01. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Retour à Killybegs de Sorj Chalandon · Catégories: Le livre du mois · Tags: ,
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Cela démarre très fort avec la mention : “à ceux qui ont aimé un traître” et il est vrai qu’il est difficile de ne pas s’attacher à ce personnage de Tyrone Meehan.Sur fond de conflit fratricide, Sorj Chalandon sou suivre une version de plus de ses réflexions sur la guerre qui dévore les hommes . Belfast sert de cadre à ces événements tragiques tant sur le plan historique que sur le plan humain; Loin de tout manichéisme, le romancier brosse des portraits de personnages avec leurs petites fêlures et leurs grandes failles et même les seconds rôles ne vous laisseront pas indifférents. C’est une Irlande de patriotes et de buveurs de bières , de vent mauvais et d’ânes qui s’appellent Georges comme le roi d’Angleterre  , de prisonniers politiques et de haines ancestrales, de famines et de grèves de la faim. Emboîtons le pas aux héros de ce livre …

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Une maison de Killybegs

La porte opaque du Mullin’s s’ouvre sur un monde où chacun connaît les chants gaéliques , la guerre  perdue et l’honneur blessé. La bière brune, mélange de terre et de sang était leur eau de vie et leur eau de mort ,celle mêlée de larmes amères dans laquelle ils noyaient leurs chagrins durant les longues nuit brumeuses. Le père de Tyrone a servi dans l’armée républicaine irlandaise et a refusé en 1921 l’édification de la frontière qui scellait le déchirement de la nation irlandaise. Torturé par les anglais , il le fut tout autant par les irlandais  désormais “libres” qui poursuivaient les derniers membres de l’IRA. premier destin tragique de ce père surnommé “bastard “par les habitants de Killybegs et qui décidera de se suicider en 1940 laissant une famille dans la misère la plus noire . Sauvée d’une mort certaine  par un oncle providentiel, la famille s’installe à Belfast , dans un ghetto catholique cerné par les loyalistes protestants ; lorsque les premières bombes frappent la ville, Tyrone qui n’a que 16 ans, décide qu’il n’est plus un enfant et regarde la mort en face .

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Peu à peu il va écrire sa vie , d’épisodes meurtriers en épisodes guerriers mais il finira par revenir mourir sur le sol irlandais, dans la maison de son père qu’il a quittée en 1941; En 2006, il commence alors son Journal “parce qu’il est le seul à pouvoir dire la Vérité “et qu’après lui, il espère le silence . Suivez le dans ce parcours tragique qui finira par le ramener à ses racines; Un roman âpre est fort où souffle la colère du vent irlandais, de cette terre meurtrie et divisée qui abrite  ces hommes libres et sauvages , indomptables . Vous découvrirez également l’histoire de l’IRA ,cette armée secrète et clandestine qui se bat de toutes ses forces contre l’Empire Britannique en employant parfois des moyens qui ne servent pas sa cause. Mais la guerre se charge de tous les faire marcher au pas, ces hommes qui sont prêts à tout pour la servir elle  “sous ce casque de guerre, il ne pouvait pas y avoir un homme mais seulement un barbare ” . Penser le contraire, c’était faiblir, trahir.” C’est ainsi que leurs instructeurs formaient les jeunes qui rejoignaient les  brigades de l’IRA. On leur parle aussi de la misère ; “De la Grande Famine. des enfants sans chaussure dans la boue;De la lèpre du pain qui suinte au coin des bouches mal nourries. De mon père mort de givre ; Nous avions une colère commune . Et de la haine aussi . ”  Tyrone finira par être tué par cette haine qui irrigue encore en 2007 l’armée secrète appelée IRA.

01. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Portrait d’un traître : M comme Mouchard ; Le cas de Paul Dounat dans l’Armée des Ombres . · Catégories: Première · Tags:

Délateur, dénonciateur, rapporteur, cafard, barbouze : les qualificatifs aux connotations péjoratives ne manquent pas pour désigner celui qui trahit son camp et livre des renseignements à l’ennemi. La littérature compte certains mouchards célèbres mais la plupart des modèles de personnages fictifs sont issus de l’Histoire. Le succès des films d’espionnage et le cliché de l’agent double continuent aujourd’hui à alimenter les images des traîtres . Dans l’Armée des Ombres, Joseph Kessel invente le personnage de Paul Dounat et nous fait assister à son exécution. 

A peine sorti de son camp de prisonniers, Paul Gerbier doit superviser l’exécution de celui qui l’a trahi . Le chapitre deux s’intitule l’exécution donc le lecteur connaît clairement l’issue fatale . Dè les premières lignes du chapitre, l’identité du traître est révélée ; Paul Dounat parait sous son véritable patronyme alors que comme tous les résistants, il est connu sous un faux-nom; Il a endossé le pseudonyme de Vincent Henry et ignore qu’il a été démasqué par son organisation. C’est donc en toute confiance qu’il se rend au rendez-vous à Marseille et les résistants, venus pour l’arrêter ,  se font passer pour des policiers   . Le lecteur comprend ce qui se passe au moment où l’auteur lui précise que Paul Gerbier devenu André Roussel ,est assis dans la voiture : “ Tout le sang de Paul Dounat lui afflua d’un seul coup et il s’affaissa comme un pantin désarticulé ” . Cependant le personnage du traître est  présenté très rapidement comme “indifférent ” à son sort , au delà de la peur .  ” Le premier choc avait épuisé en lui tout sentiment vivant. Comme toujours et du moment qu’il n’avait pas à choisir , il s’accommodait du pire avec une docilité et une facilité étranges.” 

 Le personnage de Dounat est vu par les yeux de Gerbier qui le juge assez sévèrement  ‘lui parut plus vague encore plus inconsistant qu’à l’ordinaire.  “ paresse manifeste de la  volonté,” pensait distraitement Gerbier . Le style indirect libre est utilisé pour rendre compte des pensées du héros. Gerbier éprouve une sorte d’ennui comme s’il exécutait une formalité fastidieuse. L’épisode de l’exécution est utilisé dans le roman pour montrer le caractère exceptionnel de ces instants qui transforment de simples citoyens en tortionnaires . Le traître comprend qu’il va être effacé de l’ordre humain; cette expression rend sa mort à la fois dramatique et inéluctable. Sa mort était un fait acquis . Lorsqu’il est emmené,   vers la maison où il va être exécuté, Paul pense à la manière dont les communistes se débarrassait de leurs traîtres : “On attirait l’homme de nuit , au bord de la mer, on l’assommait, on le déshabillait, on l’enroulait dans un treillage en fil de fer et on le jetait à l’eau. Les crabes à travers les mailles dévoraient entièrement le corps. ” Ce souvenir revient en mémoire de Paul: il avait entendu cette histoire en compagnie de sa maîtresse et elle avait prononcé ces mots très durs : ” Il n’y a pas de mort assez sale pour les gens qui vendent leurs camarades. “; Le narrateur ajoute le commentaire suivant : il montait docilement entre Gerbier et Félix comme pour établir un lien entre les paroles de Françoise et le sort de son amant. Le romancier utilise ici une alternance de points de vue pour rendre compte à la fois des faits et des effets produits par la trahison sur les personnages ; Gerbier se caractérise , tout au long du roman, par une forme d’impassibilité, allant parfois jusqu’à la froideur ou du moins l’apparence du détachement .

