25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Parlez moi d’amour en poésie: un peu d’histoire littéraire et un parcours guidé au fil des pages de votre manuel de littérature … · Catégories: Seconde
Si au cours des siècles, on a souvent associé la parole poétique à la déclaration amoureuse, il n’en demeure pas moins que chaque époque a su inventer ou réinventer de nouvelles manières de déclarer sa flamme à l’être aimé. L’Antiquité voit apparaître le lyrisme personnel avec les poètes latin comme Virgile , Horace ou Ovide .Les troubadours et les trouvères de l’époque médiévale mettent au point un sytème extrêmement sophistiqué appelé “fin amor” ou amour courtois : il s’agit d’ un art d’aimer composé essentiellement de figures rhétoriques imposées . Guillaume d’Aquitaine, et Charles d’ Orléans, composent des chansons, des ballades et des rondeaux en lais et en pas encore toujours en rimes . Souvent les troubadours chantent leurs textes et s’accompagnent d’un instrument ou de musiciens.
A la Renaissance, le prince des poètes, Pierre de Ronsard multiplie les déclarations enflammées à ses muses en utilisant une nouvelle forme poétique venue d’Italie , appelée le sonnet. ( 99 à 102 ) Avec ses amis de la Pléiade, et notamment Joachim Du Bellay, ils renouvellent les arts poétiques et la poésie amoureuse en adaptant les modèles de Pétrarque importés de la cour italienne. Les femmes ne sont pas en reste et Louise Labé célèbre l’amour au féminin et ses tourments avec un poème fondé sur une série d’antithèses ( p 105 ) . Il faudra attendre ensuite le romantisme , mouvement littéraire européen ,pourretrouver cette association entre le lyrisme et la poésie.
Les poètes romantiques vont chanter l’amour sous toutes ses formes en faisant la part belle aux amours impossibles et au désespoir de celui qui n’est plus aimé ou mal aimé . Le poète romantique meurt d’amour et semble aimer sa blessure mortelle .Lamartine dans Le lac déplore la perte de la femme aimée atteinte d’une maladie incurable ( p 290) ; Baudelaire célèbre, en 1857 dans Les Fleurs du Mal les amours sous plusieurs formes : amours entre femmes , poèmes censurés, amours exotiques inspirés de sa maîtresse métisse Jeanne Duval dans Parfum exotique, amours sensuelles ou mystiques avec La mort des Amants et va jusqu’à utiliser un cadavre pour parler d’amour dans A une charogne. Hugo pleure sa fille disparue Léopoldine dans Pauca Meae , une section de son recueil Les Contemplations paru en 1856 .
A la fin du siècle, Paul Verlaine fera entendre la musique singulière de ses vers pour célébrer les souvenirs des amours mortes avec Colloque sentimental ( p 366 ) ou des amours oniriques avec les mystérieuses femmes du poème Mon rêve familier . Au siècle suivant, les surréalistes composeront des poèmes étranges qu’ils dédicacent à leurs muses réelles ou imaginaires. Breton dans Clair de terre ( p 436 ) et Eluard dans l’Amoureuse ( 438 ) renouvellent les images de la femme aimée.
Pour vous aider à vous y retrouver, voici un parcours de poésie amoureuse composé à partir de votre manuel de français.
Chaque point de ce parcours sera abordé en cours et devra être complété par des notes prises à la maison sur les notions étudiées ; ce travail autonome fera l’objet prochainement d’un QCM d’évaluation sous la forme d’un I Devoir sur Pronote)
p 26 Sappho et la naissance du lyrisme
p 50 les topos de la lyrique courtoise
p 76 à 78 la Renaissance
p 98 pages consacrées à Ronsard
p 105 pour découvrir la poétesse Louise Labbé (texte p 99 )
p 136 pour les stances de Théophile de Viau
Ensuite nous étudierons un ou deux poèmes de Baudelaire, de Verlaine et les deux poèmes surréalistes de Breton et Eluard.
25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Parlez -moi d’amour..redites moi des choses tendres ..comme le disent les poètes · Catégories: Seconde
La poésie peut être un vecteur merveilleux des sentiments et souvent, elle est utilisée pour parler d’amour. Lorsqu’il s’agit de déclarer sa flamme ou d’exposer son coeur brisé et mis à nu , les formes poétiques sont appelées à transmettre les nuances les plus subtiles des sentiments : de la passion la plus torride en passant par toutes les facettes de l’amour maternel, filial, fraternel, conjugal. Dès l’Antiquité, l‘ode célèbre à la fois les exploits des héros et la beauté de celle qu’on admire sans oser l’approcher; cette tradition de l’amour courtois se prolongera au Moyen-Age avec la fin ‘amor: les troubadours célèbrent la douleur d’un amour impossible pour la femme de leur suzerain qui les repousse ; à ces complaintes amoureuses s’opposent le ton enjoué des chansons : chansons d’aube, ou de toile accompagnent les travaux d’aiguilles et les jeux des femmes qui rêvent de rencontrer leur prince charmant ; Idylle pastorale et cartes du tendre prennent le relais à l’époque classique : c’est le courant de la préciosité qui habille le sentiment de mots savants. La poésie va se transformer progressivement sous l’effet du mal du siècle et de l’essor du lyrisme personnel pour devenir l’ amour romantique au dix-neuvième siècle . A chaque époque correspond un langage amoureux plus ou moins universel . Petit tour d’horizon ..;
Parler d’amour n’est pas toujours une chose facile. Quand on s’adresse à la personne aimée, souvent, on cherche ses mots, on a peur d’être maladroit, de ne pas savoir exprimer ses sentiments. Les poètes de tous temps ont cherché à inventer de nouvelles manières de dévoiler leurs émotions et lorsqu’ils réussissent à nous faire partager ce qu’ils ressentent, alors, la poésie devient le lieu d’un échange . Nous allons prendre le temps ensemble de réfléchir à la manière dont évolue l’expression du sentiment amoureux à travers les âges et les modes. En effet , quand il s’agit de parler d’amour, les poètes rivalisent d’ingéniosité.
