selon une vue d’ensemble et se rapprocher des différents sites de production pour en détailler le fonctionnement en montrant au passage, le travail des ouvriers. La description en actions est préférable à un simple panorama statique. A chaque halte, le personnage peut donner ses sensations et glisser une marque de subjectivité qui peut correspondre à un état (il a chaud, froid, mal au ventre, peur ) ; A l’intérieur, le personnage peut montrer à la fois les limites de son champ de vision mais également les limites de ses connaissances  : il peut avoir une vue partielle à cause des vitres embuées, de la taille des murs, du manque de visibilité, de l’obscurité ou ne pas connaître le nom de certaines machines ou de certains outils; Il peut également faire preuve de curiosité et interroger les ouvriers ; Attention toutefois à ce que le dialogue ou la conversation ne viennent pas remplacer la description et rompre ainsi l’unité de point de vue . Les détails qui retiennent l’attention du personnage sont également révélateurs : Etienne observe en premier lieu travail, ensuite les ouvriers et éventuellement, comme on le voit dans Germinal, la dimension économique de l’activité de la sucrerie peut prendre une certaine importance ; ce point a été bonifié dans certaines rédactions. Le paysage ne servait que de cadre, de première approche de la réalité du travail dans l’usine et il ne fallait  pas oublier l’intérieur de la fabrique

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Le  barème d’évaluation accordait 8 points à la dimension réaliste : ont été valorisées les copies qui ont réutilisé les termes techniques des opérations industrielles de transformation de la betterave en sucre raffiné . La dimension subjective représentait un crédit de 6 points : elle évaluait votre capacité à vous attacher au regard du personnage (présence de verbes de vision ) et à ses sensations; La dimension symbolique , de loin la moins réussie , n’a du coup, été évaluée que sur 2 points . Les principaux essais ont porté sur le désert avec le champ lexical de la chaleur de l’aridité  ou sur la fourmilière avec les ouvriers affairés, l’activité incessante de ces centaines de personnes occupées à des tâches répétitives et qui semblent submergées ou au contraire très organisées.  On pouvait également reprendre l’idée du dragon qui crache le feu mais le symbole du monstre dévorateur coup,  ressemblait un peu trop au site du Voreux et semblait moins pertinent.

Les 4 derniers points évaluent le niveau de votre expression écrite; Les fautes d’orthographe, de conjugaison, les répétitions, les oublis vous font  ainsi perdre de précieux points . Dommage de ne pas se relire ou es faire relire …

 

08. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Germinal est -il un roman social et politique ? Une dissertation sur oeuvre … · Catégories: Seconde · Tags:
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Répondre à cette question consiste à effectuer une dissertation sur une oeuvre romanesque c’est à dire à rechercher dans l’oeuvre les éléments qui permettent de donner une réponse à ces deux questions ? Voilà l’exemple d’une  bonne copie d’élève de première : entrainez-vous en lisant ce travail  à repérer son introduction, les paragraphes de son développement, les arguments de sa conclusion, les citations qu’elle emploie…

Treizième volume de la grande fresque des Rougon-Macquart, erminal, publié d’abord en 1884 en feuilleton, puis en mars 1885 en volume, et qui fut un véritable succès, est écrit entre le 2 avril 1884 et le 25 janvier 1885 par Emile Zola ; Son ouvrage préparé par une enquête détaillée, montre l’affrontement des forces naturelles, soumises aux circonstances et à l’environnement social, qui gouverne le destin des personnages, des mineurs dans le roman Germinal.
Germinal expose la vie des mineurs entre mars 1866 et avril 1867. On peut y voir les conditions de vie des mineurs condamnés à une grande misère. La révolte des mineurs, grâce au personnage d’Etienne Lantier principalement, leur permet d’ouvrir une caisse de prévoyance. Tout finit par une grève contre la baisse de leurs salaires. Cela devient un vrai saccage, un massacre, que plus personne ne peut contrôler, allant jusqu’à la dégradation et à la casse de certaines fosses, jusqu’à la mort de beaucoup de personnes, sans pour autant voir, au bout du compte, leurs conditions s’améliorer. De plus, nous pouvons voir que dans la mémoire historique et culturelle, Germinal est un mois du calendrier révolutionnaire. Il est donc lié, bien entendu, au printemps, à la germination, à l’espoir, au renouveau, à l’avenir.

Nous pouvons nous demander dans quelle mesure Germinal est un roman social et politique.
Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps que Germinal traite en grande partie du social, avec la violence, la misère, la condition de vie ouvrière au XIXème siècle, et la formation de leur caisse de prévoyance. Dans un deuxième temps, nous étudierons les rapports avec
l’évolution des idées politiques sous le Second Empire, ainsi que la naissance des mouvements socialistes et ouvriers.