Au moment où le traître lève les yeux vers son bourreau, ce dernier les voit “humbles ,honteux et troublesavec une telle misère humaine qu’il eut envie de crier . On dit de Paul qu’Il redoute particulièrement la souffrance physique et  l’autre le montre en train d’esquisser un geste de protection avec ses mains qu’il place “paumes ouvertes devant son visage. ” Gerbier a une dernière hésitation avant de donner l’orde d’étrangler Paul Dounat mais renoncer à le tuer, c’est tuer Félix et mettre en danger le réseau ; finit-il par penser ; “ce n’était pas la faute de Paul Dounat s’il allait mourir ce n’était pas la faute de ceux qui l’assassinaient . Le seul, l’éternel coupable était l’ennemi qui imposait aux français la fatalité de l’horreur . ” Que pensez-vous de cette  affirmation ? Etes-vous d’accord avec ce raisonnement ?  Chaque convulsion du traître donne à Gerbier une haine nouvelle contre les allemands et le résistant Claude Le Masque se met à pleurer. Gerbier lui conseille alors avec bonté  d’avoir toujours du cyanure sur lui afin de s’empoisonner pour ne pas risquer de parler sous la torture . 

Des idées de plan pour répondre à la question : comment le traître est-il représenté ? 

En introduction, présenter le roman, le cadre de la Résistance et la situation des personnages; expliquez ce qu’il a fait et les raisons de sa trahison ; on peut dans un premier temps présenter ose caractéristiques du personnage et analysez le point de vue de Gerbier et ensuite  montrer que le titre du chapitre l’exécution annonce la dimension tragique du passage.

I un portrait contrasté

Des qualités qui le redent attachant , humain : utile intelligent courageux  AVANT bonne famille, bonne manières, traits agréables 34 belle bouche tendre : fait pour l’amour et pas pour la guerre 36 grain de beauté : petit détail 

Le mépris affiché de Gerbier fait ressortir sa froideur : lui parait vague inconsistant 22 , paresse manifeste de la volonté 40 , incapable de décider  42 : portrait d’un veule : menton indécis , un peu gras 39

Il est devenu un traître par  désespoir amoureux ou par faiblesse  : deux interprétations possibles  inertie 24  ou  devenu instrument de la police 25

le lecteur juge peut être moins sévèrement le personnage que Gerbier 

II Un homme condamné : une fatalité 

prêt à mourir l 1 “c’est alors qu’ils me tueront ” 1 ; absence d’interrogatoire 46 : inutile de vous poser des questions 

déjà mort indifférent :  n’a plus peur , premier choc , plus de sentiment vivant , veines creuses 3 à 10

s’érige en victime : ne releva pas la tête 49  s’accommodait du pire avec une docilité et une facilité étranges 8

 ccl Une exécution qui met en évidence la dureté de la guerre : transforme les hommes et révèle le meilleur comme le pire. Personnage pathétique et scène de l’étranglement qui révèle les difficultés des résidants à commettre ce meurtre. Carapace de Gerbier pour se protéger des émotions ? 

04. juin 2018 · Commentaires fermés sur Les derniers Cris des soldats dans Cris : texte 4. · Catégories: Seconde · Tags: ,
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 De nombreux romans ont pris comm sujet la première Guere Mondiale et particulièrement au moment du centenaire de sa commémoration.  Le roman de Laurent Gaudé intitulé Cris  est construit sur un dispositif narratif particulier : chaque personnage du récit nous fait partager sa vision de l’événement et le lecteur doit ainsi, en permanence, recomposer , une vision d’ensemble à partir des pensées des soldats sous le feu ;  L’intrigue se résume à quelques actions: on relève la première ligne; certains soldats partent en permission ou se reposent à l’arrière alors que d’autres vont devoir prendre d’assaut les positions ennemies. Le passage que nous étudions se situe au début de la seconde partie du récit. Le bataillon formé notamment  de Messard, Dermoncourt, Ripoll, Castellac, vient de monter une première ligne et l’assaut a été donné . un groupe d’hommes se retrouve séparés de ses positions, seuls, détachés dans le camp allemand sans espoir de repli ni de retour. Conscients du caractère espéré de leur situation , les hommes veulent mourir dignement . Quelle vision de l’homme dans la guerre nous offre ce passage ? Nous verrons tout d’abord le cadre de la guerre avant d’évoquer les réactions des hommes face à la mort . 

 

 

 

I Le cadre de la guerre 

Comme dans la plupart des récits, la guerre est présentée sous un aspect destructeur . 

1 Un décor de fin du monde 

La boue est un élément qui revient très souvent ( l 2 ) et le romancier utilise la métaphore de la fournaise ( l 3 ) pour montrer le caractère infernal des souffrances des soldats; Souffrances physiques : épuisement ( l 1) et souffrances morales évoquées par une série de transformations : “pour ce qu’ils nous ont obligés à devenir ” ils auront à nous rendre des comptes ” . Les champs de bataille font également souffrir la terre qui tout au long du roman,  est personnifiée et crie sa douleur : il ne reste que des ruines “baraque en ruine l 10 ” “carcasses méconnaissables de lit mais plus de toit ” l 11 . L’auteur évoque également les corps des soldats avec le terme boucherie l 11. 

L’ampleur des dégâts est suggérée par divers moyens et s’entend particulièrement par les sonorités des participes  passés qui forment une harmonie imitative  : trébuché, plongé, giclé, essoufflé , tiré, éclaté , fermé…. peu de termes militaires dans ce passage avec simplement l’indication du pilonnage immense qui inaugura la boucherie; Le caractère meurtrier de l’opération est traduit ici par l’adverbe immense à valeur hyperbolique . 

 

II . Les souffrances des hommes 

1 Ils deviennent  des animaux pour survivre

2. ils tentent de rester humains face à la mort 

3. la dimension tragique : solitude et perte d’espoir 

04. mars 2018 · Commentaires fermés sur Réparer les vivants : un roman polyphonique ..moderne · Catégories: Première · Tags:
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Simon avant l’accident

Ce roman de Maylis de Kerangal paru en 2014 est troublant sur plusieurs points. D’abord l’intrigue n’est pas banale car elle nous interroge sur l’existence de l’âme et la relation que nous entretenons avec nos défunts et leur souvenir; Ensuite, le roman est organisé en étoile autour des personnages qui se croisent au sein de l’intrigue et qui s’effacent tour à tour avant de revenir au premier plan. Nous les découvrons à la fois dans leur univers et à travers leurs relations avec es autres protagonistes; une voix narrative chapeaute le tout et nous entraîne ,à sa suite , dans les mystères du coeur humain .Suivons ces voix qui nous invitent à leur suite à réfléchir à ce qu’est la vie et l’amour, deux thèmes éternels dont les fils ne cessent de s’entrecroiser dans toute écriture.    