Et vous ? Comment exprimeriez-vous vos sentiments ? “J’te kiffe” a-t-il la même valeur qu’un “je t’aime “? “T’es bonne” a -t-il le même sens que” tu es la prunelle de mes yeux ” ? Question de mode ou question de milieu , comment dit-on je t’aime à toutes les époques et dans tous les styles ? A vous de vous lancer à la recherche des secrets du langage de l’amour.. l’objectif va consister à rédiger votre déclaration d’amour à l’être aimé et nous comparerons les résultats de vos investigations.Pour vous aider à trouver l’inspiration et les mots, et vous donner ensuite des idées, nous allons étudier ensemble comment s’y sont pris certains poètes célèbres pour déclarer leur flamme à la femme ou à l’homme de leur vie .
13. février 2019 · Commentaires fermés sur La mort de Gervaise dans L’Assommoir : comment utiliser un plan détaillé trouvé sur internet ? · Catégories: Seconde · Tags: Zola
En guise d’introduction … Le réalisme a dominé la seconde moitié du dix-neuvième siècle et a permis d’élargir la représentation de la réalité à travers la littérature qui désormais, ne cherche plus à embellir le réel ni à occulter la noirceur du monde. Septième volet des Rougon-Macquart, L’Assommoir est l’un des romans les plus noirs d’Emile Zola . Il y amorce son virage naturaliste qui va le conduire à explorer toutes les couches de la misère des ouvriers parisiens; A la fin de son roman, il y expose la déchéance de l’héroïne Gervaise et dépeint sa fin pathétique . Comment Zola donne-il ici à voir la mort de Gervaise ? Tout d’abord nous montrerons qu’il s’agit d’une mort dégradante qui clôt le destin pitoyable du personnage et enfin , nous verrons comment l’écrivain évoque ici une certaine vision de la mort .
Le plan détaillé ci-dessous provient d’un site qui se propres de vous préparer pour le bac de français : comment utiliser ce type de document que vous trouvez sur internet pour rédiger vos commentaires littéraires ? Voilà le plan en gras : il comporte 3 axes (grandes parties ) et 7 sous-parties .
I. Une mort lente, interminable et dégradante
1. La lenteur
2. Les conditions dégradantes
3. La mort
II. Une destinée pitoyable
1. Le rôle du quartier
2. Le père Bazouge
III. Une parodie d’oraison funèbre
1. Les pensées philosophiques
2. Derniers mots à Gervaise
Premier constat : il est modulable ; Vous n'êtes pas obligés de vous en servir tel qu'il est présenté ; le titre notamment de la troisième partie est un peu difficile à expliquer; Une oraison funèbre est un type de discours qui est prononcé en hommage à quelqu’un qui meurt et ce qu’a voulu , ici, dire l’auteur de ce travail, c’est que le père Bazouge, à sa manière, rend les derniers hommages à Gervaise qui est morte dans la plus grande solitude et dans l’indifférence générale.
Voilà maintenant ce qui suit sur le site http://www.bacdefrancais.net/assomoir.php..sosu l’appellation commentaire littéraire
Première remarque :il s’agit de notes non rédigées donc que vous ne pouvez pas utiliser sous la forme donnée ; il vous faut les transformer et les intégrer dans une rédaction ed paragraphes argumentés.
I. Une mort lente, interminable et dégradante
1. La lenteur
– Temps de la narration une page, en opposition au temps de la fiction (“des mois”).
– Imparfait durée + habitude ⇒ “mourrait” un peu tous les jours. Tous les jours, Gervaise perd un peu de vie.
– “La mort devait la prendre petit à petit” : mort annoncée, mais on ne voit pas la mort elle-même.Même vivante, Gervaise paraît déjà morte.
– La mort lente occupe le premier paragraphe, ensuite c’est le père Bazouge qui est au centre du récit.
2. Les conditions dégradantes
– “mourrait de faim”, “mangeait quelque chose de dégoûtant”, Gervaise “devenait idiote”. Elle se dégrade peu à peu ” la mort la prenait par morceaux”.
– Le froid : “les os glacés”, “froid et chaud”.
– La pauvreté : Elle est à la recherche de quelques pièces, la caisse des pauvres.
– Dégradation mentale: elle n’a plus sa raison, on se moque d’elle.
– Saleté : “quelque chose de dégoûtant”, “ordures”, “ça sentait mauvais”, “on la découvrit déjà verte”.
– Animalisation: “elle claquait du bec”, “la niche”. On la compare à un objet : “pour l’emballer”.
3. La mort
– Personnification de la mort “La mort devait la prendre petit à petit…”
– Mystère sur sa mort, personne ne la vue : on ne sait pas de quoi “elle crève”
– Mort escamotée par le roman lui-même.
II. Une destinée pitoyable
1. Le rôle du quartier
– Pronom indéfini “on” (anonymat), on ne sait pas qui a trouvé Gervaise. Absurdité de cette mort. – M. Marescot, le propriétaire.
– Les Lorilleux
– Les gens qui l’humilient “on avait parié”
– Attitude générale: indifférence, mépris, moquerie, méchanceté.
2. Le père Bazouge
– Il est saoul, l’alcool l’aide dans sa besogne.
– Il est gai : “gai comme un pinson”, “Bibi la gaieté”, cette attitude banalise la mort, accentue l’indifférence (par antithèse).
– “le béguin” de Gervaise qui est fascinée par le croque-mort.
Le narrateur laisse à un soûlard l’honneur de faire ses adieux.
III. Une parodie d’oraison funèbre
1. Les pensées philosophiques
“Tout le monde y passe” ; “on” ; “les uns après les autres” = des généralités sur le report des hommes avec la mort: tout de suite ou pas, l’accepter, la refuser.