Tout d’abord, Germinal est un roman social. En effet, Zola l’écrit lui-même : « Le vrai socialiste n’est pas celui qui dit la misère, les déchéances fatales du milieu, qui montre le bagne de la faim dans son horreur ? », « Le peuple est en bas, dans l’ignorance et dans la boue, et c’est de là qu’on doit travailler à le tirer ».
Pour commencer, nous pouvons alors voir que la misère est grande, du fait des conditions de vie très difficiles. Nous pouvons le voir à travers tout le roman notamment parce que les logements sont étroits et inconfortables : les mineurs sont « parqués en tas » et n’ont aucune intimité. Chaque famille, peu importe le nombre de personnes, qu’ils soient quatre ou dix, dispose d’une petite parcelle de terrain avec un petit jardin qui sert de potager, et une maison ; Prenons l’exemple de la famille Maheu, composée du père, de la mère, la Maheude, de leurs sept enfants, et du grand-père ; trois lits sont dans la chambre, et dans chaque lit, deux personnes dorment ensemble, et dans le couloir du palier, le quatrième lit et le berceau sont installés, pour les parents et le bébé. Le grand-père, quant à lui, dort le jour dans un des lits des enfants. Mais ce n’est pas seulement lorsqu’ils dorment qu’ils sont entassés, puisque même quand ils se lavent, par exemple, c’est toujours les uns devant les autres :

Ensuite, nous voyons déjà au début de l’histoire que les mineurs ont du mal à « joindre les deux bouts » : la Maheude va chercher de l’aide chez les bourgeois de la Piolaine, et demande une fois de plus un crédit à Maigrat. Ainsi, lorsque la grève éclate, les mineurs comme la famille Maheu ont encore plus de mal et ressentent d’autant plus la misère que la grève éclate en plein hiver, où il fait donc très froid.. Mais il n’y a pas que les conditions de vie qui sont difficiles.

Les conditions de travail sont effroyables. Le travail des enfants est possible dès l’âge de huit ans en manufacture, et douze dans la mine. Avant de descendre dans le puits, « tous venaient prendre et emporter dans leur peau un bon coup de feu, pour braver l’humidité », qui est un des éléments les plus difficiles à supporter, avec à certains endroits, « la température [qui monte] jusqu’à 35°c ». De plus, ils ne sont pas toujours dans des positions très confortables pour travailler, puisque par endroits, ils doivent passer dans « des trous larges de trente centimètres », et être allongés pour creuser, ou agenouillés, le dos courbé ; . A cela s’ajoute l’obscurité entière au fond, et des dangers comme le grisou, les éboulements ou les infiltrations d’eau. Le travail pénible provoque un taux de mortalité supérieur dans la classe ouvrière que dans les autres classes sociales. Les mineurs ont le droit aussi à leurs propres maladies. Et leur salaire dépend de leur emploi dans la mine, de leur âge, ce qui permet au père de gagner plus que la femme et les enfants.

Enfin, la misère est aussi présente dans les rapports humains ; tout le monde exploite tout le monde. Dans les rapports amoureux, le mariage est une chose importante uniquement sur le plan financier. La sexualité est violente et vue comme une chose sans romantisme et douceur. Zola dépeint la sexualité des mineurs au XIXème siècle comme bestiale. On s’aperçoit alors dans le roman que la génération de Catherine va connaître la même misère que ses parents si certains éléments ne changent pas, car le destin se répète ; Seulement, la grève qui aurait pu éventuellement tout changer, a échoué. Zola montre tout de même que rien n’est définitivement perdu.
Comme l’a dit Zola, il y a aussi les déchéances fatales du milieu, avec la montée de la violence, qui est en partie due à une sorte de vengeance, de réaction des mineurs face à leur impuissance, puisque leur (sur)vie dépend de leur travail ; mais aussi à l’aggravation de la situation, qui provoque le mécontentement de la population. De plus, la mauvaise paie entraîne le désespoir et la colère du coron tout entier.

Tout le monde arrive au bout de ses limites à un moment où un autre du roman. La violence est à la fois collective et individuelle. Même certains enfants sont violents : Lydie et Bébert sont sous les ordres de Jeanlin, qui tuera le petit soldat Jules qui montait la garde au Voreux pendant la grève. Mais cette montée de la violence aboutit à son déferlement. Ainsi, les violences collectives sont plutôt présentes lors des réunions, comme celle au Plan-des-dames, où la violence des Hommes est comparée à celle de la nature. Lorsque les mineurs de Montsou vont détruire les autres fosses, ils s’en prennent aussi aux hommes. Ce déferlement de violence est une action de masse, les uns entraînent les autres. Etienne n’arrive plus à les contrôler. On retrouve alors l’une des principales caractéristiques des romans de Zola : la violence (sociale et économique) entraîne la violence physique (des mineurs).