 Que raconte ce roman et comment les personnages  sont -ils agencés? On notera tout d’abord que le véritable héros de l’histoire , c’est le coeur de Simon autour duquel les différents protagoniste vont se croiser te qui va les rassembler. Le coeur de Simon Limbres va bientôt cesser de battre dans sa poitrine mais pendant 24 heures il va devenir le personnage le plus important de cette intrigue tragique ; L’histoire commence par un coup de de téléphone, c’est le portable de Simon Limbres qui sonne : il est 05:50 et il part surfer avec ses amis: Joan et Christophe.

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Le matin du drame

 Très vite, au retour de la plage , c’est l’accident mortel sur une route de campagne et Simon arrive à l’hôpital  au moment où le docteur Pierre Révol commence sa garde en réanimation : “la réa est un espace à part qui accueille les vies tangentielles, les comas opaques, les morts annoncées, héberge ces corps situé entre la vie et la mort.” Une nouvelle infirmière lui serre la main : elle s’appelle Cordélia Owl ; tous deux vont prendre ne charge Simon à son arrivée ; Gros plan sur le personnage du médecin: un chapitre résume sa biographie et son parcours ( p 42 à 47 ) . Mais son portrait est interrompu par l’arrivée de Marianne , la mère de Simon, à l’hôpital. Le narrateur refait son parcours dans la ville depuis le coup de fil de l’hôpital jusqu’à son arrivée dans le bureau de Révol. ( p 60) Au moment où Marianne quitte l’hôpital, le médecin passe un coup de fil à Thomas Rémige, infirmier coordonateur des greffes d’organes et grand passionné de chant . C’est ce personnage qui désormais occupe le premier plan du roman et le narrateur nous raconte son histoire. Ce sera ensuite au tour de Sean, le père de Simon de faire son apparition : le couple se reforme auprès de leur enfant à l’hôpital et tous deux vont devoir décider s’ils souhaitent donner ses organes car Simon est en état de mort cérébrale;

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L’adieu à Simon

Le roman montre alors comment le médecin Pierre Révol va tenter de faire accepter aux parents à la fois la mort de leur enfant et l’idée que son corp peut servir à réparer des vivants, c’est à dire sauver à son tour d’autres vies et éviter d’autres morts. Pendant que les parents et les soignants discutent, Cordelia l’infirmière s’occupe du corps de Simon et repense à la nuit passée avec son amant.   Chaque portrait de personnage est composé d’anecdotes personnelles qui nous éloignent de la trame narrative et qui forment de petits récits au sein même du récit principal. Les parents de Simon suivent Thomas Rémige et consentent au don d’organes; pendant ce temps là, Juliette la petite amie de Simon pense à lui et attend son appel; C’est un autre appel qui intervient alors à ce moment précis au sein de l’intrigue : celui de Thomas Rémige  qui à 17 h 30 déclenche la chaîne qui va aboutir aux transplantations des organes de Simon; Gros plan sur  Marthe Carrare le médecin de l’Agence de la biomédecine qui va procéder à la répartition des greffons. Le coeur est destiné à une patiente du service du professeur Harfang ; C'est ce brillant médecin qui passe alors au premier plan du roman ; L'infirmière du service de  réanimation de l'hôpital du Havre, Cordelia qui termine sa garde de douze heures, croise alors les parents de Simon qui lui apparaissent comme des fantômes . Ces mêmes parents rentrent rechercher leur petite fille Lou qu’ils avaient déposée le matin même chez les voisins : il est alors 18 h. Le téléphone sonne chez Claire Méjan pour lui dire qu’elle va subir sa greffe de coeur : c’est la seconde fois que le service du professeur Harfang l’appelle; la première fois, ils avaient refusé le greffon. Pendant que Claire la receveuse prépare ses affaires, Virgilio le médecin qui part prélever le coeur de Simon au Havre,  saute dans un taxi après avoir subi une scène de la part de sa petite amie Rose qui joue les patientes pour les médecins de l’hôpital.

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La greffe du coeur de Simon

Le lecteur assiste au clampage du coeur et suit Virgilio  le chirurgien dans son voyage de retour en compagnie d’Alice Harfang,une jeune interne qui a assisté à son premier prélèvement . Le coeur de Simon s’envole dans l’avion qui emporte le chirurgien et pendant ce temps, Marianne, sa mère imagine le coeur de son fils traverser le ciel. dans sa chambre , Claire la receveuse se prépare; le professeur Emmanuel harfang vient  lui parler et elle reçoit la visite de ses trois fils  ; Le corps de Simon lui est veillé par Thomas Rémige et Cordelia Owl ; il s’agit de le restaurer afin qu’il soit rendu à sa famille . l’opération peut alors commencer : Luc Harfang et Virgilio travaillent ensemble et Claire a désormais un nouveau coeur ; Il est 5 h 49 … ce coeur qui bat désormais dans sa poitrine lui a sauvé la vie et le roman pose un certain nombre de questions philosophiques autour de ce coeur transplanté. 

L’intrigue aura donc duré 24 heures , un peu comme une tragédie classique et les personnages  se sont croisés sur la scène du roman , un peu comme des acteurs de théâtre qui entrent et sortent de scène après avoir dit leurs répliques . Il s’agit donc d’un roman dont la construction pourrait être comparée à une étoile ; chaque personnage vient tour à tour sur le devant de la scène mais tous se croisent autour du corps  et du coeur de Simon .

23. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Autour de la guerre : quelques points de vue ..Voltaire, Céline, Giraudoux et Lemaître · Catégories: Première, Terminale spécialité HLP · Tags: ,
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Pour cette étude qui porte sur  l’homme au centre de la guerre ou face à la guerre , ont été réunis différents témoignages qui attestent de la pluralité des visions de la guerre; Nous allons donc comparer les définitions données par Voltaire dans Candide, Céline dans Voyage au bout de la nuit, Giraudoux dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Pierre Lemaître dans Au Revoir là hautLe conte philosophique adopte plutôt une dimension critique ; le roman de Céline prend appui sur des élements autobiographiques et se veut le témoignage d’un combattant ; la pièce de Giraudoux se présente comme une réflexion sur les causes de la guerre et tente de répondre à la question: pourquoi les hommes font- ils la guerre été pourquoi aiment-il cela ? Quant au roman de Pierre Lemaître, la guerre n’y occupe pas un rôle central ; elle est le déclencheur d’un drame humain, celui d’un jeune artiste qui ne parviendra pas à surmonter le handicap crée par sa blessure au visage. Le romancier y montre surtout les traumatismes engendrés par les mutilations des corps .