Les réflexions sur la vie passée de Gervaise:
“misère des ordures et des fatigues de sa vie gâtée”
“la sacrée existence qu’elle s’était faite”.
2. Derniers mots à Gervaise
Au discours direct : “ma belle !”, tendresse, consolation.
Soin paternel.
Le père Bazouge s’adresse à Gervaise comme à une dame. Gervaise n’est plus anonyme.
Mise en valeur de Gervaise “morte et heureuse”. Gervaise retrouve l’estime des autres à travers le père Bazouge et la paix (pour elle).
Parallèle avec l’incipit de L’Assommoir : effet du réel, tonalité réaliste, portée plus symbolique.
– la fin lente, terrifiante de Gervaise est en continuité avec son destin.
– bilan de la vie de Gervaise déjà fait au chapitre 12 où les motifs que dans l’incipit reviennent : l’hôtel Boncoeur, la rentrée des ouvriers, Gervaise en attente.
– Zola naturaliste, déroule le destin tragique programmé de Gervaise. L’argument de la victime par son milieu, son hérédité, fatalité moderne.
01. février 2019 · Commentaires fermés sur Zola écrit Germinal : une réflexion sur les mutations sociales et économiques · Catégories: Seconde · Tags: Zola
Le 2 avril 1884, réfugié dans sa maison de campagne de Médan, en Seine-et-Oise, Émile Zola écrit les premières lignes de son treizième roman de la série des Rougon-Macquart, Germinal. Ce projet est né tardivement dans l’esprit de l’écrivain. Une dimension politique, voilà ce que Zola voulait donner à son second roman ouvrier. Lorsqu’il entrevoit son projet, en 1882, il ne connaît pas encore le décor de son intrigue. Il pense aux chemins de fer, à la métallurgie, mais ce sera finalement sur le monde minier que son choix s’arrêtera, fin 1883. Il y a plusieurs raisons à cela. Une raison historique d’abord, parce que l’industrie minière est, dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’une des plus représentatives du développement économique des nations occidentales . Le monde minier fait l’actualité. Les grèves d’Aubin, de La Ricamarie, de Montceau-les-Mines, d’Anzin ont suscité l’émoi auprès de l’opinion publique ; et la houille fait figure d’enjeu stratégique dans la course économique que se livrent la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Dans son désir de faire réagir l’opinion sur la condition ouvrière, Zola suit son intérêt et choisit un sujet envers lequel son lectorat est sensible. Il y a ensuite une raison littéraire à son choix, dans la mesure où la mine est un théâtre spectaculaire fait d’ombres naturelles et de lumières artificielles, un lieu presque mystique, propice au romanesque
Émile Zola est l’une des principales figures du courant naturaliste en littérature française. Plus poussé encore que le réalisme, le naturalisme souhaite peindre le monde avec un souci du détail qui amène le genre romanesque aux portes du documentaire historique. Au moment de se lancer dans le projet de Germinal, Zola est loin de connaître parfaitement le monde minier et il va devoir se documenter.
Zola était avant tout un écrivain bourgeois,avec des représentations de classe sur le monde ouvrier. S’il dénonce dans son roman la condition misérable des mineurs, il ne porte pas, pour autant, un regard trop sévère sur les Hennebeau, famille dirigeante aisée mais prisonnière, elle aussi, de la Compagnie de Montsou. Et quand il dépeint les ouvriers, c’est souvent plus dans l’excès que dans la justesse .
Des mutations économiques dans le monde du travail
L’essor industriel de la première partie du XIXe siècle a grandement profité du changement structurel qui s’est opéré dans le monde minier entre des méthodes d’extraction artisanales et une organisation de la production à grande échelle. La machine à vapeur a permis un épuisement des eaux (pour éviter l’inondation des galeries), et plus tard un aérage, rendant possible l’extraction de la houille à des profondeurs jusqu’à lors inconnues. Mais tandis que le charbon devenait de plus en plus accessible, et de plus en plus demandé, il était aussi de plus en plus cher à extraire. Pourquoi ? En raison d’abord de coûts fixes très importants. Si l’on omet les coûts de prospection de la houille qui sont déjà élevés , force est d’admettre que les infrastructures d’extraction sont elles-mêmes coûteuses (chevalement, machines d’épuisement, systèmes de culbutage des berlines, chemins de fer, L’investissement initial dans l’industrie minière doit donc être conséquent. Zola s’en fait l’écho dans Germinal.
Concrètement, ces lourds investissements ont des conséquences sur les structures industrielles en place, à savoir sur la taille des compagnies minières. Dans Germinal, Zola décrit deux types d’exploitants : la Compagnie de Montsou, forte et influente, figure du grand capital ; et l’entreprise de Deneulin, petit patron qui a choisi de relancer l’extraction dans le puits de Jean-Bart, au prix d’efforts personnels conséquents. Cette opposition entre grand et petit capital est un élément structurant du roman, voulu par Zola pour signifier le dépassement des hommes par les forces économiques Si Deneulin subit de douloureuses difficultés tout au long du roman face à la crise industrielle , la Compagnie de Montsou, elle, parvient à résister tant bien que mal aux soubresauts de la conjoncture grâce à sa taille et à sa force sans équivalent. Cette force, la Compagnie la tire de son histoire faite d’expansion et de fusion avec d’autres compagnies, selon le récit qu’en fait Zola :
Vers le commencement du dernier siècle, un coup de folie s’était déclaré, de Lille à Valenciennes, pour la recherche de la houille. […] parmi les entêtés de l’époque, le baron Desrumaux avait certainement laissé la mémoire de l’intelligence la plus héroïque. […] Il venait enfin de fonder la société Desrumaux, Fauquenois et Cie, pour exploiter la concession de Montsou, et les fosses commençaient à donner de faibles bénéfices, lorsque deux concessions voisines, celle de Cougny […] et celle de Joiselle […] avaient failli l’écraser sous le terrible assaut de leur concurrence. Heureusement, le 25 août 1760, un traité intervenait entre les trois concessions et les réunissait en une seule. La Compagnie des mines de Montsou était créée, telle qu’elle existe encore aujourd’hui.
