De nombreux reproches ont été adressés au drame romantique , particulièrement à ses débuts (Souvenez-vous de la célèbre bataille d’Hernani ) et la pièce de Hugo , jouée pour la première fois en 1838, n’a pas été épargnée. En 1880, Zola se montrait particulièrement sévère dans son jugement et reprochait notamment à Hugo d’avoir falsifié la vérité et imaginé un conte de fées abracadabrant. Les lecteurs actuels n’apprécient pas toujours la beauté de ce drame et peuvent eux aussi se montrer de vigoureux critiques.
Votre sujet d’invention consistait , dans les deux cas, à imaginer la défense de Victor Hugo: ce dernier devait répondre à ses détracteurs sous la forme d’une lettre qui contient ses arguments; les critères d’évaluation sont au nombre de 4
la qualité de votre écriture 4 pts
la prise en compte de la nature des critiques 4 pts
l’invention d’arguments variés et pertinents 4 pts
l’utilisation de l ‘oeuvre en elle-même dont certains passages précis illustrent les arguments théoriques 4 pts
Emile Zola admire en Victor Hugo le poète lyrique mais il critique sa prétention à vouloir , à travers son drame romantique, représenter les ambitions du Peuple; On peut d’abord se demander si les critiques de Zola paraissent fondées et s’il a raison de reprocher à Hugo ses contre-sens historiques . On peut également émettre l’hypothèse que les deux auteurs n’ont pas la même conception du rôle du théâtre en particulier et de la littérature ,en général.N’oublions pas que cette lettre de Zola est publiée en 1880 soit presque 50 ans après la parution de la pièce.
Comment répondre aux critiques de Zola ? Une première étape consistait à prolonger les analyses du cours et à formuler clairement ce qui est critiqué par le romancier naturaliste en reprenant point par point les accusations formulées.
Vous trouverez en rouge dans le document les principaux reproches de Zola, en jaune les éléments qu’il admire dans l’oeuvre; en vert apparaît la conception de l’écriture et de l’oeuvre artistique et en bleu les interprétations de Zola qui sont discutables.
Et nous venons bien de le voir, à cette représentation de RuyBlas, qui a soulevé un si grand enthousiasme.
C’était le poète, le rhétoricien superbe qu’on applaudissait. Il a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.
Mais personne, à coup sûr, n’acclamait la philosophie, la vérité de l’œuvre. Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches […] tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. On est obligé de prendre ce drame comme un conte de fée sur lequel l’auteur a brodé une merveilleuse poésie. Dès qu’on l’examine au point de vue de l’histoire et de la logique humaine, dès qu’on tâche d’en tirer des vérités pratiques, des faits, des documents, on entre dans un chaos stupéfiant d’erreurs et de mensonges, on tombe dans le vide de la démence lyrique.
Le plus singulier c’est que Victor Hugo a eu la prétention de cacher un symbole sous le lyrisme de Ruy Blas. Il faut lire la préface et voir comment, dans l’esprit de l’auteur, ce laquais amoureux d’une reine personnifie le peuple tendant vers la liberté, tandis que don Salluste et don César représentent la noblesse d’une monarchie agonisante. On sait combien les symboles sont complaisants […] Seulement celui-ci, en vérité, se moque par trop du monde.
Voyez-vous le peuple dans Ruy Blas, dans ce laquais de fantaisie qui a été au collège, qui rimait des odes avant de porter la livrée, qui n’a jamais touché un outil et qui, au lieu d’apprendre un métier, se chauffe au soleil et tombe amoureux des duchesses et des reines ! Ruy Blas est un bohème, un déclassé, un inutile : il n’a jamais été le peuple. D’ailleurs admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. Ici, tout se détraque. Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? Que devient le fameux symbole ? Si le peuple se tue sottement, sans cause aucune, après avoir supprimé la noblesse, la société est finie.
On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. Je n’insisterai pas davantage sur les énormités de Ruy Blas, au point de vue du bon sens et de la simple logique.
Commepoème lyrique, je le répète, l’œuvre est d’une facture merveilleuse ; mais il ne faut pas une minute vouloir y chercher autre chose, des documents humains des idées nettes, une méthode analytique, un système philosophique précis. C’est de la musique et rien autre chose.
J’arrive à un second point. Ruy Blas, dit-on, est un envolement dans l’idéal ; de là, toutes sortes de précieux effets : il agrandit les âmes, il pousse aux belles actions, il rafraîchit et réconforte. Qu’importe si ce n’est qu’un mensonge ! il nous enlève à notre vie vulgaire et nous mène sur les sommets. On respire, loin des œuvres immondes du naturalisme. Nous touchons ici le point le plus délicat de la querelle.