Ces malheureux, à qui une étincelle pourrait rendre leur dignité d’homme, se partagent entre l’alcool et les femmes, d’après la vision sombre que nous propose Zola.
L’auteur a aussi évoqué le bagne de la faim dans son horreur. En effet, la nourriture que peuvent acheter les mineurs est assez restreinte. Les aliments le plus souvent sont du gros pain, du sel, du sucre (par exemple la petite Alzire Maheu qui suce du sucre quand sa mère ne peut rien lui donner d’autre à manger), du beurre, du fromage, et quelques légumes pour la soupe. Ils ne mangent jamais de viande. Leurs boissons se réduisent à l’eau, l’eau de vie de grain, la bière (car le vin est trop cher), et le café qui a une couleur rouille. Dans la mine, ils emportent des « briquettes », composées différemment selon les membres de la famille : le père, qui ramène plus d’argent, aura une plus grosse part, mais toutes seront faites de deux tranches de pain, du fromage et du beurre ; ils n’ont dans leur gourde que du café, parfois encore tiède. Lorsque la grève éclate, la misère et la faim sont réellement présentes. Les mineurs crient : « du pain! du pain! du pain! ». Chez les bourgeois au contraire, la nourriture est très variée. Ils ont assez d’argent pour pouvoir se payer du poisson, de la viande, des légumes, des fruits et dégustent de grands vins, tout cela à volonté. La nourriture accentue donc beaucoup la différence entre les bourgeois et les mineurs, les riches et les pauvres.
Enfin, « le peuple est en bas, dans l’ignorance et dans la boue ». L’ignorance des mineurs est très grande. En effet, même Etienne se documente et lit beaucoup de livres, ouvrages et magazines sur la société, car il a « honte de son ignorance ». Pourtant, c’est un des plus cultivés, puisque c’est lui qui fait en partie réagir les autres sur les diminutions de salaires, les caisses de prévoyanc
e. L’inculture des mineurs les amène à croire tout ce qu’on leur dit ; ainsi, que la caisse de prévoyance soit ou non une bonne chose, il suffit de leur donner quelques arguments positifs pour qu’ils soient d’accord. Ils ne chercheront pas à trouver de raisons contre. De plus, la plupart des mineurs sont illettrés, puisque certains finissent par donner leurs lettres à écrire à Etienne, en échange d’une rémunération.
L’évocation de la misère, des déchéances fatales du milieu, du bagne de la faim dans son horreur, de l’absence d’éducation, contribuent à tirer l’œuvre du côté du roman social.

Germinal est aussi un roman politique. En effet, le Second Empire voit une bourgeoisie corrompue et indifférente diriger l’économie avec la bénédiction d’un clergé réactionnaire. La bourgeoisie est la nouvelle noblesse du régime: elle est maîtresse des lieux dans Germinal et reconnait son monarque, favorise son culte (la compagnie offre des portraits de l’Empire et de l’Impératrice aux mineurs habitant le coron). Bref, elle réagit comme la noblesse devant le roi. Le Second Empire est un régime qui censure, et la censure abolit obligatoirement la liberté. Mais qui utilise aussi la force. On le voit faire preuve d’autorité en dépêchant des hommes en armes dès que les choses tournent mal ou risquent de menacer le régime. D’autre part, l’action dans Germinal commence vers 1865, en plein Empire autoritaire.

En 1865 est fondée l’Internationale en Angleterre. C’est dès cette époque que se créent les mouvements socialistes et qu’éclatent des grèves. Enfin, Napoléon III fait entretenir en France le culte de sa famille. Ainsi, on trouve comme décoration, collés aux murs couleur vert pomme, « les portraits de L’Empereur et de L’Impératrice ». Cependant c’est la compagnie qui a offert ces portraits destinés à entretenir un culte de la personnalité impériale. Bref, on constate que les mineurs se plaignent de leur situation, mais en aucun cas de leur gouvernement qui pourtant les manipule. Depuis le milieu du Second Empire, les charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais fournissaient, aux alentours de 1880, la moitié de la production française de houille. En 1884, les mineurs se mettent en grève. C’est la misère, la famine. Les ouvriers voulaient un monde nouveau, du pain pour se nourrir et des conditions de vie meilleures. Zola décide d’écrire le roman de la mine , c’est-à-dire la lutte du Capital et du Travail.
. Le noir se retrouve jusque dans la signification politique, du fait de son association au XIXème siècle, mouvement anarchiste. Ensuite, le rouge est souvent lié au thème de la violence issue de la souffrance : c’est une couleur rouge de menace. Dans ce roman, le rouge peut alors représenter « les feux des fours à coke », le signe du malheur des hommes, du travail ininterrompu et de l’exploitation. La révolte des mineurs apporte la couleur rouge au sang de Maigrat, au sang des fusillés qui va jaillir sur les deux enfants de Zacharie et Philomène comme un signe de malédiction. De plus, « le rêve de la révolte, de la vengeance, est un rêve rouge ». Le drapeau des insurrections révolutionnaires est lui aussi de couleur rouge, associé à l’image des têtes guillotinées sous la révolution française. Enfin, lorsque l’espoir renaît, à la fin du roman, Etienne quitte Montsou pour s’engager dans la lutte syndicale. Le rouge est associé à la violence individuelle et collective. Le rouge et le noir ont tous les deux un sens politique avec l’anarchisme et la révolution, Zola associe le personnage de Souvarine à la couleur noire. Mais nous pouvons constater que la dernière page du roman apparaît comme un nouvelle couleur, le vert, avec le thème de la germination, présent dans le titre. Seul ce thème permet de réunir les trois couleurs, le noir devenant le sol où germe le grain, le rouge représentant la chaleur et le soleil, conditions indispensables pour que surgisse le vert, l’espoir et la vie.

Pour conclure, nous pouvons confirmer que Germinal est une œuvre à la fois politique et sociale et psychologique. La misère, la violence, la faim, l’ignorance, les conditions de vie misérables des mineurs, la condition féminine, la dénonciation de la bourgeoisie, tout s’y trouve…
Ainsi, avec la crise actuelle (licenciements, chômage, fermetures d’usine), le roman a pris aujourd’hui une forte signification. Même si les conditions de travail et les conditions de vie des mineurs ont évolué, le roman reste d’actualité.

