27. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Une princesse à la cour du roi Henri II: portrait d’un milieu dangereux et précieux conseils d’une mère · Catégories: Première · Tags:
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Diane de Poitiers, amante du roi Henri II 

En vous promenant dans les jardins du château de Chenonceau, vous pouvez vous dire que vous suivez les pas de Diane de Poitiers et de la reine Catherine de Médicis. A la mort de son royal mari, Catherine a confisqué à la maîtresse de ce dernier Madame de Valentinois, son château de Chenonceau dans lequel , du fond de son bureau à trois fenêtres, qui surplombe la rivière, elle a tenu à régner et à diriger la France; Aujourd’hui on peut encore admirer ce magnifique bureau et imaginer quelles décisions politiques importantes ont été prises par la souveraine dans cette  cette pièce. S’il y a bien un domaine qui pouvait sembler politiquement sensible à cette époque, ce sont les mariages à la Cour; En effet, tout un jeu d’alliances et de complots se forment pour que les familles allient leur puissance ou se neutralisent. Lorsque la Princesse de Clèves fait son apparition à la Cour, elle demeure avant tout une fille à marier dont la famille cherche un très beau parti. Elle va alors devoir affronter les dangers de la Cour et c’est un milieu dont elle ignore tout…

Ce ne sont pas les candidats qui manquent : le Duc de Guise, le Prince de Clèves et le Duc  de Nemours vont soupirer après la belle.Mademoiselle de Chartres qui n’est alors âgée que de 16 ans. Heureusement qu’elle pourra compter sur les conseils avisés de sa mère, la très sage Madame de Chartres. Un premier extrait se situe au début du roman et de l’intrigue : il s’agit avant tout pour l’auteure, Madame de Lafayette, de dépeindre la Cour comme un milieu dangereux et souvent hostile. 

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Galerie de Chenonceau

Voyons comment le personnage de la mère est ici construit par Madame de Lafayette . Le passage présente avant tout les dangers de la cour et le rôle d’une mère auprès de sa fille , novice, qui découvre un milieu qu’elle ne connait pas.  Etudions tout d’abord la peinture de la Cour. La Cour est tout d’abord personnifiée à la ligne 397 ” l’ambition et la galanterie ” étaient l’âme de cette cour ; Ces deux caractéristiques mêlent inexorablement politique et amour et subordonnent les liaisons amoureuses à des intérêts politiques qui dépassent l'individu. Ce dernier est perçu,en effet, comme membre d'un lignage auquel il appartient et dont il se doit de servir les intérêts. Cette idée d'un lien entre amour et politique  est reprise sous la forme d'un parallélisme de construction aux lignes 401: "l‘amour était toujours mêlé aux affaires et les affaires à l’amour. La  narratrice souligne ici à quel point la sincérité des sentiments peut être mise en doute; Les intrigues amoureuses apparaissent alors comme des manoeuvres destinées à fortifier son camp ou sa famille . Cette situation est voulue par les hommes aussi bien que les femmes et qui sont ainsi mis à égalité comme le traduit l’adverbe également dans l’expression ligne 398 “occupaient également les hommes les femmes “ 

Les dangers de la Cour sont liés à la fois à cette duplicité des nobles qui s’y côtoient mais aussi à la multiplicité des affaires  comme le traduit l’expression “il y avait tant d’intérêts et tant de cabales différentes  “; ( 399)  Ainsi le danger semble vraiment réel et Mademoiselle de Chartres fait figure de jeune innocente au milieu de tous ces nobles ; Aucun, en effet ne semble trouver grâce aux yeux de la narratrice : “personne n’était tranquille ni indifférent ” Il faut donc se méfier de tout le monde à la Cour même de ceux qui se prétendent vos amis .  A la ligne 403, l’énumération des verbes à l’infinitif : “s’élever, plaire, servir ou nuire ” rend bien compte du mélange des ambitions de ces courtisans et du caractère changeant de leurs inclinations. L’un des traits des moralistes du dix-septième siècle consiste , en effet, à décrire l’homme comme un être changeant , victime de ses passions et régi par des forces qui lui dictent sa conduite; Madame de Lafayette se montre très proche des conceptions de Monsieur de La Rochefoucauld  , conceptions vulgarisées dans son recueil : Maximes où il écrit par exemple:  L’esprit est toujours la dupe du coeur ou La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges que l’on nous tend, et on n’est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres. Ces écrivains s’efforcent de peindre les vices des hommes pour les corriger  et la peinture de la société qu’ils élaborent dans leurs ouvrages est assez noire.

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Les dangers de l’amour 

A la ligne 404 , on constate que les mot plaisirs et intrigues sont placés sur le même plan comme pour nous faire comprendre que c’est au moyen de ces différentes intrigues que les nobles trouvent du plaisir : comme si le fait de comploter faisait ,quelque part, partie de leur nature . La narratrice va ensuite peindre les différents réseaux d’influence qui se focalisent autour de cinq dames influentes : la reine Catherine de Médicis, la soeur du roi appelée Madame et les jeunes reines : la reine dauphine qui est l’épouse du fils aîné du roi Henri II ,Marie Stuart, la reine de Navarre qui est la fille de Henri II et la maîtresse du roi, Diane de Poitiers . Cette dernière déteste la jeune demoiselle de Chartres en raison de son lien avec le vidame de Chartres ; ce dernier , en effet, a refusé d’épouser l’une des filles de Diane de Poitier par amour pour la reine. On mesure donc à quel point la maîtresse du roi fait courir un danger à la jeune fille . 

Chacune de ces femmes d’influence va attirer une sphère de courtisans qui  vont se modeler aux qualités dont elles font preuve: ainsi la reine attire les femmes d’un certain âge et qui “faisaient profession d’une vertu plus austère ”  ( 410 ) alors que les jeunes et jolies femmes éprises de galanterie se rassemblent plus volontiers autour de la reine dauphine; Seule Diane de Poitiers paraît peu entourée ou dédaigneuse de l’intérêt qu’on lui porte, par une sorte de fierté : “la Duchesse de Valentinois avait toutes celles qu’elle daignait regarder mais peu de femmes lui étaient agréables. ”  (419)

Toutes ces intrigues font de la cour un milieu hostile  et dangereux dans lequel il faut être initié si on souhaite échapper aux périls qui règnent dans cet endroit ; ” il y avait une sorte d’agitation sans désordre”  ( l 429 ) est une expression pour le moins ambivalente , utilisée par l’auteure pour tenter de nous faire saisir ce curieux mélange entre dangers nombreux et recherche constante des plaisirs . Ce qui crée dans l’esprit du lecteur un lien entre plaisir et péril.

Voyons comment Madame de Chartres va pouvoir exercer une influence sur sa fille qui vient d’être introduite dans ce milieu périlleux. 

L’éducation de la jeune fille est présentée pour sa mère comme une entreprise extrêmement sérieuse comme on peut le voir avec l’expression ” avait eu tant d’application ” et “ne discontinua pas de prendre les mêmes soins ” Cette entreprise difficile est rendue d’autant plus nécessaire au vu de la dangerosité du lieu das lequel la jeune fille va désormais évoluer.

 Du coup, la peinture des dangers de la cour renforce le caractère ardu de l’éducation pour la mère préoccupée de l’avenir de sa fille. La Cour est vue par la mère comme une sorte d’enfer où se mêlent les séductions des plaisirs et les plus grands dangers pour les âmes innocentes . On comprend ainsi la valeur de ce qu’elle va inculquer à sa fille au moment où elle va se retrouver confrontée à “tant d’exemples si dangereux” ; D’emblée ; le destin de la future Princesse est présenté comme périlleux et le lecteur peut d’ores et déjà se demander si elle va succomber à toutes les tentations.

Madame de Chartes es caractérise par une lucidité hors du commun “elle voyait ce péril” et un désir de protection maternelle à son paroxysme: “elle ne songeait qu’aux moyens d’en garantir sa fille ” On peut toutefois souligner le paradoxe de la position de la mère qui, à la fois, offre sa fille à tous les regards afin de lui trouver le meilleur parti possible et en même temps, lui demande de se forger une carapace et de se méfier de tout le monde, en particulier des hommes.

La modernité de ce roman vient de la demande de la mère d’être considérée par sa fille comme une amie  et surtout comme une confidente sur le plan amoureux ; Madame de Chartres compte sur son expérience pour protéger sa fille des mensonges que les hommes de la Cour seraient tentés de lui dire afin de s’assurer ses faveurs ou de lui arracher une promesse de mariage ; Il est donc logique que sa mort  prématurée dans le roman plonge la jeune femme dans le plus grand désarroi car elle perd à la fois l’amour d’une mère mais également les précieux conseils d’une amie. La relation mère/fille ne se construit pas seulement sur le respect mais sur un attachement et une affection véritable. A cette époque, il était rare de constater une véritable complicité entre les parents et les enfants qui ne partageaient pas toujours le même toit, surtout durant leur enfance. Néanmoins, certaines auteures comme Madame De Sévigné ou ici , madame de La Fayette se font l’écho d’un nouveau mode de relations, plus intime , entre les mères et les filles.