Sans le traiter encore à fond, voyons donc ce que Ruy Blas contient de vertu et d’honneur. Il faut d’abord écarter don Salluste et don César. Le premier est Satan, comme dit Victor Hugo ; quant au second, malgré son respect chevaleresque de la femme, il montre une moralité douteuse. Passons à la reine. Cette reine se conduit fort mal en prenant un amant ; je sais bien qu’elle s’ennuie et que son mari a le tort de beaucoup chasser : mais, en vérité, si toutes les femmes qui s’ennuient prenaient des amants, cela ferait pousser des adultères dans chaque famille. Enfin, voilà Ruy Blas, et celui-là n’est qu’un chevalier d’industrie, qui, dans la vie réelle, passerait en cour d’assises. Eh quoi ! ce laquais a accepté la reine des mains de don Salluste ; il consent à entrer dans cette tromperie, qui devrait paraître au spectateur d’autant plus lâche que don César, le gueux, l’ami des voleurs, vient de la flétrir dans deux superbes tirades ; il fait plus, il vole un nom qui n’est pas le sien. Puis, il porte ce nom pendant un an, il trompe une reine, une cour entière, tout un peuple et ces vilenies, il s’en rend coupable pour consommer un adultère ; et il comprend si bien la traîtrise, l’ordure de sa conduite, qu’il finit par s’empoisonner ! Mais cet homme n’est qu’un débauché et un filou !Mon âme ne s’agrandit pas du tout en sa compagnie. Je dirai même que mon âme s’emplit de dégoût car je vais malgré moi au-delà des vers du poète, dès que je veux rétablir les faits et me rendre compte de ce qu’il ne montre pas ; je vois alors ce laquais dans les bras de cette reine, et cela n’est pas propre.
Au fond Ruy Blas n’est qu’une monstrueuse aventure qui sent le boudoir et la cuisine. Victor Hugo a beau emporter son drame dans le bleu du lyrisme, la réalité qui se trouve par-dessous est infâme. Malgré le coup d’aile des vers, les faits s’imposent, cette histoire n’est pas seulement folle, elle est ordurière ; elle ne pousse pas aux belles actions, puisque les personnages ne commettent que des saletés ou des gredineries, elle ne rafraîchit pas et ne réconforte pas, puisqu’elle commence dans la boue et finit dans le sang. Tels sont les faits.
Maintenant si nous passons aux vers, il est très vrai qu’ils expriment souvent les plus beaux sentiments du monde. Don César fait des phrases sur le respect qu’on doit aux femmes ; la reine fait des phrases sur les sublimités de l’amour ; Ruy Blas fait des phrases sur les ministres qui volent l’État. Toujours des phrases, oh ! des phrases tant qu’on veut !
Est-ce que par hasard les vers seuls seraient chargés de l’agrandissement des âmes ? Mon Dieu ! oui, et voilà où je voulais en arriver : il s’agit simplement ici d’une vertu et d’un honneur de rhétorique. Le romantisme, le lyrisme met tout dans les mots. Ce sont les mots gonflés, hypertrophiés, éclatant sous l’exagération baroque de l’idée. L’exemple n’est-il pas frappant : dans les faits, de la démence et de l’ordure ; dans les mots, de la passion noble, de la vertu fière de l’honnêteté supérieure. Tout cela ne repose plus sur rien : c’est une construction de langue bâtie en l’air. Voilà le romantisme. […]
Victor Hugo reste un grand poète, le plus grand des poètes lyriques. Mais le siècle s’est dégagé de lui, l’idée scientifique s’impose. Dans Ruy Blas, c’est le rhétoricien que nous applaudissons. Le philosophe et le moraliste nous font sourire.
Émile Zola, Lettre à la jeunesse (fragments).
À propos de l’entrée de RuyBlas à la Comédie-Française, en août 1880
13. décembre 2016 · Commentaires fermés sur RUY Blas et Hugo face à la critique : imagine que le dramaturge se défende … · Catégories: Seconde · Tags: Hugo, théâtre
Tout auteur , un jour, doit faire face à la critique; Certains s’agacent de voir leur talent contesté; d’autres comme Molière ,s’en remettent au public; d’autres encore comme Corneille passent leur temps à se justifier dans leur préfaces ou leurs postfaces; Respect des règles, innovation, modes ou imitation des Anciens, chaque point a son importance et les artistes peuvent parfois se montrer indifférents ou au contraire , extrêmement chatouilleux. Hugo n’a pas eu en tant que dramaturge le succès escompté et nombreux sont ceux, à son époque, mai également aujourd’hui , qui l’ont critiqué; Passons- en revue les principaux points sur lesquels il a été jugé..voici un petit florilège critique ..
