25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Germinal: parcours de lecture · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Germinal est le treizième volume de la série des Rougon-Macquart , cycle imaginé par Zola pour décrire l’histoire d’une famille sous le second Empire ; comme dans chacun des romans qui forment ce cycle, l’écrivain choisit un héros, un membre de la famille , et il le place dans un milieu qu’il découvre ; Dans Germinal, il s’agit de révéler la dureté des conditions de vie des mineurs de charbon dans le Nord de la France; Nous allons donc , à la suite d’Etienne Lantier, être plongés dans la misère des existences de ces familles qui se tuent au travail pour des patrons souvent ingrats ; Nous découvrirons les premiers combats sociaux et les revendications ouvrières de cette fin du dix-neuvième siècle et nous verrons également quels antagonismes fracturent la société de cette époque où la lutte des classes s’installe avant même que cette notion soit théorisée par Karl Marx . Pour découvrir cet univers souterrain , je vous propose de suivre Etienne … 

Au fur et à mesure de votre lecture, vous allez reconstituer le parcours d’Etienne Lantier; D’abord vous préciserez quelle est sa position dans l‘arbre généalogique de la famille Rougon-Maqcuart; Né Lantier, il est le fils d’une certaine Gervaise et il a plusieurs frères et soeurs qui vont devenir les héros d’autres romans ; 

 Ensuite, vous allez devoir rédiger une sorte de journal de bord du personnage ; Vous allez, en effet, essayer de résumer l'intrigue en notant ce qu'Etienne a vu ou entendu et en essayant de situer ces différents événements les uns par rapport aux autres . Soyez le plus précis possible et ajoutez des dates même approximatives.  Le roman débute par l’arrivée d’Etienne : résumer ces premières impressions, et noter au fur et à mesure les gens qu’il rencontre, les endroits où il se rend; Locataire chez les Maheu, il va travailler à la mine et se lier avec différents personnages ; A la fin du roman, il repartira: combien de temps est-il resté? qu’est-ce qui l’a marqué ? 

Votre journal de bord sera rédigé à la première personne du singulier et contiendra des notations de dates, de lieux, des actions ou des événements précis mais vous pourrez également y inscrire les pensées du personnage; Est-il réellement amoureux de Catherine? A-t-il de la pitié ? de la colère ? Veut-il changer le monde ? Vous pouvez utiliser , par exemple, un cahier de brouillon, pour rédiger ce journal d’Etienne; N’oubliez pas d’y noter les numéros des chapitres afin de pouvoir vous repérer plus facilement dans l’intrigue. Vous aurez également plus de repères si vous notez certaines pages qui vous paraissent importantes dans l’évolution du personnage d’Etienne. Je vous conseille avant de commencer de prendre connaissance des vidéos suivantes .  Vous pouvez également aller directement sur you tube et consulter le site mediaclass. Un QCM sera mis en ligne prochainement sur cette vidéo…

25. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Portrait naturalistes : l’influence du milieu dans Le ventre de Paris de Zola · Catégories: Seconde · Tags: ,

 Le roman de Zola Le Ventre de Parisa pour cadre le vaste marché des Halles où viennent se ravitailler les Parisiens.  Lisa Macquart ,  la charcutière, Louise Méhudin la poissonnière , La Sarriette, vendeuse de fruits et Mademoiselle Saget , la commère du quartier   sont quatre des personnages féminins qui font plusieurs apparitions et occupent des rôles de premier et de second plan dans Le Ventre de Paris , troisième volume de la série des Rougon-Macquart. Pour décrire ses femmes, Zola utilise les techniques du roman naturaliste et notamment il met les éléments physiques en relation avec le milieu dans lequel ces personnages évoluent.

Le cadre du roman est composé des Halles , le plus grand marché de Paris et ces femmes sont souvent montrées en action, en lien direct avec leur travail et leurs gestes quotidiens; Dans Germinal, Zola montre également les personnages dans la mine, occupés à travailler et en liaison avec leur cadre de vie.

Lisa et Louise, les deux rivales ,  ont une forme de beauté  inquiétante et leurs proportions mettent mal à l’aise le narrateur qui se montre également sensible à leur environnement; Ainsi Lisa se confond avec les plats qu’elle dispose dans la vitrine de la charcuterie et les termes qui sont employés pour la décrire pourraient correspondre à ceux qui qualifient la beauté d’une viande : “ce jour là, elle avait une fraîcheur superbe ”  et Zola évoque même sa “forte encolure “, vocabulaire qui correspond à la description d’un animal, d’une vache ou d’un cheval, par exemple. Lisa est donc au final une belle charcutière et sa poitrine, attribut féminin et sensuel par excellence,  ressemble à un  “ventre “; La comparaison est peu flatteuse et on retient surtout de ce portrait ambivalent l'image de la "reine empâtée” qui sourit. Son “cou gras” à la ligne 17  et ses joues rosées font vraiment penser aux colorations des jambons; ce lien entre le personnage et son cadre de vie  apparaît très fortement également dans le portrait de Louise, la belle Normande. Son métier de poissonnière lui confère un “parfum persistant” (l 12) qui évoque la “fadeur des saumons” “les âcretés des harengs et des raies” (l 16) et cette odeur qui l’imprègne, incommode fortement Florent le héros: “Florent souffrait ; il ne la désirait point; “il la trouvait irritante, trop salée, trop amère, d’une beauté trop large et d’un relent trop fort” ( ligne 22)  Quand Zola décrit ce que ressent ici le personnage, on pourrait penser qu’il décrit la mer et non pas une femme . Dans les deux cas, Florent se montre intimidé et le narrateur ajoute qu’il “ne savait pas regarder les femmes” (ligne 3 ) ou qu’il les traitait “en homme qui n’a point de succès auprès d’elles”  On pourrait presque dire que Florent se sent écrasé, menacé par leur carrure imposante et leur grosseur . Dans le monde des Halles, elles font partie des beautés grasses alors que Florent fait partie du clan des maigres comme Mademoiselle Saget par exemple.

