20. mars 2023 · Commentaires fermés sur Démontrer qu’un texte est réaliste : l’exemple de Thérèse Raquin de Zola; Description du milieu dans lequel vit le personnage … · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, Zola
Le commentaire composé se construit comme une démonstration : il se fonde sur des observations, alimentées par la connaissance du cours et propose des interprétations personnelles .
Voilà un mode d’emploi de la construction du commentaire littéraire .
D’après le cours, le réalisme se fonde sur la présence des effets de réel ; ces derniers peuvent être obtenus par les moyens suivants :
présence de petit détails vrais
précisions du cadre et notamment de la toponymie (noms de lieux réels)
usage d’un lexique spécialisé avec des précisions sur les formes des objets, les matières, les volumes
organisation de la description spatiale selon des plans, des points de vue (verbes de vision)
On s’efforce de repérer dans le texte ces éléments et on construit un paragraphe argumenté à partir de chacun de ces thèmes. Toutefois, ce passage n’est pas seulement réaliste, il a également pour fonction de créer une ambiance, une atmosphère: il s’agit d’une description impressionniste exprimée le plus souvent à partir d’un point de vue interne, celui du personnage qui voit le décor. Dans ce début de roman, Zola crée une atmosphère désagréable, un climat étrange et même morbide .
Plan détaillé
II La création d’une atmosphère
a) désagréable
b) étrange et inquiétante
c) des aspect morbides
Rédaction du paragraphe b)
En effet, ce passage est présent comme un endroit inquiétant : d’abord son côté sombre (‘ligne 2) est précisé d’emblée et cette noirceur est accentuée par la saleté qui y règne: le vitrage qui devrait laisser passer la lumière est obscurci car “noir de crasse” (ligne 5) . Ces reflets déforment donc la lumière et créent des impressions d’étrangeté comme si cet endroit était hanté ou habité par des fantômes; à la ligne 12, la personnification ‘dorment vaguement dans l’ombre” nous donne l’impression que les objets pourraient se réveiller et se mettre eà bouger; et à la ligne 15, le verbe s’agitent est associé à “des formes bizarres” : comme pour attester d’une présence étrange et presque surnaturelle. Et ces formes proviennent de “trous lugubres” , expression dont les connotations renforcent à la fois le côté inquiétant et désagréable. De plus , certains objets ont été laissés à l’abandon “depuis vingt ans” ‘ligne 18) et certains n’ont même plus de nom (ligne 17); Tous ces détails continuent à créer une atmosphère étrange et inquiétante et le lecteur présage que cet endroit sera soit le lieu d’un drame soit aura une très mauvaise influence sur les personnages car dans les romans réalistes, on note de nombreuse interactions entre les personnages et le milieu dans lequel ils évoluent; ce principe est appelé déterminisme ; dans les deux derniers paragraphes de cet incipit, nous trouvons également des détails morbides.
Pour construire le paragraphe c), voici les observations à utiliser en priorité :
11 échapper des souffles froid de caveau : personnification + mort (caveau = tombe)
14 pleins de ténèbres : le mot ténèbres connote obscurité et enfer
22 couvert d’une lèpre : référence à une maladie mortelle
Emile Zola est souvent présenté comme le chef de file du mouvement littéraire appelé naturalisme qui prolonge et amplifie les ambitions du réalisme . Dans la préface de Thérèse Raquin , l’un de ses premiers romans, paru en 1868, il rappelle aux lecteurs ses objectifs : “j’ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères…j’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et par leur sang , dépourvus de libre-arbitre, entraînés à chaque instant de leur vie par les fatalités de leur chair ; Thérèse et Laurent sont des brutes humaines : rien de plus ” .A 26 ans , Zola a commencé à définir sa vision de l’écriture et du rôle de l’artiste dans la société, dans un article intitulé notamment Mes haines où il recense ce qu’il déteste : haine du dogmatisme, de l’immobilisme, du didactisme et de la médiocrité. Mais de quelle manière un roman peut -il incarner le programme de l’écrivain ? Plus »
La première apparition du personnage révèle une partie de son passé et un présent qui s’annonce difficile : arrivé depuis six mois à Paris dans le but de faire fortune, Georges n’est pour le moment qu’un modeste employé aux chemins de fer et a bien du mal à joindre les deux bouts ; Souvent il doit choisir entre manger à sa faim ou s’offrir un plaisir : boire une bière . En ce mois de juin, une rencontre providentielle va changer son destin: il croise un ancien soldat avec lequel il a combattu en Algérie quelques années plus tôt et ce dernier va lui donner sa chance; Grâce à Jacques Forestier, Georges fait ses débuts dans le monde :on nomme ce personnage un adjuvant car il est celui qui aide le héros à atteindre ses objectifs. Timide mal à l ‘aise , il se sent ridicule dans son habit de location mais au fur et à mesure, il prend de l’assurance car il constate qu’il plait aux femmes . Le lecteur est témoin de ses transformations physiques et même psychologiques . “ En s’apercevant dans la glace , il ne s’était même pas reconnu; il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde, qu’il avait trouvé fort chic, fort bien, au premier coup d’oeil. ” Ce portrait du héros sera suivi de nombreux autres qui mettent en évidence son charme et l’effet qu’il produit sur son entourage . “Une confiance immodérée en lui -même emplit son âme” : dès le début du roman, il se sent déjà prêt à réussir .Plus »
Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .
