08. février 2017 · Commentaires fermés sur Mon journal de lecture : exemple de sujet d’invention à partir du Dernier jour d’un condamné de V Hugo · Catégories: Seconde · Tags:
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La prison de la Conciergerie 

Les sujets d’invention au bac de français peuvent prendre des formes variées mais il s’agit le plus souvent de respecter un cadre et des consignes d’écriture; Vous devez lire un court roman de Victor Hugo qui s’intitule Le dernier jour d’un condamné; Votre travail va consister à fabriquer votre journal de lecture, une sorte de carnet de bord sur lequel vous allez noter et reprendre   les point suivants ..bonne lecture et lisez bien les instructions .

Le roman de Hugo se présente lui aussi sous la forme d’un récit à la première personne du singulier écrit par un condamné à mort dont nous  ne savons que très peu de choses; Dans sa longue préface, l’écrivain justifie son propos: il veut montrer la dureté du régime carcéral et émouvoir le lecteur avec l’histoire de cet homme qu’on sait condamné à mort ; Le registre pathétique est constamment présent et le lecteur s’apitoie assez vite sur le sort du prisonnier d’autant qu’il ignore le crime dont on l’accuse.

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Au fur et à mesure que vous découvrez l’histoire de ce personnage fictif, vous allez devoir noter vos impressions de lecture ; choisissez trois ou quatre passages (plus pour ceux qui le souhaitent )  que vous avez appréciés ou au contraire qui vous ont déplu et notez pour chacun

  • le jour où vous avez lu ces pages ainsi que le numéro des pages : notez l’heure si vous vous en souvenez
  • quelques détails sur votre humeur ( le temps qu’il faisait ce jour-là; l’endroit précis où vous vous trouviez,  si vous avez été interrompu durant votre lecture, s’il y avait du monde autour de vous, combien de temps a duré votre lecture , ce que vous avez fait quand vous avez fermé le livre )  …au minimum 10 lignes 
  • ce que vous avez pensé au moment où vous découvriez un nouvel aspect de l’intrigue ou un détail sur le personnage, ce que vous inspire ces quelques pages  ( notez avec précision les sentiments que vous avez éprouvés .) 10 lignes 
  • notez pour accompagner vos analyses au moins une citation pour chaque passage et expliquez pour quelles raisons vous avez choisi cette phrase en particulier )  2 à 5 lignes 
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Renouvelez l’opération au minimum deux fois soit un total de 3 fois 25 lignes obligatoirement . 

Présentez vos notations sous la forme de phrases rédigées séparées par la mention des dates et respectez à chaque fois l’ordre des notations (date, humeur, impressions, citation commentée) 

26. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Lettre à un écrivain .. à propos de Lambeaux . Vous venez de terminer Lambeaux et vous décidez d’écrire à son auteur pour lui dire ce que vous avez pensé du roman . · Catégories: Seconde
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Le sujet d’invention est l’une des possibilités que vous aurez à l’écrit du bac de français. Il est souvent évalué selon 4 critères plus ou moins constants : la qualité de l’écriture (en gros l’absence de fautes et l’élégance du style , la clarté et la précision du vocabulaire ), le cadrage du sujet , la présence d’arguments : leur variété , leur pertinence, leur nombre et enfin la capacité à réutiliser des connaissances  ( sur une oeuvre, un auteur, un courant littéraire, un genre ) 

Ecrire à un écrivain est certes un exercice de style mais l’erreur consisterait à se contenter de dire ce qui nous a plu ou déplu . … et surtout à trop parler de soi ou de sujets qui n’ont aucun rapport avec le livre (il s’agirait dans ce cas de hors-sujet) 

Voyons la méthode à suivre …et quelques conseils avant de vous lancer dans l’écriture de cette lettre ..

 

Commençons par le début : il s’agit de respecter la forme de la lettre (4 pts ) 

Vous devez mentionner, une date correcte, un destinataire, une formule de politesse adaptée, utiliser le vouvoiement et les marques de respect 

Que dire maintenant  dans cette lettre ? 

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Charles Juliet 82 ans aujourd’hui 

Un correcteur ne vous évaluera pas sur votre capacité d’admiration: beaucoup d’ élèves pensent en effet à tort, que plus ils font de compliments, plus leur devoir sera apprécié par le correcteur . Bien sûr, il est plus difficile de parler de ce qu’on n’a pas apprécié (voir de ce qu’on n’a pas lu ); Donc pas de compliments “gratuits” et pas d’éloge hyperbolique; Ce que vous avez apprécié , qualifiez le avec des termes précis …ce qui vous a déplu, n’hésitez pas à en parler toujours avec un vocabulaire adapté

j’ai aimé le sujet de votre roman : ..nommez ce sujet avec précision 

j’ai apprécié le style avec lequel vous décrivez …. nommez un passage précis 

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j’ai trouvé qu’il comportait trop de descriptions comme par exemple …

j’aurais préféré qu’il ne soit pas écrit avec un Tu car ….

On évite les termes suivants : j’ai vraiment adoré ..j’ai tout aimé…c’est e meilleur livre que j’ai lu depuis des années ..  trop de flatterie

 Quels sont donc les critères de réussite pour ce travail d’écriture ? 

  • Nommer le plus de passages possibles car ce sont les exemples qui prouvent que vous connaissez bien le livre 
  • Faites des références si vous le pouvez à l’auteur car vous vous adressez à lui 
  •  il faut non seulement montrer que vous avez lu le livre mais également montrer que vous êtes capable de parler d’un expérience de lecture ; on ne décrit pas ses impressions de lecture comme on décrit un repas donc à vous de trouver et d'employer le lexique de l’écriture et de la lecture (bonus vocabulaire ) 

Pensez à ce que vous avez ressenti au moment où vous avez lu un passage, un chapitre, le début, la fin;

Pensez aux moments qui ont provoqué en vous des sentiments (colère, joie , tristesse, ennui, peur ) 

Bon courage pour écrire cette lettre à Charles Juliet ….

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Ci- dessous, un exemple de lettre adressée à des écrivains par un collectif de professeurs ..

Monsieur (Madame, Mademoiselle),

 

C’est à double titre que je vous écris. D’abord parce que je suis une fidèle lectrice de votre oeuvre. Ensuite parce que je fais partie d’un collectif de jeunes enseignants qui a à cœur de défendre les œuvres et l’enseignement littéraires aujourd’hui particulièrement menacés.

Oser dire que la littérature est menacée peut paraître paradoxal à l’heure où l’on se réjouit de voir le chiffre d’affaires des éditeurs augmenter sensiblement. On peut néanmoins s’interroger sur ces chiffres sans nuances qui peuvent traduire plus d’intérêt pour les ouvrages utilitaires que pour les publications afférentes à la culture et à la littérature. Il convient aussi de se demander quel avenir est réservé à la littérature, à l’écrivain et à l’artiste dans une société vouée au profit immédiat et à la consommation sans garde-fous. Les chiffres inquiétants du nombre croissant d’illettrés en France sonnent le glas de la littérature de demain ou à tout le moins d’une littérature accessible à tous. 

Ce discours peut-être vous paraîtra catastrophiste , la menace chimérique, son imminence contestable.

Il est vrai que les enseignants ont aujourd’hui mauvaise presse et que leurs cris d’alarme trouvent peu d’échos, quand ils ne sont pas tout bonnement tournés en dérision. Et pourtant, nous ne nous jugeons ni dépassés ni conservateurs, pas plus que nous ne jugeons désuet de consacrer notre existence à faire découvrir les chefs-d’oeuvre d’hier et d’aujourd’hui dont vous êtes, vous, écrivains, héritiers et auteurs. En revanche, nous sommes bien placés pour évaluer le danger qui guette les œuvres passées, présentes et à venir. Car à quoi servira un écrivain sans lecteurs ?

