On appelle essai, ou parfois dissertation, une exercice littéraire qui consiste à vérifier l’exactitude d’une opinion au moyen d’exemples , le plus souvent tirés de votre expérience de lecteur ou de spectateur. L’exercice se présente sous la forme d’une question , ouverte ou fermée ( dans quelle mesure les monstres permettent -ils de mieux comprendre ce qu’est l’humanité ou les monstres sont -ils toujours les ennemis des hommes ? ) ; Mais il peut également s’agir d’une affirmation à discuter : cela veut dire qu’on vous demande votre avis ; Mais , vous l’aurez bien compris; il ne s’agit pas uniquement de répondre par oui ou par non ; Il faut argumenter et surtout trouver des exemples qui valident la thèse et des illustrations qui en montrent les limites ; Autrement dit ,vous devez envisager plusieurs réponses possibles . Voilà comment procéder. Plus »
Quelques uns de vos haïkus amoureux en atelier poésie..bravo à tous
Ses yeux dans mes pensées
La peur de m’y noyer
Je ne peux qu’aimer by Zelda
Ton visage de renarde
Dans la clairière des sages
Formant mirage by Clémentine
Notre amour tombe comme
Neige dans le désert
De ma vie by Mlachahe Plus »
De nombreux écrivains, à toute les époques, ont fait l’objet de poursuites judiciaires : du temps de Louis XIV, un écrivain dont les idées étaient jugée dangereuses pour l’Etat , finissait souvent banni ou emprisonné. La Fontaine, a appris , par exemple, à ses dépens, qu’on ne pouvait se moquer impunément du roi sans encourir une disgrâce. Au siècle suivant, sous l’égide des Lumières, certains écrivains ont connu la prison et furent condamnés à l’exil ; Diderot fit plusieurs séjours au donjon de Vincennes et Voltaire choisit de s’installer en-dehors du territoire français, à la frontière Suisse. Même Victor Hugo fut contraint à l’exil dans les îles anglo-normandes lorsque Napoléon III s’empara du pouvoir par un coup d’Etat. Les auteurs qui combattent, par leurs idées , le pouvoir politique, le paient souvent assez cher . Mais la société civile peut également leur reprocher leurs idées amorales ou licencieuses. En 1857, Flaubert et Baudelaire furent tous deux accusés d’outrage aux bonnes moeurs et furent contraints de se justifier; leurs avocats démontrèrent qu’ils voulaient, en fait, montrer le Mal pour mieux dissuader leurs lecteurs d’y avoir recours.
Imaginons quel aurait pu être le réquisitoitre prononcé par un avocat contre Charles Baudelaire; Comment ce dernier aurait-il pu argumenter pour faire condamner le poète et son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs du Mal ?
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes aujourd’hui , réunis pour juger un dangereux criminel: oui, il s’agit peut- être d’un artiste mais je n’hésite pas à qualifier cet homme de dangereux criminel et je vais vous le prouver. Regardez-le un instant : ce regard fuyant, ce teint blême, ces habit noirs : tout en lui porte la trace du Mal . Arrêté à plusieurs reprises en état d’ivresse, il est de notoriété publique, connu pour fréquenter assidument les prostituées et des témoins affirment l’avoir vu consommer de l’opium et du haschich. Comment un être aussi pernicieux pourrait-il composer une oeuvre édifiante ? J’ai lu , Mesdames et Messieurs , cette oeuvre , dégoûtante, écoeurante, abominable et je n’y ai trouvé que stupre,luxure, dépravation, amours interdites et contre-nature. “L’ odieux y côtoie l’ignoble et l’infect; jamais on ne vit telle revue de démons, de diables et de vermine; Jugez plutôt rien qu’en entendant les titres de ces soi-disant poèmes : A une mendiante rousse : bel exemple pour notre jeunesse que d’évoquer la mendicité de nos rues, un véritable fléau ! L’amour du mensonge: et comment voulez-vous faire une oeuvre moralement irréprochable avec un tel titre ? Bohémiens en voyage: Monsieur le poète évoque ces gitans qui viennent rôder aux portes de nos villes et s’établissent dans des campements insalubres où ils vivent de larcins et parfois même de vol d’enfants . Une charogne : un poème particulièrement raffiné puisqu’ il célèbre la beauté d’un cadavre. Franchement répugnant et le poète ne nous épargne aucun détail comme la puanteur, les mouches qui bourdonnent sur le ventre putride et se transforment en larves ; Tout dans ce poème n’est qu’ordure, vermine et infection .
Comment ne pas penser à un esprit dérangé quand nous lisons ces vers ? Continuons à nous enfoncer un peu plus dans l’horreur de ce cerveau décati : danse macabre, enfer, néant, fontaine de sang: En voulez-vous d’autres encore ? même ce nom grec atroce : héautontimomérounos qui désigne celui qui se punit lui-même : Baudelaire y écrit, noir sur blanc, être lui-même le vampire de son propre coeur ; Une créature maléfique donc que nul ne doit mentionner sous peine d’offense à la religion catholique qui bannit de telles supercheries. Sur ce terrain, on pourrait continuer à dresser la liste des méfaits de cet écrivaillon : sorcières, femmes sataniques, sabbat, et autres goules sont légion dans les poèmes; pas une page, pas un vers sans qu’on y rencontre une créature infernale ! Je n’ai même pas encore évoqué la luxure et les moeurs dégénérées de ces femmes : Lesbos, Muse vénale, Serpent qui danse; Là encore, Mesdames et Messieurs, je me contente de citer les titres des morceaux choisis de ces fleurs qui ressemblent plutôt à un tas de pourriture . Alors je vous le demande, en votre âme et conscience, cet écrivain mérite-t-il d’être publié ? Allons-nous laisser ces idées perverses issues d’un cerveau en décomposition, gangrèner les esprits de nos concitoyens? Pensez à ces jeunes filles qui risquent d’être à tout jamais effrayées de ce qu’elles vont découvrir ! Nous nous devons de les protéger, de les mettre à l’abri de telles horreurs: il s’agit de notre devoir de citoyen! Que ce Monsieur Baudelaire continue à écumer les lieux mal fréquentés et à fréquenter les femmes de mauvaise vie s’il le souhaite mais qu’il ne se mêle pas de littérature et n’entende pas nous faire partager ses expériences . Impossible, vous m’entendez, de ne pas condamner intégralement ce livre et je suggère également de demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi moralement après la lecture de ce tissu d’obscénités. Je vous laisse délibérer . Merci de m’avoir écouté !