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La chambre de Catherine de Médicis

  Grâce à la correspondance de Madame de Sévigné,  par exemple, nous savons qu’elle adorait sa fille et souffrait cruellement d’en être séparée après le mariage de cette dernière avec le Comte de Grignan.
 Ce passage nous présente donc à la fois les dangers de la Cour et le rôle que Madame de Chartres entend jouer auprès de la future Princesse de Clèves : une mère attentive et protectrice qui se donne comme mission de la guider : “elle lui promit de lui aider à se conduire dans des choses où l’on était  souvent embarrassée quand on était jeune.”

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Chenonceau 

 

18. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Une femme fatale : Milady de Winter dans les Trois Mousquetaires · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,

Lorsque le roman -feuilleton qui  pour titre Les Trois Mousquetaires paraît  au cours de l’année 1844 dans le Journal Le Siècle, c’est un succès tel qu’il faut immédiatement  faire imprimer le roman afin de satisfaire un public plus large. Alexandre Dumas y raconte, avec de multiples rebondissements,  les aventures de quatre vaillants  soldats du roi qui défendent l’honneur de la reine Anne d’Autriche qu’un complot du cardinal de Richelieu, alors premier ministre ,  menace de déshonorer. Les mousquetaires doivent se rendre en Angleterre afin de retrouver des bijoux que la reine a offerts à Lord Buckingham, son amant. Pour mener à bien leur mission, ils devront vaincre la redoutable espionne du cardinal, la belle et mystérieuse Milady de Winter qui se nomme en réalité Anne de Breuil . Plus »

25. mai 2019 · Commentaires fermés sur Une famille d’irlandais : fiche personnage autour de Killybegs ; Seanna le grand frère. · Catégories: Première · Tags:
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En écrivant Retour à Killybegs après la mort de son ami Dennis Donaldson, assassiné par une faction isolée de l’IRA , Sorj Chalandon, a souhaité évoqué l’histoire et l’évolution du conflit qui oppose les habitants catholiques d’Irlande du Nord (la famille Meehan ) à leurs voisins pro- anglais et souvent  protestants qu’on surnomme les loyalistes .  Un seul personnage ne pouvait suffire à exprimer les différentes étapes du conflit alors l’auteur a choisi de construire une famille pour pouvoir comparer les positions du père, du frère du héros ainsi que du fils de ce dernier . Patraig, Seanna, Tyrone, Jake, quatre prénoms typiquement irlandais vont représenter quatre manières de vivre son patriotisme en  Irlande du Nord.

L’extrait étudié se situe au moment où Tyrone est emprisonné pour la seconde fois : il effectué un premier séjour en prison à l’âge de 18 ans durant lequel il a prêté serment de servir l’IRA et l’écrivain évoque la dureté des conditions de détention de ces hommes , le plus souvent enfermés sans procès et sans jugement . Comment le personnage de Seanna est-il construit ?  Que représente-t-il ? Nous verrons tout d’abord quelles analyses le personnage donne de la situation politique et historique de son pays avant de voir quels sont ses arguments pour justifier sa décision de s’exiler et en quoi son discours peut avoir un impact sur   la relation  des deux frères à travers cet échange. En effet, chaque membre de la famille Meehan est porteur d’une vision du monde et de l’Histoire de l’Irlande .

Quel point de vue est incarné par Seanna ? Le personnage est présenté comme courageux “il n’avait pas peur ‘ ( l 1 ) mais “fatigué  “L’irlande m’a épuisé “  ajout-t-il , à plusieurs reprises  “je ne veux plus m’éreinter ..je renonce ” . Cette usure et cet abandon du personnage sont manifestés par différents symboles : “ il déposait les armes ” ; sur le plan militaire, cela signifie qu’il cesse le combat au sens propre . Soutenir la cause républicaine lui apparaît alors comme un bien grand poids : le mot fardeau à la ligne 5 traduit cet épuisement du personnage qu’on retrouve également ligne 52 <strong>; Elle m'a trop demandé.” ;  Le personnage , ainsi cesse de lutter et abandonne la défense de la cause irlandaise  pour pouvoir respirer et vivre normalement , garder la “tête haute ” quand il va à l’Eglise .  On peut comprendre ici que Seanna ne veut plus vivre avec du sang sur les mains .Néanmoins il garde  une forme de révolte contre l’ennemi ;  Il s’agit donc de faire le portrait d’un homme à bout mais qui conserve une haine farouche des anglais  “ il crachait au visage de nos gardiens ” et ne “leur offrait pas un cri lorsqu’il était battu .”  L’auteur montre ainsi que ce n’est pas un manque de courage et de détermination mais un choix  guidé par des circonstances historiques : celui d’abandonner une cause qu’il estime perdue : ” Ce n’est pas une bataille que nous venons de perdre. C’est la guerre! La guerre de notre père; C’est fini petit soldat. Fini tu entends  ” ( l 44 ) Le renoncement est , selonn le personnage, rendu nécessaire en fonction du contexte historique. 

Le rappel de l’histoire des générations précédentes vient inscrire ici, la fiction dans un contexte historique connu : la mort du grand père en 1896 est l’occasion de rappeler l’ancienneté des combats dans cette région du pays et la mort du père est mentionnée au moyen d’un paradoxe : “mort d’avoir survécu à la défaite “; L’écrivain suggère ici que la honte de ne pas avoir obtenu l’indépendance totale de l’Irlande suite à l’insurrection de 1916 serait responsable, en grande partie, du destin brisé du personnage du père . Il est bien sorti vivant de cette bataille mais il s’est mis à boire et finira par se donner la mort .

La situation de l’irlande du Nord est également rappelée à travers les événements de la seconde guerre mondiale: son gouvernement a décidé de soutenir Hitler car l’Angleterre le combattait ; Ce choix a été violemment critiqué et on retrouve, par la voix de Seanna, une des principales critiques de cette politique qui est qualifiée , à la ligne  42  de “danse avec le diable

Seanna fait également référence à l’avenir de leur patrie et souhaite éviter de nouveaux morts; Le registre pathétique ici est employé pour sensibiliser le lecteur aux arguments du personnage et les rendre plus persuasifs: “qui demain? pourquoi ne pas offrir bébé Sara à leurs coups “ ( l 15 ) ; Assurer un meilleur avenir aux descendants de la famille: c’est le but de Seanna et c’est un argument qui justifie son désir de quitter son pays afin d’épargner aux générations futures de subir le même sort que leurs ancêtres. En agissant ainsi ils pourraient être sauvés ( l 19 ) et ne pas finir “au bout de leurs fusils ) l 12 ou dans une prison anglaise où ils iraient rejoindre tous leurs compatriotes décrits comme du bétail qui “gave ” les prisons . ( l 11 ) 

Le discours de Seanna repose sur un autre argument important : il pense que leur guerre est perdue et qu’ils doivent changer leur vision du monde “Tu regardes le monde depuis le bas de ta rue ” reproche-t-il à son frère; l’écrivain, par la voix de Seanna, dénonce ainsi une vision étroite et partisane de la cause irlandaise ; Le personnage constate que le reste du monde ne soutient pas leur cause : " Nous sommes des milliers d’encerclés entourés par des milliards de sourds ” ( l 45 )  cette citation montre , à la fois l’infériorité numérique des insurgés : milliers s’oppose à milliards et un double emprisonnement géographique figuré par l’association, dans la phrase, seulement séparés par une virgule,  d’encerclés et d‘entourés.  

Seanna associe son départ à l’impossibilité de changer la situation actuelle au sein de son pays qui, majoritairement , a choisi, de soutenir le rattachement à l’Angleterre . En effet, la population catholique encore installée en Irlande du Nord est très minoritaire et subit continuellement des attaques de la part des groupuscules loyalistes.  . Il décrit alors les souffrances de ces populations  de son pays avec des termes imagés qui traduisent leur faiblesse  : ” ghettos lépreux à Derry ( l 31 ) , “lambeaux de villages ” “deux cents rues à Belfast” ce qui ne représente qu’une faible partie de la ville . Selon Seanna, les Irlandais installés en Ulster ne peuvent pas compter sur le soutien de la république irlandaise : “Dublin nous tourne le dos ” affirme-t-il ligne 35 .

C’est pour toutes ces raisons que le personnage du grand frère renonce à poursuivre le combat et souhaite s’exiler avec une partie de la famille: ce qui déclenche la colère de Tyrone qu’il s’efforce pourtant  de convaincre que c’est la meilleure solution.

Les raisons historiques et les raisons personnelles se mêlent : Seanna désire vivre autrement et mieux ; “je veux des rires, des visages neufs, des rues sans soldat” explique-t-il ligne 50 .  Et pour cela , il est prêt à changer d’identité “je ne veux plus de ce que nous sommes ” s’écrie-t-il  ligne 51. Son renoncement va même plus loin jusqu’à prendre la forme d’un reniement à des symboles  : ” J’en ai marre de notre drapeau, de nos héros et de nos martyrs ” ( l 54 )

Ce dernier, dans un premier  l’insulte :  “j’ai eu des mots de trop. des mots de mort ” ( l 20 )  et ne semble pas sensible à son argumentation. Cependant , au fil du texte, Tyrone change d’attitude  et se met à pleurer de “détresse et de rage ” comme si les mots de son frère l’atteignaient directement . Comme dans la suite du roman, Tyrone finira par trahir la cause de l’IRA, on peut se demander s’il ne l’a pas fait en partie parce qu’il s’est rangé à l’avis de son frère : il a renoncé lui aussi au combat mais au lieu de s’exiler , il s’efforce de mettre un terme aux attentats meurtriers en donnant des renseignements aux services secrets anglais.