La difficulté qu’éprouvent une majorité d’enfants et d’adolescents à tout simplement lire un texte simple laisse mal augurer de leur rapport à la chose écrite, leur difficulté à maîtriser les outils élémentaires d’analyse leur ferme les portes de la pensée et leur difficulté à se figurer ce qu’ils ont l’habitude de voir directement représenté à l’écran risque d’entraver à jamais leur imagination. Le silence de nombreux écrivains devant la gravité de l’enjeu nous semble imputable à leur ignorance de ce qui se passe et de ce qui se prépare. Savez-vous par exemple que l’on projette de supprimer l’étude de la littérature dans la formation des futurs enseignants de lettres dont la fonction sera ainsi réduite à celle d’animateurs ? Savez-vous que dans les manuels scolaires la littérature occupe une part de plus en plus restreinte au profit de la publicité, que les auteurs des réformes y côtoient sur un pied d’égalité les quelques grands auteurs qu’on y a laissés (pour parer aux reproches ?), que certains manuels discréditent la personne même des écrivains par des notices tendancieuses, la valeur de leur œuvre par des exercices dépréciatifs, que les documents y remplacent les textes littéraires, y compris ceux de nos contemporains, jugés désormais trop difficiles pour le ”  nouveau public “? Qui fera connaître demain vos œuvres, et à qui ? 

Pensez-vous que la majorité des écrivains de qualité sera plébiscitée par des médias de plus en plus soumis à la loi de l’offre et de la demande ? Et que demandera le lecteur de demain, s’il existe encore, sinon ce qui sera accessible à sa compréhension immédiate ? La littérature de demain sera-t-elle la littérature de supermarché ?

Pour toutes ces raisons, l’amour de la littérature et le respect des nouvelles générations dont nous avons la charge, nous avons créé depuis plus d’un an un Collectif, ” Sauver les lettres “, destiné à informer le public des menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’enseignement des lettres et conduisent irrémédiablement la littérature à être réservée à une élite sociale et culturelle.

Pour cela, nous avons aujourd’hui besoin de votre appui, vous dont la responsabilité dans la défense de la littérature est au moins égale à la nôtre. Déjà de nombreux auteurs nous ont manifesté leur soutien et se sont regroupés pour lancer dans les journaux des cris d’alarme (voir la polémique qui a suivi l’article du 4 mars 2000 dans le Monde : ” C’est la littérature qu’on assassine “) vite étouffés par le politiquement correct de ceux qui n’ont pas intérêt à voir s’ébruiter les effets de leurs réformes passées et à venir.

Votre engagement dans cette cause commune nous est nécessaire. Si vous pensez que les enfants de demain méritent mieux que des gadgets et des divertissements, si vous pensez que l’homme et le citoyen de demain ne peuvent être réduits à être de simples consommateurs, si vous pensez qu’il est dangereux de livrer le monde de demain aux seuls marchands et aux sectaires de tous bords, consultez notre site (www.sauv.net) qui vous expliquera notre action et vous informera grâce à de nombreux documents, témoignages et analyses sur le sort que l’on réserve à l’école au nom d’une fausse modernité ou écrivez-nous si vous acceptez de vous associer à cette lutte décisive et désintéressée. Il ne tient qu’à vous de faire connaître notre mouvement et son objet autour de vous et n’hésitez pas à faire savoir à ceux qui l’ignorent la réalité que recouvrent les belles paroles. Ray Bradbury, conscient des dégâts d’une certaine pédagogie dite ” progressiste ” pratiquée aux Etats-Unis avant de sévir en France, écrivait en 1993 qu’il y a plusieurs façons de brûler les livres et que la plus insidieuse est de faire en sorte que les gens ne soient plus capables de les lire .Quand la politique se met au service de l’argent, il est du devoir de tous mais peut-être plus encore des représentants de la pensée et d’une certaine idée de l’homme de résister à cette nouvelle forme d’oppression.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de toute ma considération . 

 

Signature

23. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Panorama des critiques autour de Ruy Blas · Catégories: Seconde · Tags: ,

De nombreux reproches ont été adressés au drame romantique , particulièrement à ses débuts (Souvenez-vous de la célèbre bataille d’Hernani ) et la pièce de Hugo , jouée pour la première fois en 1838, n’a pas été épargnée. En 1880, Zola se montrait particulièrement sévère dans son jugement et reprochait notamment à Hugo d’avoir falsifié la vérité et imaginé un conte de fées abracadabrant. Les lecteurs actuels n’apprécient pas toujours la beauté de ce drame et peuvent eux aussi se montrer de  vigoureux critiques.

Votre sujet d’invention consistait , dans les deux cas, à imaginer la défense de Victor Hugo: ce dernier devait répondre à ses détracteurs sous la forme d’une lettre qui contient ses arguments; les critères d’évaluation sont au nombre de 4

  • la qualité de votre écriture  4 pts
  • la prise en compte de la nature des critiques 4 pts
  • l’invention d’arguments variés et pertinents 4 pts
  • l’utilisation de l ‘oeuvre en elle-même dont certains passages précis illustrent les arguments théoriques  4 pts

 

21. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Polémique autour de Ruy Blas · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Zola s’attaque à Hugo

Emile Zola admire en Victor Hugo le poète lyrique mais il critique sa prétention à vouloir , à travers son drame romantique, représenter les ambitions du Peuple; On peut d’abord se demander si les critiques de Zola paraissent fondées et s’il a raison de reprocher à Hugo ses contre-sens historiques . On peut également émettre l’hypothèse que les deux auteurs n’ont pas la même conception du rôle du théâtre en particulier et de la littérature ,en général.N’oublions pas que cette lettre de Zola est publiée en 1880 soit presque 50 ans après la parution de la pièce.

Comment répondre aux critiques de Zola ? Une première étape consistait à prolonger les analyses du cours et à formuler clairement ce qui est critiqué par le romancier naturaliste  en reprenant point par point les accusations formulées.

Vous trouverez en rouge dans le document les principaux reproches de Zola, en jaune les éléments qu’il admire dans l’oeuvre; en vert apparaît la conception de l’écriture et de l’oeuvre artistique et en bleu les interprétations de Zola qui sont discutables.

Et nous venons bien de le voir, à cette représentation de Ruy Blas, qui a soulevé un si grand enthousiasme.

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Zola himself

        C’était le poète, le rhétoricien superbe qu’on applaudissait. Il a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.
        Mais personne, à coup sûr, n’acclamait la philosophie, la vérité de l’œuvre. Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches […] tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. On est obligé de prendre ce drame comme un conte de fée sur lequel l’auteur a brodé une merveilleuse poésie. Dès qu’on l’examine au point de vue de l’histoire et de la logique humaine, dès qu’on tâche d’en tirer des vérités pratiques, des faits, des documents, on entre dans un chaos stupéfiant d’erreurs et de mensonges, on tombe dans le vide de la démence lyrique.

        Le plus singulier c’est que Victor Hugo a eu la prétention de cacher un symbole sous le lyrisme de Ruy Blas. Il faut lire la préface et voir comment, dans l’esprit de l’auteur, ce laquais amoureux d’une reine personnifie le peuple tendant vers la liberté, tandis que don Salluste et don César représentent la noblesse d’une monarchie agonisante. On sait combien les symboles sont complaisants […] Seulement celui-ci, en vérité, se moque par trop du monde.

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        Voyez-vous le peuple dans Ruy Blas, dans ce laquais de fantaisie qui a été au collège, qui rimait des odes avant de porter la livrée, qui n’a jamais touché un outil et qui, au lieu d’apprendre un métier, se chauffe au soleil et tombe amoureux des duchesses et des reines ! Ruy Blas est un bohème, un déclassé, un inutile : il n’a jamais été le peuple. D’ailleurs admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. Ici, tout se détraque. Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? Que devient le fameux symbole ? Si le peuple se tue sottement, sans cause aucune, après avoir supprimé la noblesse, la société est finie.
        On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. Je n’insisterai pas davantage sur les énormités de Ruy Blas, au point de vue du bon sens et de la simple logique.