Quels procédés argumentatifs ont été utilisés pour construire ce réquisitoire ? comment est-il organisé ?
Voilà un padlet qui a été élaboré à partir de vos récits : merci à tous les contributeurs ; leurs textes ont été parfois modifiés ; Vous trouverez également des témoignages authentiques du parcours de ceux qui cherchaient l’Eldorado ..l’ont-ils parfois atteint ? Tous évoquent la mélancolie de l’exil , les difficultés de l’intégration, des belles rencontres parfois et la déception aussi pour certains .
Laurent Gaudé a choisi, dans ce livre qui évoque l’espoir des migrants de parvenir en Europe, de nous montrer les difficultés du parcours de Soleiman, une jeune soudanais qui , au départ, décide de quitter Port- Soudan avec son grand frère . Il va tout d’abord devoir affronter l’inconnu : se retrouver seul, entourés de gens qu’il ne connaît pas ; Il voyage dans des conditions rudimentaires et doit , en permanence, surveiller ses voisins , de peur de se faire voler le peu d’argent qu’il a réussi à emporter; ses compagnons de misère sont nombreux et tous ces jeunes gens, de jeunes hommes le plus souvent, sont à la merci de la férocité des passeurs; Le romancier présente, en effet, dans ce récit, des figures de passeurs cruels et sans scrupules qui exploitent la pauvreté humaine ; Entrons dans les détails du roman.
Comment Soleiman a -t-il réussi à rallier l’Espagne ? Et que va -t-il se passer à son arrivée ?
Parti du Soudan, il a du renoncer au passage par la voie maritime pour emprunter la route et traverser une partie du continent africain , à pied, sans bagage et ne volant de l’argent pour subsister; Il a subi la violence des passeurs, redouté celle de ses camarades et a affronté le combat contre les policiers qui gardent les frontières . L’Europe apparait ainsi comme une citadelle qu’il faut préserver des assauts de tous ces miséreux dont les yeux brillent à la pensée de réaliser leur rêve; Qu’imaginent-ils en Europe ? La liberté bien sûr, la paix et l’abondance pour ceux qui peinent à se nourrir dans leur pays; dans la réalité, ils sont souvent déçus losrqu’ils arrivent car les pays qui les accueillent au nom des droits de l’homme, ne veulent pas d’eux ; Ils doivent alors apprendre une nouvelle langue, chercher du travail et un hébergement et es mettre en règle au regard de la loi ; ce qui signifie obtenir un titre de séjour , le seul moyen d’éviter l’expulsion dans leur pays d’origine; En vous demandant d’écrire les premières impressions du personnage de Soleiman à son arrivée en France, je souhaitais voir si vous alliez privilégier l’espoir ou la déception , l’enthousiasme ou l’amertume et la nostalgie de son pays natal. Vos devoirs pour la plupart ne sont guère réalistes . Soit vous résumez son parcours et me rappelez ce qu’il a du endurer pour parvenir en Europe (ce qui n’est pas le sujet demandé ) soit vous lui faites vivre un conte de fées ou un enfer . C’était intéressant d’envisager sa séparation ou le maintien d’une relation avec son compagnon Boubakar mais ce n’était pas l’objet du devoir ; L’idée, je le rappelle , était de se mettre dans la peau de quelqu’un qui a quitté se racines pour réaliser un rêve, celui d’avoir une “belle ” vie et qui se retrouve réfugié dans un pays étranger dont il ne parle pas la langue. Vous auriez pu vous documenter sur cette réalité en consultant notamment, sur internet, les informations de la Cimade et en lisant des témoignages de migrants . Qu’est-ce qui leur manque le plus ? de quoi ont-ils peur ? comment font -ils pour obtenir des papiers et la régularisation de leur statut ? Où vont-ils majoritairement ? Des associations comme la CIMADE ou Amnesty International tentent de venir en aide aux migrants partout dans le monde : découvrez-les
Le personnage de Soleiman illustre les difficultés d’un migrant pour parvenir jusqu’en Europe; Mais il n’est pas au bout de ses peines . Regardez ensuite ce qu’il doit faire pour obtenir peut- être la régularisation de sa situation de clandestin.
Au titre de prolongement de notre réflexion sur les migrants , je vous suggère de regarder le film WELCOME de Philippe Lioret et de déposer vos impressions en créant des mi-notes ( 5 lignes max) sur le mur collaboratif de lycée connecté qui a pour titre WELCOME .
Laurent Gaudé est un écrivain soucieux de développer dans ses fictions, des événements en lien avec la réalité ; Ainsi, après avoir écrit un roman sur les souffrances des jeunes combattants dans les tranchées en 14/18 intitulé Cris, il a ensuite publié un roman en relation avec l’ouragan nommé Katrina , ce cyclone tropical qui a dévasté une partie de la Louisiane en 2005 , défigurant la ville de la Nouvelle-Orléans et plongeant ses habitants dans le chaos; Pour écrire Eldorado, il s’est inspiré d’une réalité tragique , celle que les journaux illustrent presque quotidiennement et qui touche aux vagues migratoires . Chaque jour , en effet, nous entendons parler, depuis plusieurs années , de ces milliers de migrants qui quittent leurs pays en guerre pour tenter de rejoindre l’Europe, leur Eldorado à eux ! Examinons ensemble comment les réalités des flux migratoires sont présentées à travers le roman.