Commençons tout d’abord par les deux sujets d’invention au choix :
Imaginez la réponse que Victor Hugo aurait pu écrire à Emile Zola après avoir lu sa lettre (document 4 )
Ou
Imaginez que Hugo aujourd’hui lise les critiques du site Babelio consacré à Ruy Blas (document 3) : il décide de répondre en écrivant un article où il prend la défense de sa pièce en tentant de comprendre le point de vue d’un lecteur d’aujourd’hui
Liste des documents
Document 1 : un article critique d’un spécialiste du théâtre hugolien
Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique
Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio
Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de Ruy Blas en 1880
Document 1 : extrait d’un article publié dans la revue de l’ENS à propos des critiques du théâtre hugolien
Historiquement et essentiellement, le théâtre est un genre agonistique, pour ne pas dire polémique. Le conflit engendre le théâtre et, en retour, le théâtre provoque le conflit. Les nombreuses querelles et batailles qui jalonnent l’histoire du théâtre – Le Cid et Hernani, pour ne citer que les plus connues sinon les plus violentes – prouvent que le combat est infectieux et qu’il ne reste pas enclos dans le seul espace scénique. Parmi les confrontations que le théâtre appelle, qu’il nourrit et dont il profite, celle qui l’oppose à la critique que l’on appellera, faute de mieux, journalistique est haute en couleurs et en enseignements. Naguère, en effet, le théâtre vivait et mourait par la critique que dispensaient les journaux et leurs censeurs redoutés. Puisqu’il est un art de société, le théâtre s’expose plus qu’aucun autre genre littéraire et les dramaturges sont davantage aux prises avec les critiques que leurs (con)frères romanciers ou poètes. Plus attaqués que les autres, ils ont dû développer davantage leurs systèmes de défense et apprendre à répondre.
En tant que dramaturge, Hugo a rarement trouvé grâce aux yeux de la critique. Contre ce théâtre trop poétique, trop épique, trop sublime et trop grotesque – trop hugolien, en somme –, celle-ci fait rage et reproche à l’auteur tout ce qui fait son génie .Chacun de ses drames a été l’occasion d’un combat ; la publication en volume lui permet de se justifier et de riposter en cuirassant ses pièces d’un paratexte abondant, varié et destiné à anéantir les critiques qui ont été émises et prévenir celles qui viendront. La dimension agonistique perdure donc, quelle que soit la durée écoulée depuis le tumulte des représentations.
Hugo ne cite jamais les noms de ses détracteurs et ne relaie presque jamais les propos déplaisants qu’il a dû essuyer lors de la création des pièces : inutile d’élever la querelle en débat. Souvent il donne littéralement son congé à la critique : « L’auteur pourrait […] examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais, il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire »
Le vrai jugement est celui de la postérité. « Si son drame est mauvais, que sert de le soutenir ? S’il est bon, pourquoi le défendre ? Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra. Le succès du moment n’est que l’affaire du libraire » écrit-il par exemple à la sortie de Cromwell.
Que lui a-t-on reproché ?
Hugo est fréquemment accusé de produire sur la scène des pièces immorales. Dans la préface de Lucrèce Borgia, il réplique et se défend.
On lui reproche également la dimension grotesque ;
En 1882, si le grotesque dérange toujours, Hugo est devenu une telle idole qu’on lui passerait la plupart de ses excès. La finalité de ces variantes n’est pas pratique mais polémique : montrer à quel point les versions finalement choisies par Hugo sont supérieures en raison même de ce que l’on considère encore comme une faute de goût.
Une autre critique fréquemment adressée à Hugo, comme à tous les forgeurs de fiction, est celle de maltraiter l’histoire dans ses drames. Sur ce point, sa défense ne variera jamais : tout en plaidant sans cesse pour la liberté du créateur, Hugo multiplie les preuves de bonne foi et d’érudition
Hugo, l’homme-océan, ne peut se contenir dans les limites usuelles qu’on impose aux dramaturges. S’il sait faire parler des personnages, il veut également prendre la parole lui-même jusqu’à l’extrême limite. Il entend montrer qu’il est le maître du jeu dramatique et éditorial, l’énonciateur tutélaire caché derrière tous les personnages, présent d’un bout à l’autre du volume et qui étouffe toute autre voix, fût-elle celle de la critique. Il prouve à nouveau qu’il est bien le « génie sans frontières » dont parlait Baudelaire. La mainmise qu’il voulait sur le théâtre comme art vivant, Hugo la réalise lorsqu’il imprime ses drames.
Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique
Chef de file du Romantisme : Le créateur du drame romantique
En 1827, la préface que Victor Hugo rédigea à sa tragédie, Cromwell – sa première œuvre dramatique -, devint immédiatement le manifeste du théâtre romantique. Ce traité se divisait en trois parties : la première, à finalité destructrice, condamnait les règles aristotéliciennes de l’unité de lieu et de temps (deux des règles appliquées dans le théâtre classique), la deuxième partie recommandait en revanche de conserver la seule règle aristotélicienne acceptable, celle qui concernait l’unité d’action, tandis que la troisième partie affirmait le droit et le devoir, pour l’art, de représenter la réalité sous tous ses aspects. Hugo définissait ainsi, contre l’esthétique du théâtre classique, les règles d’un nouveau genre théâtral, le drame romantique.