        Comme poème lyrique, je le répète, l’œuvre est d’une facture merveilleuse ; mais il ne faut pas une minute vouloir y chercher autre chose, des documents humains des idées nettes, une méthode analytique, un système philosophique précis. C’est de la musique et rien autre chose.

        J’arrive à un second point. Ruy Blas, dit-on, est un envolement dans l’idéal ; de là, toutes sortes de précieux effets : il agrandit les âmes, il pousse aux belles actions, il rafraîchit et réconforte. Qu’importe si ce n’est qu’un mensonge ! il nous enlève à notre vie vulgaire et nous mène sur les sommets. On respire, loin des œuvres immondes du naturalisme. Nous touchons ici le point le plus délicat de la querelle.

        Sans le traiter encore à fond, voyons donc ce que Ruy Blas contient de vertu et d’honneur. Il faut d’abord écarter don Salluste et don César. Le premier est Satan, comme dit Victor Hugo ; quant au second, malgré son respect chevaleresque de la femme, il montre une moralité douteuse. Passons à la reine. Cette reine se conduit fort mal en prenant un amant ; je sais bien qu’elle s’ennuie et que son mari a le tort de beaucoup chasser : mais, en vérité, si toutes les femmes qui s’ennuient prenaient des amants, cela ferait pousser des adultères dans chaque famille. Enfin, voilà Ruy Blas, et celui-là n’est qu’un chevalier d’industrie, qui, dans la vie réelle, passerait en cour d’assises. Eh quoi ! ce laquais a accepté la reine des mains de don Salluste ; il consent à entrer dans cette tromperie, qui devrait paraître au spectateur d’autant plus lâche que don César, le gueux, l’ami des voleurs, vient de la flétrir dans deux superbes tirades ; il fait plus, il vole un nom qui n’est pas le sien. Puis, il porte ce nom pendant un an, il trompe une reine, une cour entière, tout un peuple et ces vilenies, il s’en rend coupable pour consommer un adultère ; et il comprend si bien la traîtrise, l’ordure de sa conduite, qu’il finit par s’empoisonner ! Mais cet homme n’est qu’un débauché et un filou !Mon  âme ne s’agrandit pas du tout en sa compagnie. Je dirai même que mon âme s’emplit de dégoût car je vais malgré moi au-delà des vers du poète, dès que je veux rétablir les faits et me rendre compte de ce qu’il ne montre pas ; je vois alors ce laquais dans les bras de cette reine, et cela n’est pas propre.

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        Au fond Ruy Blas n’est qu’une monstrueuse aventure qui sent le boudoir et la cuisine. Victor Hugo a beau emporter son drame dans le bleu du lyrisme, la réalité qui se trouve par-dessous est infâme. Malgré le coup d’aile des vers, les faits s’imposent, cette histoire n’est pas seulement folle, elle est ordurière ; elle ne pousse pas aux belles actions, puisque les personnages ne commettent que des saletés ou des gredineries, elle ne rafraîchit pas et ne réconforte pas, puisqu’elle commence dans la boue et finit dans le sang. Tels sont les faits.

        Maintenant si nous passons aux vers, il est très vrai qu’ils expriment souvent les plus beaux sentiments du monde. Don César fait des phrases sur le respect qu’on doit aux femmes ; la reine fait des phrases sur les sublimités de l’amour ; Ruy Blas fait des phrases sur les ministres qui volent l’État. Toujours des phrases, oh ! des phrases tant qu’on veut !
        Est-ce que par hasard les vers seuls seraient chargés de l’agrandissement des âmes ? Mon Dieu ! oui, et voilà où je voulais en arriver : il s’agit simplement ici d’une vertu et d’un honneur de rhétorique. Le romantisme, le lyrisme met tout dans les mots. Ce sont les mots gonflés, hypertrophiés, éclatant sous l’exagération baroque de l’idée. L’exemple n’est-il pas frappant : dans les faits, de la démence et de l’ordure ; dans les mots, de la passion noble, de la vertu fière de l’honnêteté supérieure. Tout cela ne repose plus sur rien : c’est une construction de langue bâtie en l’air. Voilà le romantisme. […]

        Victor Hugo reste un grand poète, le plus grand des poètes lyriques. Mais le siècle s’est dégagé de lui, l’idée scientifique s’impose. Dans Ruy Blas, c’est le rhétoricien que nous applaudissons. Le philosophe et le moraliste nous font sourire.

 

Émile Zola, Lettre à la jeunesse (fragments).
À propos de l’entrée de Ruy Blas à la Comédie-Française, en août 1880

18. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Lambeaux : la poésie du souvenir · Catégories: Seconde
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Le roman de Charles Juliet intitulé Lambeaux se construit à partir d’un projet d’écriture du souvenir, de la mémoire et de la recherche d’identité. Mais il se caractérise aussi par une écriture romanesque poétique qui fait la part belle aux images, aux sonorités et aux rythmes. Qu’est-ce qui caractérise une écriture poésie ? comment rendre une écriture poétique et comment transformer la retranscription d’un souvenir en énoncé poétique ? Examinons les textes suivants . 

Prologue

Tes yeux. Immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit ta lumière. Dans l’âtre, le feu qui ronfle, et toi, appuyée de l’épaule contre le manteau de la cheminée. À tes pieds, ce chien au regard vif et si souvent levé vers toi. Dehors, la neige et la brume. Le cauchemar des hivers. De leur nuit interminable. La route impraticable, et fréquemment, tu songes à un départ, une vie autre, à l’infini des chemins. Ta morne existence dans ce village. Ta solitude. Ces secondes indéfiniment distendues quand tu vacilles à la limite du supportable. Tes mots noués dans ta gorge. À chaque printemps, cet appel, cet élan, ta force enfin revenue. La route neuve et qui brille. Ce point si souvent scruté où elle coupe l’horizon. Mais à quoi bon partir. Toute fuite est vaine et tu le sais. Les longues heures spacieuses, toujours trop courtes, où tu vas et viens en toi, attentive, anxieuse, fouaillée par les questions qui alimentent ton incessant soliloque. Nul pour t’écouter, te comprendre, t’accompagner. Partir, partir, laisser tomber les chaînes, mais ce qui ronge, comment s’en défaire? Au fond de toi, cette plainte, ce cri rauque qui est allé s’amplifiant, mais que tu réprimais, refusais, niais, et qui au fil des jours, au fil des ans, a fini par t’étouffer. La nuit interminable des hivers. Tu sombrais. Te laissais vaincre. Admettais que la vie ne pourrait renaître. À jamais les routes interdites, enfouies, perdues. Mais ces instants que je voudrais revivre avec toi, ces instants où tu lâchais les amarres, te livrais éperdument à la flamme, où tu laissais s’épanouir ce qui te poussait à t’aventurer toujours plus loin, te maintenaient les yeux ouverts face à l’inconnu. Tu n’aurais osé le reconnaître, mais à maintes reprises, il est certain que l’immense et l’amour ont déferlé sur tes terres. Puis comme un coup qui t’aurait brisé la nuque, ce brutal retour au quotidien, à la solitude, à la nuit qui n’en finissait pas. Effondrée, hagarde. Incapable de reprendre pied. Te ressusciter. Te recréer. Te dire au fil des ans et des hivers avec cette lumière qui te portait, mais qui un jour, pour ton malheur et le mien, s’est déchirée.

Epilogue

Tu sors de la forêt. Les brouillards se sont dissipés. Tes blessures ont cicatrisé. Une force sereine t’habite. Sous ton œil renouvelé, le monde a revêtu d’émouvantes couleurs. Tu as la conviction que tu ne connaîtras plus l’ennui, ni le dégoût, ni la haine de soi, ni l’épuisement, ni la détresse. Certes, le doute est là, mais tu n’as plus à le redouter. Car il a perdu le pouvoir de te démolir. D’arrêter ta main à l’instant où te vient le désir de prendre la plume. La parturition a duré de longues années, d’interminables années, mais tu as fini naître et pu enfin donner ton adhésion à la vie.