L’histoire commence à Catane , une ville portuaire du Sud de la Sicile, construite sur les pentes de l’Etna et célèbre pour son marché aux poissons . Elle se situe en Sicile , à quelques centaines de kilomètres au Nord de l’île de Lampedusa qui voit arriver des centaines de bateaux de migrants . Dans notre roman, il est question de plusieurs candidats à l’émigration; Tout d’abord une jeune femme raconte sa traversée à bord du Vittoria, en 2004. Victime de passeurs criminels, elle a payé 4500 dollars pour un passage en Europe ,pour elle et son bébé , qu’elle a vu mourir, jeté par dessus bord . Voilà comment le romancier raconte leur rencontre à bord du bateau qui dérivait ” Jusque là il n’avait vu qu’un corps emmitouflé, qu’une femme éreintée de fatigue, une pauvre âme déshydratée qui ne voulait pas quitter la nuit. mais lorsqu’il croisa son regard, il fut frappé par cette tristesse noire qui lui faisait serrer la rambarde de toute sa force. C’était le visage de la vie humaine battue par le malheur.Elle avait été rouée de coups par le sort. Cela se voyait.Elle avait été durcie par mille offenses successives”
Quel est le parcours de cette migrante ? Son point de départ est Beyrouth, capitale du Liban, pays ravagé par une guerre avec son puissant voisin Syrien ;le pays est lui-même divisé entre les sunnites et les chrétiens maronites ; en 2004 l’ancien premier ministre Rafic Hariri se range aux côtés des opposants à la Syrie mais les militaires syriens occupent toujours une partie du territoire libanais. Avant de prendre le bateau, elle doit attendre sur un quai où s’entassent des centaines de personnes ” tant de gens. tant de silhouettes peureuses qui convergeaient vers ce quai. des jeunes hommes pour la plupart. N’ayant pour seule richesse qu’une veste jetée sur le dos. ” p 25 ” Il y avait là de tout ; des Irakiens; Des Afghans, des Iraniens, des Kurdes, des Somalis. ” Tous ces pays sont en guerre et pour certains s’ajoutent les famines et les sécheresses . Durant la seconde nuit, l’équipage abandonne le navire et sa cargaison humaine. Le bateau dérivera ensuite trois jours durant lesquels les passagers ne purent ni manger ni boire . Sur 500 passagers, seuls 386 survécurent ( p 28 ) Cette terrible traversée s’inspire bien sûr des récits de migrants ; dans l’intrigue du roman, la femme demande une arme à Piracci afin de se venger : elle veut tuer l’armateur Hussein Marouk , celui qui a affrété le navire , battant pavillon Ouzbek . ce dernier est un homme d’affaires libanais , proche des services secrets syriens et l’opération est, selon elle, politique; Damas entend ainsi faire comprendre à l’ Europe qu’elle n’a aucun intérêt à faire entendre qu’elle se prononce contre l’occupation du Liban par la Syrie; C’est une sorte de chantage qu’on retrouve , en ce moment , avec la Turquie qui ouvre ses frontières , laissant ainsi des milliers de personnes affluer vers l’espace européen. ” ils nous ont envoyés sur la mer comme on envoie à son ennemi un paquet contenant un animal mort; et nous avons payé notre mort.” ( p 33 )
Piracci s’interroge alors sur les vrais responsables de ces atrocités ; qui doit payer ? les membres de l’équipage qui n’ont aucun honneur ? les organisateurs qui exploitent la misère de “pouilleux condamnés à l’agonie ? ” La femme sait qu’elle va repartir parce que pour elle “ la boucle est bouclée. Vous avez été le premier visage de l’Europe, vous en serez le dernier.” Plus tard, avec son ami Angelo, il essaiera d’imaginer le destin de cette femme et il prendra alors conscience qu’il ne peut plus supporter sa vie : “Des barques vides . Des barques pleines. La migration des nations” Il décidera alors , à son tour, de devenir un migrant .
Le second chapitre s’ouvre sur les préparatifs du départ de deux frères qui vivent au Soudan : ils font les adieux à leur ville et sont déjà nostalgiques ; la mélancolie de l’exil est un thème majeur chez les migrants qui perdent leurs racines : ” J’ai vingt cinq ans; Le reste de ma vie va se dérouler dans un lieu que je ne connais pas et que je ne choisirai peut être même pas.Nous allons laisser derrière nous la tombe de nos ancêtres; Nous allons laisser notre nom, ce beau nom qui fait que nous sommes ici des gens que l’on respecte.”..” Là où nous irons, nous ne serons rien; des pauvres, sans histoire, sans argent “( p 44 ) Les deux frères sont conscients des difficultés qui les attendent mais semblent déterminés à partir ; ils pensent notamment à leurs enfants qui seront appelés “fils d’immigrés” mais leurs petits- enfants , eux seront libres , ce “seront des lions au regard décidé ” Soleiman est bien décidé à dire adieu à sa vie et le romancier emploiera les mêmes mots pour évoquer le départ de Piracci au chapitre VII ” je suis sur le point de dire adieu à ma vie , pensa-t-il ” . Les deux frères quittent leur maison en emportant “la longue traîne” de leur vie passée, tous leurs souvenirs d’enfance et de famille. On voit bien ici que le départ est un déchirement pour ceux qui laissent leur vie derrière eux .
Au moment où les deux frères se mettent en route, le capitaine sort en mer pour tenter de sauver des migrants clandestins, pour la plupart “de jeunes chiots de vingt ans partis pour tenter leur chance, ou pour braver le sort “. Leur parcours est tout tracé : centre de détention d’abord et peut être renvoi dans leur pays d’origine. Pour beaucoup d’entre eux, un échec renouvelé qui n’en décourage pas certains.