C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans;Bel-Ami, roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et pour terminer, nous montrerons la dimension critique de ce dénouement.
Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions. ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens . L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ” Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne, (l 23 ) : Maupassant marque ici, au moyen de cette précision, son égoïsme et son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se voit déjà faire une carrière politique : au moins député et ensuite ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur remet en cause les rêves du personnage mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette gloire.
A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre” montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.
Le héros a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant . Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29) comme pour l’acclamer et le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.
Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… )
En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi comme Madeleine et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.
30. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le Voreux dans Germinal : un personnage important; Résumé d’un commentaire littéraire ( première Partie chapitre 3) · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman
Lorsque Zola publie Germinal en 1880, ce treizième volet de la série des Rougon-Macquart s’intéresse au destin d’Etienne Lantier, un mécanicien au chômage, fils de la blanchisseuse Gervaise , héroïne de l’Assommoir. Ce roman trace un portrait saisissant et réaliste de la situation misérable des ouvriers qui meurent en grand nombre dans l’exploitation des bassins miniers du Nord de la France; Dans l’extrait que nous allons étudier, Etienne se trouve enfin en face de la fosse et observe la descente des ouvriers dans le puits au petit jour . Comment la mine apparaît-elle ici ? Dans un premier temps, nous montrerons le caractère réaliste de la description de la mine; ensuite nous analyserons les particularités du regard du personnage et enfin nous verrons la dimension symbolique de ce premier face à face.
Tout d’abord , le narrateur utilise des termes techniques pour décrire le départ des mineurs. Le lecteur possède ainsi un aperçu des conditions de travail des mineurs . Zola pour écrire son roman s’est largement document et a emprunté des ouvrages techniques dans les bibliothèques : ce type de description se nomme documentaire ou lexicographique . On apprend ainsi que les mineurs descendent dans des cages de fer ( l 86 ) , se changent dans une baraque (l 84 ) et pour les herscheurs, remplissent des “berlines ” (l 88) ; Tous les métiers de la mine sont cités: les personnages sont ainsi parfois réduits à des fonctions tels que “moulineurs” (l 88) et toutes les activités sont détaillées comme celle qui consiste à bosser les veines : “le bois de taille ” est mentionné à la ligne 90.
Un second aspect réaliste de la description consiste à énumérer des petits détails pour renforcer cette illusion réaliste : le narrateur précise, par exemple, le nombre de mètres exact des différents accrochages ” “320 pour le premier” , “554 m ” pour le premier ; Il précise également que les mineurs arrivent “pieds nus” (l 84 ) lampes à la main ” ; Ces détails permettent au lecteur de visualiser plus facilement la scène décrite.
Mais la dimension réaliste de la description est complétée par une dimension subjective qui reflète soit les sentiments du personnage soit le point de vue du narrateur ; Ainsi , Etienne est un néophyte qui découvre le milieu des mines de charbon et Zola présente souvent le milieu vu par ses yeux d’étranger ; cette technique utilisée fréquemment par les auteurs réalistes porte justement le nom de fiction de l’arrivée de l’étranger ; L'écrivain se sert de ce prétexte pour offrir au lecteur de longues descriptions précises de ce que voit le personnage; C'est son regard qui sert de mesure à la description ; C’est pour cette raison qu’on parle de description en partie subjective car elle émane d’un point de vue interne. Le verbe introducteur par exemple, précise à la ligne 80 : “il ne comprenait bien qu’une chose ” : La description a donc pour objectif de préciser les pensées du personnage. Etienne cherche réduire son ignorance en posant des questions à un mineur présent : “c’est profond ?” (l 99 ) ; Son inquiétude est manifeste avec la question suivante : “et quand ça casse ? ” (l 106 ) reprise comme une sorte d’écho fataliste par le personnage; Le héros n’est donc pas seulement un simple spectateur, il oriente la description selon ses intérêts et elle révèle ses craintes ; elle sert à exprimer indirectement certaines pensées du personnage.
Le plus souvent, le narrateur oriente lui aussi la description et lorsqu’il s’agit de décrire la mine, il utilise une dimension symbolique double ; celle l’animalité et celle de la divinité. La mine , Le Voreux est souvent vue comme une grosse bête effrayante ; Zola joue à la fois avec l’animalisation et la personnification : le champ lexical de la digestion est constamment présent comme pour rappeler que la mine dévore les hommes qu’elle absorbe : ” le puits avalait des hommes par bouchées “( l 81 ) “elle les engloutit ( 111) et les dévore (113 ) comme une bête affamée (115 ) ; Les termes utilisés pour décrire le puits sont ceux qu’on emploie pour décrire des parties du corps d’un animal comme “gosier” (82) “gueule plus ou moins gloutonne ” 113 , “boyaux géants” . L’hyperbole “capable de digérer un peuple “ renforce le caractère menaçant du monstre.