Le drame romantique né des théories de Hugo se caractérise par l’introduction du laid et du grotesque sur la scène théâtrale, par un plus grand souci de la couleur locale et surtout par le mélange des genres – puisqu’au sein d’un même drame figurent des éléments tragiques et comiques.
Le 25 février 1830, la représentation de la pièce Hernani, qui donne à Hugo l’occasion de mettre lui-même en pratique ses principes, se déroula dans une atmosphère surchauffée par les polémiques entre défenseurs de la tradition et tenants des nouvelles doctrines. C’est cette soirée mouvementée, restée dans l’histoire littéraire sous le nom de « bataille d’Hernani », qui fit officiellement de Hugo le chef de file du Romantisme français. Hugo illustra encore ses théories au théâtre, notamment avec des drames passionnés comme Le roi s’amuse (1832), interdit par la censure, Lucrèce Borgia (1833) ou Ruy Blas (1838), un de ses drames les plus connus.
L’homme de génie s’inquiète peu des diatribes, des harangues et des clameurs de ses ennemis; il sait qu’il aura la parole après eux. (Faits et croyances)
· Le beau n’a qu’un type; le laid en a mille. (Cromwell, préface)
Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux.
Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio
Quand un auteur est convaincu de l’enjeu politique et social de la littérature, il est inévitablement porté à s’intéresser au théâtre, art bien plus populaire que celui de la littérature, surtout au XIXe siècle, quand le théâtre était le seul moyen de transmettre une oeuvre écrite inaccessible à la majorité analphabète d’une population. Victor Hugo étant un auteur ayant toujours cherché à créer pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens et en ont le plus besoin, il était logique qu’il lance définitivement sa carrière littéraire par le théâtre, et pas n’importe quel théâtre, un théâtre débarrassé des restrictions classiques, un théâtre romantique, exalté, lyrique et emporté, cherchant à satisfaire autant l’intellectuel porté sur l’exactitude historique et le caractère des personnages que le sentimental adepte des intenses peintures des passions.
Lancé par “Cromwell” et surtout par “Hernani” , le drame romantique hugolien atteint son apogée avec “Ruy Blas“. Bien que ce texte puisse heurter, et même faire sourire, les professionnels de notre théâtre contemporain, il n’en garde pas moins une grande fraîcheur par la beauté et la vigueur de ses vers, la force de ses images et son indéniable caractère populaire. Il est vrai qu’aujourd’hui, les auteurs cherchent avant tout à ne pas être populaire et à créer, non pas pour tous, mais pour certains. le théâtre perd ainsi (peut-être au profit de la télévision et du cinéma ?) ce qui fit sa grandeur et lui donnait tout son sens : être l’élément déclencheur d’un engouement populaire, être créateur de lien social. Ce que Victor Hugo réussit à faire par son théâtre, par ce fameux drame éminemment politique d’un valet épris de la reine d’Espagne, d’un homme du peuple ayant des velléités d’insoumission, d’égalité et de liberté, dans un temps où les incompétences de l’aristocratie commençait à faire de l’ombre aux nouvelles forces et aux volontés aiguisées d’une classe bourgeoise désirant tenir, elle aussi, les rênes de son destin.
J’adore cette pièce. Une histoire d’amour flamboyante, une imposture, l’arrière-plan du peuple en marche hugolien, un vilain digne de Frollo (Don Salluste) et une fin shakespearienne dans le sang. Je vénère Shakespeare, adore Hugo, et lorsque le second est le plus proche du premier, son maître, je ne peux qu’applaudir. Il déverse dans cette pièce toute sa passion, conjuguée à un décor espagnol qui s’y prête tellement
Assez déçu par cette pièce de théâtre de Victor Hugo (je préfère ses romans et ses poésies à ses pièces de théâtre !). Ma déception est due au célèbre film “la folie des grandeurs” (avec Montand et de Funès) tiré de cette pièce et que j’ai vu et adoré. Dans cette pièce, les passages comiques n’apparaissent pas (ça je m’en doutais un peu, j’imagine mal Victor Hugo écrire le passage comique du chien qui baise la main à Alice Sapritch !!!). La pièce est plus dramatique car Don Salust surprend Ruy Blas avec la Reine et essaie de les faire chanter. Ruy Blas tuera Don Salust et se tuera en avalant du poison, c’est effectivement moins gai que le film !