Après la séparation des deux frères , en raison de la maladie de Jamal, Le voyage de Soleiman sera mouvementé : il passe d’abord par la Libye, pays frontalier du Soudan ; Il a payé un passeur qui doit l’y conduire en voiture , jusqu’à la ville de Al-Zuwarah où un nouveau réseau de passeurs doit lui permettre d’accéder à un navire en partance pour Lampedusa. Le trajet en voiture dura deux jours et deux nuits ; ensuite, il dut se cacher , avec d’autres migrants ,dans un appartement vide pour attendre les passeurs “tout le monde craint de se faire voler; tout le monde est si fatigué que seul le silence convient à notre usure.” Lorsque le camion arrive, Soleiman a vraiment hâte de quitter l’Afrique et il est prêt à travailler comme un chien pour pouvoir envoyer l’argent des médicaments à son grand frère ( p 116 ) Mais subitement le camion s’arrête et les migrants sont , frappés et dépouillés par les conducteurs armés; Soleiman qui attaque l’un d’entre eux , se retrouve mis à l’écart et roué de coups; Lorsqu’il reprend conscience et qu’il parvient à se relever , il constate que tous les hommes sont partis sauf un, âgé de 35 ans environ, qui se prénomme Boubakar ; ce dernier lui raconte qu’il est en route depuis 7 ans . Ensemble, ils décident de choisir une autre voie que la voie maritime : la voie pédestre, beaucoup plus longue car il leur faudra parcourir des milliers de kilomètres pour rallier l’Europe par l’Espagne en traversant l’Algérie et le Maroc. Ils vont prendre des camions dans lesquels s’entassent des hommes qui cherchent à s’enfuir d’Afrique mais également des Libyens et des Egyptiens qui se déplacent de village en village pour vendre leurs marchandises, le plus souvent. En route pour Ghardaïa, Soleiman réalise qu’ils n’ont presque plus rien et il décide alors d’agresser un passager, un Algérien nommé Ahmed, pour lui voler son argent au cours d’un arrêt à Ouargla. Il se sent alors honteux ” je suis une bête charognarde qui sait sentir l’odeur de l’argent comme celle d’une carcasse faisandée” ( p 146 ) .Soleiman partage l’argent avec Boubakar et lit dans les yeux de ce dernier une étrange tristesse; cet argent volé et obtenu par la violence, va leur permettre d’ économiser des semaines de travail pour payer la suite de leur voyage mais ce geste a ôté au personnage une part de son humanité . Il est devenu l’égal de ceux qui le dépouillent et profitent de sa faiblesse . “le dégoût s’empare de moi; je suis laid. Je ne suis plus rien, plus rien qui vaille d’être sauvé ” . Les deux hommes vont pouvoir payer leur trajet de Ghardaïa à Oujda et Soleiman va offrir son collier à Piracci qu’il prend pour l’une des ombres du Dieu Massambalo. Il leur reste une dernière étape à franchir : traverser la frontière.
Que sait -on des conditions dans lesquelles ils voyagent ? Avec la chaleur, la peur des contrôles et des barrages, de se faire voler , les hommes dorment peu et mal. Ils sont éprouvés par la promiscuité et l’incertitude de leur sort. Ils montent à bord de camions bruyants et inconfortables et parcourent des routes poussiéreuses . Souvent, ils sont obligés de mendier dans la rue et craignent que les policiers tentent de les disperser et d’évacuer leurs campements provisoires . Alors ils courent comme des rats dans la nuit pour échapper aux chiens qui les mordent et aux policiers qui les frappent . Cela fait maintenant 8 moi que Soleiman est parti alors que la traversée par la Libye devait durer moins de 4 jours. Les migrants doivent également se ruer à l’assaut des frontières en franchissant les barbelés; C’est le cas notamment entre le Maroc et l’Espagne pour atteindre Ceuta . ( p 179 ) Il sont plus de 500 entassés dans la forêt : Maliens, Nigérians, Togolais, Camerounais , Guinéens, Libériens et décident de passer en force et de construire des échelles pour franchir les barbelés et dépasser les patrouilles de policiers espagnols qui montent la garde. L’assaut est brutal, dangereux et violent. “Nous allons courir comme des bêtes et cela me répugne..le temps de l’assaut nous allons redevenir des bêtes ” (180 ) Les policiers tirent des balles en plastique et les corps sont de plus en plus nombreux dans la bande de terre qui sépare les deux pays; c’est alors que Soleiman aperçoit une brèche dans le grillage et les deux hommes réussissent à ramper sous les barbelés . Ceux qui ont réussi à passer sont alors regroupés et pris en charge, sur le territoire espagnol par des associations humanitaires d’aide aux migrants : ils sont cependant en état d’arrestation et vont être conduits dans un centre de détention . Ils seront ensuite relâchés et libres , explique Boubakar.
” Les émigrants continueront à se presser aux portes de l’Europe, toujours plus pauvres, toujours plus affamés . Les matraques seront toujours plus dures mais la course des damnés toujours plus rapide. Un continent est à venir.. Nous laissions là des années perdues dans la misère et les guerres intestines, pensent les personnages à la fin du roman. Les hommes du continent africain continueront-ils à se lancer encore longtemps à l’assaut des frontières de l’Europe ?
Ce roman est donc inspiré de faits réels : Laurent Gaudé a lu des articles de presse et a constitué un fonds documentaire avant d’écrire son roman: il a étudié notamment les itinéraires empruntés par les populations africaines pour passer en Europe, par la mer ou par les terres ; Il se sent préoccupé par le sort des migrants et souhaite changer le regard que nous autres , Européens, portons généralement sur ceux que nous appelons les “immigrés” ou les clandestins . Ils voyagent et fuient sans papiers peut être mais ne leur ôtons pas leur humanité ; Ce sont des hommes avant tout et pas simplement des réfugiés ou des étrangers .