Lorsqu’on compare le portrait de la Saget et celui de la Sarriette, on peut tout d’abord remarquer que l’une éveille le désir et la sensualité alors que l’autre exprime , à la fois la sécheresse du corps et du coeur. La Sarriette est décrite en harmonie avec un verger et les qualités des fruits de son étal, se retrouvent dans ses traits physiques : “à peine mûre et toute frâiche de printemps” ligne 9, on a presque envie de la croquer comme on croque un fruit ; elle évoque clairement  l’idée d’une tentation charnelle : “elle inspirait des envies de maraude “ligne 10 et le mot volupté fait penser à l’amour  qu’elle inspire: “ses ardeurs de belle fille mettait en rut ces fruits de la terre” ; tout, en elle matérialise la sensualité et les fruits caractérisent chaque partie du son corps dans une sorte de correspondances: “les lèvres” font penser aux cerises et à des baisers rouges ; les seins aux pêches et sa peau a la finesse de celle d'une prune . Son sang est même comparé à la groseille (23) . La vieille marchande affreuse  qui travaille à côté d’elle, sert de contrepoint pour faire ressortir la beauté de la Sarriette; cette sensualité s’accompagne d’odeur enivrantes : les arômes des fruits se mélangent pour former un parfum qui est qualifié “d‘arôme  de vie” ligne 28 et les effets de ce parfum sont perceptibles : ils évoquent des “griseries d’odeurs” et cela tourne la tête de la jeune femme.  Aucune sensualité dans le portrait de Mademoiselle Saget bien au contraire  mais un portrait réaliste, lui aussi , qui montre à la fois les détails physiques et le lien avec le milieu. Cette commère détestée par tous, ne vit pas dans un monde de couleurs mais en noir et blanc avec sa “face blanche au fond d’une ombre sournoise”  (ligne 7) ; Ses vêtements sont aussi caractérisés par l’absence d’éclat : “robe déteinte” “cabas noir” jusqu’au chapeau de paille qui lui aussi est noir (ligne 6) ; véritable langue de vipère, Mademoiselle Saget passe son temps à espionner le quartier et les gens la redoutent (ligne 19) ; A son approche, les conversations cessent et Zola la montre constamment en mouvement “tout le long du jour”  (20); Elle rôde à l’affut des moindres rumeurs et semble tout connaître de ses voisins jusqu’aux moindres détails ; “jusqu’à dire le nombre de chemises qu’ils faisaient blanchir par mois” . Le danger que constitue cette faiseuse d’histoires se lit à son ” ombre sournoise” et à son sourire pointu . (lien 9) ; Elle inspire de la défiance et les gens s’interrogent à son entrée alors que la Sarriette inspire du désir et de l’envie.

En résumé, les portraits des  personnages dans les romans réalistes sont toujours en lien avec le milieu dans lequel ils évoluent car les personnages reflètent ainsi un partie du monde qui les entoure; On appelle cette théorie le déterminisme

18. septembre 2017 · Commentaires fermés sur Prévert dénonce la misère dans son poème · Catégories: Seconde
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Prévert devant sa caricature 

Jacques Prévert est un poète et scénariste parisien  né en 1900 à Neuilly-sur-Seine, et mort en 1977 . Auteur d’un premier succès, le recueil de poèmes, Paroles, il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et appris dans les écoles françaises. Il a également écrit des scénarios pour le cinéma et il est l’auteur de répliques cultissimes pour les cinéphiles . Dans La grasse matinée, poème au titre ironique, il dénonce les débuts de la société de consommation qui met sous les yeux des plus pauvres des biens qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter; Ce qui pour Prévert les mène au crime. Il souligne ainsi le danger des inégalités de richesse.

17. septembre 2017 · Commentaires fermés sur L’orangeraie : un conte philosophique à découvrir · Catégories: Seconde
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Larry Tremblay est un auteur canadien qui écrit pour un jeune public auquel il cherche à faire comprendre les enjeux du mode contemporain. Evoquer la guerre dans un cadre romanesque n’est jamais chose facile et parfois, les livres d’histoire ou les documentaires rendent bien mieux compte de la réalité que les livres qui sont des fictions ; Cependant les récits nous font vivre davantage d’émotions car il nous transportent , par l’intermédiaire justement  de la fiction, à l’intérieur d’un univers où nous avons l’impression de ressentir ce que ressentent les personnages; En tant que lecteur, nous avons ainsi  l’illusion d’être non pas de simples spectateurs des faits décrits mais de les vivre à travers notre esprit, de partager les émotions des personnages , ces “êtres de papier“. Partons ensemble à la découverte des personnages de l’Orangeraie et de leur auteur ..et découvrons le pouvoir de l’illusion romanesque  

 

Il était une fois dans un pays indéterminé,  deux jumeaux âgés d’une dizaine d’années : Aziz et Amed qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau dans le désert ; Shahina leur grand-mère ne parvient pas à les distinguer et d’emblée, le récit s’ouvre sur une double piste : la gémellité et l ressemblance des enfants et  la tragédie de la mort des grand-parents , tués par le bombardement de leur maison. “un jour il y’ aura du sang ” avait prédit Shahina..p 13