Cette bête qui se nourrit de “chair humaine “ représente symboliquement un Dieu cruel et surtout “vorace“; L’analogie avec les Dieux mangeurs d’hommes des religions archaïques permet à Zola de faire comprendre à ses lecteurs qu’aujourd’hui, c’est le Dieu capital qui menace l’existence même des ouvriers ; Il rejoint ansi les thèses marxistes sur la nécessité de la lutte des classes et engage le monde ouvrier dans une révolte contre l’actionnariat . Le lecteur est ainsi indigné de voir comment les ouvriers sont contraints de subir des conditions de travail extrêmement pénibles, inhumaines; Ils deviennent à leur tour des animaux et sont déchus de leur humanité. Zola montre ainsi que la misère renvoie l’être humain à son animalité et à ses instincts. La voix du porion qui sort du porte-voix est assimilée à un “beuglement “et on sonne à la viande” lorsqu’on remonte des ouvriers qui descendent “accroupis ” comme des bêtes;
En conclusion, le personnage du Voreux , monstre dévorateur comme son nom l’atteste, joue un rôle important dans le roman; il montre le danger que représente la mine pour les hommes : ravalés au rang d’animaux, ces derniers luttent pour leur survie et c’est le regard d’étranger d’Etienne, le personnage principal, qui organise le plus souvent la description du travail des mineurs.
Rappel du plan utilisé :
1. description réaliste
a) termes techniques
b) petit détails vrais
2. description du point de vue d’Etienne
a) le regard du personnage organise la description
29. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Portrait d’un ouvrier au travail : Gueule d’Or le forgeron de l’Assommoir · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman
Les écrivains réalistes ne décrivent pas les personnages de leurs romans pour simplement brosser leurs portraits physiques : ils s’efforcent de les révéler à travers leurs actions et à travers le regard du héros . Pour représenter le forgeron de l’Assommoir, Zola va allier détails réalistes et dimension symbolique du personnage . Les questions qui accompagnaient ce portrait de Gueule d’Or ont pour but de vous faire trouver les axes d’étude de l’extrait . Commençons par la problématique …
Il s’agit d’un portrait du personnage de Gueule d’Or : comment Zola décrit -il ce personnage paraît une problématique tout à fait adaptée à un commentaire littéraire. (question 1 ) Dès la première lecture, à partir des observations faites dans le texte, on peut constater que ce portrait est tout d’abord guidé par un regard (ce qu’on appelle un point de vue ) : celui qu’échangent Gervaise et Goujet ; cette dernière , secrètement amoureuse de lui, admire cet homme beau et gentil .On peut assez facilement voir apparaître les notations mélioratives avec la beauté du personnage , sa force et son habileté. Mais en y regardant d’un peu plus près, on découvrira que la dimension réaliste est parfois délaissée au profit d’une dimension symbolique : le personnage est alors comparé à une divinité , à une statue grecque voir au Dieu Forgeron .
Les aspects réalistes du texte (question 3 ) proviennent essentiellement de trois sources :
tout d’abord les petit détails vrais et précis comme les gouttes de super ( 20 ) , le nombre esse coups de marteau ( 21, 22, 23 ) ;
ensuite le vocabulaire technique de l’artisanat ( jeu classique balancé , fer rouge, science réfléchie, écrasant le métal au milieu , le modelant par une série de coups d’une précision rythmée ( 9 )
enfin l’imitation de la manière de parler (familière et imagée – des ouvriers ) avec toute une série de mots que les écrivains n’ont pas l’habitude d’employer dans leur roman s comme ” chahut, bastringue, guibolle ( 4 ) , gaillard ( 11)
Mais pour répondre à la dernière question, il fallait noter que Zola employait certains procédés qui transforment le personnage et ses outils . Le forgeron devient un Dieu ( l 13) cheveux et barbe s’allumaient , fils d’or, figure d’or , épaules et bras sculptés copiés sur ceux d’un géant, montagnes de chair , clarté, tout-puissant , comme un bon Dieu.” Les comparaisons, les hyperboles et les métaphores font de l’ouvrier au travail un personnage légendaire comparable à un Dieu. Il atteint ainsi une dimension symbolique . I II
Zola , dans cet extrait , effectue donc le portrait en action d’un ouvrier au travail à travers le regard admiratif de Gervaise qui le transforme en divinité. Le plan du commentaire littéraire devra donc tenir compte de tous ces éléments qui composent le portrait de Gueule d’Or. Vous trouverez en pièce jointe des liens qui vous montreront d’autres possibilités de plans . Prenez le temps de les observer et de les comparer.