Seanna lui,  va devenir, à sa sortie de prison  un héros aux yeux de la famille comme le montre la bénédiction de sa mère : il décide de partir vivre aux Etats- Unis et emmène avec lui , ses deux petits frères : Brian et Niall; Quant à Tyrone, il se rangera aux arguments de son frère mais son renoncement prendra une autre forme : celle de la trahison.

L’auteur construit donc les deux frères avec des trajectoires à la fois  parallèles et divergentes : ils ont connu les mêmes malheurs dans l’enfance, ont vécu la violence et connu la prison . l’un trahit sa patrie en la quittant et ne renonçant à se battre pour elle car il juge sa cause perdue; l’autre trahit son pays en donnant des renseignements aux anglais mais demeure fidèle à son sol ; Il ne peut es résoudre à quitter sa terre et retourne même mourir dans la maison de son père , sur le sol foulé par ses ancêtres.

30. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Histoire et évolution du personnage de roman : un individu à part ? · Catégories: Première · Tags:

Le mot « roman » a été utilisé pour la première fois au Moyen Âge, pour désigner des ouvrages littéraires le plus souvent versifiés :  ces ouvrages étaient écrits en langue romane, et non en latin. À son origine, le roman est donc un récit littéraire, généralement écrit en vers, rédigé en « roman », c’est-à-dire en langue « vulgaire ».

C’est cette forme du « roman » que les troubadours et trouvères utilisent pendant tout le Moyen Âge, afin de raconter les exploits des chevaliers qui furent les premiers héros des romans de chevalerie . Ces personnages valeureux, défenseurs de la veuve te de l’orphelin, dévoués à leur roi , seront les premiers modèles héroïques en Occident. Ils sont les héritier des demi-dieux antiques capables d’affronter eux aussi des monstres effrayants. Leur devise est celle du chevalier Bayard”sans peur et sans reproche” . 

Le héros chevaleresque 

L’un des auteurs les plus célèbres de cette période, Chrétien de Troyes, a ainsi su, à travers ses romans (Le Conte du Graal, Le Chevalier à la charrette, Yvain ou Le Chevalier au lion, etc.) : créer un genre narratif, enchaînant des épisodes suivis mais aussi entrelaçant différentes « histoires » , célébrer les exploits d’hommes valeureux et exceptionnels dans un temps légendaire . Ainsi les personnages des romans étaient essentiellement parés des qualités liées à leur condition : courage au combat, loyauté envers ses suzerains et défense des plus faibles 

  Du héros amoureux au héros honnête homme : la noblesse de caractère

Avec la Renaissance, les divertissements de cour, les modes et les comportements se transforment à nouveau : les spectacles et les arts remplacent ainsi peu à peu les tournois et autres jeux où la violence primait. Apparaît alors un nouveau type de romans qui connaîtra un certain succès : le roman pastoral.Honoré d’Urfé, dansL’Astrée, reprend au  ce genre pastoral. Il met en scène, dans un territoire grec préservé des guerres, des personnages en habits de bergers ou de nymphes dont toute la vie est tendue vers l’amour et l’harmonie. Les hommes, loin d’être pourvus de qualités guerrières, se distinguent par leur noblesse d’âme et leur sensibilité, et tous les personnages rivalisent d’éloquence comme de goût. Un peu plus tard,  Madeleine de Scudéry écrit des romans (par exemple Clélie) dans lesquels les lecteurs peuvent découvrir les parcours amoureux des personnages, récits très longs car fondés sur le détail des émotions et des progrès faits par les protagonistes sur la « Carte du Tendre »

Cependant, ce type de romans, malgré son succès, se trouve discrédité. En effet, les personnages semblent d’une perfection peu crédible, l’atmosphère est ressentie comme trop idyllique et trop éloignée des préoccupations du commun des mortels.Une autre direction se dessine, représentée par La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette, chef d’œuvre du classicisme et du « roman d’analyse ». 

Ainsi, le roman au xviie siècle est varié dans ses formes comme dans ses codes. Cependant se dégagent certains points communs : la narration d’épisodes centrés autour de personnages que le lecteur suit dans son parcours, et une prose au service de l’action et de la peinture des sentiments.

Le héros libertin et les héros du roman épistolaire

Dans la seconde moitié du xviie siècle et tout au long du xviiie siècle, le roman par lettres se développe et connaît un grand succès. Ces ouvrages se présentent sous la forme de lettres croisées, envoyées et reçues par les différents personnages. Plusieurs particularités propres à cetre forme sont à relever : Tout d’abord, la forme épistolaire permet à l’auteur de jouer sur les frontières entre réalité et fiction. Plusieurs de ces romans se présentent ainsi (grâce à une préface ou un avertissement) comme un échange réel de lettres, et l’auteur affirme alors n’être que le découvreur et l’éditeur de ces textes. Cela permet bien sûr de contourner la censure ou la condamnation (pour immoralité, ou irréligion), mais cela offre aussi la possibilité de faire entrer plus facilement le lecteur dans un univers dont il pense qu’il est « vrai ».En outre, le fait que le récit soit formé de lettres engendre une conséquence importante : le changement de narrateur. En effet, le roman a autant de narrateurs qu’il y a de personnages écrivant les lettres. De ce fait, des points de vue divergents sur un même épisode se confrontent, et le lecteur a le plaisir de saisir les incompréhensions, de comparer les perceptions de chacun, comme s’il observait les faits selon une multiplicité d’angles.On retiendra  La Nouvelle Héloïse, de Rousseau (correspondance amoureuse entre deux amants) et Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos (les aventures libertines de deux héros scandaleux) et Les lettres Persanes de Montesquieu 

Les héros réalistes : ambition et désir de conquête 

À la suite des Lumières, mais aussi avec le développement industriel et l’essor de la bourgeoisie, le roman connaît au xixe siècle un grand succès, et s’oriente majoritairement vers une représentation fidèle de la réalité sociale– sans se limiter à la classe dirigeante. Le héros romantique paraît en révolte contre l’ordre établi et cherche à accomplir un destin d’exception ; Les obstacles qu’il doit surmonter pour réussir en amour ou socialement  le plongent dans une profonde mélancolie

Le mouvement littéraire du réalisme s’attache ensuite à décrire scrupuleusement les faits et gestes de personnages issus du « peuple » ou du « grand monde ». Balzac  utilise  un titre révélateur pour rassembler ses ouvrages : La Comédie humaine. Il signifie la volonté de saisir les masques et les diverses conditions ou états des hommes. Flaubert (L’Éducation sentimentale), Maupassant (Une Vie, Pierre et Jean) cherchent également à montrer aux lecteurs les parcours de personnages parfois très humbles, en privilégiant une narration objective. Les héros affrontent leurs échecs et renoncent à certaines qualités pour atteindre leurs objectifs : Bel- Ami se sert des femmes pour réussir une ascension sociale. Les lecteurs  apprécient toujours les ouvrages relatant des histoires d’amour « romanesques » – ce que Flaubert met précisément en scène dans Madame Bovary, roman dans lequel le personnage éponyme se nourrit de rêves sans jamais pouvoir se satisfaire de la réalité.

Un peu plus tard, le naturalisme poursuit cette ambition, avec un aspect scientifique plus marqué. Pour Zola, le roman doit être une sorte de « laboratoire » grâce auquel on peut étudier les comportements humains, et les révéler (voire les dénoncer). S’appuyant sur des notes précises, des romans comme Nana, Germinal, La Bête humaine, évoquent  des conflits sociaux  ou des problèmes de société à travers la fiction.

Du héros exceptionnel au héros ordinaire 

Aux xxe et au xxie siècles, le roman est toujours un genre particulièrement prisé par les auteurs comme par le public, mais la variété qui l’a toujours caractérisé s’accroît encore :Certains romanciers  s’attachent à la description du réel – tout en apportant des innovations de style ou de construction. Parmi eux, de nombreux auteurs, marqués par la violence de la première moitié du xxe siècle, prennent position par rapport à l’insupportable (la guerre, le nazisme, toutes les formes de totalitarisme) dans des romans engagés : ainsi Céline, avec Voyage au bout de la nuit ; son héros est à la fois un  un soldat couard, un révolté contre l’injustice et un homme ordinaire , Malraux, dans L’Espoir, Camus avec La Peste invente des personnages qui ne sont ni bons ni mauvais, juste humains. Dans les années 1950, le « nouveau roman » refuse la psychologie et toute subjectivité ; les auteurs de ce courant (Robbe-Grillet, Duras, Sarraute) ne livrent que l’extérieur des choses et des êtres, laissant au lecteur le soin de « construire » un personnage et un univers ; ils veulent la mort des personnages et refusent de présenter des personnages romanesques qui ressembleraient à de vraies personnes. Ils n’ont ni passé, ni famille, ni portrait , ni identité . On voit même apparaître un nouveau modèle de personnage qualifié de antihéros.  A l’inverse des personnages héroïques des origines, ces personnages de la fin du vingtième siècle sont des anonymes ou des héros négatifs auxquels il est difficile de s’identifier comme le personnage de Meursault de l’Etranger de Camus.