Un personnage de roman est un drôle d’individu qui a une existence uniquement virtuelle mais auquel on parvient toutefois à s’identifier, plus ou moins . Si à l’origine, le héros de roman est souvent un demi-dieu , dans les romans de l’Antiquité par exemple, ou un être exceptionnel, valeureux , il va subir, au fil des siècles, plusieurs transformations. De nos jours, les héros incarnent différentes facettes de l’homme et souvent, comme dans les romans de Laurent Gaudé, on trouve des héros qui ne sont ni tout à fait admirables, ni tout à fait courageux . Dans Eldorado, Salvatore PIracci et Soleiman se partagent les premiers rôles . Examinons ensemble comment est construit ce personnage de Piracci .
Un personnage c’est d’abord un portrait : physique ou moral ; Il joue également un rôle dans une intrigue et possède des fonctions , Enfin, il a souvent une dimension symbolique ; C’est pourquoi nous nous demanderons qui est Piracci, quel rôle joue-t-il et quel type de héros représente-t-il ?
Le premier chapitre du récit s’ouvre avec son apparition : il déambule dans le marché aux poissons de la ville de Catane située en Sicile , près de Lampedusa.Il aime profondément la mer et la considère un peu comme une déesse nourricière . “ il respirait avec bonheur l’odeur de la mer ” ; C’est un homme solitaire ” séparé de sa femme quatre ans plus tôt ” “Il était seul; Le fils de plus personne; Ni père ni mari.Un homme de quarante ans qui mène sa vie sans personne pour poser un regard dessus” Ce matin là, il sent comme une étrange présence derrière lui : c’est une femme qui le suit .
Piracci a un ami nommé Angelo qui vend des journaux sur le port . Lorsqu’il rentre chez lui, une femme l’accoste et son visage , sans lui être familier, lui rappelle un vieux souvenir . C’est une passagère du Vittoria, un bateau rempli d’émigrants qu’il a intercepté en 2004 , deux ans plus tôt. Son métier : marin, garde-côtes passionné de mer, fier de la rutilance de son uniforme et qui aurait avalé tous les océans avec un appétit féroce; ” Cependant c’est un homme usé par le spectacle de la misère . “ Vingt ans de ces nuits lui avaient usé le visage et cerné les yeux ” ( p 22 ) Il écoute la passagère lui raconter , en détails , l’horreur de la traversée et il se sent prêt à lui donner tout l’argent qu’elle possède mais elle lui demande une arme . Elle lui explique qu’elle veut se venger et tuer Hussein Marouk, l’armateur libanais du bateau ; A sa place , Piracci songeait qu’il aurait voulu se venger des membres de l’équipage . Il finit par donner à cette femme une arme et “ loin d’en être terrifié, il éprouvait un étrange et inquiétant soulagement “
Le personnage de Piracci ne réapparaît qu’au début du chapitre III, intitulé Tempêtes . Plusieurs mois après sa rencontre avec la femme du Vittoria, il reçoit une lettre où elle lui indique qu’elle s’est embarquée à bord du Sakala pour rallier Beyrouth et ensuite Damas . En discutant avec Angelo, Piracci comprend que cette femme a fait de lui le témoin de son voyage et il commence à émettre l’idée de partir à son tour ” j’aurais du parti avec elle et le tuer moi-même. après tout cela entre dans la cadre de mes fonctions . Ce serait un prolongement naturel de la lutte contre l’immigration clandestine.” ( p 58 ) Piracci commence alors à réfléchir à ce qu’on lui a appris à l’école de commandement “ Ils nous disaient que nous étions là pour garder les portes de la citadelle ” Pendant longtemps, Piracci s’est d’ailleurs senti un gardien mais il se déclare fatigué et se considère davantage comme “le mauvais oeil des désespérés” Lorsque le commandant décide de quitter son ami, ce dernier pense qu’il est en train de prendre une grande décision , peut être de songer à un grand départ; A ce moment là , son second vient le chercher pour venir en aide à un nouveau navire . Il s’agit d’un navire qui transportait des clandestins : ce dernier a eu une panne et l’équipage s’est débarrassé des immigrants en les jetant à la mer dans des canots de sauvetage, en pleine tempête . Il retrouve quelques hommes en vie mais il sait qu’ensuite “ il va redevenir le commandant italien d’un navire d’interception” (72 ) Malheureusement il ne retrouvera plus aucun survivant dans la mer en furie et s’en voudra de ne pas avoir réussi à sauver d’autres vies.