I Un ouvrier doué et admiré pour son savoir – faire ” un homme magnifique au travail ”
a) il maitrise ses gestes : il est admirable dans son travail ; la précision des petits détails (sueur, nombre de coups, rythme, jeu balancé )
b) il aime son travail : il a le goût du travail bien fait et compare son outil à une femme aimée ( la personnification de Fifine )
c) le regard de la femme amoureuse : il est fort ce qui rassure Gervaise et il ne boit pas ( 9 et 10 ; 11 ce gaillard là , poitrine vaste à y coucher une femme )
II Un homme que tous admirent et qui devient un Dieu “il devenait beau, tout puissant comme un bon Dieu “
a) une musculature hors du commun : il est très imposant physiquement ( 16/17 )
b) des qualités de statue antique : il ressemble à un géant tellement il est musclé , figure d’or ( 14 )
c) il devient un Dieu : il est comme Vulcain qui forge les rames des Dieux et il est transformé par un éclat divin ( 18/19/20 )
Publié en 1885, Germinal fait partie de la série Rougon-Macquart. Il est la treizième œuvre de cette série qui compte vingt ouvrages.
Roman de la lutte des classes et de la révolte sociale, Germinal est un vibrant plaidoyer en faveur des déshérités et des exploités. Portée par un puissant souffle lyrique, cette œuvre épique et poignante exprime le rêve de Zola ” d’un seul peuple fraternel faisant du monde une cité unique de paix, de vérité et de justice”.
” sans prétendre être le premier roman à évoquer le monde ouvrier , Germinal en donne l’une des images les plus puissantes. Peinture précise et épique à la fois de la vie quotidienne , du labeur et des souffrances des mineurs, il organise savamment une progression vers le point culminant de la grève et de la catastrophe finale, ouvrant sur la perspective utopique de la cité future…”
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, le jeune Etienne Lantier s’est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part, en pleine crise industrielle, dans le Nord de la France, à la recherche d’un nouveau emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables (pour écrire ce roman, Emile Zola s’est beaucoup documenté sur le travail dans les mines)
Il fait la connaissance d’une famille de mineurs, les Maheu et tombe amoureux de la jeune Catherine. Mais celle-ci est la maîtresse d’un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu’elle ne soit pas insensible à Etienne, elle a à son égard une attitude étrange.
Etienne s’intègre vite parmi le peuple des mineurs. Il est révolté par l’injustice qu’il découvre et par les conditions de vie des mineurs. Il propage assez rapidement des idées révolutionnaires.
Lorsque la Compagnie des Mines , arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d’une société plus juste.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, le mouvement se durcit. Les grévistes cassent les machines et les installations minières et agressent les bourgeois. Les soldats viennent rétablir l’ordre mais la grève continue. De nombreux mineurs défient les soldats qui tirent sur les manifestants : Maheu, l’ouvrier chez qui Lantier avait pris pension, est tué.
La grève est un échec. Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C’est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste , sabote la mine. De nombreux mineurs meurent. Etienne, Catherine et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Etienne qui le tue. Il devient enfin l’amant de Catherine qui meurt dans ses bras avant l’arrivée des sauveteurs. Etienne sort vivant de cet enfer, et part pour Paris.
Même si la révolte a échoué, Etienne est plein d’espoirs dans la lutte que les ouvriers mènent contre les inégalités. Un jour, il en est persuadé , ils vaincront l’injustice….
L’ incipit d’un roman pose un horizon d’attente pour le lecteur et offre des informations sur le cadre,les personnages et l’intrigue; Cette tradition est respectée par Emile Zola qui nous offre avec l’arrivée de son héros Etienne, un aperçu des techniques de description du roman réaliste ; Nous pouvons donc nous demander, par exemple, comment la description est organisée ou quelles techniques réalistes sont ici utilisées au sein de la description et quels points de vue l’organisent. Pour réaliser ce commentaire littéraire, nous avons choisi une problématique centrée sur le personnage du héros; Lisez ci-dessous un exemple d’introduction , le plan détaillé et la fin de la rédaction des parties 2 et 3.
En 1880, Emile Zola, chef de file du courant réaliste et fondateur du naturalisme, publie le treizième volume de sa série les Rougon Macquart , intitulé Germinal. Ce roman dépeint les tristes conditions de vie des mineurs de charbon du nord de la France, contraints de travaillerdurement pour des actionnaires toujours plus avides de s’enrichir , dans un contexte économique difficile de mutations industrielles . Le héros Etienne Lantier, fils de Gervaise arrive ici à Montsou et va découvrir l’univers des mineurs; Comment ce personnage est-il dépeint ? Nous étudierons d’abord son arrivée dans un milieu hostile avant de montrer son dénuement et enfin sa souffrance. ….