Le siècle des Lumières voit apparaître un renversement de l’opinion publique: siècle belliqueux, il amorce une réflexion sur la nécessité de certaines guerres ; Les philosophes, en effet, combattent la guerre en s’appuyant sur son caractère non nécessaire Ils accusent ,la plupart du temps, les Princes et les Puissants de se laisser emporter par leurs passions, leur orgueil et leur soif de pouvoir qui les conduisent à amorcer des conflits dans leurs seuls intérêts. Voltaire est l’un des premiers à développer une critique systématique de la guerre afin d’en démontrer , à la fois le caractère néfaste mais aussi l’absurdité véritable. Dans Candide, son héros s’est engagé dans l’armée uniquement pour gagner de l’argent car il n’a nulle part où aller et il se retrouve,enrôlé , face à la réalité d’une guerre atroce: un conflit destructeur entres abares et Bulgares; Voltaire dresse un tableau apocalyptique du massacre en accumulant les détails sordides : “les vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes . ” Le point de vue du personnage est d’abord utilisé pour décrire, sur un ton élogieux , la préparation des troupes et le cérémonial : “rien n’était si beau si leste si brillant et si bien ordonné que les deux armées” La dimension spectaculaire est ici mise en valeur mais très vite , le spectacle se transforme en massacre : ” les canons renversèrent à peu près  six mille hommes de chaque côté ” et Voltaire emploie l’oxymore “boucherie héroïque “ pour rendre compte de cette contradiction . De plus, il montre bien la réciprocité des destructions en précisant que les pertes subies dans chaque camp sont identiques ; Le héros décide alors de déserter et Voltaire le montre s’enfuyant “en marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines ” “hors du théâtre de la guerre ” . La critique des horreurs de la guerre se manifeste de différentes manières et on note que  la désertion de Candide est montrée comme un choix raisonnable : “ il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes “ ; vue de l’extérieur, avant le déclenchement des hostilités, la guerre peut paraître admirable mais lorsqu’on se retrouve au front, à l’intérieur des combats, elle devient horrible.

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Louis Auguste Ferdinand  Destouches a choisi lui aussi de consacrer une partie de son roman à la description d’une guerre qu’il a lui même effectuée: la première Guerre Mondiale. Son héros Bardamu se retrouve aux premières lignes ,  dans le conflit tout comme son auteur qui choisit de s’engager dans l’armée à 18 ans devançant ainsi l’âge légal du service militaire obligatoire . Il montre l’horreur des assauts ,la lassitude des soldats et l’acharnement des officiers; Blessé , le héros est évacué et  effectue sa convalescence à Paris ; Il devient alors un adversaire acharné de la guerre et se fait traiter de lâche par sa fiancée. ” vous êtes répugnant comme un rat “lui lance cette dernière et elle se range derrière l’argument de la  nécessaire défense de la Patrie( l 9) . Bardamu persiste  dans son refus en prenant comme illustration l’oubli des morts  tombés sur le champ de bataille  “ils sont morts pour rien ces crétins” et “il n’y a que la vie qui compte “ajoute-t-il ‘ (ligne 16 ) .  Cette confrontation des points de vue se retrouve , sous une autre forme, dans la pièce de Giraudoux où deux camps s’affrontent avec des arguments puissants :.

Jean Giraudoux est un diplomate français qui, parmi les premiers, a pressenti les risques d’un nouveau conflit. En 1935, juste avant le déclenchement de la Guerre d’Espagne, prélude à la seconde guerre mondiale, Giraudoux mesure la montée des nationalismes et se sert d’un conflit légendaire, la guerre de Troie, pour mettre en scène une réflexion sur la  possibilité d’éviter la guerre. Il fait dialoguer bellicistes et pacifistes jusqu’à l’issue tragique : l’ouverture des portes de la guerre en dépit des efforts conjugués d’Hector, qui a rallié l’avis de son épouse Andromaque et d’Ulysse ,le négociateur envoyé par les Grecs. L’extrait que nous étudions se situe au début de la tragédie : Hector vient de rentrer victorieux d’une guerre éprouvante et découvre que son épouse attend leur premier enfant.  Cette dernière set farouchement opposée à une nouvelle guerre qui risquerait de coûter des vies mais son mari se moque de sa sollicitude maternelle en affirmant que le désir de faire la guerre l’emportera toujours “si toutes les mères coupent l’index droit de leur fils, les armées de l’univers se feront la guerre sans index.”( l 1) Andromaque se déclare prête à tuer son propre fils plutôt que de lui faire courir le risque de se faire tuer à la guerre ; ce qui peut paraître quelque peu excessif ..elle demande ensuite à son mari s’il aime la guerre et la réponse d’Hector est étrange :il définit d’abord la guerre par ses aspects négatifs “ce qui nous délivre du bonheur, de l’espoir, des êtres les plus chers. ” avant d’ajouter qu’il se sent invincible juste avant de combattre grâce à cette délégation que les Dieux  lui donnent . Leur discussion se clôt sur un nouveau paradoxe ; L’homme se sent à la fois un Dieu et moins qu’un homme et respecte la vie au moment où il s’apprête à l’ôter à d’autres hommes.

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Pierre Lemaître revisite à sa manière  les affrontements de 14/18 en inventant un point de départ tragique à sa fiction. Albert , l’un des deux héros du roman , constate , au cours d’un assaut  que deux des hommes du bataillon ont été abattus de deux balles dans le dos et il soupçonne alors son officier :le lieutenant Pradelle , de les avoir exécutés pour faire croire à des tirs allemands. Avec un certain cynisme, le romancier critique les officiers qui se croient des Dieux au moment du combat ; le lieutenant est qualifié de “Messie “; Le décor de la guerre ressemble à un décor “de fin du monde “. Les soldats sont présentés comme terrifiés ” des types hurlent comme des fous pour s’enivrer, pour se donner du courage.” Il sont armés d’une colère définitive et d’un désir de vengeance : ” même Albert terrorisé par l’idée de mourir, étriperait le premier venu ” . Les hommes ont le ventre noué, la gorge sèche et courent baissés, par réflexe d’offrir le moins de prise possible comme si l’on faisait tout le temps la guerre dans la crainte du ciel ” . Pierre Lemaître reprend la plupart des clichés sur la guerre des tranchées : la terre épaisse , la boue, la peur et la colère ; Il utilise un narrateur omniscient à la différence de Laurent Gaudé qui dans Cris, ne nous offre que les pensées de ses personnages sans jamais aucun commentaire .

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Un nouveau personnage de Germinal : le gendarme face aux mineurs · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Le sujet d’invention vous proposait de créer un nouveau personnage de Germinal en vous inspirant des techniques utilisées par Zola pour donner une épaisseur réaliste à ses personnages. Il s’agit d’un gendarme un peu particulier car originaire d’une famille de mineurs dont le père est  parti étudier à  la ville . Ce personnage se trouve donc fort logiquement pris dans un conflit d’intérêt. Les principales difficultés du sujet consistent à fabriquer une description organisée et cohérente; Pour cela, il vous faut d'abord répondre à un certain nombre de questions avant même de commencer à rédiger votre portrait. Voici quelques exemples de problèmes à résoudre …

 

Par quoi commencer ? Comme on on vous demande d’imiter Zola et d’employer les mêmes techniques que le romancier réaliste, la première question à se poser était la suivante : comment Zola introduit-il les nouveaux personnages dans Germinal ? Souvenez- vous de l’arrivée d’ Etienne : le romancier montre ses habits usés et trop fins pour la saison  pour traduire sa pauvreté et le rendre pathétique : Il souffre du froid ; Il détaille son allure  mais n’en fait pas encore le héros du roman; il ne donne pas tous les éléments de son hérédité dès sa première apparition; En effet, pour ne pas alourdir les descriptions,le romancier complètera le portrait du personnage au fur et à mesure qu’il le montrera en train d’agir. On apprendra bientôt ses origines dans une scène de travail à la mine avec Catherine qui lui pose des question sur son passé. Le romancier réaliste motive ainsi se descriptions :aucun détail n’est purement décoratif; Tous les éléments vont servir lors des actions ultérieures du récit. 