 Premier chapitre : 13/21 Les enfants vivent avec leurs parents Zahed et Tamara loin de la ville ; Ils n’ont ni voiture, ni confort et Zahed cultive un champ d’orangers . Trois jours avant la tragédie qui va frapper la famille sous la forme de l’explosion

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d’une bombe, Zahed emmène Aziz qui se tord de douleur à l’hôpital de la grande ville : a priori, on lui annonce une mauvaise nouvelle mais il la cache à son fils; On devine  à certains indices qu’il s’agit d’une maladie grave ; Le père a les poings crispés, un regard qui fait peur et parle en cachette de son fils avec le médecin.  A l’hôpital, Aziz a rencontré une petit fille malade elle aussi qui se prénomme Naliffa et qui va jouer un rôle important dans la suite de l’histoire.  Le lecteur peut deviner qu’elle n’est pas vraiment rentrée chez elle …Un nouveau personnage fait son apparition p 18 , la soeur de Tamara, Dalimah ; Cette dernière vit en Amérique et incite Tamara à venir la rejoindre , dans ce pays où il n’y pas de guerre ; La guerre est un personnage important du roman et on devine sa présence tout au long du récit. D’ailleurs Dalimah a épousé un ennemi, un homme de l’autre camp et Zahed l’a reniée: il ne veut pas être souillé par un contact avec elle qu’il considère comme impure. On perçoit l’arrière plan religieux du conflit : Dieu seul le sait , répètent les mères à leurs enfants : “c’est comme ça depuis la nuit des temps ” 

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Le second chapitre débute avec l’arrivée des hommes armés: l’hostilité de la mère est perceptible et elle cherche à protéger ses enfants. Ces guerriers barbus sont des combattants qui veulent venger  la mort des parents de Zahed : le contexte évoque la Palestine , le conflit qui l’oppose à Israel et les guerres islamiques en général . Soulayed est  présenté comme un homme pieux, instruit qui appelle à la vengeance  “ La vengeance est le nom de ton deuil Zahed ” Il prédit un avenir terrible ; leurs ennemis envahiront leurs terres, tueront les femmes et feront des enfants des esclaves ; Crois-tu que Dieu va permettre ce sacrilège  ? Soulayed  a déposé une ceinture d’explosifs et exige que Zahed sacrifie à Dieu pour mener ce combat, un de ses deux fils. 

Chapitre 3 : la prière de Tamara …elle s’ adresse respectueusement à Dieu ; Que lui demande-t-elle ? 

27. mars 2017 · Commentaires fermés sur Autour de la peine de mort : analyse de Dead man walking.. · Catégories: Seconde · Tags: ,
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En 1995, Tim Robbins décide d’écrire un scénario à partir d’un  synopsis qui provient d’un livre rédigé par une religieuse Soeur Héléne Préjean  qui retrace son expérience d’accompagnement d’un prisonnier condamné pour le viol et le meurtre de deux adolescents et  condamné à mort par l’état de  Louisiane. Le titre fait référence aux paroles du gardien lorsque Matthew  Poncelet se dirige vers la chambre d’exécution:  il annonce officiellement “c’est la marche du mort” ; Auparavant soeur Hélène, qui était devenue sa conseillère spirituelle et qui demeura avec lui le dernier jour de sa vie, lui avait interprété un cantique (chant religieux ) où il est également question de marcher vers la mort sans avoir peur . Ce film n’est pas un simple plaidoyer contre la peine de mort: il enseigne aussi la valeur de l’amour et du pardon.

Le film débute par un portrait en actions du personnage de soeur Hélène Préjean: on la voit souriante et occupée à aider les enfants et les femmes de la communauté noire de son quartier alors qu’elle-même est issue, comme on le verra au cours d’un repas de famille, d’un milieu social beaucoup plus favorisé. Cette femme se caractérise par une bonté et un dévouement hors du commun et un désir très marqué d’aider son prochain et particulièrement les plus démunis; C’est sous cet angle que le spectateur comprend son engagement aux côtés du condamné Matthew Poncelet, accusé d’avoir sauvagement violé et tué un couple d’adolescents sans histoire, deux enfants qui faisaient la joie et la fierté de leurs parents et qui étaient promis à un bel avenir. Leur mort atroce paraît d’autant plus injuste et les images que le réalisateur choisit de montrer en montage alterné au moment où Porcelet va être exécuté , tendent à superposer les destins des victimes et celui du tueur; Il a certes ôté la vie et s’est montré inhumain mais sa mort décidée par la société le met dans la même position que les victimes ; la caméra filme ici en plongée les corps des adolescents qui forment une croix et celui du condamné sanglé sur la table . 

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Le condamné “crucifié”

.Le spectateur s’attache rapidement au personnage d’Hélène incarné par l’actrice Susan Sarandon et il la découvre , au début du film,malmenée par l’aumônier principal de la maison d’arrêt qui lui reproche de ne pas porter l’habit religieux; A travers ce personnage sévère , le réalisateur montre deux conceptions de la religion chrétienne qui s’affrontent : l’une, rigoriste et intransigeante , est basée sur la loi de l’Ancien Testament qui préconise la vengeance et la châtiment pour les fautes alors que soeur Hélène défend plutôt les principes du Nouveau Testament fondés sur le pardon des fautes . L’exemple de Jésus est souvent cité : on rappelle qu”il est mort pour nous sauver et on retrouve des images dans le film qui évoquent la crucifixion du Christ notamment quand le condamné est basculé sur la table d’exécution. On notera aussi que les religieux ne sont pas tous d’accord sur ce que leur foi leur enseigne : les parents de Hope ont perdu leur foi et ne pensent qu’à se venger alors que le père de Percy, Monsieur Delacroix, finit par retrouver le chemin de l’église et de la prière en rejoignant soeur Hélène à la fin du film.A travers cette confrontation des personnages, le cinéaste nous fait prendre conscience que la religion propose plusieurs idéologies qui se retrouvent   en concurrence.