Plan détaillé :
L’arrivée en milieu hostile
1. Une obscurité menaçante
2. Solitude et peur de l’inconnu
3. Une perception limitée de son environnement : la dimension réaliste
II Un personnage démuni (suite de la rédaction ) et souffrant
Le personnage d’Etienne , ouvrier sans travail , ne possède que quelques hardes qu’il transporte dans “un petit paquet “l 13 ; De plus, ses vêtements sont décrits comme usés à force d’avoir été portés ; Ainsi le coton de sa veste est présenté comme “amoindri” l 12 ; Usure ou peut -être mauvaise qualité du vêtement : la tenue vestimentaire d’ Etienne n’est pas adaptée à son nouvel environnement ; Le froid le fait vraiment souffrir et la métaphore les “lanières du vent ” à la ligne 17, assimile cet élément du décor à un véritable instrument de torture comme un fouet qui blesse le personnage; Zola évoque ainsi, de manière imagée, la morsure du gel sur le corps ;
Cette souffrance du héros est également rendue visible par ses mains gourdes que le vent fait “saigner” ; à cette souffrance physique s'ajoute une souffrance morale; Sans travail et sans ressources, Etienne paraît bien démuni et condamné à accepter n'importe quelle offre pour survivre dans ce milieu rigoureux; Le lecteur ne peut s'empêcher de trouver le héros pathétique d’autant qu’il est présenté comme craintif : “pris de crainte ” ligne 23 , il hésite à s’approcher de la mine qui est perçue d’instinct, comme dangereuse pour lui ; mais le “besoin douloureux de se chauffer ” est plus fort que ses appréhensions et Zola démontre ainsi que son personnage se laisse guider par des besoins vitaux; Comme tous les romanciers réalistes, Zola motive les actions de son personnage en précisant à chaque fois au lecteur ce qui le fait agir de la sorte.
III. Le personnage: un foyer de perception
La dernière partie du passage se focalise sur la vision du personnage et présente la première apparition de la mine : le narrateur utilise le personnage d’Etienne pour en faire le foyer de perception de la description qui s’organise ainsi , à partir de son point de vue ; Au gré de ses déplacements et de ses mouvements, les bâtiments disparaissent ou réapparaissent; ainsi , par exemple, lorsque le chemin descend : “Tout disparut ” ; Il s’agit d’une technique de description réaliste qui consiste à modifier le champ de vision en suivant les déplacements et les sensations du personnage qui est le foyer principal; Etienne se trouve alors face au Voreux présenté comme “une apparition fantastique ,noyée de nuit et de fumée ” l 39 ; La mine est personnifiée comme l’indique le choix de l’adjectif “tristes “ pour qualifier les “lanternes ” et la cheminée est présentée comme une silhouette ; La fosse semble ainsi vivante et on peut entendre sa respiration (l 40)
Ainsi, ce passage a pour fonctions de présenter le personnage d’Etienne et de peindre longuement le milieu dans lequel le personnage va évoluer , s’adapter et au final se transformer. Le héros apparaît craintif et démuni mais il n’a rien à perdre.
06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Quand Zola imagine la révolution : un roman “visionnaire ” et pas toujours réaliste … · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman, Zola
En lisant Germinal, on pourrait penser qu’il ne s’agit pas vraiment d’un roman mais plutôt d’un traité politique sur les révolutions ouvrières; Cependant, ce serait oublier qu’il s’agit avant tout d’un roman et donc d’une oeuvre née de l’imagination de son auteur. L’un des meilleurs spécialistes de Zola, le professeur Henri Mitterand, a écrit un article dont je vous livre ici quelques passages : il y rappelle qu’au delà du projet de peindre les rapports entre les ouvriers et les patrons , ce livre raconte aussi la vision du monde de son auteur . Le roman est le soulèvement des salariés, le coup d’épaule donné à la société qui craque un instant : en un mot la lutte du travail et du capital. Zola veut que son roman prédise l’avenir, posant la question la plus importante du vingtième siècle. » Mais est-il toujours réaliste dans sa description de la révolution et des mineurs ?
Zola, encore mal informé de la conduite des grèves, peine à évacuer les sauvageries simplistes et les fantasmes sanglants : « Lorsque la grève éclate, explosion d’autant plus violente que la misère, la souffrance a été plus grande ; et là aussi pousser au dernier degré possible de la violence. Les ouvriers lâchés vont jusqu’au crime : il faut que le lecteur bourgeois ait un frisson de terreur. Maison attaquée à coups de pierres, siège en règle ; personnes tuées, éventrées, sauvagerie abominable. »
Et en tout cas l’idée de lâcher les ouvriers jusqu’au crime sera abandonnée. Il y aura trois sortes de meurtriers dans le roman, et ce ne seront pas des hommes du fond : des femmes rendues folles de fureur, un enfant infirme et qui s’est exclu de la communauté familiale et sociale Jeanlin qui a vraiment mal tourné , un vieillard devenu fou Bonnemort – qui tuent trois figures également marginales à l’affrontement direct « du travail et du capital », un petit commerçant, Maigrat, une sentinelle de l’armée, et la fille du couple d’actionnaires, Cécile Grégoire.