J’ai trouvé le thème de cette pièce très actuel, même si les hommes de pouvoir dont elle parle sont des aristocrates de l’Espagne du 17ème siècle… C’est son intérêt principal, sans compter, bien sûr, la belle écriture de Victor Hugo ! Mais à mon goût, l’intrigue est trop rocambolesque, l’histoire d’amour trop romantique. Finalement, ce que j’ai préféré, c’est la préface écrite par Victor Hugo ! Je pense que j’aurais plus apprécié cette pièce si je l’avais vue au theâtre, car elle pleine de rebondissements, de portes qui claquent, et il faut que ça aille vite, il faut du spectacle…
Ne criez pas, madame! Je m’appelle Ruy Blas et ne suis qu’un navet!
Je n’ai pas un grand goût décidément pour le drame hugolien, même si Ruy Blas a des accents légèrement plus convaincants que ceux d’Hernani, tout m’y semble forcé, empesé, ampoulé, téléphoné- pour tout dire vaguement ridicule – alors que l’esthétique du drame devrait être celle d’une fertile liberté de ton, d’un créatif mélange des genres…
Si je suis tétanisée d’effroi, pétrifiée par la beauté des tragédies classiques, raciniennes ou sophocléennes, le drame hugolien, lui, me laisse de marbre et m’ennuie même énormément…
Je vais même vous faire une confidence, que je ne me risquerais jamais à faire sur un réseau de doctes lettrés comme celui de Babelio, mais nous sommes entre nous, pas vrai? Ruy Blas ne m’a vraiment transportée d’aise que quand j’ai vu, au cinéma, sa parodie, La Folie des Grandeurs, avec l’inénarrable de Funès dans le rôle de Don Salluste!!
Le théâtre de Victor Hugo – soyons cruel, pour une fois, envers cet immense auteur -, c’est un peu du sous-Shakespeare: ça mélange le tragique et le comique; ça parle beaucoup, dans des vers grandiloquents; ça passe de la perfidie la plus noire à la noblesse (forcément chez le serviteur, Hugo renverse toujours tout) la plus honorable. Un valet aime une reine, un perfide se venge, un voleur se fait voler, et tout cela s’exalte à foison, pousse de hauts cris, se veut grandiose. Bref, nous ne sommes plus des romantiques. Ruy Blas, pour les cyniques du vingt-et-unième siècle, n’est plus que le prélude à La Folie des Grandeurs, dont Hugo, à coup sûr, était atteint.
C’est toujours pareil avec moi et les écrits d’Hugo : je trouve son style puissant, ses vers sublimes, et je déteste ses histoires. Je dois même avouer que j’ai éclaté de rire à la réplique finale !
Je me suis pressé à lire Ruy Blas, je n’ai pas réellement pu apprécier la complexité de la pièce. Malgré tout j’ai particulièrement aimé. Je ne connaissais pas Victor Hugo en tant que dramaturge, et pourtant il y a du talent. J’ai vraiment pénétré dans le Royaume espagnol de l’époque. J’ai adoré découvrir l’aristocratie, j’ai adoré la tirade de Ruy Blas au gouvernement, j’ai adoré la politique du personnage.
Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de Ruy Blas en 1880
ZOLA CONTRE RUY BLAS
Zola rend d’abord hommage à Hugo en tant que poète, mais critique sa philosophie “conduisant la jeunesse à tous les mensonges du lyrisme, aux détraquements cérébraux de l’exaltation romantique “. Il poursuit ainsi :
[…] Et nous venons bien de le voir, à cette représentation de RuyBlas, qui a soulevé un si grand enthousiasme.
C’était le poète, le rhétoricien superbe qu’on applaudissait. Il a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.
Mais personne, à coup sûr, n’acclamait la philosophie, la vérité de l’œuvre. Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches […] tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. On est obligé de prendre ce drame comme un conte de fée sur lequel l’auteur a brodé une merveilleuse poésie. Dès qu’on l’examine au point de vue de l’histoire et de la logique humaine, dès qu’on tâche d’en tirer des vérités pratiques, des faits, des documents, on entre dans un chaos stupéfiant d’erreurs et de mensonges, on tombe dans le vide de la démence lyrique.
Le plus singulier c’est que Victor Hugo a eu la prétention de cacher un symbole sous le lyrisme de Ruy Blas. Il faut lire la préface et voir comment, dans l’esprit de l’auteur, ce laquais amoureux d’une reine personnifie le peuple tendant vers la liberté, tandis que don Salluste et don César représentent la noblesse d’une monarchie agonisante. On sait combien les symboles sont complaisants […] Seulement celui-ci, en vérité, se moque par trop du monde.
Voyez-vous le peuple dans Ruy Blas, dans ce laquais de fantaisie qui a été au collège, qui rimait des odes avant de porter la livrée, qui n’a jamais touché un outil et qui, au lieu d’apprendre un métier, se chauffe au soleil et tombe amoureux des duchesses et des reines ! Ruy Blas est un bohème, un déclassé, un inutile : il n’a jamais été le peuple. D’ailleurs admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. Ici, tout se détraque. Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? Que devient le fameux symbole ? Si le peuple se tue sottement, sans cause aucune, après avoir supprimé la noblesse, la société est finie.