 

C. M.

 

06. décembre 2017 · Commentaires fermés sur La famille Grégoire dans Germinal : le confort bourgeois · Catégories: Seconde · Tags: ,
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 Dans Germinal,  Zola s’efforce de peindre la mine de charbon , le milieu ouvrier et les conditions de travail éprouvantes des familles de mineurs.Pour mieux  faire prendre conscience au lecteur du sort misérable des ouvriers, il va fabriquer des personnages de bourgeois et montrer que ces derniers vivent confortablement; leur sort va ainsi contraster fortement avec celui des prolétaires. Dans l’extrait que nous étudions et qui se situe au début de la seconde partie du roman, il s’agit de démontrer que la famille Grégoire symbolise le confort du mode de vie bourgeois . Quelle image de cette bourgeoisie Emile Zola nous offre-t-il ici ? Dans une première partie, nous étudierons l’importance de leurs possessions en commençant par leur domaine; nous évoquerons ensuite l’importance de la nourriture dans leur mode de vie et enfin nous montrerons ce qui les caractérise à la fois physiquement et dans leurs habitudes. 

Construire un commentaire littéraire, c’est avant tout fabriquer un plan efficace ; Le meilleur plan est celui qui permet de classer un maximum d’observations ; Le plan s'obtient après la phase de recherches et il répond toujours à une problématique ; On ne peut donc pas l'obtenir immédiatement mais il faut s'efforcer de le mettre noir sur blanc avant de passer à l'étape de la rédaction du commentaire; De la qualité du plan dépend en effet la clarté de la démonstration qui conduit le commentaire .  Il n’apparaitra pas sur la copie rédigée mais vous devrez le garder sou les yeux durant la rédaction de votre commentaire. 

Un plan détaillé se note  sur son brouillon avec des titres (I, II, III ou A B C ) et des sous-titres (notés 1.2.3 ou a) b) c) ; Il s'obtient en classifiant les observations relevées dans l'extrait à étudier. Dan ile passage qui nous occupe , il est question de la demeure des Grégoire, de leurs terres, de leurs potagers et de leur verger qui leur permettent de produire les plus beaux fruits et légumes de la région ; on y voit également une cuisinière, vieille domestique, préparer une brioche te un chocolat chaud à Cécile, une jeune femme qui fait la grasse matinée et que tout le monde semble apprécier; Zola décrit la maîtresse de maison avec des termes qui reflètent son embonpoint et sa naïveté et il énumère les domestiques ; La pièce la plus détaillée est l'immense cuisine qui regorge de nourriture ; 

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Tous ces éléments caractérisent le mode de vie bourgeois et il vous appartient de les réunir dans des rubriques où vous rassemblez les points qui se ressemblent ; Voilà un exemple d’organisation : 

I Les possessions des Grégoire 

1. ils possèdent des terres , un vaste domaine et une grande maison 

2. ils possèdent de nombreux domestiques à leur service dont une cuisinière 

II La nourriture au centre des préoccupations des bourgeois 

1. la cuisine est la pièce principale de la maison : elle est immense et importante 

2. ils aiment manger de bonnes choses : chocolat, brioche, bonne odeur 

3. ils possèdent de nombreuses victuailles : fruits, légumes, abondance de provisions 

III Le mode de vie bourgeois 

1. Aimer dormir : ils ne se lèvent pas tôt le matin

2. posséder de beaux vêtements : Madame Grégoire a un peignoir en flanelle 

3. leurs portraits : ils sont gras et poupins alors que les pauvres sont  généralement maigres (la vieille servante est maigre ) 

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Ce premier tableau devra être nuancé avec les précisions que fournit Zola : ils sont certes riches mais leur fortune est en déclin; ils se montrent plutôt aimables avec leur personnel et se font un devoir de venir en aide aux plus démunis; ce sont de braves gens sur certains points mais ils méconnaissent certaines réalités sociales . Ils ont été habitués à dominer et à se comporter comme les maîtres . 

Dans  d’autres passages du roman, Zola présente des éléments différents qui caractérisent selon lui le mode de vie bourgeois qu’il ne critique pas explicitement : la famille Grégoire se définit par ce qu’elle possède, un amour des bonnes choses et un certain hédonisme; celui des classes possédantes ; Les classes laborieuses elles  se définissent par un mode de vie marqué par la peur du manque d’argent, de la perte d’emploi ou du manque de nourriture. 

01. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Naissance d’un projet : Germinal ou le roman des ouvriers mineurs · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Après avoir écrit l’Assommoir qui évoque les ravages de l’alcoolisme dans la famille d’ Etienne Lantier, Zola constate qu’il n’a que peu parlé du rôle social et politique de la classe ouvrière. Il réalise en effet, à cette époque la naissance d’un vaste mouvement socialiste en Europe et il pense qu’il possède là de la matière pour un nouvel opus des Rougon-Macquart. En France la situation politique était en pleine évolution car dès 1877 la démocratie libérale permet l’essor des syndicats qui seront libres en 1884 et des partis ouvriers socialistes. En 1875 on commence à connaître les idées de l’ouvrage majeur de Karl Marx : Das Kapital, qui est traduit dans de nombreuses langues. A trois reprises , entre 1878 et 1884, des grèves éclatent et paralysent l’industrie minière du Nord de la France; A la même période, des attentats anarchistes éclatent un peu partout en Europe , en Italie, en Espagne mais aussi en Russie où les révolutionnaires anarchistes s’en prennent au Tsar ; Alexandre III qui meurt assassiné en 1881. C’est dans ce contexte politique de bouleversements qu’il faut replacer la création de Germinal. 