Les structures et pratiques économiques décrites dans Germinal s’inscrivent non seulement dans les problématiques minières, mais également dans les problématiques industrielles au sens large. La question des conditions de vie ouvrières est sans doute la plus marquante du roman pour le lecteur moderne, tant la description que Zola fait des corons et du quotidien des mineurs est visuelle et clairvoyante. Germinal est un roman sur la condition ouvrière avant d’être un roman sur la mine. Mais c’est un roman sur la condition ouvrière dans les mines, ce qui lui confère un caractère singulier, en un sens spectaculaire :
Les quatre haveurs venaient de s’allonger les uns au-dessus des autres, sur toute la montée du front de taille. Séparés par les planches à crochets qui retenaient le charbon abattu, ils occupaient chacun quatre mètres environ de la veine ; et cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centimètres, qu’ils se trouvaient là comme aplatis entre le toit et le mur, se traînant des genoux et des coudes, ne pouvant se retourner sans se meurtrir les épaules. Ils devaient, pour attaquer la houille, rester couchés sur le flanc, le cou tordu, les bras levés et brandissant de biais la rivelaine […]. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel.
Les conditions de vie des mineurs ne sont pas seulement difficiles au fond de la mine, elles le sont également dans la vie quotidienne, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les salaires versés aux travailleurs semblent dérisoires. Zola fait d’ailleurs tenir à ses personnages, et en particulier à l’anarchiste Souvarine, un raisonnement sur la loi d’airain selon laquelle les salaires n’excèdent jamais le minimum vital :
Augmenter le salaire, est-ce qu’on peut ? Il est fixé par la loi d’airain à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants… S’il tombe trop bas, les ouvriers crèvent, et la demande de nouveaux hommes le fait remonter. S’il monte trop haut, l’offre trop grande le fait baisser… C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim.
Les conditions de travail
La division du travail et l’apparition de nouvelles fonctions dans l’activité minière sont une constante qui traverse tout le XIXe siècle, et qui se prolonge au XXè siècle. À l’époque où se déroule Germinal, les postes disponibles sont déjà nombreux (haveurs, herscheurs, rouleurs, remblayeurs, cantonniers, receveurs, basculeurs, trieurs, machinistes, chauffeurs, charpentiers, lampistes ).. Cette fragmentation du travail de la mine a modifié l’image même du mineur : travailleur complet, celui-ci a peu à peu perdu de sa polyvalence, pour devenir un ouvrier spécialisé
C’était un avis de la Compagnie aux mineurs de toutes les fosses. Elle les avertissait que, devant le peu de soin apporté au boisage, lasse d’infliger des amendes inutiles, elle avait pris la résolution d’appliquer un nouveau mode de paiement, pour l’abattage de la houille. Désormais, elle paierait le boisage à part, au mètre cube de bois descendu et employé, en se basant sur la quantité nécessaire à un bon travail. Le prix de la berline de charbon abattu serait naturellement baissé, dans une proportion de cinquante centimes à quarante, suivant d’ailleurs la nature et l’éloignement des tailles.
Cet événement n’est d’ailleurs pas qu’affaire de spécialisation des tâches, il révèle aussi des mouvements plus fondamentaux dans les formes de rémunération s’appliquant à l’industrie minière
La crise commerciale est la toile du fond de Germinal : c’est elle qui amène Étienne à Montsou, et c’est elle qui provoque d’un côté la grève des mineurs, et de l’autre la faillite de Deneulin.
Sur fonds de préoccupations sociales et tout en décrivant avec précision les évolutions qui marquent le monde du travail et particulièrement le travail des mineurs , le romancier peint une grande fresque avec ce que cela comporte d’exagération et de systématisation.
30. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le Voreux dans Germinal : un personnage important; Résumé d’un commentaire littéraire ( première Partie chapitre 3) · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman
Lorsque Zola publie Germinal en 1880, ce treizième volet de la série des Rougon-Macquart s’intéresse au destin d’Etienne Lantier, un mécanicien au chômage, fils de la blanchisseuse Gervaise , héroïne de l’Assommoir. Ce roman trace un portrait saisissant et réaliste de la situation misérable des ouvriers qui meurent en grand nombre dans l’exploitation des bassins miniers du Nord de la France; Dans l’extrait que nous allons étudier, Etienne se trouve enfin en face de la fosse et observe la descente des ouvriers dans le puits au petit jour . Comment la mine apparaît-elle ici ? Dans un premier temps, nous montrerons le caractère réaliste de la description de la mine; ensuite nous analyserons les particularités du regard du personnage et enfin nous verrons la dimension symbolique de ce premier face à face.
Tout d’abord , le narrateur utilise des termes techniques pour décrire le départ des mineurs. Le lecteur possède ainsi un aperçu des conditions de travail des mineurs . Zola pour écrire son roman s’est largement document et a emprunté des ouvrages techniques dans les bibliothèques : ce type de description se nomme documentaire ou lexicographique . On apprend ainsi que les mineurs descendent dans des cages de fer ( l 86 ) , se changent dans une baraque (l 84 ) et pour les herscheurs, remplissent des “berlines ” (l 88) ; Tous les métiers de la mine sont cités: les personnages sont ainsi parfois réduits à des fonctions tels que “moulineurs” (l 88) et toutes les activités sont détaillées comme celle qui consiste à bosser les veines : “le bois de taille ” est mentionné à la ligne 90.