On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. Je n’insisterai pas davantage sur les énormités de Ruy Blas, au point de vue du bon sens et de la simple logique.
Comme poème lyrique, je le répète, l’œuvre est d’une facture merveilleuse ; mais il ne faut pas une minute vouloir y chercher autre chose, des documents humains des idées nettes, une méthode analytique, un système philosophique précis. C’est de la musique et rien autre chose.
J’arrive à un second point. Ruy Blas, dit-on, est un envolement dans l’idéal ; de là, toutes sortes de précieux effets : il agrandit les âmes, il pousse aux belles actions…(la suite sur votre document polycopié..)
À propos de l’entrée de RuyBlas à la Comédie-Française, en août 1880
13. novembre 2016 · Commentaires fermés sur Les lettres au théâtre : simples accessoires ou véritables instruments ? · Catégories: Seconde · Tags: Hugo, théâtre
Quoi de moins scénique qu’une lettre? par définition, elle est écrite pour être lue par son destinataire et son contenu n’a pas pour vocation d’être exposé au public .A moins qu’il s’agisse justement d’une lettre publique appelée aussi lettre ouverte ; De nombreux dramaturges ont eu recours à ce qui n’est parfois qu’un artifice pour rendre le hors- scène présent ; prenons quelques exemples ..
Dans Cyrano de Bergerac, pièce d’Emond Rostand, Roxane lit à voix haute, les lettres d’amour qu’elle pense avoir été écrites par Christian mais au cours d’une scène célèbre, les spectateurs apprennent que Cyrano est en réalité l’auteur des mots d’amour que Roxane reçoit ; il prête se mots et sa plume au beau Christian et masque ainsi sa laideur et sa timidité derrière le visage d’un autre . Dans Ruy Blas, plusieurs lettres vont jouer un rôle important ; Au début de la pièce, Salluste, marquis de Finlas, fait écrire à Ruy Blas son valet, une sorte de contrat d’allégeance qui stipule qu’il agit pour son compte exclusivement; Ensuite, nous apprenons que Ruy Blas écrit, en secret, des mots d’amour à la reine et les dépose sur un banc dans le jardin avec un bouquet de ses fleurs préférées.
La reine va même recevoir une lettre totalement anodine du roi qui lui annonce fièrement qu’il a tu six loups; A cette occasion, elle
va découvrir que Ruy Blas est l’auteur des billet doux qu’elle reçoit régulièrement car elle a reconnu son écriture ; en effet, le roi a dicté osa propre émettre à Ruy Blas et ce dernier est chargé de l’apporter à la reine ; la lettre jeu donc ici un double rôle dramatique; elle donne une présence te une voix au personnage du roi mais elle fait également avancer l’intrigue dans la mesure où elle permet à la reine de découvrir l’identité de son mystérieux amant romantique .
Vous avez le choix , pour compléter l’intrigue de Ruy Blas , de composer une de ces 4 lettres
Un lettre de Don Sallust dans laquelle il tente de trouver des arguments afin que son cousin césar alias Zafari accepte de lui prêter main-forte dans ses projets de nuire à la reine.
une lettre du roi d’Espagne qui en mission à l’étranger écrit à la reine; il lui révèle des secrets d’Etat, le contenu de sa mission qui a pour but de rendre à l’Espagne sa gloire passée ; A la fin de sa missive, il glisse quelques mots plus intimes pour son épouse.
Ruy Blas avant de se suicider en buvant la fiole de poison, laisse une lettre pour la reine et lui tend juste avant de mourir; elle la lit sur scène au moment où le jeune homme agonise ou juste après son trépas.
Après la mort de Ruy Blas, la reine découvre qu’elle est enceinte ; elle cache au roi cette liaison secrète avec Ruy Blas mais elle décide alors d’écrire une lettre destinée à son futur enfant pour lui révéler les circonstances de sa conception .