Zola, en effet, est très attentif à l’actualité politique nationale et internationale. Le nihiliste devient un personnage littéraire à la mode et de nombreux romanciers en font un des héros de leurs romans : la figure de Bakounine est dans l’ombre du personnage fictif Souveraine . Tout au long de son roman, l’auteur s’efforce de décrire avec une précision documentaire le mode de vie des ouvriers et en même temps, il prédit sur un mode visionnaire des bouleversements sociaux et politiques. Pour Zola la classe ouvrière  est en train de fermenter et peut suivre deux voies : le socialisme révolutionnaire soit marxiste soit nihiliste. Lorsqu’il commence à évoquer son projet romanesque, il pense à mettre, dans le rôle du héros un “ouvrier d’insurrection ” mai peu à peu, il élargit cette figure et Etienne apparaît davantage comme un prolétaire que comme un véritable révolutionnaire ; La grève a été choisie car elle offre au romancier des situations dramatiques qui peuvent ainsi donner aux faits décrits le relief nécessaire .

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Les mineurs sont alors au centre des media: la Chambre des députés étudie les textes législatifs qui réglementent les conditions de travail dans les établissements miniers français; On parle également beaucoup dans les journaux des grèves des mineurs. De plus, durant l’été 1883 alors en vacances en Bretagne, Zola fait la connaissance du professeur Giard qui enseigne les sciences à Lille et qui occupe la charge de député de gauche . Ce dernier invite Zola à venir voir par lui-même dans le Nord, comment vivent les mineurs . En janvier 1884, Zola avait parlé de son projet à Edmond de Goncourt qui note alors dans son Journal : ” Il serait plus porté à faire quelque chose se rapportant à une grève dans un pays de mine et qui débuterait par un bourgeois égorgé à mort. Puis le jugement, des hommes condamnés mort, d’autres à la prison . Et parmi les débats du procès,l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale. ” Le titre est déjà trouvé en référence au calendrier révolutionnaire ; ce sera Germinal. 

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L’imaginaire de l’écrivain est empreint de violence et il représente ces soulèvement populaires avec une grande cruauté et parfois pour donner au lecteur bourgeois un frisson de terreur; A cette époque, nombreux sont les auteurs qui partagent l’idée que la misère peut mener aux crimes les plus sauvages. On y voit des maisons attaquées à coups de pierre, des meurtres qui s’accompagnent de violence animale comme la castration de l’épicier Maigrat ; Mais cette flambée de violence a été préparée dans le récit par un ensemble de circonstances; En effet, les romanciers réalistes prennent la peine de motiver les actions de leurs romans ; Pour préparer ce soulèvement des mineurs, Zola a commencé à noter leurs conditions de vie déplorables , la dureté de leur labeur, leurs salaires misérables, les vexations qu’ils subissent de la part de leurs employeurs qui les infantilisent ; Pour décrire ce quotidien des mineurs, il est allé séjourner à Anzin ; 

En 1884 éclata la grève des 12000 mineurs d’Anzin,  une petite localité près de Valenciennes; A cette occasion, Zola  se rend au coeur du pays minier ; Reçu par le directeur de la mine il parcourt les installations des bassins , descend au fond de la fosse Renard à moins 675 mètres sous terre sous la conduite d’un ingénieur; Minutieusement, il reconstitue les moindres détails du travail des mineurs et note au jour le jour se impressions; il a cru étouffer dans les galeries et a été surpris par le passage d’un cheval blanc qui tire une berline (il transformera cette anecdote en un émouvant passage du roman: la descente de Trompette accueilli par le vieux  cheval Bataille ) ; Zola se fait expliquer l’extraction, le criblage, et écouté esse témoignages des mineurs qui évoquent le coup de grisou, la fatigue, la terreur d’être enterré vivant au fond. 

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Dans ses notes , Zola détaille les tâches de chaque métier : porion, herscheur, cribleur, galibot; Comme un ethnographe, il entrait chez les familles de mineurs avec son petit carnet à la main et prenait inlassablement des notes sur ce qu’il voyait ou entendait. L’aspect misérable de l’habitat ouvrier l’a profondément marqué et il dépeint un coron noir, triste, et sale. Il se renseigne également sur les distractions préférées des mineurs : les quilles, les cartes; Examine l’air fatigué des femmes, commente les amours libres des filles et conclut fin février qu’il s’agit “d’un pays superbe pour le cadre de mon bouquin ” ; Fasciné par l’espace industriel et sa curieuse géométrie, Zola pense au parti qu’il va pouvoir en tirer pour les grandes descriptions de Germinal. 

En mars 1884, quand il rentre à Paris, le romancier a la nette impression que les périls s’accumulent et que la montée de l’irritation ouvrière est inévitable : Lorsque son roman est publié, certains journaux conservateurs parlent de diffamation de la société française et accusent Zola de salir l’honneur des honnêtes travailleurs, une population houillère “si douce, si calme,si honnête , si attachée à son travail pénible .”  ; Zola se défend en disant qu’il a atténué la réalité de ce qu’il a pu voir sur place. 