Depuis cette seconde naissance, tout ce à quoi tu aspirais mais qui te semblait à jamais interdit, s’est emparé de tes terres : la paix, la clarté. la confiance, la plénitude, une douleur humble et aimante. Parvenu désormais à proximité de la source, tu es apte à faire bon accueil au quotidien, à savourer l’instant, t’offrir à la rencontre. Et tu sais qu’en dépit des souffrances, des déceptions et des drames qu’elle charrie, tu sais maintenant de toutes les fibres de ton corps combien passionnante est la vie.

Qu’est-ce qui caractérise ici l’écriture poétique ? 

 

Un poème de Charles Juliet

toi ma morte
mon enfance avortée mes années errantes ton visage plane
sur ma vie

et tu es le sang et la sève

le chemin
que je m’ouvre la lumière où mûrira l’issue

tu es aussi la mort

la mort où s’engloutit au premier jour
ton visage inconnu

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(celle où je désire sombrer quand je rêve d’en finir)

mais tout autant tu es ce mourir de chaque instant auquel il me faut consentir

(ce mourir qui rend l’être aussi neuf aussi clair aussi jaillissant qu’un clair matin d’avril )

étrangement
tu me tiens
en deçà
de ma naissance

et parfois guidé par tes mains te tète l’origine

 

L’œil se scrute 1995/ Fouilles 1998 Charles Juliet

Compare les deux styles d’écriture et tente de caractériser ce qu’on nomme une écriture poétique . 

18. janvier 2017 · Commentaires fermés sur Lambeaux : une écriture du souvenir pour se reconstruire · Catégories: Seconde

Charles Juliet compose une oeuvre originale qui poursuit différents buts : tout d’abord, se connaître lui-même et se découvrir au moyen de l’écriture ; Ensuite reconstruire sa vie en ressuscitant le personnage de sa mère , décédée alors qu’il était âgé de sept ans. Enfin recoller les morceaux de son identité divisée par cette adoption qui lui a permis de vivre entouré d’amour et de surmonter le traumatisme originel de cet abandon forcé. 

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juli3.jpg, janv. 2017

 

 

Consignes de travail et de révisions : lis le cours suivant sur le roman  et cherche le sens des mots que tu ne connais pas (certains sont en rouge ou en italique; Note leurs définitions dans ton classeur de français et illustre les par un passage du roman auquel ils semblent particulièrement bien s’appliquer .

Pourquoi écrire ? 

«…Écrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance. Écrire pour me parcourir, me découvrir. Me révéler à moi-même.
… Écrire pour déterrer ma voix.
Écrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m’unifier.
»

 Charles Juliet prend la parole pour tous les sans voix, ceux à qui on a ravalé les mots dans la gorge, ou qui n’ont pas su l’exprimer. Il parle de « toutes ces heures qui ont laissé les mains vides et ces jours que l’on n’a pas su perdre ». Son écriture est un viatique pour autrui.

« Écrire c’est exprimer cette part de soi qu’on découvre chez autrui, cette part d’autrui qu’on reconnaît en soi-même. Écrire pour être moins seul. Pour parler à mon semblable. Pour chercher les mots susceptibles de le rejoindre en sa part la plus intime. Des mots qui auront peut-être la chance de le révéler à lui-même. De l’aider à se connaître et à cheminer »

Il va à la rencontre de ses « ténèbres froides », de ses « traversées de la nuit ». Voyage d’Orphée pour retrouver ses ombres chères, et aussi tentative d’exorcisation d’une vie en miettes.

Lambeaux :  un chemin de l’existence

Parmi cette perpétuelle introspection, descente dans les grottes de l’intime, Lambeaux occupe une place centrale ; ce petit livre est le plus connu de l’auteur. Juliet a voulu dresser une sorte d’hymne à la mère inconnue et à la mère qui l’a recueilli, la « toute- donnée ».
Dans ce livre fondateur enfin la voix du tout petit garçon qui hurle en lui, qui s’en veut de continuer à vivre, se fait entendre et dresse une écharpe de consolation à ses mères. Dans ce chant d’amour et de parole dénouée, de cet hymne de consolation impossible à rassasier, Juliet dresse un mémorial, un livre-tombeau.
Celui du fils qui réenfante sa mère, la remet au monde.
« Il pourrait se faire que ma mère qui est morte d’étouffement de n’avoir pu parler… trouve à parler à travers moi ».

Charles Juliet a sept ans quand sa véritable mère meurt de faim à trente-huit ans, dans l’asile psychiatrique où elle a été enfermée pour dépression après la naissance d’un quatrième enfant, lui. Huit ans d’enfermement abusif pour ainsi mourir comme les quarante mille malades mentaux morts de la faim.

« Celui qui « survit en toi »
continue de te dicter
nombre de tes mots
de tes actes »

Le récit est bâti en deux parties et trace en fait trois portraits : celui de la mère naturelle, celui de la mère nourricière et celui de l’auteur.

Un bref prologue  pose les fondations de cette entreprise : faire ressusciter, récréer la lumière de la mère.
La première partie, la plus longue , fait revivre, ou plutôt vivre, sa mère. Cette mère morte de silence, désespérée qui ne pourra exprimer sa détresse dans ce monde paysan sans pitié qui lui refusera les études. Pris dans l’étau du père et du mari, elle ne peut exister que dans le devoir et la soumission. Cette vie âpre des champs et de dévouement absolu ne sera illuminée que par la lecture de la Bible, et la brève rencontre amoureuse, brève et tragique avec un jeune parisien tuberculeux. Les déchirures se multiplient. Cette descente dans la dépression, cette lente agonie, connaît son apogée avec la naissance de son quatrième enfant, le narrateur. Au lieu de lui insuffler l’amour de la vie, cela l’entraîne dans une tentative de suicide, puis l’enfermement, l’effacement et la mort en juillet 1942, à trente-huit ans. Charles Juliet en gardera un sentiment de culpabilité profond qu’il mettra longtemps à évacuer.

La deuxième partie est le récit « d’apprentissage », de cet enfant placé, à trois mois après l’internement de sa mère, auprès d’une famille d’accueil . Dans cette famille nombreuse de cinq filles, il grandira au rythme des saisons.Une autre mère, pleine d’amour remplace la première absente dès les premiers mois.

Manquant souvent l’école pour garder les vaches au milieu du silence des forêts et des collines, il souffrira de la solitude et il en retirera une sorte de terreur de l’enfance même : « La peur a ravagé ton enfance ». La plus grande peur sera celle de l’abandon.

Enfant de troupe à Aix-en-Provence à douze ans, il découvre la littérature et sa vocation de vouloir vouer sa vie à être un écrivain. Par les études il échappe à la malédiction de la solitude et de l’ennui.
Il découvre aussi le déchirement entre cette vie de caserne et sa vie de paysan. Voulant éprouver s’il était digne de vivre il fait lui aussi une sorte de tentative de suicide en vélo après une visite à son père naturel. Ce sera le tournant dans l’acception du vivre. Il sait qu’il mérite de vivre.

Le reste du livre décrira ses études, sa tentation de devenir médecin militaire et la soumission à la destinée du devoir d’écrire. La difficulté d’écrire, de faire une œuvre entraînera une crise profonde qui durera quinze ans.

Ainsi s’achève ce chemin où l’auteur comprend que sa vie est son œuvre, et son œuvre sa vie.
La boucle se ferme dans les dernières pages quand à l’intérieur même du livre écrit l’écrivain raconte le livre en train de s’écrire. Par cette mise en abyme le miroir de l’écrit reflète enfin la vie. La foi dans l’écriture a trouvé sa création. La thérapie a fonctionné.