Dans tous les cas, quel que soit le sujet qui vous inspire, vous devrez mettre en scène la lettre en précisant dans quelles circonstances elle est, soit écrite, soit lue. Votre texte comporter donc une série de didascalies qui indiquent clairement la mise en scène avec la position des personnages, des éléments de décor et de scénographie. (4 pts)
Votre lettre se composera ensuite des formules d’usage : adresse, date , envoi et signature; vous veillerez à respecter la langue du dix-neuvième siècle et l’orthographe en usage actuellement (4 pts)
Les éléments de contenu de cette épître seront en relation, à la fois avec le personnage mais surtout avec les éléments déjà connus de l’intrigue ; vous pourrez donc vous inspirer librement de certains scènes pour inventer ces lettres mais vous respecterez scrupuleusement les indications données par le dramaturge à l’intérieur de Ruy Blas. (8 pts)
Après avoir lu et en étudiant en classe la pièce de Molière , vous avez désormais une idée plus précise du personnage de Don Juan et vous allez devoir mettre en scène son procès. Il faudra tout d’abord reconstituer une cour de justice et désigner un juge qui dirigera les débats, un avocat de la défense qui prononcera une plaidoirie en faveur de l’accusé, un procureur qui instruira à charge en rappelant les griefs contre l’accusé.Vous devrez également imaginer les différents témoins qui se succéderont à la barre et leurs témoignages. Vous jouerez cette pièce dans la salle polyvalente du lycée devant une autre classe qui elle aussi a étudié la pièce.
Pour reconstituer ce tribunal, vous pourrez bien évidemment vous inspirer des différents personnages de la pièce comme le valet Sgnarelle et celui de doña Elvire Gusman, les frères d’Elvire qui rêvent de venger l’honneur bafoué de leur sœur. Les femmes seront nombreuses à ce procès et en plus d’Elvire, de Mathurine et de Charlotte, il est tout à fait possible d’inviter et d’imaginer plusieurs anciennes conquêtes de Don Juan que vous ferez venir pour l’occasion et que vous présenterez au public. Les hommes seront également représentés avec Pierrot qui devra s’exprimer avec son accent paysan ainsi que Lucas . Vous pouvez aussi créer en plus du personnage de marchand de Monsieur Dimanche, de nouveaux personnages comiques ou tragiques de créanciers. Certains témoignages sont particulièrement attendus comme celui du pauvre et celui du Commandeur. En plus de ces témoins que vous avez croisés dans la pièce , vous avez l’opportunité d’inventer de nouveaux caractères .
Consignes pour le travail de groupe.
Vous formerez des groupes de 4 au maximum et au sein de chaque groupe, vous travaillerez individuellement le texte du personnage dont vous jouerez le rôle le jour de la représentation . Le personnage de Don Juan principal accusé ,sera interprété , à tour de rôle par au moins 6 élèves différents car il devra répondre à chaque accusation
Liste des rôles à distribuer . L’idée est que chacun joue un rôle …à sa mesure
6 Don Juan au minimum
2 ou 3 juges qui auront en charge l’organisation des débats
Au moins 3 avocats pour la défense et 3 ou 4 pour l’accusation
une douzaine de témoins dont les interventions ne seront pas limitées à des prises de paroles car ils devront répondre aux questions des avocats
Chaque groupe écrira entièrement les répliques des personnages et les questions des avocats . Il sera nécessaire que les groupes désignent un coordonnateur qui travaillera avec les coordinateurs des autres groupes, à la reconstitution du déroulement du jugement.
Deux ou trois élèves pourront s’improviser metteurs en scène, scénographes et accessoiristes. Ils seront chargés de la mise en scène du projet et dirigeront toutes les répétitions . Il est bien entendu possible de se servir du texte de Molière et d’inventer de nouveaux aspects du personnage , en concordance avec ceux que vous avez entrevus.
Modalités d’évaluation .
Ce travail de longue haleine sera évalué de trois manières . Une note d’investissement par groupe sur 5 qui sera l’indicateur du sérieux et de la motivation de l’ensemble du groupe. Une seconde note évaluera le travail écrit qui sera rendu par chaque élève soit sous forme d’un texte de théâtre monologue et dialogue , soit sous la forme de notes de mises en scènes . La troisième note tentera d’évaluer la performance scénique le jour de la représentation et reposera sur la maîtrise du texte , la conviction du jeu et parfois la capacité à improviser et à se montrer crédible .
Voilà un nouveau sujet d’ écriture au choix en rapport avec le théâtre : Invention, commentaire ou dissertation. Si vous choisissez l’invention, lisez bien les consignes. Vous êtes un dramaturge et vous devez inventer un dénouement pour votre pièce : cette dernière a mis en scène une dispute, un conflit, tragique ou comique (ou les deux ) au sein d’une famille ou de deux camps rivaux; leurs positions paraissent inconciliables et aucun compromis ne semble possible…
Sujet d’invention
Vous allez devoir, en quelque lignes, (5 maximum) , en haut de votre copie, préciser les origines de la dispute , le cadre du conflit (époque, évolution ) ainsi que le statut et les liens des personnages en présence . Voter scène est le dénouement de la pièce; Vous pouvez avoir recours à un dénouement ex machina : inattendu, qui consistera le plus souvent en l’arrivée d’un nouveau personnage, à l’origine un Dieu dont la décision est irrévocable; l’u des deux partis va nécessairement l’emporter (du moins en apparence) mais la solution trouvée ne devra pas être remise en cause ou contestée. Vous pouvez choisir le registre tragique et aller jusqu’au meurtre sur scène (en réfléchissant à ce que vous allez montrer au spectateur pour ne pas trop enfreindre la règle classique de la bien séance, ne pas choquer un jeune public, par exemple); vous pouvez choisir le registre comique et tenter de faire rire vos spectateurs en ménageant des effets comiques dans votre dénouement comme le quiproquo, le coup de théâtre ou l’aparté. Vous pouvez également mélanger les deux registres au cours de la même scène comme le font Beckett et Giraudoux, par exemple.