Un second aspect réaliste de la description consiste à énumérer des petits détails pour renforcer cette illusion réaliste : le narrateur précise, par exemple, le nombre de mètres exact des différents accrochages ” “320 pour le premier” , “554 m ” pour le premier ; Il précise également que les mineurs arrivent “pieds nus” (l 84 ) lampes à la main ” ; Ces détails permettent au lecteur de visualiser plus facilement la scène décrite.
Mais la dimension réaliste de la description est complétée par une dimension subjective qui reflète soit les sentiments du personnage soit le point de vue du narrateur ; Ainsi , Etienne est un néophyte qui découvre le milieu des mines de charbon et Zola présente souvent le milieu vu par ses yeux d’étranger ; cette technique utilisée fréquemment par les auteurs réalistes porte justement le nom de fiction de l’arrivée de l’étranger ; L'écrivain se sert de ce prétexte pour offrir au lecteur de longues descriptions précises de ce que voit le personnage; C'est son regard qui sert de mesure à la description ; C’est pour cette raison qu’on parle de description en partie subjective car elle émane d’un point de vue interne. Le verbe introducteur par exemple, précise à la ligne 80 : “il ne comprenait bien qu’une chose ” : La description a donc pour objectif de préciser les pensées du personnage. Etienne cherche réduire son ignorance en posant des questions à un mineur présent : “c’est profond ?” (l 99 ) ; Son inquiétude est manifeste avec la question suivante : “et quand ça casse ? ” (l 106 ) reprise comme une sorte d’écho fataliste par le personnage; Le héros n’est donc pas seulement un simple spectateur, il oriente la description selon ses intérêts et elle révèle ses craintes ; elle sert à exprimer indirectement certaines pensées du personnage.
Le plus souvent, le narrateur oriente lui aussi la description et lorsqu’il s’agit de décrire la mine, il utilise une dimension symbolique double ; celle l’animalité et celle de la divinité. La mine , Le Voreux est souvent vue comme une grosse bête effrayante ; Zola joue à la fois avec l’animalisation et la personnification : le champ lexical de la digestion est constamment présent comme pour rappeler que la mine dévore les hommes qu’elle absorbe : ” le puits avalait des hommes par bouchées “( l 81 ) “elle les engloutit ( 111) et les dévore (113 ) comme une bête affamée (115 ) ; Les termes utilisés pour décrire le puits sont ceux qu’on emploie pour décrire des parties du corps d’un animal comme “gosier” (82) “gueule plus ou moins gloutonne ” 113 , “boyaux géants” . L’hyperbole “capable de digérer un peuple “ renforce le caractère menaçant du monstre.
Cette bête qui se nourrit de “chair humaine “ représente symboliquement un Dieu cruel et surtout “vorace“; L’analogie avec les Dieux mangeurs d’hommes des religions archaïques permet à Zola de faire comprendre à ses lecteurs qu’aujourd’hui, c’est le Dieu capital qui menace l’existence même des ouvriers ; Il rejoint ansi les thèses marxistes sur la nécessité de la lutte des classes et engage le monde ouvrier dans une révolte contre l’actionnariat . Le lecteur est ainsi indigné de voir comment les ouvriers sont contraints de subir des conditions de travail extrêmement pénibles, inhumaines; Ils deviennent à leur tour des animaux et sont déchus de leur humanité. Zola montre ainsi que la misère renvoie l’être humain à son animalité et à ses instincts. La voix du porion qui sort du porte-voix est assimilée à un “beuglement “et on sonne à la viande” lorsqu’on remonte des ouvriers qui descendent “accroupis ” comme des bêtes;
En conclusion, le personnage du Voreux , monstre dévorateur comme son nom l’atteste, joue un rôle important dans le roman; il montre le danger que représente la mine pour les hommes : ravalés au rang d’animaux, ces derniers luttent pour leur survie et c’est le regard d’étranger d’Etienne, le personnage principal, qui organise le plus souvent la description du travail des mineurs.
Rappel du plan utilisé :
1. description réaliste
a) termes techniques
b) petit détails vrais
2. description du point de vue d’Etienne
a) le regard du personnage organise la description
29. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Portrait d’un ouvrier au travail : Gueule d’Or le forgeron de l’Assommoir · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman
Les écrivains réalistes ne décrivent pas les personnages de leurs romans pour simplement brosser leurs portraits physiques : ils s’efforcent de les révéler à travers leurs actions et à travers le regard du héros . Pour représenter le forgeron de l’Assommoir, Zola va allier détails réalistes et dimension symbolique du personnage . Les questions qui accompagnaient ce portrait de Gueule d’Or ont pour but de vous faire trouver les axes d’étude de l’extrait . Commençons par la problématique …
Il s’agit d’un portrait du personnage de Gueule d’Or : comment Zola décrit -il ce personnage paraît une problématique tout à fait adaptée à un commentaire littéraire. (question 1 ) Dès la première lecture, à partir des observations faites dans le texte, on peut constater que ce portrait est tout d’abord guidé par un regard (ce qu’on appelle un point de vue ) : celui qu’échangent Gervaise et Goujet ; cette dernière , secrètement amoureuse de lui, admire cet homme beau et gentil .On peut assez facilement voir apparaître les notations mélioratives avec la beauté du personnage , sa force et son habileté. Mais en y regardant d’un peu plus près, on découvrira que la dimension réaliste est parfois délaissée au profit d’une dimension symbolique : le personnage est alors comparé à une divinité , à une statue grecque voir au Dieu Forgeron .