Une autre opposition qui traverse le film , c’est la réflexion sur l’existence et la pratique de la peine de mort et son application légale ; Certains américains comme l’avocat de Matthew Poncelet ou soeur Hélène, se battent pour son abolition alors que les parents des victimes dans le scénario ainsi que beaucoup d’autres (on peut penser à la femme médecin en prison qui pratique l’injection et qui a un rôle ambigu), s’y montrent favorables comme dans les Etats qui la pratiquent sous différentes formes (chaise électrique, pendaison, injection léthale) . L’habileté du film consiste à établir une évolution dans la relation du spectateur avec les deux principaux protagonistes;  Le condamné se montre parfois totalement antipathique et parfois très émouvant .Depuis des dizaines d’années les arguments des abolitionistes reposent sur l’idée qu’en tuant un homme quand bien même il se serait rendu coupable des pires atrocités, on devient soi même, collectivement, des assassins. C’est la thèse à laquelle le réalisateur semble se rallier .

Le personnage du condamné est construit sur plusieurs ambivalences : incarné par l’acteur Sean Penn , il représente à la fois le mauvais garçon (bad boy ) et la victime de la société; Le spectateur le voit tour à tour comme un sale raciste , un fils qui cherche à protéger sa mère, un homme manipulateur, un “pauvre” victime de son incapacité à se défendre avec un bon avocat, un tueur cynique et sauvage. Soeur Hélène entretient avec lui, au cours de ses visites au parloir, une relation faite à la fois de fascination et de compassion. D’ailleurs cette question est posée à plusieurs reprises dans le film, qu’est-ce qui l’attire  chez cet homme : est-ce son désir de sauver les plus faibles, ceux que tout le monde rejette ou sa fascination morbide pour le Mal ? C’est en effet une idée qui traverse également le film : comment devient-on un tueur ? Est-on prédestiné à fair tel Mal ?

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Les derniers instants 

 Lors de ses échanges avec soeur Hélène, Matthew raconte l’alcoolisme partagé avec son père, la pauvreté mais le film montre aussi la haine cultivée dè l’enfance, le poids des préjugés et les difficultés de cette famille ; On sera sensible à la dernière visite en prison des trois jeunes frères du condamné qui ont l’air très mal à l’aise et pourtant, on sent que des sentiments existent entre eux , qu’ils ne parvient pas à exprimer; la peine de la mère du tueur est également un moyen que Tim Robbins utilise pour nous faire prendre le condamné en pitié parce que cette femme éprouve réellement du chagrin de perdre son fils .

Le film ne se contente pas de montrer les conséquences d’un meurtre : il révèle les bouleversements de ce geste meurtrier dans les familles des victimes et du tueur ; on retrouve ainsi des idées que Hugo a envisagées dans son roman Le dernier jour d’un condamné en montrant, la visite de Marie , la fillette du prisonnier qui comme Matthew, s’inquiète de la survie des siens : comment vont-ils s’en sortir sans l’argent qu’il ramenait de son travail ? Les spectateurs envisagent alors le condamné sous un autre angle ne dépit de ce qu’il a commis.

Autre idée clé du scénario : dresser un parallèle entre les souffrances subies par les noirs autrefois esclaves dans les plantations et les souffrances de ces deux jeunes gens victimes d’un duo de malfaiteurs ivres et drogués. On pense notamment à la scène où soeur Hélène, en voiture, regarde les ouvriers noirs travailler dans les champs et imagine , en même temps, la scène du meurtre où elle veut croire à l’innocence de Matthew.  L’action de soeur Hélène apparait ainsi sous cet angle comme un moyen d’apaiser les souffrances humaines , passées et présentes. Ce personnage est totalement convaincant dans son interprétation . L’actrice  a d’ailleurs reçu un oscar pour sa prestation.

 

12. mars 2017 · Commentaires fermés sur Le dernier jour d’un condamné : pourquoi écrire ? · Catégories: Seconde · Tags: ,
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 Exemple d’introduction : Le premier roman de Victor Hugo écrit à l’âge de 27 ans témoigne de son engagement contre la peine de mort : il imagine un personnage de condamné à mort qui a pour fonction de sensibiliser les lecteurs sur la souffrance morale des prisonniers dès lors qu’il savent qu’ils vont être exécutés. Au chapitre 5, le romancier justifie l’écriture même du prisonnier . Ce dernier ,en effet , se demande à quoi bon écrire . Tout d’abord, nous verrons que l’écriture lui permet de lutter contre l’ennui. Ensuite, nous montrerons que le journal du condamné a pour but de lutter our l’abolition de la peine capitale. Nous démontrerons enfin qu’écrire lui permet de mieux se comprendre.