Au brouillon, il peut être utile de répartir les événements dont le personnage sera le témoin ; C’est à dire de le mettre en situation ; Beaucoup ont  trop tardé à le mettre en place sur les bords de la fosse. Vous pouviez, par exemple, dresser une liste des actions qu'il allait tenter et de ce qu'il allait voir; Va-t-il affronter la colère de la foule ? Va t-il devoir prendre une décision comme celle de tirer ou de faire tirer sur la foule ? Est-il à distance en train de  contempler la montée de la violence des ouvriers ou est-il au premier rang, à couvert, protégé ou à découvert, exposé ? Bref, il fallait lui trouver un angle de vue et construire la description à partir de ce qu’il voit te de ce qu’il ressent. 

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De sa situation, vous pouviez en déduire une série de sentiments  : A -t-il peur?, Ressent-il de la pitié pour les familles de mineurs ? Quels détails le frappent particulièrement dans le spectacle de la colère des ouvriers ? Il pouvait être intéressant de ne pas commencer par un portrait du personnage mais de faire entrer le lecteur , in medias res, dans le feu de l’action. Zola ,lorsqu’il introduit un nouveau personnage, le donne à voir brièvement et ensuite seulement, par une sorte de retour en arrière, lui invente un passé , une enfance et finit par le ramener au moment précis dans le roman où le lecteur l’a découvert; Ces  digressions permettent de ne pas trop longtemps interrompre le fil du récit ; Les portraits des personnages sont enrichis au fur et à mesure de leurs apparitions dans le roman; En procédant ainsi, par petites touches, le romancier évite également la lassitude du lecteur. 

La description réaliste se fonde sur un certain nombre de théories et l’une des plus importantes consiste à imaginer des correspondances entre les éléments physiques (moustache, forme du visage, tête, corps, silhouette )  Tout d’abord quelles correspondances alliez-vous imaginer entre son portrait physique et son caractère . Quelles notations physiques vont pouvoir être choisies pour caractériser au mieux le personnage ? Va -t-il être fort, imposant, l’air sévère ou au contraire frêle, l’air doux , peureux . Allez-vous employer des connotations plutôt  positives ou négatives

Une des erreurs férquentes de vos travaux consiste à nommer des éléments que le personnage ne peut connaître comme le nom des mineurs par exemple  : si vous décidez de nommer Etienne et Maheu, il faut que vous trouviez un moyen de justifier la connaissance du personnage ; il pouvait par exemple reconnaître des cousins éloignés mais cette hypothèse demeurait moins réaliste qu excelle qui consistait à imaginer qu’il ignorait l’identité du meneur, un nouveau venu dans le village. 

En règle générale, vous avez perdu le contrôle de la description quand

  • vous avez introduit la première personne du singulier : pas de Je en point de vue interne 
  • vous avez perdu de vue la position du personnage et décrit la foule sans vous préoccuper de l’angle de vision 
  • vous avez inventé une suite non immédiate (le personnage rentre chez lui, quitte la ville, se suicide
  • vous avez inventé des détails gratuits et exagérés comme les yeux bleu saphir ou noisette très clairs ..la plupart des personnages ne sont ni des colosses ni des beautés .. Zola s’efforce de demeurer dans la norme avec des petits  détails positifs et négatifs qui souvent s’équilibrent 
  • vous avez modifié des éléments du roman 

Pour exprimer les pensées et le conflit intérieur du gendarme, vous deviez  tenter de reproduire le style indirect libre, technique mise au point par les romanciers réalistes qui consiste à mixer le langage du personnage avec l’emploi de la troisième personne du singulier et de supprimer la ponctuation du dialogue comme si le personnage se parlait à lui-même ; Tout éprise de décision du personnage devait être précédée d’arguments liés à son passé et à sa connaissance de la situation ; C’est ce qui faisait le principal intérêt de ce personnage ; Il permettait d’avoir un point de vue sur ce conflit qui ne soit pas celui d’un mineur ni d’un bourgeois mais d’un soldat, lié à la fois aux mineurs et qui veille au respect de la loi. 

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Quelques réussites : reprendre les éléments de l’émeute en les faisant commenter par votre personnage qui assiste quelque peu tendu  aux provocations des mineurs ( Bonnement qui réussit à franchir le barrage pour nourrir les chevaux, geste impudique de la Mouquette  les jets de pierre , les insultes, la tension qui monte, la mort de Maheu , les pleurs de la Maheude ) 

Quelques extraits …

 Deux lignes de gendarmes s’étendaient comme des sentinelles et leurs silhouettes  spectrales se confondaient dans le brouillard matinal  (Laura D  ) Un vent frais faisait lever le manteau de laine bleue du jeune militaire : le soleil venait à peine de se lever sur Monsoult (Ambre ) Chétif pour ses 22 ans, sa peau gardait la carnation maladive de son hérédité de mineurs privés de viande (Marie ) Il se sentait lui-même écrasé par le poids de al misère qui suintait des ouvriers (Bilal) 

Ses yeux bleus/  les mêmes que ceux de son père et de son grand-père; c’était une lignée qui portait la même marque et qu’il avait transmis à son fils âgé de quatre ans.  Ses pieds enfoncés dans des bottes de cuir pataugeaient dans un mélange de boue et de neige fondue qui rendait la terre noire encore plus collante ( Marie ) 

Il contempla la foule qui s’avançait en vociférant : une armée noire vengeresse animé par la haine telle une masse informe dont on entendait les cris avant même de pouvoir les distinguer dans le brouillard . (Sonia) Le Voreux pour lui n’était qu’un Dieu de souffrances où petits et grands descendaient en sacrifice quotidien (Caïna )  ; Quand cela cesserait -il ? 