Les aspects réalistes du texte (question 3 ) proviennent essentiellement de trois sources :
tout d’abord les petit détails vrais et précis comme les gouttes de super ( 20 ) , le nombre esse coups de marteau ( 21, 22, 23 ) ;
ensuite le vocabulaire technique de l’artisanat ( jeu classique balancé , fer rouge, science réfléchie, écrasant le métal au milieu , le modelant par une série de coups d’une précision rythmée ( 9 )
enfin l’imitation de la manière de parler (familière et imagée – des ouvriers ) avec toute une série de mots que les écrivains n’ont pas l’habitude d’employer dans leur roman s comme ” chahut, bastringue, guibolle ( 4 ) , gaillard ( 11)
Mais pour répondre à la dernière question, il fallait noter que Zola employait certains procédés qui transforment le personnage et ses outils . Le forgeron devient un Dieu ( l 13) cheveux et barbe s’allumaient , fils d’or, figure d’or , épaules et bras sculptés copiés sur ceux d’un géant, montagnes de chair , clarté, tout-puissant , comme un bon Dieu.” Les comparaisons, les hyperboles et les métaphores font de l’ouvrier au travail un personnage légendaire comparable à un Dieu. Il atteint ainsi une dimension symbolique . I II
Zola , dans cet extrait , effectue donc le portrait en action d’un ouvrier au travail à travers le regard admiratif de Gervaise qui le transforme en divinité. Le plan du commentaire littéraire devra donc tenir compte de tous ces éléments qui composent le portrait de Gueule d’Or. Vous trouverez en pièce jointe des liens qui vous montreront d’autres possibilités de plans . Prenez le temps de les observer et de les comparer.
I Un ouvrier doué et admiré pour son savoir – faire ” un homme magnifique au travail ”
a) il maitrise ses gestes : il est admirable dans son travail ; la précision des petits détails (sueur, nombre de coups, rythme, jeu balancé )
b) il aime son travail : il a le goût du travail bien fait et compare son outil à une femme aimée ( la personnification de Fifine )
c) le regard de la femme amoureuse : il est fort ce qui rassure Gervaise et il ne boit pas ( 9 et 10 ; 11 ce gaillard là , poitrine vaste à y coucher une femme )
II Un homme que tous admirent et qui devient un Dieu “il devenait beau, tout puissant comme un bon Dieu “
a) une musculature hors du commun : il est très imposant physiquement ( 16/17 )
b) des qualités de statue antique : il ressemble à un géant tellement il est musclé , figure d’or ( 14 )
c) il devient un Dieu : il est comme Vulcain qui forge les rames des Dieux et il est transformé par un éclat divin ( 18/19/20 )
09. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Décrire un quartier de Paris : l’Assommoir de Zola · Catégories: Seconde
Les écrivains réalistes motivent leurs descriptions en utilisant parfois le point de vue d’un personnage du roman, généralement le héros. Ce type de description impressionniste limite la perception du décor car le champ de vision n’excède pas celui du personnage et le décor est perçu à travers les sensations du personnage . En réalité , la description est toujours organisée selon un double point de vue. Le narrateur omniscient utilise une toponymie précise et donne de nombreux petit détails qui authentifient la scène et donnent l’illusion de sa dimension réaliste et parfois, il utilise la perception du personnage pour garantir une impression de subjectivité. Voyons comment fonctionne alors la description impressionniste avec Gervaise …
Dans cet extrait de l’Assommoir, Gervaise attend, inquiète, son compagnon qui n’est pas rentré de la nuit; elle se poste à la fenêtre de leur logement afin de tenter de le repérer parmi la foule : comment Zola traduit-il l’inquiétude du personnage ? Tout d’abord, Gervaise est présentée dans l’action même de l’attente : “elle s’entêta encore à la fenêtre pendant deux mortelles heures” ; L'adjectif mortelle montre bien à quel point le temps peut lui sembler long; le spectacle de la foule ne parvient pas à la distraire et on devine qu’elle cherche à distinguer quelqu’un dans “le flot des blouses” . Ici la métaphore habituelle assimile la foule des travailleurs à une mer pour en révéler le caractère protéiforme et innombrable. De plus, la métonymie “blouse” qui réduit l’ouvrier à son vêtement de travail contribue à uniformiser ces travailleurs qui se ressemblent tous parce qu’ils portent la même tenue. Il devient donc particulièrement difficile de les différencier. De plus, la plupart marchent vite “à grandes enjambées “ (l 4) et on peut imaginer que leur vitesse de déplacement gêne considérablement Gervaise dans ses repérages.
Lorsque les piétons se font plus rares et que les femmes ont remplacé les hommes, alors Gervaise craint de ne plus jamais revoir Lantier et elle commence à se sentir mal: “elle se sentit étouffer ” à la ligne 17 et fut “saisie d’un vertige d’angoisse” ; Ces symptômes de souffrance physique sont la traduction de son inquiétude qui est passée au stade de l’angoisse; L’attente a donc aggravé son inquiétude car le mot angoisse signifie une peur très importante; L’idée de la mort fait alors son apparition dans le texte, introduite par cette expression ” il lui semblait que tout était fini, que les temps étaient finis” ( l 18) La répétition du verbe finir ainsi que le pluriel biblique utilisé ici pour le mot temps nous rapproche d’une tonalité morbide ; le décor va alors prendre le relais pour diffuser les impressions du personnage .
En effet, les dernières lignes de la description montrent un paysage de mort et de désolation; Gervaise aperçoit les “vieux abattoirs noirs de leur massacre et de leur puanteur” (ligne 20); Cette vision contraste avec le spectacle des “rentiers du voisinage qui se promenaient au soleil “ (ligne 14) Et ce détail morbide voisine avec la description de l’hôpital neuf certes mais “blafard” ; cette personnification peut sembler paradoxale car elle transforme ce lieu où l'on soigne pourtant, en lieu où la mort domine ; la description de l'hôpital incite sur son caractère morbide : les "salles sont nues " , les fenêtres forment des trous "béants "et la mort devait faucher" Cette dernière image clôt le panoramique du quartier sur cette tonalité macabre. En même temps, Gervaise ne sait plus où regarder : se regards sont désormais “perdus”, un peu comme si elle-même , se sentait perdue.