Zola a choisi ce titre Germinal plusieurs jours avant son départ pour la région des mines ; C’est une trouvaille : L’annonce, la prophétie, se dit en grec évangile, et de nombreuses images de la révolution la présentent comm une sorte de cité idéale, un lieu paradisiaque. Le mot évoque historiquement le printemps, la faim,– et aussi la défaite du peuple. Et il porte étymologiquement l’idée de la graine et de la germination.: « Un titre exprimant la poussée d’hommes nouveaux […] un avril révolutionnaire, une envolée de la société caduque dans le printemps. » «« Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les révoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre ». Quand il arrive sur place dans le Nord, Zola se fait raconter la journée d’un mineur de fond : lever à quatre heures, départ « en emportant le déjeuner, des tartines ou de la viande et une gourde de café », descente au fond, chemin jusqu’à la taille, « souvent deux kilomètres à faire sous terre », travail, déjeuner accroupi sur le chantier, retour. Les femmes et les filles travaillent au triage du charbon, en surface : Catherine Maheu descendra dans les galeries, mais l’action du roman se passera en 1866, plusieurs années avant la loi épargnant aux femmes le travail au fond. La fréquentation des cabarets n’arrange rien. Zola est entré au cabaret de La cantinière. On y boit en silence des chopes de bière à deux sous, tirées à des robinets. Le café et la bière, ce sont les deux boissons du Nord, l’une à domicile, l’autre au cabaret. On retrouver bien ces petits détails vrais dans le roman.
L’imagination de Zola travaille en même temps que sa curiosité d’enquêteur. Sur ce qu’il a vu à la fosse Thiers, à Bruay, ses notes laissent déjà place à l’analogie, à la métaphore. Le canal, avec sa double ligne d’arbres, est une « avenue d’eau ». Les péniches, à bandes rouges et blanches, semblent « dormir sur l’eau claire ». La fosse Thiers est « une construction massive, de corps rapprochés, accroupie, tapie comme une bête ». . « Des tuyaux de vapeur dépassent faiblement les toits, il y a une respiration forte et lente, régulière, qu’on entend continuellement. Dans le bas, il y a aussi, à ras de terre, un échappement continu de vapeur. C’est une bastille d’un nouveau genre. » Les notes sont transformées dans le roman en paysages imaginaires tristes souvent, inquiétants et parfois fantastiques.
Zola descend lui aussi dans une fosse. Au terme de son voyage sous terre, il contemple enfin les « piqueurs », qui extraient le charbon de la veine et enlèvent les roches. Il pense inévitablement à des damnés, ou à des esclaves. La position est une des pires qui soient : « L’ouvrier se met sur le flanc et attaque la veine de biais. J’en ai vu un tout nu, avec la peau salie de poussière noire. »
Sur l’histoire des grèves qui ont périodiquement arrêté ou troublé le travail des mines d’Anzin, ni les mineurs, ni les ingénieurs, ni les administrateurs ne se sont beaucoup étendus. Et il s’est fait raconter la grève d’octobre 1866 à Anzin et Denain. Un mouvement assez brutal : pressions violentes contre les « jaunes », manifestations sur les routes, tapages, bris de vitres, rixes, participation des femmes, tentative d’extinction des feux d’une fosse à Denain. Le récit de Germinal présente des analogies frappantes avec l’histoire de cette grève de 1866, à laquelle celle de 1884 ne ressemblait plus tout à fait. « Avec cent francs, s’extasie Le Figaro, le mineur vit mieux que l’ouvrier parisien […] Et pourtant, on excite les mineurs contre la compagnie et ils écoutent ceux qui leur font de beaux discours, au risque de tout perdre. » Il a constaté, de ses yeux, la misère des corons, l’inhumanité des travaux du fond, la présence rampante de la faim, de la maladie et de l’accident fatal.
Mais si son roman connaît un vif succès dès sa parution, Zola est attaqué sur certains points . On lui reproche de peindre notamment les ouvriers comme des animaux Il contre-attaque : « Pourquoi veut-on que je calomnie les misérables ? Je n’ai eu qu’un désir, les montrer tels que notre société les fait, et soulever une telle pitié, un tel cri de justice, que la France cesse de se laisser dévorer par l’ambition d’une poignée de politiciens, pour s’occuper de la santé et de la richesse de ses enfants. »Un second reproche concerne la bassesse de certains sujets et de certains mots . On proteste contre « l’étalage de sensualité et de bestialité », « la fanfaronnade de cochonnerie »
Cependant, les mêmes critiques sur le chapitre de la « morale » mêlent l’éloge à la remontrance, avec des épithètes identiques chez la plupart : vigueur des tons, force de la couleur, parfum de réalité terrible, « beau livre sombre, pessimiste, terrible » : « Ce que j’ai voulu, c’est crier aux heureux de ce monde, à ceux qui sont les maîtres : Prenez garde regardez sous terre, voyez ces misérables qui travaillent et qui souffrent. Il est peut-être temps encore d’éviter les catastrophes finales. Mais hâtez-vous d’être justes, autrement, voilà le péril : la terre s’ouvrira, et les nations s’engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l’histoire.”