01. décembre 2017 · Commentaires fermés sur La décision d’Etienne dans Germinal (fin de la première partie ) · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Etienne Lantier, machineur au chômage, est le héros de Germinal; Fils de Gervaise Lantier , une ouvrière parisienne qui a sombré dans la misère et dans l’alcoolisme , il  arrive dans le Nord de la France et tente du trouver du travail; Avec ce personnage étranger , Zola utilise un procédé réaliste appelé “l’oeil de l’étranger ” ou la fiction du voyageur étranger “; Cette technique permet à un écrivain de donner un maximum de détails au lecteur sur la région et les gens qui apparaissent dans le roman en prétextant que le héros a besoin de ces renseignements . L’écrivain nous donne ainsi à voir l’univers de la fiction par les yeux et le point de vue de ce personnage qui va de découverte en découverte, et à qui il est nécessaire de tout expliquer. C’est par ce biais que les romanciers réalistes motivent leurs descriptions qui sinon pourraient paraître fastidieuses ou inutiles aux yeux du lecteur pressé de découvrir l’ avancée de l’intrigue . 

(fin de l’introduction ; situation de l’extrait , problématique retenue et plan d’étude du commentaire ) Le passage que nous étudions se situe à la fin de la première partie du roman; Le personnage d’ Etienne contemple alors longuement le paysage à la fois campagnard et  industriel qu’il a sous les yeux et ses pensées semblent flotter au gré de sa contemplation. Nous nous demanderons comment Zola organise cette description qui fait écho à l’arrivée d’Etienne  en pleine nuit au début du roman : nous verrons dans un premiers temps les caractéristiques réalistes de cette description avant d’en étudier les marques de la subjectivité qui rendent compte du regard du personnage. 

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La description commence par le canal : Zola utilise ici une toponymie réalisé avec la mention de la Scarpe  qui serpente entre le Voreux et Marchiennes ; cette rivière sert de convoyeur pour le minerai et du coup elle est transformée par cette utilisation industrielle; d’abord on note qu’elle a été canalisée pour les besoins du transport : décrite ave des accents poétiques comme la métaphore “ruban mat” , elle est surtout longue de deux lieues et au moyen d’une métaphore, Zola l’identifie à une avenue bordée d’arbres; On note que ce procédé est fréquent dans le roman: le romancier mêle les éléments naturels dans une sorte de mélange dans lequel ils ont tous des éléments communs. La terre est décrite comme le ciel : la route se change en mer et ici la rivière est qualifiée d‘avenue . On retrouve ainsi , à la fin du premier paragraphe, la rivière assimilée à une grande route : “une eau géométrique ..charriant la houille et le fer ” Zola semble ici montrer la transformation du paysage naturel en paysage industriel sous la main de l’homme soucieux d’utiliser au mieux  les voies de transport que lui offre le site;

La description est très précise et comme souvent mentionne des petits détails qui ont comme effet d’augmenter l’authenticité de l’ensemble : ainsi l’arrière des péniches est qualifiée de vermillonné, presque un terme pictural ; De même les mouvements sont précisés :  le canal fait un coude et coupe de biais les marais; 

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vêtements des ouvriers au séchage 

Enfin la description est progressive comme l’indiquent les verbes de perception visuelle : “les regard d’Etienne remontaient du canal au coron “et l’écrivain semble la limiter à l’angle de vue permis par la position du personnage : “il distinguait seulement les tuiles rouges ” Ce procédé qui consiste à limiter la description à un champ de vision fait partie également des techniques de description réaliste et peut être rapproché de ce qu’on nomme la description subjective qui elle nous fait part des sensations et des sentiments du personnage observateur . 

Ce paysage est vu par le regard du personnage : Etienne regardait et semble surpris de ce qu’il voit ; ses regards se déplacent et permettent une sorte de panoramique du paysage industriel ; Les tas de briques lui semblent énormes , on entend un wagon qui jetait un cri aigu; Zola personnifie ici les objets pour faire entendre ce grincement dans lequel on pourrait identifier les cris de douleur des hommes . 

On retrouve également à la fin du paragraphe, le puits comparé à un monstre avec son “haleine grosse et longue ” et l’image de l’ogre confirme ce que nous avions déjà pu deviner ; L’écrivain utilise ces métaphores récurrentes  pour évoquer la dangerosité du travail des mineurs : les hommes qui descendent sous terre prennent le risque d’être dévorés comme des proies par un Dieu cruel : “ce dieu reçu et accroupi, auquel dix mille affamés donnaient leur chair sans le connaître ; ” ce dernier point pourrait faire référence à l’anonymat des actionnaires qui se partagent les bénéfices des compagnies minières et nomment à leur tête de simples salariés pour les diriger . 