Nous retrouvons le capitaine au chapitre V : il songe un instant à se jeter dans la mer ; Il sent alors comme l’impression de sortir de sa vie “la foi en la nécessité de sa tâche l’avait définitivement quitté” . Il a alors l’idée de fuir cette vie qui lui donne la nausée. Lorsqu’un migrant vient lui demander de le cacher afin qu’il échappe au contrôle des policiers, il refuse sans vraiment savoir pourquoi . Au dernier moment, il est prêt à changer d’avis mais il est trop tard et l’homme crache à ses pieds : il cracha sur cet homme qui laissait les choses aller leur cours puis, l’instant d’après, le regrettait. A bout du quai, il agresse avec violence le capitaine libyen du bateau qui a mis les migrants à la mer avant d’ obéir aux ordres d’un colonel qui lui enjoint de s’en aller. “Tout se détraque” pensa-t-il alors ; “ Il se sentait épuisé d’une vieille fatigue qui le rongeait minutieusement.” ( p 109 ) Il se rend alors dans le cimetière de Lampedusa où il découvre que peu à peu , les corps des migrants ne sont plus enterrés avec les familles locales comme au début . Un inconnu s’approche alors et lui parle de l’Eldorado : Piracci sut ” à cet instant que ce nom lointain allait régner sur chacune de ses nuits” ( p 114 )
En discutant , quelques semaines plus trad, avec son ami Angelo, Piracci réalise qu’il ne veut plus de cette vie et se justifie ainsi : “je ne peux plus supporter ces regards de demande infinie puis de déception. Ces regards de peur et de dévastation. Je ne veux plus ” Il décide donc de ne plus retourner travailler “il enterrait le commandant qu’il avait été. ” Il explique alors qu’il a vidé son compte bancaire et qu’il va partir en barque .Il fait un dernier tour dans les ruelles de la vile de Catane endormie et symboliquement, il brûle sa carte d’identité ; Désormais , il n’était plus personne: son nom, sa date et son lieu de naissance venaient de disparaitre . Il a très peur mais en même temps il se sent vivant et ressent une drôle de sensation comme s’il commençait une nouvelle vie . A la rame, il met le cap sur la Libye; “il se sentait heureux. comme il était doux de n’être rien; Rien d’autre qu’un homme de plus, un pauvre homme de plus sur la route de l’Eldorado ” p 137
Arrivé à Al Zuwarah, il est emmené par un policier auprès d’une femme qui dirige un réseau de passeurs de migrants : elle cherche des capitaines pour conduire les bateaux sur lesquels elle entasse des pauvres gens après leur avoir demandé beaucoup d’argent . Piracci monte alors, au hasard,dans un bus pour lui échapper et tend l’argent au chauffeur; En chemin, les passagers lui demandent de parler de l’Europe et pour les dissuader de partir, il évoque l’absence de travail, la misère, le règne de l’argent et le froid ; peu à peu , les visages deviennent hostiles et le chauffeur finit par le chasser du bus en pleine nuit , au milieu de nulle part ” ( p 187 ) On avait vu en lui un mauvais esprit et on avait préféré le laisser sur le bord de la route pour qu’il ne nuise pas davantage au sort des voyageurs” ( p 191) Dans ce petit hameau, il entend un ivoirien raconter la légende des ombres du Dieu Massambalo; ce dieu veillerait sur les hommes qui quittent leur pays et enverrait des ombres , aux quatre coins du monde pour les aider; Il suffit, quand on en croies une , de prononcer le nom du Dieu et si l’ombre acquiesce , de lui offrir un cadeau; Alors on sera protégé jusqu’à la fin du voyage; Piracci aimerait croire à ces histoires qui font briller les yeux des hommes dans la nuit mais il sait lui “ qu’à l’heure des tempêtes, il n’y a pas d’esprit pour veiller sur les malheureux; ( p194)
Un peu à l’écart des hommes , il songe à mourir car sa vie n’a plus de sens , à ses yeux “il était sec. Usé. Plus rien ne pouvait ranimer son regard. ” ( 195 ) Me voilà arrivé au bout de ma course” . Il pense alors à se fondre dans l’ombre pour y poser ses fatigues et songe à la femme du Vittoria qui est venue lui donner ce mystérieux signal de départ . Il décide alors de s’asperger d’essence et se dirige vers un des camions garés dans le village; Un homme s’approche alors du capitaine qui s’évanouit.On lui donne à manger et il reprend sa route vers Ghardaïa ; L’odeur de l’essence lui colle à la peau “il avait beaucoup maigri. ses traits s’étaient creusés. Une longue barbe lui mangeait le visage. Une peur était née dans ses yeux. “ (212 ) Un jeune homme le regarde depuis un long moment et finit par s’approcher de lui: c’est Soleiman qui prononce le nom Massambalo; Comment Piracci va-t-il réagir ? ” allait-il consentir ou renoncer ” Il finit par baisser la tête en signe d’assentiment et voit alors le visage du jeune homme s’illuminer ; Soleiman lui offre le collier de perles vertes que son frère lui avait donné lorsxqu’ils se sont quittés.
Le personnage est prêt à nous quitter . Mais de quelle manière ? Il choisit une route qui s’enfonce dans la nuit et s’apprête à devenir une ombre du dieu Massambalo, “une ombre qui donne du courage aux hommes ” . En traversant la route, perdu dans ses pensées il se fait écraser par un camion et distingue des bruits autour de lui ; Sans doute des migrants ; Son corps fracassé lance ses dernières forces pour délivrer un ultime message à ces hommes en quête d’Eldorado : il leur dit de partir ,” sans attendre, à l’assaut des frontières ” ; Puis il mourut : il ne laissait rien derrière lui.Les perles du collier de Soleiman roulent à terre pour dessiner l’emplacement d’un tombeau ouvert. ( 220)
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Sylvain Tesson est un écrivain et voyageur français.
Géographe de formation, il est titulaire d’un diplome de géopolitique. Il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d’un tour du monde à vélo . C’est là le début de sa vie d’aventurier. Il traverse également les steppes d’Asie centrale à cheval , sur plus de 3000 km du Kazakhstan à l’Ouzbékistan. En 2003-2004, il reprend l’itinéraire des évadés du goulag . Ce périple l’emmène de la Sibérie jusqu’en Inde à pied.
En 2010, il réalise un projet souvent évoqué auparavant, en allant vivre six mois (de février à juillet) en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie, sur les bords du lac Baïkal. Il relate cette expérience solitaire dans son journal publié l’année suivante sous la forme d’un essai autobiographique intitulé : “Dans les forêts de Sibérie”, qui est adapté au cinéma par Safy Nebbou en 2016.
Passionné d’escalade, il chute accidentellement d’une maison à Chamonix en août 2014, juste après avoir transmis à son éditeur le manuscrit de “Bérézina” et est placé en coma artificiel. Il a depuis retrouvé la santé. “Bérézina”, qui sort en janvier 2015 conte le récit de son voyage en side-car sur les traces de la Grande Armée lors de la retraite de Russie. En 2016, il publie un récit autobiographique, “Sur les chemins noirs”.