Le prisonnier se trouve “pris entre quatre murailles de pierre nue”: il n’a que très peu d’espace et ses déplacements sont limités ; sa seule distraction consiste comme il le précise l 280,  à suivre la progression des ombres au fur et à mesure que le jour s’écoule; Pour lutter conter ce désoeuvrement, l’écriture apparaît comme un dérivatif; mais il doute de pouvoir trouver quelque chose qui vaille la peine d’être écrit (287). Il a alors l’idée de noter les mouvements qui se font en lui : cette tempête, cette lutte, cette tragédie ( 290) . Vue sous cet angle, la matière lui parait riche : il a trouvé un sujet d’inspiration et peindre ses états d’âme le “distraira ”  et lui permettra d’ailleurs “d’en moins souffrir” .  L’écriture va ainsi lui permettre d’oublier que tout autour de lui est “monotone et décoloré”  ( 289 ) ; Se consacrer à son monde intérieur semble alléger quelque peu ses souffrances et lui donne ainsi “de quoi user cette plume et tarir cet encrier

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De plus, le condamné envisage que cette autopsie intellectuelle qu’il s’apprête à pratiquer “ne sera peut être pas inutile”  : en effet, il pense que le journal de ses souffrances et l’histoire de ses sensations portera avec elle “un grand et profond enseignement ” ( l 307) Ainsi , en prenant connaissance de sa souffrance morale et des tortures liées à son arrêt de mort , ceux  qui condamnent auront  peut être la main moins légère (ligne 312 ) . Ils pourront se rendre compte qu dans l’homme qui va mourir, il y a une intelligence et surtout “une âme qui n s’est point disposée pour la mort  ( l 319 ) . En fait, le prisonnier espère que ses quelques lignes vont servir la cause des abolitionnistes et le romancier plaide , à travers ce personnage, contre la peine de mort qu’il juge inhumaine . Il compte sur sa fiction pour convaincre ses lecteurs du caractère atroce d’une sentence ; Il compte sur l’avenir : ” un jour viendra, et peut -être ces mémoires, derniers confidents d’un misérable, y auront-ils contribué.. ( l 330 ) 

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L’écriture du prisonnier  peut également avoir une autre fonction : thérapeutique elle l’aide à  moins s’ennuyer, didactique , elle délivre un enseignement et enfin, elle lui permet de mieux se comprendre; elle a ainsi une fonction d’ expliquer ce qu’il ressent; L’écriture intime fixe ainsi les changements qui se font en lui : il s’observe et note ce qu”il “éprouve de violent et d’inconnu”  (295) L’écriture donne ainsi un nom à des sentiments confus, les démêle et valide leurs transformations. Ses pensées, en effet, se présentent à lui “à chaque heure, à chaque instant, sous une nouvelle forme ” ( 291). Ecrire donne une forme à des pensées mouvantes . 

 Voilà un exemple de conclusion : En nous plongeant au coeur des réflexions imaginaires d’un prisonnier condamné à mort, le romancier lui donne ici la possibilité de s’interroger sur le bien- fondé de l’écriture et par là-même, il rappelle l’intérêt et l’utilité  de cette opération; Se pencher sur soi-même permet d’y voir plus clair; écrire délivre de l’ennui et permet momentanément d’oublier l’enfermement et enfin , les questions du condamné servent ici la cause de Hugo, fervent défenseur de la suppression de la peine de mort. Il espère toucher un large public et le rallier à sa cause grâce à cette fiction.

 

11. mars 2017 · Commentaires fermés sur Le journal d’un condamné : un début qui donne le ton ( premier extrait ) · Catégories: Seconde
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L‘incipit d’un roman a trois fonctions : présenter le cadre de l’intrigue, la situation initiale et  présenter le personnage . Il faut observer qui raconte l’histoire (le narrateur ), quelle est la situation et les enjeux du récit et quel rôle va jouer le personnage . Le récit à la première personne du singulier nous fait penser à un narrateur interne : personnage principal et narrateur sont confondus dans ce qui a la forme d’un journal intime . En effet, on repère un lieu ‘Bicêtre”, une vaste prison située en banlieue parisienne. Le héros est un condamné à mort à qui il rest seulement 6 semaines à vivre et qui note ses pensées face à cette menace qui l’obsède.   

Le commentaire littéraire va s’organiser autour de la problématique suivante : comment l’auteur présente-t-il ici le condamné et que lui inspire la situation dans laquelle il se trouve ? Cette problématique résume l’idée principale du passage ; Pour y répondre, il nous faudra étudier la situation du personnage, ses pensée morbides et sa peur de l’exécution. Ce sont les trois parties du plan d’étude du commentaire. 

Voilà quelques remarques , 5 au total  qui forment des mini-paragraphes de commentaire : il faudra ensuite que vous les rangiez à l’intérieur d’un plan détaillé  et au sein de vos paragraphes argumentés

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1. Le condamné semble souffrir de l’imminence de sa mort et il se la représente : l’anaphore toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids traduit bien cette obsession. Ici Hugo traduit l’idée de pesanteur et d’asservissement de la pensée du prisonnier torturé moralement. L’écrivain veut montrer à ses lecteurs la souffrance morale des condamnés bine avant même d’évoquer leur souffrance physique à laquelle la plupart des gens pensent d’abord. Quant à l’adjectif glacé, il rappelle les images du cadavre et de froid mortel et peut également traduite l’idée de peur éprouvée par le condamné.

2. autrefois j’étais un homme comme un autre : cette affirmation  a priori banale révèle l’exclusion dont se sent atteint le prisonnier : sa condamnation fait de lui un être à part, isolé du reste du l’humanité. Hugo peut peut être évoquer aussi le crime commis par cet homme qui , du coup, l’a isolé du reste de la société en le faisant emprisonner; la prison n’est pas seulement le lieu de privation des libertés, c’est aussi un lieu d’exclusion .