Les lambeaux d’écriture

Ce livre est écrit en courts fragments, en lambeaux donc, en refusant toute forme romanesque. Il n’y a volontairement aucun lyrisme apparent. Tout est en suggestions, en ruptures et ellipses. Mots pesés et soupesés, tournés et retournés, pour leur juste densité.

Ce court livre écrit à la deuxième personne désignant indistinctement les trois personnages devient une stèle hiératique à la gloire de la lumière qui finit par percer, un chant sur « la douleur humble et aimante ».

Ce tutoiement et le recours constant au présent, abolissant toute notion de temps, donnent une force prenante à toute cette évocation.

L’écriture de Charles Juliet est frappante à la fois par sa grande nudité, et aussi par cette douceur grave. Une grande pudeur est présente, Juliet emploie d’ailleurs souvent le tutoiement comme pour tenir à distance celui qui écrit, donc lui. Son écriture n’est pas illumination mais longue macération vers le dépouillement. Du silence intérieur à la parole acceptée.

« Être un écrivain, c’est vivre le plus possible dans le silence, et demeurer à l’écoute de ces mots chuchotés qu’il importe de capter et de coucher par écrit. »

La vie enfin acceptée.

Il a réussi à vaincre par l’écriture la pauvreté, l’absence de savoir et de lectures, le silence et la dépression profonde, la tentation incessante du suicide, les doutes et les démons intérieurs.
Ce livre porte toutes les larmes de la mère que Juliet porte en lui :« Pardonne, ô ma mère, à l’enfant qui t’a poussée dans la fosse ».

Cette mère, il la récrée avec une infinie tendresse, il l’imagine prisonnière des hivers et des villages clos, et voulant à chaque printemps s’envoler hors de la glace des gens et des lieux. Il édifie un culte filial pour celle qu’il veut réchauffer d’un peu de chaleur humaine qu’elle n’a pas eue. Il frissonne avec elle dans les levers à l’aube dans le gel, il court avec elle vers la forêt. Il porte sa fatigue, « la fatigue, la fatigue, la fatigue ». Il écrit avec elle sur les murs de l’hôpital psychiatrique :

« Je crève, je crève. Parlez-moi. Parlez-moi. Si vous trouviez les mots dont j’ai besoin vous me délivreriez de ce qui m’étouffe ».

« Ni l’une ni l’autre de tes deux mères n’aura eu accès à la parole. Du moins à cette parole qui permet de se dire, se délivrer, se faire exister dans les mots. Parce que ces mêmes mots se refusaient à toi et que tu ne savais pas t’exprimer, tu as dû longuement lutter pour conquérir le langage. Et si tu as mené ce combat avec une telle obstination, il te plaît de penser que ce fut autant pour elles que pour toi. Tu songes de temps à autre à Lambeaux .

« Tu as la vague idée qu’en l’écrivant, tu les tireras de la tombe. Leur donneras la parole. Formuleras ce qu’elles ont toujours su ».

Lambeaux est bien en fait une magnifique lettre d’amour à sa mère Hortense Juliet, et à sa mère d’adoption Mme Félicie Rufieux. C’est aussi une lettre d‘amour à la vie. « Lorsqu’elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s’avancer à leur suite la cohorte des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots.

Ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance.
Ceux et celles qui s’acharnent à se punir de n’avoir jamais été aimés.
Ceux et celles qui crèvent de se mépriser et se haïr.
Ceux et celles qui n’ont jamais pu parler parce qu’ils n’ont jamais été écoutés. Ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte. Ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge.
Ceux et celles qui n’ont jamais pu surmonter leur fondamentale détresse. »

Projet d’écriture : « Un jour, il te vient le désir d’entreprendre un récit où tu parlerais de tes deux mères, l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. Leurs destins ne se sont jamais croisés, mais l’une par le vide créé, l’autre par son inlassable présence, elles n’ont cessé de t’entourer, te protéger, te tenir dans l’orbe de leur douce lumière. Dire ce que tu leur dois. Entretenir leur mémoire. Leur exprimer ton amour. Montrer tout ce qui d’elles est passé en toi. »

Consultez ce lien pour en savoir plus :

 

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13. décembre 2016 · Commentaires fermés sur RUY Blas et Hugo face à la critique : imagine que le dramaturge se défende … · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Tout auteur , un jour, doit faire face à la critique; Certains s’agacent de voir leur talent contesté; d’autres comme Molière ,s’en remettent au public; d’autres encore comme Corneille passent leur temps à se justifier dans leur préfaces ou leurs postfaces; Respect des règles, innovation, modes ou imitation des Anciens, chaque point a son importance et les artistes peuvent parfois se montrer indifférents ou au contraire , extrêmement chatouilleux. Hugo n’a pas eu en tant que dramaturge le succès escompté et nombreux sont ceux, à son époque, mai également aujourd’hui , qui l’ont critiqué; Passons- en revue les principaux points sur lesquels il a été jugé..voici un petit florilège critique ..

 Commençons tout d’abord par les deux sujets d’invention  au choix : 

Imaginez  la réponse que Victor Hugo aurait pu écrire à Emile Zola après avoir lu sa lettre (document 4 ) 

Ou 

Imaginez que Hugo aujourd’hui lise les critiques du site Babelio consacré à Ruy Blas (document 3)  : il décide de répondre en écrivant un article où il prend la défense de sa pièce en tentant de comprendre le point de vue d’un lecteur d’aujourd’hui 

 Liste des documents  

Document 1 : un article critique d’un spécialiste du théâtre hugolien 

Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique 

Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio 

Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de  Ruy Blas en 1880

Document 1 : extrait d’un article publié dans la revue de l’ENS à propos des critiques du théâtre hugolien 

Historiquement et essentiellement, le théâtre est un genre agonistique, pour ne pas dire polémique. Le conflit engendre le théâtre et, en retour, le théâtre provoque le conflit. Les nombreuses querelles et batailles qui jalonnent l’histoire du théâtre – Le Cid et Hernani, pour ne citer que les plus connues sinon les plus violentes – prouvent que le combat est infectieux et qu’il ne reste pas enclos dans le seul espace scénique. Parmi les confrontations que le théâtre appelle, qu’il nourrit et dont il profite, celle qui l’oppose à la critique que l’on appellera, faute de mieux, journalistique est haute en couleurs et en enseignements. Naguère, en effet, le théâtre vivait et mourait par la critique que dispensaient les journaux et leurs censeurs redoutés. Puisqu’il est un art de société, le théâtre s’expose plus qu’aucun autre genre littéraire et les dramaturges sont davantage aux prises avec les critiques que leurs (con)frères romanciers ou poètes. Plus attaqués que les autres, ils ont dû développer davantage leurs systèmes de défense et apprendre à répondre.

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En tant que dramaturge, Hugo a rarement trouvé grâce aux yeux de la critique. Contre ce théâtre trop poétique, trop épique, trop sublime et trop grotesque – trop hugolien, en somme –, celle-ci fait rage et reproche à l’auteur tout ce qui fait son génie .Chacun de ses drames a été l’occasion d’un combat ; la publication en volume lui permet de se justifier et de riposter en cuirassant ses pièces d’un paratexte abondant, varié et destiné à anéantir les critiques qui ont été émises et prévenir celles qui viendront. La dimension agonistique perdure donc, quelle que soit la durée écoulée depuis le tumulte des représentations.

Hugo ne cite jamais les noms de ses détracteurs et ne relaie presque jamais les propos déplaisants qu’il a dû essuyer lors de la création des pièces : inutile d’élever la querelle en débat. Souvent il  donne littéralement son congé à la critique : « L’auteur  pourrait […] examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais, il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire »

Le vrai jugement est celui de la postérité. « Si son drame est mauvais, que sert de le soutenir ? S’il est bon, pourquoi le défendre ? Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra. Le succès du moment n’est que l’affaire du libraire » écrit-il par exemple à la sortie de Cromwell. 