“ Assez tôt, j’ai compris, explique-t-il, que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. ” Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. là, pendant sis mois, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité? Je crois y être parvenu? Deux chies,s un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l’existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence, toutes choses dont manqueront les générations futures ? Autant d’interrogations existentielles qui sont posées à travers l’écriture de cet écrivain-philosophe . Son roman est bien plus qu’un simple carnet de voyages : il est surtout une méditation sur la condition humaine.A son retour de ces quelques mois passés à méditer au bord du lac Baïkal, Sylvain tesson accorde un entretien à un magazine ; Il y donne quelques réponses aux questions que nous pouvons nous poser : pourquoi part-on? Que cherche-t-on à travers le dépaysement : fuir ou se retrouver ou un peu les deux ? Le paradis pour Sylvain Tesson ressemble à un endroit froid, très froid et désert d’où il “pouvait capter les tressaillements de la nature ” Il avoue s’être métamorphosé et avoir réussi à apprivoiser le temps; Il a noté ses pensées dans un cahier qu’il nomme un “journal d’ermitage ” . Dès la première page , le lecteur est frappé par des détails qui peuvent sembler étonnants comme le fait de trouver “une quinzaine de variétés de sauces ” de la marque Heinz dans un supermarché d’Irkoutsk. Ce petit rappel surprenant évoque la mondialisation de notre société de consommation et la diffusion de certaines habitudes alimentaires à l’échelle de la planète. L’écrivain , justement , nous fait partager son désir de fuir cette société . Et de se fondre dans une Nature qu’il admire tout particulièrement. Pourtant ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’il s’apprête à s’installer dans sa petite cabane au fond des bois. Il cite Malevitch en guise d’avertissement ” Quiconque a traversé la Sibérie ne pourra plus jamais prétendre au bonheur” . Ce qu’il considère comme un vieux rêve va pourtant se réaliser et il va pouvoir commencer sa retraite , c’est à dire son retrait du monde et de la civilisation pour devenir une sorte d’ermite . Notes du 18 février ” Je voulais régler un vieux contentieux avec le temps. J’avais trouvé dans la marche à pied matière à le ralentir. L’alchimie du voyage épaississait les secondes. Celles passées sur la route filaient moins vite que les autres; Il me fallait des horizons nouveaux. ….
Qui n’a jamais rêvé de découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux paysages , de nouvelles terres et de nouvelles populations . Durant quelques semaines, vous allez vous transformer en explorateurs et vous présenterez à la classe votre parcours et vos recherches sous la forme d’un exposé (évaluation n° 1 ) , d’un carnet de voyages (évaluation n° 2 ) qui comportera plusieurs objets , des souvenirs originaux et notamment une lettre rédigée par un explorateur. (évaluation n°3 ) ; Commençons donc par la première étape ..Votre travail va consister à résumer et à présenter un récit de voyage. .Tout d’abord , vous allez devoir choisir un voyage réel ou imaginaire et pour vous aider, commencez à effectuer des recherches documentaires voyages terrestres ou voyages spatiaux, voyages dans le passé ou voyage dans le futur. Suivez le guide …
Choisissez rapidement un récit , en fonction de vos goûts et de vos centres d’intérêt et présentez le , par exemple sous forme de diaporama en indiquant obligatoirement :
le contexte historique du voyage (dates de début , de fin ) et les événements principaux
le pays ou le territoire exploré , découvert, conquis et dans quelles circonstances (expédition terrestre, maritime, spatiale )
les caractéristiques des habitants ou du territoire ou les particularités des populations observées ( humaines, ou animales )
N’oubliez pas de préciser les conditions météorologiques..
Résumez les principales différences observées entre les habitants de ces contrées et les moeurs des voyageurs, résumez les principales observations des explorateurs , leurs contacts avec les autochtones à partir de leurs notes
Critères d’évaluation : précision des renseignements donnés, respect des différentes rubriques
Quelques pistes pour trouver des récits de voyage… le choix devra me parvenir avant le 27 janvier .. début de la réalisation des carnets
Tout d’abord au CDI du lycée, vous trouverez différents livres consacrés à des récits de voyage : pour ceux qui veulent se lancer dans une lecture personnelle ..
Les 7 sceaux : un chasseur de sorcières et son fils en l’an 999 R MEY s F
Isabella Bird : une femme exploratrice au Japon en BD MAN SAS F
To tour Eternity de Oima Yoshitoki , l’arrivée d’un immortel sur terre MAN Yos F
Intrwriew d’Ulysse Mallasagna et son carnet de voyage au Japon F et R
Carnets de voyage en Amérique latin: Chili, Patagonie et Pérou en 1950 791.4 SAL
Trois Orients de Claudio Magnis R magt R
Voyage au pays des Kiribati, un archipel de micronésie 919.6 PIC R
Le désert des déserts avec les bédouins , derniers nomades R THE d R
Maintenant quelques grands classiques du récit de découverte :
les ancêtres : Marco Polo Livre des Merveilles écrit au treizième siècle.
à la Renaissance :
Montaigne , Des cannibales F
Jean de Léry, Histoire du Brésil R
Christophe Colomb, Journal R
Umberto Eco, Baudolino , F
au dix-septième siècle
à l’époque des Lumières
Les lettres Persanes de Montesquieu
L’Ingénu de Voltaire
Zadig ou la Destinée de Voltaire
Micromégas de Votaire
Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot
au dix-neuvième siècle
Jules Verne Voyage au centre de la Terre ou Vingt Mille lieues sous les mers F ou beaucoup d’autres comme L’Ile mystérieuse , Le tour du monde en 80 jours, De la terre à la lune
plus près de nous : quelques écrivains voyageurs comme Blaise Cendrars
Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson
Pierre Loti, Pecheur d’islande
Into the wild de Jon Krakauer : un jeune homme perdu dans la Nature Sauvage..