Gervaise est bien morte d’inquiétude après cette nuit blanche passée à attendre; elle imagine le pire pour son compagnon qui en réalité , a passé la nuit chez sa maîtresse et la détresse de la jeune femme donnera, elle aussi , naissance à des paysages tristes où règnera la misère de ce quartier ouvrier de Paris. L’impression dominante de laideur et de pauvreté est en fait, en grande partie, aggravée par l’état d’âme du personnage qui décrit le milieu qui l’environne.
Emile Zola est connu pour avoir été le chef de file du mouvement réaliste et le créateur de son extension, le mouvement naturaliste; Voici une biographie simplifiée de l’auteur des Rougon-Macquart . Artiste engagé, il a été critiqué à son époque pour avoir choisi de rejoindre le courant réaliste; Loin d’enjoliver la réalité, ses romans et ses histoires dépeignent des milieux qu’on ne rencontrait que rarement dans la littérature: les ouvriers, les marginaux, les filles de joies, les fous, les alcooliques, les pauvres,les artistes ratés, les meurtriers sont les personnages principaux des romans de Zola; On lui reproche son goût pour la saleté, la misère et la laideur; Il répondit à ses détracteurs qu ‘il voyait le monde comme il était vraiment , dans son intégralité et que c’est le devoir de la littérature de dépeindre toutes les facettes de la société. Selon Zola, le roman est le laboratoire du monde ..
Né à Paris en 1840, mort dans des circonstances mystérieuses en 1902 (on a parlé d’un empoisonnement au monoxyde de carbone), il est l’auteur du cycle des Rougon-Macquart : 20 volumes qui décrivent chacun un milieu et des membres d’une même famille . L’ histoire de ces deux familles commence avec : La Fortune des Rougon qui dépeint l’ascension d’ Eugène Rougon, le héros , un politicien sans scrupule, dont on retrouve le frère, un promoteur immobilier qui achète des quartiers entiers de Paris pour construire les grands boulevards . Ce Rougon, une fois à Paris va changer de nom et se fait appeler Aristide Saccard dans La Curée, Ce second roman de la série, a pour cadre le Paris des spéculateurs immobiliers . Le troisième roman,Dans Le ventre de Paris, décrit des héros qui sont tous des marchandes des Halles; L’Assommoir (n °7) évoque la misère des ouvriers et leur alcoolisme. Germinal (n° 13) lui, est un roman social qui dépeint les luttes des mineurs contre le patronat et le début de la lutte dse classes. Nana raconte l’enfer de la prostitution. Zola est également un artiste engagé : fervent soutien des républicains,il a pris le parti du capitaine Albert Dreyfus en écrivant une lettre ouverte au président de la République où il accuse le gouvernement et l’armée d’avoir menti et caché la vérité au peuple français. Sa défense de l’accusé de l’affaire Dreyfus) (1898) lui a vau de nombreux ennemis. Ses romans furent parfois critiqués: on le considérait à l’époque, comme un auteur obscène, ordurier et sans talent.
Quelques mots pour le qualifier : artiste engagé, roman social, naturalisme , lutte des classes, déterminisme, peindre la réalité, Rougon-Macquart , journaliste, Dreyfusard, marxiste, progressiste, j’accuse, Lantier, Maheu, Germinal, L’Assommoir, Le Ventre de Paris, Gervaise, Nana, ami des peintres.
07. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Qu’est-ce que le réalisme: évolution d’un courant littéraire . · Catégories: Seconde
Ce mot réalisme correspond a plusieurs définitions et il est susceptible d’avoir différents sens; Qu’appelle-t-on au juste réalisme en littérature ? C’est une notion largement débattue et que nous tenterons de définir en examinant ce mouvement littéraire apparu historiquement à la fin du dix-neuvième siècle; néanmoins, le mot réalisme est encore utilisé de nos jours par définir des éléments qui nous semblent proches de la réalité, par opposition à la fiction ; On parlera ainsi d'un film réaliste en expliquant qu'il ressemble à la vraie vie : les héros n'y sont pas parfaits, ni trop beaux, ni trop exceptionnels; Ce sont des gens ordinaires et les véhéments qui sont décrits présentent un caractère "non incroyable ". En littérature, c'est tout aussi compliqué …
Au sens premier, on appelle réalistes les ouvrages qui tentent de reproduire les multiples facettes de la réalité et ce , à toutes les époques; Ainsi, on opposera des ouvrages dont les fictions peuvent sembler vraies, aux ouvrages dont les histoires paraissent irréelles comme les contes de fées ou les récits de science-fiction; on peut ainsi dire d’un film qu’il est réaliste si la caméra montre de nombreux détails, si les personnages ne sont pas embellis et si les situations ressemblent à des situations vécues, qui peuvent se produire dans la vie. Mais ce sens large du mot réalisme est complété par un autre sens , plus restreint: celui de mouvement réaliste artistique.
On nomme réalisme le mouvement littéraire qui s’oppose au romantisme à partir des années 1830 et se poursuit jusqu’ à nos jours. Ce mouvement est un héritage de l’esprit des Lumières du dix-huitième siècle , ces hommes qui croyaient au Progrès ,notamment grâce aux découvertes scientifiques. Ce mouvement est né du positivisme d’Auguste Comte et il se fixe comme objectif de décrire objectivement les faits et d’expliquer leurs causes afin d’éduquer leurs lecteurs. Ainsi, les écrivains dits réalistes veulent s’en tenir aux faits précis et à leur description: ils étudient les hommes en se basant sur leurs comportements et leur appartenance à un milieu social car ils pensent que l’influence du milieu dans lequel on vit ,est déterminante pour expliquer noter évolution; On nomme cette théorie le déterminisme. Ils tentent de limiter la subjectivité dans leurs romans et d‘explorer tous les milieux de vie, tous les petits détails qui donnent une dimension réaliste aux romans.