 Que lui a-t-on reproché ? 

Hugo est fréquemment accusé de produire sur la scène des pièces immorales. Dans la préface de Lucrèce Borgia, il réplique et se défend. 

On lui reproche également la dimension grotesque ;

En 1882, si le grotesque dérange toujours, Hugo est devenu une telle idole qu’on lui passerait la plupart de ses excès. La finalité de ces variantes n’est pas pratique mais polémique : montrer à quel point les versions finalement choisies par Hugo sont supérieures en raison même de ce que l’on considère encore comme une faute de goût.

Une autre critique fréquemment adressée à Hugo, comme à tous les forgeurs de fiction, est celle de maltraiter l’histoire dans ses drames. Sur ce point, sa défense ne variera jamais : tout en plaidant sans cesse pour la liberté du créateur, Hugo multiplie les preuves  de bonne foi et d’érudition

Hugo, l’homme-océan, ne peut se contenir dans les limites usuelles qu’on impose aux dramaturges. S’il sait faire parler des personnages, il veut également prendre la parole lui-même jusqu’à l’extrême limite. Il entend montrer qu’il est le maître du jeu dramatique et éditorial, l’énonciateur tutélaire caché derrière tous les personnages, présent d’un bout à l’autre du volume et qui étouffe toute autre voix, fût-elle celle de la critique. Il prouve à nouveau qu’il est bien le « génie sans frontières » dont parlait Baudelaire. La mainmise qu’il voulait sur le théâtre comme art vivant, Hugo la réalise lorsqu’il imprime ses drames. 

 

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Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique 

Chef de file du Romantisme : Le créateur du drame romantique

En 1827, la préface que Victor Hugo rédigea à sa tragédie, Cromwell – sa première œuvre dramatique -, devint immédiatement le manifeste du théâtre romantique. Ce traité se divisait en trois parties : la première, à finalité destructrice, condamnait les règles aristotéliciennes de l’unité de lieu et de temps (deux des règles appliquées dans le théâtre classique), la deuxième partie recommandait en revanche de conserver la seule règle aristotélicienne acceptable, celle qui concernait l’unité d’action, tandis que la troisième partie affirmait le droit et le devoir, pour l’art, de représenter la réalité sous tous ses aspects. Hugo définissait ainsi, contre l’esthétique du théâtre classique, les règles d’un nouveau genre théâtral, le drame romantique.

Le drame romantique né des théories de Hugo se caractérise par l’introduction du laid et du grotesque sur la scène théâtrale, par un plus grand souci de la couleur locale et surtout par le mélange des genres – puisqu’au sein d’un même drame figurent des éléments tragiques et comiques.

Le 25 février 1830, la représentation de la pièce Hernani, qui donne à Hugo l’occasion de mettre lui-même en pratique ses principes, se déroula dans une atmosphère surchauffée par les polémiques entre défenseurs de la tradition et tenants des nouvelles doctrines. C’est cette soirée mouvementée, restée dans l’histoire littéraire sous le nom de « bataille d’Hernani », qui fit officiellement de Hugo le chef de file du Romantisme français. Hugo illustra encore ses théories au théâtre, notamment avec des drames passionnés comme Le roi s’amuse (1832), interdit par la censure, Lucrèce Borgia (1833) ou Ruy Blas (1838), un de ses drames les plus connus.

L’homme de génie s’inquiète peu des diatribes, des harangues et des clameurs de ses ennemis; il sait qu’il aura la parole après eux. (Faits et croyances)

·  Le beau n’a qu’un type; le laid en a mille. (Cromwell, préface)

Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux.

 

Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio 

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  1. Quand un auteur est convaincu de l’enjeu politique et social de la littérature, il est inévitablement porté à s’intéresser au théâtre, art bien plus populaire que celui de la littérature, surtout au XIXe siècle, quand le théâtre était le seul moyen de transmettre une oeuvre écrite inaccessible à la majorité analphabète d’une population.
    Victor Hugo étant un auteur ayant toujours cherché à créer pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens et en ont le plus besoin, il était logique qu’il lance définitivement sa carrière littéraire par le théâtre, et pas n’importe quel théâtre, un théâtre débarrassé des restrictions classiques, un théâtre romantique, exalté, lyrique et emporté, cherchant à satisfaire autant l’intellectuel porté sur l’exactitude historique et le caractère des personnages que le sentimental adepte des intenses peintures des passions.
    Lancé par “Cromwell” et surtout par “Hernani” , le drame romantique hugolien atteint son apogée avec “Ruy Blas“. Bien que ce texte puisse heurter, et même faire sourire, les professionnels de notre théâtre contemporain, il n’en garde pas moins une grande fraîcheur par la beauté et la vigueur de ses vers, la force de ses images et son indéniable caractère populaire. Il est vrai qu’aujourd’hui, les auteurs cherchent avant tout à ne pas être populaire et à créer, non pas pour tous, mais pour certains. le théâtre perd ainsi (peut-être au profit de la télévision et du cinéma ?) ce qui fit sa grandeur et lui donnait tout son sens : être l’élément déclencheur d’un engouement populaire, être créateur de lien social. Ce que Victor Hugo réussit à faire par son théâtre, par ce fameux drame éminemment politique d’un valet épris de la reine d’Espagne, d’un homme du peuple ayant des velléités d’insoumission, d’égalité et de liberté, dans un temps où les incompétences de l’aristocratie commençait à faire de l’ombre aux nouvelles forces et aux volontés aiguisées d’une classe bourgeoise désirant tenir, elle aussi, les rênes de son destin.

 

  1. J’adore cette pièce. Une histoire d’amour flamboyante, une imposture, l’arrière-plan du peuple en marche hugolien, un vilain digne de Frollo (Don Salluste) et une fin shakespearienne dans le sang. Je vénère Shakespeare, adore Hugo, et lorsque le second est le plus proche du premier, son maître, je ne peux qu’applaudir. Il déverse dans cette pièce toute sa passion, conjuguée à un décor espagnol qui s’y prête tellement
  2. Assez déçu par cette pièce de théâtre de Victor Hugo (je préfère ses romans et ses poésies à ses pièces de théâtre !). Ma déception est due au célèbre film “la folie des grandeurs” (avec Montand et de Funès) tiré de cette pièce et que j’ai vu et adoré. Dans cette pièce, les passages comiques n’apparaissent pas (ça je m’en doutais un peu, j’imagine mal Victor Hugo écrire le passage comique du chien qui baise la main à Alice Sapritch !!!). La pièce est plus dramatique car Don Salust surprend Ruy Blas avec la Reine et essaie de les faire chanter. Ruy Blas tuera Don Salust et se tuera en avalant du poison, c’est effectivement moins gai que le film !
  3. J’ai trouvé le thème de cette pièce très actuel, même si les hommes de pouvoir dont elle parle sont des aristocrates de l’Espagne du 17ème siècle… C’est son intérêt principal, sans compter, bien sûr, la belle écriture de Victor Hugo ! Mais à mon goût, l’intrigue est trop rocambolesque, l’histoire d’amour trop romantique. Finalement, ce que j’ai préféré, c’est la préface écrite par Victor Hugo ! Je pense que j’aurais plus apprécié cette pièce si je l’avais vue au theâtre, car elle pleine de rebondissements, de portes qui claquent, et il faut que ça aille vite, il faut du spectacle…
  4. Ne criez pas, madame! Je m’appelle Ruy Blas et ne suis qu’un navet!