. Mais par-delà l’histoire, surgit « la vision » : celle, teintée de « pitié morose », d’« un troupeau de misérables » livrés à un bourreau, « la mine, la bête mangeuse d’hommes », et à un dieu, « cet être mystérieux à qui appartient la mine et qui s’engraisse de la faim des mineurs » ; lorsque le troupeau, « mû par des forces fatales », se soulève, il va, « avec des bouillonnements et des remous, se briser contre une force supérieure ». : « Les hommes apparaissent, semblables à des flots, sur une mer de ténèbres et d’inconscience. » Cette vision issue de l’imagination de l’écrivain passe parfois sous silence pour certains la conscience politique acquise par les ouvriers en lutte. Néanmoins, les chapitres 3 et 4 du roman sont justement consacrés à la découverte par le héros des idées politiques socialistes. D’ailleurs les organes socialistes demandent à Zola l’autorisation de reproduire Germinal en feuilleton. À chacun d’eux, il fait la même réponse qu’au Peuple de Bruxelles, le 15 novembre 1885 : « Prenez Germinal et reproduisez-le. Je ne vous demande rien, puisque votre journal est pauvre et que vous défendez les misérables. »
. Auteur de l’œuvre, il en a été le premier lecteur, il en a ressenti le premier l’onde de choc. Dans Germinal, le mythe surgit de partout, avec sa dialectique de la damnation, de la révolte, de la répression, et des lendemains en attente. Pour construire un monde nouveau, pour faire germer « les récoltes du siècle futur », il faut détruire « le vieux monde » jusque dans ses fondations. Vision biblique autant que révolutionnaire. C’est ce qu’annonce dans Germinal la cohue des « bouches noires », parmi le « hérissement » des barres de fer et des haches. Et c’est cette sourde inquiétude que confie Zola, à plusieurs reprises. « Le siècle prochain garde son secret, il faut ou que la bourgeoisie cède ou que la bourgeoisie soit emportée .Ce tour prophétique est nouveau dans son œuvre. Nous ne sommes encore qu’en 1885, mais le tête-à-tête de Zola avec le peuple des rudes travailleurs lui a fait voir l’avenir sous un jour nouveau.
06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le parcours d’Etienne dans Germinal: naissance de ses idées politiques et naissance d’un leader · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman, Zola
Le personnage d’Etienne est le héros de Germinal, ce nouveau volet de la série des Rougon-Macquart , qui décrit la misère des ouvriers mineurs dans le Nord de la France à la fin du dix-neuvième siècle: En France ; la révolution de 1848 marque la montée des mouvements de revendications des ouvriers qui s’appuient sur les thèmes de Karl Marx et Friedrich Engels ; ces deux hommes fondent la ligue communiste et se battent pour changer les relations entre les bourgeois qui possèdent les moyens de production (les usines ) et leurs salariés, les ouvriers qui sont contraints de vendre, leur force de travail, leur labeur, en échange d’argent . Dans ce roman social , Zola prend parti pour les travailleurs et entend dénoncer l’exploitation dont ils sont victimes de la part de patrons qui ne pensent qu’à augmenter leur profit.
Les origines du personnage : Etienne est fils d’une blanchisseuse Gervaise Macquart, qui , en raison de son alcoolisme, va sombrer dans la misère et la déchéance (L’Assommoir ) Il est d’abord présenté comme un ouvrier sans travail qui ne possède que quelques effets dans un pauvre baluchon : Il possède la qualification de machineur et comprend que pour pouvoir travailler dans la fosse, il va devoir changer de métier , apprendre à devenir soit un charretier comme Bonnemort, soit un herscheur ; un culbuteur, un haveur , un galibot ou un raccommodeur ; La situation économique est alors décrite comme catastrophique : partout les usines ferment ; Autour de Montsou, on voit des sucreries ( qui extraient le jus des betteraves), des forges, mais également une minoterie, une verrerie et des fabriques ; Le décor sinistre semble relayer la peine des ouvriers : “le vent passait avec sa plainte comme un cri de faim dans la nuit ” ; la fosse est décrite comme un monstre affamé de chair humaine qui dévore les ouvriers : “une bête méchante qui respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gêné par sa digestion pénible de chair humaine ” Grâce à sa conversation avec Bonnement, le grand père de la famille Maheu qui compte à son actif un demi-siècle passé à travailler à la mine, Etienne apprend quelles sont les conditions de vie des ouvriers ainsi que le nom du directeur de la mine , M Hennebeau.
Le second chapitre nous fait découvrir dans le coron ouvrier , la vie des Maheu, une famille typique de mineurs : c’est la misère la plus noire ; 7 enfants à nourrir , plus d’argent et la nourriture qui devient une obsession : ils trompent la faim avec des feuilles de chou bouillies, ont des dettes à l’épicerie et Catherine, la fille aînée, a bien du mal à leur trouver de quoi se faire des “briquets ” pour la mine (pain, beurre et fromage blanc ) Zola décrit parfois les ouvriers comme des animaux pour dénoncer l’ampleur de leur misère : il évoque par exemple, à la fin du chapitre 2, leur piétinement de troupeau ou la mamelle pendante de la Maheude qui allaite épuisée sa petite Estelle âgée de 3 mois .