Le roman ne se réduit pas aux simples  parcours des personnages qui le composent mais ces derniers , souvent  individualisés forment pour les lecteurs le pivot de cet univers; on s’attache, en effet, à certains héros ou parfois on les déteste mais on croit en leur existence le temps de la lecture . Les formes, extrêmement diverses et les nombreux personnages des romans en font ainsi un outil privilégié pour interroger notre monde comme nous-mêmes : notre « condition humaine » Chaque personnage nous renvoie à une possibilité d’être au monde.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/revision-du-bac/annales-bac/francais-premiere/

30. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le Voreux dans Germinal : un personnage important; Résumé d’un commentaire littéraire ( première Partie chapitre 3) · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Lorsque Zola publie Germinal en 1880, ce treizième volet de la série des Rougon-Macquart s’intéresse au destin d’Etienne Lantier, un mécanicien au chômage, fils de la blanchisseuse Gervaise , héroïne de l’Assommoir. Ce roman trace un portrait saisissant et réaliste de la situation misérable des ouvriers qui meurent en grand nombre dans l’exploitation des bassins miniers du Nord de la France; Dans l’extrait que nous allons étudier, Etienne se trouve enfin en face de la fosse et observe la descente des ouvriers dans le puits au petit jour . Comment la mine apparaît-elle ici ? Dans un premier temps, nous montrerons le caractère réaliste de la description de la mine; ensuite nous analyserons les particularités du regard du personnage et enfin nous verrons la dimension symbolique de ce premier face à face.

Tout d’abord , le narrateur utilise des termes techniques pour décrire le départ des mineurs. Le lecteur possède ainsi un aperçu des conditions de travail des mineurs . Zola pour écrire son roman s’est largement document et a emprunté des ouvrages techniques dans les bibliothèques : ce type de description se nomme documentaire ou lexicographique . On apprend ainsi que les mineurs descendent dans des cages de fer ( l 86 )  , se changent dans une baraque (l 84 ) et pour les herscheurs, remplissent des “berlines ” (l 88) ; Tous les métiers de la mine sont cités: les personnages sont ainsi parfois réduits à des fonctions tels que “moulineurs” (l 88) et toutes les activités sont détaillées comme celle qui consiste à bosser les veines  : “le bois de taille ” est mentionné à la ligne 90.

Un second aspect réaliste de la description consiste à énumérer des petits détails pour renforcer cette illusion réaliste : le narrateur précise, par exemple, le nombre de mètres exact des différents accrochages ” “320 pour le premier” , “554 m ” pour le premier ; Il précise également que les mineurs arrivent “pieds nus” (l 84 ) lampes à la main ” ; Ces détails permettent au lecteur de visualiser plus facilement la scène décrite. 

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Mais la dimension réaliste de la description est complétée par une dimension subjective qui reflète soit les sentiments du personnage soit le point de vue du narrateur ; Ainsi , Etienne est un néophyte qui découvre le milieu des mines de charbon et Zola présente souvent le milieu vu par ses  yeux d’étranger ; cette technique utilisée fréquemment par les auteurs réalistes porte justement le nom de fiction de l’arrivée de l’étranger ; L'écrivain se sert de ce prétexte pour offrir au lecteur de longues descriptions précises de ce que voit le personnage; C'est son regard qui sert de mesure à la description ; C’est pour cette raison qu’on parle de description en partie  subjective  car elle émane d’un point de vue interne. Le verbe introducteur par exemple, précise à la ligne 80 : “il ne comprenait bien qu’une chose ” : La description a donc pour objectif de préciser les pensées du personnage. Etienne cherche réduire son ignorance en posant des questions à un mineur présent : “c’est profond ?” (l 99 ) ; Son inquiétude est manifeste avec la question suivante : “et quand ça casse ? ”  (l 106 ) reprise comme une sorte d’écho fataliste par le personnage; Le héros n’est donc pas seulement un simple spectateur, il oriente la description selon ses intérêts et elle révèle ses craintes ; elle sert à exprimer indirectement  certaines pensées du personnage.

Le plus souvent, le narrateur oriente lui aussi la description et lorsqu’il s’agit de décrire la mine, il utilise une dimension symbolique double ; celle l’animalité et celle de la divinité. La mine , Le Voreux est souvent vue comme une grosse bête effrayante ; Zola joue à la fois avec l’animalisation et la personnification : le champ lexical de la digestion est constamment présent comme pour rappeler que la mine dévore les hommes qu’elle absorbe : ” le puits avalait des hommes par bouchées “( l 81 ) “elle les engloutit ( 111) et les dévore (113 ) comme une bête affamée (115 ) ; Les termes utilisés pour décrire le puits sont ceux qu’on emploie pour décrire des parties du corps d’un animal comme “gosier” (82) “gueule plus ou moins gloutonne ” 113 , “boyaux géants” . L’hyperbolecapable de digérer un peuple “  renforce le caractère menaçant du monstre.

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Cette bête qui se nourrit de “chair humaine “ représente symboliquement un Dieu cruel  et surtout “vorace“; L’analogie avec les Dieux mangeurs d’hommes des religions archaïques permet à Zola de faire comprendre à ses lecteurs qu’aujourd’hui, c’est le Dieu capital qui menace l’existence même des ouvriers ; Il rejoint ansi les thèses marxistes sur la nécessité de la lutte des classes et engage le monde ouvrier dans une révolte contre l’actionnariat . Le lecteur est ainsi indigné de voir comment les ouvriers sont contraints de subir des conditions de travail extrêmement pénibles, inhumaines; Ils deviennent à leur tour des animaux et sont déchus de leur humanité. Zola montre ainsi que la misère renvoie l’être humain à son animalité et à ses instincts. La voix  du porion qui sort du porte-voix est assimilée à un “beuglement  “et on sonne à la viande” lorsqu’on remonte des ouvriers  qui descendent “accroupis ” comme des bêtes;

En conclusion, le personnage du Voreux , monstre dévorateur comme son nom l’atteste, joue un rôle important dans le roman; il montre  le danger que représente la mine pour les hommes : ravalés au rang d’animaux, ces derniers luttent pour leur survie et c’est le regard d’étranger d’Etienne, le personnage principal, qui organise le plus souvent la description du travail des mineurs. 

Rappel du plan utilisé : 

1. description réaliste 

a) termes techniques  

b) petit détails vrais

2. description du point de vue d’Etienne 

a) le regard  du personnage organise la description 

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b) ses impressions 

3. Une description symbolique 

a) le monstre “animal” 

b) la mine menaçante : un Dieu méchant 

29. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Portrait d’un ouvrier au travail : Gueule d’Or le forgeron de l’Assommoir · Catégories: Seconde · Tags: ,

Les écrivains réalistes ne décrivent pas les personnages de leurs romans pour simplement brosser leurs portraits physiques : ils s’efforcent de les révéler à travers leurs actions et à travers le regard du héros  . Pour représenter le forgeron de l’Assommoir, Zola va allier détails réalistes et dimension symbolique du personnage . Les questions qui accompagnaient ce portrait de Gueule d’Or ont pour but de vous faire trouver les axes d’étude de l’extrait . Commençons par la problématique …

Il s’agit d’un portrait du personnage de Gueule d’Or : comment Zola décrit -il ce personnage paraît une problématique tout à fait adaptée à un commentaire littéraire.  (question 1 ) Dès la première lecture, à partir des observations faites dans le texte, on peut constater que ce portrait est tout d’abord guidé par un regard (ce qu’on appelle un point de vue ) : celui qu’échangent Gervaise et Goujet  ;  cette dernière , secrètement amoureuse de lui, admire cet homme beau et gentil .On peut assez facilement voir apparaître les notations mélioratives avec la beauté du personnage , sa force et son habileté. Mais en y regardant d’un peu plus près, on découvrira que la dimension réaliste est parfois délaissée au profit d’une dimension symbolique : le personnage est alors comparé à une divinité , à une statue grecque voir au Dieu Forgeron .

Les aspects réalistes du texte  (question 3 ) proviennent essentiellement de trois sources :

  • tout d’abord les petit détails vrais et précis  comme les gouttes de super ( 20 ) , le nombre esse coups de marteau ( 21, 22, 23 ) ;
  • ensuite le vocabulaire technique de l’artisanat  ( jeu classique balancé , fer rouge, science réfléchie, écrasant le métal au milieu , le modelant par une série de coups d’une précision rythmée ( 9 ) 
  • enfin l’imitation de la manière de parler (familière et  imagée – des ouvriers ) avec toute une série de mots que les écrivains n’ont pas l’habitude d’employer dans leur roman s comme ” chahut, bastringue, guibolle ( 4 ) , gaillard ( 11) 

Mais pour répondre à la dernière question, il fallait noter que Zola employait certains procédés qui transforment le personnage et ses outils . Le forgeron devient un Dieu ( l 13) cheveux et barbe s’allumaient , fils d’or, figure d’or , épaules et bras sculptés copiés sur ceux d’un géant, montagnes de chair , clarté, tout-puissant , comme un bon Dieu.”  Les comparaisons, les hyperboles  et les métaphores font de l’ouvrier au travail un personnage légendaire comparable à un Dieu. Il atteint ainsi une dimension symbolique . I   II 

Zola , dans cet extrait , effectue donc le portrait en action d’un ouvrier au travail à travers le regard admiratif de Gervaise qui le transforme en divinité. Le plan du commentaire littéraire devra donc tenir compte de tous ces éléments qui composent le portrait de Gueule d’Or. Vous trouverez en pièce jointe des liens qui vous montreront d’autres possibilités de plans . Prenez le temps de les observer et de les comparer. 