3. Autrefois/ j’étais libre ; Maintenant suis captif. L’écrivain établit un contraste saisissant entre le passé heureux du prisonnier et sa misérable existence en prison ; Il construit deux paragraphes qui commencent tous deux par un adverbe de temps et ces deux paragraphes opposent le passé et le présent du détenu. Autrefois et maintenant sont antithétiques de même qu elibr été captif. Cette antithèse permet de mieux mesurer l’horreur de la captivité . 

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4.Une horrible, une sanglante, une implacable idée : cette énumération qui peut faire figure de gradation car on y sent une montée en puissance des adjectifs, traduit le caractère obsessionnel et incontournable de la torture morale infligée â un homme lorsqu’on le condamne à être exécuté .Hugo se bat en fait avec ce roman d’idées contre la peine de mort qu’il espère faire disparaître . Il tente , à travers cette fiction de convaincre les lecteurs des conséquences morales que cette sentence entraîne .

5.  pensée infernale..comme un spectre de plomb à mes côtés. Le prisonnier évoque les cauchemars provoqué par cette pensée de sa mort prochaine: il la figure tel un fantôme noir qui lui gâche le peu de jours qui lui reste à vivre;  cette pensée de la mort prochaine prend alors la forme d’un créature infernale que rien ne peut chasser.  La comparaison traduit ici une sorte d‘allégorie de la pensée de la mort.

04. mars 2017 · Commentaires fermés sur Mon journal de correction des sujets d’invention · Catégories: Seconde
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Ce samedi matin, le ciel est encore gris et la pluie est annoncée durant tout le week-end: je me suis réveillée très tôt  cette nuit , vers 3 h 30 ,car mon chiot âgé de 5 mois fait encore des cauchemars la nuit et j’ai décidé de le réconforter et ensuite de corriger les sujets  d’invention de ma classe de seconde.  J’adore travailler en pleine nuit quand tout le monde dort ..Couché dans son panier, juste à côté de moi, j’entends sa respiration qui ralentit et il cesse peu à peu de trembler . Les chiens abandonnés ont souvent plus de mal que les autres à supporter de demeurer seuls et même la présence de ma chienne , couchée à mes pieds, ne le calme pas . Je regarde d’abord l’épaisseur du paquet de copies et je constate que la plupart des élèves ont davantage écrit que dans leurs devoirs précédents : c’est mauvais signe car cela va me prendre plus de temps à examiner mais c’est un très bon signe pour eux car cela signifie qu’ils ont été capables de s’exprimer.  Je me prépare un grand bol de café et c’est parti … 

Premier constat : les notations descriptives qui ont été pensées dans ce travail  pour les mettre à l’aise et les échauffer en quelque sorte , prennent parfois beaucoup plus de place que les analyses de lecture; en fait ils sont beaucoup plus à l’aise pour décrire leur lit, leurs couettes , la position dans laquelle ils se trouvent (allongés de préférence )  ce qu’ils mangent ou ce qu’ils boivent (beaucoup de chocolat chaud apparemment ) que ce qu’ils ressentent en lisant. Mais cette distinction leur permet justement de comprendre la différence entre les notations  descriptives souvent pratiquées au collège  (parler de soi  et décrire le contexte dans lequel on se situe) et un travail plus littéraire de commentaire d’un texte: ce qu’on leur demande spécifiquement au lycée. 

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Je suis tout d’abord frappée par le fait que beaucoup évoquent une sorte de suspens : ils ne sont pas certains que le prisonnier ne va pas réussir à s’en sortir (sa grâce sera peut être acceptée me disent les uns, il n’écopera que d’une peine de  travaux forcés, espèrent les autres, et enfin: il va même essayer de s’évader .mais ça ne fonctionne pas me précisent des élèves déçus ) Alors je reprends le roman et je l’ouvre au chapitre 1 : je lis les premier mots : ” condamné à mort ” L’est-il déjà ou ne l’est-il pas encore vraiment ? Le chapitre 2 m’offre un retour en arrière dans la chronologie des faits car le narrateur, ce prisonnier dont je vais peu à peu découvrir toutes les pensées , nous fait revivre son procès et la sentence : cette fois plus de doute, au moment où le roman commence , il a déjà été condamné et désormais il va devoir attendre l‘annonce de la date de son exécution. Un indice nous est donné par l’auteur à la fin du chapitre II: deux spectatrices à la sortie du tribunal se réjouissent de pouvoir revenir le voir mourir 6 semaines plus tard; beaucoup de lecteurs, dans la classe, ont été sensibles à cette confusion des sentiments . On éprouve à la fois de la pitié, de la compassion, de la sympathie pour la future victime (eh oui ! même s’il s’agit d’un horrible criminel ) et du dégoût, de la haine lorsqu’on nous décrit un public qui attend avec impatience d’assister à une exécution.