Pour lui cette grève n’était qu’une perte de temps qui rendrait ces pauvres gens encore plus pauvres : ils ne mesuraient pas la force à laquelle ils devaient faire face ; en quoi une simple révolte pouvait-elle bien changer les choses ; Cele ne fera qu’empirer (Charline ) Oui les mineurs devaient assumer leurs revendications et aller jusqu’au bout  mais cette société égoïste et soumise au profit  était-elle prête à les entendre ? (Maxime ) Alors il vit brusquement l’un des mineurs, un homme petit et trapu, s’avancer et présenter, en déchirant sa chemise, son torse dénudé à ses collègues en criant qu’on l’abatte . La balle le visa en plein coeur et ce fut le silence . ( Ambre ) 

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Lui aussi se mit à tirer sur cette foule déchaînée, sans viser quelqu’un en particulier, juste pour se décharger de la peur animale qu’il avait emmagasinée depuis quelques heures  (Clémence ) 

Au fond de lui, cette flambée de violence ne lui faisait que prendre un peu plus conscience qu’il ne menait pas la bataille contre les bons ennemis. (Alice ) Une véritable catastrophe ! (Clémentine ) 

Il avait voulu devenir gendarme parce qu’il croyait en la justice et qu’il pensait ainsi pouvoir apaiser les conflits  : désormais il savait de toute évidence que ce métier l’exposait plus qu’il ne l’aurait souhaité. Il avait l’impression que ses certitudes s’écroulaient autour de lui ..( Léa ) Depuis son plu jeune âge, l’injustice le révoltait mais ce matin là ,il aurait tellement aimé être ailleurs, loin . (Brice ) Quelle sorte d’avenir cette société miteuse et qui craque de toutes parts réservait-elle à son fils ? (Bilal ) 

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Le quatrième mur : la découverte du massacre …des visions d’horreur · Catégories: Première · Tags: ,
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Photos de presse 

Le passage de la découverte du massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila est sans doute l’un des plus difficiles à lire à l’intérieur de ce roman ; le romancier nous dépeint  une réalité sans fard  et nous entraîne à la suite de son héros dans une  véritable plongée au sien de l’horreur; Il déploie un registre réaliste et pathétique et nous nous sentons véritablement touchés par cette description sans concession de la guerre et de la souffrance;

Rappelons tout d’abord les faits historiques tels qu’ils se sont déroulés en 1982…

Le 6 juin 1982, l’armée israélienne a envahi le Liban dans ce qu’elle a décrit comme étant des “représailles” pour la tentative d’assassinat sur l’Ambassadeur israélien à Londres.Le 18 juin 1982, Israel avait cerné les forces armées de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dans la partie occidentale de la capitale libanaise. Un cessez-le-feu a eu comme conséquence l’évacuation de l’OLP de Beyrouth le 1er septembre 1982.Le 11 septembre 1982, le ministre de la défense israélien, Ariel Sharon, a annoncé que “2.000 terroristes” étaient restés à l’intérieur des camps de réfugiés palestiniens .Le mercredi 15 septembre, le lendemain de l’assassinat du chef de la milice phalangiste alliée des Israéliens et président élu libanais, Bashir Gemayel, l’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest, “encerclant et bouclant” les camps de Sabra et Chatila.

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L’armée israélienne a alors désarmé, dans la mesure où elle le pouvait, les milices anti-israéliennes à Beyrouth-Ouest, alors qu’elle a laissé ses armes aux milices phalangistes chrétiennes de Beyrouth.Le jeudi 16 septembre 1982 vers midi, une unité d’environ 150 Phalangistes armés (c’est ce que prétend Israël) est entrée dans le premier camp.Pendant les 40 heures suivantes, les membres de la milice phalangiste ont violé, tué et blessé un grand nombre de civils non-armés, dont la plupart étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées à l’intérieur des camps encerclés et bouclés. L’estimation des victimes varie entre 700 (chiffre officiel des Israéliens) et 3.500.

Les journalistes qui ont couvert les reportages dans cette région du monde ont pu alors découvrir lorsqu’ils sont entrés dans les camps, des visions d’horreur et ce sont ces visions que s’efforce de reconstruire le romancier dans ce passage. Comment le romancier décrit-il cette scène d’horreur ? comment cette description est-elle organisée ? 

Le romancier utilise différents procédés pour dépeindre  cette vison : tout d’abord , il nous entraine dans le sillage d’un personnage et nous voyons à travers ses yeux; Ce procédé appelé focalisation interne facilite grandement l’identification par le lecteur au personnage et grandit l’illusion réaliste. 

Georges se déplace : c’est ce qu’on appelle une description en mouvement ou ambulatoire et nous le suivons pas à pas . Le texte est construit selon une organisation spatiale facilement repérable ; Nous avançons ainsi “plus loin” : nous pénétrons “à l’intérieur”  ( 5) de cet univers cauchemardesque ; J’ai vu , j’ai marché (1)  ; Les verbes de vision sont nombreux ainsi que les connecteurs spatio-temporels : dans un angle ( 15), là-bas (11) , partout des morts (19) . 

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Les camps palestiniens 

Le registre pathétique est particulièrement marqué dans cet extrait avec tout d’abord la mention des victimes : ce sont des vieux, des jeunes et même des enfants ; Nous avons ici une sorte de gradation de l’horreur . Le lecteur ne peut s’empêcher de prendre parti contre les miliciens et les exactions commises; Le romancier dénonce ici les massacres perpétrés par les combattants contre des civils sans défense.

La multitude des  petits détails réalistes contribue à renforcer cette dénonciation: la position des corps, les souffrances subies augmentent notre émotion; les cadavres sont présentés dans des positions humiliantes : sur le dos, bras ouverts, ” un bébé torse nu, en couches déchiquetées ( 29)  “un corps coupé en deux ” (10) ; les victimes sont montrées comme cueillies par la mort et aucun détail trivial ne nous est épargné : “la merde séchée , (18 )  les plaies béantes, les trainées de cervelle (21) 

De plus, la description est dramatisée par les réactions du personnage -témoin : Georges qui a bien du mal à ne pas se laisser déborder par l’émotion : “ je le redoutais, je le craignais ” ; ces deux verbes montrent son appréhension ; Profondément troublé par la scène, il semble marquer, malgré lui, un temps d’arrêt : “je me suis arrêté; j’étais sec” ; ( 32)  Aucune larme ne parvient à sortir de son corps : " le visage sans rien ” Tout es passe comme si Georges ne ressentait plus rien, comme si son coeur s’était vidé ; Il ose à peine respirer car selon lui “inspirer, c’était bouffer de la mort “ . Le lexique est ici imagé et le romancier recourt à la crudité de certaines expressions pour mieux peindre fidèlement ce qu’il voit : ” chairs et vêtements arrachés” (l 50) ; le narrateur peu à peu perd pied et semble se perdre au fond de la guerre ; il est guidé par des anges et échappe de peu à la mort mais cette dernière est déjà annoncée. 

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Un texte poignant qui révèle une description organisée visuellement autour du personnage de Georges et de la découverte de ces massacres qui , à l’époque, ont ému considérablement l’opinion publique; C’est cette émotion que tente de restituer le romancier en utilisant diner moyens lexicaux et stylistiques. 

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Le quatrième mur : approche générale ..roman de guerre et roman sur la vie · Catégories: Première · Tags: , ,
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Le roman de Sorj Chalandon, Le quatrième mur porte un titre qui d’emblée précise l’un des thèmes majeurs du roman: la vie est-elle un songe ? quelle est la frontière qui sépare nos rêves de la réalité; En effet, le quatrième mur c’est celui qui au départ sépare les comédiens de la salle lors de la représentation théâtrale mais à la fin du récit, c’est celui qui “protège les vivants ” (p 326) et c’est celui que franchit le personnage principal, Georges au moment de choisir de mourir . Ce roman nous emporte , en compagnie de quelques personnages attachants comme Georges, son ami Samuel, son guide Marwan , au coeur d’une guerre terrible qui fait rage au Liban et en Palestine; le romancier nous montre jusqu’où la guerre emporte les hommes et comment elle les transforme : il est alors des régions d’où l’on ne revient jamais  ….