 I Un ouvrier doué et admiré pour son savoir – faire   ” un homme magnifique au travail ”  

a) il maitrise ses gestes : il est admirable dans son travail ; la précision des petits détails (sueur,  nombre de coups, rythme, jeu balancé ) 

b) il aime son travail :  il a le goût du travail bien fait et compare son outil à une femme aimée ( la personnification de Fifine ) 

c) le regard de la femme amoureuse : il est fort ce qui rassure Gervaise et il ne boit pas ( 9 et 10 ; 11 ce gaillard là , poitrine vaste à y coucher une femme ) 

II Un homme que tous admirent et qui devient un Dieu  “il devenait beau, tout puissant comme un bon Dieu “

a) une musculature hors du commun : il est très imposant physiquement ( 16/17 ) 

b) des qualités de statue antique : il ressemble à un géant tellement il est musclé , figure d’or ( 14 ) 

c) il devient un Dieu : il est comme Vulcain qui forge les rames des Dieux et il est transformé par un éclat divin ( 18/19/20 ) 

Vous pouvez aussi lire …

 

http://www.bacdefrancais.net/assommoir-zola-6.php

06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Quand Zola imagine la révolution : un roman “visionnaire ” et pas toujours réaliste … · Catégories: Seconde · Tags: , ,
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 En lisant Germinal, on pourrait penser qu’il ne s’agit pas vraiment d’un roman mais plutôt d’un traité politique sur les révolutions ouvrières; Cependant, ce serait oublier qu’il s’agit avant tout d’un roman et donc d’une oeuvre née de l’imagination de son auteur.  L’un des meilleurs spécialistes de Zola, le professeur Henri Mitterand, a écrit un article dont je vous livre ici quelques passages : il y rappelle qu’au delà du projet de peindre les rapports entre les ouvriers et les patrons , ce livre raconte  aussi la vision du monde de son auteur . Le roman est le soulèvement des salariés, le coup d’épaule donné à la société qui craque un instant : en un mot la lutte du travail et du capital. Zola  veut que son roman prédise l’avenir, posant la question la plus importante du vingtième siècle. »  Mais est-il toujours réaliste dans sa description de la révolution et des mineurs  ?  

Zola, encore mal informé de la conduite des grèves, peine à évacuer les sauvageries simplistes et les fantasmes sanglants : « Lorsque la grève éclate, explosion d’autant plus violente que la misère, la souffrance a été plus grande ; et là aussi pousser au dernier degré possible de la violence. Les ouvriers lâchés vont jusqu’au crime : il faut que le lecteur bourgeois ait un frisson de terreur. Maison attaquée à coups de pierres, siège en règle ; personnes tuées, éventrées, sauvagerie abominable. »

Et en tout cas l’idée de lâcher les ouvriers jusqu’au crime sera abandonnée. Il y aura trois sortes de meurtriers dans le roman, et ce ne seront pas des hommes du fond : des femmes rendues folles de fureur, un enfant infirme et qui s’est exclu de la communauté familiale et sociale Jeanlin qui a vraiment mal tourné , un vieillard devenu fou  Bonnemort  –  qui tuent trois figures également marginales à l’affrontement direct « du travail et du capital », un petit commerçant, Maigrat, une sentinelle de l’armée, et la fille du couple d’actionnaires, Cécile Grégoire.

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Zola a choisi ce titre Germinal plusieurs jours avant son départ  pour la région des mines ; C’est une trouvaille : L’annonce, la prophétie, se dit en grec évangile, et de nombreuses images de la révolution la présentent comm une sorte de cité idéale, un lieu paradisiaque. Le mot évoque historiquement le printemps, la faim,– et aussi la défaite du peuple. Et il porte étymologiquement l’idée de la graine et de la germination.: « Un titre exprimant la poussée d’hommes nouveaux […] un avril révolutionnaire, une envolée de la société caduque dans le printemps. » «« Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les révoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre ». Quand il arrive sur place dans le Nord, Zola se fait raconter la journée d’un mineur de fond : lever à quatre heures, départ « en emportant le déjeuner, des tartines ou de la viande et une gourde de café », descente au fond, chemin jusqu’à la taille, « souvent deux kilomètres à faire sous terre », travail, déjeuner accroupi sur le chantier, retour. Les femmes et les filles travaillent au triage du charbon, en surface : Catherine Maheu descendra dans les galeries, mais l’action du roman se passera en 1866, plusieurs années avant la loi épargnant aux femmes le travail au fond. La fréquentation des cabarets n’arrange rien. Zola est entré au cabaret de La cantinière. On y boit en silence des chopes de bière à deux sous, tirées à des robinets. Le café et la bière, ce sont les deux boissons du Nord, l’une à domicile, l’autre au cabaret. On retrouver bien ces petits détails vrais dans le roman. 
L’imagination de Zola travaille en même temps que sa curiosité d’enquêteur. Sur ce qu’il a vu à la fosse Thiers, à Bruay, ses notes laissent déjà place à l’analogie, à la métaphore. Le canal, avec sa double ligne d’arbres, est une « avenue d’eau ». Les péniches, à bandes rouges et blanches, semblent « dormir sur l’eau claire ». La fosse Thiers est « une construction massive, de corps rapprochés, accroupie, tapie comme une bête ». . « Des tuyaux de vapeur dépassent faiblement les toits, il y a une respiration forte et lente, régulière, qu’on entend continuellement. Dans le bas, il y a aussi, à ras de terre, un échappement continu de vapeur. C’est une bastille d’un nouveau genre. » Les notes sont transformées dans le roman en paysages imaginaires tristes souvent, inquiétants et parfois fantastiques. 

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Zola descend lui aussi dans une fosse. Au terme de son voyage sous terre, il contemple enfin les « piqueurs », qui extraient le charbon de la veine et enlèvent les roches. Il pense inévitablement à des damnés, ou à des esclaves. La position est une des pires qui soient : « L’ouvrier se met sur le flanc et attaque la veine de biais. J’en ai vu un tout nu, avec la peau salie de poussière noire. »

Sur l’histoire des grèves qui ont périodiquement arrêté ou troublé le travail des mines d’Anzin, ni les mineurs, ni les ingénieurs, ni les administrateurs ne se sont beaucoup étendus. Et il s’est fait raconter la grève d’octobre 1866 à Anzin et Denain. Un mouvement assez brutal : pressions violentes contre les « jaunes », manifestations sur les routes, tapages, bris de vitres, rixes, participation des femmes, tentative d’extinction des feux d’une fosse à Denain. Le récit de Germinal présente des analogies frappantes avec l’histoire de cette grève de 1866, à laquelle celle de 1884 ne ressemblait plus tout à fait. « Avec cent francs, s’extasie Le Figaro, le mineur vit mieux que l’ouvrier parisien […] Et pourtant, on excite les mineurs contre la compagnie et ils écoutent ceux qui leur font de beaux discours, au risque de tout perdre. » Il a constaté, de ses yeux, la misère des corons, l’inhumanité des travaux du fond, la présence rampante de la faim, de la maladie et de l’accident fatal.

 Mais si son roman connaît un vif succès dès sa parution, Zola est attaqué sur certains points . On lui reproche de peindre notamment les ouvriers comme des animaux Il contre-attaque : « Pourquoi veut-on que je calomnie les misérables ? Je n’ai eu qu’un désir, les montrer tels que notre société les fait, et soulever une telle pitié, un tel cri de justice, que la France cesse de se laisser dévorer par l’ambition d’une poignée de politiciens, pour s’occuper de la santé et de la richesse de ses enfants. »Un second reproche concerne la bassesse de certains sujets et de certains mots  . On proteste contre  « l’étalage de sensualité et de bestialité », « la fanfaronnade de cochonnerie »

Cependant, les mêmes critiques  sur le chapitre de la « morale » mêlent l’éloge à la remontrance, avec des épithètes identiques chez la plupart : vigueur des tons, force de la couleur, parfum de réalité terrible, « beau livre sombre, pessimiste, terrible » : « Ce que j’ai voulu, c’est crier aux heureux de ce monde, à ceux qui sont les maîtres : Prenez garde  regardez sous terre, voyez ces misérables qui travaillent et qui souffrent. Il est peut-être temps encore d’éviter les catastrophes finales. Mais hâtez-vous d’être justes, autrement, voilà le péril : la terre s’ouvrira, et les nations s’engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l’histoire.”