Pause petit déjeuner pour moi avec un nouveau café bien serré et sortie  matinale des chiens : la maison est toujours silencieuse ; seul mon bureau est éclairé et l’odeur du café se répand de manière agréable depuis la cuisine. Je terminerai la lecture des copies à mon retour. 

les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis ” .. voilà une citation qui a été retenue par plusieurs lecteurs ; D’une manière générale, vous avez été sensibles à certains passages pathétiques comme l’annonce du verdict avec la reconstitution du procès ou la scène avec la petite Marie que beaucoup ont trouvé très émouvante; quelques uns ont été sensibles au pittoresque de la scène du départ au bagne ou des inscriptions que le prisonnier observe attentivement dans sa cellule : il y retrouve les traces des anciens condamnés “ces hommes de meurtre et de sang ” ; Vous avez partagé ses angoisses en vous identifiant parfois à lui et vous l’avez plaint : vous l’avez également trouvé courageux car , selon vous, il reste digne et humain jusqu’au bout ; 

La fin du roman vous a frustré tout comme l’absence de renseignements sur le passé du personnage : Hugo a choisi , dans la perspective d’une défense de la suppression de la peine de mort, de fabriquer un personnage avec lequel le lecteur puisse facilement s’identifier et c’est pour cette raison qu’ il ne mentionne pas son crime; en effet, il set beaucoup plus difficile pour un lecteur de s’apitoyer sur un assassin , ou un tueur d’enfants par exemple. Quant à la dernière phrase : “quatre heures” : elle marque l’heure exacte de son exécution; L'écrivain a choisi de ne pas la décrire ; Vous n'assisterez donc pas à la mort du personnage ! Hugo refuse de flatter ce qu'on pourrait appeler le "goût du sang " : c'est un parti-pris qui ne vous a pas plu. 

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Le prêtre assiste le condamné 

Dans l’ensemble , ce sont les petits détails qui vous ont le plus émus : un élève évoque, par exemple,  le bourdon de Notre- Dame qu’il était heureux d’entendre enfant et qui va désormais s’associer à sa mort “il y’a comme un bruit de cloches qui ébranle les cavités de mon cerveau.”  Un autre me donne la taille de sa cellule : “huit pieds carré ”  ; D’autres enfin ont relevé les critiques de la société de son époque : “Puis on ne souffre pas,en sont-ils sûrs ? ” Ici Hugo se moque, comme vous l’avez dit, de ceux qui prétendent que la guillotine est indolore !! Certains sont  revenus sur leurs premières impressions et ont avoué s’attacher progressivement au prisonnier ; Lorsque Hugo écrit “la dernière fibre de mon coeur s’est brisée” : vous êtes nombreux à avoir réagi à cette citation et à avoir considéré que désormais, il était prêt à accepter sa mort;

Au final, à l’exception des traits en rouge pour souligner les faute d’orthographe, j’ai eu l’impression que ma journée avait plutôt bien commencé et ces corrections qui devaient me gâcher le week-end , m’ont vraiment fait passer un bon moment avec vos cerveaux et vos pensées. J’ai pu mettre de bonnes notes à de nombreuses reprises  et mesurer quel point certains avaient du se motiver pour réussir à lire …et à écrire …

 

19. février 2017 · Commentaires fermés sur Lambeaux :que retenir ? · Catégories: Seconde
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Charles Juliet est un écrivain à part dans le paysage littéraire :  fortement attiré dès son plus jeune âge par l’écriture, en grande partie autodidacte, il écrit l’histoire de sa vie et donne voix à sa mère biologique ainsi qu’à sa mère adoptive, en leur rendant hommage. Ecriture du souvenir, de la mémoire, mais également écriture thérapeutique, qui tente du soigner les blessures et de refermer les plaies de l’existence, Lambeaux se donne à nous comme un témoignage sincère mais fictif .

Le titre désigne les petits morceaux de la vie que l’autre tente du recoller les uns aux autres , souvenirs auxquels l’écriture s’efforce  douloureusement de donner une forme; L’écrivain se heurte à l’impossible envie de tout dire, tout expliquer, tout exhumer de ce passé terrible qui fut avant tout celui de l’abandon. L’écriture met en forme l’informe : elle donne forme au tissu épars des souvenirs de vie. A la fois récit autobiographique et biographie de la mère décédée dont il recrée l’existence avant même sa naissance, le livre surprend par son tutoiement qui implique fortement l’adhésion du lecteur et fait de lui le témoin muet des souffrances passées.

Les souvenirs se succèdent et se ressemblent , à la fois pour la mère et le fils : solitude, sensation d’être incompris, isolé du reste du monde, différent. La dure vie des paysans ne semble guère convenir à ces deux êtres sensibles et fragiles. Le jeune garçon se construit et apprend à surmonter ses peurs : peur de l’abandon, peur du noir, peur de déplaire, d’être rejeté comme avec son père biologique qu’il surnomme “le père de la montagne” , peur de ne pas avoir de valeur à tel point qu’âgé d’ une quinzaine d’années, le narrateur n’ hésite pas à  adopter des conduites à risque et notamment à jouer sa vie à pile ou face; très fortement marqué par des événements survenus durant sa petite enfance ou même avant cette dernière, l’auteur utilise l’écriture pour tenter de sortir du brouillard et de faire fuir les ombres qui l’entourent. Il reprend, dans l’épilogue du récit, le modèle qu’a employé Virgile, un auteur latin, pour décrire la sortie des Enfers de son héros Enée.

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Récit touchant et auquel on ne reste pas indifférent, lambeaux nous entraîne dans un voyage au coeur de ce qui constitue notre existence individuelle.

Quelques rappels de méthode : pour écrire l’introduction du commentaire composé sur l’épisode de l’accident de vélo, on pouvait procéder de la manière suivante .

On commence par décrire le cadre de publication, l’époque et / ou le mouvement littéraire; ensuite on évoque l’auteur, l’ oeuvre, l’extrait et son thème, sa place au sein du roman; on choisit une problématique qu’on rédige sous forme de question et on termine par annoncer un plan dont chacune des parties répond , à sa manière à la question posée. 

 Voilà un modèle d’introduction possible pour un commentaire composé qui porterait sur cette partie du roman: l’accident de vélo. 