Stendhal peut être qualifié de romancier réaliste dans une certaine mesure car ses romans se situent dans des milieux précis décrit au moyen de petits faits qui donnent l’impression de reproduire la réalité. En revanche, ses héros demeurent des personnages exceptionnels et font part de leurs sentiments.Honoré de Balzac sera un modèle pour de nombreux écrivains qui se voudront réalistes : les 50 volumes de sa Comédie Humaine prétendent dépeindre les lois de la société et ses défauts dans le but de montrer au lecteurs comment s’adapter. Il crée des centaines de personnages qui gravitent dans de nombreux milieux sociaux (aristocratie, petite bourgeoisie, paysans, soldats, ouvriers) et nous observons le monde qu’il décrivent : les nombreuses descriptions permettent de décrire la diversité et l’importance des milieux pour l’avenir des personnages. Gustave Flaubert est également un écrivain réaliste : il s’efforce à travers ses romans de “décrire le médiocre” la banalité du quotidien et il tente de reproduire les nombreux détails qui entourent ses personnages et qui le plus souvent , reflètent leur ennui, leur désœuvrement ou leurs échecs. Victor Hugo lui aussi a eu une période réaliste avec des romans comme Les Misérables, par exemple, où il essaie du reproduire les milieux les plus variés en décrivant le bagne, la misère et la maltraitance ; Ses héros sont des victimes du système social. Zola lui aussi montre tous les misérables de la société , ceux dont on ne parle guère dans la littérature : les pauvres, les petites gens, les ouvriers qui se tuent à la tâche, les marchands, les soldats, les paysans. Les 20 volumes des Rougon-Macquart ont comme sous- titre : Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire. Dans chacun de ces romans, Zola tente d’imaginer la réalité sociale, politique et historique de deux branches d’une même famille dont certains membres ont une fêlure héréditaire Il montre sur 5 générations, les aventures des personnages de cette famille : l’un est médecin, l’autre ouvrier dans une mine, une troisième vendeuse aux galeries Lafayettes, un autre prêtre, un dernier plus chanceux , deviendra sénateur; On compte également un artiste : un peintre , une prostituée surnommée Nana, une lingère, un ouvrier zingueur, ainsi qu’un meurtrier, un conducteur de trains et un riche promoteur immobilier. Zola va donner un nom à cette manière plus radicale d’envisager les rapports entre la réalité et le roman; On appelle naturalisme ce mouvement qui cherche à montrer la réalité sous toutes ses formes même les plus sordides; les naturalistes considèrent que “la nature de l’homme est la seule responsable de ses actes“. Les roman doivent aider les lecteurs à comprendre les rouages de l’homme et de la société en décrivant le plus scientifiquement possible, même les réalités les plus affreuses.Guy de Maupassant est le plus jeune des romanciers réalistes de cette période: lui aussi s’efforce de peindre les abandonnés , les laissés pour compte du sytème et de dénoncer le mensonge qui gouverne la société. Le réalisme à ses yeux n’est que “l’illusion complète du vrai” et il écrit dans la préface d’un de ses romans : “les réalistes de talent devraient plutôt s’appeler des Illusionnistes.”
Le réalisme regroupe donc de nombreux écrivains qui se donnent comme mission de montrer la réalité telle qu’elle est pour nous permettre de mieux comprendre le monde.Le roman est un instrument d’exploration et d’élucidation du réel ; Zola envisage l'art du romancier comme un art expérimental au service du progrès. Les peintres réalistes poursuivent le même but.
Publié en 1885, Germinal fait partie de la série Rougon-Macquart. Il est la treizième œuvre de cette série qui compte vingt ouvrages.
Roman de la lutte des classes et de la révolte sociale, Germinal est un vibrant plaidoyer en faveur des déshérités et des exploités. Portée par un puissant souffle lyrique, cette œuvre épique et poignante exprime le rêve de Zola ” d’un seul peuple fraternel faisant du monde une cité unique de paix, de vérité et de justice”.
” sans prétendre être le premier roman à évoquer le monde ouvrier , Germinal en donne l’une des images les plus puissantes. Peinture précise et épique à la fois de la vie quotidienne , du labeur et des souffrances des mineurs, il organise savamment une progression vers le point culminant de la grève et de la catastrophe finale, ouvrant sur la perspective utopique de la cité future…”
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, le jeune Etienne Lantier s’est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part, en pleine crise industrielle, dans le Nord de la France, à la recherche d’un nouveau emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables (pour écrire ce roman, Emile Zola s’est beaucoup documenté sur le travail dans les mines)
Il fait la connaissance d’une famille de mineurs, les Maheu et tombe amoureux de la jeune Catherine. Mais celle-ci est la maîtresse d’un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu’elle ne soit pas insensible à Etienne, elle a à son égard une attitude étrange.
Etienne s’intègre vite parmi le peuple des mineurs. Il est révolté par l’injustice qu’il découvre et par les conditions de vie des mineurs. Il propage assez rapidement des idées révolutionnaires.
Lorsque la Compagnie des Mines , arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d’une société plus juste.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, le mouvement se durcit. Les grévistes cassent les machines et les installations minières et agressent les bourgeois. Les soldats viennent rétablir l’ordre mais la grève continue. De nombreux mineurs défient les soldats qui tirent sur les manifestants : Maheu, l’ouvrier chez qui Lantier avait pris pension, est tué.
La grève est un échec. Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C’est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste , sabote la mine. De nombreux mineurs meurent. Etienne, Catherine et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Etienne qui le tue. Il devient enfin l’amant de Catherine qui meurt dans ses bras avant l’arrivée des sauveteurs. Etienne sort vivant de cet enfer, et part pour Paris.
Même si la révolte a échoué, Etienne est plein d’espoirs dans la lutte que les ouvriers mènent contre les inégalités. Un jour, il en est persuadé , ils vaincront l’injustice….