La pensée politique d’Etienne : le personnage est placé comme un observateur du milieu des ouvriers et Zola s’inspire des notes qu’il a prises durant son séjour dans le pays minier pour faire évoluer son personnage . Tout d’abord il apprend les gestes qui font de lui un mineurs : “il apprenait de Catherine à manœuvrer sapelle , montre des bois dans la taille ” . Certains le surnomment l’aristo pour se moquer de sa maladresse liée à l’ignorance du métier . Les premiers temps, il étouffe au fond des veines ; C’est en fait un timide qui craint sa violence intérieure ; Le personnage songe d’abord à reprendre sa route affamée afin de ne plus redescendre dans cet enfer : “car avec son instruction plus large, il ne sentait point la résignation de ce troupeau et finirait par étrangler quelque chef ” (I, VI ) Finalement, au dernier chapitre, il décide de rester à cause d’un vent de révolte . Peu à peu le personnage devient un camarade et se lie d’amitié avec Maheu qui admire son instruction “il le voyait lire, écrire, dessiner des bouts de plan, il l’entendait causer de choses dont lui, ignorait jusqu’à l’existence ” (P1, 3)
L’influence de Souvarine : c’est un ouvrier pauvre, Russe et secret qui a commandité un attentat contre le tsar . Il s’est réfugié en France et tente de dissuader Etienne de rejoindre l’Association internationale des travailleurs qui venait de se créer à Londres sous l’impulsion de Karl Marx ; Souvarine lui veut tout détruire mais Etienne pense qu’il n’est pas vraiment sérieux : “cette théorie de la destruction lui semblait une pose ” ; Pluchart lui fait partie de cette association : il est même secrétaire de la fédération du Nord. Les hommes pensent qu’une révolution des ouvriers est indispensable ” un chambardement qui nettoierait la société du haut en bas, et qui la rebâtirait avec plus de propreté et de justice ” Souveraine semble ne savoir long sur les mécanismes économiques qui régissent la loi du marché et il évoque notamment la loi d’airain : le salaire est fixé selon lui à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants. “C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim ” Alors Etienne se met à lire des livres dans lesquels il ne comprend pas tout et des idées lui viennent . (P 3, 3) Jusque là , il n’avait eu de la révolte que l’instinct, au milieu de la sourde fermentation des camarades. Toutes sortes de questions confuses se posaient à lui: pourquoi la bière des uns? pourquoi la richesse des autres ? pourquoi ceux- ci sous l étalon de ceux-là, sans l’espoir de jamais prendre leur place ?
Sa découverte des livres : il lit tout ce qui lui tombe sous la main; des traités de médecine, des brochures anarchistes, des traités d’économie politique , des livres sur les coopératives mais il reste un grand utopique et il se contente de rêver aux améliorations possibles de la société : “ il assistait à la régénération radicale despeuples sans que cela dût couter une vitre cassée ni une goutte de sang. ” Cependant Etienne qui loge désormais chez les Maheu parvient à les convaincre que les choses peuvent changer et il partage ses rêves d’un monde meilleur avec eux : ” Une société nouvelle poussait en un jour, ainsi que dans les songes,une ville immense d’une splendeur de mirage, où chaque citoyen vivait de sa tâche et prenait sa part des joies communes; La devise de ce nouveau peuple: “à chacun suivant son mérite, et à chaque mérite suivant ses oeuvres. ”
Etienne devient un leader : son influence peu à peu s’élargissait ; Il crée sa caisse de prévoyance et devient secrétaire de l’association. Il es transforme intérieurement et extérieurement: “son visage changea et devint grave,il s’écouta parler; tandis que son ambition naissante enfiévrait ses théories et le poussait au idées de bataille. ” Le nouveau mode de paiement des berlines décrété par la compagnie va mettre le feu aux poudres et par conséquent la mine à feu et à sang. La grève va être décidée et l’accident de Jeanlin, le départ de Catherine et de Zacharie contribuent à rendre encore plus précaire l’existence quotidienne des Maheu. La quatrième patrie du roman débute par la visite d’une délégation de mineurs chez les Hennebeau; Etienne en fait partie.
L’épilogue de Bel-Ami : un mariage triomphal
Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .
C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans; Bel-Ami, roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et pour terminer, nous montrerons la dimension critique de ce dénouement.
Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions. ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens . L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ” Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne, (l 23 ) : Maupassant marque ici, au moyen de cette précision, son égoïsme et son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se voit déjà faire une carrière politique : au moins député et ensuite ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur remet en cause les rêves du personnage mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette gloire.
A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre” montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.
Le héros a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant . Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29) comme pour l’acclamer et le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.
Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… )
En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi comme Madeleine et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.