Roman en partie autobiographique composé en 1995 par Charles Juliet , Lambeaux retrace deux vies et  rend hommage aux deux mères du narrateur : sa mère adoptive décédée lorsqu’il avait 7 ans et sa mère adoptive qui lui a donné beaucoup d’amour. Alors qu’ il vient de se voir éconduire par son père qu’il ne voit que rarement , le héros décide de ne pas freiner dans une descente à vélo: il pense ainsi voir s’il mérite de vivre. Dans quelle mesure cet épisode déterminant témoigne-t-il d’une souffrance profonde ? Dans un premier temps, nous évoquerons le récit de l’accident avant de montrer que le narrateur éprouve des sentiments ambivalents et nous terminerons en soulignant la souffrance du personnage. 

16. février 2017 · Commentaires fermés sur Le dernier jour d’un condamné : un plaidoyer contre la peine de mort et une préface importante. · Catégories: Seconde · Tags:
 
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Victor Hugo est âgé de 27 ans lorsqu’il écrit ce court roman, construit comme une nouvelle autour du personnage anonyme du condamné à mort. Conçu sous la forme d’un journal intime , cette histoire a pour but de susciter un débat autour de la peine de mort; Hugo militera, en effet, dès les années 1830, pour son abolition et son opinion est loin d’être majoritaire à son époque. Notons qu’il faudra attendre 1981 en France pour que François Mitterand, alors nouveau président de la République,  fasse abolir la peine de mort par son ministre de la justice : Robert Badinter qui prononça , à cette occasion un discours demeuré célèbre. 

Le lecteur ne peut s’empêcher de s’identifier à ce narrateur anonyme et de s’apitoyer sur son sort. L’auteur s’attache à susciter l’émotion en jouant sur le registre pathétique plus souvent  et tragique parfois. Les passages argumentatifs sont nombreux et défendent la thèse de l’existence pour chaque homme d’un droit inaliénable à la vie; A sa parution, en 1829, le roman a déclenche un scandale et Hugo a été jugé subversif. Il le sera encore plus dans ses romans à venir en défendant les droits de ceux qui souffrent sans pouvoir s’exprimer : les enfants, les pauvres , les illettrés .

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Ecrite en 1832, trois ans après la première parution du récit, la Préface justifie et précise le projet hugolien de plaidoyer contre la peine de mort. “Ce livre, écrit-il, est adressé à quiconque juge “; Du coup, l’auteur a gommé volontairement tous les indices qui pourraient permettre de rendre cette histoire individuelle; Ce criminel anonyme représente l’ensemble de ceux qui ont été jugés, déclarés coupables et vont être exécutés. L’idée d’écrire ce livre lui est venue des exécutions auxquelles il a pu assister place de Grève à Paris, et il espère ainsi pouvoir “empêcher le sang de couler ” En 1830, lors de la Révolution de Juillet, une première fois la Chambre des députés proposa de voter l’abolition de la peine de mort pour sauver quatre ministres condamnés pour avoir comploté contre l’Etat mais Hugo s’il était bien sûr d’accord pour les épargner, aurait préféré qu’on abolisse la peine de mort pour sauver tous “ces pauvres diables que la faim pousse au vol et le vol au reste; enfants déshérités d’une société marâtre que la maison de force prend à 12 ans, le bagne à 18 et l’échafaud à 40. ” Hugo raconte ensuite toutes les exécutions qui se sont mal déroulées avec des condamnés en sang épargnés par la guillotine défectueuse  et qu’on achève devant la foule ; le romancier termine ensuite par un passage en revue des principaux arguments employés par les partisans de la peine de mort ; 

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  • ils la jugent  nécessaire pour retrancher de la communauté un membre qui pourrait encore lui nuire mais Hugo rétorqué que l’isolement en prison suffit à protéger la communauté : ” pas de bourreau où le geôlier suffit ” écrit-il.
  • ils la jugent indispensable pour punir et se venger mais Hugo affirme que Dieu seul a la droit de punir et de décider qui doit vivre et qui doit mourir. La société selon lui doit “corriger pour améliorer ” 
  • ils la jugent importante pour faire des exemples et dissuader ainsi les futurs criminels de passer à l’acte : toutefois Hugo précise que depuis un certain temps,la plupart des exécutions à Paris ne sont plus vraiment publiques et  ont lieu discrètement, tôt le matin , de peur des émeutes et des mouvements de foule coutumiers en place de  Grève . ” sous la patte de velours du juge, on sent les ongles du bourreau ” Pour le futur député républicain, la décision de justice masque en réalité la cruauté de la nature humaine . Hugo se moque ensuite de la rhétorique des procureurs qui parviennent à dissimuler, en choisissant leur mots avec soin, l’horreur de la mort . Il argumente point par point et construit un véritable réquisitoire contre la peine de mort en prenant soin de ménager des transitions : ” la raison est pour nous, le sentiment est pour nous, l’expérience est aussi pour nous ” écrit-il avant de commencer à évoquer les pays qui ont  déjà aboli la peine capitale et qui voient,paradoxalement, leur taux de criminalité baisser . 

En réalité, Victor Hugo ne veut pas seulement faire disparaître la peine de mort: il souhaite réformer le système judiciaire dans son ensemble en séparant , par exemple, les crimes par intérêt des crimes passionnels , qui selon, lui devraient être jugés avec moins de sévérité.  Pour rassurer ceux qui craignent que l’abolition de la peine de mort sème l’anarchie, Hugo fait remarquer que  ” l’ordre ne disparaîtra  pas avec le bourreau.”  

Que pensez-vous des arguments rencontrés dans cette préface ? Lesquels vous semblent les plus convaincants ? et Pourquoi ?