. Mais par-delà l’histoire, surgit « la vision » : celle, teintée de « pitié morose », d’« un troupeau de misérables » livrés à un bourreau, « la mine, la bête mangeuse d’hommes », et à un dieu, « cet être mystérieux à qui appartient la mine et qui s’engraisse de la faim des mineurs » ; lorsque le troupeau, « mû par des forces fatales », se soulève, il va, « avec des bouillonnements et des remous, se briser contre une force supérieure ». : « Les hommes apparaissent, semblables à des flots, sur une mer de ténèbres et d’inconscience. » Cette vision issue de l’imagination de l’écrivain passe parfois  sous silence pour certains  la conscience politique acquise par les ouvriers en lutte. Néanmoins, les chapitres 3 et 4 du roman sont justement consacrés à la découverte par le héros des idées politiques socialistes. D’ailleurs  les organes socialistes demandent à Zola l’autorisation de reproduire Germinal en feuilleton. À chacun d’eux, il fait la même réponse qu’au Peuple de Bruxelles, le 15 novembre 1885 : « Prenez Germinal et reproduisez-le. Je ne vous demande rien, puisque votre journal est pauvre et que vous défendez les misérables. »

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. Auteur de l’œuvre, il en a été le premier lecteur, il en a ressenti le premier l’onde de choc. Dans Germinal, le mythe surgit de partout, avec sa dialectique de la damnation, de la révolte, de la répression, et des lendemains en attente. Pour construire un monde nouveau, pour faire germer « les récoltes du siècle futur », il faut détruire « le vieux monde » jusque dans ses fondations. Vision biblique autant que révolutionnaire. C’est ce qu’annonce dans Germinal la cohue des « bouches noires », parmi le « hérissement » des barres de fer et des haches. Et c’est cette sourde inquiétude que confie Zola, à plusieurs reprises. « Le siècle prochain garde son secret, il faut ou que la bourgeoisie cède ou que la bourgeoisie soit emportée .Ce tour prophétique est nouveau dans son œuvre. Nous ne sommes encore qu’en 1885, mais le tête-à-tête de Zola avec le peuple des rudes travailleurs lui a fait voir l’avenir sous un jour nouveau.

 

06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le parcours d’Etienne dans Germinal: naissance de ses idées politiques et naissance d’un leader · Catégories: Seconde · Tags: , ,
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Le personnage d’Etienne est le héros de Germinal, ce nouveau volet de la série des Rougon-Macquart , qui décrit la misère des ouvriers mineurs dans le Nord de la France à la fin du dix-neuvième siècle: En France ; la révolution de 1848 marque la montée des mouvements de revendications des ouvriers qui s’appuient sur les thèmes de Karl Marx et Friedrich Engels ; ces deux hommes fondent la ligue communiste et se battent pour changer les relations entre les bourgeois qui possèdent les moyens de production (les usines ) et  leurs salariés, les ouvriers qui sont contraints de vendre, leur force de travail, leur labeur, en échange d’argent . Dans ce roman social , Zola prend parti pour les travailleurs et entend dénoncer l’exploitation dont ils sont victimes de la part de patrons qui ne pensent qu’à augmenter leur profit. 

 Les origines du personnage : Etienne est fils d’une blanchisseuse Gervaise Macquart,  qui , en raison de son alcoolisme, va sombrer dans la misère et la déchéance (L’Assommoir ) Il est d’abord présenté comme un ouvrier sans travail qui ne possède que quelques effets dans un pauvre baluchon : Il possède la qualification de machineur et comprend que pour pouvoir travailler dans la fosse, il va devoir changer de métier , apprendre à devenir soit un charretier comme Bonnemort, soit un herscheur ; un culbuteur, un haveur , un galibot ou un raccommodeur  ; La situation économique est  alors décrite comme catastrophique : partout les usines ferment ; Autour de Montsou, on voit des sucreries ( qui extraient le jus des betteraves), des forges, mais également une minoterie, une verrerie et des fabriques ; Le décor sinistre  semble relayer la peine des ouvriers : “le vent passait avec sa plainte comme un cri de faim dans la nuit ” ; la fosse est décrite comme un monstre affamé de chair humaine qui dévore les ouvriers : “une bête méchante qui respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gêné par sa digestion pénible de chair humaine ” Grâce à sa conversation avec Bonnement, le grand père de la famille Maheu qui compte à son actif un demi-siècle passé à travailler à la mine, Etienne apprend quelles sont les conditions de vie des ouvriers ainsi que le nom du directeur de la mine , M Hennebeau.

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Le second chapitre nous fait découvrir dans le coron ouvrier , la vie des Maheu, une famille typique de mineurs  : c’est la misère la plus noire ; 7 enfants à nourrir , plus d’argent et la nourriture qui devient une obsession : ils trompent la faim avec des feuilles de chou bouillies, ont des dettes à l’épicerie et Catherine, la fille aînée, a bien du mal à leur trouver de quoi se faire des “briquets ” pour la mine (pain, beurre et fromage blanc ) Zola décrit parfois les ouvriers comme des animaux pour dénoncer l’ampleur de leur misère : il évoque par exemple, à la fin du chapitre 2, leur piétinement de troupeau ou la mamelle pendante de la Maheude qui allaite épuisée sa petite Estelle âgée de 3 mois . 

La pensée politique d’Etienne : le personnage est placé comme un observateur du milieu des ouvriers et Zola s’inspire des notes qu’il a prises durant son séjour dans le pays minier pour faire évoluer son personnage . Tout d’abord il apprend les gestes qui font de lui un mineurs  : “il apprenait de Catherine à manœuvrer sa pelle , montre des bois dans la taille ” . Certains le surnomment l’aristo pour se moquer de sa maladresse liée à l’ignorance du métier . Les premiers temps, il étouffe au fond des veines ; C’est en fait un timide qui craint sa violence intérieure ; Le personnage songe d’abord à reprendre sa route affamée afin de ne plus redescendre dans cet enfer : “car avec son instruction plus large, il ne sentait point la résignation de ce troupeau et finirait par étrangler quelque chef ” (I, VI ) Finalement, au dernier chapitre, il décide de rester à cause d’un vent de révolte . Peu à peu le personnage devient un camarade et se lie d’amitié avec Maheu qui admire son instruction  “il le voyait lire, écrire, dessiner des bouts de plan, il l’entendait causer de choses dont lui, ignorait jusqu’à  l’existence ” (P1, 3) 

L’influence de Souvarine : c’est un ouvrier pauvre, Russe et secret qui a commandité un attentat contre le tsar . Il s’est réfugié en France  et tente de dissuader Etienne de rejoindre l’Association internationale des travailleurs qui venait de se créer à Londres sous l’impulsion de Karl Marx ; Souvarine lui veut tout détruire mais Etienne pense qu’il n’est pas vraiment sérieux : “cette théorie de la destruction lui semblait une pose ” ; Pluchart lui fait partie de cette association : il est même secrétaire de la  fédération du Nord.  Les hommes pensent qu’une révolution des ouvriers est indispensable  ” un chambardement qui nettoierait la société du haut en bas, et qui la rebâtirait avec plus de propreté et de justice ”  Souveraine semble ne savoir long sur les mécanismes économiques qui régissent la loi du marché et il évoque notamment la loi d’airain : le salaire est fixé selon lui à la  plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants.  “C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim ”  Alors Etienne se met à lire des livres dans lesquels il ne comprend pas tout et des idées lui viennent . (P 3, 3) Jusque là , il n’avait eu de la révolte que l’instinct, au milieu de la sourde fermentation des camarades. Toutes sortes de questions confuses se posaient à lui: pourquoi la bière des uns? pourquoi la richesse des autres ? pourquoi ceux- ci sous l étalon de ceux-là, sans l’espoir de jamais prendre leur place ? 

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Sa découverte des livres : il lit tout ce qui lui tombe sous la main; des traités de médecine, des brochures anarchistes, des traités d’économie politique , des livres sur les coopératives mais il reste un grand utopique et  il se contente de  rêver aux améliorations possibles de la société : “ il assistait à la régénération radicale des peuples sans que cela dût couter une vitre cassée ni une goutte de sang. ” Cependant Etienne qui loge désormais chez les Maheu parvient à les convaincre que les choses peuvent changer et il partage ses rêves d’un monde meilleur avec eux : ” Une société nouvelle poussait en un jour, ainsi que dans les songes,une ville immense d’une splendeur de mirage, où chaque citoyen vivait de sa tâche et prenait sa part des joies communes; La devise de ce nouveau peuple: “à chacun suivant son mérite, et à chaque mérite suivant ses oeuvres. ”  

Etienne devient un leader  : son influence peu à peu s’élargissait ; Il crée sa caisse de prévoyance et devient secrétaire de l’association.  Il es transforme intérieurement et extérieurement: “son visage changea et devint grave,il s’écouta parler; tandis que son ambition naissante enfiévrait ses théories et le poussait au idées de bataille. ” Le nouveau mode de paiement des berlines décrété par la compagnie va mettre le feu aux poudres et par conséquent la mine à feu et à sang. La grève va être décidée et l’accident de Jeanlin, le départ de Catherine et de Zacharie contribuent à rendre encore plus précaire l’existence quotidienne des Maheu. La quatrième patrie du roman débute par la visite d’une délégation de mineurs chez les Hennebeau; Etienne en fait partie.  

 

05. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Les degrés de la trahison : véritables traitres et traîtres occasionnels ..essai de synthèse textes et documents · Catégories: Première · Tags:

Notre corpus comportait une dizaine de traîtres et l’objectif consistait à les classer en fonction de leur degré de trahison : il fallait donc examiner avec attention le ou les  motifs de leurs trahison, en envisager les conséquences, examiner leur place et leur rôle au sein de l’oeuvre . L’observation de ces différents critères permet de fabriquer une sort d’échelle des traitres et d’y situer chaque personnage ; Les femmes : Médée, Phèdre,  La Princesse de Clèves ,Roxane et Milady. Et les hommes : Hippolyte le seul innocent pris pour un traitre,  le Vicomte de Valmont, Fernand Mondego, Paul Dounat et Tyroen Meehan que nous retrouverons dans Retour à Killybegs.  