Le personnage du héros se trouve face à un choix: il n’est plus tout à fait un inconnu et le romancier rappelle le chemin parcouru depuis son arrivée : “ce n’était plus l’inconnues ténèbres ” ; Peu à peu son regard se familiarise avec ce qu’il voit et sa connaissance des réalités industrielles fait disparaitre certains côtés qui pouvaient sembler fantastiques au départ : “les tonnerres inexplicables ” sont devenus les bruit des pompes d’extraction des puits et les “flamboiements d’astres ignorés” tout simplement les lampes qui servent à guider les hommes qui vont au travail ; 

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Etienne prend alors la décision de rester et le romancier la motive en fournissant deux hypothèses qui vont créer l‘horizon d’attente du secteur pour la suite du roman: les yeux clairs de Catherine laissera supposer une histoire d’amour entre ces deux personnages mais la véritable raison avancée par Zola c’est “le vent de la révolte, qui venait du Voreux ”  ; Le personnage est déterminé à “souffrir et se battre ” pour ces gens auxquels il songe “violemment ” On note ici que par une sorte de glissement l’adverbe  violemment indique tout autant la force de la pensée d’Etienne et la violence qui est  jusque là contenue dans le personnage mais qui ne demande qu’à éclater. 

En conclusion ce passage descriptif  a plusieurs fonctions essentielles : d’abord il nous montre la transformation des paysages naturels sous l’effet de l’industrialisation et  ensuite il précise l’évolution du personnage et laisse entendre au lecteur que le combat peut désormais  commencer : le héros semble prêt à relever le défi et l’action principale du roman est enfin lancée : ce vent de révolte suffira-t-il à faire trembler la terre ? 

Plan détaillé 

I Une description réaliste 

1. le canal au centre

2. les petits détails

Transition : un paysage industriel 

II Une description subjective

1. la vision d’ Etienne 

2. un regard plus familier 

l’annonce de la révolte 

11. novembre 2017 · Commentaires fermés sur Atelier d’écriture : lettres jamais écrites · Catégories: Seconde
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Estelle Savata : le metteur en scène 

Ce vendredi 10 décembre, la classe de seconde 4 et la classe de seconde 1 ont pu assister à la représentation théâtrale à l’Orange Bleue d’un spectacle de la Compagnie Hippolyte a mal au coeur interprété par un duo de comédiens qui nous ont fait vivre la situation suivante ; des adolescents ont écrit des lettres qu’il n’ont jamais envoyées: lettres à un père, un grand-père, une mère, à Dieu, à son futur moi,; une jeun fille a écrit à la jeune fille timide qu’elle était deux ans plus tôt; un jeune homme a écrit à son futur fils. Ensuite, chaque lettre a été envoyée à un auteur qui devait y répondre et la metteur en scène a ensuite mélangé les lettres écrites par les jeunes et les réponses reçues ; Pour chaque lettre , les comédiens ont ébauché une mise en scène et avant le spectacle, les lettres choisies par le public sont distribuées aux jeunes présents dans la salle . Certaines lettres étaient émouvantes, d’autres drôles et parfois tristes aussi ; à vous de vous transformer en épistoliers mais à travers la fiction …

A votre tour, vous allez inventer une correspondance fictive entre les personnages du roman; sur des feuilles  de couleur , vous allez devoir imaginer les échanges entre les différents protagonistes de l’orangeraie . Attention, vos lettres devront parfaitement coïncider avec les événements décrits dans le roman ! Il ne faudra modifier ni la chronologie des événements, ni les lieux ni les relations entre les personnages mais vous pourrez inventer des secrets de famille et révéler des moments qui ne sont pas décrits dans le roman.

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Quelques règles d’écriture à respecter; Choisissez d’abord un  personnage du roman et un seul ; vous avez le choix par ordre alphabétique …Amed, Aziz,  Dalimah, Dieu, Dodi, Hamil, Kamal,  Mickael,  Moni,Mounir, Naliffa, Tamara, Shahina,  Sony, Soulayed, Zahed..;vous pouvez aussi nommer et inventer les personnages suivants ; un médecin à l’hôpital, l’esprit du jardin, le fantôme de la grand-mère, les esprits de la maison ou de la terre ou du jardin, le psy que va se décider à consulter Amed/Aziz, la femme de Mikaël.. vous pouvez également me soumettre d’autres suggestions en classe !

Quand vous avez choisi votre personnage qui sera donc l’expéditeur de la lettre, vous allez adresser cette lettre à un autre personnage du roman : le nom de l’expéditeur et celui du destinataire figureront sur l’enveloppe dans laquelle chaque lettre sera glissée ; ensuite, vous récupérerez la lettre écrite par votre destinataire et vous lirez sa réponse; Alors, à votre tour, vous pourrez également répondre à celui qui vous a écrit ;

Les lettres seront manuscrites et  limitées à 250 caractères soit environ 20 lignes . Le style que vous utilisez doit être le plus proche possible de celui que vous avez découvert dans le roman : il s’agit donc à la fois d’un exercice d’invention mais aussi d‘imitation. 

25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Fiche de lecture Germinal · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Maheu et Etienne côte à côte

Résumer une oeuvre de  cette ampleur n’est pas une chose simple et souvent le résumé de l’action ne suffit pas à caractériser le roman ; Un auteur utilise en fait une intrigue et des personnages pour révéler sa vision du monde et alerter le public sur certains points qui le choquent dans la société ; On dit alors qu'il se sert du roman pour révéler sa vision du monde et que ce sont ses idées qu'il enrobe d'une fiction de manière à les rendre plus accessibles au public. A travers le résumé, las personnages et les idées véhiculées dans le roman, la fiche suivante détaille l'essentiel du sens de l'oeuvre . 

Les thèmes principaux sont en gras dans l’article ci-dessous. 