Les critères d’évaluation sont les suivants :choix du sujet de dispute, cadre du conflit, choix des personnages et résumé de la situation finale : 4 pts
qualité du dénouement (, est complet , met un terme au conflit, fait intervenir un personnage extérieur, provoque des effets comiques ou tragiques ) 6 pts
théâtralité de l’écriture (usage de didascalies variées et précises, prise en compte des nécessités de la scène, rythme des échanges , procédés d’écriture ) 6 pts
Pour ceux qui préfèrent le commentaire …
Pour ceux qui le souhaitent, rédigez le commentaire composé de la scène de la pièce de Kundera, Jacques et son maître , qui montre le face à face peu conventionnel entre un maître et un “dénommé Jacques ” ; cette scène parodie les scènes d’opposition entre maître et valet de la comédie classique et on y lit une certaine prise de pouvoir de Jacques .
Et enfin , pour commencer avec une dissertation ..
Quels sont les moyens dont dispose un dramaturge pour mettre en scène un conflit ? Vous pensez bien sûr aux procédés textuels et scénographiques . Ces moyens vous semblent-ils évoluer avec l’apparition de la technologie sur scène (bande sons, voix off, images de synthèse , accessoires ). Certains affrontements sont-ils impossibles à mettre en scène ? Pour quelles raisons ?
La compagnie du Furieux-Jeu-Dit est venue ressusciter Voltaire pour notre plus grand plaisir. Sébastien Faure qui joue le rôle du fanatique pénitent blanc de Marseille a imaginé un Voltaire , au saut du lit, interprété avec conviction par Jacqot Martin, un Voltaire donc.. confronté au fanatisme sous la forme d’un religieux prêt à l’assassiner s’il ne lui révèle pas le nom de la bombe qu’il fabrique en lieu sûr.
Et quelle bombe ! parce qu’il faut bien l’avouer, chaque livre de Monsieur François Marie Arouet fit bien l’effet d’une petite bombe , et pas seulement dans le monde des hommes de lettres, ces hommes qui tentaient de vivre de leur plume . Le patriarche de Ferney lui, n’ a pas eu besoin d’écrire pour vivre car sa fortune considérable le mit à l’abri des oeuvres de complaisance , ces louanges écrites au Prince dans l’espoir d’une pension qui permettrait de payer le bois de chauffage et la marmite qu’on posait dans le feu; Et c’est peut être la force de cette pièce : nous montrer l’homme qui se cache sous l’étoffe et l’apparat du lettré et du savant; Voltaire nous touche dans sa robe de nuit, avec son besoin pressant d’uriner dans son pot de chambre et ses grands airs qui ne trompent personne , face à la menace terroriste. Car il n’en mène pas large au final confronté au Mal qui a revêtu l’habit du religieux dogmatique et furieux.voltaire54
Lorsqu’il met en joue l’auteur du Traité sur la Tolérance, ce dernier adresse une très belle prière au hommes qui n’est pas sans rappeler l’attitude d’un certain Don Juan , autre bête du scène, à défaut d’être une bête à bon dieu. Les lycéens ont certes eu raison (merci Gabriel) de demander ce que Voltaire avait finalement proposé en lieu et place de ce qu’il refusait et la liste serait longue de tous les combats qu’il a menés au nom des Lumières et qui se poursuivent aujourd’hui ; le face à face entre les deux hommes nous a permis de réentendre ces meilleurs dialogues philosophiques . Son déisme peut irriter les athées et agacer les croyants pratiquants mais en matière de religion, il a toujours enseigné la tolérance et les querelles de bénitiers l’ont profondément exaspéré . Le mot de la fin au sens propre comme au figuré , a été repris en choeur.” la tolérance n’est que le premier pas vers la reconnaissance de l’autre; d’autres pas sont nécessaires qui aboutissent à l’amour des différences” Répétez après moi ..ce n’est pas Monsieur Jacquard qui nous contredira. Plus de deux siècles après la mort de Voltaire, le combat contre l’infâme continue : il n’en finit pas de ressurgir sous des formes qui nous surprennent encore alors jeunes gens, n’oubliez pas Charlie. A vos plumes..
Allez faire un tour sur le site de la compagnie du furieux-jeu-dit pour retrouver leur autres créations