Si  le personage de Milady d’Alexandre Dumas arrive en  tête de tous les classements , c’est sans doute, pour différentes raisons : tout d’abord, elle est celle qui renouvelle sans cesse  la trahison ; la liste est longue de tous ceux qu'elle a trahis avant même d'agir à la solde du cardinal de  Richelieu et de devenir une espionne pour affaiblir la monarchie française.   Elle a voulu nuire à ses fiancés, ses maris et ses amants  dont elle a tenté de se débarrasser . Elle va même jusqu'à empoisonner une de ses rivales et son exécution à la fin du roman est décrite certes dans un registre pathétique mais semble être l’aboutissement logique du destin de cette femme perfide qui  est l’incarnation de la trahison . Le second roman de Dumas, Le Comte de Monte-Cristo comporte également  plusieurs personnages de traitres redoutables; L’auteur a choisi de peindre deux figures de traîtres qui agissent pour deux motifs différents : Fernand Mondego est amoureux de la même femme que Dantès et l’emprisonnement de ce dernier, accusé à tort d’avoir conspiré contre le gouvernement, lui permettra d’obtenir enfin l’amour de la femme convoitée en éliminant ce rival. Le second traître agit lui, par ambition et jalousie car il convoite le poste qui semble avoir été promis à Dantés; Tous deux, Danglars et Mondego  unissent leur désir de nuire au héros et les conséquences seront tragiques pour le personnage qui effectuera 18 ans de cachot avant de pouvoir s’évader pour accomplir sa vengeance. Milady et Mondego  jouent un rôle identique dans le roman : ce sont des opposants au héros et tous deux connaissent le même sort tragique. Dans le roman d’aventures , les rôles sont souvent assez manichéens : les bons contre les méchants . 

Les romans philosophiques du siècle des Lumières présentent plus de nuances et le courant libertin s’efforce d’éclairer les méandres du coeur humain. Laclos a choisi un couple manipulateur et cynique, défiant tout morale , pour en faire les héros noirs de son roman épistolaire. Ils sèment la trahison autour d’eux et séduisent leurs victimes en utilisant des stratégies dignes d’une guerre . Conquérir est leur but  avoué et ils ne reculent devant aucune hypocrisie, brisant les coeurs  pour satisfaire leur ego démesuré. Valmont va provoquer le désespoir des femmes qui tomberont amoureuses de lui et il peut même être considéré comme le principal acteur de la mort de la Présidente de Tourvel. Expert en mensonges de toutes sortes, il finit cependant par se laisser tuer comme une forme de rédemption pour ses nombreux péchés; à noter qu’il disparaît après avoir trahi sa complice la Marquise de Merteuil comme un ultime hommage à la trahison ! Particulièrement détestable, ce personnage parfois peut pourtant séduire les lectrices qui admirent sa rouerie. C’est en quelque sorte un prolongement du mythe de Don Juan, le séducteur éternel.

Dans la tragédie classique, les traîtres ne manquent pas et ils sont souvent associés aux origines de la tragédie : ainsi c’est à partir d’une trahison, celle de Jason,  que débute le conflit tragique dans Médée; cette princesse-sorcière fait passer son désir de vengeance au -dessus de son amour maternel et sacrifie ses propres enfants afin d'atteindre leur père . Le recours à la vengeance est un moteur de la tragédie et ce schéma réapparait chez Racine avec l’histoire de Phèdre presque aussi coupable , à vos yeux que Médée. Certes, Phèdre ne tue pas ses enfants ; D’ailleurs elle ne tue  directement personne mais elle est à l’origine de plusieurs catastrophes : en effet, elle provoque, par son mensonge , la mort de son beau-fils Hippolyte que son père a cru coupable et qu’il a maudit. A noter que Phèdre se termine par le suicide par empoisonnement de l’héroïne alors que dans Médée, l’une des versions de la tragédie , montre la fuite de l’héroïne. L’une comme l’autre sont les victimes de leur folie amoureuse et paraissent des femmes dénaturées, parfois monstrueuses. Ces deux tragédies illustrent avant tout les dangers de la passion et mettent en garde les spectateurs contre les débordements du coeur.

A un niveau inférieur, vous avez classé les personnages de Paul Dounat qui trahit son camp en temps de guerre mais auquel on peut trouver quelques circonstances atténuantes : à noter que ce personnage trouve la mort de manière assez affreuse et c’est aussi ce qui peut le rendre moins détestable aux yeux du lecteur. L’écrivain, à travers son cas , a souhaité  surtout montrer à quel point la guerre rendait les hommes capables de commettre l’irréparable ; Les résistants présentent son exécution comme nécessaire et obligatoire pour ne pas mettre d’autres vies en danger. En le tuant, on l’empêche de nuire. Il n’a même pas droit à un procès et subit son sort sans résister et sans protester comme s’il acceptait sa mort . 

La trahison de Roxane dans Les Lettres Persanes vous a paru , elle aussi, mériter des circonstances atténuantes, car cette jeune femme s’est révoltée contre un sytème inique: celui des harems où l’on emprisonnait les femmes . Elle a menti et trahi  un maître despotique et le lecteur ne peut que prendre son parti ; De plus, elle se punit elle-même en se donnant la mort comme le personnage de Phèdre  dans la tragédie de Racine . 

Quant à La Princesse de Clèves, elle fait preuve d’une très grande sincérité en dévoilant ses pensées les plus secrètes à son époux et si elle avoue ses sentiments pour le Duc de Nemours, elle restera  toujours fidèle à son mari, Le Prince de Clèves .  Cette trahison, d’ordre spirituel et sentimental, vous a semblé la moins grave de toutes en dépit du fait qu’elle cause la mort de son époux, chagriné de ne pas être autant aimé qu’il le souhaiterait. 

Un seul personnage est totalement innocent, il s’agit d’Hippolyte dans Phèdre; La Princesse de Clèves est très légèrement coupable comme Roxane . Phèdre a été emportée par une passion funeste. Quant à Médée et Milady ce sont des criminelles : l’une par amour directement et son crime atroce la rend odieuse, en dépit de sa souffrance pour les spectateurs  et l’autre par essence, véritable serpent qui sème la mort autour d’elle et que les lecteurs détestent . Entre les deux, des traitres de circonstances mus par leurs intérêts comme Mondego, Valmont qui tire du plaisir de ses impostures sentimentales et Dounat dans le roman de Kessel qui, d’un homme admirable , s’est transformé en traître presque sans le vouloir, par faiblesse désespoir

. Quant à notre dernier traitre , Tyrone Meehan , sa trahison demeure  vraiment  une énigme pour le lecteur; il a trahi un pays qu’il aime par- dessus tout en pensant sans doute le servir et faire cesser les morts autour de lui. Au final, le lecteur ne saura vraiment jamais pourquoi ni ce qu’il a fait au juste.  Il est le héros du roman Un traitre et celui de Retour à Killybegs où cette fois, c’est son point de vue qui domine. Tous  ces personnages paient leur trahison d’un prix important : la mort pour presque tous ; mais elle peut être  choisie par eux-même ou orchestrée par leurs victimes qui ainsi se vengent  .

Face au châtiment d’un traître, le lecteur peut ressentir soit une forme de justice soit un certain malaise dans la mesure où cela l’oblige à considérer le personnage comme une victime désormais. Souvent 

04. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Mon traître : le cas de Tyrone Meehan dans le roman de Sorj Chalandon · Catégories: Première · Tags:

Ce roman de Sorj Chalandon, paru en 2007 évoque la question de l’Irlande, pays  divisé entre son désir de paix et son envie de  résistance contre l’Angleterre dont elle ne reconnaît pas la souveraineté sur son territoire . Cette nation ou catholiques et protestants sont  déchirés par une guerre civile depuis le début du vingtième siècle, a été endeuillée , à de nombreuses reprises par des attentats de l’IRA, l’armée clandestine irlandaise . Mais, au delà du cadre politique tragique,  ce roman évoque surtout l’amitié entre deux hommes: un luthier français qui est le narrateur du roman; ce dernier au cour d’un voyage , découvre l’Irlande du Nord  et tombe amoureux de ce pays, de son histoire et de ses habitants  ; Il va nouer une relation très forte, avec  un patriote Irlandais qui s’avèrera être un traitre et qui sera exécuté par l’IRA en 2006  . L’action se déroule à Belfast et commence en 1977 lors de la rencontre des deux hommes dans un club réservé au anciens prisonnier irlandais : le Thomas Ashe; Le passage que nous étudions se situe à la fin du roman. Après avoir appris, en décembre 2016, la trahison de Tyrone qui fait la une des journaux, Antoine , bouleversé, se rend à Belfast et cherche à découvrir les raisons qui ont poussé son ami à trahir une cause pour laquelle il était pourtant prêt à mourir  . Il est autorisé à le rencontrer une dernière fois mais Tyrone , réfugié dans la maison de son père, à Killybegs, est incapable d’expliquer pourquoi il a agi ainsi . Déçu , Antoine décide de faire la tournée des bars et revient sur le lieu de leur première rencontre .

Quelles raisons peuvent avoir  poussé le personnage  à devenir un traître ? Comment devient on un traître et pourquoi ? Antoine se lance en quête d’un vérité mais elle se dérobe sans cesse et cette plongée dans les nuits et les pubs de Belfast est surtout l’occasion pour Antoine de sonder l’âme humaine et d’essayer de comprendre comment un homme respecté et respectable, se transforme une traître . Examinons tout d’abord le cadre de ce passage : c’est  tout d’abord une sorte de parcours emblématique dans Belfast.