    Je n’ai pas un grand goût décidément pour le drame hugolien, même si Ruy Blas a des accents légèrement plus convaincants que ceux d’Hernani, tout m’y semble forcé, empesé, ampoulé, téléphoné- pour tout dire vaguement ridicule – alors que l’esthétique du drame devrait être celle d’une fertile liberté de ton, d’un créatif mélange des genres…
    Si je suis tétanisée d’effroi, pétrifiée par la beauté des tragédies classiques, raciniennes ou sophocléennes, le drame hugolien, lui, me laisse de marbre et m’ennuie même énormément…
    Je vais même vous faire une confidence, que je ne me risquerais jamais à faire sur un réseau de doctes lettrés comme celui de Babelio, mais nous sommes entre nous, pas vrai? Ruy Blas ne m’a vraiment transportée d’aise que quand j’ai vu, au cinéma, sa parodie, La Folie des Grandeurs, avec l’inénarrable de Funès dans le rôle de Don Salluste!!

Le théâtre de Victor Hugo – soyons cruel, pour une fois, envers cet immense auteur -, c’est un peu du sous-Shakespeare: ça mélange le tragique et le comique; ça parle beaucoup, dans des vers grandiloquents; ça passe de la perfidie la plus noire à la noblesse (forcément chez le serviteur, Hugo renverse toujours tout) la plus honorable. Un valet aime une reine, un perfide se venge, un voleur se fait voler, et tout cela s’exalte à foison, pousse de hauts cris, se veut grandiose. Bref, nous ne sommes plus des romantiques. Ruy Blas, pour les cyniques du vingt-et-unième siècle, n’est plus que le prélude à La Folie des Grandeurs, dont Hugo, à coup sûr, était atteint.

C’est toujours pareil avec moi et les écrits d’Hugo : je trouve son style puissant, ses vers sublimes, et je déteste ses histoires. Je dois même avouer que j’ai éclaté de rire à la réplique finale !

Je me suis pressé à lire Ruy Blas, je n’ai pas réellement pu apprécier la complexité de la pièce. Malgré tout j’ai particulièrement aimé. Je ne connaissais pas Victor Hugo en tant que dramaturge, et pourtant il y a du talent. J’ai vraiment pénétré dans le Royaume espagnol de l’époque. J’ai adoré découvrir l’aristocratie, j’ai adoré la tirade de Ruy Blas au gouvernement, j’ai adoré la politique du personnage.

 

Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de  Ruy Blas en 1880

 

ZOLA CONTRE RUY BLAS

 

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Zola rend d’abord hommage à Hugo en tant que poète, mais critique sa philosophie “conduisant la jeunesse à tous les mensonges du lyrisme, aux détraquements cérébraux de l’exaltation romantique “. Il poursuit ainsi  :

        […] Et nous venons bien de le voir, à cette représentation de Ruy Blas, qui a soulevé un si grand enthousiasme.
        C’était le poète, le rhétoricien superbe qu’on applaudissait. Il a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.
        Mais personne, à coup sûr, n’acclamait la philosophie, la vérité de l’œuvre. Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches […] tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. On est obligé de prendre ce drame comme un conte de fée sur lequel l’auteur a brodé une merveilleuse poésie. Dès qu’on l’examine au point de vue de l’histoire et de la logique humaine, dès qu’on tâche d’en tirer des vérités pratiques, des faits, des documents, on entre dans un chaos stupéfiant d’erreurs et de mensonges, on tombe dans le vide de la démence lyrique.

        Le plus singulier c’est que Victor Hugo a eu la prétention de cacher un symbole sous le lyrisme de Ruy Blas. Il faut lire la préface et voir comment, dans l’esprit de l’auteur, ce laquais amoureux d’une reine personnifie le peuple tendant vers la liberté, tandis que don Salluste et don César représentent la noblesse d’une monarchie agonisante. On sait combien les symboles sont complaisants […] Seulement celui-ci, en vérité, se moque par trop du monde.

        Voyez-vous le peuple dans Ruy Blas, dans ce laquais de fantaisie qui a été au collège, qui rimait des odes avant de porter la livrée, qui n’a jamais touché un outil et qui, au lieu d’apprendre un métier, se chauffe au soleil et tombe amoureux des duchesses et des reines ! Ruy Blas est un bohème, un déclassé, un inutile : il n’a jamais été le peuple. D’ailleurs admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. Ici, tout se détraque. Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? Que devient le fameux symbole ? Si le peuple se tue sottement, sans cause aucune, après avoir supprimé la noblesse, la société est finie.
        On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. Je n’insisterai pas davantage sur les énormités de Ruy Blas, au point de vue du bon sens et de la simple logique. 

        Comme poème lyrique, je le répète, l’œuvre est d’une facture merveilleuse ; mais il ne faut pas une minute vouloir y chercher autre chose, des documents humains des idées nettes, une méthode analytique, un système philosophique précis. C’est de la musique et rien autre chose. 

        J’arrive à un second point. Ruy Blas, dit-on, est un envolement dans l’idéal ; de là, toutes sortes de précieux effets : il agrandit les âmes, il pousse aux belles actions…(la suite sur votre document polycopié..)

À propos de l’entrée de Ruy Blas à la Comédie-Française, en août 1880

 

04. décembre 2016 · Commentaires fermés sur Faites entrer l’accusé: la réalisation du procès · Catégories: Seconde
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Notre projet est maintenant commencé et les groupes avancent ..à des rythmes différents ; un point rapide sur l’organisation du travail et la répartition effective des rôles ; Nous avons 5 Don Juan à notre disposition ; les spectres également sont plus nombreux que dans la pièce ainsi que les ex abandonnées . La mère de Don  Don juan hésite entre la défense et l’accusation contrairement à son père qui le considère (à tort selon Molière ) comme un bon fils. Notre tribunal est constitué d’une greffier, d’une juge est de différents avocats , plus ou moins efficaces d’ailleurs. Voyons un peu ce qui reste à travailler …

Tout d’abord, la première difficulté réside dans la prise en charge de la partie technique : les metteurs en scène doivent penser aux accessoires , au montage du plateau (mise en place rapide et démontage) , à la bande son et éventuellement à la création d’un document projeté (  qui comporterait les noms des acteurs ..des photo -montage, des bandes musicales,  et des enregistrements pourraient compléter le dispositif technique de régie) 

Ensuite les metteurs en scène devront régler le déroulement des scènes avec un ordre de passage strict qui sera distribué à chaque groupe de comédiens et des consignes précises qui seront données à l’ensemble des participants durant la répétition générale du mercredi, veille du spectacle et de la représentation. L’idéal serait de minuter les scènes répétées par les groupes de personnages. 

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Il faudra aussi que les textes écrits par les acteurs soient ponctués d’indications scéniques ; en effet, il est important de savoir comment devront être prononcées les répliques .

La présentation du spectacle : elle pourra être assurée par la greffière qui, à la manière d’une journaliste sur un reportage, devra donner aux spectateurs des indications sur ce qu’ils vont voir; la pièce imite elle déroulement d’un procès et juge un accusé Don Juan. 

La juge qui préside les débats a un rôle important sur plusieurs plans : elle doit introduire les différents témoins , prévoir les enchainements entre les groupes et imiter le véritable déroulé d’un procès en appelant les témoins à la barre, en s’entretenant avec les avocats et en faisant régner l’ordre dans la salle d’audience. 

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Les avocats se relaient auprès de l’accusé pour prendre en charge les accusations (on les appelle alors des procureurs) ou pour défendre leur client; ils questionnent les témoins, demandent au juge des reports d’audience ou la permission d’interroger un nouveau témoin . Le vocabulaire juridique doit être employé à bon escient  : chefs d’accusation, preuves , alibi, reconstitution du crime, plaidoirie, réquisitoire, liste des griefs , liste des charges. 

Les témoins : leur rôle est déterminant et ils vont nous faire découvrir différents aspects du personnage ; certains sont en concordance avec l’intrigue imaginée par Molière; d’autres en revanche,sont issus de votre imagination et apportent quelques notes de fantaisie à une histoire connue qu’il permettent ainsi de transformer. On entendra donc plusieurs ex- compagnes du séducteur : certaines en colère et d’autres encore amoureuses.  