Le roman se présente le plus souvent  sous la forme d’un  récit chronologique : l’histoire de Georges le héros, sa rencontre avec Aurore sa femme, la naissance de sa fille, son projet de mise en scène d’Antigone à Beyrouth pour accomplir les dernières volontés d’un ami gravement malade et son arrivée au Liban , ses découvertes de la réalité de cette guerre , des massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, de sa blessure, de son retour à Paris et de sa décision de repartir mourir à Tripoli. L’écrivain ménage néanmoins un certain effet en plaçant à l’ouverture du roman le chapitre de la mort du héros qu’il reprend et termine 300 pages plus loin ,au chapitre 24. Lorsqu’il reconstitue le parcours de Georges , l’auteur motive chaque évolution de son personnage , à la manière des écrivains réalistes: il lui confectionne un passé, organise des rencontres décisives dans sa vie et nous place au centre de ses pensées auxquelles il nous donne souvent accès. Le récit  des aventures de Georges constitue ,en quelque sorte, un roman d’initiation (Bildungsroman) mais le roman nosu permet aussi de nous interroger sur la place et le rôle de l’art dans le monde et notamment du théâtre; 

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En effet, le fil conducteur de l’intrigue, c’est avant tout le projet de mettre en scène la pièce de Jean Anouilh Antigone à Beyrouth même, au coeur des combats, avec des acteurs de chaque camp ennemi ; Sorj Chalandon revient à plusieurs reprise sur le projet de Anouilh, sur la réception de la pièce par les différents membres des communautés en présence et sur le sens même de cette tragédie; en tant que journaliste, le romancier décrit souvent les lieux dans lesquels ses personnages se déplacent avec beaucoup d’émotion et le registre patéhqtieu est présent dans de nombreux chapitres. Il sert sans doute à nous sensibiliser sur la tragédie qui es joue au Moyen-orient à cette époque ; l’action du roman se situe dans les années 80 et plus particulièrement en 1982, date de l’escalade de la violence au Liban et des représailles d’ Israël.

En plus de s’attacher à un parcours individuel, l’écrivain retrace des existences croisées qui dressent une sorte de panorama des idéologies qui se combattent en France à partir de Mai 68: de nombreux étudiants  voulaient changer le monde et pensaient que l’engagement politique était une voie possible sur le chemin de la transformation de la société. Georges va se retrouver à la croisée des chemins, et il devra choisir entre deux voies, deux directions , deux mondes.  La force de ce roman et son caractère atemporel vient des grandes questions existentielles qu’il soulève : jusqu’où l’homme est-il prêt à aller pour défendre ses idéaux et à quel prix ? 

Bonne lecture et n’oubliez pas de prendre des notes au fur et à mesure …aidez-vous des titres des chapitres, du diaporama de cours et résumez l’intrigue, étape par étape sur une fiche; Vous pouvez aussi relever des citations que vous trouvez particulièrement intéressantes.  

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Antigone dans le Quatrième Mur : les préparatifs pour la pièce · Catégories: Première · Tags: ,
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L’édition originale 

Le roman de Sorj Chalandon raconte l’histoire de deux metteurs en scène qui veulent monter l’Antigone d’Anouilh en plein coeur de Beyrouth en guerre avec des acteurs appartenant à chacune des factions  en conflit ; Pari fou, pari osé ou chimère : pourquoi Samuel a-t-il choisi cette dernière volonté avant de mourir et qu’est-ce qui va pousser son jeune ami Georges à relever ce défi ? La pièce est au centre du roman et elle est évoquée sous différents aspects. “J‘ai souffert avec la petite maigre  et elle a combattu à mes côtés ” (p 38 )  avoue Samuel à une terrasse de café à son ami Georges en 1974 lorsqu’il évoque pour la première fois son passé douloureux .Il tend alors un exemplaire de la pièce “éditée à la Table ronde en 1945 avec les lithographies terres d’ombres et noires de Jane Pécheur.”

Il est tout d’abord question des souvenirs de lecture de la tragédie d’Anouilh. Cette ouvert a beaucoup marqué Samuel qui en a monté une représentation à l’école polytechnique  lors du coup d’Etat des colonels en Grèce en 1973. Il évoque cette expérience alors qu’il est invité au festival de théâtre de Vaison la  Romaine pour assister à la représentation d’Antigone mise en scène par Gérard Dournel avec Liliane Sorval dans le rôle d’Antigone, et Jean-Roger Caussimon dans celui de Créon. Samuel raconte la pièce : “Souviens toi des premières secondes. Tous les acteurs sont présents, aucun n’est en coulisse. Il n’y a pas d’arrière scène, pas d’entrée fracassante, de sortie applaudie, pas de claquement de porte. Juste un cercle de lumière où entre celui qui parle. Et l’obscurité qui recueille celui qui vient de parler.Le décor ? Une volée de marches, un drapé de rideau, une colonne antique. c’est le dépouillement,la beauté pure ” (p 39) 

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Georges a lu Antigone adolescent mais cette pièce ne l’a pas vraiment marqué.Pour Samuel au contraire , elle a guidé sa vie. L’héroïne de Sophocle lui semble prisonnière des dieux et réduite au devoir fraternel alors que la petit maigre chez Anouilh représente , à son sens, “une héroïne du non qui défend sa liberté propre.” ( p 40) Sam offre alors le livre à Georges qui l’accepte comme “une lettre d’adieu“. Au mariage de Georges , Samuel qui est son témoin ajoute que la République, “c’est le respect des différences. ” et plus tard il dira  en accueillant Georges blessé que la violence est une faiblesse .(p 67 ) Il lui rappelle à cette occasion qu’ils ne sont pas des résistants, que  Giscard n’est pas Pétain et que les jeunes étudiants d’Assas contre lequels il s’est battu  , les rats noirs, ne sont pas des nazis, juste des racistes dangereux .” (77) 

En 1982, Georges rend visite à Samuel alors très malade et ce dernier lui arrache la promesse de continuer à travailler sur son projet d’Antigone à Beyrouth. “Le drame était un cadeau qu’il emballait de burlesque ” Sam voulait monter la pièce noire d’Anouilh dans une zone de guerre( 87) Faire la paix entre cour et jardin.  Et il est question pour lui de terre et de fierté dans Antigone .Il choisit le Liban à cause du massacre palestinien de la Quarantaine suivi des représailles sur le village chrétien de Damour: il venait de trouver les tréteaux d’Antigone. (89) et a entrepris les premières démarches, contacté les acteurs et obtenu des autorisations officielles. 

“Antigone était palestinienne et sunnite. Hamon son fiancé, un druze du chou. Créon roi de Thèbes et père d’héron, un maronite de Gemmayzé. Les trois gardes, chiites, pas été messager et Eurydice une vieille chiite; La nourrice une chaldéenne et Ismène, catholique arménienne. (95) ; Sam serait le choeur et Georges s’attaque au projet .