Sur Falssroad, Antoine erre de bar en bar et chacun lui rappelle des souvenirs: le Thomas Ashe bien sûr où tout a commencé et où Jim lui a fait faire la connaissance de Tyrone Meehan; Le MacDaids ( l 45 ) le bar où le fils de Tyrone travaille en tant que portier ; ce dernier a passé plus de 15 ans en prison et à sa sortie de Long Kesh, il découvre que le monde a changé et qu'il n'est plus considéré comme un héros car l'IRA a déposé les armes . Comme la plupart des anciens prisonniers, il vit de petits boulots . Le parcours du narrateur passe par le Busybee où il se rendait fréquemment avec Jim, son ami , mort en faisant exploser une bombe ( 55 ) ; L’enterrement de Jim est rappelé à la ligne 56 ; A cette occasion,  il est précisé que Tyrone “avait été tenu pour responsable des incidents” ; En effet, le cercueil de Jim n’avait pu quitter son domicile qu’une fois qu’on avait ôté tous les symboles qui prouvaient que c’était un soldat de l’IRA ; Les Anglais auraient alors “menacé de nombreuse années de détention” Tyrone;  Toutefois, cette raison ne paraît pas suffisante car le personnage a déjà effectué de nombreux séjours à Long Kesh.  L’étape suivante est le Kiities : au fur et à mesure que la soirée avance et que l’état d’ébriété du narrateur s’accentue, les  tentatives d’explications deviennent plus confuses et se mêlent comme pour imiter les altérations  de la perception d’Antoine. La dernière étape: le Rock Bar est l’occasion de revenir sur le motif financier : Tyrone aurait trahi pour de l’argent . 

Le second point qui marque ce parcours c’est celui de l’anonymat des réponses et de leurs points communs; l’écrivain reprend ici les principaux clichés autour des motifs de trahison et il le fait sous forme d’échanges anonymes : ” un homme a dit ” l 2 ” un vieux type qui buvait au bar ” l 12 “un républicain”  “quelqu’un ” l 64  “une femme ” “une autre ” “un jeune gars d’Ardoiyne”  “une dame âgée ” pour finir avec le pronom personnel “on ” qui ne marque ni le sexe ni l’âge de celui qui s’exprime ; Toutes ces voix sont orchestrées pour nous montrer qu’il existe de très nombreuses raisons qui peuvent pousser un homme à trahir mais que dans le cas de Tyrone Meehan, aucune ne semble satisfaisante; Ces personnages anonymes représentent un échantillon de population irlandaise : on y trouve des hommes, des femmes, des jeunes et des vieux; Toutes les composantes de la  population sont  ici envisagés comme une sorte de représentation de l’humanité dans sa pluralité. 

Chaque étape est donc l’occasion pour Antoine de récolter des avis et des points de vue divers qui sont d’ailleurs âprement disputés  et font l‘objet de désaccords.  Le motif qui est cité en premier : l 1 c’est la trahison par amour ; Cependant cette hypothèse est aussitôt écartée par Antoine car il connaît Sheila, la femme de Tyrone et surtout il n'a jamais vu "Tyrone jouer du regard avec une autre femme “  ( 8); En effet, si la trahison par amour peut expliquer un coup de folie , elle ne s’aurait s’accommoder d’une aussi longue période : plus de 25 ans ( l 10 ) . Les locuteurs émettent alors des hypothèses qu’ils s’efforcent de rendre convaincantes comme s’ils étaient persuadés de détenir la véritable raison : ” un homme m’a juré qu’il  avait fait ça pour protéger son fils ” ( 48) : c’est pour ça qu’il a craqué, pour ne pas retourner encore une fois en prison  “m’ a expliqué le gars ” ( 63) Au fur et à mesure, les paroles devient moins claires  et parfois même fantaisistes :   Une femme croyait savoir ( l 68 )  Un dame âgée avait entendu dire que Tyrone avait peut être un grand-père anglais” ( 78 ) ; Au final , lorsqu’il est à nouveau question de l’argent perçu par Tyrone, on affirme au narrateur que ce dernier a bien été payé :  “personne ne savait combien mais pas grand chose  ( 97 ) ; Le lecteur ne sait plus quoi penser et  il risque , comme le personange, de ne jamais connaître, la ou les véritables raisons de la trahison de Meehan; A noter qu’il ne saura pas non plus en quoi elle a consisté exactement ni quel type de renseignements l’ancien combattant révélait  aux autorités britanniques ni ce qu’il faisait au cours de ses voyages à Paris ni quelles ont été les conséquences de sa trahison. 

Cette indétermination est nécessaire pour que le lecteur puisse encore continuer à s’identifier au personnage du traître qui est plutôt un héros attachant : bon père, bon mari et ami fidèle, il est respecté de tous en tant qu’ancien prisonnier nationaliste et  lieutenant de l’IRA . Au- delà du cas du personnage, ce passage permet de rappeler ce qui peut transformer un homme en traître . Voyons tout d’abord les hypothèse les plus fréquentes : amour, chantage et appât du gain .

L’idée d’une trahison sentimentale, a été rapidement écartée comme nous l’avons déjà dit ; l’idée saugrenue d’une “liaison de Meehan avec l’épouse d’un officier de l’Ira emprisonné ” l 15 mêle sentiments et peur d’être découvert mais comme le rappelle un des personnages : “le chantage peut marcher une fois mais pas toutes ces années “ ( l 25 ) 

Ce même buveur de bière prétend connaître la nature humaine et les raisons qui poussent les  mouchards ( 28 ) à agir : l’argent est un des motifs qui revient le plu souvent et qui sera cité par plusieurs témoins . Les interlocuteurs évoquent d’ailleurs le chantage sous différentes formes : ” les Brits le tiennent avec ça “: cette expression sous-entend qu’on exerce une pression forte sur Meehan en le menaçant ; Les avis différent d’ailleurs , entre les consommateurs, sur la meilleure manière de faire pression sur un individu ; selon les uns”   ils essaient de séduire le traître , pas de l’obliger  ”  “un bon traître ne pouvait pas haïr l’autre camp ”  “que le chantage et la force le rendaient volatile,versatile, fragile et sans valeur pour l’ennemi ” ( 42 )  ; un autre personnage emploie le terme “collaborer ” avec l’ennemi ( 50 ) contre une remise de peine pour son fils ; Ce type de chantage  “ça fait  réfléchir un soldat  et ça peut faire fléchir un homme (  60 ) . On note ici la gradation qui tend à montrer qu’un soldat est plus qu’un simple homme . Le verbe fléchir traduit également la défaite de celui qui accepte de trahir comme s’il se courbait devant quelque chose de plus fort que sa volonté .  

 En fait le personnage aurait pu trahir pour de multiples raisons et le texte les énumère , chacune avec ses variantes .On retrouve dans cet extrait les principaux motifs traditionnels de trahison : nous avons évoqué l’amour , le chantage mais le texte mentionne également des raisons plus avouables comme “en finir avec la violence ” ; dans le cas de l’IRA, un de se membres pouvait décider de ne plus recourir à la violence ; On peut penser à la mort de Jim qui pour Tyrone a sans doute été l’élément déclencheur mais également à l’emprisonnement de son fils Jack. ( 50 à 54 ) : “contre des informations, on libère ta femme ou ton gosse ”  Tyrone aurait ainsi pu trahir son camp nationaliste pour accélérer le processus de paix et faire taire la branche la plus radicale de l’IRA; ce qui serait tout à son honneur . Cependant , il aurait pu également agir par peur de la prison et aurait “craqué” ; Une femme "croyait savoir que Tyrone était fatigué et qu’il voulait que la guerre s’arrête ” . C’est sans doute un mélange de toutes ces raisons que  le romancier a choisi de représenter à travers ce personnage de Tyrone Meehan.

  Ce vieil Irlandais symbolise donc l’archétype du traître  et l’écrivain utilise une analogie avec un film de John Ford intitulé Le Mouchard. Le scénario de ce long métrage est basé sur la trahison d’un Irlandais nommé Gypo Nolan, qui vend à la police britannique son meilleur ami pour obtenir une récompense de vingt livres qui va lui permettre de partir en voyage avec sa fiancée. Néanmoins, le romancier laisse supposer que dans le cas de son personnage Tyrone, ce n’est pas l’argot qui fut l émotif déterminant mais plutôt un ensemble de raisons . Les hypothèses les plus romanesques sont d’ailleurs citées comme la possibilité qu’il soit un agent double   : il aurait ainsi” joué les traîtres pour aider la République ”  ou tout simplement un “salaud “

En conclusion, le mystère de la trahison de Tyrone Meehan demeure entier : il avait de très nombreuses raisons pour devenir un traître et le lecteur doit appréhender ce personnage dans sa complexité : ni tout à fait un héros admirable, ni tout à fait un anti-héros ; Le roman illustre la complexité d’une situation politique, d’une population qui souffre et montre les ravages de la guerre en Irlande sur les coeurs et les esprits . A travers le personnage de Tyrone Meehan, Sorj Chalandon tente de cerner certains choix idéologiques et nous fait réfléchir sur le  “problème” Irlandais : ce pays en a t-il  vraiment fini avec la violence ?