Les textes des acteurs  : dans l’ensemble , vos répliques ne sont pas suffisamment étoffées et les didascalies très lacunaires . 

Bon courage car il faut que tout soit prêt pour le 15….

13. novembre 2016 · Commentaires fermés sur Les lettres au théâtre : simples accessoires ou véritables instruments ? · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Quoi de moins scénique qu’une lettre?  par définition, elle est écrite pour être lue par son destinataire et son contenu n’a pas pour vocation d’être exposé au public .A moins qu’il s’agisse justement d’une lettre publique appelée aussi lettre ouverte ; De nombreux dramaturges ont eu recours à ce qui n’est parfois qu’un artifice pour rendre le hors- scène présent ; prenons quelques exemples ..

Dans Cyrano de Bergerac, pièce d’Emond Rostand, Roxane lit à voix haute, les lettres d’amour qu’elle pense avoir été écrites par Christian mais au cours d’une scène célèbre, les spectateurs apprennent que Cyrano est en réalité l’auteur des mots d’amour que Roxane reçoit ; il prête se mots et sa plume au beau Christian et masque ainsi sa laideur et sa timidité derrière le visage d’un autre . Dans Ruy Blas, plusieurs lettres vont jouer un rôle important ; Au début de la pièce, Salluste, marquis de Finlas, fait écrire à Ruy Blas son valet, une sorte  de contrat d’allégeance qui stipule qu’il agit pour son compte exclusivement; Ensuite, nous apprenons que Ruy Blas écrit, en secret, des mots d’amour à la reine et les dépose sur un banc dans le jardin avec un bouquet de ses  fleurs préférées.

La reine va même recevoir une lettre totalement anodine du roi qui lui annonce fièrement qu’il a tu six loups; A cette occasion, elle

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va découvrir que Ruy Blas est l’auteur des billet doux qu’elle reçoit régulièrement car elle a reconnu son écriture ; en effet, le roi a dicté osa propre émettre à Ruy Blas et ce dernier est chargé de l’apporter à la reine ; la lettre jeu donc ici un double rôle dramatique; elle donne une présence te une voix au personnage du roi mais elle fait également avancer l’intrigue dans la mesure où elle permet à la reine de découvrir l’identité de son mystérieux amant romantique . 

Vous avez le choix , pour compléter l’intrigue de Ruy Blas , de composer une de ces 4 lettres 

  • Un lettre de Don Sallust dans laquelle il tente de trouver des arguments afin que son cousin césar alias Zafari accepte de lui prêter main-forte dans ses projets de nuire à la reine.
  • une lettre du roi d’Espagne qui en mission à l’étranger écrit à la reine; il lui révèle des secrets d’Etat, le contenu de sa mission qui a pour but de rendre à l’Espagne sa gloire passée ; A la fin de sa missive, il glisse quelques mots plus intimes pour son épouse.
  • Ruy Blas avant de se suicider en buvant la fiole de poison, laisse une lettre pour la reine et lui tend juste avant de mourir; elle la lit sur scène au moment où le jeune homme agonise ou juste après son trépas.
  • Après la mort de Ruy Blas, la reine découvre qu’elle est enceinte ;  elle cache  au roi cette liaison secrète avec Ruy Blas  mais elle  décide alors d’écrire une lettre destinée à son futur enfant pour lui révéler les circonstances de sa conception . 
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Dans tous les cas, quel que soit le sujet qui vous inspire, vous devrez mettre en scène la lettre en précisant dans quelles circonstances elle est, soit écrite, soit lue. Votre texte comporter donc une série de didascalies qui indiquent clairement la mise en scène avec la position des personnages, des éléments de décor et de scénographie. (4 pts) 

Votre lettre se composera ensuite des formules d’usage : adresse, date , envoi et signature; vous veillerez à respecter la langue du dix-neuvième siècle et l’orthographe en usage actuellement  (4 pts) 

Les éléments de contenu de cette épître seront en relation, à la fois avec le personnage mais surtout avec les éléments  déjà connus de l’intrigue ; vous pourrez donc vous inspirer librement de certains scènes pour inventer ces lettres mais vous respecterez scrupuleusement les indications données par le dramaturge à l’intérieur de Ruy Blas. (8 pts) 

30. octobre 2016 · Commentaires fermés sur Le procès de Don Juan : projet de classe · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Après avoir lu et en étudiant en classe la pièce de Molière , vous avez désormais une idée plus précise du personnage de Don Juan  et vous allez devoir mettre en scène son  procès. Il faudra tout d’abord reconstituer une cour de justice et désigner un juge qui dirigera les débats, un avocat de la défense qui prononcera une plaidoirie en faveur de l’accusé, un procureur qui instruira à charge en rappelant les griefs contre l’accusé.Vous devrez également imaginer les différents témoins qui se succéderont à la barre et leurs témoignages.  Vous jouerez cette pièce dans la salle polyvalente du lycée devant une autre classe qui elle aussi a étudié la pièce.

Pour reconstituer ce tribunal, vous pourrez bien évidemment vous inspirer des différents personnages de la pièce comme le valet Sgnarelle et celui de doña Elvire Gusman, les frères d’Elvire qui rêvent de venger l’honneur bafoué de leur sœur. Les femmes seront nombreuses à ce procès et en plus d’Elvire, de Mathurine et de Charlotte, il est tout à fait possible d’inviter et d’imaginer plusieurs anciennes conquêtes de Don Juan que vous ferez venir pour l’occasion et que vous présenterez au public. Les hommes seront également représentés avec Pierrot qui devra s’exprimer avec son accent paysan ainsi que Lucas . Vous pouvez aussi créer en plus du personnage de marchand de  Monsieur Dimanche, de nouveaux personnages comiques ou tragiques de créanciers.   Certains témoignages sont particulièrement attendus comme celui du pauvre et celui du Commandeur. En plus de ces témoins que vous avez croisés dans la pièce , vous avez l’opportunité d’inventer de nouveaux caractères . 

Consignes pour le travail de groupe. 

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Vous formerez des groupes de 4  au maximum et au sein de chaque groupe, vous travaillerez individuellement le texte du personnage dont vous jouerez le rôle le jour de la représentation . Le personnage de Don Juan principal accusé ,sera interprété , à tour de rôle  par au moins 6 élèves différents car il devra répondre à chaque accusation 

Liste des rôles à distribuer . L’idée est que chacun joue un rôle …à sa mesure

6 Don Juan au minimum 

2  ou 3 juges qui auront en charge l’organisation des débats 

 Au moins  3 avocats pour la défense et 3 ou 4 pour l’accusation 

une douzaine de témoins dont les interventions  ne seront pas  limitées à des prises de paroles car ils devront répondre aux questions des avocats 

Chaque groupe écrira entièrement les répliques des personnages et les questions des avocats . Il sera nécessaire que les groupes désignent un coordonnateur qui travaillera avec les coordinateurs des autres groupes, à la reconstitution du déroulement du jugement. 

Deux  ou trois élèves pourront s’improviser metteurs en scène, scénographes et accessoiristes. Ils seront chargés de la mise en scène du projet et dirigeront toutes les répétitions . Il est bien entendu possible de se servir du texte de Molière et d’inventer de nouveaux aspects du personnage , en concordance avec ceux que vous avez entrevus. 

Modalités d’évaluation

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Ce travail de longue haleine sera évalué de trois manières  . Une note  d’investissement  par groupe sur 5 qui sera l’indicateur du sérieux et de la motivation de l’ensemble du groupe. Une seconde note évaluera le travail écrit qui sera rendu par chaque élève soit sous forme d’un texte de théâtre monologue et dialogue , soit sous la forme de notes de mises en scènes . La troisième note tentera d’évaluer la performance  scénique le jour de la représentation et reposera sur la maîtrise du texte , la conviction du jeu et  parfois la capacité à improviser et  à se montrer crédible .