Il relit d’abord la pièce et découvre une Antigone qui refuse de pactiser avec la vie et qui attend la mort; Et il découvre ensuite les notes de mies en scène de Samuel ( p 106) : Pas de costume de scène: le public doit s’attendre à une répétition . Il compare alors avec la représentation de 1944 au théâtre de l’Atelier en février. Antigone était en robe de soirée noire avec une croix au cou et Créon en habit avec gilet et noeud paillon;Les gardes en gabardine et chapeaux mous (gestapo ? ) La pièce doit parler au présent ajoute Samuel.

Ne pas confondre le Créon brutal de Sophocle et l’homme plein d’amertume dessiné par Anouilh; Chez Sophocle, Créon est le personnage tragique. Chez Anouilh, c’est Antigone qui porte la tragédie” p 107 Il a pensé à la musique de Duruflé et aux symboles : kappa, foulard, keffieh.  Georges appelle Iman est constate que les travaux pour la pièce sont au point mort et qu’aucune rencontre n’a pu avoir lieu. Il ment alors à Samuel de plus en plus affaibli  et repart avec le sachet de terre de Jaffa. Georges part alors pour Beyrouth. Voilà un extrait d’une mise en scène d’un face à face entre créons et Antigone : entraînez-vous à commenter la mise en scène …

 

21. janvier 2018 · Commentaires fermés sur La cérémonie des adieux dans le quatrième mur . Le dernier départ de Georges. · Catégories: Première · Tags: ,
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Après son second retour de Beyrouth où il a été gravement blessé dans un bombardement israélien ,et sa découverte du massacre  du camp palestinien de Sabra et Chatila dans lequel Imane a trouvé la mort ,  Georges ne parvient pas à se réadapter  à sa vie d’avant la guerre : il cache à sa famille les morts , la guerre et devient dangereux pour lui et pour son entourage. Aurore se met à avoir peur de lui : il se nourrit uniquement de pain et de riz et se met à avoir des accès de colère ; une violence sourde le dévore de l’intérieur et il pense pouvoir mourir de colère. Après l’incident qui a lieu pour les 3 ans de Louise  où il agresse la marionnettiste ventriloque , il accepte d’être hospitalisé. Le printemps 1983 se passe : Georges tente de mettre la guerre à distance mais en juillet il reçoit une lettre de Marwan qui lui annonce la mort de Nakad et peu après Sam décède. Georges sait alors qu’il va lui falloir les rejoindre tous . Un dernier incident dans le parc où Louise fait tomber sa boule de glace et où il la bouscule et la blesse, finit par le décider à faire ses adieux ; A sa famille d’abord et à la vie ensuite. 

Quelle étape franchit ici le personnage de Georges et comment le romancier justifie-t-il sa décision de repartir à Beyrouth ? 

Le passage débute juste après l’évocation par le personnage de ses souvenirs amoureux avec Aurore : ils installaient symboliquement une bougie  sur un vieux chandelier qui était leur premier objet achat ensemble et ils l’emmènent partout avec eux; Ce soir là, la bougie s’est éteinte; Or, on sait que la flamme représente symboliquement la vie donc l’obscurité qui apparaît est annonciatrice de mort. 

 Quel sont les sentiments du personnage ?  Georges se présente à nous comme une sort d’enveloppe vide : “je ne

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ressentais rien ”  (l 1 ) et il précise ensuite : “ni tristesse ni amertume ” ; Ce qui peut paraître étonnant car Georgse bouillonne d’une colère intérieure qui est bien plus que de l’amertume mais ici il évoque plutôt les sentiments liés à sa décision de partir et de quitter sa famille.  L’énumération ” ni froid, ni chaud, ni faim, ni sommeil” tend à montrer qu’aucun de ses besoins essentiels n’a plus d’importance comme si la vie le quittait et cet assèchement du personnage se manifeste ensuite par l’image : “je n’entendais plus mon coeur ” à la fois symptôme de son arrêt du coeur et de la volonté de vivre qui le quitte progressivement. L’oxymorele tumulte que fait le silence ” montre que le personnage se vide peu à peu de ses pensées comme s’il se répartissait de son humanité. D’ailleurs mon coeur est juxtaposé avec mes pensées comme pour attester qu’il ne s’agit pas seulement d’une mort physique mais également d’une mort sur le plan moral; Gerges est comme mort pour le monde qui l’entoure ce qui peut se traduire par un retrait complet des marques sensorielles ; Au sens propre, il ne ressent plus aucune émotion. 

La fin du paragraphe évoque les causes de cette évolution tragique du personnage : sa fréquentation de  la guerre. L’auteur rend en effet ici  la guerre responsable de ces changements; d’abord  il emploie le verbe décimer (11)  qui littéralement signifie tuer un homme sur 10 et qui connote l’ampleur du massacre . Ensuite , Aurore est présentée comme “veuve ” alors que Georges est encore vivant : ce paradoxe révèle qu’il se considère déjà comme ne faisant plus partie des vivants. Ensuite la guerre est présentée comme une sorte de monstre qui dévore les hommes ; L’expression avoir faim l’animalise et indique la force de son désir ; La gradationme réclamait” m’exigeait avait vraiment faim de moi ”  (traduit ce besoin irrépressible que ressent le personnage de repartir sur la zone de guerre ) Pour terminer , le romancier montre une sorte de relation d’égal à égal en rappelant que Georges effraie désormais sa famille : la guerre est la seule à pouvoir le comprendre ” elle ,’avait pas perdre mes cris, de mes coups ni même du mon regard ” ;  En fait, la guerre semble offrir au personnage des conditions dans lesquelles il peut se laisser aller à déverser sa colère sa violence car les circonstances le justifient. Cette théorie selon laquelle le combat serait un exutoire à la violence existe depuis l’Antiquité; la guerre offre ainsi aux hommes un espace où il peuvent faire ressortir ce que Chalandon nomme “leur monstre intérieur “, tout simplement laisser libre cours à leurs pulsions meurtrières et à leurs bas instincts, toutes les émotions et les gestes qu’ils doivent réprimer tant bien que mal pour pouvoir vivre en société au milieu de autres hommes. L’homme dans la guerre se transforme et ici l romancier monter que son personnage a atteint une zone de non retour. 

La mise en scène du départ 

Le personnage a préparé son départ et effectué des opérations indispensables comme ” virer mon argent sur le compte de ma femme ” et “retirer du liquide ” mais il ne les prévient pas et les laisse partir le matin sans rien leur dire. Il évoque d’ailleurs ce que sera la première soirée sans lui au conditionnel “ce soir il y aurait pizza pour tout le monde ” comme s’il avait du mal à quitter cette scène, comme s’il faisait encore partie de la distribution; Dans l’expression “tout le monde ”  ( 19 ) on peut penser qu’il s’est inclus et qu’ils forment encore à ce moment là, en pensée, un trio. Chaque geste quotidien accompli par le personnage résonne  alors de manière symbolique …