1.RÉSUMÉ

Renvoyé de son travail à Lille à cause de ses opinions socialistes, Étienne Lantier est embauché dans les mines de Montsou. La misère des prolétaires s’oppose à l’insolente richesse des actionnaires de la Compagnie des Mines, qui veut baisser encore les salaires, et briser toute tentative syndicale, en s’en prenant à Lantier. Celui-ci réussit à soulever ses camarades, mais la Compagnie laisse pourrir la grève, comptant sur la faim et le froid de l’hiver pour obliger les mineurs à reprendre le travail. La révolte des mineurs affamés est arrêtée par les militaires, qui ouvrent le feu. Les travailleurs retournent à la mine, mais Souvarine, ouvrier nihiliste* russe, réussit à inonder la fosse. Lantier assiste à la mort de Catherine qu’il aimait. Aidé par les équipes de sauvetage, il regagne la surface, avec l’espoir de la germination future de révolutionnaires nouveaux. (d’où le symbole du titre Germinal ) ; D'après vos connaissances, peut-on dire que Germinal est un roman utopique

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2:PERSONNAGES

Étienne Lantier est le fils de Gervaise, l’héroïne de L’Assommoir, dont il a dû connaître la déchéance. Il est le ferment révolutionnaire parmi le peuple : la Compagnie l’a bien compris, elle qui s’en prend à la caisse sociale qu’il dirige. C’est le héros de la fraternité révolutionnaire. Il s’oppose en cela au mécanicien nihiliste* Souvarine. Lantier est  inspiré par le socialisme de Marx ; Souvarine est l’Exterminateur solitaire inspiré par le socialisme anarchiste de Bakounine. Ayant vu la mort de sa femme, tuée sous ses yeux, cet homme sombre croit devoir tout raser pour reconstruire un monde meilleur. Étienne trouve en la famille de Toussaint Maheu des amis et des alliés : contrairement à Gervaise qui mourait désespérée, inconsciente et déchue, la Maheude prend conscience de la nécessité du combat. Catherine, sa fille, est aimée de Lantier. Leur union, au fond de la fosse inondée, auprès du cadavre flottant de Chaval, que Lantier a dû tuer, est une scène éprouvante. Mais le vrai héros du roman, c’est la foule, le peuple des mineurs.

3:UN ROMAN SOCIAL

Germinal est le fruit de l’enquête minutieuse que Zola, journaliste, a menée sur le terrain des mines du Nord, à l’occasion de la grève générale d’Anzin. La précision de l’observation sociale fut encore confirmée, bien longtemps après, car les choses n’avaient guère changé, par Maurice Thorez, ancien mineur, et secrétaire général du parti communiste. Face à la misère  et à la crasse des ouvriers, Zola n’oublie pas de peindre l’hypocrisie bourgeoise des actionnaires et des nantis, leur mauvaise foi et leur bonne conscience révoltante, à une époque où, le directeur touchant quarante fois plus que ses ouvriers, les profits de la mine ne cessaient d’augmenter. Le luxe des Hennebeau s’accorde à la fainéantise des Grégoire pour contraster avec la misère te le courage des familles ouvrières 

4:UN ROMAN À THÈSE

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Germinal est pour les mineurs  le roman de l’apprentissage politique. En effet, les passions individuelles s’effacent ici derrière la nécessité collective de s’engager. La rivalité amoureuse de Lantier et Chaval, par exemple, est reléguée au second plan. De là à faire de ce roman social un roman à thèse, il n’y a qu’un pas. En effet, Germinal est le roman de la lutte des classes et de la misère ouvrière, l’éveil du monde du travail à la conscience de ses droits. Il ne s’agit plus ici de cette liberté abstraite pour laquelle on se battait en 1848. Cette fois, on se bat pour manger, et pour survivre : le salariat est devenu la forme moderne de l’esclavage. La révolution industrielle nécessite donc une révolution sociale. En tout cela, Germinal s’oppose à L’Assommoir, dont il est le pendant positif. À la dépression sociale de Gervaise dans L’Assommoir répond l’espoir d’Étienne Lantier dans Germinal, malgré la répression féroce : quatorze morts, vingt-cinq blessés. Germinal est donc un éloquent réquisitoire, un formidable « J’accuse » contre le Capital. Quelle thèse y défend Zola ?  

5 :UN ROMAN VISIONNAIRE

Le génie de Zola triomphe de ses principes. Le naturalisme de sa prose, une fois de plus, est dépassé par les visions d’une vaste épopée mythologique. Au Capital, dieu impersonnel, présent partout, visible nulle part, répond la masse épique* des travailleurs, dont la foule grondeuse est montrée par l’auteur en une large fresque, cette « vision rouge de la révolution », au vacarme tonnant des gros sabots sur la terre dure. La fosse du Voreux est un monstre puissant, et le puits qui à la fin coule à l’abîme semble une apocalypse, ou une apothéose, selon la perspective. Lantier qui tente de sauver Catherine pour la ramener vers la lumière est un nouvel Orphée, ayant abandonné sa lyre élégiaque pour entonner le chant plus à propos de l’Internationale. Il y a du Dante dans cette vertigineuse et moderne descente aux enfers. Le lamento des corons obscurs est éclairé par l’étoile de l’espoir, cette germination future. La leçon des ténèbres débouche sur une vision poétique et prophétique : « Ce roman, dit Zola, je le veux prédisant l’avenir. »