L’Odyssée de l”Endurance : une expédition en Antarctique en 1914 par Ernest Henry Shackleton
Longue marche de Bernard Ollier , 4 ans à travers la Chine et les plateaux d’Anatolie
La panthère des neiges de Sylvain Tesson
Activité n° 2 : Réalisation d’un carnet de voyages
De ce voyage, vous devrez rapporter quelques souvenirs qui prendront la forme d’un carnet de voyage ; vous présenterez le résultat de vos recherches sous une forme originale (dans un sac par exemple, ou une boîte )
Vous devrez réunir : deux objets qui symbolisent ce voyage / une photo qui évoque un moment important de ce voyage ou un document iconographique comme par exemple une carte qui matérialise physiquement ce pays et une lettre manuscrite adressée , dans une enveloppe à une personne de votre choix . Cette lettre contiendra les impressions de voyage de l’explorateur , quelques jours ou quelques semaines après son arrivée … vous respecterez les critères donnés dans votre présentation initiale ( coïncidence des dates, contexte historique respecté, observations précises effectuées )
Critères de réussite : La totalité des pièces devra être réunie pour le 10 février ( un contenant, deux ou trois objets souvenirs, un ou deux documents photo ou dessin, et une lettre ) ; vous devrez présenter chaque élément de votre sac-souvenir..soyez créatifs !
Evaluation 3 : la lettre
Critères de réussite : ce document comportera environ 500 mots ; il sera rédigé avec soin et sera écrit à la première personne du singulier , il contiendra de nombreux éléments de comparaison entre ce qu’il observe et ce qu’il connaissait ; il comportera des indications précises sur la faune, la flore ou les moeurs des autochtones.
Bons voyages à tous ..
Lorsque François Marie Arouet, qui porte comme pseudonyme Voltaire , écrit en 1759, son conte philosophique intitulé Candide et sous-titré L’optimisme, il entend vulgariser une partie de son système philosophique qui s’oppose fortement à celui enseigné par Leibniz dont la devise est la suivante : Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles . Mais comment rendre accessible à un large public des idées philosophiques , des concepts métaphysiques et une vision du monde progressiste ? L’écrivain décide alors de créer une forme littéraire qui lui permette d’atteindre cet objectif ambitieux ; plaire avec une histoire pleine de rebondissements et illustrer, au moyen des mésaventures de quelques personnages , les dangers de du providentialisme . Voyons en détails comment se déroule le voyage de Candide..
Le point de départ des aventures du jeune héros naïf est la Wetsphalie: Voltaire s’amuse à se moquer du déclin des aristocrates allemands et Candide est chassé du château de son enfance pour avoir embrassé Cunégonde, la fille du baron . Il s’enrôle , sans vraiment le savoir, dans l’armée bulgare et Voltaire critique alors fortement la guerre en exposant ses conséquences désastreuses; Candide réussit à s’enfuir et devient un déserteur ; Il fait alors la connaissance d’un généreux protestant avec lequel il va s’embarquer pour Lisbonne ; Il découvrira , à cette occasion, la cruauté des hommes et leur ingratitude avec la noyade de Jacques, le tremblement de terre de Lisbonne et le procès de l'inquisition dont Voltaire démontre les méthodes iniques ; Il lui faut encore s'enfuir et aidé par la Vieille, qui va raconter ses nombreux malheurs ,il retrouve Cunégonde mais devient un assassin en tuant les deux hommes qui la retenaient captive et se la partageaient : Don Issachar et le grand Inquisiteur . Le voyage se poursuit en Amérique du Sud avec de nombreuses péripéties : les Oreillons du Paraguay représentent les hommes sauvages tels que se les imaginaient les savants de cette époque . Candide arrive jusqu’à un pays légendaire : l’Eldorado où l’argent n’a plus aucune valeur et où les hommes semblent enfin heureux. Mais après avoir perdu leur fortune au cours de la traversée, les personnages sont à nouveau séparés ; Candide et son fidèle valet Cacambo vont se retrouver confrontés à un esclave moribond, en entrant au Surinam. Le philosophe dénonce alors violemment l’esclavage et ceux qui le pratiquent à l’image du méchant Vanderdendur. Retour sur le vieux continent avec une étape française et une étape anglaise L’étape vénitienne et la rencontre avec le désabusé Pococuranté a pour but de montrer que pour vivre heureux, il faut garder du désir et de l’enthousiasme .
Le chapitre final nous transporte en Turquie, à Constantinople, à la porte de l’Orient , là où un bon vieillard leur enseigne la voie de la sagesse et peut être aussi celle du bonheur : ne pas se mêler des affaires politiques pour ne pas finir assassiné, vivre en autarcie pour ne dépendre de personne et cultiver son jardin. Tous les personnages se retrouvent alors pour former une mini-société où chacun est utile à la communauté : l’ancienne prostituée Pâquette brode , la Vieille est devenue lingère, frère Giroflée menuisier et Cunégonde une excellente pâtissière.
Chaque étape du voyage géographique du héros lui a permis d’avancer dans son éducation : au fur et à mesure, il a ouvert les yeux et cessé de croire à l’enseignement de son maître Pangloss qui prétendait que tout est toujours pour le mieux . Voltaire a donc utilisé ici le thème du voyage comme un support pour des découvertes philosophiques . En effet, voyage va souvent de pair avec découverte : parfois découverte de soi-même comme dans les voyages initiatiques, parfois découverte des autres civilisations comme dans les voyages des explorateurs, parfois découverte d’autres mondes et d’autres formes de vie comme dans les voyages dans l’espace ou dans le futur . Pour en savoir plus, lisez le billet consacré aux voyages aux pays des merveilles …